La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°43, mars-avril 1981
LA "FIN" DU CYCLE
numérisation assurée par A. Vérignon (GSIEN)
Editorial / Sommaire

     Hypothèse d'école ou solution vers laquelle on se dirige, telle est la question que l'on peut se poser à propos de l'option non retraitement. Depuis le début du programme électronucléaire français, les officiels présentent le retraitement comme la seule solution au problème des déchets radioactifs produits en quantité dans les centrales nucléaires. Leurs discours insistent toujours sur le fait qu'il faut retraiter, qu'il n'y a pas d'alternative, la France sait faire et est même le seul pays dans ce cas grâce à la valeur des équipes du CEA et à la clairvoyance des dirigeants. De plus, avec la vitrification, les déchets produits représenteront des volumes peu importants.
     Parfois on ajoute, en prime en quelque sorte, que l'on récupère aussi du plutonium qui pourra être brûlé dans les surgénérateurs qui, comme chacun sait, nous apporteront indépendance et abondance énergétique. En privé, ces messieurs du nucléaire se gaussent des atermoiements des gouvernements étrangers incapables de prendre l'avenir en charge et, il y a quelques mois encore, tout particulièrement de ce pauvre Carter qui, pour de sordides raisons de politique intérieure, a bloqué retraitement et surgénérateurs pendant ses quatre années de présidence. Heureusement, maintenant  il y a Reagan et les nucléocrates reprennent espoir d'une relance du nucléaire.
     Les lecteurs fidèles de la Gazette savent ce qu'il en est de la situation réelle et non rêvée de l'industrie du retraitement[1]; nous comptons d'ailleurs y revenir une nouvelle fois. Ils savent aussi que la filière surgénératrice relève plus de l'utopie que de la réalité industrielle[2]. Alors, que dire des déchets? Sans aucun doute la meilleure solution est de ne pas en produire! Mais ceux-ci existent. Il faut bien hélas en tenir compte. C'est ce que nous allons essayer de traiter dans ce numéro. On verra que le retraitement est loin d'être la seule hypothèse envisageable, c'est même la méthode la plus dispersive du plutonium dans l'environnement. 
     Notre but, avec cette Gazette, n'est pas de proposer une nouvelle solution miracle qui réglerait la question des déchets... et permettrait donc d'en faire autant que l'on veut! Nous disons clairement que de toutes les façons l'accumulation de matières radioactives est très préoccupante et que, face à cela, il faut envisager les diverses solutions, les comparer, les étudier.
     Ceci est d'autant plus urgent que l'industrie du retraitement étant en état de panne au niveau industriel, on s'oriente en fait vers cette hypothèse non-retraitement d'une façon plus ou moins larvée et ce dans la pire des solutions, c'est-à-dire sans études, analyses et évaluations. Sans aucun doute la petite minorité qui oriente la politique française dans le domaine du nucléaire connaît la situation et est informée des travaux qui se font à l'étranger. Mais l'option non-retraitement est inadmissible pour elle car elle signifie la fin de l'aventure surgénératrice et par là même une grande partie de la logique du programme actuel.
     En effet, les espoirs d'indépendance énergétique[3] et la possibilité de voir la France occuper le créneau international du nucléaire ne peuvent être abandonnés. Alors, coûte que coûte on essaiera de passer outre, de mentir pour gagner du temps.
     Fidèle à sa tradition la Gazette, une nouvelle fois, tente de lever un coin du voile épais qui recouvre cette question. Arriverons-nous à débloquer la question et forcer les responsables à l'être un peu? Cela dépend aussi de vous amis lecteurs.
1. Voir Gazette, n°4, 12, 24.
2. Voir Gazette25.
3. Voir Gazette41/42.
p.1
ENCART
Pour une autre politique de l'énergie
Pour un débat démocratique sur l'énergie
(pétition signée par près d'un million de citoyens, dont le citoyen François Mitterrand...)

· Je m'oppose au choix du «tout nucléaire» fait par le gouvernement.
· J'exige la levée du secret qui entoure toutes les décisions concernant l'énergie, la mise en place de moyens d'information décentralisés et indépendants et le renforcement des mesures de sécurité pour les travailleurs et la population.
· J'affirme que pour faire face à la crise il faut un nouveau type de développement fondé sur les besoins des travailleurs et des populations et sur des réalités régionales. Il s'agit d'imposer une politique qui économise les ressources non  renouvelables, utilise toutes les ressources non exploitées en France et s'appuie sur un vaste plan de développement des énergies nouvelles. Cette politique alternative est susceptible de créer, à terme, des centaines de milliers d'emplois nouveaux.
· Je demande l'organisation d'un large débat public et contradictoire sur la politique énergétique de notre pays, ce qui implique:
     - des consultations et des décisions démocratiques sur les grands choix énergétiques aux niveaux régional et national
     - la suspension du programme électro-nucléaire actuel tant que le débat démocratique n'aura pas été conduit à son terme.

SOMMAIRE
- EDITO
Résumé et introduction
I. Quelques définitions à propos des déchets radioactifs; II. nature et quantité de déchets attendus; III. stockage des déchets de réacteurs; IV. stockage des déchets de faible et moyenne activité issus du retraitement et de la fabrication des combustibles au plutonium; V. stockage des déchets de haute activité sous forme vitrifiée
VI. L'utilisation et "l'élimination" du plutonium dans les réacteurs rapides; VII. l'option non-retraitement: du plutonium dans les réacteurs rapides; VIII. éléments de comparaison entre une gestion des déchets avec retraitement et sans retraitement; IX. références bibliograpiques
Annexes 1 et 2; lexique: rappel de quelques définitions

Année 1981
G@zette précédente          G@zette suivante
REnews 1981: base de données environnementale internationale