La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°96/97 

TCHERNOBYL, TROIS ANS APRES
 ANNEXES

QUELQUES CALCULS

     Les calculs ne sont effectués ici que pour donner des ordres de grandeur permettant d'apprécier la situation catastrophique dans laquelle sont obligés de vivre les habitants des régions sinistrées. Ils sont basés sur des modèles qui justement demandent à être vérifiés par une expérimentation sérieuse.

1) Quel débit de dose (en milliRoentgens par heure - mR/h) doit-on mesurer en un lieu contaminé en Césium 137 avec une activité surfacique déterminée ?

Base des calculs d'après le document NRPB. DL 10
     «Derived Emergency Reference Levels for the Introduction of Countermeasures in the Early to Intermediate Phase of Emergencies Involving the Release of Radioactive Materials to Atmosphere», march 1986


Tableau 1 : pour un dépôt initial de 1 Bq/m2 en Cs
    Ce tableau donne, pour un dépôt de 1 Bq/m2, le débit de dose efficace en Sievert par jour et la dose intégrée en Sievert au bout de 7 jours, 30 jours, etc... (La dose efficace est la somme des doses organes pondérées par les facteurs WT. Voir Gazette Nucléaire 73/74).
     Il est indiqué que pour le Cs 137 les débits de dose sont calculés en supposant que Ba 137, produit de filiation à vie courte de Cs 137 est en équilibre avec Cs 137.
     On considère qu'il y a eu au départ 2 fois plus de Cs 137 que de Cs 134. Au bout de 2 ans pour un dépôt initial de 1 Bq/m2 en Cs 137 le débit de dose efficace du au Cs 134 serait encore 2,210-11/3 10-11 = 0,73 fois celui du Cs 137.

     Quel est le débit de dose efficace correspondant à la contamination surfacique de 15 Ci/km2 en Cs 137 qui est considérée comme la contamination «admissible» par les autorités soviétiques ?

     Il est de 4 10-11 x 555'000 x 1.73/24 = 1,6 10-6 Sv/h, soit 0,16 mrem/h
     Or 1 milliroentgen représente 0,83 millirad. La dose efficace, elle, correspond à ce qui est reçu par les organes,environ 0,7-0,8 fois le rayonnement externe. On considère qu'une exposition à l'air de 1 milliroentgen correspond à une dose efficace d'environ 0,6 mrem. Le débit de dose de rayonnement externe est donc de 0,16/0,6 = 0,27 mR/h. A une activité surfacique de 80 Ci/km2 en Cs 137 devrait donc correspondre un débit de dose de 0,27 x 80/15 = 1,4mR/h.
    Le journaliste ayant effectué le reportage indiquait 2 mR/h ce qui n'est pas si mal comme accord étant donné l'imprécision de l'appareil utilisé pour effectuer la mesure et celle du modèle de calcul.

p.22

2) Quel est l'équivalent de dose efficace du au rayonnement externe par les dépôts du sol en Cs 137 ?
     Il est dit par les experts soviétiques que les contours d'activité surfacique n'ont pas varié sensiblement depuis mai 1986 (Y. Izraël, Pravda 20 mai 1989). Nous ferons donc l'hypothèse simplificatrice d'une contamination constante au cours du temps en Cs 137 avec au départ 2 fois plus de Cs 137 que de Cs 134 pour des activités surfaciques en Cs 137 de 15, 40 et 80 Ci/km2 (555 kBq/m2; 148 106 Bq/m2; 2,96. 106 Bq/m2).
     Les équivalents de dose efficace dus aux Cs 137 et 134 sont en rem:
Tableau 2

     Or les doses «admissibles» post Tchernobyl sont en URSS, en dose externe et interne, de 10 rem la 1ère année, 3 rem la 2ème année. On voit qu'avec un territoire considéré comme pas trop «sale» à 15 Ci/km2 (puisqu'on considère que sur un tel territoire on n'atteindra vraisemblablement pas les 35 rem «acceptables» sur une vie), il ne faut pas que la contamination interne par ingestion d'aliments «sales» entraîne une dose dépassant 1,8 rem la 2ème année ; on comprend qu'il faille évacuer les territoires plus pollués puisque la dose externe seule contribue déjà à 3,4 rem la 2e année sur un sol à 40 Ci/km2.

3) La charge en Césium
     Alors que la période physique du Cs 137 est de 30 ans (et celle du Cs 134 de 2 ans) la période biologique du Cs est de l'ordre de 50 à 150 jours, entre autres elle dépend du sexe et de l'âge. La période effective est donc voisine de 100 jours* C'est donc à juste titre que les habitants des zones sous contrôle réclament des congés «rallongés» puisque 100 jours en dehors de la zone réduiraient leur charge en césium de moitié, à condition bien sûr de ne plus ingérer de nourriture contaminée.
     Si actuellement des habitants ont une charge en Césium 137 de 5 microcuries (soit 185'000 Bq) et même 10 microcuries (370'000 Bq) cela signifie qu'ils sont en permanence contaminés en Césium 137 par l'intermédiaire de la nourriture, des conditions de travail dans les champs contaminés, du mode de vie en général. Il y a donc ingestion chronique à partir de laquelle on peut calculer la dose engagée mais cela reviendrait à négliger la dose engagée provenant de l'ingestion en Cs des premières semaines après l'accident dont on peut soupçonner qu'elle a été très importante compte tenu du temps nécessaire pour la mise en place des contre-mesures'en supposant qu'elles aient été efficaces.
     Nous ferons un calcul simplifié dans 2 cas extrêmes afin de voir les ordres de grandeur impliqués par le choix des modèles:
     1) La charge de 5 mCi est liée à une contamination chronique.

suite:
     2) La charge de 5 mCi résulte d'une contamination aiguë, début mai 86.
     - Dans le cas de l'ingestion chronique (situation à l'équilibre) conduisant à une charge de 5 mCi, à une période de 100 jours correspond une quantité ingérée journalière de 0,693 x 185'000/100 = 1'280 Bq/jour.
     L'ingestion annuelle est alors de 468'000 Bq. Si l'anthropogammamétrie a été effectuée en octobre 1988, il s'est écoulé 880 jours depuis le 1er mai 86 ; l'ingestion totale est alors 1280 x 880 = 1,13. 106 Bq. On sait que l'ingestion de la LAI (limite annuelle d'incorporation) qui est de 400'000 Bq pour le Cs 137 conduit à un équivalent de dose engagée efficace de 0,5 rem. Une ingestion annuelle de 468'000 Bq représente une dose engagée de 0,59 rem. La dose engagée totale entre le 1er mai 1986 et le 1er octobre 1988 serait de 1,41 rem.
     - Dans le cas d'une contamination aiguë entre début mai 86 et octobre 88, il s'est écoulé 8 périodes et la charge aurait donc été réduite d'un facteur 28 = 256. Il y aurait eu, avec cette hypothèse, ingestion de 185'000 x 256 = 4,74. 107 Bq.
     Il y a donc un facteur 42 entre les 2 modèles. Le second est complètement irréaliste, mais il n'en reste pas moins vrai que des habitants d'Ukraine et de Biélorussie ont subi début mai 86 une contamination difficile à évaluer avec précision. Il est dit (Izraël, Pravda 20 mars 1989) qu'une norme temporaire de 7 Ci/km2 relevée ensuite à15 Ci/km2 a été établie pour le Cs 137 (si actuellement on observe encore des sols contaminés à 40 Ci/km2 ce devait être pire début mai 86).
     Prenons le cas du lait. Le rapport NRPB-DL 10 de mars 1986 du National Radiological Protection Board donne l'évolution de la contamination du lait en Cs 137 et Cs 134 pour une contamination du pâturage de 1 Bq/m2. L'activité du lait est maximale 8 jours après le début du dépôt avec une teneur de 0,1 Bq/l puis décroît avec une période de 13 jours (l'activité serait de 0,05 Bq/l au 21e jour).
     Une contamination de 15 Ci/km2 au 26avril 86 entraînerait donc un lait à 555'000 Bq/l au 4 mai. La consommation de ce lait pendant 3 mois correspond à raison de 1 litre par jour à l'ingestion de 106 Bq de Cs 137 et 0,5 106 Bq de Cs 134 en supposant un rapport 1/2 entre Cs 134 et Cs 137. Ceci est plausible la norme préconisée au départ par les experts au titre de l'article 31 du traité Euratom, de 20'000 Bq/l de lait pour le Cs conduit à ingérer pendant le même temps 1,8. 106 Bq. Ces mêmes normes, en cas d'accident nucléaire, étaient de 30'000 Bq/kg pour la viande et 3'000 Bq/l pour l'eau.

* D'après la publication 30 de la CIPR, la rétention en Césium dans l'organisme au bout du temps t peut se représenter par la somme de 2 exponentielles faisant intervenir 2 périodes,
T1 = 2jours, T2 = 110 jours
R(t) = 0,1 e -0,693 t/T1 + 0,9 e 0,693 t/T2

p.23

     La ration alimentaire standard d'un soviétique comporte 63 kg de viande par an. Pour 3 mois à raison de 30'000 Bq/kg l'ingestion serait donc de 4,73. 105 Bq. En leur faisant boire 1 l d'eau par jour on ajoute 2,7 105 Bq. On aboutit donc à 2,5.106 Bq sans tenir compte de la consommation des légumes, des fruits et des céréales ! On voit que la contamination du lait est un facteur essentiel: un sol à 80 Ci/km2 entraînerait selon le NRPB un lait à 296'000 Bq/l en Cs 137 et 148'000 Bq/l en Cs 134 et multiplierait par 5 l'ingestion en Cs.
     Au vu de ces calculs simplistes effectués uniquement pour fixer les idées, on voit que la contamination interne en Cs dans les premiers mois a pu entraîner une ingestion de 106 à 5.106 Bq et plus encore dans certaines régions très polluées supérieure à l'ingestion chronique, entraînant une dose engagée supérieure à 5 rem dans le cas d'une ingestion de 5.106 Bq. C'est peut-être ce qui explique que la norme qui avait été fixée à 5 rem d'après l'annexe 7 d'août 86 se retrouve maintenant être de 10 rem pour la 1ère année après l'accident d'après les articles récents.

Digressions sur la mortalité en URSS

     L'étude de la mortalité en URSS pose de sérieux problèmes concernant la fiabilité des chiffres annoncés. Récemment, un séminaire s'est tenu à l'Institut National d'Etudes Démographiques (INED) sur le thème «Processus démographiques et perestroïka en Union Soviétique problèmes et perspectives» par Anatole Vichnevskij de l'Institut des problèmes socio-économiques de la population (Moscou).
     Quelques précisions ont été données qui montrent les problèmes que doivent affronter les démographes soviétiques. Jusqu'à présent, en URSS la démographie était considérée comme une discipline idéologique et non pas une activité scientifique. Les recensements jusqu'à présent ne sont pas du tout fiables et les truquages sont flagrants et bien connus. Pour les causes de mortalité, il faut faire preuve de prudence car les médecins qui déclarent les causes de mort sont aussi responsables de l'état sanitaire des régions ; dans bien des cas; ils peuvent adapter leurs déclarations de mortalité aux directives des plans sanitaires venus de Moscou pour éviter les critiques. Ainsi Vichnevskij laisse entendre que la baisse de mortalité par alcoolisme observée depuis les mesures prises par Gorbatchev pourrait s'expliquer par la pression du lobby antialcoolique sur les statistiques !
     Quelle est la situation de la mortalité en URSS ? La proportion de la mortalité par maladies cardiovasculaires est environ identique à ce qu'on observe en Occident, par contre la mortalité par cancer est beaucoup plus faible. En France en 1986, elle représente 29,2% de la mortalité masculine et 20,5% de la mortalité féminine. En URSS, elle serait inférieure à 17 %.
     Un fort taux de cancer est généralement attribue a une forte tabagie, à l'alcoolisme, à la pollution, à la nourriture. En URSS, on nous dit que tabagie et alcoolisme sont extrêmement élevés!
    Le taux de mortalité par maladies infectieuses serait du même ordre de grandeur qu'en Occident alors qu'il est notoire que la production soviétique de médicaments est insuffisante. La mortalité par causes exogènes (morts violentes) est par cotitre très importante, elle serait due essentiellement à l'alcoolisme. 

suite:
     En ce qui concerne la mortalité par cancers, si le taux est faible par contre l'âge moyen de la mort par cancer est notablement plus bas qu'en Occident. Il est très difficile d'analyser les taux de mortalité officiellement avancés. Il faut signaler que les experts occidentaux, d'après les témoignages que nous avons pu recueillir, se contentent dans les conférences internationales des déclarations officielles sans exiger la publication complète des tables de mortalité (taux de mortalité par sexe, par tranches d'âge, rapporté à la population des vivants). Il semble assez sûr que les Soviétiques sont incapables de procéder à de telles publications. Les études épidémiologiques soviétiques, si elles se font, se heurteront au problème des populations de référence, faute de données fiables.
     Rappelons le principe de la crédibilité scientifique: toutes les données d'une étude doivent être accessibles dans le moindre détail à toute personne de la communauté scientifique, qu'elle appartienne on non an clan des autorités officielles.
LES LIMITES D'ÉQUIVALENTS DE DOSE
POUR LE PUBLIC D'APRÈS
LA COMMISSION INTERNATIONALEDE PROTECTION RADIOLOGIQUE (CIPR)

     Une erreur est généralement faite lorsqu'on évoque les recommandations de la CIPR pour la radioprotection du public. Dans ses publications, la CIPR recommande d'adopter une limite d'équivalent de dose maximum annuelle de 1 mSv (100 millirem), cette limite peut être temporairement dépassée jusqu'à 5 mSv (500 millirem) pourvu qu'en moyenne sur une vie la limite de 1 mSv (100 mrem) ne soit pas dépassée.
     Nous présentons ici quelques extraits de publications de la CIPR concernant ce point.

1977 : Publication 26 (Articles 118, 119, 120, 122)
     (118) En ce qui concerne les phénomènes stochastiques, le niveau de risque acceptable pour les personnes du public peut être obtenu en considérant des risques sur lesquels l'individu ne peut agir que dans une faible mesure et dont le contrôle, comme c'est le cas pour les mesures de sécurité relauves aux rayonnements, relève de directives natibnales. Le risque dû à l'utilisation des transports publics en constitue un exemple. D'après les informations dont on dispose sur les risques couramment acceptés dans la vie quotidienne, on peut conclure que le niveau de risque de décès que le grand public considère comme acceptable est inférieur d'un ordre de grandeur àcelui correspondant aux risques professionnels. Sur la base de ce qui précède, un risque compris entre 10-6 et 10-5 par an serait probablement acceptable pour tout membre individuel du public.
     (119) Le fait d'admettre que le risque total est de l'ordre de 10-2 Sv-1 (voir paragraphe 60) impliquerait que la dose totale reçue au cours de toute sa vie par un membre individuel du public devrait être limitée à une valeur correspondant à une exposition de 1 mSv par an au niveau de l'organisme entier pendant toute la vie. 

p.24

     Pour les raisons qui sont données dans les paragraphes ci-dessous, il apparaît que la limite d'équivalent de dose de 5 mSv (0,5 rem) en un an, recommandée par la Commission pour l'organisme entier, appliquée, comme elle l'est, à des groupes critiques, permet de garantir ce niveau de sécurité et la Commission recommande de continuer à l'utiliser dans les conditions précisées aux paragraphes 120-128.
     (120) L'application d'une limite annuelle d'équivalent de dose de 5 mSv aux personnes du public conduira probablement à des équivalents de dose moyens inférieurs à 0,5 mSv, à condition que les pratiques qui sont à l'origine d'une exposition du public soient peu nombreuses et n'entraînent qu'une exposition faible à l'extérieur des groupes critiques (voir paragraphe 85).
     (122)... comme des expositions au niveau de la limite d'équivalent de dose ne seront probablement pas répétées pendant un grand nombre d'années, il sera encore possible de limiter de manière satisfaisante la dose reçue au cours de toute la vie.
     Commentaire: Comme la CIPR estime le facteur de risque à 1,65.10-2 morts (cancers + défauts génétiques) par Sv (1,65.10-4 par rem), l'application stricte de l'article 118 devrait conduire à une limite d'équivalent de dose comprise entre 6 et 60 microsievert (6 à 60 millirem). La limite de 5 milliSievert (500 millirem) conduirait à un risque supérieur à 10 fois le risque défini comme acceptable par la Commission. Cependant, cette limite devait assurer de facto une protection suffisante, les expositions accidentelles au rayonnement ne pouvant concerner que des groupes critiques de faible importance et pendant des temps relativement courts.

1983 : Déclaration de Washington - Limites d'équivalent de dose
     En ce qui concerne les effets stochastiques pour les membres du public, la Commission recommande que l'équivalent de dose effectif engagé résultant de l'exposition à des matières radioactives au cours d'une année soit limité à 5 mSv, et elle ajoute que pour des expositions répétées sur de longues périodes, il serait prudent de réduire cet équivalent de dose effectif engagé à 1 mSv pour chaque année d'exposition sur la durée de la vie.
     Commentaire: Pour la Commission, il devient «prudent» de limiter l'équivalent de dose engagée à 1 mSv (100 millirem par an).

1984 : Déclaration de Stockholm
     A la suite de sa réunion de Stockholm, la Commission déclare
«Equivalent de dose effectif engagé»
     ...La Commission confirme que son propos est de limiter le risque engagé au cours de chaque année d'opération sans tenir compte ni des années précédentes si les risques engagés au cours de ces années ont été moindres, ni des années à venir si on escompte une amélioration des conditions d'exposition. On atteint cet objectif en utilisant les limites annuelles d'incorporation à partir de l'équivalent de dose engagé sur une période de 50 ans...

suite:
1984 : Publication 42
     («Compilation des principaux concepts et grandeurs utilisés par la CIPR»)
     Art. 77 - La Commission recommande une limite de l'équivalent de dose efficace annuelle de 5 mSv (500 mrem) pour les individus du public... Néanmoins, elle suggère que dans les rares cas où les équivalents de dose pour quelques individus de groupes critiques seraient reçus à des taux élevés pendant des périodes prolongées, il serait prudent de limiter leur équivalent de dose sur leur vie à une valeur qui correspondrait à 1 mSv (100 mrem) par an...
     Commentaire: Pour la Commission, des expositions accidentelles prolongées du public peuvent se produire. Pour elle, les groupes critiques du public ne peuvent comporter que quelques dizaines de personnes (article 73 de la CIPR 42).

1985 : Déclaration de Paris
    A la suite de sa réunion de Paris, la Commission déclare:
     «Limites de dose pour les membres du public»
     "Le point de vue de la Commission est désormais que la limite principale est de 1 mSv (100 mrem) par an. Cependant, il est admissible d'utiliser une limite subsidiaire de dose de 5 mSv (500mrem) par an pendant quelques années à condition que l'équivalent de dose efficace annuel moyenné sur une vie ne dépasse pas la limite principale de 1 mSv par an... Les limites d'équivalents de dose efficace s'appliquent à la somme de l'équivalent de dose efficace résultant de l'irradiation externe pendant 1 an et à l'équivalent de dose effiçace engagée résultant de l'incorporation de radionucléides durant cette année.
     Commentaire: En 1977, la limite principale était de 5 mSv (500 mrem) par an, elle assurait a priori une limite moyenne sur l'année de 1 mSv (100 mrem). Maintenant il est clairement recommandé de prendre pour limite principale 1 mSv (100 mrem) en moyenne par an.

1987 : Déclaration de Côme
     A la suite de sa réunion de Côme, la Commission déclare:
Estimation des risques de cancer
     La Commission examine régulièrement les publications sur le risque. A cet égard, un rapport très récent de la Radiation Effects Research Foundation : Effets de la nouvelle dosimétrie sur les estimations du risque de mortalité par cancer chez les survivants des bombes atomiques par D.L. Preston et D.A. Pierce a été examiné par la Commission et par son Comité...
     Pour la population générale, on ne considère pas non plus que l'augmentation du risque suggérée par les nouvelles données nécessite une modification des limites de doses recommandées, suite à la réduction (en 1985) de 5 à 1 mSv une année de la limite principale (pour les sourcesautres que l'irradiation médicale et la radioactivité naturelle).

p.25

     La Commission rappelle ensuite sa conception des limites d'équivalent de dose Les limites ne sont pas destinées à des fins de planification ; au contraire, elles doivent indiquer, pour les niveaux de risque, les bornes qu'il faut considérer comme inacceptables. Les expositions au-dessous des limites de dose ne sont acceptables que Si elles sont «les plus basses que l'on puisse raisonnablement atteindre».

     Commentaire: Ainsi la limite principale est réaffirmée être 1 mSv (100 mrem) par an. La Commission dans sa déclaration de Paris ne fait plus référence à la limite de 5 mSv (500 mrem) même comme limite subsidiaire temporaire. Il faut remarquer que le passage d'une limite de 5 mSv à 1 mSv, initialement, avait été introduit pour maintenir le risque à un niveau acceptable compte tenu du facteur de risque (cancers + effets génétiques) estimé par la Commission en 1977. Cette réduction ne provient donc pas d'une révision de ce facteur de risque suite aux récentes données de l'étude du suivi des surVivants japonais. En toute logique, cette nouvelle estimation du facteur de risque devrait conduire à une nouvelle réduction de la limite d'équivalent de dose. Enfin, signalons un glissement dans le concept d'acceptabilité de la CIPR. La limite d'équivalent de dose est présente maintenant comme une limite d'inacceptabilité et non plus comme une limite d'acceptabilité.

Conclusion

     En cas d'accident, les limites d'intervention (évacuation, contamination des sols, contamination de la nourriture) doivent découler des recommandations de la CIPR. Ainsi la dose engagée sur la vie (70 ans) ne devrait pas dépasser 0,1 x 70 = 7 rem (70 millisievert). Toute limite supérieure à cette valeur devrait être considérée, d'après la CIPR, comme inacceptable.


La CIPR reconnaît que les foetus
sont des individus à haut risque:
risque de retards mentaux
(effets tératogènes sur le système nerveux)

     La Commission Internationale de Protection Radiologique reconnaît qu'il existe un risque de retard mental grave pour les enfants ayant été irradiés in utero. Ceci découle des observations faites sur les survivants japonais des bombes A.
     La publication 49 (1986) de la CIPR indique que le risque le plus grand concerne l'irradiation des foetus âgés de 8 à 15 semaines. Cet effet est sans seuil et il est proportionnel à la dose reçue. Après la 15e semaine, le risque pourrait subsister mais il pourrait y avoir un seuil.
     Rappelons le concept de retard mental grave défini par la CIPR il s'applique à un individu qui ne peut pas formuler de phrases simples, ne peut effectuer des calculs arithmétiques simples, ne peut prendre soin de lui-même, est placé dans une institution.
     L'étude des survivants ayant été exposés in utero et n'étant pas considérés comme présentant cliniquement un retard mental montre que les tests de quotient intellectuel se dégradent en fonction de la dose. 

suite:
Il semblerait que l'action du rayonnement sur le développement du cerveau soit plus complexe que celui impliqué par les retards mentaux sévères.
     Il a fallu près de 40 ans pour que le retard mental sévère dû à l'action des rayonnements soit reconnu officiellement... Les retards mentaux graves ont pourtant dû être visibles il y a bien longtemps, puisqu'ils concernent des personnes qui ont actuellement près de 45 ans!

Conclusion
     En cas d'accident nucléaire, l'évacuation des femmes enceintes vivant au voisinage du site nucléaire paraît donc particulièrement sage. C'est la décision qui a été prise par les responsables biélorusses lors de l'accident de Tchernobyl. On aimerait connaître explicitement les conceptions des responsables français de la gestion des crises nucléaires en la matière. Y a-t-il des plans particuliers de protection des femmes enceintes en cas d'accident nucléaire français ?


Les effets génétiques radjoinduits

     Ils peuvent apparaître chez les descendants d'individus dont les cellules sexuelles ont été irradiées.
     Rappelons qu'en 1958 la CIPR avait estimé qu'il ne fallait pas cumuler plus de 5 rem sur toute la période de reproduction estimée à 30 ans, ce qui entraînait la recommandation d'une dose moyenne annuelle population ne devant pas excéder 170 mrem. Cette recommandation ne figure plus à partir de 1977 car la CIPR estimait qu'en fixant la limite de dose annuelle à 0,5 rem, la dose annuelle de la population dans son ensemble n'atteindrait pas 0,1 rem. Depuis 1985, la dose limite principale annuelle recommandée par la CIPR est de 0,1 rem, soit 7 rem sur 70 ans et 3 rem sur les 30 ans de période de reproduction.
     Certains experts prétendent que les effets génétiques dûs aux rayonnements seraient moins dangereux que ce que l'on supposait (dans les deux premières générations, 8 maladies génétiques graves pour une dose collective population de 100'000 hommes x rem). Ce point de vue est controversé. Citons par exemple l'extrait d'un article de Valery N. Soyfer, généticien [qui a créé le premier laboratoire en URSS de biologie moléculaire et de génétique] paru en avril 1988 dans le New York Times. D'après lui, la fréquence des maladies héréditaires est plus grande que la fréquence de dégénérescence cancéreuse pour une même dose de rayonnement. Il insiste sur l'effet de synergie entre contaminants chimiques et rayonnement «une loi importante a été trouvée dans les laboratoires du monde entier, y compris dans mon ancien laboratoire de Moscou concernant l'effet simultané du rayonnement et de mutagènes chimiques très souvent il y a un effet multiplicatif du nombre des mutations et pas simplement addition des effets séparés. Sur toute une série d'expériences que j 'ai effectuées sur des plantes et des bactéries, les mutations excèdent de 10 fois la simple somme des deux effets séparés. 

p.26

     Comme près du tiers des substances radioactives dégagées par le réacteur de Tchernobyl sont des isotopes à longue période et comme d'autre part les substances dangereuses produites par l'industrie chimique vont en s'accumulant, on peut s'attendre à ce que les conséquences [génétiques] de Tchernobyl s'avèrent beaucoup plus sérieuses que ce que l'on prédit actuellement».
     Les effets génétiques sur les générations futures ne sont généralement pas pris en compte dans le bilan de la catastrophe de Tchernobyl.
GYMONT
Neutralisation d'une tentative de retournement
de l'opinion vis-à-vis du nucléaire

     Le groupe de travail s'est réuni le 19 avril à 9 h dans les locaux de la mission centrale de sécurité d'E.D.F.
     Après approbation du compte rendu de la réunion précédente, M. Ollagnon a présenté un article paru dans la Pravda (voir annexe 1) concernant les conséquences de Tchernobyl. Cet article commenté dans divers pays occidentaux n'aurait pas été repris dans la presse française. Ce simple fait pose problème car il semble malsain de s'exposer au risque d'être accusé de vouloir dissimuler tout ou partie de l'information. Par ailleurs, il ressort que l'accident de Tchernobyl constitue pour le PACTE une véritable mine de désinformation dans la mesure où il serait possible, notamment en période de crise, de publier des reportages fallacieux sur ses conséquences et par suite d'induire dans l'opinion française des réactions de méfiance vis-à-vis de l'énergie nucléaire et ce, même si les technologies mises en oeuvre sont notablement différentes.
     Il est donc apparu indispensable d'entretenir un réseau d'informations très dense sur cette affaire, complété par des visites sur place, afin d'être en mesure le cas échéant de désamorcer des tentatives d'intoxications.
     A cet égard, il a été remarqué que les scientifiques ne sont pas seuls concernés. En effet, leur démarche, pour être sûre, demande du temps et des recoupements  et, alors même qu'ils sont dans l'incapacité de se prononcer de manière décisive, leur silence peut être mis à profit par tous ceux qui onf intérêt à jouer sur le sensationnel. En outre, les débats structurels qui ont lieu actuellement en JAUNE peuvent suggérer à des esprits superficiels l'idée que règne là-bas une démocratie véritable, servant de caution aux rumeurs, fondées ou non, qui émaneraient de ce pays.
     Il apparaît donc clairement qu'il faut opposer aux tentatives de manipulation d'opinion des équipes pluridisciplinaires et surtout ne pas laisser se créer un vide d'information que l'adversaire serait tenté d'exploiter.
     Ce point de vue est renforcé par le fait que la science ou plus exactement le scientisme, qui constituait il y a encore peu de temps, une espèce de croyance commune aux peuples développés, à l'Est comme à l'Ouest, est aujourd'hui de plus en plus remis en question ; le phénomène est d'autant plus marqué à l'Est avec la «Perestroïka», que le marxisme s'était paré de l'auréole de sociologie scientifique. 

suite:
     Pour autant il n'est pas absent de nos sociétés occidentales et ce serait probablement une grave erreur que de se lancer sur le seul terrain des faits mesurés et quantifiés pour contrer une action se fondant sur des modes de pensée très différents de l'analyse scientifique.
     Cela étant il a été constaté que peu de gens en France mettaient en cause la valeur et la technicité d'EDF et de ses ingénieurs, et que s'il est nécessaire pour cette entreprise de disposer d'arguments rationnels solides, ce qui est le cas actuellement, cela n'était nullement suffisant et qu'il fallait se préparer à affronter des argumentations prenant leur appui sur des conceptions du monde refusant la logique réductionniste cartésienne. De plus en plus au contraire il sera nécessaire d'envisager des représentations synthétiques prenant en compte des dimensions ignorées par l'analyse scientifique.
     Les débats sur ce sujet reprendront le 29 mai à 15 h à EDF.
     On trouvera en annexe 2 une note sur l'attitude des français à l'égard du nucléaire, en annexe 3 des éléments sur l'opinion publique dans la communauté européenne et en annexe 4 une étude relative au référendum italien sur le nucléaire.
C. DOSSET
L'INFORMATION
EN CAS DE CRISE NUCLÉAIRE

     Voici quelques extraits d'un rapport de février 1986 intitulé «La Sécurité Nucléaire en France à la fin de 1985» et issu du Secrétariat Général du Comité International de la Sécurité Nucléaire (dépendant du Premier Ministre).
     Un chapitre de ce rapport est consacré à «l'Information en cas de crise nucléaire»:
     «En cas d'incident ou d'accident concernant la sécurité nucléaire, l'information au sens le plus large joue un rôle décisif».
     «Compte tenu de la diversité des sources d'information reconnues, pouvoirs publics, exploitants, comités scientifiques ou personnalités intervenant en tant qu'experts, une coordination de l'information s'impose. Il convient en effet d'assurer sa cohérence, dans le cadre d'une stratégie de la communication définie et mise en oeuvre par une autorité chargée de la coordination. Cette autorité doit notamment veiller à ce que l'information soit diffusée rapidement sous la forme de messages adaptés à la situation, mis à jour aussi souvent que nécessaire et présentés par les responsables les mieux à même d'en garantir le bien-fondé».
     «Le ministre chargé du contrôle de la sûreté des installations nucléaires est chargé d'assurer la coordination de l'information du public et des médias au plan national. Placé au centre des échanges d'information de nature technique et économique, il est le mieux à même d'expliquer la nature et le développement possible de l'accident dont il a suivi l'évolution dès les incidents précurseurs, ainsi que ses répercussions éventuelles sur le programme énergétique».

p.27

Un paragraphe étend cette prérogative au cas d'un «accident concernant la sécurité nucléaire et survenant en dehors du territoire national».
     Il est donc prévu qu'en cas d'accident, quelle que soit la source d'information (Préfecture, Ministres, Experts scientifiques, Minitel, Téléphone Vert, etc...) ce sera toujours la même autorité qui sera aux commandes. Il s'agit là d'une mise en place d'un véritable système de censure.
     L'information, ou plutôt le contrôle de l'information, semble bien être la préoccupation majeure des autorités pour qui elle joue un «rôle décisif». On aurait pu penser que les plans d'urgence élaborés pour gérer les crises nucléaires (terme généralement utilisé pour désigner les catastrophes nucléaires) étaient décisifs!
     Enfin, mentionnons qu'on ne trouve dans cet épais rapport aucune indication sur les limites d'intervention à partir de quel niveau de débit de dose, de dose engagée, de dose à la thyroïde, etc... les diverses décisions sont prises ? Ces renseignements auraient permis de déterminer l'importance que les autorités de sûreté nucléaire attachent à la protection sanitaire des populations.
BICENTENAIRE
ET NORMES DE CONTAMINATION

     La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen précise:
     Article premier: Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
     Article 6: La loi est l'expression de la volonté générale... Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse.
     Les derniers résultats du suivi des survivants japonais des bombardements atomiques montrent que le meilleur modèle qui puisse représenter les effets cancérigènes du rayonnement est le modèle du risque relatif. Cela signifie que le risque de mortalité par cancer radioinduit dépend d'une part de la dose de rayonnement reçue et d'autre part du risque naturel pour l'individu considéré. Ainsi les enfants en bas âge forment un groupe à haut risque, il en est de même des personnes âgées et de tous ceux qui ont un système immunitaire déficient.
     La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, abondamment citée, ne prévoit aucune discrimination sociale liée soit à l'âge soit à l'état de santé. La loi doit protéger d'une façon identique tous les citoyens.
     L'article premier permettrait à la rigueur d'assurer aux responsables (des accidents nucléaires qui contaminent l'eau, l'air et les aliments) une nourriture moins dangereuse dans la mesure où l'on estime qu'ils ont été choisis sur des critères d'utilité ! Mais cela devrait relever d'un débat largement démocratique que le GSIEN réclame depuis près de 15 ans.
     Ainsi l'application de la Déclaration devrait conduire nos responsables qui s'en réclament à des normes de contamination radioactive maximum des produits alimentaires différentielles afin d'assurer à chaque citoyen le même risque de mortalité par cancer radioinduit.

suite:
     Jusqu'à maintenant le Ministère de la Santé viole ouvertement la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en établissant ses normes de radioprotection sur une protection sociale moyenne qui délibérément sacrifie certaines catégories de citoyens.
     La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ne serait-elle qu'une couverture hypocrite d'une gestion sociale fondamentalement inégalitaire ?
Brève...

     «Framatome entame sa traversée du désert», titre Le Monde du 17 juin 1989. Que font donc en Arménie les envoyés de Framatome et du CEA?
     Dans le cadre du programme franco-soviétique de défense de l'environnement, nos technocrates font ouvertement de la publicité pour promouvoir le nucléaire...
     A part cela, ils doivent aider à démanteler la centrale de Medzamor et servir de conseillers techniques pour la création d'un site de stockage (dans une zone sismique!).


Un appel au corps médical

     La radioprotection dans sa pratique tente de protéger la société dans son ensemble. Ceci implique d'introduire des considérations économiques tout à fait étrangères à la protection sanitaire. Le problème que posé la radioprotection et qui devrait concerner le corps médical est celui-ci: comment établir un système de radioprotection qui protège effectivement les individus en tant que tels et en particulier les plus vulnérables ?
     Les médecins ne peuvent être indifférents à ces questions et leur intervention semble absolument nécessaire lorsqu'il est question d'imposer à la population des normes de radioprotection, des normes de contamination alimentaire, ou des plans d'intervention en cas d'accidents nucléaires graves.


KYCHTYM
Un des principaux responsables de la sûreté nucléaire en France nous prend pour des imbéciles

     Ça y est, Kychtym a existé. Pour que l'événement ait eu vraiment lieu il fallait bien sûr une déclaration officielle des autorités soviétiques. Les preuves objectives de la catastrophe n'étaient pour beaucoup, y compris des scientifiques, pas suffisants. Notons que maintenant il s'agit de l'accident de Tchéliabinsk ! On nous a déjà fait le coup avec l'accident de Windscale rebaptisé plus tard Sellafield. Peut-on prédire que dans quelques années l'accident de Tchernobyl sera devenu celui de Pripyat?

p.28

     Il est important au sujet de l'accident de Kychtym de souligner que les laboratoires officiels civils et militaires américains ont étudié ce fait très rapidement après sa révélation par Jaurès Medvedev. En France, malgré l'existence de publications soviétiques en radioécologie, le CEA a magnifiquement ignoré cet événement. Il y avait là pourtant une mine de renseignements concernant les problèmes de transfert des radioéléments, problèmes qu'ils étaient censés étudier. Y a-t-il eu une véritable censure du pouvoir central sur l'activité des scientifiques et une acceptation totale de cette censure par ceux-ci?
     Le livre de Medvedev devait être publié il y a plus de 10 ans par un éditeur parisien. La traduction a été faite et au dernier moment la publication a été annulée sans raison bien valable. Y a-t-il eu pression sur l'éditeur? A cette  époque il y avait de gros problèmes techniques et de nombreux incidents à l'usine de La Hague qui retraite les déchets nucléaires. La population de la Manche était très inquiète et l'opposition de nombreux élus se manifestait ouvertement (celle-ci s'est transformée chez certains après 1981 en une approbation sans réserve!). La publication du livre de Medvedev concernant un accident grave dans un centre de stockage ne devait pas être considéré comme bienvenu par le CEA. 
     Enfin signalons la plus belle perle que nous ayons jamais trouvée. Dans Libération du 1er décembre 1988, un journaliste transcrit une interview de François Cogné, Directeur de l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire, et à ce titre un des principaux responsables de la sûreté nucléaire en Françe. Interrogé à propos de photographies prises par les satellites Spot et Landsat en 1987 et 1988 (à la suite de Tchernobyl), il déclare: «Certains ont notamment parlé d'une explosion violente... Je penche plutôt pour une dissémination de produits radioactifs issus d'une source radioactive médicale de césium». Ce haut responsable va t-il demander des mesures ultra strictes dans les hôpitaux français » qui possèdent de telles sources qui d'après lui, pourraient neutraliser pendant des dizaines d'années des zones de 250 km2
suite:
    Il est difficile d'être plus stupide. Il serait certainement urgent que les autorités réexaminent de près la compétence de certains personnages sur lesquels elles s'appuient pour apprécier les problèmes nucléaires!

     Nous vous recommandons les livres suivants:
     - Jaurès Medvedev, Désastre nucléaire en Oural, Editions Isoète, 16 rue Orange, 50100 Cherbourg.
     - J.P. Pharabod et J.P. Schapira, Les jeux de l'atome et du hasard, Calmann-Lévy.


Un mythe qui a la peau dure
la règle des 10 périodes
     Il est fréquent d'entendre qu'au bout de 10 périodes la radioactivité d'un élément a totalement disparu. Les «responsables» du CEA, de l'EDF, aidés de certains médecins, ont largement contribué à propager ce mythe. Voici quelques précisions: la période d'un radioélément est le temps au bout duquel la moitié de celui-ci a disparu par désintégration.
     L'arithmétique nous dit alors qu'au bout de 10 périodes il reste encore 1/1.000 de la quantité initiale.
     Pour qu'après une contamination ou un stockage la situation soit devenue inoffensive, il faut tenir compte:
     - de la quantité initiale envisagée
     - de la période des radioéléments
     - de la radiotoxicite des radioéléments.
     Lorsque le radioelement considéré a une filiation il faut tenir compte de la période de ses descendants et de leur radiotoxicité.
     Dans tous les cas de figure, lorsqu'il s'agit de la contamination suite à un relâcher massif de la radioactivité ou du stockage de déchets nucléaires, la règle des 10 périodes n'a strictement aucun sens.
p.29

Retour vers la G@zette N°96/97