La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°50/51
CHOOZ: LES DOSSIERS DES OPPOSANTS


     Les défenseurs de l'environnement à Chooz ont établi des dossiers qu'ils ont envoyés au ministère, montrés à la presse. Nous vous les livrons. Ils ont fait un très bon travail et nos lecteurs doivent le connaître.

A - Les retombées économiques et sociales de la centrale de Chooz II
pendant et après le chantier

     Nos élus sont-ils aveugles, inconscients ou intéressés pour entraîner résolument le département et les Ardennais vers le chaos final? Songer, de façon irresponsable, uniquement au court terme, ils hypothèquent et ne font qu'accélérer la venue des lendemains qui déchantent.
     Nous notons cependant que ceux qui voyaient en la centrale une manne pour les Ardennes, se sont tus, se rendant compte de la grossièreté de leurs propos. Ils ont été suivis par une tribu de profiteurs qui vendent la région au profit de quelques-uns et au détriment de la grande majorité.
     Un tel comportement irresponsable doit être dénoncé avec vigueur.

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     En préambule, nous dresserons le bilan énergétique de la région, qui devrait demeurer la toile de fond de toute discussion. Il est nécessaire de bien connaître le contexte économique du lieu d'implantation. Nous ferons donc celui des Ardennes et du bassin d'emploi de Revin. Face à la situation catastrophique de l'emploi, nous verrons les propositions d'EDF en la matière
     Après ce rappel, nous pousserons plus loin l'analyse et oserons parler du long terme et de l'aggravation de la situation créée par l'implantation de la centrale (et d'EDF).

1. INUTILITE ENERGETIQUE DE CHOOZ II
     La région est déficitaire en énergie, voilà la justification de l'implantation de 4 x 1.300 MWe (voire 4 x 1.500 MWe) à Chooz. L'excédent de production étant destiné au réseau national.

a) Bilan énergétique régional
     Le voici tel qu'il est présenté par EDF (1) (en milliers de Tep, Tonne équivalent pétrole).

Production Consommation
Pétrole:                30 Pétrole:           2.253
Hydro-électricité: 78 Gaz:                   602
Biomasse:            51 Charbon:            186
Nucléaire:          446 Biomasse:             51
Electricité:        1.083
605 4.175
Soit un déficit de 3.570 Tep
     EDF se garde bien de pousser l'analyse plus loin. En le faisant, on s'aperçoit que ce déficit est inégalement réparti suivant les différentes sources d'énergie. Il provient de 62,26% du pétrole, 16,86% du gaz, 15,65% de l'électricité et 5,21% du charbon.
suite:
     Ainsi, c'est avec la seule électricité qu'on devrait répondre aux besoins avant tout pétroliers.
     Faut-il le rappeler, les possibilités de substitution de l'électricité aux produits pétroliers sont épuisées dans le secteur résidentiel et tertiaire (à part ce honteux gaspillage que représente le chauffage électrique - et que représentera sans doute la climatisation, quand nous coiperons le modèle US...). Quant à la pénétration de l'électricité dans l'industrie, les observateurs sont unanimes à dire qu'elle est bien inférieure aux espoirs et aux efforts d'EDF (2) (3) (4).
     L'électricité nucléaire comme réponse à la crise énergétique est une vaste mystification.

b) A qui profite Chooz I?
     Sur les 524 MTep produits (Chooz 446 plus hydro-electricité 78), seuls 37 sont distribués à la région, soit 7% (1),
     171 sont exportés à l'étranger,
     132 sont exportés vers d'autres régions,
     183 sont perdus ou autoconsommés.
     Ainsi, la région est déficitaire mais sert avant tout à fournir les voisins. Et que signifie un déficit régional annuel de 559 MTep, quand la France en exporte autant en deux mois (avril et mai 1981) (5)?
     Il est tout de même formidable d'arriver à prouver que chaque région a un déficit électrique qu'il faut combler, quand parallèlement le bilan du pays est largement excédentaire.

c) A qui profitera Chooz II?
     Chooz II est censée répondre aux augmentations de consommation électrique. En appliquant un taux de croissance, très optimiste, de 3 % par an, on consommerait, en 1990, en Champagne-Ardenne, 1.544 MTep.
     A cette date, la centrale de Nogent-sur-Seine fournira déjà à elle seule 3.300 MTep. Faut-il vraiment encore rajouter la production de Chooz de 6.600 MTep (voire 7.620)? Produire 10.000 MTep pour en consommer 1.544 pourquoi? quoi?
     (Il faut noter que par ailleurs le Front Commun a déjà montré que la région pouvait également se passer de la centrale de Nogent).

d) Aux pays voisins?
     Pris en flagrant délit de surproduction, EDF tente de justifier en décernant à la centrale de Chooz une vocation d'exportation. Vers qui, là demeure la question.
     Au niveau de la CEE, la progression de la consommation d'électricité est en chute libre:
     1979: +5,1%
     1980: + 0,6%
     1981: +0,l%(6)
     Chez nos voisins les plus proches, la situation n'est pas meilleure:
     Au Luxembourg, en 1981 la consommation a diminué de 5,5% et ce pays n'a passé des contrats de fourniture qu'avec la Belgique et l'Allemagne
     En Belgique, de 3 à 18% d'excédent (suivant les sources). Les compagnies d'électricité cherchent à exporter vers la France.
     En Allemagne, 25% de surproduction.
     Dans ce contexte totalement bouché, le gouvernement choisit la tactique suicidaire de la fuite en avant.

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2. SITUATION DE L'EMPLOI DANS LES ARDENNES
     La situation dramatique de l'emploi dans les Ardennes est connue et a été amplement étudiée. Toutefois, nous nous attacherons à en éclairer certains aspects, montrant ainsi que la construution d'une deuxième centrale nucléaire à Chooz amplifera les problèmes au lieu de les résoudre.
     Il y avait dans les Ardennes au 1er janvier 1980, 111.473 personnes actives (7), soit 2.250 de moins qu'en 1975, représentant une diminution de 2% de la population active totale.
     Il y avait dans les Ardennes en décembre 1981, 13.772 demandeurs d'emploi (8), soit 12% de la population active.
     Deux groupes de population sont les plus touchés: les jeunes de moins de 25 ans et les femmes, chacun représentant près de la moitié des demandeurs d'emploi.
     Les Ardennes sont un département volontairement oublié. Et c'est justement dans le bassin industriel de Revin, lieu d'implantation de la centrale, que la situation est la plus dramatique.

3. LA VALLÉE DE LA MEUSE: UNE REGION SINISTRÉE
     Le tableau suivant est une comparaison, pour certains indicateurs, du bassin d'emploi de Revin avec les 13 autres de la région Champagne-Ardennes (9) (indication en %):
indicateur bassin Revin
(Chooz)
r&gion rang
solde migratoire (départs) -1,43 60,14 14
part des - de 15 27,79 24,85 1
part des + de 65 10,96 13,44 13
taux d'activité 38,19 41,06 13
tx de qualification dans les emplois industriels 30,29 35,95 14
taux de chômage féminin 15,62 8,16 1
ratio chaumage hommes/femmes 7,76 5,22 1

     Triste hit-parade, où le lieu d'implantation de Chooz II tient sans conteste la lanterne rouge:
· Région industrielle où le secteur secondaire occupe 2 actifs sur 3. La première transformation des métaux et la sidérurgie occupent près de 40% des actifs, principalement des hommes salariés. Nous verrons plus loin que les difficultés que rencontre cette mono-industrie ne sont pas étrangères au nucléaire.
· Taux de chômage le plus important de la région, 1 actif sur 13 est au chômage (1 sur 19 pour la région)
· Le Bâtiment et les Travaux publics y sont très peu implantés (moins de 4% de la population salariée).
· Depuis 1975, le taux de chômage féminin est le double de celui des hommes (1 pour 2,6 pour la région).
· Une région qui se vide malgré un taux de natalité très élevé. Si la tendance se confirme, le Bassin de Revin aura perdu en 1985 1/12ème de sa population.
     Face à une situation aussi désespérée,on peut comprendre les espoirs qu'ont placés certains dans une implantation industrielle de la taille d'une centrale nucléaire. Comme nous le verrons plus loin, le retour à la réalité risque d'être très cruel.
     Mais voyons d'abord ce qu'EDF propose en matière d'emploi local.

suite:
4. L'APPORT DE LA CENTRALE
     Considérons, de la même façon qu'EDF dans son dossier pour l'enquête d'utilité publique, que deux tranches vont être construites à Chooz, mais n'oublions pas que le gouvernement n'a décrété qu'une seule tranche de 1.300 MW, en novembre 1981...
     D'après ce dossier, pendant la phase de construction de 8 ans, les emplois locaux dans le Géme Civil atteindraient 35% des emplois totaux et dans l'électro-mnécanique le chiffre plus modeste de 5%.
     Ce qui donnerait comme emplois locaux pendant la phase de construction:
génie civil électro-mécan. total
1ère année 56 0 56
2ème 217 0 217
3ème 402 3 405
4ème 717 6 723
5ème 682 23 707

     Après la quatrième année, le nombre d'emplois diminue progressivement jusqu'à la huitième et dernière année du chantier.
     Donc, un maximum sûr de 723 emplois offerts localement. Il faut savoir que le terme «local» signifie en fait régional et donc être bien conscient de la petitesse de cette offre comparée à la masse de chômeurs ardennais: 13.000.
     A ces emplois directs viennent s'ajouter, toujours suivant EDF, les emplois induits par le grand chantier (commerces, aménagements et services nouveaux...). Tous les emplois induits seront-ils des emplois locaux? On aimerait pouvoir en être sûr. EDF promet de «s'efforcer, dans la mesure du possible, de faire appel aux entreprises locales pour la construction des logements de ses agents, pour la réalisation des routes et pistes et pour tous les équipements divers»(20).
     En admettant qu'un maximum d'efforts soit fait pour que les emplois induits soient des emplois locaux, et compte tenu qu'EDF prévoit 2 emplois induits pour 1 direct, cela donnerait comme emplois supplémentaires pour la région:
emplois directs emplois indirects total
1ère année 56 106 162
2ème 217 413 630
3ème 405 800 1205
4ème 723 1440 2163
5ème 707 1633 2340

     Donc un maximum de 2340 emplois pour la région pendant un an.
     Pendant la phase d'exploitation de la centrale, les emplois locaux diminueront bien sûr considérablement. ils se répartissent en trois catégories:
     1. les emplois offerts par les travaux d'entretien de la centrale et des équipements d'accueil. EDF n'en précise pas le nombre;
     2. les emplois demandant une certaine qualification, réservés au personnel EDF. Le personnel EDF d'exploitation sera de 360 personnes au moins (14% de cadres, 50% d'agents de maitrise et 36% d'agents d'exécution). Seuls 30% du personnel de maftrise et d'exécution pourront être embauchés sur place, soit 90 emplois locaux;
     3. certains emplois induits pendant le chantier resteront après, et EDF estime à une centaine le nombre d'emplois permanents créés dans les entreprises locales.
     L'avenir nous en apprendra plus sur l'exactitude de ces prévisions. Les gens du pays ont tout de même toujours en mémoire que pour la première centrale, pas une entreprise ardennaise n'a été utilisée pour construire des logements.

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     Récemment (21), EDF a annoncé un pourcentage d'emplois locaux largement supérieur aux prévisions citées ci-dessus: 60% d'emplois locaux dans le Génie Civil et 35% dans l'électro-mécanique. Ces chiffres étant jusqu'à maintenant sans fondements apparents, aucune explication n'ayant été donnée à ce sujet au Front Commun qui en avait pourtant fait la demande à la commission locale d'information, nous ne pouvons pas en tenir compte.
     Pour terminer, nous tenons à redire que, même si les prévisions d'embauche locale se révèlent fondées, cela ne sera qu'un bien piètre pansement pour nos Ardennes agonisantes. Et comme nous le montrons dans ce qui suit, le projet de Chooz II, même s'il offre un minimum d'emplois, a surtout la conséquence désastreuse d'enfoncer les Ardennes dans la crise.

5. CHOOZ II, LE REVERS DE LA MEDAILLE

1. Miroir aux alouettes pour les entreprises ardennaises
     Vu leurs possibilités, EDF leur réserve les miettes constituées par les constructions annexes (logements, routes...) représentant 10% de l'investissement total.
     Mais là encore demeure un handicap rédhibitoire: la taille des entreprises de Bâtiment et Travaux Publics ardennaises. Sur les 695 entreprises enregistrées, 467 emploient moins de 5 ouvriers et 115 de 6 à 10.
     Face aux entreprises de la Marne et de l'Aube, la petite taille et le manque de technicité risque d'être fatal aux entreprises ardennaises dans la conquête des marchés. D'autant que celles de la Marne et de l'Aube ont l'expérience du chantier de Nogent.
     La concurrence principale, on le sait, vient des entreprises nationales. EDF nous livre ses chiffres (10):
     Sur les entreprises ayant travaillé sur le chantier de la centrale de St-Laurent-des-Eaux, 12 étaient du département, 26 étaient des autres départements de la région, 150 étaient de Paris et de la région parisienne.
     A noter que les villes de Blois et d'Crléans sont du même département que St-Laurent. Chooz est certainement le site nucléaire dont le département est le plus vide de centre urbain (avec Flamanville).

2. Embauche locale:
     Malgré tout, EDF annonce des chiffres d'embauche locale parfois prometteurs (11) (12).
site % local pendant génie civil site % local moyen
Flamanville 20 Bugey 40
Fessenheim 15 Gravelines 40
Saint-Laurent 30 Le Blayais 35
Nogent 60

     Il est évident qu'EDF fait un sérieux effort pour augmenter ces pourcentages.... au moins sur le papier.
     Que les chômeurs autour de Chooz ne se fassent pas d'illusions:
· celui qui vient de Langres (par exemple), malgré un voyage de 320 km est considéré comme travailleur local
· le chômeur qui vient s'installer dans la région pour s'inscrire à l'ANPE est considéré comme travailleur local
· celui qui abandonne son travail, attiré par les salaires de Chooz, réside momentanément dans la région, et va grossir les rangs de l'ANPE, lui aussi est considéré comme travailleur local
· les travailleurs intérimaires, 60% au Blayais, seront considérés comme locaux.

suite:
     La peau de chagrin des Ardennais fond comme neige au soleil.
     Pour faire passer la pillule, EDF annonce maintenant 60% d'embauche locale dans le Génie Civil et 35% dans la phase électro-mécanique. Une promesse de plus...

3. Nucléaire: Chomage, une réalité
     a) Les travailleurs de la Chiers victimes du nucléaire.
     On a surtout parlé de l'opportunité que constituait le chantier de Chooz II pour la direction d'Usinor, désireux de liquider la Chiers-Vireux. Les offres d'emplois du chantier permettant de masquer 950 licenciements.
     Mais il y a un lien beaucoup plus structurel entre les deux, il s'agit de la restructuration internationale du capitalisme (excusez le gros mot).
     Il s'agit de la restructuration interne des gros monopoles qui se tournent vers les secteurs où les profits sont les plus importants (nucléaire, électronique, chimie...), en abandonnant les autres (sidérurgie, marine...).
     En étudiant les activités du groupe Schneider-Empain, on comprend vite que les priorités vont au nucléaire.
     Voici une étude comparative des investissements par rapport au chiffre d'affaires dans ces entreprises(13):
activité 1975 1976 1977
nucléaire 85% 416% 11,1%
non nucléaire - 6,6% 4,3%

     Une reconversion réussie est celle qui se réalise sans perte d'emploi. Avec le choix du nucléaire Empain-Schneider a montré que ce n'était pas son souci.

     Tableau donnant le nombre d'emplois par millions de capital investi dans les diverses activités de la multinationale (chiffres 1978):

activité Nbre d'emplois par million de capital
nucléaire 4
machine-outil 17
marine 24

     Pour achever la démonstration, rappelons que la Chiers, c'est Usinor. Usinor, c'est Creusot-Loire et Creusot-Loire, c'est Empain-Schneider (même sans Empain).

b) Le chômage ardennais va s 'aggraver:
     Autour de Gravelines, le chômage a augrnenté de 150% de 75 à 82 (14). A Nogent, en 1981, le nombre des chomeurs avait doublé (15), aujourd'hui il a triplé.
     A Cherbourg (La Hague), le nombre de chômeurs est passé de 1.000 à 6.200.
     Ceci, ce sont les faits bruts, reste à les expliquer.

Accentuation du sous-emploi féminin

     On le sait, le travail sur un chantier est exclusivement masculin. Or, selon EDF, 30% des travailleurs du Génie Civil et 90% de ceux de l'électro- mécanique se déplacent avec leur famille. Les épouses de ces travailleurs sont par défmition sans emploi, puisque suivant leur mari d'un chantier à l'autre.

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          Voilà un potentiel de demandeurs d'emploi dont on a oublié de nous parler. Dans les Ardennes où les femmes représentent 47,1% des travailleurs sans emploi, ce qui nous est présenté comme la solution ne correspond donc pas aux besoins.
     Sans conteste, la situation des 6.350 (sept. 81) femmes ardennaises ne va pas s'arranger avec l'arrivée d'environ 500 "collègues d'ANPE".

Les Ardennes: ANPE nationale

     Malgré ses bientôt 15.000 chômeurs, certains arrivent encore à dire qu'il y a de l'embauche dans les Ardennes et des bons salaires. Vu la conjoncture, on comprend aisément que l'appel fasse recette. Ainsi, on accourt des quatre coins de la France chercher un hypothétique travail à Chooz. Et en attendant son tour sur le chantier, on prend celui du pointage au chômage.
     Des malheureux vont même quitter leur emploi dans l'espoir de salaire plus décent dans le nord des Ardennes.

Les lendemains qui déchantent

     Avec le recul, les entreprises locales ayant travaillé sur le chantier de la centrale du Blayais regrettent amèrement les mesures qui les y ont poussés (12). Voilà qui, a priori, paraît surprenant.
     En effet, pour être à la hauteur du grand chantier, les entreprises locales ont dû investir, s'équiper, embaucher (tout de même). Le chantier terminé, tout s'effondre, plus rien ne leur permet de faire face à leurs dettes, aux indemnités de licenciements. Et alors la déqualification prend un goût amer de disqualification.
     Comment ne pas craindre la même situation pour le bâtiment régional, en proie à de réelles difficultés en ce moment?
     Il y a ceux qui, dans l'euphorie, quitteront leur travail pour se présenter à Chooz. Il est évident que leur ancien travail n'attendra pas leur retour.
     Il y a ceux qui, suivant la bienveillante EDF, iront suivre les stages de formation mis en place, acquérant ainsi une spécialisation et par là même un travail temporaire. Qu'ils aillent demander aux ferrailleurs et aux coffreurs de Nogent-sur-Seine comment ils envisagent leurs avenir...?

c) Une seule solution: l'exode.
     Il n'existe que deux solutions le chômage ou l'exode. Il est clair que ceux qui auront suivi une formation ne trouveront pas dans les entreprises ardennaises un emploi correspondant à leur formation (et à leur exigence salariale légitime). Alors, ils iront offrir leurs services sur un autre site nucléaire. De la même façon que le font 800 travailleurs de Gravelines.
     C'est actuellement 3.150 personnes qui quittent le département chaque année (7). Nul ne peut dire qu'en aggravant cette situation, EDF aide les Ardennes à se sortir de la mort lente.

4. Des retombées bien maigres

     Pour masquer cette sombre réalité sociale, EDF joue au généreux distributeur de billets. Que ne fait-on donc avec de l'argent: on achète, on fait faire n'importe qui. Le contrat signé avec l'assemblée Midi-Pyrénées l'a partiellement démasqué.
     Ainsi EDF promet des retombées financières locales égales à 10% du montant total de la centrale, par entreprises et commerces interposés.
     En fait, au Blayais, elles n'auront été que de 3,3% (sans compter la sous-traitance).

suite:
     Actuellement, à Nogent, EDF fait ronfler les 50% d'entreprises locales travaillant sur le site. La réalité financière est bien différente puisque l'ensemble des contrats signés et des sommes dépensées localement (EDF plus entreprises) ne représentent que 4,83% de l'ensemble des contrats (17).
     On présente souvent le commerce comme la seule couche sociale profitant de la construction d'une centrale. Raison pour laquelle les commerçants sont dans leur majorité pronucléaires.
     A Nogent, les commerçants et les restaurateurs sont très déçus. Ils sont d'accord pour dire que rien n'a changé.
     A Blaye, une grande surface s'est montée et a entraîné la ruine de plusieurs petits commerces (18).
     A Saint-Laurent, le commerce a dû faire face au développement conjugué des grandes surfaces et de la congélation (10).

5. L'État EDF

      «Rien où presque rien ne se fait ou se défait sans EDF»(19), tel est maintenant le sentiment à Nogent/Seine.
     Lorsque les intérêts des agriculteurs locaux et ceux d'EDF sont en opposition comme au Blayais, on devine facilement qui des deux l'emporte.
     D'une manière générale, les fonds publics destinés à la région servent les besoins d'EDE avant tout, au lieu de ceux des populations. On assiste à toute une panoplie de réalisations déconnectées des réels besoins de fond. Réalisations de prestige qui n'ont d'autre but que de faire passer la pilule.
     Les paysans de Braud-St-Louis qui labourent encore au cheval avaient-ils dans leurs besoins prioritaires une piscine chauffée et une autoroute ? (18).
     Cela ressemble fort à une prise de pouvoir lorsqu'EDF s'approprie des projets communaux pour la seule raison qu'elle a l'argent pour les réaliser. Ces cas de figure se rencontrent autour de Chooz.
     Les agents EDF, une fois introduits dans les associations, les conseils municipaux, créeront peu à peu une 50ciété à leur image, qui n'a pas grand chose de commun avec la société traditionnelle.

6. Le non chiffrable
     L'implantation de la centrale du Blayals (mise en service le 20.6.81) a été particulièrement bien analysée (12) (18).
     Il en ressort que la centrale est à l'origine de la grande « déviation » du développement régional. Que la population a été abusée sur le fond et sur la forme et qu'elle n'a jamais eu de prise sur les événements.
     L'ensem~ bIc de la région reste profondément traumatisé par l'implantation de la centrale. Elle a vécu une croissance trop rapide, incontrôlée, et des lendemains lourds à assumer.. Beaucoup d'esprits sont marqués par tant de suréquipements inutiles, surtout quand, aujourd'hui, les communes sont endettées. Le monde agricole se retrouve totalement désorganisé. C'est jusqu'à l'ambiance sociale qui s'en trouve altérée. Certains vivent mal le chômage après l'avenir qu'on leur pro-mettait.
     Le climat social régnant dans la pointe de Givet montre qu'il en sera de méme autour de Chooz et que cela se produit déjà aujourd'hui.

7. Chooz II la pire des solutions
     Le département des Ardennes est bien malade, la pointe de Givet bien davantage. La centrale de Chooz II, sous une façade rutilante de promesses, risque de leur porter le coup fatal.

p.6

    Cela traduit une volonté délibérée du gouvernement de sacrifier le département au profit du plus petit nombre.
     La réponse à la situation des Ardennes ne peut être trouvée que par la définition d'une nouvelle politique industrielle, et non par le phénomène marginal et transitoire que représente la construction d'une centrale nucléaire.

BIBLIOGRAPHIE

1. Spécial énergie - Champagne/Ardennes (EDF)
2. Rapport Crémieux
3. Le Monde (1.7.82)
4. La revue de l'énergie (mai/juin 1982)
5. Information presse - EDF (juillet 82)
6. Scoop Energie - mars 1982 (EDF)
7. Ardennes Economiques n° 2
8. Bulletin d'information de la Préfecture des Ardennes n° 54
9. Économie champenoise n° 8
10. L'apport socio-économique de la centrale de Saint-Laurent des-Eaux (EDF)
11. Super-Pholix n° 26 - Nucléaire et emploi
12. Économie en Aquitaine. «Le Blayais à l'heure de la centrale».
13. Gueule Ouverte n° 240. «Le nucléaire crée le chômage».
14. Statistiques ANPE
15. L'Union du 23.7.1981.
16. Ouest-France du 15 avril 1979.
17. Centrale de Nogent-sur-Seine n° 7. Tableau de bord grand chantier (EDF)
18. Nouvelles campagnes n° 18. Nucléaire, terrorisme d'État.
19. L'Ardennais (11.9.1982)
20. Réponses aux questions posées lors de l'enquête d'utilité publique (EDF), p. 19.3 et p. 21.2.
21. L'Union (28.5.1982).

B - Nucléaire et Santé

C'EST PARCE QUE LE NUCLÉAIRE TUE QUE NOUS RÉCLAMONS UNE ENQUETE SUR LA SANTÉ DES TRAVAILLEURS ET DES PERSONNES HABITANT
AUTOUR DE LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE CHOOZ

     Pour justifier et légitimer notre requête, nous allons étudier les répercussions du nucléaire sur la santé dans les différents cas où les personnes y sont confrontées.

1. NUCLÉAIRE «CIVILITAIRE»

     Il faut aller à tout prix contre l'idée répandue d'indépendance entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire.
     Les centrales nucléaires comme celle de Chooz, par le plutonium qu'elles produisent, servent en partie à fabriquer des armes nucléaires. Le centre de retraitement de La Hague n'a d'autre finalité que d'extraire ce plutonium. Enfin, si la France veut se lancer dans l'aventure suicidaire du surgénérateur, allant à l'encontre de toutes les données économiques, énergétiques, de sécurité, c'est uniquement à des fms meurtrières. Meurtrières!

suite:
   Ainsi, le fruit de l'industrie nucléaire est une puissance de 20.000 mégatonnes (uniquement USA plus URSS), représentant 1.800.000 fois la bombe d'Hiroshima. A Hiroshima, 200.000 personnes moururent sur le coup, 100.000 moururent des suites des radiations, et encore aujourd'hui (37 ans après), 2.000 personnes meurent chaque année des conséquences de l'exploision nucléaire. Il est maintenant clair que l'humanité ne survivrait pas à une guerre nucléaire (Le destin de la Terre, J. Schell).
     Point n'est besoin d'attendre le jour « J » pour subir les conséquences de cette folie. L'industrie nucléaire «civilitaire» nous a fait rentrer dans l'ère du plutonium. Une centrale comme Chooz en produira 300 kg/an.

2. RETOMBÉES ATOMIQUES MORTELLES

     Les essais atomiques ont tué et tuent encore de nos jours.
     L'exemple le plus connu est celui des essais américains dans le désert du Névada de 1951 à 1962. Aujourd'hui, 1.200 personnes portent plainte devant la justice américaine (Le Monde du 4.10.82). Sur 11.000 moutons répartis de 60 à 280 km de là, 4.000 bêtes moururent.
     Le docteur Joseph Lyon rapporte, dans le New England Journal of Medecine, que chez les enfants nés entre 1951 et 1958 dans la région frontalière de la zone d'essais, le taux de leucémie a triplé.
     Sur 300 soldats témoins des essais, examinés 30 ans plus tard, on décelait 20 cancers des os, soit 1.300 fois plus que le taux normal.
     Dans la deuxième génération, on a dénombré 27% de prématurés.

3. ACCIDENTS MAJEURS DANS UNE CENTRALE NUCLÉAIRE

     Peu nous importe le pourcentage, ce qui est important, c'est que tout le monde est d'accord pour dire qu'un accident majeur peut arriver. Par accident majeur, nous entendons fusion du coeur et libération dans l'atmosphère d'une partie des éléments radioactifs contenus dans le coeur.
     Un seul chiffre fixera les idées sur l'ampleur du désastre. Un réacteur du type de Chooz II fabrique et accumule chaque jour une quantité de produits de longue vie radioactive équivalente à celle que libèrerait l'explosion de quatre bombes de type Hiroshima.
     A Chooz, cela signifierait un couloir de 100 km x 4,5 km suivant le sens du vent, d'où personne ne reviendrait.

4. DES ACCIDENTS SE PRODUISENT

     C'est vrai que les normes de sécurité dans l'industrie sont très sévères. Mais la fiabilité humaine et celle des matériaux ont leurs limites; ainsi, comme dans toute industrie, des accidents arrivent, mais là les conséquences sont infmiment plus graves.
     Ainsi, en mars 1979 à Harrisburg, d'après la NRC (Commission américaine de réglementation nucléaire), l'accident majeur a été évité à une demi-heure près..., et par hasard.
     En mars 1980, à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux A2, un accident entraîne un début de fusion du coeur. Le directeur a confirmé qu'il y a eu rejet de plutonium.
     En 1957, à Windscale en Grande-Bretagne, 0,5 g d'Iode 131 libéré accidentellement a touché de manière significative une surface équivalente à trois départements.
     Chooz II pourrait, elle, libérer trois mille fois cette quantité.

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     En 1958 se produit en Sibérie le plus grave accident de l'histoire, bien évidemment couvert du plus grand secret. Malgré tout, si les causes sont encore mal connues, les conséquences le sont: DES CENTAINES DE MORTS, des milliers de contaminés. 30 communes de moins de 2.000 habitants n'existent. plus sur les cartes, de même que celles situées sur une bande de 96 km (Sunday Time,6.l.1980). voir également une page d'Info Nucléaire accessible sur le site de la Gazette.

5. EN FONCTIONNEMENT NORMAL, LES CENTRALES NUCLEAIRES LIBERENT DANS L'ENVIRONNEMENT DES ELEMENTS RADIOACTIFS

     L'éventualité de l'accident, plus ou moins grave, ne doit pas faire perdre de vue que les centrales nucléaires (et l'ensemble du cycle du combustible) dispersent des corps radioactifs dans l'environnement. Elles élèvent ainsi en permanence et de façon inéluctable le taux de radioactivité naturelle.
     Ces rejets sont soumis à une législation très sévère, mais que nul ne peut contrôler. Ces autorisations de rejets sont fixées non pas par rapport à leurs effets sur la santé des personnes, mais en fonction des impératifs techniques du matériel nucléaire (art. 4 de l'arrêté du 10 août 1976).
     Ainsi, avec Chooz II, en atteignant 10.400 Ci/an, les rejets de tritium seront multipliés par 3,5, ceux hors-tritium par 10,6. Avec des rejets de 174.000 Ci/an de gaz rares, ils seront multipliés par un facteur de 24, de même que les rejets d'iode qui atteindront 24 Ci/an.
     On cherche à nous tromper et nous endormir quand on nous dit que ces rejets sont insignifiants et inoffensifs. C'est ce que nous allons essayer de prouver.

6. LES EFFETS DES FAIBLES DOSES

     La question qui est actuellement au coeur de tous les débats est: «Quels sont les véritables effets des faibles doses de radioactivité sur l'homme?». On sait aujourd'hui qu'il n'est plus possible de croire ceux qui disent que ces effets sont nuls. Un nombre de plus en plus important d'études démontrent la nocivité de toute exposition aux rayonnements, si minime soit-elle.
     L'évolution des doses maximales admissibles (DMA) sont là pour nous en convaincre:
     Poùr les travailleurs, elle est passée de 46 rem/an en 1925 à 5 rem/an en 1956 (dernière norme en vigueur).
     Pour la population:
1952 :1,5 rem/an
1953 (et aujourd'hui): 0,5 rem/an.
     La controverse aujourd'hui porte sur la nécessité de réduire d'un facteur 10 ces normes.

6.1. Les normes
     Elles sont fixées par la Commission lntemationale de Protection contre les Rayonnements (CIPR). Implicitement, elle reconnaît que les travailleurs et la population des environs de Chooz sont des victimes, l'ironie allant même jusqu'à se demander si ces victimes ne coûteront pas trop cher à l'Etat.
     «La Commission (CIPR) recommande une Dose Maximale Admissible de 5 rem pour les travailleurs en pensant que la charge qui en résultera pour la société sera acceptable et justifiée si on considère les avantages de plus en plus grands dus au développement de l'énergie atomique».

suite:
     «LE PRINCIPE FONDAMENTAL DES RECOMMANDATIONS DE LA COMMISSION EST QUE TOUTE EXPOSITION AUX RAYONNEMENTS PEUT ENTRAINER DES RISQUES».
     Cette seule affirmation de la CIPR légitime notre demande d'enquête. Un refus de la part de l'administration concernée nous amènera à croire que ces risques sont plus grands que prévus et seraient de nature à remettre en question le programrne électro-nucléaire et la centrale de Chooz II.

6.2. Les effets
     Les études de scientifiques indépendants sont alarmantes sur les effets des faibles doses:
· MANCUSO, STEWART et KNEALE ont étudié les 35.000 ouvriers ayant travaillé de 1944 à 1977 à l'usine nucléaire de Hanford (USA) dans les conditions normales données par la CIPR. LE NOMBRE DE CANCERS Y A ÉTÉ DIX FOIS PLUS IMPORTANT QUE PRÉVU.

· GOFMAN (chimiste nucléaire) et TAMPLIN (bio-physicien) démontrent eux aussi que les effets des radiations sont proportionnels à l'intensité et que si chaque Américain était soumis à la DMA, IL EN RÉSULTERAIT 32.000 MORTS EN PLUS CHAQUE ANNÉE, PAR CANCER.

· Professeur TUBIANA (célèbre pronucléaire): «La possibllite des mutations est proportionnelle à la dose reçue, il n 'existe donc pas de seuil».

· Le Dr. S. AYME affirme qu'une dose de 3 rem double la probabillté d'avoir un enfant mongolien.

6.3. Sur les travailleurs
     Tout d'abord, un fait incroyable: nulle part les travailleurs ne sont représentés lorsqu'il s'agit d'établir des normes les concernant.
     Dans sa dernière publication, la CIPR introduit une nouvelle notion inquiétante, celle de dose moyenne. On ne raisonne plus au niveau de l'individu, mais à celui de l'ensemble des travailleurs, effaçant par là-même les doses supérieures qui sont justement la source d'inquiétude principale.
     Alors que cette dose moyenne (total des doses individuelles divisé par le nombre d'agents) ne doit pas dépasser 0,5 rem/an, à Chooz elle a atteint 1,9 rem en 1974 et 2,5 rem en 1975. La direction générale d'EDF reconnaît elle-même que la DMA a été dépassée en 1974,75 et 76.
     Cette fameuse Dose Maximale Admissible n'en a que le nom puisque des dépassements sont légalement prévus en cas de besoin. Il peut alors s'agir de l'irradiation externe exceptionnelle concertée, des expositions accidentelles et enfm des expositions d'urgence.
     Les travailleurs dans les installations nucléaires portent parfois le sinistre qualificatif de «viande à rem». Ce n'est sûrement pas leur couverture sociale qui le démentira.
     Il existe une liste des maladies professionnelles reconnues (datant de 1955). Le cancer de la thyroïde n'y figure pas, alors que c'est un des organes le plus sensible aux radiations. Sont également absents ceux du pharynx, du pancréas, de l'estomac, du gros intestin (alors même que la CIPR les reconnaît comme organes fortement radio-sensibles).

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     Autre source de mépris des travailleurs et de falsification de la vérité, les délais de prise en charge. En France, ils étaient de 7 jours à 15 ans suivant les maladies professionnelles. Alors que de nombreux cancers ne se révèlent qu'après 20 ou 30 ans. Les leucémies qui mettent environ 15 ans à se révéler, ne sont reconnues comme maladie professionnelle et prises en charge que si elles se déclarent dans les dix ans après irradiation.
     CETTE FAÇON HONTEUSE DE FALSIFIER LA VERITE EST COUPABLE, ELLE DEVIENT MEURTRIERE QUAND C'EST LA VIE DES INDIVIDUS QUI EST EN JEU.
     Cette volonté de masquer, de minimiser, voire de nier les effets de l'industrie nucléaire sur la santé, EDF l'applique également aux populations. Nous avons déjà eu l'occasion de montrer à quel point Chooz I était et est polluante. Aussi nos inquiétudes sont-elles plus vives et fondées.

6.4. Sur la population
     Il ne s'agit pas de parler de la quantité d'éléments radioactifs dispersés dans l'environnement par la centrale de Chooz, mais de leurs effets sur la santé des personnes vivant dans son voisinage.
     De nombreuses études récentes montrent que les irradiations externes par de très faibles les doses rejetées et fractionnées sur des temps longs, ainsi que les irradiations internes par des contaminations faibles mais répétées sont dangereuses. Ces conditions sont typiquement celles de la population vivant au voisinage des installations nucléaires. Le risque de cancer serait entre 5 et 10 fois plus élevé que ne le pense la CIPR (Ces études sont décrites dans le Bulletin of Atomic Scientifics de septembre 78 par, d'une part, l'ancien président de la CIPR (Karl Morgan) et d'autre part, par le chef du Département de Physique Médicale dc l'hôpital de St-Bartholomeur de Londres).

Note de la rédaction:  Une fois de plus, le manque d'informations officielles crédibles a conduit à n'utiliser que des travaux dits «indépendants».
     Quant à nous, nous soulignons la nécessité d'études sérieuses, à base d'enquêtes épidémiologiques, effectuées de facon contradictoire. De telles études pourraient enfin permettre d'informer réellement le public sans tomber dans des excès que les déclarations du Professeur Pellerin justifient à défaut d'excuser.

     Des études très concrètes ont eu lieu autour de certaines installations nucléaires:
· La population du Colorado vivant sous le vent de l'installation de production militaire de Rocky Flats a un taux de cancers de 24% plus élevé que la population vivant dans la direction opposée, pour les hommes, et de 10% pour les femmes.
· Sternglass a découvert une augmentation de la mortalité infantile due aux rejets de la centrale nucléaire d'lndia Point, dans l'état de New York.
· En Allemagne, Walter Shuka a trouvé un taux de leucémie 6 fois plus élevé autour de la centrale à eau bouillante de Langen.

     Sommes-nous vraiment de dangereux agitateurs publics lorsque nous demandons à savoir, et que tout le monde sache, ce qu'il se passe autour de Chooz?
     EDF se plaît souvent à comparer les rejets radioactifs d'une centrale avec la radioactivité naturelle. Qu'elle soit artificielle ou naturelle, la radioactivité, même à falble dose a des effets énergétiques. Ainsi, au Kérala (Sud de l'Inde), la radioactivité naturelle est de 1,5 à 3 rem/an. Le taux de retards mentaux d'origine génétique (mongolisme) y est quatre fois plus élevé que celui de la population témoin.
     Le principal rejet radioactif d'une centrale PWR concerne le tritium. Ce corps est rejeté en quantité énorme (Chooz I plus Chooz II: 10.400 Ci) dans l'environnement, et le directeur de la centrale de Chooz nous disait récemment que ce corps est considéré comme étant peu nocif. Effectivement, sous forme d'eau, celle-ci se renouvelant rapidement dans le corps humain, le tritium n'est peut-être pas très nocif. Mais il peut aussi se trouver incorporé à des acides animés et pénétrer ainsi dans les molécules du système de reproduction des cellules. A quoi cela expose-t-il la population? Nul ne saurait encore le dire. Et c'est cela qui est grave.

suite:
     On nous dit souvent que la radioactivité rejetée dans l'environnement est sans conséquence pour celui-ci parce que les rejets sont faibles et parce qu'elle se trouve dispersée. Or, c'est mentir ou être inconscient qu'affirmer péremptoirement une telle chose.
     On ne sait pas à l'heure actuelle ce que devient cette radioactivité.
     Et plusieurs phénomènes inquiétants devraient bien conduire les pronucléaires à plus de prudence dans leurs affirmations: ce sont les phenomènes de reconcentration, de synergie*, d'addition et de fixation.
On a découvert des reconcentrations énormes dans les environs des centrales ou autres installations. On peut en citer quelques-unes:
· A Windscale, reconcentration de 1.800 fois du Ruthénium qui a entraîné pour les gens du pays qui mangent du poisson et du pain d'algues, une irradiation permanente de leur rectum de 0,7 rem/an.
· Dans la Meuse, à Chooz, reconcentration de 50 fois pour le Manganèse 50 et le Cobalt 60 (amis pêcheurs, attention!).

6.5. Conclusion
     Il est temps pour EDF et l'administration concernée de ne plus affrrmer les choses telles qu'ils voudraient qu'elles soient, mais bien telle qu'est la réalité.
     La réalité, c'est celle des travailleurs et des personnes françaises et belges vivant depuis quinze ans au contact de la centrale de Chooz, reconnue par de nombreux scientifiques comme une centrale excessivement polluante. Avant d'imposer une centrale 17 fois plus puissante, c'est le bon-sens même qui dicte la nécessité de mesurer les conséquences de la première sur la population environnante. Après lui avoir retiré son droit de décider de son avenir, veut-on maintenant lui retirer le droit fondamental à la santé et à la connaissance de celle-ci?
     Le fait mêmne d'être obligé de réclamer une enquête sur la santé, que l'administration a toujours refusée, est le reflet du peu de cas que font des populations ceux qui leur imposent leur inutile énergie nucléaire.
     D'une façon globale, nous demandons à la DDASS qu'une enquête soit ouverte sur l'évolution de la santé des personnes habitant autour de Chooz, ou y ayant travaillé.
     CETTE ENQUETE PORTERA NOTAMMENT SUR L'ÉVOLUTION DU NOMBRE DES CANCERS, LEUCEMIES, AFFECTIONS DE LA THYROIDE, FAUSSES COUCHES, NAISSANCES PREMATUREES et MALFORMATIONS GENETIQUES.

     D'une façon plus précise, nous EXIGEONS (alors que c'est un droit fondamental):

· Une évaluation rigoureuse de la dose collective reçue par
la population.
· Une évaluation rigoureuse des doses individuelles des travailleurs.
· Que la population et les travailleurs puissent avoir moyen de contrôler et discuter l'établissement des normes les concernant.
· Des moyens de contrôle sérieux pour les travailleurs migrants (venant d'entreprises extérieures).

     NOUS DEMANDONS par ailleurs:
· La création d'une COMMISSION DE CONTROLE des installations nucléaires fonctionnant à Chooz. Cette commission sera un collectif de scientifiques, de médecins, d'infirmières, de travailleurs, d'écologistes.
· Que des EXAMENS MEDICAUX SYSTEMATIQUES (examen de la moelle, numératuon de formule sanguine...) soient désormais effectués chaque année auprès de personnes concernées.

     NOUS DEMANDONS enfin:
· à être associés à ces démarches afin d'obtenir des garanties sur le sérieux avec lequel elles seront effectuées.
· le sujet étant d'intérêt général, nous demandons que réponse y soit donnée par voie de presse.
· que la DDASS intervienne auprès de son homologue belge afin que cette enquête s'effectue de façon concertée et internationale.

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* Deux éléments faiblement cancérigènes, chacun séparément, peuvent, par effet de synergie, voir leur activité décupler.

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