La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°145/146, novembre 1995
Les aquitains futurs polynésiens?

Henry Chevallier

     Le gouvernement n'arrête pas de nous affirmer que le demi-douzaine d'essais nucléaires prévus à Moruroa seront les derniers (promis juré!) et qu'à partir de l'année prochaine les essais seront simulés «en laboratoire», «sur ordinateurs».
     Il s'agit là d'une énorme désinformation. Le revue «Science & Vie», dans son numéro d'août, a publié le plan de ce «futur simulateur»: il s'agit d'un énorme complexe de production de faisceaux laser, ces faisceaux au nombre de 240, convergeant sur une capsule dans laquelle sera atteinte la température de la fusion nucléaire (100 millions de °C). Cette machinerie aura la taille d'un réacteur nucléaire et de ses bâtiments annexes. Le lieu d'implantation de ce simulateur, que «Science & Vie» ne précise pas, sera le CESTA (Centre d'études scientifiques et techniques d'Aquitaine), situé dans la commune de Le Barp, dans les landes girondines, sur la route Bordeaux-Bayonne. Le CESTA dépend de la DAM (Division des applications militaires) du CEA (Commissariat à l'énergie atomique).
     D'après les données techniques  fournies par «Science & Vie», le simulateur projeté a des analogies avec les machines à fusion au laser de type «Phébus» ou «Nova».
     La fusion nucléaire est l'utopie électronucléaire de l'an 2000: on espère remplacer les réacteurs nucléaires à fission actuels par des réacteurs à fusion «qui reproduiront l'énergie du soleil». Le principe est de faire fusionner deux éléments atomiques légers grâce à l'obtention d'une température de plusieurs dizaines de millions de °C. Depuis plus de 20 ans, différentes machines à fusion ont été expérimentées comme le «Tokamak» du centre de Fontenay-aux-Roses et le «Tore-Supra» du centre de Cadarache. Cette première génération d'engins, constitués par un tore et d'énormes bobines développant des champs magnétiques, s'est révélée peu rentable, la température de fusion étant très difficile à atteindre. On s'oriente maintenant sur des machines où cette température est obtenue par la concentration de faisceaux laser.
     Deux éléments sont utilisés pour la fusion nucléaire: des isotopes de l'hydrogène, le deutérium et le tritium. La réaction thermonucléaire donne naissance à de l'hélium et à une émission de neutrons.
     Raymond Sené a fait l'analyse critique d'une telle technologie dans la Gazette nucléaire N°119-120 (1992). La domestication de la fusion comme énergie électronucléaire reste des plus aléatoires En outre, quoiqu'en disent ses promoteurs, ce ne serait pas une énergie «propre». La fusion deutérium-tritium entraînera des fuites de tritium (élément radioactif) et la formation d'autres radioéléments engendrés par le bombardement des neutrons.
     Une machine à fusion est donc aussi polluante et dangereuse qu'un réacteur nucléaire à fission. On construirait ainsi, dans le sud-ouest, une nouvelle installation nucléaire qui ne serait pas sans dangers: les Aquitains futurs Polynésiens?
     Le «simulateur» du Barp pourrait ainsi avoir plusieurs objectifs: étude des «explosions» nucléaires et poursuite de l'expérimentation de réacteurs à fusion au laser.
     Une autre critique d'un tel programme est d'ordre économique. Le coût de la «simulation d'essais nucléaires» est estimé à 15 milliards de F. Un «tir» laser dans le simulateur du CESTA (baptisé «laser mégajoule») nécessiterait une consommation électrique de 30 mégawatts, soit la consommation d'une petite ville! Une nouvelle ligne THT, de 225.000 volts, passant, comme par hasard, par le Barp, est prévue par EDF. Ce serait, par exemple, de l'électricité produite par la centrale du Blayais ou par celle de Golfech qui alimenterait le CESTA: c'est le serpent qui se mord la queue, l'électricité produite par des centrales atomiques étant consommée par des machines nucléaires improductives: machines à fusion, surgénérateur «Superphénix» de Malville, accélérateurs de particules, installations de la Force de Frappe... La France est bien le champion du lobby nucléaire!
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Conséquences médico-sociales
des essais nucléaires en Polynésie
     Le compte-rendu de la mission d'études et de rencontres que l'AMFPGN a réalisé sous la direction du Dr. Frank Feuilhade en avril 1990, au moment où le président Jacques Chirac annonce la rupture du moratoire français sur les essais nucléaires, constitue une documentation toujours valable sur les conséquences des essais nucléaires en Polynésie (Vol 5, N°3, épuisé, photocopie sur demande).
Cette mission était composée de deux médecins spécialisés en médecine nucléaire (Pr. Galle, Dr. Behar), deux en santé publique (Pr. Blanchard, Dr. Denis), un cancérologue (Dr. Feuilhade), deux directeurs de l'INSERM, l'un en hématologie (Dr. Dresch) et l'autre en psychiatrie (Dr. Tomkievicz), un directeur d' UFR en Sciences économiques (M. Fontanel).
Les conséquences médicales et sanitaires
     Le rapport affirme que les informations mises à disposition ne permettent pas de conclusions fermes. Il apparaît «qu'il n'y a pas actuellement de pollution nucléaire majeure à Moruroa, mais nous n'affirmons pas qu il n'y a pas de risques».
Les cancers radio-induits
     «Il n'est pas possible d'apporter une réponse, les données nécessaires pour ce calcul ne sont pas toutes connues et certaines ne sont même pas recueillies. Des moyens pourraient être mis en oeuvre pour répondre à cette question. Il faudrait connaître avec plus de précision le taux d'incidence des cancers en Polynésie, identifier les populations exposées, connaître le taux d'exposition pour ces populations en séparant la période des essais atmosphériques et celle des essais souterrains...»
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     En ce qui concerne les conséquences sanitaires «il faut étudier les conséquences biologiques directes de l'exposition ionisante, mais également s'intéresser aux conséquences psychologiques des essais nucléaires, aux modifications sociales, économiques et anthropologiques induites par l'installation du Centre d'Expérimentation du Pacifique
     Le rapport constate qu'il n'y a pas de suivi psychiatrique dans les fiches des travailleurs à Moruroa. Ces travailleurs au nombre d'environ 10.000 depuis 1966 contrairement à la législation (2 octobre 1986) ne peuvent disposer pour leur médecin que d'une fiche sans information sur les expositions. «Étant donné le grand délai de latence pour l'apparition des cancers radio-induits, il existe là une lacune grave dans le suivi du personnel exposé... Un suivi pourrait servir de base à des études épidémiologiques plus approfondies sur les cancers radio-induits...» Pour la population polynésienne en général «la faiblesse numérique... peut rendre difficile la mise en évidence de cancers radio-induits... La probabilité de mettre en évidence des cancers radio-induits dépend de la taille numérique de l'échantillon exposé mais plus encore du niveau d'exposition. Rappelons qu'aucune donnée sur les pollutions radioactives par retombées lors des essais atmosphériques n'a été communiquée». «En 1985, 20% des décès n'avaient pas eu de certificat médical identifiant la cause et parmi les décès certifiés, 19% étaient attribués à des symptômes mal définis». Le registre des cancers:  «La couverture a été estimée en 1985 à 50%, l'une des plus faibles du Pacifique...60% en 1988».

Le développement de la ciguatera
     Cette maladie rarement mortelle se transmet à l'homme en mangeant du poisson contaminé. A partir d'un bouleversement de l'écosystème avec mortification du corail, un micro-organisme prolifère sur les algues qui envahissent les coraux morts. La ciguatera s'est développée en Polynésie à la suite des travaux effectués sur les atolls et particulièrement sur l'atoll d'Hao dans le cadre des essais nucléaires. La fréquence de la ciguatera est en diminution depuis l'arrêt des essais.

Les essais nucléaires et la radioactivité
     Il y a eu une contamination de l'atoll de Moruroa par du plutonium projeté notamment sur les zones Denise et Colette lors d'essais dits de sécurité entre 1966 et 1974, plusieurs centaines de grammes ou plusieurs kilos selon les sources d'information longtemps dissimulées. En 1981 une tempête a dispersé le plutonium fixé par du goudron. Des fûts de déchets nucléaires auraient été également dispersés. 7 années ont été nécessaires pour la décontamination de la zone.

suite:
A l'heure actuelle, l'élimination du plutonium qui est déposé au fond du lagon fait l'objet d'un suivi minutieux tandis qu'il s'élimine en haute mer par la passe.
     On ne peut donc pas dire qu'il n'y a jamais eu de contamination radioactive à Moruroa même si elle n'a jamais eu le caractère dramatique de celle des îles Marshall. L'avenir des radionucléides piégés dans l'atoll le resteront-ils jusqu'à l'épuisement de leur radioactivité? L'atoll de Moruroa contient plus d'une centaine de cavités entourées de zones de fractures et de fissures engendrées par les explosions avec des possibilités de communications et de migrations par des courants aqueux «Nous n'avons pas été convaincus de l'innocuité des réserves de radionucléides à durée de vie longue contenus dans les éboulis disséminés dans le socle de l'atoll».

Les conséquences économiques et sociales
     Le rapport de la mission de l'AMPPGN concluait l'étude des conséquences des essais nucléaires sur la vie sociale et économique en Polynésie:
     «Il en résulte un effondrement du secteur productif local, un gonflement du secteur tertiaire, une désertification des archipels, une concentration urbaine désordonnée et des bidonvilles, une rupture avec le mode de vie traditionnel, une augmentation du chômage et de la délinquance, un accroissement des inégalités sociales, un déracinement du peuple polynésien».

Conclusions
     Les médecins de l'AMFPGN demandent en conclusion:
     «La publication des mesures effectuées pendant la période des essais aériens et les conséquences de ces essais, une étude des populations par un suivi épidémiologique, une étude de la flore et de la faune des atolls des Tuamotu-Gambier exposés durant les essais aériens, la levée du secret-défense sur les questions à caractère environnemental et scientifique (demande déjà faite par Tazieff et Cousteau et jamais prise en compte), un suivi épidémiologique des travailleurs de l'atoll, la prise en compte des autres conséquences médicales, sanitaires, psychologiques et sociales et en assurer la publication».
     Aujourd'hui, devant l'affirmation officielle de l'absence de conséquences sur l'homme et l'environnement et à la veille d'une reprise des essais, l'AMFPGN demande à nouveau ces informations et ces études qui permettront de se prononcer avec plus de précision sur les conséquences des essais nucléaires français dans le Pacifique.

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Médecins sans Frontières 1995
     Durée de la visite en Polynésie: 7 jours, sans visite à Moruroa.
     «Aujourd'hui, compte tenu du contexte international qui accompagne la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique, la population polynésienne est en proie à une grande inquiétude majorée par l'absence d'information sur les risques réels qu'elle encourt actuellement ou qu'elle a encouru dans le passé.
     Jusqu'en 1985, le chef du Service de Santé et Directeur de la Santé Publique de Polynésie était systématiquement un médecin militaire.
     Un registre territorial des cancers est actuellement opérationnel en Polynésie. Il fonctionne depuis 1985. La Direction de la Santé Publique à Papeete a confirmé qu'il n'y a pas de registre territorial spécifique pour les malformations congénitales... A peine 40% des certificats de décès de l'ensemble du territoire sont signés par un médecin...
     En 1992, la Direction territoriale de la Santé Publique évaluait la couverture du registre des cancers à environ 60% de l'incidence réelle des cancers pour l'année 1988. Il semble que les médecins militaires en charge de la Santé Publique n'ont pas pratiqué de collecte systématique des données de santé concernant la population au moins jusqu'au milieu des années 80. Si ces données existent, elles ne sont pas du domaine publique. Il n'y a pas non plus de données confirmées sur l'état de santé à long terme du personnel expatrié. Les autorités médicales en rapport avec le CEP admettent que cette situation n'est pas satisfaisante.
     Enfin, aucune information n'est disponible sur la morbidité et la mortalité chez le personnel polynésien. Il n'y a pas de recensement ni de suivi médical centralisé pour cette catégorie de la population à risque.
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     Nous avons rencontré des difficultés pour rassembler les informations... Certaines données n'ont pu être obtenues simplement parce qu'elles n'existent pas. (La mission a mis) en évidence des insuffisances objectives du système territorial de surveillance en matière de santé publique.
Cette situation était déjà dénoncée dans le rapport de l'AMFPGN en 1990. Malheureusement, aucun changement ne semble être intervenu depuis.
     Certains médecins et spécialistes de la Santé Publique considèrent que le fait même de l'implantation du CEP et la réalisation des essais nucléaires (notamment des essais en atmosphère) constituent un risque en soi et qu'il n'est pas éthiquement acceptable de laisser la population soumise à ce risque sans aucun suivi. C'est cette position que soutient MSF à l'issue de sa mission en Polynésie»

     Les conclusions et recommandations de MSF sont les suivantes:
     «1. Les effets négatifs de l'exposition d'une population aux radiations ionisantes, en particulier la survenue de cancer, ont été largement démontrés, y compris dans le cadre d'essais nucléaires militaires.
     2. Il existe en Polynésie française une population composée des habitants des îles Gambier et Tureia, ainsi que des travailleurs polynésiens ayant séjourné sur les sites des essais, qui a été exposée à 41 essais en atmosphère dont 3 ayant donné lieu à des contaminations reconnues par les autorités.
     3. Il n'existe pas actuellement en Polynésie de système permettant de suivre de fa çon satisfaisante cette population, ni de détecter de façon précoce la survenue d'éventuels cancers.

     Pour ces raisons, il nous semble important que les mesures suivantes soient prises, avec l'appui des autorités, par les responsables de la santé publique du Territoire:
     - amélioration de la couverture et de la qualité du registre des cancers du territoire,
     - amélioration de l'accès aux soins des habitants des îles Gambier et Tureia,
     - analyse et publication des données disponibles sur la santé des travailleurs du CEP,
     - constitution d'une cohorte des travailleurs polynésiens sur les sites et suivi rétrospectif,
     - surveillance environnementale de la ciguatera et information des populations en cas de reprise des essais

Conclusion
     L'absence d'information qui rend impossible une évaluation des risques sur la santé ne signifie pas l'absence de risque. En particulier, face aux risques manifestement négatifs sur l'environnement et pour la santé des travailleurs et des populations sous le vent des autres sites nucléaires (Australie, îles Marshall et Christmas, Nevada et Kazakhstan), les affirmations selon lesquelles les tests nucléaires français dans le Pacifique ne présentent aucun risque pour la santé sont motivées par des considérations politiques plutôt que par des considérations scientifiques.

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Le président Chirac au-dessus des lois?
     Alors qu'il s'agit d'essais nucléaires souterrains, il semble que le président de la République soit dans un nuage qui pour les juristes le met hors la loi. Quelque soit le Président de la République, la raison d'État, ce monstre froid qui justifie toutes les barbaries, est bien hors du droit, qu'il s'agisse de décider de couler le Rainbow Warrior en 1985 ou aujourd'hui reprendre les essais nucléaires.
     Selon une affirmation récente de M. Lionel Jospin à la Télévision, ces essais seraient conformes au droit. Il n'en est rien. Il est en effet étrange de voir une décision aussi importante annoncée lors d'une conférence de presse sans être ni signée, ni publiée au Journal Officiel. Il s'agit néanmoins d'un acte officiel du Président de la République qui en tant que tel, dans un État de droit, doit pouvoir faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d'État. Ne risque-t-on pas de découvrir à cette occasion que l'État nucléaire est un État au-dessus des lois, autrement dit totalement arbitraire. En effet, aucun texte ne précise comment une telle décision doit être prise. La constitution partage maladroitement les responsabilités en matière de défense nationale entre le Président de la République et le Premier Ministre. Si l'on admet sur la modeste base, probablement inconstitutionnelle, d'un décret du 14 janvier 1964 que le Président décide d'engager les forces nucléaires, la décision d'effectuer des essais nucléaires semble plutôt se rattacher au fonctionnement et à l'entretien des armées qui sont de la compétence du Premier Ministre et du Ministre de la Défense Nationale. En tout état de cause les pouvoirs du Président de la République de l'art. 15 de la Constitution ne peuvent être exercés qu'avec le contreseing du Premier Ministre, ce qui n'a pas été le cas.
     Un des grands apports du droit de l'environnement est de soumettre les activités de la défense nationale aux mêmes principes et règles de fond que les activités civiles de l'État ou les activités des particuliers. De ce fait et en l'absence de toute dispense expresse, les essais nucléaires devaient être soumis à enquête publique, étude d'impact et à autorisation préalable au titre de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992. 
Si les nouveaux principes énoncés dans la loi Barnier du 2 février 1995 ont un sens et une utilité, ils doivent également pouvoir s'appliquer: principe de précaution et de participation, droit de chacun et droit des générations futures à un environnement sain, sans oublier le droit à la santé qui est constitutionnellement protégé.
     Enfin le droit international de l'environnement qui s'impose à la France comporte un nombre impressionnant de dispositions qui, au-delà de la morale internationale, obligent à ne faire aucun acte qui risque de porter atteinte à l'environnement d'autres États ou aux espaces internationaux. L'écosystème marin et les fonds sous-marins sont assez fragiles pour mériter une attention particulière. De façon précise la convention de Nouméa de 1986 sur la protection des ressources naturelles et de l'environnement de la région Pacifique Sud, applicable en Polynésie française, protège le milieu marin et son sous-sol.
     Quant à la convention européenne des droits de l'homme, recours suprême contre l'arbitraire, elle exige la possibilité d'un recours effectif pour les violations commises par des personnes agissant dans l'exercice de leur fonction officielle et interdit toute discrimination affectant une minorité nationale. Puisque les essais nucléaires ne présentent aucun risque présent ou futur pour les populations locales et leur environnement, pourquoi ne pas les réaliser en métropole comme l'a suggéré récemment avec sagesse M. Jacques Bouchard, Directeur des applications militaires de CEA devant la commission de la Défense Nationale de l'Assemblée Nationale (Le Monde 22 juillet 1995).
     En tout état de cause la reprise des essais nucléaires devrait être suspendue tant que la Cour Internationale de Justice saisie par l'Assemblée générale des Nations Unies ne s'est pas prononcée sur le point de savoir si le droit international permet de recourir à la menace de l'emploi d'armes nucléaires.
Michel Prieur
Président de l'Association Européenne
de Droit de l'Environnement
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Appel des juristes contre la reprise des essais nucléaires
     Considérant la reprise des essais nucléaires comme contraire au droit pour les raisons suivantes:
     - violation de la Constitution (incompétence du Président de la République au titre de l'art. 15, absence de contreseing du Premier Ministre contraire à l'art. 19),
     - violation du droit de l'environnement en l'absence d'enquête publique, d'étude d'impact et d'autorisation au titre de la loi sur l'eau,
     - violation des règles et principes de droit international:
     a) en matière d'environnement (Déclaration de Rio, Convention de Nouméa sur la protection de l'environnement dans la région Pacifique Sud),
     b) en matière de droits de l'homme (droit à la vie, droit à la santé, discrimination affectant une minorité nationale, absence de recours effectif),
     c) en matière de droits humanitaires (convention de Genève et traité de non-prolifération nucléaire),
     Les juristes prient le Président de la République dans l'attente de la décision de la Cour Internationale de Justice saisie par l'Assemblée Générale des Nations Unies sur le point de savoir si le droit international permet de recourir à la menace de d'emploi d'armes nucléaires, de rétablir de moratoire jusqu'à la signature du traité d'interdiction des essais nucléaires.
Jean-Jacques de Félice
Avocat
Michel Prieur
Professeur de droit
Nom
Qualité
Adresse
adhère à l'appel des juristes contre les essais nucléaires

soutien financier ci-joint à:
ADEPAL, Montaigut, 87.500 St-Yrieix

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Moruroa
Notre envoyé spécial Georges Caniac
Premières impressions
     Lorsque l'avion d'Air-France commence sa descente, les sommets de l'île nous surplombent et soudain, nous avons la paroi de la montagne d'un côté et la mer de l'autre. Après 24 heures de vol, coupé par une seule escale à Los Angelès, nous voici enfin à Tahiti, pour des vacances tant espérées.
     L'aéroport est encombré par l'arrivée simultanée de trois avions: vacanciers comme nous, familles de métropolitains en visites et militaires...
     Trente ans après, ce qui me frappe le plus, c'est la construction intensive de maisons et d'immeubles entre Faaa, l'aéroport, et Papeete, la capitale. Il y a même une voie rapide, fort encombrée qui relie les deux.
     Lors de notre arrivée, le 28 juin 1995, les médias parlent abondamment de l'annonce de Chirac sur la reprise des essais nucléaires. Bien plus que les medias métropolitains! Mais, en général, pas mieux. Ainsi, la Dépêche du 28 juin publie 6 pages sur la reprise des essais, dont un article sur deux pages, non signé, intitulé «Nucléaire: quelques vérités bonnes à rappeler» dont le style est 100% DIRCEN.
     L'opposition au gouvernement[1] de Gaston Flosse, principalement les indépendantistes, enfoncent le clou et appellent à manifester le lendemain, contre une décision arbitraire les concernant. Les popa'a[2] se font peur et propagent par téléphone leur hystérique paranoïa pour le plus grand plaisir du gouvernement.

Manifestations
     Un groupe d'une trentaine de manifestants devant la maison (son «palais» d'Erima) de Flosse sont chassés brutalement par la police[3]. On se sent plus près de Haïti que de la «démocratie de droit» dont se gargarisent tant nos politiciens. D'ailleurs, pour nous qui venons de Suisse, état policier s'il en est, nous serons étonnés par la forte présence policière, partout même dans les autres îles, tout au long de notre séjour!
     Le lendemain 29 juin, la manifestation est grandiose, incohérente, bon enfant, avec des enfants partout, et s'achève par le blocage (facile) de la ville grâce aux camions des municipalités d'opposition qui bloquent les deux seules entrées possible de la ville pendant trois jours.

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     Et pendant ce temps, à Pirae, dans un stade vide, quelques 400 invités et le gouvernement, célébraient l'anniversaire de l'autonomie interne, entourés de gardes mobiles. Le schisme entre deux sociétés de Tahiti était flagrant[4]...»
     10.000 à 30.000 manifestants, voilà une large mobilisation pour une population, peu politisée et sous-informée[5]. Les partis indépendantistes, Hiti Tau[6], syndicats[7], pacifistes[8] et certaines églises[9] appelaient à cette manifestation.
     Bien sûr, la presse Hersant et RFO s'en donnent à coeur joie:
«le Tavini[10] prend la population en otage !». Désinformons. désinformons, il en restera toujours quelque chose...
     L'arrivée du Rainbow Warrior auquel on refuse le quai d'honneur, au centre ville «pour raisons de sécurité», sera un comble d'hypocrisie de la part du gouverneur colonial (pardon, on dit maintenant «le haut commissaire»).
     Son départ pour Moruroa avec Oscar Temaru et Monseigneur Gaillot fut précédé par une activité fiévreuse de la gent militaire «en état d'alerte» pour éviter le ridicule télévisé.
     Déclaration sans rire du haut-commissaire : «La circulation dans Moruroa est libre, preuve qu'il n'y a pas de danger radioactif, mais son accès est interdit jusqu'au 31 mai 1996, par un arrêté du 23juin 95».
     Malheureusement pour l'armée, on ne peut plus cogner en paix comme autrefois. La transmission en direct, par satellite, est passée par là.

Informations
     L'information locale, en Polynésie est faite essentiellement par RFO pour la radio et la télévision (+ une chaîne cryptée àPapeete) et pour la presse par celle d'Hersant, en forte position de monopole (80 %), avec la Dépêche de Tahiti et Les Nouvelles[11].
     La presse indépendante se trouve dans l'Écho de Tahiti, fragile, dans Tahiti Pacifique[12], hebdomadaire très professionnel et la Tribune Polynésienne.
     Une radio originale, Radio Tefana, émet aux îles sous le vent. Bourrée d'informations en français et en langue mahoi, elle a la bonne idée de rediffuser les émissions en français de Radio-Australie.
     Pacific Islands est un mensuel en anglais qui couvre la région du Pacifique Sud Ouest: Samoa, Cook, Micronésie, Solomon, Tonga, etc. Son numéro de juin comporte un long article sur le Traité de non-prolifération et rapporte la proposition du gouvernement des îles Marshall d'utiliser ses atolls contaminés par les essais nucléaires américains pour le stockage des déchets radioactifs
     Dans la pratique, c'est la télévision qui a le plus d'influence.

Les autorités
     Le pouvoir local est tout entier dans les mains du richissime Gaston Flosse (l'équivalent de Lafleur en Nouvelle-Calédonie) qui cumulent les fonctions de Président du gouvernement, député européen, sénateur et membres d'innombrables sociétés et conseil d'administration (Monsieur 10% l'appelle-t-on) et dans chaque île, toute belle maison a la réputation d'être «la maison de Gaston».
     Corrompu, mais le seul compétent[13] disent les popa'a résignés.
     Proclamant avant les élections, son opposition aux essais, il a su tout de suite retourner sa veste en devenant le porte-parole de Chirac dans les pays riverains du Pacifique[14], en négociant le financement de la France vers la Polynésie pour «l'aprèsMoruroa».
     L'assemblée territoriale est fantoche puisque Gaston a bloqué facilement tout débat sur la reprise des essais
     Le haut-commissaire du Gouvernement français (nouvelle dénomination du Gouverneur,) est un technocrate pur jus, aux ordres. Son rôle théorique est très important: il concentre tous les pouvoirs!  

suite:
     Dans la pratique, c'est la négociation permanente avec le rusé Gaston.
Les autres : Amiral, commandant la DIRCEN, Ingénieurs du C.E.A. sont obéissants et persuadés de la noblesse de leur mission. «Nous avons le droit pour nous» ai-je entendu, comme argumentaire!
     Les églises et sectes (fort nombreuses), traditionnellement du côté du sabre, ont toujours été très prudentes. Cette fois-ci, le Conseil National des Églises a affirmé son opposition, mais très modérée. Aussitôt Gaston a essayé de virer leur chef, mais Si précipitamment que ça a foiré

Les réactions des autorités
     Le dixième anniversaire de l'attentat contre le Rainbow Warrior et le cinquantieme anniversaire d'Hiroshima, plus les réactions fortes, mais apparemment inattendues par nos consuls et ambassadeurs, ont contraint le haut-commissaire a mettre la pédale douce et a essayer de tenir ses troupes lors de l'opération Nautile 95[15] sous les ordres de l'amiral Euverte (trois étoiles, pas moins).
     Beaucoup voulaient en découdre contre ces «semeurs de merde qui viennent de l'étranger (Greenpeace) exciter les braves et naïfs Polynésiens contre les Fraani qui apportent la civilisation à ces sauvages !». Évidemment quand on est abonné à la Dépêche!
     D'où le lancement de l'opération «transparence» en convoquant les journalistes, tout frais payés, à visiter Moruroa, fraîchement repeint (décontaminé par la Légion? sous le contrôle du SMSR[16]). La soupe devait être bonne car la presse et les médias métropolitains se sont servis deux fois. Les journalistes internationaux ont été beaucoup plus circonspects.
     Il faut dire que l'opération a été confié au SIRPA, organisme crédible s'il en est ! Celui-ci a distribué un dossier[17] de presse (avec même une version en anglais)[18], sans citer aucune référence.
     Gaston lui, a fait des Pasquinades. Il a invité tout le monde, y compris Oscar, à manger le bon poisson de l'atoll et à passer, ensuite, une visite médicale comme certificat de non-contamination. Oscar a dit: «Banco ! A condition que ce soit..., un ancien de Moiuroa, qui le pêche.» Gaston a fait le sourd et ses pitreries tout seul, sous l'oeil béat de RFO et des «Hersantiens».
     Le coup du cinquième zodiaque de Greenpeace les a marqués et tous, de l'Amiral au Haussaire, ont perdus de leur belle assurance. Le ton s'est fait moins courtois, sans doute les aigreurs d'estomac...
     Un peu parano, on a fait venir beaucoup de renfort gendarmesque «les mutoi farani» pour les Jeux du Pacifique et mis la presse est sous surveillance.
     «... Sincèrement, nous nous faisons du souci... pour le maintien d'une totale liberté de la presse, surtout sur le sujet nucléaire, à Tahiti[19].» écrit le directeur de la publication de TAHITI-Pacifique dans son numéro de juillet 95!

L'avenir immédiat
     Le 11 août, les 53 membres du synode de l'Eglise évangélique de Polynésie française ont ren~ontré le haut commissaire et le président Flosse pour réaffirmer leur opposition aux essais nucléaires français et chinois.
     Envers la Flottille de la Paix, annoncée en août, c'est la panique[20]. Toute la Royale est mise en alerte! La présence du navire ravitailleur Tui, de la marine néo-zélandaise, près de l'atoll complique la situation. Les États-majors concoctent des plans bleus, des plans jaunes, des plans rouges, comptent et recomptent les embarcations disponibles, voire même, pouvant être réquisitionnées[2l].
     Les loueurs de bateaux (Moorings, ATM, Stardust...) ont vu les demandes de location affluer. Ces compagnies sont prises entre les pressions des autorités et la tentation de faire de l'argent, surtout que la saison a été catastrophique.

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Les inquiétudes
     Depuis le début des essais, un nombre important de personnes ont travaillées sur les sites nucléaires contaminés par les retombées des essais atmosphériques.
     Les métropolitains avaient une rotation rapide: l, 2 ou 3 ans, ce qui doit représenter, militaires (marins, aviateurs, légionnaires, infanterie de Marine, COTAM) et civils du CEA (DAM) et des entreprises confondus, entre 50.000 et 100.000 personnes. Leur suivi médical est assuré par le SMSR pour la dosirnétrie externe et la gamma-anthropométrie pour la contamination interne. Personnel souvent jeune et en âge de procréer.
     Les Polynésiens, pendant longtemps, avaient leur surveillance médicale assurée, gratuitement, par le Service de santé des armées. Leur nombre doit être entre 5.000 et 20.000 (chaque famille à qui j'ai parlé a eu un membre employé à Moruroa, Fangataufa ou Hao[22]).
     Beaucoup ont travaillés en zones radioactives et certains, malgré l'interdiction, ont mangé du poisson radioactif, en cachette, par atavisme. Seul l'examen au «caisson» qui, normalement, avait lieu tous les six mois sur le navire «La Rance» pendant les essais aériens ou à Mahina, dans les laboratoires du SMSR, permet de détecter, à posteriori, la contamination par les produits de fissions, reconcentrés par la chaîne alimentaire, donc sous forme soluble et fixée dans l'organisme.
     Des essais foireux ont contaminés les îles les plus proches, notamrnent les Actéons. La population irradiée, puis contaminée fut faible. Mais quel est leur suivi médical?
     Les Polynésiens n'avaient pas de méfiance au début, mais les actions de Greenpeace et les protestations des autres pays, provoquent une inquiétude légitime  «Si c'est inoffensif, pourquoi ces gens viennent protester? Pourquoi, ces essais ne se font-ils pas en France?»
     La manne du nucléaire a bien arrosé les populations et tout le monde en a profité avec insouciance. La fin programmée des essais, l'arrogance des gouvernements, l'information plurielle, donc contradictoire, l'avenir incertain inquiètent quand même les Polynésiens.
     La propagande gouvernementale a des contre-effets: Pourquoi, nous dit-on maintenant que ce n'est plus dangereux?
     La société polynésienne est en crise. Le tourisme peine à décoller car le franc C.F.P. est surévalué, la production de perle noire est pléthorique, le marché de la vanille n'est pas organisé, le coprah ne survit que parce qu'il est subventionné[23], la pêche n'a pas l'infrastructure industrielle (frigorifiques et transports rapides) qui pourrait la développer. La corruption freine les investisseurs, le clientélisme fige le développement, le manque de formation est sensible partout, etc.
     L'influence des sectes empêche la contraception, d'où une très forte démographie, aggravée par l'alcoolisme et ses comportements: l'inceste et les viols très fréquents. Les premiers SDF hantent les recoins de Papeete.
     Les popa'a deviennent parano, car ils perçoivent, mais ne comprennent pas ces changements. La plupart sont fonctionnaires, en majorité enseignants, et ne viennent que «parce que la paye est majorée».
     Les autres, souvent méridionaux, tiennent des discours colonialistes ou votent Le Pen. Ce sont les plus sensibles aux «infos» de La Dépêche.
suite:
Les médecins
     Ceux que j'ai rencontrés m'ont tenu des discours contradictoires.
     Pour les uns, tout va bien. La mortalité par cancer est plus faible qu'en métropole[24] et les malformations sont dues à la consanguinité (des incestes) ou à l'alcoolisme (les parents boivent, les enfants trinquent). Évidemment, les statistiques globales de la population ne peuvent refléter celle des personnes exposées et l'épidémiologie en France est toujours balbutiante. Alors en Polynésie?
     Pour les autres, aux Tuamotu, l'incidence des cancers de la thyroïde serait plus élevée; les malades, atteints d'un cancer provoqués par l'absorption des produits de fission, ont été évacués au Val de Grâce, donc couvert par le secret défense.
     Les dossiers médicaux ont disparus (essayez donc d'avoir connaissance de votre dossier de contrôle radiologique, comme la loi vous le permet, en écrivant à l'OPRI, si vous avez travaillé là-bas[25]! Bonne chance !). Donc aucune statistique n'est fiable
     Quand aux soldats de la Legion Étrangère, utilisés pour décontaminer Fangataufa, je ne peux que faire les pires hypothèses.

Les questions scientifiques
     Les journalistes qui ont visités Moruroa, sont pour la plupart «des signatures», grands reporters arrivant de Bosnie ou éditorialistes de l'«intelligentsia parisienne» flattés de visiter la salle de contrôle des tirs, interdites même aux ministres de Mitterand!
     Les plus honnêtes ont d'ailleurs fait beaucoup de réserves du style «d'après ce qui nous a été montré» ou «d'après ce qui nous a été dit». Le dossier de presse distribué par le SIRPA n'a rien d'un dossier scientifique: pas de références de publications, pas d'annexes, mais du vulgaire marketing sur les bienfaits économiques du CEP!
     RFO et le Hersantiens, eux, ont tout vu, tout entendu et tout cru.

Les questions à poser
     · qu'a-t-on fait du plutonium répandu à Moruroa volontairement[26] au point Colette (tir Ganymède du 21/7/66)?
     · qu'a-t-on fait du plutonium et américium sur Fangataufa, suite au tir raté Rigel du 24/9/66?
     · comment évolue la contamination des produits de fission dans les sédiments lagonaires après chaque tir souterram?
     · où trouve-t-on les publications du SMCB et du SMSR?
     · comment évolue la contamination des poissons, des algues, des coquillages, des plantes sur les sites de tir et sur les atolls contaminés?
     · qu'a-t-on fait des déchets radioactifs de Hao?
     · qui fait le suivi médical des civils? Locaux? Métropolitains?
     · qui fait le suivi médical des militaires? Marins? Légionnaires? Aviateurs?
     · qui fait le suivi médical des populations irradiées des Gambiers[27] et des Tuamotu (Actéons)?
     · quelles études ont été faites sur les conséquences d'un éventuel effondrement de l'atoll?
     · que se passe-t-il lors du passage d'un typhon[28]? d'un tsunami?

Georges Caniac
Envoyé spécial à Moruroa
p.10
Notes:
1. Le gouvernement actuel est une coalition de trois partis, en principe (avant les élections) opposés à la reprise des essais.
2. Les «blancs», en fait les métropolitains....
3. «Hôpital de Mamao: Un manifestant toujours en observation...» Les Nouvelles de Tahiti, 23 juin1995
4. TAHITI-Pacifique, Juillet1995
5. RFO est la seule télévision recevable partout.
6. Hiti Tau est le Conseil National des ONG, apolitique, qui défend les droits des Maohi. L'ONU ne les reconnaît pas en tant qu'ONG, car la Polynésie française n' est pas sur la liste des pays à décoloniser! Leur adresse: Hiti Tau, P. O Box 461], Papeete, Tahiti
7. Notamment, le syndicat A Tia J Mua, principal syndicat des travailleurs locaux de Mururoa, qui demande un référendum sur la question.
8. Le mouvement Te Ihitai no te Hau, présidé par Jean-Manus Raapot, organise aussi la «flottille pour la paix» avec six partis politiques, cinq syndicats, une cinquantaine d'associations et plusieurs églises.
9. Voir à ce sujet le Bulletin ENI n° 17 du 21 août 1995 «Les protestations contre la décision française de reprendre les essais nucléaires se multiplient», Oecumenical News International CP 2100, CH-1211 Genève 2, Suisse
10. Tavini Huiraatira est le parti indépendantiste d'Oscar Temaru
11. Les Nouvelles de Tahiti quotidien - Place Notre Dame Papeete Tahiti Polynésie française
12. TAHITI-Pacifique mensuel d'information et d'économie, BP 368, Moorea, Polynésie française
13. «...Le destin de Gaston Flosse était bien de faire de la politique, il y excelle! Il n'a pas eu besoin de faire l'ENA, ce qui lui permet d'être lui-même dubitatif incisif persuasif ou goguenard.» Article de Christine Boume, filagorneuse en chef de la Dépêche
14. «Seto Asaka et Takahasi Katsunori ont été élus Tahiti persons of the year. Ces deux vedettes de la télévision nippone seront les ambassadeurs de la Polynésie au pays du soleil levant, où ils devront notamment convaincre... de l'absence de danger des essais nucléaires...», La Tribune Polynésienne, 13 juillet 1995
15. «... plusieurs bateaux ne fonctionnaient pas correctement et un commando de marine a même confondu le Vendémiaire avec La Tapageuse!» La Tribune Polynésienne, 13 juillet 1995
16. Qu'a-t-on fait du plutonium? L'a-t-on enterré sous une dalle de béton?Jeté à la mer?
17. «Voyage de Presse à Mururoa organisé par le SIRPA, 28-29 juillet1995» - Ministère de la Défense, Paris
18. ...qui parle d'abondance des rapports (?) Tazieff(1982), Cousteau (1987) et Atkinson (1983) ainsi que d'un «futur» rapport de l'AIEA, d'après des prélèvements faits en 94, son rapport de 1991 n'ayant pas été publié.
19. «... Depuis un an environ, les journalistes de Radio Tefana, l'Echo de Tahiti et La Tribune sont interdits de participer aux conférences de presse de la présidence de Tahiti...», TAHITI-Pacifique, juillet 95
20. «80 parlementaires doivent y participer: Nouvelle-Zélande, Allemagne, Japon, Italie, Suède, Norvége, Danemark, Belgique et îles Cook», La Dépêche, 11 août1995
21. «l'amiral a fait boucler l'atoll de Moruroa avec des câbles métalliques... On nous ressort la ligne Maginot!», L'Echo de TahitNui, 12 juillet 1995
22. «Hao, l'atoll du paradis contaminé», long article de L'Echo de Tahit Nui du 28 juin 1995
23. «La France entend maintenir son aide et l'ensemble de ses relations avec les pays du Pacifique Sud» a déclaré Yves Doutriaux, porte parole du ministère des Affaires Etrangères, Les Nouvelles de Tahiti, 23 juin 1995
24. «... Le seul problème, c'est que les statistiques réellement fiables ne datent que de 1988. Le registre des cancers ayant été mis en place en Polynésie dans les année 80. De plus le ministère Territorial de la Santé qui fait ses propres statistiques dans ce domaine n'a toujours pas accès à toutes les données sur les civils et militaires qui ont travaillé à Moruroa», L'Echo de Tahit Nui, 12juillet1995
25. C'est ce que j'ai fait en 1969, après mon retour à la vie civile. Le SCPRI a transmis mon dossier à mon nouvel employeur, en application de la loi. Mais très incomplet.
26. obscènement appelé «expérience de sécurité»
27. Finalement, des hangars-blockhaus ont été construits à Mangareva, pour abriter la population, pendant les essais aériens.
28. «... Lors du cyclone REVA, le vent a été tellément fort qu'une grande couche de sable s'est envolée. Pierre se rappelle avoir vu à cette occasion des fûts jaunes réapparaître sur la plage. Sur ces fûts, il aurait vu le même «moulin» symbolisant les matières radioactives...», La Tribune Polynésienne, 29 juin 95

Publications accessibles du SMSR
d'après la base de données de l'AIEA
Measurement of low-level radioactivity in the Modane underground Laboratory.
     Bourlat,-Y. (Service Mixte de Sécurité Radiologique (SMSR),
91 Montlhéry (France)); Millies-Lacroix,-J.C. (Service Mixte
de Sécurité Radiologique (SMSR), 91 Montlhéry (France));
Abt,-D. (Service Mixte de Sécurité Radiologique (SMSR), 91
Montlhéry (France))
     Conférence of the International Comrnittee for Radionuclide Metrology (ICRM) and international symposium on radionuclide metrology and its applications.
     Teddington (United Kingdom). 07-11 Jun 1993.
     Nuclear Instrument-and-Methods-in Physics-Research - Accelerators - Section A, -Spectrometrers - Detectors - and - Associated-Equipment. (22 Jan 1994). v. 339(1-2). p. 309-317.
     A coaxial high-purity n-type Ge detector system has been installed in the Modane underground laboratory for low-level monitoring of environmental samples. This laboratory is located near the mid-point of the thirteen - kilometer Frejus road tunnel at the French-Italian border. The facility is shielded from cosmic radiation by 1700 m of rock (equivalent to 4400 m of water), thus cutting the background level by a factor of approximately 70 compared with the operating conditions of an equivalent system in a low-background counting room of the usual type. A high-purity germanium detector is used with a sensitive volume of 207 cm3, 52% relative efficiency and FWHM resolution of 2.1 keV at 1.332 keV. The detector is shielded by 15 cm of old lead and the detector hood and sample (up to 500 cm3 in volume) are protected by an electrolytic copper shield to eliminate the influence of radon; the integrated count rate within the 20-2000 keV energy interval is 1.7 x 10 sup - sup 2s sup - sup 1. The detector system has been used to monitor atmospheric gamma radioactivity, especially sup 1 sup 3 sup 7 Cs and sup 1 sup 3 sup 4 Cs. Radioactive aerosol particles are collected from the surface atmosphere onto cellulose filters, and these samples are stored in batches corresponding to a six-month period, before being calcined and dissolved in acid. The filtered air volume is approximately 450.000 msup3.
suite:
Very low annual 137 Cs concentrations between 1.5 x 107 and
2.0 x 107 Bq/m3 were measured, while no 134 Cs was detected in 1991 at Tahiti or Moruroa (less than 4x108 Bq/m3). A
134 Cs concentration of 7x108 Bq/m3 was measured at Montlhery, near Paris, in 1991. (orig.).

Plutonium-239,240 atmospheric radioactivity measurements at Mururoa from 1986 to 1991.
     Bourlat,-Y. ; Millies-Lacroix,-J.C. ; Dunoyer,-B. (Service Mixte de Security Radiologique, Montlhery (France). Direction des Centres d'Experimentations Nucleaires)
     International conference on low-level measurements of actinides and long-lived radionuclides in biological and environmental samples.
Rio de Janeiro (Brazil). 15-20 Oct 1992.
     Journal ofRadioanalytical and Nuclear-Chemistry. (Jan 1994). v. 177(1). p. 107-120.
     The measurement of resuspended materials during cleanup operations is currently a concem at many formally-contaminated locations that are being restored.
     The yearly 239 - 240 Pu air concentrations increased by a factor of 6 due to resuspension during cleanup operations at Moruroa. Five sites on the atoll were monitored continuously from 1986 to 1991.
     The data presented are compared with other data from various parts of the world. (author) 12 refs. ; 6 figs. ; 9 tabs.

p.10
Qui est quoi?
Michel
Jean
Chef du CEA
Errera
Gérard
Ambassadeur du CBCT*
Grand
Simone
Ministre locale de l'environnement
Roncière
Paul
Haut Commissaire
Flosse
Gaston
Président du gouvernement
Bartoux
Alain
Directeur des essais
Lichère
Jean
"Représentant" du CEA
* Conférence sur le futur traité d'interdiction des essais, Genève

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