La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°64/65
NUCLEAIRE: des coûts et des déchets


A. EN DIRECT DES SITES


     Nous avons des informations en provenance de tous les sites. Il nous faut noter que nos prévisions sur le mauvais accueil de la propagande ANDRA se réalisent:
Neuvy-le-Roi:
     Référendum organisé par le maire le 3 février 85. Refus du site par 63% contre 37% - 84% des 719 inscrits prenant part au vote.
L'Aube (Soulaines):
     Création d'un collectif et réunions publiques.
Cholet:
     Pétition en cours, au moins 10.000 signatures contre le site.
L'Indre:
     Interventions à tous les niveaux, le collectif continue son rôle d'animateur et d'information.
La Vienne:
     Le plus calme semble-t-il.

     Reprenons maintenant chaque site avec leurs informations. Mais tout d'abord un peu d'information en provenance du Conseil Supérieur de Sûreté Nucléaire.

Conseil de Sûreté Nucléaire séance du 15 novembre 1984
I. Extraits du compte rendu de séance
     «... Les membres du conseil approuvant ces propositions, le président passe la parole à M.Habib, du service central de sûreté des installations nucléaires, pour une présentation des développements qui sont intervenus depuis la séance du 19 juin dernier en ce qui concerne le choix des sites de stockage de déchets radioactifs.
     M.Habib rappelle qu'à l'issue de cette réunion, M.Auroux secrétaire d'Etat chargé de l'énergie, a fait part de ses directives au Commissariat à l'Energie Atomique. Celles-ci se résumaient ainsi: entreprendre sans plus tarder les travaux pour être en mesure de proposer à la fin de l'année 1985 deux sites pour le stockage de surface de déchets radioactifs et sous trois ans un site pour l'implantation d'un laboratoire souterrain destiné à étudier les conditions de stockage en profondeur des déchets de haute activité...» 
     Continuons à citer:
     «... Dans ces conditions, le Commissariat à l'Energie Atomique a proposé à l'administration trois zones géographiques situées respectivement dans les départements de l'Indre, de l'Aube et de la Vienne. Ces propositions résultent d'études préliminaires réalisées par le bureau de recherches géologiques et minières, recherches qui ont mis en évidence des structures géologiques permettant de satisfaire aux critères de la règle fondamentale de sûreté n°1-2. De plus, deux municipalités, celle de Cholet dans le Maine-et-Loire et celle de Neuvy-le-Roi dans l'Indre-et-Loire, ont posé leur candidature.
     Dans le département de l'Aube, c'est le site de Soulaines qui est actuellement en cours d'études à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Troyes. Le conseil générai du département a été tenu informé et une visite du centre de la Manche organisé à son intention. Depuis le 6 novembre, une quinzaine de forages peu profonds sont en cours de réalisation.

suite:
     Dans le département de l'Indre deux sites sont envisagés: l'une dans le canton de Neuvy-St-Sépulcre, l'autre dans le canton de Bellabre. Dans ce département, des réunions d'information ont déjà eu lieu, mais aucun forage n'a été entrepris.
     Dans le département de la Vienne, il y a seulement eu un début d'information des autorités locales...»
     Voici sur quels critères techniques sont retenus les sites:
     «... M.Habib indique qu'il s'agit de trouver des sites pouvant prendre le relais de celui de la Manche pour stocker en surface des déchets de faible activité. Une des conditions que doit remplir un site destiné à cet usage est de pouvoir permettre une modélisation de l'écoulement des eaux souterraines qui le traversent. Le bureau de recherches géologiques et minières a considéré que cette condition pouvait être remplie si une couche d'argile imperméable était surmontée d'une certaine épaisseur de sable. Cette configuration permet en effet de bien contrôler les exutoires. Il apparaît que ce type de formations se trouve généralement sur les franges des bassins sédimentaires. La sélection des sites ayant été faite à partir de l'examen des cartes géologiques, il convient maintenant de confirmer sur le terrain les informations données par ces cartes.
     M.Berg intervient. Il souhaiterait avoir des précisions sur les retombées économiques et sur les conséquences pour l'emploi que la création de ces sites de stockage peut avoir.
     M.Habib indique que les précisions sont fournies dans les dossiers qui explicitent l'impact de ces réalisations.
     Répondant à une observation de M.Sené, M.Habib confirme que bien entendu le couple sable-argile n'intervient que comme ultime barrière... les ouvrages de stockage comprendront outre le colis de déchets proprement dit un radier en béton et un système de drainage directement sous le stockage...»
     Quant aux réactions sur les sites prospectés:
     «...Dans l'Aube l'accueil a été bon; le département de l'Indre a été moins réceptif. Pour ce qui concerne le département de la Vienne, les contacts ont pour l'instant été limités aux membres du conseil général qui auraient effectivement souhaité avoir des garanties sur la réalisation d'une centrale électronucléaire...»

II. Quelques questions sur le compte-rendu
     Au niveau des procédures: pourquoi a-t-il précisé dans le texte:
     1. Le secrétaire d'Etat à l'Energie donne ses directives au CEA...
     2. Le CEA propose à l'administration trois sites géographiques...
     Qui gère les déchets: le CEA ou l'ANDRA? D'une part le doute est levé, c'est le CEA au moins, pour le niveau gouvernemental, qui reçoit les directives et propose les sites. Mais d'autre part, pourquoi envoyer l'ANDRA donner des explications puisque c'est l'administration donc le gouvernement qui prendra les décisions.

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     Le gouvernement a, dans le passé, envoyé EDF expliquer sa politique énergétique, il envoie l' ANDRA expliquer sa politique de gestion de déchets. C'est pratique, personne n'est responsable de rien et ceci permet d'épuiser à bon compte les comités locaux qui ne savent plus qui interroger et qui constatent vite que leurs efforts pour avoir des dossiers solides, pour avoir une réelle information ne servent à rien.
     Toujours les procédures: 2 municipalités (Cholet et Neuvy-le-Roi) ont posé leur candidature: la question qui se pose tout de suite est: quelle est la forme légale sur le plan administratif d'un dépôt de candidature?
     1. N'y a-t-il pas vice de forme si le conseil municipal n'a pas entériné, par un vote l'initiative que le maire a effectué sur sa délégation de pouvoir? Il doit rester une trace écrite.
     2. Que donnerait dans ces conditions un recours en tribunal administratif?
     Au plan du choix des sites, il est reconnu au CSSN que «...les difficultés soulevées par le choix du site de SaintPriest tenaient au fait que, si au bout de 300 ans les ouvrages perdaient leur étanchéité, on connaissait mal le bassin versant qui pouvait être concerné...»
     Ce qui prouve que la page de publicité du document ANDRA pour justifier le site de St-Priest se termine sur une phrase fausse (soulignée par la Gazette).
 
La recherche d'un second centre de stockage
     Le centre de stockage de la Manche a une capacité limitée à sa superficie de 12 hectares.
     C'est pourquoi le principe de la création d'un autre centre de stockage avait été retenu il ya plusieurs années déjà. Le CEA avait confié dès 1975 au Bureau de Recherches Géologiques et Minières une étude de prospection préliminaire de sites présentant des caractéristiques favorables pour le stockage de déchets de faible et moyenne activité. Une douzaine de sites possibles ont pu ainsi être répertoriés parmi lesquels le site de la mine d'uranium de Saint-Priest-la-Prugne, à la limite des départements de la Loire et de l'Allier.

La fermeture de la mine de St-Priest-la-Prugne
     L'arrêt de l'exploitation de la mine d'uranium de St-Priest-la-Prugne est fondé, non sur des calculs d'intérêt ou de rendement d'exploitation, mais sur l'épuisement du gisement.

Un site bien connu et favorable
     Le site de St-Priest-la-Prugne présente l'avantage d'être exploité depuis une vingtaine d'années et d'avoir fait l'objet d'études géologiques et géophysiques détaillées. Des milliers de mètres de galeries et de forages ont permis de bien connaître le sous-sol. Les nombreuses mesures effectuées tout au long de l'exploitation ont donné une bonne connaissance radiologique de l'environnement.

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Une bonne situation géographique
     La proximité relative des centrales nucléaires du centre et du sud de la France permettrait de limiter les transports à longue distance.

Préserver l'emploi
     La fermeture prochaine de l'exploitation minière par suite de l'épuisement des filons d'uranium pose la question du niveau de l'emploi et des ressources dans une région en fait peu favorisée. L'ouverture d'un centre de stockage à St-Priest - la - Prugne permettrait la création d'emplois et l'installation de nouvelles activités économiques.

Eviter d'utiliser des terres agricoles
     La Cogema est actuellement propriétaire des terrains sur lesquels se trouve la mine d'uranium dont l'exploitation va cesser. L'utilisation de ces terrains, impropres à l'agriculture, n'a donc pas de répercussion sur la surface cultivée de la région.

Un projet réfléchi
     Ces différents éléments favorables ont amené le Ministre de l'Industrie à demander au CEA de faire les études préalables à l'évaluation des aptitudes du site de St-Priest-la-Prugne. Il s'agissait de déterminer de façon plus précise si ce site pouvait se prêter à une utilisation offrant le maximum de garanties sur le plan de la sûreté.
     Ces études ont été menées à bien. Les résultats font apparaître que ce site présente une capacité de stockage intéressante en toute sécurité. De plus sa réalisation peut se faire sans porter atteinte au paysage, condition importante dans une région vouée au tourisme.

     Le site de St-Priest avait été choisi parce qu'il appartenait à la COGEMA donc au CEA. Quant au reste il a fallu la lutte du collectif des Bois Noirs pour que cela entre enfin en ligne de compte et que le site soit abandonné. N'ayons d'ailleurs aucune illusion, les engagements du maire de Roanne, M. Auroux, devenu après membre du gouvernement ont puissamment aidé le collectif.

III. Le bilan sur les sites
1. CHOLET
     Contact: Didier PATARIN
     15, rue des Ecoles 49470 La Romagne
     Comme le compte rendu des choletais donne une idée précise de ce qui s'est passé sur le site, comment la population s'est prise par la main, comment malgré l'opposition du maire elle cherche et trouve de l'information, on vous le passe comme il est arrivé à la Gazette.

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Exposé des choletais: 
     Je m'en vais, au nom du Collectif contre l'implantation d'un centre de stockage de déchets radioactifs à Cholet, vous conter par le menu l'histoire de cette sinistre et inquiétante affaire.
     Dès l'annonce, par la presse, de la candidature officielle de la ville de Cholet pour le stockage des déchets, les choletais conscients du danger potentiel ont commencé à gamberger. La première tâche a été de réunir tous ces gens, issus de tous horizons, mais tous mus par la même conviction: tout faire (... légalement) pour empêcher ça!
     Pendant une quinzaine de jours après l'annonce du drame, rien n'a bougé, ou presque. Certes l'opposition politique locale a protesté (PS-PC), contre le manque de concertation flagrant dans lequel avait été prise cette décision. Il est vrai que même à l'intérieur de la majorité municipale, certains conseillers n'étaient pas au courant! Ce qui montre à quel point la centralisation des décisions est réelle dans cette ville (le maire s'appelle Maurice LIGOT, environ 60 ans, ancien secrétaire d'Etat à la fonction Publique sous le règne de Giscard-the-First, apparenté UDF, roule pour Raymond Barre...). La première requête de la Gauche locale a été de réclamer un référendum local, tout à fait légitime à notre sens vu l'importance de l'affaire, référendum dont l'idée même fut balayée immédiatement d'un revers de main par M. Ligot, celui-ci se refusant à établir toute consultation électorale. Dixit le maire: je suis élu par la population choletaise pour prendre les décisions, et les prendre vite, ce que je fais!
     L'idée géniale du centre de stockage a été lancée à Cholet par un conseiller municipal qui travaille à la COGEMA, M.Jacques DUMAS. Les élus municipaux ont alors pris la résolution d'admettre qu'un centre de stockage n'est pas dangereux (Je parle de ceux de la majorité du Conseil Municipal); et de s'en remettre totalement à la science et à la compétence des «techniciens» de l'ANDRA.
     Il a été demandé également par l'opposition politique locale un débat publique contradictoire entre scientifiques de l'ANDRA et scientifiques neutres ou opposés (ex. G.S.I.E.N.), aussitôt refusé. Les arguments principaux avancés par M.Ligot pour l'installation de ce centre au lieu-dit Le Cormier, zone industrielle Sud-Ouest inemployée, à 3 km du centre ville à vol d'oiseau (Cholet fait 60.000 habitants, la zone sud-urbaine 80 à 100.000 habitants, le centre de stockage serait entouré des premières maisons de la ville...), ces arguments, disais-je, sont:
     - La création d'emplois (de toute façon très peu et pour qui?)
     - Les subventions d'Etat (que nous appelons ici de compensation), subventions qui, il est vrai sont loin d'être négligeables: 30 millions de francs pour la création du centre, et une redevance annuelle de 1 million et demi. Moralité: on vous irradie et on pollue vos eaux ad vitam aeternam, mais vous serez de riches irradiés!
     Là, vraiment, c'en était trop, et il fallait bien que ça bouge un jour. L'occasion s'est présentée bizarrement avec la création à la même époque d'une toute nouvelle association de protection de la nature créée par un noyau d'ornithologues, l'association MAUGES-NATURE[1], dont je fais partie. Initialement, celle-ci était vouée aux problèmes des petits oiseaux (n'y voyez-là aucune connotation péjorative!), à l'étude des mammifères, etc. Et le problème du stockage des déchets radioactifs est tombé là comme un cheveu sur la soupe... Et 1'association a bien été obligée d'inscrire la lutte contre les déchets à l'ordre du jour!
suite:
     C'est à l'occasion d'une réunion de la Commission Environnement de Mauges-Nature que s'est constitué, au début décembre, le Collectif contre l'implantation d'un centre de stockage de déchets radioactifs à Cholet. Plusieurs associations étaient présentes à cette réunion, et, ensemble, elles ont décidés de s'unir, malgré leurs différences, dans un même but rassembleur: la lutte contre le projet.
     Ces différentes associations composant le Collectif, qui, je le signale, se réclame apolitique, sont:
     - L'Association Ecologiste MAUGES-NATURE.
     - Le C.O.S.E.B. - Comité de Sauvegarde et de défense du bocage (au départ axé sur les mines d'uranium-Mortagne).
     - Le M.A.N. - Mouvement pour une alternative non violente.
     - Des particuliers - qui, en fait, constituent le gros de la troupe.
     - Le Collectif est également soutenu par la Section choletaise du P.S.U., qui partage ses idées.
     Je précise tout de suite que indépendamment des idées, nous n'avions pas les moyens, à la création du Collectif, de refuser du monde[2]. Je tiens à préciser également que notre «combat» se situe en dehors des partis politiques, bien que toute lutte de ce genre soit en réalité également de la politique. Mais il y a dans le mot collectif cette idée de rassemblement de personnes de toutes opinions, et nous sommes prêts à faire abstraction de nos sensibilités personnelles pour s'unir dans un même espoir. De toute façon, les «gens d'ici» ne supporteraient pas, et ils auraient raison, de se coller une étiquette quelconque sur le dos pour s'opposer à ce projet. C'est donc bien dans le respect des idées et la pluralité la plus totale qu'existe ce collectif qui porte si bien son nom.
     Les associations de départ ont été rejointes par:
     - Les sentiers de l'Eco-évolutive
     - Le groupe des artisans de paix du Bressuirais
     - L'association du Haut-Bocage Vendéen de Pouzanges
     - Le comité de coordination des foires écologiques
     ... et d'autres associations depuis: l'U.F.C...
     La première préoccupation du Collectif a été de se faire connaître. La presse écrite (Ouest-France, Le Courrier de l'Ouest) nous a ouvert ses colonnes. Les radios libres locales (Alouette FM, Cholet Temps-Libre, Radio Cactus) ont également parlé de nous.
     Notre position est clairement contre le centre de stockage. Nous réfutons les arguments de la municipalité. Nous mettons en doute la sécurité effective du centre de stockage. On connaît ici la fuite de tritium de 1976 au centre de la Manche. On connaît (bien qu'on voudrait en savoir plus) la pollution qui en a résulté dans les eaux de la région - la Sainte-Hélène - avant que l'ANDRA ne décide de reconditionner les fûts qui fuyaient! Ici, quand on en parle, on en a froid dans le dos! Si au bout de si peu de temps on a déjà des problèmes, qu'en sera-t-il dans 10 ou 20 ans? Il est vrai que l'ANDRA nous répond: c'est pas nous, c'est l'Infratome qui a commencé le stockage!
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1. Cholet est la capitale de la région des MAUGES (Maine-et-Loire 49)
2. A propos du P.S.U
     Nous mettons également en doute la conformité du site du Cormier aux normes de l'ANDRA en matière de géologie. Le sous-sol du Cormier serait plutôt composé de granit en décomposition. Ici, point d'argile à notre connaissance, et point non plus de nappe perchée, tellement recherchée par l'ANDRA, en cas de fuite de radioactivité. Il y a là un problème aigu: se basera-t-on, pour l'installation du centre, plus sur d'éventuelles réactions de la population que sur les résultats des études du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières)? L'occasion n'est-elle pas trop belle?... Une ville candidate, c'est si rare!!...
     Nous soulevons également les problèmes de transport de déchets radioactifs. Cholet serait traversé de part en part, à longueur d'année et pendant 30 ans, par des camions remplis de fûts de déchets. Est-ce sérieux pour une ville si importante?
     Nous protestons contre le choix du site, au sud-ouest de la ville, aux portes des premières maisons, à 2 ou 3 km du centre à vol d'oiseau. Vraiment, un centre de stockage de déchets radioactifs à côté d'une ville de 60.000 habitants, au centre d'une zone sub-urbaine de 80 à 100.000 habitants, ce n'est pas sérieux!
     Nous insistons sur le manque d'information quant à la nature véritable des déchets qui seraient stockés à Cholet. N'aura-t-on pas la main un peu lourde pour les déchets a, à vie très longue, et qui eux, dans 300 ans, n'auront pas du tout perdu leur activité?
     Nous protestons contre l'héritage que nous laisserons à nos enfants, et aux enfants de nos enfants. Un cadeau empoisonné en quelque sorte. Nous avons une plateforme que je joins à mon envoi et qui résume notre position.
     Nous avons tenu notre première réunion publique le 13 décembre 1984 dans la grande salle du centre Bonnevay[3]. Nous avions la joie d'accueillir 300 personnes inquiètes envers le projet. Je vous signale que nous sommes une trentaine de «membres actifs» au sein du Collectif. Nous nous documentons au maximum et depuis le début de l'affaire, nous avons acquis certains connaissances sur le stockage des déchets.
     Nous avons décidé en décembre d'utiliser notre premier moyen d'action: la pétition. Celle-ci est l'un des derniers moyens pour les gens d'exprimer leur mécontentement. Et celui-ci est réel!
     Nous essayons de quadriller la ville pour le porte-à-porte, et nous faisons également signer la pétition dans les rues du centre-ville. Les communes environnantes signent aussi. Pour l'instant nous avons 6.000 signatures. Nous espérons en recueillir 10.000, ou 15.000, et peut être plus. En tout cas, nous ferons tout pour y arriver, et nous en prendrons les moyens.
suite:
     Nous avons également établi le contact avec les autres sites concernés par le centre. Dans le détail: Neuvy-le-Roi, elle aussi candidate, mais ça, vous le savez déjà, et puis l'Indre, l'Aube et la Vienne.
     Ici, à Cholet, nous avons «bénéficié», à la demande de la municipalité, de la magnifique, unique en France, et très impressionnante exposition de l'ANDRA. Celle-ci s'est fait un plaisir, à grand renfort de moyens financiers, de montrer aux choletais ce qui les attend «au cas où». C'est vous dire si nous en savons un peu plus sur tous les déchets A, B, C et j'en passe. Nous avons eu l'occasion de converser avec M. CHATOU et ses subordonnés pendant de longues heures. Il faut avouer que dans le style «propagande» auprès des «masses», ils font assez fort!... Mais qu'on ne s'en fasse pas, nous tiendrons bon!
     En tout cas, on n'est pas prêt d'oublier ici la phrase de CHATOU lors de l'inauguration de l'expo, en présence du maire: si le sous-sol choletais ne convient pas, on ne s'installera pas ici!... Voire...
     En ce qui concerne notre action, nous avons fait tirer un autocollant «Non aux déchets radioactifs à Cholet», des affiches et nous prévoyons des tracts.  Nous sommes conscients que pour chaque site prospecté par l' ANDRA, cela ressemble à du chacun pour soi, à un combat de «clocher». Le problème est difficile. En fait je crois qu'on doit tous refuser en bloc. De toute façon, ce n'est certainement pas ici, à côté de la ville, que les conditions optimum de stockage sont réunies. Le problème de savoir «où les mettre» est ici, à nos yeux, le plus grave, le plus délicat. Car il demande une réflexion au niveau national, et non régional ou local.
     Je vous signale, en passant, qu'un ancien député de Cholet, et de Maine-et-Loire, Bernard MANCEAU (77 ans, Droite), a pris position publiquement, par article et conférence de presse, contre les déchets radioactifs à Cholet... Ce qui est rare pour un ancien élu du même bord que l'actuel maire.
     Pour votre information, je vous envoie, huit pages d'articles de presse relatant l'affaire à Cholet ainsi que notre plateforme et notre pétition.
CHOLET,  VILLE  CHLOROPHYLLE  OU  POUBELLE  NUCLEAIRE
(communiqué du «Collectif contre l'implantation d'un site de stockage de déchets radioactifs à Cholet»).
     Une partie de la Municipalité propose au Gouvernement la candidature de Cholet pour l'implantation d'un site de stockage de déchets radioactifs sur la Zone Industrielle du Cormier. Ceci sans la moindre consultation du public.
     Le site occupera un terrain de 50 hectares et la nocivité des déchets imposerait leur surveillance permanente pendant 300 ans.
     La justification invoquée: attribution à la ville de subventions d'Etat et la création d'emplois, paraît bien mince en regard des inconvénients:
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3. A Cholet
     - Proximité de la ville sous les vents dominants
     - Risques de contacts entre la radioactivité et les nappes souterraines ou les eaux de ruissellement.
     - Risques de fuites radioactives sur le site
     - Risques sismiques non exclus (la terre a déjà tremblé à Cholet).
     - Incertitude quant à la nature des déchets et à leur surveillance à long terme.
     La radioactivité naturelle est déjà forte dans la région. Inutile d'en rajouter. Les risques sont trop importants pour notre santé et celle des générations à venir.
     En outre, on prévoit (estimation des experts EDF) que la production d'électricité nucléaire aura doublé en l'an 2000, le volume des déchets ayant suivi de même, il faudra trouver de nouveaux sites. Or jusqu'à ce jour, les communes pressenties pour « accueillir» une poubelle nucléaire ont énergiquement refusé. Cholet, en se montrant favorable aujourd'hui, risque à l'avenir, de devenir le site élu qui ne pourra plus refuser les extensions.
     En conviant tous les opposants au projet, à signer massivement une pétition (*) dans ce sens, nous entendons préserver le futur de la région choletaise.
PROTEGEONS NOTRE AVENIR!
(*) On peut signer à la librairie ANTIMYTE 21 rue du Commerce.

2- NEUVY-LE-ROI
     Voici l'article du Monde du 5 février 1985 (page 42) qui annonce le référendum: 

UN VILLAGE REFUSE DES DECHETS NUCLEAIRES
Pas de poubelle-tirelire

     Au terme d'une  "consultation-référendum", les électeurs de Neuvy-le-Roi (Indre-et-Loire), ont refusé, dimanche 3 février, le projet d'implantation d'un centre de stockage de déchets nucléaires sur leur commune. Ce résultat a été obtenu à une large majorité (63% contre 37%), 84% des 719 inscrits prenant part au vote. 
     Neuvy-le-Roi. - La radioactivité contre la désertification de nos campagnes? Le stockage des déchets nucléaires, ultime remède à l'exode rural? Tel est le triste dilemme de ce gros bourg agricole niché aux confins de la Touraine et de la Sarthe. Neuvy-le-Roi, joli village du jardin de la France, "un chef-lieu de canton en train de mourir" si l'on en croit le diagnostic de M.Daniel Philippot, son jeune maire, kinésithérapeute reconverti depuis peu dans le commercial. Ancien membre du comité central du Front national, «proche collaborateur de Jean-Marie Le Pen», cet ex-parisien est aujourd'hui prêt à tout pour sauver sa commune d'adoption.

L'OXYGÈNE ET LE GRAND AIR
     «Ici, avant la guerre, il y avait dix-sept bistrots! Tout ça c'est bien fini. Neuvy a perdu deux cent soixante habitants en vingt ans. En sept ans, sept commerces ont disparu. Notre endettement global correspond au double de notre budget», déclare M. Philippot. Un cas unique? «Bien sûr que non: les autres bleds du canton sont déjà morts... nous, il nous faut d'urgence trouver une réanimation

suite:
     Mais où peut-on trouver de l'oxygène en 1985, dès lors qu'on vit en plein air, c'est-à-dire à l'écart des grandes routes, trop loin des voies ferrées? Il y a quelques mois, M.Philippot crut tenir la solution lorsque à Paris il rencontre «de manière accidentelle" un responsable de l'ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Défoncer la terre à céréales pour y couler du béton, stocker pour plusieurs siècles quelques milliers de conteneurs de déchets nucléaires sous un tumulus campagnard avec, à la clé, de quoi séduire plus d'un élu: trente millions de francs d'investissements, 1,5 million de redevance annuelle pour la commune et la création de cent quarante emplois. "Quel est la maire de France qui pourrait passer à côté de ça?" interroge M.Philippot.
     Mais une commune n'est pas faite que d'élus. A Neuvy-le-Roi, le projet du maire devait immédiatement déclencher de très vives réactions. Une association de défense et de protection de la nature fut créée en novembre. Elle revendique aujourd'hui trois cents adhérents, parmi lesquels trois conseillers municipaux, inquiets des risques de contamination, ces responsables menèrent diverses actions et réclamèrent une consultation de la population.
     «Ce fut vite Clochemerle, accuse le maire. Lettres anonymes, pressions diverses. On a voulu faire peur aux agriculteurs en dressant un tableau apocalyptique. Désavoué par le Parti socialiste, je ne suis plus soutenu que par le Parti communiste! Jusqu'au Front national qui a décidé de s'opposer à mon projet pour récolter plus facilement les voix aux prochaines cantonales
     A midi, sous le portrait du président de la République et devant les électeurs venus en groupe après la messe, le maire confiait que quel que soit le résultat du référendum, l'affaire constituait d'ores et déjà «un fantastique coup de pub pour la commune». A 20 heures, une fois le dépouillement terminé, M. Philippot avait perdu le sourire. «Neuvy-le-Roi, déclarait-il, vient de signer la condamnation à mort.» Du côté des opposants au projet, on rêve pour demain d'une commune agricole stockant ses touristes dans de futurs gîtes ruraux.
Jean-Yves NAU
      Que dire de plus? Eh bien que les habitants de Neuvy-le-Roi ont contraint leur maire à organiser une réunion d'information avec des contre-experts (300 à 400 participants). Ils ont ensuite réclamé un débat contradictoire qui finalement a eu lieu courant janvier (toujours avec 400 participants au moins). Ce débat a été contradictoire in extremis, l'ANDRA ayant demandé à participer au dernier moment. Ce débat n'a pas été très bon pour l'ANDRA, leur message n'a pas réussi à passer et même ils se sont enferrés sur certaines questions. La lutte fut chaude mais la population a pris la mesure des problèmes engendrés par la politique énergétique française: quand on construit des réacteurs, il ne peut être question d'ignorer qu'ils engendrent des déchets. On doit donc faire une information qui ne parle pas que de consommation et de besoins mais qui explique quel est le revers de la médaille.
     Maintenant attendons, Neuvy-le-Roi a retiré sa candidature. L'ANDRA a promis, enfin, le gouvernement a promis que les déchets ne seraient pas imposés. Alors on ne parlera plus de Neuvy comme site (?), affaire à suivre...
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3. L'AUBE
Site projeté: le canton de Soulaines.
     Après un moment de flottement, du au fait que ce sont d'abord les élus qui ont eu des réunions, que ce sont les élus qu'on a emmené visiter le site Manche. Les populations s'organisent en comité de défense, font des réunions, rassemblent la documentation. Les réunions réussissent à regrouper 300 personnes ce qui est bien le signe de l'intérêt porté au problème.
     Nous vous donnons le résultat d'un sondage sur le sujet qui montre que l'Aube n'est pas si favorable que cela au stockage mais surtout qui met en cause l'information.

L'EST-ECLAIR 12 DECEMBRE 1984
SOULAINES - DHUYS

Un sondage du comité de sauvegarde
de la champagne méridionale 
CENTRE DE STOCKAGE DE DÉCHETS NUCLÉAIRES:
55% de NON, 17% de OUI, 26% SANS OPINION,
sur 795 personnes interrogées 

     Le Comité de Sauvegarde de la Champagne méridionale a fait procéder à un sondage entre le 10 et le 25 novembre auprès de 795 personnes habitant Soulaines et les villages alentours.
     A la demande du Comité de Sauvegarde de la Champagne méridionale nous publions ci-dessous le tableau des résultats ainsi que les commentaires qu'il nous a communiqués.
     Ce sondage ayant été effectué par une organisation dont nous connaissons les orientations, il convient d'accueillir résultats et chiffres avec un minimum de circonspection.
1- Communes.
2- Nombre d'habitants rencontrés.
3- Désirent plus d'information.
4- Désirent une consultation par vote.
5- Pour le projet.
6- Contre le projet.
7- Opinions non exprimées:
1
   2
   3
   4
   5
   6
   7
Ville-au -Bois
 10
 10
 10
Soulaines
 102
 54
 49
 26
 28
 43
La Chaise
 28
 28
 28
 2
 19
 7
Ville-sur -Terre
 65
 55
 58
 12
 37
 16
Epothémont
 83
 50
 67
 39
 61
 24
Morvilliers
 132
 110
 115
 11
 57
 64
Fuligny
 37
 13
 31
 7
 25
 5
Thil
 96
 78
 62
 14
 48
 30
Maisons-I. -So.
 32
 31
 32
 3
 28
 1
Trémilly
-Nully
 210
 174
 173
 28
 125
 14
TOTAUX
 795
 603
 625
 142
 436
 206
suite:
COMMENTAIRES DU COMITE DE SAUVEGARDE
     Ce sondage, comme tous les autres, peut être discuté. Les gens interrogés peuvent être influencés par leurs interlocuteurs, ils peuvent dissimuler leurs opinions, etc.
     Cette enquête a néanmoins des points forts pour une bonne crédibilité: une dizaine de personnes bénévoles et différentes ont effectué ce travail, parfois habitantes du village concerné, parfois étrangères. D'autre part, l'enquête s'est effectuée sur un grand nombre des habitants, parfois la totalité.
     On peut remarquer que plus on s'éloigne du site présumé, plus les populations sont hostiles au projet, avec deux exceptions opposées au centre de la zone: Ville-au-Bois, très hostile, et Soulaines, particulièrement indécis (ou discret?).
     Pour les communes «extérieures» (Haute-Marne, Maisons), l'équation inconvénients sans avantages donne une forte opposition.
     Sur la moyenne générale, on s'aperçoit que l'information donnée est ressentie comme insuffisante et que le souhait d'une consultation populaire est très puissant. A ce sujet, rappelons que dans l'Indre on est déjà passé à la consultation officielle. A Mers-s-Indre, 93% des votants se sont prononcés contre.
     Cette procédure existe donc bel et bien, et tant en France qu'à l'étranger elle ne remet pas en cause le rôle de décision des élus, elle peut simplement «éclairer" ces derniers dans des circonstances bien précises.
     De nombreux maires sont favorables à ce «référendum», après une information complète, d'ici 6 mois à un an; il leur reste à prendre une délibération dans ce sens. 
Au vu de l'enquête, les partisans du projet sont minoritaires; seules les urnes peuvent confirmer ou infirmer ce résultat.
Communiqué du Comité de Sauvegarde
de la Champagne Méridionale


4. L'INDRE 
      La lutte continue et ne s'arrête pas. Voici d'ailleurs deux documents qui vous permettront d'en juger vous-même.
     D'une part, la réponse du CIDRA à un document ANDRA. D'autre part deux lettres, une au préfet sur le problème de la création d'une commission locale d'information. Le CIDRA a parfaitement raison de se méfier, ce type de commission n'a pas de règle du jeu suffisamment précise pour ne pas être un piège. Il faut aller à la commission et ne pas se démobiliser sur le terrain - Pas facile!! L'autre au ministre de l'Environnement rappelant un certain nombre de questions précises toujours sans réponse 3 mois après. On sait bien que les ministères peinent sur les réponses mais quand même...


Collectif d'Information sur les Déchets Radioactifs

LE CIDRA FAIT LE POINT
     Naissance du CIDRA
     Dès l'annonce du projet d'implantation d'un centre de stockage de déchets radioactifs dans l'Indre, il s'est créé rapidement dans le département un Collectif d'Information regroupant 14 associations. De plus, afin d'avoir une existence officielle, il vient de se constituer en Association, loi de 1901.
     Il a pour but d'informer les populations concernées sur la façon dont sera réalisé le stockage en surface et surtout sur les risques et nuisances inhérents à un tel centre de stockage tant sur le plan de la radioactivité que sur les plans économique et touristique.

p.8

Origine des déchets radioactifs
     «Les bénéfices retirés de l'exploitation de l'énergie nucléaire concernent les populations actuelles, mais, en revanche, les risques liés à la présence des stockages seront principalement supportés par les générations futures...»
     Cette phrase, relevée à la page 7 du rapport Castaing, résume l'essence de notre démarche.
     Nous sommes bien conscients que, dès maintenant, la proportion d'électricité d'origine nucléaire a dépassé 50%, et que chaque Français est ainsi directement impliqué dans la production des déchets radioactifs.
     Nous remarquons cependant que cette option a été prise - hâtivement - en 1974, à la suite du premier choc pétrolier, sans qu'aucun débat sur l'énergie, n'ait vraiment eu lieu, ce qui explique pourquoi, maintenant, bien des citoyens découvrent avec étonnement (mais trop tard!) que cette énergie qu'on disait propre, produit en réalité une quantité non négligeable de déchets d'un type nouveau: les déchets nucléaires.

La radioactivité
     Nous pensons, comme l'ANDRA, qu'il faut lever le voile de mystère qui enveloppe la radioactivité artificielle, puisque, bon gré, mal gré, nous sommes appelés de plus en plus à vivre avec...!
     Par contre, il ne nous semble pas anormal de craindre la radioactivité artificielle: nous savons que des excès de rayonnement sont préjudiciables aux êtres vivants. Le fait qu'elle soit de même nature que la radioactivité naturelle ne lui retire pas sa nocivité .... et son absence d'action sur nos sens la rend tout à fait insidieuse. Si elle est très facile à détecter, cet «avantage relatif» est réservé aux scientifiques et travailleurs de l'industrie nucléaire, munis de l'appareillage adéquat, qui pour l'instant, à notre connaissance, n'est pas en vente dans les supermarchés (faut-il souhaiter qu'il le devienne...?)
     Les effets des doses de rayonnement reçues sont cumulatifs, et bien des scientifiques pensent qu'il n'existe pas de seuil au-dessous duquel le danger serait nul.

Les trois types de déchets (voir plus haut p. 6)
     Quelques remarques, à la lecture du Rapport Castaing: nous apprenons à la page 5, §I 12, la nature des déchets de catégories A, B (ou a) et C ; puis, à la page 13, § 1 43, nous lisons:
     «Le programme CEA envisage la possibilité de mettre en service à partir de 1991-92, un stockage en profondeur de déchets a..., ou l'extension de l'entreposage de déchets a, peut être sur un site de stockage en surface
      Cela signifie que notre centre de l'Indre recevrait des déchets de catégorie A, pour un stockage définitif, et vraisemblablement des déchets de catégorie B (normalement destinés au stockage en profondeur) pour un entreposage d' attente.
     Pour quelle durée? Nul ne peut le dire encore: le groupe Castaing «recommande que l'on renonce à la décision actuelle de création d'un stockage a en profondeur, tant que les incertitudes sur la sûreté à long terme n'auront pas reçu de réponses satisfaisantes» (page 13).

suite:
     Et pouvons-nous être certains que jamais, dans notre centre de stockage en surface de l'Indre, ne seraient entreposés des déchets vitrifiés (catégorie C)?
     Le groupe Castaing recommande (page 14, § 144): «que l'on crée une ou des installations d'entreposage de longue durée des verres, en surface ou subsurface, et non dans un stockage géologique ventilé

Sûreté du stockage
     Si le rapport Castaing approuve les modes de stockage proposés par l'ANDRA, il n'en reste pas moins très critique sur certains points, ainsi que nous pouvons le remarquer, par exemple, dans l'Annexe 1 «connaissance des déchets, détermination de la teneur en émetteurs a».
     De même, sur la tenue des bétons pendant plusieurs centaines d'années, l'ANDRA dit: «Les déchets... sont rendus solides par enrobage dans du ciment, du bitume ou de la résine et mis sous forme de colis... manipulables et stockables sans danger
     Le groupe Castaing constate que «le CEA prend comme référence les bitumes et bétons, sans mentionner les incertitudes actuelles concernant leur aptitude au stockage définitif» (page 10, §1312b).
     L'ANDRA nous promet qu'il n'y aura aucun rejet radioactif dans l'environnement, ni en temps normal, ni en cas d'incident; nous le souhaitons, bien sûr, mais cela suppose que la technique aura progressé: rappelons qu'il est arrivé d'enregistrer dans le ruisseau de Sainte-Hélène, à la Hague, des pointes de contamination en tritium supérieures à la concentration maximale admissible. Il est vrai que le site du Centre-Manche a révélé à l'usage quelques défauts d'ordre hydrographique et géochimique; cela laisse supposer que les études qui avaient précédé le choix du site n'avaient pas été menées avec toute l'attention nécessaire.

Impact sur la vie économique
     L'ANDRA a inventorié les critères de choix des sites; nous avons relevé les suivants:
     «On évitera les zones à fort développement potentiel, les zones d'agriculture riche et les zones présentant un attrait touristique notable. On choisira des zones où le terrain a une faible valeur d'usage
     Nous espérons que ce ne sont pas ces critères qui ont conduit à la prédétermination des cantons de Neuvy et de Bélâbre. Ce serait bien peu flatteur pour eux!
     L'ANDRA dit: «La création d'une telle activité soutiendra la vie économique de la région concernée et pourra servir d'entraînement pour d'autres activités».
     Nous compléterons ce point de vue par la remarque suivante: «par contre, des activités essentielles pour notre département (d'ordre agricole), ou appelées à le devenir (d'ordre touristique) seront nécessairement freinées
     Nous sommes sceptiques quant à l'absence de surveillance policière de ce genre de site, et une personne de notre connaissance, Florende PUMONT (tel. 25.01.23), peut en témoigner: en visite au centre de la Manche, elle a photographié de l'extérieur le tumulus écroulé, au début du mois d'octobre 1984, et n'a pas tardé à être. interpellée par trois vigiles...

p.9

Décisions
     Le CIDRA de l'Indre souhaite vivement que l'affirmation faite par le Président du Conseil Général soit respectée, à savoir: «II n'y aura pas d'implantation si la commune concernée n 'est pas d'accord
     Mais redoute qu'une commune accepte l'implantation, alors que les communes voisines l'auraient refusée: celles-ci en subiraient tout de même les nuisances.
     D'autre part, si des communes sont fermement opposées au projet, il paraît absurde d'entreprendre de coûteuses recherches géologiques sur leur territoire, si on sait que leur droit de veto sera respecté.
     Rappelons qu'une procédure de référendum a été organisée le 23 décembre dans le canton de Bélâbre où la population est majoritairement défavorable au projet.

Réunions publiques
     Nous vous rappelons les deux réunions publiques que le CIDRA de l'Indre a organisées avec succès les 8 et 9 novembre 1984 à Bélâbre et Neuvy - Saint - Sépulchre, avec la participation de «Greenpeace» et du «Groupement des Scientifiques pour l'Information sur l'Energie Nucléaire» (GSIEN).
     Une autre réunion est en préparation pour le samedi 2 février avec la participation de Jean-Claude Zerbib, chef du groupe de radioprotection des accélérateurs du centre d'études nucléaires de Saclay, membre du groupe de travail présidé par le professeur Castaing, et qui a donc participé à l'élaboration du rapport Castaing (n°2, voir biblio ci-dessous).
     Pour toute demande d'information, vous pouvez faire appel à l'antenne du CIDRA de l'Indre, installée à la Barre, Vendœuvres 36 - BUZANCAIS. Tél. 38.31.21.

Références bibliographiques
      Rapport sur le programme général de gestion des déchets radioactifs proposé par le Commissariat à l'Energie Atomique (Rapport Castaing n°2) - 18 mars 1983.
     La Gazette Nucléaire43, 52, 62/63 (rapport n°2), Publication du G.S.I.E.N.  l, rue François Villon - ORSAY


La Barre, le 12 janvier 1985 
M. LE PREFET, COMMISSAIRE DE LA REPUBLIQUE
Préfecture - 36000 CHATEAUROUX

Objet: Présélection du département en vue implantation d'un site de stockage de déchets radioactifs

Monsieur le Préfet,
     Nous accusons bonne réception de votre courrier du 18 décembre 1984 concernant la constitution d'une commission locale d'information d'information à propos de l'éventuelle implantation d'un centre de stockage de déchets radioactifs dans l'Indre.
     Le collectif s'étant réuni, il m'a chargé de vous communiquer les remarques suivantes:
     - Nous nous étonnons de n'avoir reçu, à ce jour. aucune réponse du ministère de l'Environnement suite à l'entrevue du 15 novembre 84 et à la remise d'une lettre comportant des questions précises. Nous désirons avoir cette réponse avant la réunion de constitution de la commission locale d'information.
     - Le fait qu'une telle commission soit constituée signifie-t-il que nous sommes passés à un stade supérieur dans la sélection du département? Si cela était , à quel stade en sommes nous? La constitution d'une telle commission n'avait été envisagée avec Madame la Ministre de l'Environnement que si le site était retenu.

suite:
     - Vu les positions prises:
     1. par le président du Conseil Général, à savoir: que rien ne serait fait sans l'accord des populations concernées;
     2. par les conseils municipaux du canton de NEUVY-ST. SEPULCRE et certains autres;
     3. par la population du canton de BELABRE lors de la consultation du 23 décembre 84.
     Nous nous étonnons qu'une commission locale d'information soit mise en place!! Est-ce bien utile?? Les deniers de l'Etat ne seront-ils pas utilisés en pure perte??
     Au cas où cette commission malgré tout verrait le jour, nous désignons M.Gilles BROUTIN (président du ClORA) comme représentant ou toute autre personne de notre choix suivant nos disponibilités.
     Vous remerciant de nous tenir informer de vos décisions à la lecture de la présente,
     nous vous prions d'agréer, Monsieur le Préfet, l'expression de nos sentiments très distingués.
Le Président
G.BROUTIN

Président: Gilles BROUTIN 
Vice-président: Phillippe GUENIN BUXIÈRE D'AILLAC 
La Barre, le 12 janvier 1985
Madame La MINISTRE DE L'ENVIRONNEMENT
Ministère Environnement
12, Bd Gal Leclerc - NEUILLY S/SEINE

Madame la Ministre,
     Suite à notre entrevue du 15 novembre 1984 à l'occasion des journées cynégétiques de Châteauroux, nous vous avions remis une lettre à laquelle vous deviez nous répondre dans les meilleurs délais, concernant l'implantation éventuelle d'un site de stockage de déchets radioactifs.
     Différents appels téléphoniques à vos collaborateurs nous disant que la réponse était en bonne voie n'ont pas été suivis d'effet à ce jour.
     Nous vous demandons de bien vouloir faire le nécessaire pour qu'une réponse nous parvienne dans les plus brefs délais.
     Une commission locale d'information étant en cours de constitution à l'initiative de M. le Préfet, Commissaire de la République, nous voulons être en mesure de communiquer les réactions du ministère de l'Environnement à notre lettre.
     Sans nouvelles de votre part nous ne pourrions qu'apporter des réserves sur l'efficacité d'une telle commission et sur la volonté de dialogue et de concertation entre les pouvoirs publics et la population.
     Par ailleurs, un enregistrement de cette rencontre du 19 novembre 84 a été réalisé. Renseignements pris à la préfecture, la technicienne n'étant pas à leur service, elle ne pouvait être qu'au vôtre. Nous pensons qu'il serait souhaitable que vous nous fassiez parvenir une copie.
     Vous remerciant de bien vouloir faire diligence à nous répondre,
     nous vous prions d'agréer, Madame la Ministre, l'expression de nos sentiments distingués.

Le Président
G.BROUTIN
Président CIDRA: Gilles BROUTIN 
La Barre VENDOEUVRES 36500 BUZANCAIS 
Vice-président CIDRA: Philippe GUENIN - La Chaume-au-Gendre, Buières-d'Aillac 36230 NEUVY-ST-SEPULCRE
p.10

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