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N°100

GESTION POST-TCHERNOBYL EN URSS
Nouvelles d'Ukraine et de Biélorussie


     Nous avions examiné dans la Gazette Nucléaire n° 96/97 de juillet 1989 la complexité de la situation sanitaire, radiologique, agricole etc... à laquelle sont confrontés des centaines de milliers d'habitants des zone contaminées en URSS suite à la catastrophe de Tchernobyl, non seulement en Ukraine où a explosé le réacteur mais également en Biélorussie à de centaines de kilomètres de Tchernobyl. La situation demeure très grave. Ces derniers mois des villages ukrainiens ont dû être évacués. En Biélorussie le programme gouvernemental d'évacutation pour les années 1990-1995 concerne plus de 100.000 personnes. En ce qui concerne la région de Briansk en Russie aucune information ne filtre dans la presse soviétique mis à part un «tout va bien» officiel. Pourtant certains districts sont très contaminés. Signalons que Briansk est à mi-chemin entre Tchernobyl et Moscou.
     Le problème de l'évacuation est au centre des débats sur la situation sanitaire. On peut se poser la question suivante: les critères qui sont à la base de la décision d'évacuation ou du maintien sur place assurent-ils une protection sanitaire suffisante de la population? Selon la réponse que l'on donne à cette question, l'évacuation concerne un nombre plus ou moins grand d'habitants et le maintien sur place s'accompagne de mesures plus ou moins sévères concernant en particulier la «propreté» de la nourriture par les normes de contamination admissible des aliments.
     Toute décision comporte des conséquences économiques, financières et sociales qui risquent d'être prises en considération par le pouvoir central de Moscou bien plus sérieusement que le seul souci de la protection sanitaire de la population.
     Ces problèmes ne concernent pas seulement l'URSS. Pour les responsables occidentaux c'est l'occasion de vérifier concrètement leurs critères de gestion sociale d'une catastrophe nucléaire. La gestion soviétique pourrait servir de référence pour les catastrophes futures.
     Ainsi le Professeur P. Pellerin, directeur du service central de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI) de notre ministère de la santé est intervenu, lors d'une réunion de l'Académie des sciences de Biélorussie qui s'est tenue à Minsk début juillet 89. Il a donné son appui aux autorités du pouvoir central concernant leur définition du critère de «résidence sans danger», contre l'avis des scientifiques biélorusses (et ukrainiens). A cause de M. Pellerin des dizaines de milliers d'enfants continueront à vivre dans des régions contaminées au détriment de leur santé.
suite:
1. LES CRITÈRES D'ÉVACUATION : «35 REM EN 70 ANS»
Quand le Pr P. Pellerin vole au secours du pouvoir central soviétique

«35 rem en 70 ans»
     Le critère à la base des décisions d'évacuation ou du maintien sur place est énoncé sous la forme «35 rem en 70 ans». Il a force de loi en URSS depuis le 1er janvier
1990. C'est la dose efficace engagée à partir d'avril 1986, c'est à dire la dose totale reçue qui serait accumulée tant par irradiation externe que par contamination interne (ingestion d'aliments, inhalation de poussières contaminées) au cours d'une vie pendant 70 ans. Les autorités sanitaires stipulent qu'une telle dose est «acceptable» par la population. Comme le dit le Pr. Iline, Président du Comité de radioprotection d'URSS  «35 rem ce n'est pas un niveau de dose dont le dépassement entraîne quelque conséquence sanitaire mais c'est un niveau de prise de décision» (basé sur une analyse coût/bénéfice).
     Selon le responsable du Comité d'Etat à l'hydrométéorologie, le Pr Youri Izraël, la dose de 35 rem ne devrait pas être dépassée dans les zones où la contamination du sol est inférieure à 15 Ci/km2 (Sovietskaya Bielorussia, 14 mars 1989). Cependant le transfert de la radioactivité du sol vers les plantes, le niveau de contamination du lait, dépendent des conditions locales. Il ne semble donc pas rationnel de fixer une limite uniforme à partir du seul critère de contamination surfacique du sol, il est nécessaire de calculer la dose engagée. Ce sont les organismes dépendant du Pr Iline qui effectuent ces calculs. Les conceptions de ce responsable du pouvoir central peuvent se résumer de la façon suivante: si les calculs montrent qu'en un lieu déterminé la dose cumulée sur une vie peut dépasser 35 rem (compte-tenu des travaux de décontamination agro-techniques etc...), alors la décision d'évacuation est prise. Dans le cas contraire on retourne à une vie normale, on supprime les normes de limitation concernant la contamination de la nourriture locale.

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     Il doit être très difficile aux autorités locales de faire admettre aux habitants de certaines zones sous contrôle que leur production de lait qui était «sale» au 31/12/1989 est devenue «propre» au 1/1/1990 et qu'ils peuvent la consommer sans restriction au lieu de recevoir du lait extérieur. C'est pourtant la conséquence logique de l'application de la loi si les calculs de L. Iline ont montré que là où ils résident ils ne recevront pas 35 rem en 70 ans.
     Le Pr Iline a beaucoup insisté sur le fait que cette norme de 35 rem en 70 ans (ce qui fait une moyenne annuelle de 0,5 rem) était conforme aux recommandations internationales. Les désaccords sur ce sujet entre experts moscovites et scientifiques biélorusses sont apparus publiquement lors des débats de mars 1989. Une session spéciale consacrée à «35 rem en 70 ans» s'est tenue à Minsk début juillet à l'académie des sciences de Biélorussie, séance à laquelle avaient été invites trois experts de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le compte-rendu de cette séance figure dans «Sovietskaya Bielorussia» du 11/07/1989.

La position des sicentifiques biélorusses
     D'une façon générale ils ont demandé à ce que les habitants ne soient pas maintenus dans des endroits où on ne peut pas obtenir de nourriture «propre». Comme l'a dit A.V. Stepanenko, vice président de l'académie des sciences de Biélorussie, les habitants devraient avoir accès à toute l'information sur les niveaux de contamination de leur région et les risques associés et devraient pouvoir opter pour l'évacuation.
     En ce qui concerne les normes recommandées par les instances internationales sur lesquelles s'appuient le Pr Iline, les scientifiques biélorusses indiquent que sur 70 ans la dose limite recommandée par la Commisssion Internationale de Protection radiologique (CIPR) n'est pas 35 rem mais 7 rem. Ceci est exact: en effet, depuis la Déclaration de Paris de 1985; la CIPR considère que la limite principale annuelle est de 1 mSv (0,1rem); qu'il est admissible d'utiliser une limite subsidiaire de 5 mSv/an (0,5rem) pendant quelques années à condition que l'équivalent de dose efficace annuel (rayonnement externe et contamination interne) moyenné sur une vie ne dépasse pas 1 mSv/an ce qui en 70 ans correspond à une dose cumulée de 70 mSv soit 7 rem. C'est le critère qui a été retenu par les scientifiques biélorusses.
     Ils indiquent par ailleurs qu'il est tout à fait artificiel d'avoir une seule dose limite pour les adultes et pour les femmes enceintes, les enfants, les malades. Remarquons que là encore ce point de vue est conforme à l'esprit de la CIPR.
     Certains scientifiques ont en outre fait remarquer:
     - que le critère du Pr Iline présuppose que l'on connaisse avec précision tous les effets des radiations alors que les études menées pendant les trois ans ayant suivi l'accident montrent que les phénomènes observés sont beaucoup plus complexes que ce qu'avaient prévu les experts,
     - qu il peut y avoir synergie (action combinée) entre radionucléides et d'autres polluants chimiques, pesticides, nitrates, etc,
     - que biologistes et généticiens constatent des troubles des systèmes endocrinien et immunologique,
     - que le Pr Iline ne tient compte dans ses calculs que du césium.
     Qu'en est-il du strontium 90, du plutonium, des particules chaudes? (Mentionnons que le rapport fourni par les Soviétiques à l'Agence Internationale de l'Energie Atomique en août 1986 signalait que le strontium 90 pourrait être à terme une composante importante de la contamination. Le Pr Iline était signataire de ce rapport).

suite:
     Selon un cyto-généticien la fréquence des aberrations chromosomiques observée sur les animaux est supérieure à celle qui était attendue d'après la dose calculée supposée reçue par les habitants de la même région. En conséquence il demande que des mesures énergiques soient prises immédiatement pour protéger le patrimoine génétique des habitants des zones contaminées.
     Lors de la 11ème session du soviet de Biélorussie, fin juillet 1989, le président V.P. Platonov, les vice-présidents I.I. Lichtvane et A.V. Stepanenko de l'académie des sciences de Biélorussie sont à nouveau intervenus contre cette norme des 35 rem. De même que les scientifiques ukrainiens se sont élevés contre cette norme et le président de l'académie des sciences d'Ukraine B. Paton demande un moratoire sur l'énergie nucléaire tant qu'il n'y a pas de réacteurs plus sûrs et tant que les risques sanitaires ne sont pas mieux compris.
     Cependant, indique I.I. Lichtvane (Sov. Biel. 1/8/89), le Ministre de la santé d'URSS a passé outre en considérant que ces scientifiques qui s'opposent à la norme des 35 rem ont une approche émotionnelle et sont des ignorants en ce qui concerne les questions radiologiques, tout cela en s'appuyant sur le point de vue des experts de l'OMS.

La position des experts de l'OMS
     Selon «Sovietskaya Bielorussia» du 11/7/1989, l'OMS a envoyé un groupe d'experts à la demande du gouvernenement d'URSS afin d'examiner la possibilité d'appliquer des normes de radioprotection à la population vivant dans des districts à niveaux élevés de contamination radioactive suite à l'accident de Tchernobyl. La délégation comprenait trois experts dont le Pr P. Pellerin. Rappelons que le Pr Pellerin est partout: au SCPRI, à la CIPR, à l'UNSCEAR (le Comité Scientifique des Nations Unies chargé d'étudier les effets des radiations atomiques), à la CEE c'est comme expert selon le traité Euratom qu'il a discuté des normes européennes de contamination des aliments en cas d'accident nucléaire.
     Outre le Dr P.J. Waight de la Commission spécialisée sur les questions du rayonnement de l'OMS et de Dr D. Beninson, l'actuel président de la CIPR (et également un des responsables de l'énergie nucléaire en Argentine).
     Ces trois experts ont déclaré que le critère des «35 rem en 70 ans» était conservatif (prudent), qu'il assure que les risques pour la santé d'un individu ne seront pas grands par rapport aux autres risques encourus durant la vie; ils ont affirmé qu'au dessous de 35 rem il ne pouvait pas y avoir synergie entre radiations et d'autres facteurs, mais surtout ils ont indiqué que si on leur avait demandé d'établir la limite de dose (concernant le critère de résidence sans danger) ce n'est pas 35 rem qu'ils auraient choisi mais 2 à 3 fois plus. Ils ont également fait remarquer que les normes alimentaires post-accidentelles admises en Europe sont plus sévères que celles de l'OMS.
     L'argument «2 à 3 fois 35 rem» a largement été repris par B.O. Evtoukh, président de la commission chargée de la liquidation en Biélorussie des conséquences de l'accident de Tchernobyl, membre du conseil des ministres, lors de son discours du 28 juillet à la 11ème session du soviet de Biélorussie afin de convaincre les députés que 35 rem ce n'était pas dangereux.

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     Nous voilà donc prévenus le Pr Pellerin qui dépend directement du ministre de la santé et est responsable de la radioprotection des Français trouve que la norme soviétique fixant l'évacuation est trop basse et que les normes alimentaires de la CEE en cas d'accident sont sévères! En cas d'accident qui contaminerait gravement la France serait-ill prêt à accepter les directives européennes? La limite d'intervention pour l'évacuation serait-elle de 105 rem en 70 ans à partir des mesures faites uniquement par son service et de calculs faits par lui?

Quel est l'enjeu ?
           Si le seuil de décision avait été fixé à 7 rem comme le demandaient les scientifiques biélorusses, cela conduisait à reconsidérer la situation de tous les territoires sous contrôle y compris ceux qui sont sous contrôle périodique et dans lesquelles sont enclavées des zones très fortement contaminées et sous contrôle permanent. Cela revenait à envisager l'évacuation à terme de tous les territoires sous contrôle et même de régions actuellement hors contrôle, soit environ 500.000 personnes.

     Pour les experts comme L. Iline, les habitants doivent mener une vie «normale» ce qui signifie un abandon des normes, sans contrôle de la radioactivité de la nourriture quotidienne.
     Parce qu'un jour nous risquons d'être dans la situation des Biélorusses et des Ukrainiens il est nécessaire de répéter qu'il est scandaleux que ceux qui ont le pouvoir de décision s'octroient le droit exclusif d'effectuer eux-mêmes les calculs de dose engagée sans être obligés d'en référer publiquement à quiconque. Aucune vérification expérimentale sur le terrain n'est exigée pour corroborer l'exactitude de leurs calculs.
Les habitants des zones contaminées doivent avoir le droit et la possibilité matérielle de choisir leur lieu de résidence, leur nourriture, sans qu'un pouvoir central dont la responsabilité est largement impliquée dans la catastrophe leur impose arbitrairement sa loi.
     Il est particulièrement scandaleux que des représentants de pays qui vantent les mérites de la démocratie soient envoyés en URSS pour renforcer le pouvoir qui veut maintenir, contre leur gré, des populations sur des territoires contaminés comme le montrent les manifestations qui ont lieu à Minsk.
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2. LES PLANS D'ÉVACUATION EN BIÉLORUSSIE (1990-1995)
(D'après «Sovietskaya Bielorussia», 29/7 et 26/10/1989)
 
     Le plan d'évacuation adopté lors de la 12ème session du soviet de Biélorussie concerne l'évacuation jusqu'en 1995 de 118.300 habitants de 526 localités (Discours de E.V. Evtoukh)
     En juillet dernier le Dr. Bouriak, responsable de la santé indiquait le chiffre de 103.000 personnes. Quelques mois auparavant il était envisagé d'évacuer 11.600 personnes. Les estimations d'évacuation ont donc été multipliées par 10 en peu de temps.
     Les motifs du «déplacement» seraient à la fois d'ordre sanitaire et socio-économique. Le programme d'évacuation comporte trois étapes dont les budgets ne sont pas tous engagés.

Priorité n°1 1990-1991
     Il s'agit de l'évacuation de 17.083 personnes (note de la Gazette: les experts soviétiques sont souvent d'une précision déroutante!) vivant dans 112 localités pour lesquelles on distingue 2 raisons différentes de «déplacement»:
     dépassement de la dose limite des 35 rem
     impossibilité d'assurer une agriculture collectivisée (sovkhozes et kolkhozes)
     Le décompte des personnes à évacuer est le suivant:
     - 11.601 habitants de 87 localités contaminées à plus de 40 Ci/km2. Le maintien sur place conduirait d'après les calculs à des doses engagées (sur 70 ans) pouvant pour certains dépasser 50 rem ce qui est dommageable pour la santé. Il y aurait l'accord du gouvernement central pour cette première étape.
     En 1990-1991 seraient ainsi évacués:
     5.466 habitants de 47 localités de la région administrative de Moghilev Çe~ ~   ~ carte de' taUiée~
     5.817 habitants de 38 localités de la région administrative de Gomel.

      318 habitants de 2 localités de la région de Brest, près de la frontière polonaise (à plus de 400 km de Tchernobyl)
     - 5.482 habitants de 25 localités où l'agriculture collective ne peut être pratiquée. Les problèmes budgétaires semblaient être en cours de règlement fin octobre.

Priorité n°2 (1991-1992)
     Evacuation prévue de 4.685 personnes de 62 localités, non pour des raisons médicales, a précisé Evtoukh mais pour des raisons sociales, la vie économique de ces localités devenant difficile par suite du déplacement des 112 localités précédentes.

Priorité n°3
     Elle concerne l'évacuation de 96.508 habitants de 352 localités. Citons Evtoukh: «la liste comprend toutes les localités de la zone de contrôle permanent où la contamination du sol atteint 15 à 40 Ci/km2 mais aussi les localités pour lesquelles les méthodes utilisées d'amélioration des terres, de décontamination et autres mesures tant techniques qu'agronomiques n'ont pas permis d'obtenir des produits alimentaires «propres» de première nécessité en particulier le lait» ... «d'après les estimations des spécialistes habiter dans ces agglomérations n'est en général pas trop dangereux pour la santé mais il est nécessaire de suivre certaines règles concernant l'hygiène personnelle, concernant la gestion de la production agricole, qu'il faut avoir la possibilité d'acheter certains aliments qui étaient auparavant obtenus sur les lopins privés. Les habitants de ces localités auront le libre choix soit déménager et obtenir une compensation, soit rester et recevoir certains avantages financiers et sociaux pour les inconvénients supplémentaires et le risque encouru
     ...Donc au total pour des aspects médicaux et sociaux peuvent être évacués près de 118.300 personnes de 526 agglomérations de la République.

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     Il indique que la nouvelle version du programme d'évacuation (celle d'octobre) est plus précise que celle de juillet en ce qui concerne les conditions matérielles de l'évacuation. Citons pour exemple que les personnes du 3ème âge, les handicapés peuvent aller vivre chez des parents qui auront priorité pour obtenir un logement du fait de la cohabitation... Le programme implique de recenser toutes les maisons vides dans des régions agricoles, d'aménager des voies d'accès etc...
     Un grand complexe de travaux est envisagé pour l'amélioration des localités situées dans les zone contaminées où les gens vont décider de rester.
     On prévoit également «vers 1995 obtenir la normalisation de la base matérielle et technique des services de santé et des services communaux (régissant la vie quotidienne, NdT) dans les localités où la pollution est supérieure à 1 Ci/km2. Dans les localités où le niveau de pollution est de 5 Ci et plus la normalisation doit être obtenue pour tout le système des services sociaux».
     Nous apprenons ainsi qu'il y a des régions contaminées entre 1 et 5 Ci/km2 et pour lesquelles la vie quotidienne n'est pas «normale». Nous ignorons combien de personnes vivent sur ces zones (150.000 rien qu'en Polésie). Plus grave, les services communaux ne sont pas non plus ce qu'ils devraient être dans les zones de contrôle périodique contaminées entre 5 et 15 Ci/km2.
     Les problème relatifs aux 206.600 habitants des zones sous contrôle périodique n'ont pas été abordés du tout du point de vue d'une éventuelle évacuation.
     Rappelons pourtant que ces zones ont des difficultés à obtenir de la nourriture propre. Ainsi, 60 à 70% de la production laitière des territoires de la région de Gomel sous contrôle périodique est hors norme. Une des conclusions du conseil des ministres de Biélorussie de mars 1989 indiquait qu'il fallait «élaborer des recommandations spéciales pour chaque ferme afin d'obtenir une production absolument propre.»
     La situation ne s'est pas miraculeusement améliorée si l'on en croit le député du district de Slavgorod (entre 5 et 15 Ci/km2). Il précise que tout son district a besoin de nourriture propre. D'après lui on ne peut obtenir de nourriture propre sans méthodes agrotechniques spéciales qu'en dessous de 2 Ci/km2. Il demande qu'une zone d'attention plus sévère que l'actuelle zone de contrôle périodique soit créée dès 5 Ci/km2 (les habitants actuellement ne reçoivent pas systématiquement de nourriture propre ni d'aide financière, il n'y a pas de combinat pour la décontamination du sol).

En conclusion
     Pour l'instant est assurée financièrement l'évacuation de 17.083 personnes des régions très contaminées (supérieure à 40 Ci/km2). L'évacuation de 118.000 personnes demande un budget que la Biélorussie ne peut assurer seule
     Si les députés avaient suivi les recommandations des scientifiques biélorusses 7 rem en 70 ans et non 35 rem, l'évacuation aurait concerné plusieurs centaines de milliers de personnes. L'argument d'autorité des experts de l'OMS a pesé très lourd dans les décisions finales. Il pèse également très lourd sur les engagements financiers du pouvoir central vis à vis de ce problème capital de l'évacuation. C'est d'ailleurs pour cela que le Pr Iline a appelé le experts de l'OMS à la rescousse.
     La responsabilité du Pr Pellerin est donc très grande, mais il ne faut pas oublier qu'en tant que Directeur du SCPRI il dépend directement du Ministre de la santé français. Ce qui se passe actuellement en Biélorussie, en Ukraine et en Russie dans la région de Briansk est très important. C'est le terrain d'expérimentation des nucléocrates pour la gestion à moyen et long terme de l'accident nucléaire majeur. Ce qui se joue là-bas ce sont les critères qui présideraient à nos conditions de vie en cas de catastrophe nucléaire en France.

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3. UN POINT SUR LA SITUATION RADIOLOGIQUE
 

     Juste après l'accident l'évacuation en 1986 a concerné davantage de personnes en Ukraine (environ 100.000) qu'en Biélorussie (environ 25.000). Aujourd'hui la situation est inversée et nécessite un programme d'évacuation plus important en Biélorussie qu'en Ukraine. Nous n'avons aucune donnée sur la région de Briansk en Russie.
     En ce qui concerne la Biélorussie nous avons des détails sur les différentes zones de contrôle de la nourriture et de contrôle sanitaire établies en fonction des niveaux de contamination du sol.
     Pour l'Ukraine les informations disponibles ne concernent que la limitation relative à la cueillette sauvage (champignons, baies et plantes médicinales des forêts), la pêche et la chasse avec zonage de l'Ukraine mais sans indication de niveau de contamination du sol.
     Pour la Russie aucune information n'a filtré à l'exception de la carte de la Pravda du 20 mars 1989 donnant les niveaux de contamination supérieurs à 15 Ci/km2 à la frontière Biélorusse.
     Il est donc difficile dans ces conditions de donner une vue d'ensemble totalement cohérente de la situation de ces trois républiques les plus contaminées par la catastrophe de Tchernobyl.

Les zones de contrôle de la nourriture et de contrôle sanitaire
     Les informations viennent donc essentiellement de la Biélorussie.
     1) Les zones de contrôle permanent: il s'agit des territoires où la contamination du sol en césium 137 dépasse 15 Ci/km2.
     Selon Y. Izraël (Pravda du 20/3/89) elles concernent 230.000 personnes de 640 localités sur un territoire d'environ 10.000 km2 (7.000 km2 en Biélorussie dont 3.000 dans la zone évacuée initiale, 1.500 km2 en Ukraine dont 500 dans la zone évacuée initiale, 2.000 km2 en Russie)

     Parmi ces 230.000 personnes, 103.000 (dans 415 localités) vivent en Biélorussie
(Sovietskaya Biélorussia 9/2/1989), 47.000 vivent en Ukraine (d'après D. Marples, USSR Report 28/4/1989)
     On peut donc estimer à peu près à 80.000 le nombre de personnes concernées en Russie, vivant dans 100 à 150 localités.
     Rappelons que dans ces zones la nourriture locale est impropre à la consommation. Les travaux de désactivation du sol se sont avérés inefficaces. Répétons, car il y a eu des erreurs dans la presse, que les habitants reçoivent 1 rouble par jour et par personne pour acheter de la nourriture «propre» (le salaire mensuel de kolkhoziens est environ 100-150 roubles; le rouble vaut environ 10 francs). En Biélorussie 67.500 travailleurs sur les 103.000 qui vivent en zone de contrôle permanent reçoivent un complément de salaire de 25%. Nous ignorons s'il en est de même en Ukraine.
     Tous les témoignages tant des sicentifiques et députés d'Ukraine et de Biélorussie que des journalistes sont concordants: la nourriture propre est en quantité insuffisante. En ce qui concerne les contrôle sanitaires aucun détail n'est donné sur la nature et la fréquence des examens effectués. Il est par contre certain que la population n'a pas connaissance des résultats.


(D'après la Pravda d'Ukraine du 5/7/89 et Sovietskaya Bielorussia du 9/2/89)

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     Il est officiellement reconnu (Dr Bouriak et Dr Ouliachtchik, vice-ministre et ministre de la santé de Biélorussie) que le personnel sanitaire et l'équipement médical sont insuffisants.
     Les programmes d'évacuation en cours concernent ces zones de contrôle permanent.
     Les cartes détaillées de la contamination en Biélorussie (Sovietskaya Bielorussia 21/7/89) indiquent les zones où l'activité surfacique en césium  137 seul dépasse 40 Ci/km2. On y trouve 87 localités où vivent 11.600 personnes. Dans certains villages la contamination dépasse 100 Ci/km2 comme à Tchoudiane et Malinovka (140 Ci/km2 à 300 km au Nord de Tchernobyl) (cette information a été communiquée par L. Iline, Sovietskaya Bielorussia 11/7/89). Tous ces villages doivent etre évacués prochainement.
     En Ukraine 5 villages du district de Naroditchi et 2 du district de Polyeskoye à plus de 40 Ci/km2 ont été évacués (ou sont en cours d'évacuation). Devraient être évacués 7 autres villages du district de Naroditchi à plus de 15 Ci/km2. (D. Marples USSR Report, 28/4/89).
     La situation est pire en Biélorussie qu'en Ukraine.
     2) Les zone de contrôle périodique: il s'agit de territoires dont la contamination en césium 137 est comprise entre 5 et 15 Ci/km2. Y vivent 206.600 personnes en Biélorussie (Gazette n°96/97), 37.000 personnes en Ukraine (D. Marples, USSR Report 28/4/89)
     On peut estimer que 80.000 à 150.000 personnes sont concernées en Russie.
     Dans ces zones doit s'exercer une surveillance médicale de la population ainsi qu'un contrôle périodique des aliments. Les habitants ne reçoivent pas d'aide financière pour l'achat de nourriture car celle produite localement est supposée «propre» ce qui n'est certainement pas le cas.
     On peut relever de nombreuses plaintes des députés biélorusses à ce sujet.
     Mentionnons que les experts officiels soviétiques mesurent la contamination des sols par le seul césium 137. Le niveaux de césium 134 ne doivent pas être négligeables car depuis 4 ans la décroissance de ce radionucléide n'a été que d'un facteur 4. Quant au strontium 90 et au plutonium il n'y a aucune indication officielle. Pourtant le responsable biélorusse Evtoukh a indiqué (29/7/89) que «les coefficients de transfert des radionucléides ont été établis en 1988 en ce qui concerne le césium et le strontium 90 (souligné par nous sur toutes les espèces agricoles et sur les différents types de sol».
     Le 30 septembre 1989, lors de la marche à Minsk des sinistrés de Tchernobyl provenant de 12 régions de Biélorussie, les photos du journal «Les Nouvelles de Moscou» (n° 42, 13-19 oct. 1989) montrent des manifestants portant de pancartes sur lesquelles on peut lire:
     district de Vietka: Cs 137 = 50 Ci/km2; Sr 90 = 75 Ci/km2; district de Khoïniki Cs 137 = 60 Ci/km2 ; Sr 90 = 70,9 Ci/km2
     Il avait été indiqué par les officiels soviétiques que Sr 90 et plutonium s'étaient déposés à l'intérieur de la zone initiale de 30 km et dans les secteurs limitrophes. Notons que Khoïniki est à environ 60 km de Tchernobyl non loin de la partie biélorusse évacuée en 1986. Mais Vietka est plus au Nord, à environ 160 km.
     Si les taux de Sr 90 s'avéraient systématiquement du même ordre de grandeur que ceux de Cs 137 cela justifierait la dénomination de «province à strontium» pour la Biélorussie (Dr Amélie Bénassy, Le Généraliste, 20/2/1990).
     Cette contamination en Sr 90 aurait des conséquences sanitaires très graves pour les enfants.

Les zones de contrôle de la nourriture
     Les informations viennent essentiellement d'Ukraine.


(D'après Sovietskaya Bielorussia du 9/2/89 et du 21/7/89) Les détails de la région administrative de Gomel, proche de Tchernobyl, ont été donnés dans la Gazette n°96/97.

     Nous donnons ici une carte du Nord de 1'Ukraine publiée par la Pravda d'Ukraine les 5 et 15 juillet 1989 concernant les restrictions de ramassage des produits des forêts (champignons, baies sauvages, plantes médicinales etc ...) Ces cueillettes sont un revenu important pour le kolkhoziens. Il aura fallu plus de 3 ans pour qu'ils soient prévenus des dangers de ces produits de la nature.

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     Outre la zone interdite initiale évacuée en 1986, trois zones sont définies selon le niveau de contamination en Césium 137 (mais il n'est pas précisé):
     - une zone sans interdiction de ramassage
     - une zone où la cueillette est interdite, bordant la zone évacuee initiale. Elle fait environ 170 km d'Est en Ouest et 50 km du Nord au Sud. Le village de Naroditchi est dans cette zone.
     - une zone où la cueillette est autorisée mais où on doit faire contrôler la radioactivité des produits récoltés (la norme est pour les champignons et fruits frais de 1.850 Bq/kg et de 11.100 pour les champignons et fruits secs). Ce territoire couvre tout le Nord de l'Ukraine sur plus de 550 km d'Est en Ouest et atteint en certains endroits plus de 100 km du Nord au Sud. Deux taches de contamination subsidiaires sont localisées au Sud de Kiev.
     Toute cette zone couvre plus de 50.000 km2, le dixième de la superficie de la France.
     A signaler que même dans la zone où la cueillette est autorisée sans restriction, la pêche et le gibier doivent, eux, être obligatoirement contrôlés et la norme est la même, 1.850 Bq/kg.
     Cette norme est plus élevée que la norme postaccidentelle fixée par la CEE à 1.250 Bq/kg alors que la norme régissant actuellement les échanges pour les aliments autres que le lait est de 600 Bq/kg et celle du lait 370 Bq/kg qui, elle, semble être en vigueur en URSS actuellement.
     On voit donc que la situation n'est toujours pas normalisée.
     Nous avons rassemblé sur une même carte les zones sous contrôle en Biélorussie et celles des limitations de cueillette en Ukraine: les incohérences sautent aux yeux. La zone Biélorusse où la contamination du sol est supérieure à 5 Ci/km2 se raccorde bien à la zone ukrainienne de cueillette interdite mais rien en Biélorussie ne prolonge la zone de limitation de cueillette avec contrôle de la radioactivité. Il est évident que l'ensemble des territoires contaminés doit couvrir une zone qui s'étend d'une façon continue sur l'Ukraine, la Biélorussie et la Russie avec de place en place, enclavés des points très chauds. Il s'agit vraissemblablement d'un territoire qui va d'Ouest en Est de Brest à la frontière polonaise jusqu'à Briansk en Russie en direction de Moscou.
     Il a été rapporté officiellement que 20% de la Biélorussie avait été contaminée soit environ 40.000 km2. L'ensemble des surfaces contaminées des 3 républiques soviétiques pourrait atteindre 150.000 km2 soit près du tiers du territoire français.
suite:
BRÈVES SUR LA SITUATION SANITAIRE DANS LES TERRITOIRES CONTAMINÉS

     Nous avons donné dans la Gazette n°96/97 des détails sur la situation sanitaire d'après divers articles parus dans «les Nouvelles de Moscou»: anémies, cataractes, affections thyroïdiennes, fatigue, fragilité des os etc... affectant surtout les enfants, baisse des défenses immunitaires, affections respiratoires, augmentation de certains cancers entre autres. Ces faits étaient démentis par les autorités sanitaires. Depuis, le ministre de la santé a été remplacé en Ukraine. Une dépêche de l'agence Tass du 13 février 1990 indique qu'en Ukraine le gouvernement est inquiet: «des examens médicaux ont établi l'augmentation du nombre de maladies des voies respiratoires et du tube digestif ainsi que d'anémies et autres. Actuellement 309.800 personnes dont 67.000 enfants ont été placés sous observation médicale permanente».
     Dans «Les Nouvelles de Moscou» n° 42 (13-19 oct. 1989) «selon l'académie des sciences de Biélorussie l'étude biologique a décelé des modifications des systèmes immunitaire et endocrinien de l'organisme, des troubles métaboliques et de aberrations chromosomiques. Sur le territoire pollué par les radionucléides on observe la tendance à l'aggravation du syndrome anémique, de la dystonie vaso-végétative, de l'hypertension et de l'hyperplasie de la glande thyroïde au premier et au deuxième degré» ce qui confirme les informations données dans le journal Sovietskaya Bielorussia.

OU IL EST FAIT APPEL A LA CONSCIENCE DU PEUPLE

     Le journaliste qui a fait le compte-rendu du débat de la séance de l'académie des sciences de Biélorussie, «35 rem en 70 ans» terminait son article dans Sovietskaya Bielorussia du 11juillet, donc avant la 11ème session parlementaire, de la façon suivante: «...comme nous le voyons bien il y a différents points de vue au sujet de ce problème capital pour notre République et pour notre avenir. Et il sera difficile aux députés de faire un bon choix. Mais quoi qu'il en soit c'est à eux qu'appartient le dernier mot, et avant de se prononcer pour ou contre il faut réfléchir, chers députés du peuple, sur le sentiment exceptionnel de responsabilité non seulement vis à vis de ceux qui habitent la terre malade de Biélorussie mais aussi devant les générations futures. Rappelez vous dans le diagnostic que vous allez faire les erreurs sont interdites
     Les députés français ne se sont dans l'ensemble guère souciés de leurs responsabilités vis-à-vis des générations futures. Les journalistes des médias n'ont guère pensé à leur rappeler leurs responsabilités. Souhaitons pour nous que nos députés n'aient pas à faire dans le futur les choix difficiles de leurs homologues biélorusses et que les journalistes de nos médias n'aient pas à commenter leurs états d'âme!

p.18
Dimitri Popov, un Pellerin Soviétique

     Toujours d'après «Actualité Soviétique», l'opinion de Dimitri Popov «un scientifique jouissant d'une solide réputation en URSS» (La Gazette signale que P. Pellerin lui aussi jouit d'une solide réputation dans son pays):
     «Il est vrai que l'on observe une progression de nombreuses affections et notamment des organes digestifs, de la glande thyroïde ainsi que des systèmes cardio-vasculaires et nerveux. Le diagnostic est toujours le même: radiophobie de masse».
     Il rêve sans doute de reconvertir, pour soigner cette phobie de masse, les psychiatres qui ne doivent plus «soigner» les dissidents et qui sont réduits à un chômage pénible!


TCHERNOBYL: LE DOSSIER NORVÉGIEN
     Nous avons traduit le dossier officiel sur les problèmes Norvégiens des annéés 86, 87 et 88 - nous soupçonnons que les problèmes n 'ont pas dû être terminés avec l'année 89, en particulier à cause des nouvelles venant de Russie.
     Il est intéressant de faire le point de toutes les façons possibles. L'approche norvégienne qui essaie de chiffrer un peu le préjudice n'est pas sans intérêt.
     L'autre côté intéressant est le fait que la radioactivité ne s'est pas laissée tordre le cou ce que confirme les appels au secours émanant de Bielorussie et de l'Ukraine.
     La Norvège est un bon exemple car assez loin du lieu de l'accident. L'incidence est loin d'être négligeable car il a fallu prendre des mesures pour éliminer les aliments contaminés, pour trouver de la nourriture pour animaux.
     Si nous avons la suite des études, nous vous les ferons connaître.

CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES DE L'ACCIDENT DE TCHERNOBYL EN NORVÈGE
POUR LES ANNÉES 1986 ET 1987
(Traduction Gazette)

 
Introduction
     Après Tchernobyl, les premières mesures de radioactivité en Norvège ont été faites par l'Institut de Technologie pour l'Energie (J.F.E.) et l'Institut National d'Hygiène des Radiations (S.I.S.). Les deux instituts avaient été prévenus par téléphone, (dès le lundi 28 avril) par l'Institut Suédois de protection contre les radiations, des niveaux anormalement élevés mesurés en Suède et des conclusions tirées par la Finlande et la Suède un accident sérieux vient d'arriver sur un réacteur russe.
     La station de pompage d'air de l'I .F.E. venait de déceler le saut de la radioactivité vers 8h le même jour. Ce fut alors le début d'une période très critique où tous les équipements disponibles furent utilisés au maximum de leur capacité. Un grand nombre d'échantillons de types très variés ont été mesurés. On a stocké ou congelé de nombreux échantillons pour les mesurer plus tard, dans une période plus calme. Certains n'ont toujours pas été mesurés.
     Il y avait trop peu de temps pour planifier la prise de données de façon à pouvoir utiliser le résultat pour la prédiction de la contamination. Ce qui primait c'était la protection.
     Durant l'été 1986, le S.I.S. a collecté les échantillons venant de toute la Norvège. La Norvège a, probablement, été la région la plus contaminée de l'Europe de l'Ouest. L'activité tournait autour de 100 kBq/m2 (environ 6 % du Césium total est arrivé sur la Norvège).
     Les zones où la contamination au sol est la plus élevée sont les zones montagneuses  zones que personne n'habite mais qui sont très importantes parce qu'elles servent de pâture moutons, chèvres, rennes et poissons. Le but de ce rapport est de faire le bilan des conséquences économiques de la radioactivité déposée, pour l'agriculture dans les années 1986 - 1987, ou plus exactement, pour les périodes d'abattage de 86/87 et 87/88.

Niveaux d'intervention
     Mi-mai 1986, les autorités ont fixé le seuil autour de 1.000 Bq/kg en Iode 131 et 300 Bq/kg en Césium 137. Le 20 juin 1987, ces niveaux ont été ajustés à 370 Bq/kg dans le lait et les aliments pour enfants, 600 Bq/kg dans les autres aliments.

    Ces niveaux concernent la somme Césium 134 et 137.
     Le 20 novembre 1986 les autorités ont remonté la limite pour la viande de renne et le gibier (6.000 Bq/kg toujours pour la somme Césium 134 et 137).
     En juillet 1987, la limite pour les poissons a été aussi fixée à 6.000 Bq/kg (Cs 134 + Cs 137).

Actions de protection
Evacuation et confinement
     Bien que les niveaux de radioactivité venant de Tchernobyl (air et dépot) soient les plus élevés d'Europe de l'Ouest, ces niveaux sont encore loin de ceux où l'évacuation devrait être envisagée, ils sont loin également de ceux où le confinement devrait être prescrit.

Voyages
     Le 2 mai 1986, la direction de la Santé a, par voie de presse, suggéré que les voyages dans un rayon de 500 km autour de Tchernobyl devaient être évités.

Eau de boisson
     Le 2 mai 1986 la direction de la Santé a aussi déclaré qu'il était préférable de ne pas boire l'eau des citernes collectée après l'accident dans le Sud de la Norvège. Quelques valeurs élevées d'iode furent mesurées à ce moment là, mais les variations étaient importantes car dépendant du contenu en eau de la citerne avant l'accident. La période précédant l'accident avait cependant été une période sèche dans le Sud de la Norvège. Cette restriction a été la seule restriction en ce qui concerne l'eau de boisson.

Fruits, baies, légumes et graines
     Les analyses ont montré que les fruits, baies, légumes et graines étaient contaminés largement en dessous des niveaux d'intervention.
     Il y a eu quelques exceptions cependant. Dans une zone (Trondelag) laitues et persil ont poussé sous le nuage. La direction de la Santé a interdit la vente de ces produits venant de la zone (23 mai 1986). Les produits ont été détruits. A partir du 2 juin, la règle a été modifiée et l'on a seulement interdit la vente des laitues et persil plantés ou sortant de terre entre le 28 avril et le 4 mai 1986.

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     Les autres exceptions concernent les baies et les champignons.
     Des échantillons contenant de la radioactivité au dessus des niveaux d'intervention ont été prélevés dans les zones les plus touchées. D'un autre côté, des échantillons prélevés dans les mêmes zones étaient peu contaminés. Comme ces aliments n'entraient pas pour une part importante dans le régime alimentaire, aucune restriction n'a été mise en place.
     Il y a un problème particulier de compréhension en ce qui concerne le poids de Césium dans les champignons. Généralement on se réfère au Becquerel par kg de produit sec. Or des champignons secs ne représentent quasiment rien et 1kg de champignons secs est un amoncellement de champignons. En effet dans une omelette on utilise environ 10 à 20 g de champignons.
     Il y a des problèmes du même type avec d'autres aliments. Quand on donne l'activité d'un échantillon, il faut impérativemnt savoir si on se réfère au poids sec ou frais et il faut aussi savoir comment on utilise cet aliment.

Lait de vache 1986
     Les autorités de la Santé et de l'Agriculture se sont mises d'accord pour ne pas enfermer les bêtes car il y avait peu d'herbe à ce moment de l'année.
     Des mesures ont montré que la contamination par l'iode n'a pas été un problème. Le Césium n'a été décelé dans le lait qu'à la fin mai. Les niveaux de radioactivité sont restés en dessous des niveaux d'intervention sauf à Valdrés. Le lait de cette région a été utilisé comme aliment pour les bêtes. Suivant des pratiques ancestrales d'agriculture, beaucoup de vaches se trouvent dans les montagnes pendant les mois d'été, le lait de ces bêtes a dépassé les niveaux permis. A la fin de l'été, quand le bétail est redescendu, le niveau a baissé à Valdrés.

Lait de vache 1987
     En 1987, des problèmes sont apparus dans différentes zones; dans certains cas, il a même fallu administrer de la bentonite. Le lait de vache n'a pas été interdit (référence Olav Osteras - Norske Meiereir).

Lait et fromages de chèvres 1986
     Dans le lait de chèvre, la proportion de Césium s'est accru quand on a envoyé les chèvres paitre dans les pâturages de montagne, mais le niveau a rarement dépassé le niveau d'intervention. Cependant, le lait de chèvre est principalement utilisé pour produire un fromage brun très spécial et très populaire (même si techniquement, ce n'est pas vraiment un fromage) qui lui, par contre, est beaucoup plus contaminé. Il fut alors décidé d'utiliser le lait de chèvre de certains endroits comme aliment pour bêtes à la place de fromage.

Lait et fromages de chèvres 1987
     La production du chèvre brun a été affectée en 1987 comme en 1986, mais sur des surfaces plus faibles.

Beurre et fromages ordinaires
     Sur toutes les périodes, le beurre et le fromage ordinaire ont été peu contaminés.

suite:
Poisson de mer
     La contamination des poissons et autres organismes marins a été faible. Les autorités des Etats-Unis ont, cependant, rapidement après l'accident, demandé un contrôle des aliments en provenance de différents pays la Norvège faisait partie de ces pays. Ceci était d'une importance extrême à cause des exportations de saumon, produit perdant très vite ses qualités.
     Les premiers contrôles ont été effectués à l'I.F.E. le 7 mai 1986. A partir de cette date, quatre échantillons par semaine ont été mesurés jusque fin septembre.
     Les autorités américaines ont également imposé un contrôle effectué par leurs services. Ce n'était pas facile car les plus importants marchés sont sur la côte Ouest et le contrôle est à Boston. Cependant, l'Association des producteurs de poisson n'a relevé aucune perte due à l'accident de Tchernobyl car le contrôle américain a éte vite arrêté (avant la fin mai) dès qu'il est apparu qu il y avait accord entre les mesures. Et, comme deja mentionné, ces mesures se sont arrêtées fin septembre. (De plus amples informations sur la situation aux USA peuvent être obtenues auprès de Sacmund Remoy à l'ambassade de Norvège à Washington si nécessaire).

Poisson d'eau douce 1986
     Les niveaux de contamination du poisson d'eau douce sont souvent assez élevés et dans quelques cas ont dépassé 60.000 Bq/Kg. Ces niveaux ont été mesurés à la fin de l'été 1986. Ces niveaux sont à peu près les niveaux de l'activité déposée. Le 4 juillet 1986, la direction de la Santé a interdit la vente de poissons en provenance de 29 municipalités et le 4 août en provenance de 8 autres.

Poisson d'eau douce 1987
     Les niveaux du printemps 1987 n'ont pas baissé significativement en comparaison des niveaux de 1986. Actuellement, il y a même un pic en juin 1987 (bien sûr moins élevé que celui de juin 1986).

Moutons 1986
     Il avait été décidé de ne pas restreindre l'utilisation des pâtures. La plupart des moutons norvégiens sont envoyés très tôt à l'été en montagne où ils restent et broutent comme ils veulent, jusqu'aux premières neiges. Il avait été affirmé que les pluies de printemps élimineraient le Césium de l'herbe. On a vite vu que ce n'était pas le cas.
     Vers la fin juillet 1986, la contamination de moutons était au dessus du niveau d'intervention dans plusieurs zones. En conséquence, le 31 juillet1986, le Ministère de l'Agriculture avec la participation des fonctionnaires régionaux, a décidé que chaque éleveur de moutons recevrait une indemnité pour compenser les pertes dues à la radioactivité des moutons. Entre 1986 et 1987 30.000 fermiers ont reçu des informations sur les pâturages etc...
     Le Ministère de l'Agriculture, en coopération avec les vétérinaires régionaux a pris la responsabilité de diviser le pays en trois types de zones. A peu près 70% des moutons étaient en zone libre (contamination en dessoûs de 600 Bq/kg). L'abattage et la vente ont été comme d'habitude.

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Environ 30% des moutons étaient en zone interdite (contamination au dessus de 2.000 Bq/kg). L'abattage a été normalement effectué mais la viande a été classée impropre à la consommation. Début 1987, les autorités ont annoncé que cinq lieux serviraient de dépot pour cette viande. Mais la situation a changé quand les producteurs de fourrure ont voulu utiliser cette viande comme nourriture pour animaux, après des expériences menées par l'Université d'Agriculture de Norvège montrant que le transfert des produits radioactifs de la nourriture à la fourrure était négligeable. Au début les autorités étaient hésitantes, craignant que cette viande ne suive le cheminement ordinaire. Finalement, avec le traitement qu'a subi cette viande, broyant tout carcasse comprise, il est impensable que quelqu'un puisse manger le résultat.
     Les zones restantes, où se trouvaient 27% des moutons (niveaux  de  contamination  entre  600 et 2.000 Bq/kg) ont été classées zone à mesure spéciale. Le niveau en Césium a été ramené en dessous des limites en utilisant de la nourriture sans césium pendant des périodes de quatre à huit semaines, en fonction du niveau de contamination. De plus, des concentrés contenant de la bentonite ont été donnés aux animaux. Ces expériences menées par l'Université d'Agriculture de Norvège ont montré que le temps de vie biologique est seulement de 18 jours, beaucoup plus court que celui généralement admis. Pour être tout à fait à l'aise cependant, on a pris un temps de vie plus long (d'abord 24 jours puis 21) pour planifier le programme d'alimentation.

Mouton 1987
     En 1987 on a eu le même problème qu'en 1986 mais de moindre ampleur. Aucune zone n'a été classée «interdite». Environ 77% des moutons sont en zone libre et 23% en zone surveillée.
     Dans les zones spécialement surveillées (niveau de contamination avant intervention autour de 600 Bq/kg), le niveau de contamination en Césium a été réduit en dessous du niveau d'intervention en utilisant de la nourriture sans Césium sur des périodes de temps données dans la table ci après:
   Zones 600-1.000 Bq/kg: 3 semaines
          1.000-1.500 Bq/kg: 4 semaines
          1.500-2.500 Bq/kg: 6 semaines
          2.500-5.000 Bq/kg: 8 semaines
          > 5.000 Bq/kg: voir après

     On a estimé qu'environ 8.000 animaux s'étaient trouvés sur des zones contaminées au dessus de 5.000 Bq/kg et quelques uns ont été interdits pour 10 semaines.
     Pour la saison 87/88, c'est seulement 70 tonnes de mouton qui ont été renvoyées de l'abattage. Le programme de nourriture spéciale a concerné 280.000 moutons et a été un succès, puisqu'il n'y a eu que 10 dispenses.
     En 1987 les conditions sont spécialement favorables car l'automne a été très beau et la première neige exceptionnellement tardive.

Rennes 1986
     Des contaminations plus élevées que 90.000 Bq/kg ont été découvertes dans les renncs de la partie montagneuse du Sud de la Norvège, au début de l'été 1986.
     Ce niveau a décru de juin à août, mais est remonté en septembre 1986, avec d'autres remontées durant l'hiver parce que les rennes se nourrissent surtout de lichens.

suite:
     Le 31 juillet 1986 le gouvernement a décidé une indemnité en cas de perte de renne, par suite de radioactivité. Au début du mois d'août 1986, il fut découvert que des rennes domestiques avaient été abattus et vendus dans la partie Nord (le Nord du Fiord Rona). La viande de renne produite dans la partie Sud (Sud du Fiord Rona) avait été classée impropre à la consommation humaine. En novembre 1986, les niveaux de contamination de la partie Nord ont été trouvés quelquefois au dessus des niveaux d'intervention et environ 85% de la production de 1986 ne pouvait être utilisée.
     A cause de l'importance de cet impact (touchant par ailleurs peu de monde) et parce que la consommation du renne n'est pas importante pour le Norvégien moyen, la direction de la Santé a décidé le 20 novembre 1986 d'augmenter le niveau d'intervention d'un facteur de 10 pour le renne. Avec cette valeur, tous les rennes produits dans le Nord du Fiord Rano pouvaient être vendus, et aussi une partie venant du Sud. Cependant le renne restait quasiment interdit. On l'a transformé en un mélange viande/os et enterré.
     Rappelons que les informations donnant des consignes destinées spécialement aux consommateurs de viande de renne et de poisson d'eau douce ont été distribuées en 1986, puis 1987.

Rennes 1987
     En 1987, la situation était similaire mais les niveaux plus faibles. Trois types d'interventions ont été mis en oeuvre. Les deux premières demandant de récupérer les animaux avant et après la période d'accouplement.
     Dans les deux cas, l'animal est vérifié individuellement et s'il est au dessus du seuil d'intervention, il est abattu. Si on ne veut pas réaliser les deux opérations, on entreprend un régime d'élimination. Des enclos ont été construits. Le régime, cependant n'est pas simple à mettre en oeuvre. D'abord ces animaux sont sauvages et ne supportent pas d'être enfermés. Ils doivent être adaptés progressivement à ce nouveau type de nourriture sinon ils tombent malades. Certains animaux, parce qu'ils sont maltraités par les autres doivent être déplacés d'un pré à l'autre jusqu'à ce qu'ils trouvent leur place. Une autre action a été tentée en 1987 mais elle a échoué. Une tablette spéciale pour intestin contenant du bleu de Prusse (un capteur de Césium) avait été développé par l'Université et quelques expériences pilotes avaient été menées avec succès avant l'hiver 1986. Avant la saison d'abattage 87/88 on avait produit beaucoup de ces tablettes. Mais cette action préventive n'a pas marché et la raison est que les tablettes se dissolvaient bien plus vite qu'en labo. Une des raisons était la production simplifiée adoptée pour l'industrie. Plusieurs méthodes sont à l'étude actuellement, pour trouver la plaquette qui restera assez longtemps dans l'intestin.
     Après cette tentative, l'abattage 87/88 a été fait comme d'habitude. Les animaux des zones critiques ont été mesurés individuellement et éliminés si le niveau de Césium est trop élevé.

Viande de boeuf et de cheval 1986
     Sur quelques échantillons de viande de boeuf ou de cheval en provenance des zones les plus touchées il a été mesuré un niveau en Césium supérieur au niveau d'intervention décidé en 1986. Ces échantillons venaient d'animaux paturant en montagne. Il fut alors décidé que, pour l'abattage, on ne garderait que les animaux ayant pâturé dans des champs cultivés pendant au moins quatre semaines ou bien sur cette même période ayant été maintenu à l'étable.

p.21

     Cette décision a été prise le 8 septembre 1986.
     En plus d'aliments sans Césium, le bétail des zones contaminées a été nourri avec des concentrés contenant de la bentomte, une argile qui permet l'élimination du Césium chez les ruminants.

Viande de boeuf et de cheval 1987
     En 1987 on a agi de façon quelque peu différente. Quelques zones ont été classées  «zones à précaution») ou «zone avec directives spéciales» mais pratiquement tout le pays n'était plus sous contrôle. Dans les zones à précaution, le bétail a été nourri avec des aliments sans Césium, avec en plus l'adjonction si possible de concentrés avec 5% de bentonite. Aucune subvention n'a été accordée dans ces zones. Avant abattage le bétail vivant venant de ces zones est contrôlé, mais si on trouve un niveau supérieur à 600 Bq/kg on le renvoie dans sa ferme. Dans les «zones à directives spéciales» les actions de prévention sont les mêmes mais on donne une subvention de 8 Kr par jour et par bête.
     Une prime d'un montant égal au prix de la bête est accordée dans le cas où toutes les actions de décontaminations échouent et où il faut abattre.

Porc et volaille
     Les porcs et les volailles sont toujours nourris avec des graines et n'ont donc pas (ou peu) été contaminés par le Césium.

Gibier
     Le niveau de contamination du gibier (sauf les rennes) est assez élevé dans les zones où le dépot est élevé mais varie fortement d'une espèce à l'autre. Pour le grand gibier les plus faibles valeurs ont été trouvées dans l'élan tandis qu'il y avait de très grandes variations dans le chevreuil et le daim. Pour le petit gibier, c'est le canard qui est au dessus des niveaux d'intervention. Le 20 novembre, le niveau d'intervention a été fixé à 6.000 Bq/kg.
     La consommation du gibier n'a pas été interdite mais les autorités de santé ont diffusé les avis suivants:
     - Si le niveau de contamination est en dessous de 600 Bq/kg, mangez-en autant que vous le désirez.
     - Si le niveau est entre 600 et 10.000 Bq/kg mangez-en au plus une fois par semaine.
     - Si le niveau dépasse 10.000 Bq/kg mangez-en au plus une fois par mois.

Impact économique 1986

     Les informations, sur les coûts des actions de dédommagement, données dans ce rapport ont été aimablement fournies par le Directeur de l'Agriculture, A. Sagelvmo du ministère.
     Ces informations se rapportent à la période d'abattage 86/87.

Laitue
     On en a environ, détruit pour 300.000 Nok (45/000 dollars en choisissant comme taux de change: 7 Nok / $)
     Il se peut que le coût soit plus élevé car les fermiers ont eu beaucoup de mal à vendre leur production jusqu'au début de l'été à cause d'une peur généralisée des radiations.

Fromage de chèvre
     Les pertes s'élèvent environ à 10 millions de Nok soit 1,4 millions de dollars (on a inclu la perte du lait de la région de Valdrés), après avoir pris en considération la bonification due à l'utilisation du lait comme nourriture pour animaux.

Mouton
     Entre 2 à 3.000 tonnes de mouton ont été interdites ce qui représente environ 100 millions de Nok (14 millions de dollars).
     La nourriture a représenté environ 4 Nok/jour-bête.

suite:
     Cette prévention a coûté de l'ordre de 30 à 35 millions de Nok (5 millions de dollars).
     La vente du mouton a baissé de 10%, ce qui est environ la quantité interdite. Ceci indique que les consommateurs ont jugé les mesures adoptées correctes.

Renne
     Les interdictions ont coûté 20 millions de Nok (2,9 millions de dollars). Le coût complet du contrôle et de la surveillance a ajouté un surcoût de 8 millions de Nok (1,1 million de dollars).

Boeuf
     Le programme de prévention pour décontaminer le boeuf est revenu à 5 millions de Nok (70 000 dollars).
     Les chasseurs et les pêcheurs n'ont pas reçu de subventions mais l'environnement a reçu des plantes.
     Sans aucun doute, Tchernobyl a perturbé le tourisme en 1986. Mais les autorités n'ont pas offert de compensation. La perte n'est pas encore connue actuellement.

Impact économique 1987

     Les informations ont été fournies par A. Segelvmo du ministère de l'Agriculture pour la période 87/88.

Fromage de chèvre
     La perte est autour de 7 millions de Nok (1 million de dollars) après déduction du lait utilisé comme aliment.

Moutons
     73 tonnes ont été interdites (2,5 millions de nourriture est revenu au même prix qu'en 86/87 soit, 4 Nok/jour-bête mais elle est montée à 8 Nok si l'animal a dû être déplacé.
Généralement l'animal n'a pas changé de région, il est simplement descendu dans la vallée.
     Le coût global du programme s'élève à 40 millions de Nok (environ 6 milliards de dollars). Tous les instruments de mesure et de contrôle sont revenus à 12,5 millions de Nok (1,8 millions de dollars).

Renne
     216 tonnes ont été interdites soit environ 8,5 millions de Nok (1,2 millions de dollars). Quant au programme de surveillance il est estimé à environ 10 millions de Nok

Boeuf
     Ce qui a été fait en 87/88 n'a pas entraîné de coût.
 

CONCLUSION:

     Il est très difficile d'estimer les conséquences économiques d'un accident comme celui de Tchernobyl et ce pour des raisons comme celles rapportées pour la laitue en 1986, ou pour l'exportation du saumon qui a souffert bien que le poisson ne soit pas contaminé. Et comment estimer le nombre de touristes américains qui ont annulé un voyage en Europe à cause de Tchernobyl ou bien pour d'autres raisons?
     La plupart des coûts donnés dans ce rapport sont les coûts de production ou bien le coût du programme de nourriture. Dans le cas de rennes, on a aussi donné le coût de la surveillance.
     Cependant la plus grande partie du coût des recherches, du suivi de programmes de nourriture et des programmes de mesures n'est pas inclu dans ce rapport.

p.22

BRÈVE DE TCHERNOBYL
La décontamination mais c'est très simple!
 
     «Il est clair que si après avoir retiré une couche de terre contaminée, on recouvre le sol de béton ou d'asphalte, on parvient à maintenir la (sic) radiation à un faible niveau».
     Intervention de V. Dogoujiev (vice président du Conseil des ministres de l'URSS et président de la Commission d'Etat chargée des situations extraordinaires) devant le Bureau Politique du Parti Communiste de l'Union Soviétique (PCUS) en novembre 1989 (Extrait de la revue «Actualité Soviétique» du 24 janvier 1990).
     Ce haut personnage de l'Etat Soviétique n'indique pas le type de culture qu'il préconise sur la couche de béton ou d'asphalte, pas d'indication non plus sur la destination de la couche de terre enlevée. Il ne mentionne aucune suggestion intéressante venant de notre expert le Professeur Pierre Pellerin!

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