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N°100

MELOX
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     Depuis quelques années, EDF expérimente l'utilisation d'un combustible contenant un mélange d'oxyde d'uranium et de plutonium, d'où le nom de combustible MOX.
     Ces essais ont eu lieu à CHOOZ-SENA et depuis peu deux tranches de St Laurent et deux de Gravelines utilisent ces nouveaux assemblages.
     Une usine en Belgique à Dessel et un atelier pilote à Marcoule assuraient la fourniture des charges nécessaires. Le CEA, devant le fiasco des surgénérateurs, se retrouve avec sur les bras des quantités croissantes de Pu. Au lieu d'arrêter le retraitement des combustibles irradiés, un groupe de pression oeuvre pour obtenir l'autorisation de création d'une nouvelle usine à Marcoule: l'usine MELOX. Ainsi, on pourrait alimenter en combustible MOX d'autres réacteurs 900 MWe.
     Nous sommes donc intervenus par courrier auprès du Premier ministre et des ministres de l'industrie et de l'environnement. Sont intervenus également la CFDT, les Verts, les Amis de la Terre Greenpeace et Robin des Bois.

Objet : Autorisation de création de l'usine MELOX

     La revue «Enerpresse», dans un numéro de la semaine du 19 au 23 février 1990, annonce qu'un arbitrage entre les Ministères de l'Environnement et de l'Industrie doit être rendu par le Premier Ministre sur le problème de l'autorisation de création de l'usine MELOX.
     La décision de l'arrêt de la prospection sur les sites envisagés pour le stockage des déchets nous avait semblé un pas fort important dans le cadre de l'analyse globale de la fin du cycle du combustible nucléaire.
     Nous voudrions attirer votre attention sur les conclusions des études de la commission Castaing qui ont montré à quel point les options choisies étaient interdépendantes. Il ne faudrait pas qu'une décision hâtive concernant l'usine MELOX vienne une fois de plus contrarier la sérénité de l'analyse du devenir des combustibles irradiés.
     La fin du cycle du combustible reste un des points critiques des programmes nucléaires aussi bien en France que dans tous les pays ayant recours à cette industrie.
     A ce jour, aucune solution valable n'a été imaginée.

     Cependant ce qui est clairement apparu au fil des années est l'impérieuse nécessité de tenir compte de tout ce qui peut peser aussi bien sur la quantité que sur la composition des déchets. Or l'idée généralement mise en avant par les industriels conduit au retraitement. Quelles qu'aient pu être les motivations des premiers tenants de cette option, elle n'est qu'une parmi d'autres et le fait d'être parvenue au stade industriel ne doit pas lui permettre de rendre les autres voies caduques.
     Rappelons que l'option non-retraitement est certainement, en l'état de nos connaissances, un des meilleurs moyens d'éviter l'augmentation des volumes de déchets et donc l'obligation de chercher des sites supplémentaires pour les stocker.
     La création de MELOX ne va pas contribuer à améliorer la réflexion. En effet, le recyclage du plutonium dans les réacteurs à eau légère ou REP impose le retraitement et de plus, à terme, génère des déchets dont la radiotoxicité est plus importante que celles des combustibles d'origine.
     De surcroît d'autres aspects doivent être pris en compte:
     - la sûreté des réacteurs chargés d'un combustible enrichi au plutonium, dont tous les problèmes n'ont pas reçu à ce jour de réponse satisfaisante (l'utilisation du combustible MOX va à l'encontre d'une plus grande sûreté des réacteurs),
     - l'augmentation des doses pour les travailleurs de l'ensemble du cycle, de la fabrication au retraitement,
     - le bilan économique difficile à justifier en raison des tranferts entre les différents postes financiers et ne résistant pas à une analyse tenant compte du prix courant de l'uranium,
     - les transports de plutonium, matière sensible dont la multiplication de mouvements augmente le risque d'actions terroristes.

     Pour que la situation puisse être étudiée d'une manière relativement sereine il est important de différer l'autorisation de création de l'usine MELOX, voie imposant le retraitement, sinon tous les efforts faits actuellement pour tenter d'apporter des réponses socialement et techniquement valables aux problèmes des déchets de l'industrie nucléaire n'auront pas lieu d'être et risqueront d'être interprétés uniquement comme une action médiatique.

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