La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°123/124

Equipe Cousteau (avril 1992)
Koslodui: danger immédiat?
 

     Depuis l'ouverture des frontières de l'Europe de l'Est, les journaux décrivent l'alarmante situation des centrales nucléaires de ces pays. Le récent accident de la centrale de Sosnovy Bor, près de Saint Pétersbourg, en Russie, a ravivé la menace d'un nouveau Tchernobyl. L'Europe toute entière est prise en otage par une poignée de "nucléocrates".
     Tout doit être fait pour arrêter les centrales nucléaires les plus dangereuses, qu'elles soient du type RBMK (filière graphite-eau) comme celle de Tchernobyl ou VVER (eau pressurisée) comme celle de Koslodoui, en Bulgarie. Il y va de la sécurité de tous les Européens. 

Le Danube... pour quoi faire?
     L'Equipe Cousteau mène depuis 1990 une grande mission dans les pays riverains du Danube. Quatre heures de film vont être produites et diffusées dans le monde entier dès cet automne. En complément de cette série, nous entreprenons une vaste étude sur l'environnement du Danube. L'objet de ce programme est d'évaluer la qualité de l'environnement, d'identifier les principales sources de pollution, d'étudier les conséquences des dégradations causées au fleuve et à ses affluents par les villes, l'agriculture, l'industrie et les barrages. 
     A vec les autorités et les spécialistes des pays concernés nous proposons, dans un document intitulé "Le Danube... Pour quoi faire?", des solutions immédiates pour éliminer ou réduire les principales causes de détérioration de l'environnement ainsi qu'une réflexion globale sur l'utilisation harmonieuse du fleuve. 
     Cette action est financièrement soutenue par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement et entre dans le cadre des actions menées par les grandes institutions internationales - Banque mondiale, Programme des Nations Unies pour l'Environnement, Programme des Nations Unies pour le Développement, etc. et coordonnées par la Commission des Communautés Européennes. 

Energie nucléaire en Europe de l'Est
     Une étude sur l'environnement ne saurait être complète sans la prise en compte de l'énergie qui est source de pollution aussi bien à la production qu'à la distribution et à la consommation, et cela en dehors de tous accidents. Tous les pays de l'Europe de l'Europe de l'Est ont tenté l'aventure de l'énergie nucléaire. L'électricité d'origine nucléaire représente environ 3% en Yougoslavie, 26% en Tchécoslovaquie, 49% en Hongrie et 34% en Bulgarie (source CEA. "Les centrales nucléaires dans le monde, situation au 31/12/90"). 
     La plupart des centrales nucléaires de ces pays sont du type VVER, d'origine soviétique. Ce sont des réacteurs à eau pressurisée, du même type que la plupart des réacteurs occidentaux. 
     Les experts internationaux de l'AIEA (Agence Internationale de l'Energie Atomique) ont, ces dernières années, porté un vif intérêt aux VVER 230 de 440 MW de la première génération. L'état alarmant d'un certain nombre de ces réacteurs et de leurs systèmes périphériques, en particulier les quatre premières tranches de Koslodoui, les ont amenés à demander que les pays concernés prennent des mesures urgentes de réhabilitation (rapport AIEA et communiqué de presse de juillet 1991). 

suite:
La situation à Koslodoui
     Quelques experts de l'Association mondiales des exploitants de l'énergie nucléaire (WANO), dont EDF est un membre actif, sont à Koslodoui depuis 1991. Un programme d'urgence de six mois est élaboré et financé depuis janvier 1992 par la Commission Européenne dans le cadre du programme PHARE. Budget: 80 millions de francs. Une somme dérisoire comparée à l'estimation faite par la WANO de 6 milliards de francs nécessaires pour remplacer l'instrumentation, améliorer les moyens de contrôle, construire une enceinte de confinement pour les quatre tranches en question, sans toutefois atteindre les standards de sûreté en vigueur à l'Ouest. 
     C'est dans ce contexte que le Commandant Cousteau arrive à Koslodoui le 10 décembre 1991. Il est accompagné par deux experts en sûreté nucléaire, Raymond Sené, du Groupement de Scientifiques pour l'Information sur l'Energie Nucléaire, et de Robert D. Pollard, de l'Union of Concemed Scientists (présidée par Henry Kendall, prix Nobel de Physique). 
     Les conclusions des rapports établis à la suite de cette visite et de l'analyse des documents remis sont les suivantes: 
     - mauvais état général des installations,
     - sous-évaluation de l'accident de référence,
     - absence d'enceinte de confinement répondant aux critères de sûreté actuels, 
     - fragilisation des cuves des réacteurs due à la mauvaise tenue des aciers sous irradiation,
     - système de refroidissement de secours hors normes et insuffisant,
     - absence de salle de contrôle de secours pour les tranches 1 et 2,
     - absence de séparation anti-feu entre les salles de contrôle principales et de secours pour les unités 3 et 4,
     - non séparation physique des équipements de sûreté,
     - non isolation des circuits électriques de puissance et de contrôle conduisant à des risques d'incendies très importants,
     - sous équipement en moyens de détection d'incendie,
     - maintenance et inspection des réacteurs inadaptées,
     - absence d'un simulateur pour la formation du personnel,
     - difficulté, voire impossibilité pour l'approvisionnement en pièces détachées,
     - déficience dans les possibilités d'intervention sanitaire en cas d'accident.
     Selon les experts, les quatre premiers réacteurs de Koslodoui sont sans doute les plus dangereux de tous les VVER actuellement en fonctionnement. Ils doivent être immédiatement et définitivement fermés. 

L'environnement contaminé
     Le 1er mars 1992, un hélicoptère affrété par l'équipe Cousteau survole les environs de la centrale de Koslodoui afin de déceler une éventuelle contamination radioactive de l'environnement. La technique utilisée, spectrométrie gamma par système aéroporté, est développée par le Centre d'Etudes Nucléaires de Valduc du CEA. La maîtrise scientifique de cette opération est confiée au laboratoire de l'AIEA de Monaco. Deux zones contaminées ont été repérées autour de la centrale à l'intérieur du cercle de sécurité de 3 km. Des équipes effectuent des mesures in-situ et prélèvent des échantillons. En plusieurs endroits, on mesure des maximums de 120 kBq/m2 de césium 137 et de 60 kBq/m2 de cobalt 60, soit près de 100 fois les valeurs obtenues sur les terres alentour.

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          Ces mesures confirment et précisent celles réalisées par l'équipe bulgare du Dr Kerbelov. Le siège de l' AIEA à Vienne n'a jamais été informé de cette contamination. Elle daterait de 1978 d'après les autorités de sûreté de la centrale. A cette époque, des femmes de ménages peu consciencieuses, et surtout très mal informées, auraient vidé leurs seaux dans les toilettes après avoir épongé l'eau autour des réacteurs. Cette eau proviendrait obligatoirement de fuites dans le circuit primaire des réacteurs. Depuis les toilettes ont été fermées! Histoire vraie...ou fausse. Elle est malheureusement plausible. La contamination résiduelle que nous avons mesurée ne permet pas de savoir ce qui a été réellement relâché dans l' environne- ment et emporté par le Danube. 
     Nos moyens ne permettent pas d'évaluer une éventuelle contamination des eaux souterraines. Nous ne savons pas comment sont stockés les déchets depuis que les Soviétiques n'en veulent plus. 
Des solutions simples existent!
     Le chantage qui consiste à jouer avec la sécurité des citoyens sous prétexte d'assurer leur approvisionnement en énergie ne tient pas. L'Europe peut à tout moment fournir de l'électricité à la Bulgarie en cas d'urgence. 
     Avant de financer et d'entreprendre le coûteux rafistolage des quatre tranches dangereuses de Koslodoui, des mesures de simple bon sens et d'un coût relativement modeste peuvent être prises. 
     Par exemple, un investissement de 450 millions de francs permettrait d'améliorer le remplacement de 10 millions d'ampoules à incandescence par des ampoules fluorescentes consommant cinq fois moins d'électricité. 
   Un investissement de l'ordre de 300 millions de francs permettrait d'améliorer le rendement des centrales thermiques existantes et de mener une politique nationale d'incitation à l'utilisation rationnelle de l'énergie. De tels investissements permettraient d'économiser l'équivalent de la production électrique des tranches I à IV de Kosloduy, pour un coût largement inférieur à celui de leur rénovation. Aidons les Bulgares à trouver une alternative aux solutions proposées par les marchands de centrales nucléaires. 
     Il faut fermer immédiatement et définitivement les quatres premières tranches de Kosloduy (les deux réacteurs récents VVER-320 ne sont pas concernés) sans attendre un nouveau Tchernobyl.
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Rapport sur Kozloduy
Orsay le 1-02-1992
 
Introduction
     J'ai participé avec l'équipe Cousteau, les 10 et 11 décembre 1991, à la visite de la centrale nucléaire de Kosloduy. 
     Ce site situé sur le Danube à 200 km au nord-est de Sofia, comporte 6 réacteurs à eau pressurisée: les 4 premiers du type VVER 440/B230 sont de vieille conception (années 60). Les réacteurs 5 et 6 du type VVER 1000/B320 sont de conception plus récente. 
     L'Agence Internationale de l'Energie Atomique et WANO ont effectué en 1991 une étude de la sûreté des quatre réacteurs du type VVER 440. 
     Les responsables de la centrale nous ont remis les documents suivants: 
     - I) Advance information - package for VVER 440/230 - safety review mission. I-IV units, NPP Kosloduy. 
     - 2) VVER440 Safety mission. Specification of special safety measures 
     - 3) Program for restoring of systems and equipment design functional availability and upgrading of the operational reliability and safety of units I and II NPP "Kozloduy" vol 1 et 2 
     - 4) VVER 440-230 NPP. Programme for the next six months. WANO Moscow and Paris centres. Vol B 
     La connaissance que nous avons de la conception et des insuffisances de la sûreté de ces réacteurs provient essentiellement de ces documents. 
     Il serait fastidieux et sans intérêt de reprendre l'énumération de tous les points soulevés par les équipes de WANO/AIEA, énumération faite à l'issue de plus de 6 mois de travail d'une équipe nombreuse de spécialistes. Ces équipes en liaison avec des équipes de producteurs occidentaux (par exemple EDF) et les ingénieurs de Kosloduy ont établi une impressionnante liste de tout ce qui leur apparaît important à faire en classant les opérations par ordre de priorité pour la sûreté. 
     Je me contenterai d'extraire les faits les plus importants. 

Type de réacteurs
     Les unités 1 et 2 ont été construites à partir de 1970 et ont divergé en 1974 et 1975. 
     Les unités 3 et 4 ont été construites à partir de 1973 et ont divergéen 1981 et 1982.

     Les unités 5 et 6 ont divergé en 1987 et en décembre 1991. L'unité 6 est donc au stade des tests. 
     Les réacteurs sont du type réacteur à eau pressurisée (PWR pour les pays anglophones ou REP en français) 
     Les tranches 1, 2, 3 et 4 sont des 440 MW é. Chaque réacteur est équipé de 6 boucles comprenant un générateur de vapeur horizontal et deux vannes d'isolement (branche froide et branche chaude) et de 2 groupes turbo-alternateurs. 
     Les tranches 5 et 6 sont des 1000 MWé. Nous nous préoccuperons essentiellement des 4 premières unités. Les 2 dernières ne posent pas les mêmes problèmes de sûreté, en particulier en raison de l'existence d'une enceinte de confinement, même si des améliorations sont à prévoir. 

Conception de la sûreté 
     Les tranches 1 à 4 de Kosloduy sont d'une conception ancienne, fin des années 60. 
     La sûreté est fonction des idées et des connaissances que l'on avait à l'époque de la conception. Il ne faut pas oublier qu' il s'écoule environ 10 ans entre l' étude de ce genre d' installation et la production du premier kilowatt. 
     L'état actuel de ces installations est fonction
     de la conception:
     * utilisation de matériaux se dégradant plus rapidement que prévu, 
     * absence de certains équipements de sûreté, 
     * non séparation physique des équipements de sûreté redondants, 
     * équipements communs pour une paire de réacteurs (exemple de dernière minute: 30 janvier 1992 incendie d'un tableau électrique desservant les réacteurs 3 et 4. AFP et Le Monde 5 fev 92 p.28), 
     * "philosophie" des ingénieurs (pour exemple dans ref (I) chap.X, p.257 pour la logique de l' étude des problèmes de protection..."en partant de l'impossibilité de la rupture de la tuyauterie principale de circulation"., 
     * etc.. 
     de la qualité de la réalisation:
     * qualité des matériaux utilisés, 
     * qualité des équipements mis en place, 

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     de la maintenance:
     * manque de personnel qualifié,
     * manque de pièces détachées rendu encore plus criant avec la désagrégation du COMECON.
     Au niveau de la conception il est évident que les problèmes rencontrés sont très inégaux. 
     Certains équipements sont plus performants que les équipements correspondants occidentaux, par exemple les générateurs de vapeur
     Plusieurs points sont essentiels:
     - L'accident de référence 
     L'accident de référence (qui se modifie au fil des retours d'expérience) permet de définir les protections qui permettront de limiter les conséquences de cet "accident enveloppe". A Kosloduy on a juste pris en compte la rupture d'une canalisation de diamètre 100mm avec un "étrangleur" réduisant la section à un diamètre effectif de 32 mm. Actuellement, sur tous les réacteurs, on prend en compte la rupture de la plus grosse canalisation possible qui sur les tranches 1 à 4 est d'environ 500 mm. 
     - Enceinte de confinement
     L'enceinte de confinement des tranches 1 à 4 est un simple dôme en acier. Il a été calculé en envisageant un accident de référence correspondant à la rupture d'une canalisation de petit diamètre (32mm) .Ceci conduit à ne prendre en compte que la vaporisation d'une faible quantité d'eau, donc une faible surpression. 
     Les critères utilisés de nos jours pour les REP tant dans les pays occidentaux que dans les pays de l'est (voir à ce sujet les réacteurs du type VVER 1000 munis d'une enceinte de confinement de grand volume) prennent en compte la rupture de la canalisation du plus grand diamètre, ce qui conduit à des enceintes de grande dimension permettant de limiter l'accroissement de la pression dû à la vaporisation de l'eau. Même dans ces conditions, l'analyse de l'accident de Three Mile Island a conduit les autorités de sûreté françaises à installer un système de dépressurisation des enceintes (filtres à sable) pour éviter une rupture de l'enceinte en cas de pic de pression. 
     De la même façon des systèmes de dépressurisation du dôme existent sur les VVER 440. Mais ils débouchent dans le hall des réacteurs dont les qualités d'isolement sont dérisoires, et cela indépendamment de l'état de délabrement actuel. 
     Il est clair que la protection en place pour les tranches 1 à 4 de Kosloduy est très insuffisante. 
     Lors d'une discussion, les ingénieurs responsables de la sûreté nous ont fait part de leurs études pour mettre en place un système de collecte des évents des dômes afin d'éviter un rejet dans le hall, et donc dans la nature, en cas d'accident survenant sur un de ces réacteurs. 
     L'opportunité de travaux de cette ampleur sur ces installations sera discutée ultérieurement. 
     - Risque Hydrogène
     Un accident grave entraîne des dégagements d'hydrogène produit par une réaction entre le Zirconium des gaines du combustible et l'eau du circuit primaire. Des systèmes de mesure de la concentration en hydrogène, de brassage de l'air de l'enceinte, de combustion ou de recombinaison sont indispensables pour éviter ou limiter les risques liés à une explosion d'hydrogène. Le très petit volume du dôme de confinement permettrait la concentration d'hydrogène à un niveau dépassant la zone de transition "détonation - déflagration" (explosion avec onde de choc). 
suite:
     - Arrêt d'urgence
   Les documents en notre possession indiquent que lorsque la fonction d'arrêt d'urgence est déclenchée, les barres d'arrêt d'urgence (scram) tombent dans le creur par effet de gravité sans qu'un système de motorisation force la descente. L'insertion demande environ 12 secondes, ce qui dans certains cas peut s'avérer trop long. 
     - Systèmes d'injection de secours
     Les systèmes d'in jection de secours prévus en cas de rupture de canalisation sont notoirement insuffisants. Ils sont conçus pour pallier la perte d'eau due à la rupture d'un tube de petit diamètre. Les systèmes d'injection d'eau borée sous haute pression et sous basse pression sont entièrement à redéfinir. La localisation des pompes de secours, à proximité des pompes alimentaires rendrait le système inopérant en cas d'accident. 
     Les accumulateurs d'eau borée ont une capacité insuffisante. 
     - Salle de contrôle de repli
    Cette salle de contrôle, comportant un rappel des commandes essentielles du réacteur, destinée à être utilisée en cas de sinistre rendant inexploitable la salle de contrôle principale, n'existe pas pour les tranches l et 2. Pour les 3 et 4 elle est située à proximité de la salle principale sans une réelle isolation assurant une protection contre l'incendie ou les fumées. 
     Pour les tranches let 2, la proposition des ingénieurs de la centrale consistant à installer une commande de secours des barres d'arrêt d'urgence dans la salle de contrôle de l'unité voisine (commande de secours pour l'unité 2 dans la salle de commande de la 1 et vis versa) est un "bricolage" en première analyse intéressant, mais pouvant induire des confusions et des pannes de mode commun. 
     - Câbles électriques
     D'une façon générale on rencontre trois caractéristiques graves plus ou moins difficiles à corriger:
     - les chemins de câbles sont insuffisamment séparés, voire non séparés, y compris pour les câbles redondants (fonction de secours en cas de destruction de la liaison normale) 
     - les câbles ne sont pas incombustibles
     - leur tenue à l'inondation n'est pas assurée et à fortiori leur tenue en cas d'accident grave (tenue dans une ambiance de température, de taux de vapeur, de pression et de débit de dose élevés). Dans cette situation ils ne seraient pas à même d'assurer le transit des informations vers la salle de contrôle ni la commande des dispositifs de secours. 
     Si l'échange des câbles est réalisable, la mise en place de traversées étanches qualifiées est déja plus délicate et la réalisation de nouveaux cheminements des câbles peut s'avérer impossible. 

Remarques générales
     - Tenue des aciers sous irradiation
     Les cuves sont construites dans un acier à faible teneur en cobalt qui, bien qu'ayant l'avantage d'une plus faible activité induite par activation, présente le très grave inconvénient de se dégrader sous irradiation, rendant la cuve fragile et dangereuse (surtout en cas d'accident, sous l'action d'une injection d'eau froide). La solution palliative envisagée, un recuit des cuves, demande la mise en place de très gros moyens pour un résultat incertain. 
     De plus le faible diamètre de la cuve par rapport à la dimension du coeur entraîne une épaisseur d'eau trop faible pour protéger efficacement le métal du flux de neutrons. Même après un recuit le phénomène continuerait à se produire, redonnant les mêmes effets. La modification envisagée consistant à placer sur la périphérie du coeur une couche d'assemblages inertes en acier (black assembly) pour diminuer le flux de neutrons atteignant la cuve devrait ralentir le phénomène au prix d'une diminution de la puissance nominale.

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     - Problème d'approvisionnement en pièces détachées pour la maintenance.
     De tout temps la question de l'approvisionnement en pièces détachées a été un sujet d'inquiétude dans les pays de l'Est. La rupture des chaînes de production des équipements ne peut être compensée par la fourniture de composants étudiés pour les réacteurs "occidentaux". Il est illusoire de penser qu'on peut mettre en service dans de très courts délais des unités de fabrication de composants pour les VVER. Par ailleurs il n'est pas possible sur le plan de la sûreté de remplacer un équipement par un autre non étudié et non qualifié à cette fin. Si un effort doit être fait, il est plus réaliste de le faire pour la famille des VVER 1000. 
     - Proximité des populations
     La ville de Kosloduy située à quelques kilomètres de la centrale abrite 14.000 habitants. La proximité pose problème en cas d'accident grave. L'expérience malheureuse de Tchemobyl nous l'a montré. Un responsable de la centrale m'a signalé qu'un exercice d'alerte avait été réalisé. Il a permis de se rendre compte que la seule route d'accès au site, route de première catégorie entre Botevgrad et Kosloduy, ne permettrait pas de faire transiter dans un sens les moyens lourds de secours pour la centrale et dans l'autre sens les véhicules pour évacuer les populations.
Conclusions
     Les très nombreux points soulevés par les experts de l'A.I.E.A. nous donnent à penser qu'un accident grave survenant sur une des quatre tranches du type VVER 440 conduirait à une perte de confinement 'entraînant le rejet de produits radioactifs dans l'environnement. L'ampleur d'un tel rejet risquerait d'être d'autant plus importante que les systèmes de secours sont largement sous dimensionnés et d'une conception qui risque de les rendre très rapidement inopérants. 
     Malgré la problématique de l'approvisionnement en électricité de la Bulgarie, il semble que la meilleure solution soit d'arrêter le plus rapidement possible les tranches 3 et 4 qui sont encore en fonctionnement actuellement. 
     Si on envisageait d'effectuer sur les unités 1 à 4 des opérations destinées à essayer d'élever leur niveau de sûreté, il faudrait étudier l'opportunité de ces opérations en analysant l'ensemble des solutions envisagées tant sur le plan:
     - des ressources humaines,
     - des problèmes de santé des travailleurs concernés,
     - des possibilités techniques, 
     - des aspects économiques.
     Il semblerait plus raisonnable pour toutes ces raisons de faire porter prioritairement tous les efforts sur l'amélioration de la sûreté (et la fiabilité) des VVER 1000. Cela permettrait en outre de renforcer les équipes de ces deux tranches par les effectifs des quatre autres qui pourraient apporter leur expérience et leurs compétences. 
Raymond SENÉ
p.21a
1. Les centrales nucléaires Th. Margoulova Ed MIR 1974
DERNIERE MINUTE

ENQUETE PUBLIQUE SUPERPHENIX DU 30 MARS 1993 AU 30 AVRIL 1993

L'enquête publique pour le redémarrage de Superphénix débute le 30 mars 1993 et se terminera le 30 Avril.
1- Ecrivez directement à la préfecture de l'ISERE, 38000 Grenoble et/ou à la préfecture de l'Ain, 01000 Bourg-en-Bresse pour faire part de vos remarques.
2- Participez à la campagne du Comité Malville en recopiant la lettre type, renvoyez-la à: Comité Malville 4 rue Bodin 69001 Lyon. Ils se chargeront de toutes les conduire au Commissaire-Enquêteur.
3- Faites circuler la lettre type pour qu'il y ait le maximum de participation ou bien alertez pour que chacun s'exprime.

Lettre type proposée par le Comité Malville

 
Nom

Adresse

A Monsieur le Président de la Commission
d'enquête pour la centrale de Creys-Malville
     Monsieur le Commissaire Enquêteur 
     Dans le cadre de l'enquête publique relative au renouvellement de l'autorisation de la centrale de Creys- Malville, j'ai l'honneur de vous faire part des remarques suivantes, que je vous demande de bien vouloir annexer aux registres d'enquêtes.
     Je veux vous dire mon indignation à la connaissance de l'ouverture de l'enquête sur un périmètre de quelques 5 km alors qu'aucun débat démocratiques sur les choix énergétiques français n'a eu lieu, pas même au parlement, et que l'exploitation d'une installation de ce type concerne directement des millions de personnes en Europe. Quel mépris pour la Démocratie! 
     Je veux également vous exprimer le sentiment de manipulation que j'éprouve à l'égard de la proposition de faire fonctionner le surgénérateur Superphénix en sous-générateur. La sous-génération n'est guère pour le moment qu'une vue de l'esprit: son application dans le réacteur de Creys-Malville n'aurait lieu au plus tôt qu'avec le troisième chargement de combustible (au delà de l'an 2000) et sa faisabilité fmancière est incertaine aux dires mêmes du ministre de la Recherche.
Il est tout à fait impossible que la gestion de la fin du cycle du combustible nucléaire (les déchets radioactifs), dans l'impasse actuellement, puisse être résolue dans la fuite en avant de la sous-génération et de la transmutation.
     Ce qui est sûr par contre, c'est que l'expérimentation de ces nouvelles techniques dans Superphénix aggravera les risques inacceptables de ce réacteur unique au monde. La Direction de la Sûreté des Installations Nucléaires n'hésitait pas à déclarer il y a quelques mois: "Il faut considérer  que la probabilité d'apparition de nouvelles défaillances est significative".
     Je pense que l'exploitant de la centrale et les industriels associés à ce projet (essentiellement le CEA) ne visent qu'à sauver la face et atténuer l'effet d'une faillite déjà financée par les contribuables dont je fais partie.
     En conclusion, je vous demande instamment, Monsieur le Commissaire Enquêteur de donner un avis très défavorable pour le renouvellement de l'autorisation de la centrale nucléaire de CreysMalville.
(signature)

 
 
p.21b
L'ESSENTIEL: PARTICIPEZ !!!!
PARTICIPEZ ACTIVEMENT POUR EXPRIMER VOTRE OPINION AVEC LES 2 PETITIONS
SUPERPHENIX ARRET DEFINITIF
PETITION EUROPEENNE POUR UNE AUTRE POLITQUE ENERGETIQUE
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