La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°163/164 janvier 1998

LA GLU NUCLÉAIRE
Editorial / SOMMAIRE
 
    Bonne année à tous. Voici le premier numéro de l'année 1998. N'oubliez pas de vous réabonner, vous êtes déjà nombreux à l'avoir fait mais il faut continuer. Merci à tous pour vos encouragements, suggestions et participations.
    Ils (les concepteurs de notre politique énergétique c'est-à-dire des dissimulés derrière des commissions, type PÉON) ont voulu nous faire croire que le nucléaire était notre miel et ce n'était que poix et glu.
    Le plus engluant est toujours Superphénix. On le savait mal fichu mais voilà que maintenant nos géniaux concepteurs ont construit un réacteur voué au mouvement perpétuel avec:
     - 5000 tonnes de sodium dont on n'a pas prévu qu'on serait obligé de les vidanger,
     - un coeur planté dans une grille et stable s'il reste complet (il fut monté sans support pour pouvoir s'ouvrir en cas d'excursion de puissance et sans problème puisqu'il n'y avait pas de radioactivité donc pas de sodium). Louable souci (éviter un accident de criticité) sauf que pour sortir les assemblages, il faut les remplacer un par un par un autre assemblage ou un fac-similé en acier (bien sûr on peut en retirer quelques-uns mais pas plus de la dizaine!).
    Les deux problèmes cruciaux sont:
     - assurer la circulation du sodium,
     - maintenir la tenue mécanique de ce coeur.
    SPX a été fermé sur lui-même. Ses promoteurs avaient juste oublié qu'un jour il faudrait le décharger de son sodium et de son coeur (le fameux barillet ne permettait pas plus de résoudre le problème de la fin de vie et de la vidange complète sans devoir mettre des assemblages acier.).
    D'où les idées de remplacer le coeur actuel par celui sur les étagères en attendant d'avoir fait fabriquer des assemblages acier et de enfin réfléchir.
    SPX est à l'arrêt.... Oui mais on chauffe et on fait circuler le sodium pour évacuer la chaleur résiduelle des assemblages.
    Soyons clair redémarrer SPX parce que rien n'a été prévu pour le stopper, n'est pas une solution. Si on le redémarre, on va le rendre radioactif et rendre son inéluctable démantèlement plus difficile.
    Mieux vaut utiliser les intérimaires à tout mettre sous cocon et à construire l'usine de neutralisation du sodium. Redémarrer alors qu'on sait qu'on ne sait pas l'arrêter est fort dangereux, aussi bien pour les populations que pour les travailleurs.
    L'argumentaire de 1994, avant qu'on le baptise réacteur de recherche reste totalement juste. En cas d'incident grave ce réacteur ne peut être inspecté, pire il ne peut être réellement stoppé. Cessons de rêver et stoppons ce monstre raté. Le redémarrer pour des kW, quel pitoyable argument en cas de gros pépin.
    N'oublions pas, de plus, que l'argent indispensable au démantèlement n'est pas provisionné par NERSA. Il faut donc mettre la firme devant ses responsabilités et ce n'est sûrement pas en redémarrant SPX que cela va se faire.
    Comme pour le changement de politique énergétique, à vos plumes pour stopper SPX. Ce n'est pas un caprice, c'est une nécessité technique et financière pour garantir la sécurité des populations et obtenir un plan de redéploiement pour les entreprises.
    Le nucléaire nous réserve toujours des surprises. Mis à part SPX, un navire transportant des irradiateurs (grosses sources destinées aux appareillages médicaux américains) a sombré au large des Açores, enfin, la partie avant qui les contenait. Et s'il s'était agit d'assemblages ou tout autre charmant matériau radioactif... Certes, si on fait un calcul de doses en prenant tout l'océan c'est sans risque mais... le sens d'un tel calcul?
    Des analyses avaient été faites par les américains au large de leurs côtes pour estimer les risques dûs à des déchets envoyés par le fond. Des colonies de poissons, des éponges géantes avaient été découvertes alors qu'on supposait les fonds quasi vides Quel sera le suivi d'un tel échouage?
    La commission radioécologie du Nord Cotentin a commencé ses travaux, on verra ce qu'elle fera. Il faut dire que c'est un rude travail et que sa composition n'est pas de tout repos. Rendez-vous en juillet pour le rapport.
    Les déchets sont toujours à l'ordre du jour. Reste que leur traitement laisse à désirer. Le dossier ANDRA s'est étoffé mais la législation des TFA (Très Faiblement Actif) est toujours en gestation. Les Autorités de Sûreté ont tout à fait conscience de l'ampleur des choses à mettre en branle mais cela ne dépend pas que d'elles.
suite:
     Le dernier Contrôle (No119) est précis à ce sujet. (page 30) il est qualifié de "Le neuvième travail d'Hercule, nettoyer les écuries d'Augias"
    En ce qui concerne l'aspect économique du sujet, il y a encore des progrès à accomplir. Résumons les pages 50, 51:
1) Les exploitants doivent assumer leurs responsabilités suivant pollueur-payeur,
    Le problème est la mise en place des budgets nécessaires:
     - EDF devrait provisionner sur la base d'un coût estimé à 15 % du coût complet d'investissement. Fin 95 le montant des provisions s'élevait à 38 milliards de F. Mais du fait de son fort endettement EDF n'a pas constitué un portefeuille. Sur 1997-2000, EDF doit accumuler 22 milliards d'actifs (2 fonds: externe de 14 M.F et interne de 8 M.F.)
     - COGEMA a provisionné 8 M.F et devra constituer un portefeuille.
     - C. E.A... n'a rien provisionné parce que l'État ne considère pas comme prioritaire de faire un budget complémentaire pour le démantèlement.
     2) Estimer de façon correcte les coûts de démantèlement et intégrer ces dépenses dans les coûts des exploitants.
    Sinon cela distordrait la concurrence entre les différents moyens de production électrique.
     3) Dépenses très importantes et lointaines, d'où la nécessité de constituer des portefeuille d'actions. Et pour conclure      - Le démantèlement se heurte à 2 problèmes très complexes
     - Comment garantir les moyens financiers trop faibles pour le moment?
     - Comment gérer les déchets et libérer les sites?
    Reste du travail, car il n'y a pas que les TFA, il y a aussi tout les autres. Il y a aussi tous ceux que l'on découvre, Y. Dubos (revue Ortzadar) me signale l'existence d'une entreprise traitant les ferrailles (UCIN à Tarnos) où "...les systèmes de détection de la radioactivité sont débranchés..." Comme cite l'article "l'emploi c'est bon, la santé aussi" et "Nous voulons vivre au pays par le fruit de notre travail et non mourir au pays à cause de notre travail."
    Cette première Gazette fait le point sur Tchernobyl, un dossier IPSN (1997) et une compilation de Bella qu'elle a présenté en Suisse.
    Il y a un dossier important sur les rejets krypton, en particulier les écarts entre le rejets déclarés et calculés. Dossier à suivre et fort utile pour se faire une idée de l'impact de l'usine de la Hague.
    Nous faisons un détour sur la sûreté des réacteurs avec un sujet non explosif(?) mais signe que la construction laisse à désirer, les enceintes de confinement fuyardes. Et si d'autres bétons étaient mauvais? Et qu'est-ce qu'on fait quand le béton est mauvais ? On surveille, on prie pour qu'il ne s'effrite pas, on fait quoi?
    On revient sur le MOX avec un dossier technique qui montre la difficulté de l'utilisation du plutonium et fait le point des illusions d'incinération. Les déchets ne seront solutionnés qu'avec une limitation stricte du recours au nucléaire et même un arrêt Si nous ne voulons pas vivre dans un pays plein de sites de stockage et d'entreposage.
    Un bon courrier des lecteurs qui vous apporte des précisions et permet un dialogue entre nos lecteurs:
     - Une position syndicale sur SPX et le nucléaire en général émanant d'un groupe de syndicalistes de tout horizon (C.G.T., CFDT, FO, SUD Energie, CNT Énergie)
     - une introduction à "Sortir du nucléaire avant la catastrophe" suite à une question et une précision sur le programme américain,
     - une réponse de Pignero à un article de Charpak,
     - une critique du bouquin de Garwin et Charpak,
     - une traduction de Nuke donnant des informations sur Monju et l'usine de retraitement japonaise,
     - un commentaire sur l'arrêté préfectoral gérant la décharge d'Issy l'Evêque.
     - un courrier de Stop-Civeaux. Bonne lecture et bonne année 1998.
 p.1

ERRATA du no 161/162
    Page 25 dans le point 8, une coquille "lorsque le débit de la Vienne est compris entre 20 m3/s et 30 m3/s" au lieu de 38 écrits par erreur: erreur réparée sur le site web. Pour compléter le dossier, Stop Civaux nous signale que la DSIN avait demandé 30m3/s et l'arrêté donne 27m3/s.
    Page 20 le tableau 1 comporte une erreur. La 2ème partie se rapporte au Pu 239 et non à l'U 235. La légende est correcte mais le tableau incorrect: erreur réparée sur le site web. Je pense que nos lecteurs auront rectifié d'eux même mais je préfère le signaler car c'est important pour les calculs de LAI et donc de doses.

SOMMAIRE
EDITO
- Variétés 5
- DSIN:  Transport maritime - Retraitement: rejet krypton
- Enceintes de confinement
  IPSN - 1300 MWé
  DSIN - Flamanville
- TCHERNOBYL: Quoi de neuf 11 ans après?; Contamination en France; Responsabilités occidentales
- Dossier MOX
- Prise de position syndicale et courrier des lecteurs

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