La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°167/168
Technique quand tu nous tiens....

Introduction GSIEN (Monique Sené)
I - CIVAUX
     Février 1998, les défis du CEA publie un grand article sur l'espérance de vie des centrales. Entre autre affirmation on y lit «Expertise à Civaux: aucune installation industrielle n'est plus auscultée qu'une centrale«.
     Auscultée peut-être mais comment? Sur dossier, sur la base de rapports d'expertise? A la suite des incidents de Civaux, puis de Belleville, on peut se poser quelques questions. L'analyse par le GSIEN du déroulement de l'incident de Civaux et de son suivi par l'ensemble des protagonistes montre que ce n'est pas un simple niveau 2 (sachant que cette échelle est juste une échelle à l'intention des journalistes, rejet ou pas rejet donc problème pour les populations ou non). Civaux, réacteur tout neuf, tout francisé a 5 mois de fonctionnement. Y avoir fissuration puis rupture d'un circuit touchant au primaire en si peu de temps est une véritable performance. Il s'agit d'un phénomène de fissuration sous fatigue thermique. La tuyauterie chaude s'est craquelée car martelée par de l'eau froide. Comme m'a dit un journaliste «Comment, c'est seulement un problème d'eau tiède!!!» Si on veut... 
     Bon, mais ce n'est pas un problème inconnu. loin s'en faut et en plus ce fameux RRA (Refroidissement du Réacteur à l'Arrêt) n'a guère fonctionné que quelques jours en 5 mois. La fissuration fut donc rapide. On va devoir revoir le circuit, réétudier sa configuration : toutes choses très faciles quand le réacteur a déjà fonctionné! C'est tout de même incroyable: en 1979 nous disions delà que le retour d'expériences devait être la priorité pour assurer la sûreté des réacteurs et que ce retour d'expérience exigeait de prendre son temps... 
     Bilan: 4 réacteurs à l'arrêt pour vérification (dont Civaux 2 pas démarré pour cause de turbine défaillante, on a prêté à Chooz la fameuse turbine...).
suite:
     Ce palier tout français de 1.450 MWé va de mal en pis. De sa salle de contrôle sophistiquée mais pleine de bugs, à ses grappes de commande repensées mais qui se sont coincées.. en Chine (grâce aux multiples retards de Chooz, c'est à Daya Bay qu'on les a enfin testées), à ses fissures sur le RRA en passant par les ailettes cassées de sa turbine si joliment nommée Arabelle, rien ne lui aura été épargné. Quand je pense qu'on ose nous proposer un réacteur de 1.750 MWé. Si il est aussi peu testé cela ne va pas être triste. Cet EPR n'a pas pris en compte le problème des déchets mais a-t-il pris en compte les autres problèmes? 
     A Civaux on finit même par une pollution amibienne qu'on aura du mal à juguler compte tenu du débit de la Vienne, pollution venant d'un condenseur inox qui a remplacé celui en laiton. Eh oui le mieux est l'ennemi du bien, c'est connu. Les condenseurs en laiton se détérioraient par corrosion et on perdait des tonnes de métaux lourds (cuivre et zinc). On a donc changé pour de l'inox, et les amibes adorent ce milieu humide et chaud, sans l'inhibiteur cuivre... 
     La farce n'est pas terminée car il a fallu plus d'un mois (autour du 2 juillet) pour commencer les opérations de déchargement du réacteur. 
     S'il semble qu'à Chooz on se soit trouvé avec les goujons du couvercle bloqués, à Civaux c'est le sas évacuant vers la piscine qui était bloqué.Après avoir bataillé avec le réacteur pendant plusieurs jours, de l'ordre de 2 à 3 semaines, on a alors découvert ce sas bloqué... Conclusion: depuis quand ne retire-t-on plus les combustibles des réacteurs? Depuis quand cette fonction n'est pas testée? 
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Superphénix est certes atteint de cette maladie. Est-ce contagieux? Pourtant Civaux fait partie des cycles de 12 mois, alors... Rien de dérogations en dérogations on va découvrir que le réacteur était toujours en test à sa divergence. 
     On se demande pourquoi tant de trucs importants sont testés après le démarrage du réacteur. C'est très inquiétant, à quoi servent les essais avant chargement? 
     L'accident est toujours le résultat de multiples petits incidents qui pris séparément sont insignifiants mais leur accumulation peut conduire à un état préoccupant. 
     Et tout ceci ne finit pas la série. Non seulement les 4 réacteurs "1.450" vont subir un check-up approfondi mais Belleville-2 s'est aussi resignalé à notre attention. En effet (voir La Gazette Nucléaire No 153/154de décembre 1996 et No155/156 de janvier 1997) il y a déjà eu un problème de grappe bloquée par dégradation des vis du mécanisme de commande. Cette fois elle s'est coincée en position haute sans préavis. 
     L'incident a eu lieu le 11juin soit 1 mois après Civaux. Le réacteur fonctionnant, le déclenchement intempestif du circuit d'aspersion de l'enceinte (EAS) a entraîné l'arrêt des pompes primaires puis l'arrêt d'urgence du réacteur, arrêt au cours duquel une grappe de commande est restée bloquée en position haute. Comme l'indique le communiqué de la DSIN: 
     «La réalisation d'un essai périodique sur le circuit EAS a entraîné, pour une raison encore inexpliquée, le déclenchement intempestif de l'aspersion de l'enceinte et l'émission d'un ordre d'isolement de l'enceinte qui a notamment conduit à l'interruption du refroidissement des pompes primaires et à l'arrêt de celles-ci. Au cours de la baisse de charge qui a précédé l'arrêt d'urgence du réacteur, l'une des 65 grappes de commande est restée bloquée en position haute; elle n'a pas non plus chuté lors de l'arrêt... En raison de plusieurs défaillances indépendantes et simultanées dont celle d'un système de sauvegarde au moment où il était requis pour la sûreté du réacteur, cet incident a été classé au niveau 2 de l'échelle INÈS par le directeur de la DSIN sur proposition de l'exploitant.»

Bilan : 5 réacteurs à l'arrêt
     Et si au lieu d'être dans une situation où une aspersion intempestive a lieu, traduisant une anomalie dans la commande du dispositif d'aspersion, c'est l'inverse qui s'était produit : on veut asperger car il y a urgence, et une anomalie dans la commande fait que ça n'asperge pas. Ce serait grave... 
     Si je reprends les rapports d'activité de la DSIN je constate que: 
     En 1995
- blocage d'une grappe à Paluel 3 lors d'un arrêt automatique, 
- la DSIN souhaite des études les risques d'accidents graves lorsque les réacteurs sont à l'arrêt. 
- problème avec les enceintes à Civaux. 
En 1996 on retrouve les mêmes préoccupations et en plus: 
- défaillances des grappes de commandes (6 réacteurs), 
- fissuration des barrières thermiques des pompes primaires, 
- dégradation des butées antisismiques du puits de cuve, 
- phénomènes de fatigue thermique, 
- dégradation des tubes de générateurs de vapeur, 
En 1997, même préoccupations plus 
- fissurations des tuyauteries d'injection de sécurité 
     Il y a de plus une analyse du non-respect des spécifications techniques d'exploitation (STE). Il y a 2 types, l'un sont les dérogations, l'autre les transgressions. Le nombre de dérogations accordées est en décroissance, après un pic en 1992 à 300, on est redescendu à l06en 1997. 
     Il est clair que l'autorité de sûreté essaie de prévenir certains incidents mais que année après année on les voit réapparaître. De même le non-respect des spécifications conduit à des incidents. A Civaux c'est aussi à l'étude. Notre manie d'admettre les dérogations conduit les exploitants à déroger trop facilement aux règles. 
     C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle le rapport Le DÉAUT est optimiste. La DSIN fait du travail mais manque de possibilités quant à la mise en oeuvre de son travail. 

suite:
     S'il faut sûrement renforcer la radioprotection et y changer une mentalité cow-boy que les autorités n'arrivent pas à combattre, il faut aussi renforcer la sûreté. 
     Pour finir je vous présenterai aussi le dossier des convois contaminés, dossiers DSIN et OPRI. Ce dossier est révélateur du malaise généralisé existant dans le nucléaire (mais ailleurs aussi). La sûreté des transports était assuré par la tenue de l'emballage. Vous savez bien, la tenue à l'incendie et à la chute. Qui a parlé de contamination? La CFDT dans les années 80. Qui a entendu le message? Personne sauf Stop Mélox. Et la Gazette, car nous parlions de contaminations dès 1980 et aussi en 1985 (mais je ne vais pas refaire notre biblio sur ce sujet...) 
     Les transports, une personne (Ou plus exactement un % de temps de personne) en avait la charge au ministère des transports. La DSIN a pris le dossier en juin 1997. Les protagonistes (EDF. COGEMA, les producteurs étrangers, un service de l'IPSN) étaient seuls au courant. Seuls, pas vraiment: ils ne cachaient rien mais ne disaient pas grand chose aux autres intéressés d'où le flash AFP suivant:
 
Allemagne-nucléaire
L'affaire des convois contaminés provoque un tollé en Allemagne

BONN, 22 mai (AFP) - L'affaire des convois de déchets nucléaires contaminés vers la France et la Grande-Bretagne provoque un tollé en Allemagne, jusque dans les rangs de la majorité où les libéraux ont à leur tour exigé vendredi des explications du ministère de l'Environnement. 
     La ministre Angela Merkel «doit dire tout ce qu'elle sait», a affirmé le secrétaire général du parti libéral FDP, Guido Westerwelle. Le ministère avait affirmé mercredi n'avoir été mis au courant des taux records de contamination qu'à la fin avril. 
     Il a exigé la démission des responsables industriels qui ont dissimulé leur connaissance de cette radioactivité. «Ceux qui savaient quelque chose doivent partir», a-t-il affirmé, jugeant «scandaleux» que les producteurs d'électricité aient «mis sous le boisseau les informations explosives sur les dépassements» de norme autorisés. 
     Mme Merkel, qui avait annoncé jeudi l'arrêt de tous les transports de déchets nucléaires, s'en est, elle aussi, pris à l'industrie nucléaire, en soulignant dans un communiqué qu'elle allait examiner «l'opportunité de mesures légales contre les responsables» de la dissimulation. 
     Le niveau d'information réel des employés du ministère va «être réexaminé au cas par cas», a-t-elle ajouté, tout en indiquant qu'elle aborderait la question lors d'un conseil franco-allemand sur l'environnement la semaine prochaine. 
     Selon le ministère de l'environnement, l'industrie nucléaire avait connaissance depuis le milieu des années 80 du dépassement des normes de radioactivité pour les transports de déchets nucléaires vers la France. 
     Des contaminations atteignant 13'000 Bq/cm2 (contre 4 Bq/cm2 autorisés) ont été relevés sur onze de 55 convois aIlemands envoyés en 1997 pour retraitement à l'usine de La Hague. En 1998, deux cas de dépassement ont été constatés. 
     Les libéraux ont fait savoir, tout comme les écologistes Verts et le parti social-démocrate SPD, qu'ils mettraient la question sur le tapis mercredi à la chambre des députés (Bundestag). La porte-parole pour les questions nucléaires des Verts, Ursula Schoenberger s'est interrogée sur l'ampleur réelle du «scandale encore caché», en jugeant que Mme Merkel devait à présent payer «les pots cassés de sa politique». Le député SPD Peter Struck a appelé Mme Merkel à «reconnaître ses responsabilités» en répondant sans détour à toutes les questions du parlement. 
     La ministre s'est également retrouvée dans la ligne de mire de l'association de protection de la nature BUND, qui l'a menacée d'une plainte, tandis que le syndicat des policiers GdP qualifiait de «criminelle» la rétention d' informations pendant des années.

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     En effet, si en France les retombées ont été finalement plus limitées, en Allemagne ça a bardé... La Belgique a pris les choses avec philosophie; quant à la Suisse, elle a étalé et le Japon a surfé. Mais personne ne perd rien pour attendre, il faudra bien faire le point. Ce qui est assez amusant (hum...) c'est que les bulletins IPSN ou le rapport de la DSIN parlent bien des essais au feu, à la chute, etc... mais à aucun moment de la contamination et de l'irradiation pouvant venir de ces conteneurs. Et pourtant l'affaire ne se termine pas à la contamination surfacique, il faut aussi vérifier cette irradiation possible des travailleurs (réacteurs, cheminots, routiers et usine de retraitement). De toute façon c'est une affaire à suivre.      S'il y a une règle, nul n'a le droit de la violer sciemment. Ce fut pourtant le cas dans ce problème de convois contaminés. Nul n'a non plus le droit de dire que c'est sans danger sans avoir fait les verifications idoines et ce fut aussi le cas.
     Ce qui est flagrant dans toutes ces histoires invraisemblables, c'est l'arrogance des acteurs, arrogance qui tourne à la déconfiture des industriels. Par contre l'OPRI et la DSIN ont finalement mal vécu d'avoir été grugés aussi.
     Nous avons toujours de la chance pour le moment, chaque manquement s'avère jugulable et ne tourne pas à la catastrophe. Mais il ne faut pas croire au Père Noël, la catastrophe n'arrive pas qu'aux autres.
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CENTRALE DE CIVAUX
DOSSIER DE PRESSE
Union Fédérale des Consommateurs de la Vienne- Que choisir? (UFC 86) - Vienne-Nature - La Vigilante - Stop-Civaux - Groupement des Scientifiques pour l'Information sur l'Energie Nucléaire (GSIEN)
Poitiers, le 24 avril 1998

Objet : Centrale de Civaux et Risque de maladies (entre autres méningites dont certaines mortelles) liés au développement d'amibes (Acanthamoeba et Naegleria fowleri) dans la rivière Vienne.

Introduction au problème
    Au printemps 96, le Conseil Supérieur d'hygiène Publique de France (Annexe 1 : Avis du CSHPF) a été sais d'un problème grave de santé publique à la centrale de Dampierre, implantée sur la Loire. 
    Ce problème était suivi par EDF (Annexe 2 : Dossier de presse d'EDF sur "chloration" et "amibes" Juin 96), depuis 1977. 
    En effet, certaines centrales nucléaires provoquent un développement important de micro-organismes pathogènes. Ces micro-organismes sont des protozoaires extrêmement dangereux, certain (Naegleria Fowleri) provoquent une méningite mortelle (Méningo-Encéphalite Amibienne Primitive) et d'autres (Acanthamoeba) des Méningo-Encéphalite Amibienne et des atteinte variées. (Annexe 3 : Pathologies). 
    Nous n'avons été informés de l'existence d'un problème à Dampierre qu'en 96 par la presse nationale lorsque le Préfet de la région Centre, responsable de la centrale de Dampierre, a pris un arrêté le 18 juin 96 interdisant les baignades et activités nautiques en raison de la concentration en amibes Naegleria Fowleri et qu'il a créé un comité pour le suivi de problème. 
    Ces risques ont été soigneusement cachés par EDF pendant la construction de la centrale de Civaux (actuellement en démarrage), lors des très nombreuses enquêtes publiques et lors des réunions régulières de la Commission Locale d'Information de Civaux. 
    Pour la première fois, dans le numéro n°4 de Mars-Avril 98 "Connexion" (Annexe 4 : Feuille d'information d'EDF auprès des élus et journalistes) EDF s'est décidée à parler du problème, poussée par les diverses démarches que nous avons faites depuis 96 (Annexe 5 : Récapitulation des démarches de nos associations). 

1 - Pourquoi aujourd'hui ce problème de santé publique à Dampierre?
    Plusieurs conditions de fonctionnement des centrales nucléaires convergent pour provoquer la prolifération de ces micro-organismes pathogènes pour l'homme (Acanthamoeba et Naegleria Fowleri) 
· Les centrales d'EDF sont de plus en plus puissantes; or, plus une centrale est puissante, plus importante est la chaleur à dissiper dans l'air et dans l'eau (2/3 de la puissance produite). Pour évacuer cette chaleur, EDF va la renvoyer dans le fleuve. Pour évacuer dans l'eau et limiter l'échauffement de l'eau du fleuve, le choix a été fait d'utiliser un circuit fermé avec des réfrigérants atmosphériques. Ce type de circuit fermé conduit à un confinement partiel d'une eau chaude à une température favorable au développement de ces types d'amibes. 
· Les condenseurs en laiton des centrales nucléaires facilement corrodés, subissent une usure prématurée entraînant:
=> un problème de sûreté pour ces centrales 
=> et un problème de pollution de l'eau par les métaux lourds (Cuivre et Zinc). 
    EDF a donc décidé d'installer des condenseurs en acier inoxydable, plus résistant à la corosion. Cependant le cuivre des condenseurs en laiton avait "l'intérêt" de modérer le développement de ces amibes. 
· L'échauffement de l'eau en été, accompagné d'une période d'étiage du fleuve (Loire), accélère ce développement, surtout en présence de matières organiques. 

suite:
2- Une prolifération de ces types d'amibes peut-elle se produire à la centrale de Civaux?
    Les conditions pour le développement en forte quantité d'amibes Naegleria Fowleri comme d'Acanthamoeba dans le rivière Vienne sont réunies et des risques sanitaires sérieux sont à envisager. 
Des conditions identiques pour la centrale de Dampierre et pour celle de Civaux :
· Comme sur les tranches 1 et 3 à Dampierre, les condenseurs des deux tranches de la centrale de Civaux sont en acier inoxydable. 
· Comme à Dampierre les circuits de refroidissement sont en circuit fermé, l'eau reste plus longtemps confinée à température élevée, favorisant le développement de ce type d'organismes. 
Mais d'autres conditions pourraient aggraver la situation à la centrale de Civaux :
· Le réchauffement des eaux de la rivière Vienne poura être de +2°C par rapport à l'amont alors qu'en Loire cette élévation ne doit pas dépasser 1°C. 
· Les débits d'étiage de la Vienne sont beaucoup plus faibles que ceux de la Loire. 
    A Dampierre lors de l'été de 96, quand le Préfet a interdit les baignades et les activités nautiques, le débit d'étiage de la Loire était de l'ordre de 100 à 130m3/s. La centrale de Civaux pourra fonctionner avec un débit de la rivière extrêmement faible de 9m3/s en instantané. Qu'en serait-il alors de la concentration amibienne pour de tel débit? La prolifération d'amibes ne pourrait guère être diluée en rivière Vienne. 
· A Dampierre, la prolifération d'amibes n'a pu être réduite que par une chloration intensive, puis continuelle de juin à novembre. 
    En raison du faible débit d'étiage de la Vienne ce traitement palliatif de chloration ne pourrra être appliqué en rivière Vienne. 
    D'ailleurs, en raison des caractéristiques de la rivière, les chlorations exceptionnelles prévues (1 à 2 par an sur 48h) ont donné lieu à Civaux à des études particulières. A cause de la formation de résidus de chloration cancérigènes, les résultats de ces études ont conduit à n'autoriser une chloration exceptionnelle que pour les débits égaux ou supérieurs à 30 m3/s. Les conséquences d'une chloration en continu n'ont jamais été étudiées. 
Rappelons pour conclure que
· L'alimentation en eau potable d'un certain nombre de collectivités, dont la ville de Chatellerault, est tributaire de la rivière Vienne et aucune autre ressource n'est actuellement dispinible pour palier une quelconque dégradation de la qualité de cette eau. 
· De nombreuse utilisations ludiques et touristiques existent en aval de la centrale : Baignades, Canoë-Kayak. 
· Ainsi l'étude de l'ensemble du dossier des amibes sur Dampierre conduit à penser que pour la centrale de Civaux, le contexte particulier pourrait créer une situation à très haut risque en nature de santé publique. 
· Les autorités pourraient avoir à prendre rapidement des décisions importantes pouvant aller jusquà l'arrêt du fonctionnement de la centrale en période critique. 
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CONSEIL SUPÉRIEUR D'HYGIÈNE PUBLIQUE DE FRANCE
Section des Eaux
Séances des 14 mai et 11 juin 1996
Le problème des amibes libres pathogènes : éléments d'évaluation des risques et actualité du problème en aval de la centrale de Dampierre en Burly


     Le Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France, après discussion,
     - considérant le remplacement des condenseurs en laiton de la tranche 1 en 1990 et de la tranche 3 en 1996 de la centrale de Dampierre en Burly par des condenseurs en inox, dans le cadre d'un programme de renouvellement du parc des condenseurs, 
     - considérant que cette substitution, si elle permet de supprimer les rejets de cuivre dans le milieu, s'accompagne d'un accroissement des concentrations en Naegleria Fowleri dans le circuit de réfrigération des centrales en circuit fermé, 
     - considérant l'existence de pratiques de baignade et de loisirs nautiques à l'aval de la centrale, 
     - considérant les propositions faites par EDF pour l'été 1996 reprises dans les deux rapports ci-joints, 

1) concernant l'évaluation du risque
- considérant l'état des connaissances disponibles sur les sources d'exposition qui met en évidence : 
· les faibles concentration en Naegleria Fowleri en amont des centrales (quelques unités par litre);
· l'importance des concentrations en Naegleria Fowleri dans les circuits de refroidissement des centrales équipées de condenseurs en inox (quelques centaines à quelques milliers par litre) par comparaison avec celles équipées de condenseurs en laiton (quelques dizaines par litre); 
· la variation potentielle des concentrations en Naegleria Fowleri et sur les résultats de quantification des risques de décès par méningo-encéphalite amibienne primitive lors de la baignade - quelques dizaines de cas rapportés au monde - , 
- considérant les hypothèses de fréquentation prises en compte dans l'évaluation du risque faite pour Dampierre en Burly, de l'ordre de pllusieurs centaine de baigneurs (300 à 500) par jour, dans le cadre des pratiques de baignade et de loisirs nautiques, 
· prend acte de la démarche d'évaluation du risque lié à la présence d'amibes libres dans l'eau, développée dans le rapport n°1 et fondée notamment sur une approche quantitative validée; 
· estime, en conséquence, que le risque est faible, malgré la gravité potentielle des dangers identifiés; 
· demande toutefois que des mesures préventives adaptées soient prises en vue d'une réduction des risques tant sanitaires qu'écotoxicologiques; 
· demande que soit évaluée l'importance réelle des populations exposées du fait des pratiques de baignade et de loisirs nautiques en effectuant des relevés de ces pratiques et de la fréquentation des zones concernées à l'aval de la centrale; 

2) concernant la gestion du risqueet considérant les mesures de prévention, notamment les modalités de chloration ainsi que les conditions de surveillance proposées dans le rapport n°2, 
· donne une avis favorable à la stratégie proposée de réduction du risque lié au développement d'mibes libres en aval de la centrale nucléaire et, notamment, au principe de la chloration des eaux du circuit de refroidissement pour l'été 1996; 

 (suite)
suite:
· estime qu'une chloration à un taux de 0,5 mg/l de chlore résiduel permettra, pour les tranches T1 et T3, d'éliminer les trophozoïtes et de réduire de façon très importante la présence des kystes dans l'eau pour des pH inférieurs ou égaux à 9; 
· estime que si, cimpte tenu des conditions de fonctionnement de l'ensemble du site, la concentration relevée dans la Loire en Naegleria Fowleri ne dépasse pas l'ordre de grandeur d'une centaine par litre, il n'y a pas lieu d'interdire, vis-à-vis du risque amibien, la pratique de la baignade ou des loisirs nautiques; 
· demande : 
=> que soit, dès maintenant, constitué au niveau local un comité de suivi de l'opération de chloration, 
=> que soit mis en oeuvre un programme de contrôle phusico-chimique et (micro)biologique de la qualité de l'eau dont les objectifs sont de permettre, à partir de la période de chloration, d'apprécier son efficacité et de dresser des bilans de situation des apports des différentes tranches et des teneurs dans le fleuve, 
=> que ce programme tienne compte des capavités d'investigation biologique disponibles et des caractéristiques des méthodes d'analyses, notamment de leur seuil de détection et de leur précision au regard de l'interprétation des données 
· estime qu'il revient au comité de suivi de réexaminer en conséquence le choix des points de prélèvement des échantillons ainsi que la fréquence de prélèvement pour la recherche et la numération des Naegleria thermotolérantes et des Naegleria Fowleri; 
· estime que la décision d'arrêter la chloration pourra être prise au vu : 
=> des conditions générales de fonctionnement des différentes tranches du site, 
=> du régime hydraulique et de la température du fleuve, 
=> de l'importance de la population exposée du fait des pratiques de baignade et de loisirs nautiques; 
· qu'une information adaptée et concertée du coprs médical, de l'ensemble des intervenants et de la population soit faite le plus rapidement possible; 
· que des dispositions soient prévues pour réaliser, si cela était nécessaire, des investigations sanitaires et épidémiologiques; 

3) concernant l'évaluation de la situation
· demande que soient présentés au comité de suivi : 
=> un bilan régulier, dont la périodicité devra être apprécieée par le comité de suivi, des informations recueillies afin d'évaluer les modalités de gestion de la chloration et d'envisager les adaptations techniques nécessaires (taux de chloration, fréquence d'analyse,…), 
=> les résultats des contrôles de qualité physico-chimique et (micro)biologique de l'eau de la Loire, 
· demande qu'un relevé et qu'une analyse de tous les dysfonctionnements éventuels soient réalisés en liaison avec le comité de suivi et que les mesures nécessaires pour y remédier soient prises dans les meilleurs délai; 
· demande qu'un bilan de la situation et des résultats obtenus lui soit présenté à la fin de l'année 1996. 

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Eléments d'évaluation des risques et actualité du problème en France
Dossier n° 960029
Rapport n°1


     Cette note, établie pour le CSHPF, vise à synthétiser les éléments récents permettant de quantifier les risques sanitaires liés aux amibes libres. Elle discute également les mesures de prévention pouvant se justifier dans des situation locales faisant apparaître une possibilité de concentrations élevées d'amibes libres pathogènes dans des eaux de baignades; 

I - ELEMENTS D'ÉVALUATION DU RISQUE SANITAIRE
1) Rappels microbiologiques
    Les amibes libres peuvent être retrouvées sous forme végétative, directement pathogène et sous une forme kystique, qui leur permet de résister à des conditions extérieures hostiles. On dit qu'elles sont libres car elles peuvent passer facilement d'une forme à l'autre, à la différence des autres types d'amibes. Cela à une conséquence pratique : les formes kystiques retrouvées dans l'environnement peuvent devenir pathogènes pour l'homme, elles sont donc à prendre en considération. 
    Parmi toutes les espèces d'amibes libres, peu sont dangereuses pour l'homme. Celle qui fait l'objet de cette note est l'espèce Naegleria fowleri (Nf). On la retrouve essentiellement dans l'eau, et de préférence dans des eaux chaudes (25-40°C), cette espèce étant thermotolérante. 

2) Sources d'exposition
    Nf a été mise en évidence dans des mares et lacs où la température dépassait 25°C, dans certains réseaux de distribution d'eau publique (en Australie, des centaines de km de canalisation ne sont pas enterrés et subissent le réchauffement solaire), dans certaines piscines et établissements thermaux. Toutefois, sur un plan quantitatif, les concentrations sont très variables et le plus souvent très faibles, notamment sous nos latitudes tempérées, y compris dans le cas des eaux réchauffées. 
    On a déjà mis en évidence des Nf dans certains sites industriels et dans les cours d'eau en aval de ces sites, essentiellement en ces de circuits de refroidissements dits "fermés". EDF a développé depuis une quizaine d'années, à la demande du Dr COIN du CSHPF, un programme de mesures d'amibes dans l'environnement et d'identification des espèces, en collaboration, notamment, avec la Faculté de pharmacie de Lyon (Pr PERNIN). 
    Au cours des dernières années nous avons pu optimiser les résultats et aboutir aux conclulsions suivantes : 
=> en amont des centrales les concentrations en Nf ne dépassent pas quelques unités par litre, 
=> dans les circuits de refroidissement des centrales équipées de condenseurs en laiton, les concentrations sont de l'ordre de quelques dizaines par litre, 
=> dans les circuits de refroidissements des centrales éuipées de condenseurs inox(1)le remplacement des condenseurs en laiton par des condenseurs en inox a été entrepris pour éviter la corosion, qui a pour conséquence, d'une part d'entraîner des rejets de cuivre (qui sont réglementés), et d'autre part d'être à l'origine de fuites et donc d'une baisse de rendement de la centrale] les concentrations varient de quelques centaine à quelques milliers par litre, 
=> en aval des centrales (quelques kilomètres) les concentration sont dépendantes de la dilution et donce du débit (concentrations faibles dans le Rhône, plus importantes dans le Loire, notamment en période d'étiage) et de la concentration en centrale, donc de la nature des condenseurs. On a ainsi des valeurs de 80 Nf /1 à 4 km en aval de la centrale de Dampierre, pour un débit de Loire de 100 m3/s, qui peut descendre jusquà 60 m3/s. 
3) Identification des dangers
    L'espèce Naegleria fowleri est à l'origine de la Méningo-Encéphalite Amibienne Primitive (MEAP). Celle -ci est mortelle dans pratiquement tous les cas et touche essentiellement des jeunes, auparavant en bonne santé. 

suite: La contamination se fait lors de l'inhalation d'eau (au cours d'une baignade ou lors de l'exposition prolongée à un aérosol), l'amibe passe ensuite directement dans le cerveau en traversant la muqueuse nasale et la lame criblée de l'ethmoïde. 
    Au 1er janvier 1996, on avait pu recenser 171 cas de MEAP dans le monde, ce qui est peu au regard du fait que l'on puisse retrouver Nf de façon ubiquitaire. Il faut comprendre que le risque est en relation avec la concentration de Nf dans l'environnement et croît de façon exponentielle. Si l'on n'a pas eu de cas avéré en France, c'est vraisemblablement parce que les concentrations relevées dans l'environnement étaient jusqu'à présent très faibles (moins de 1 Nf par litre, en général). 

4) Quantification du risque
    Pour mieux appréhender ce risque, la Direction des Etudes et Recherches et le Service des Etudes Médicales d'EDF ont calculé les risques de décès par MEAP lors d'une baignade, en fonction de la concentration en Nf dans l'eau. Ce risque peut se décomposer de la façon suivante : 
 
risque pour 1 baignade = probabilité d'inhaler "n" Nf lorsque l'on se baigne dans une eau où les Nf sont présentes à la concentration "c" (10 ml d'eau inhalée par baignade) 
multipli'e par 
probabilité de décès lorsque l'on a inhalé "n" Nf (modélisation d'après les données animales)
En choisissant le modèle lognormal, qui donne les estimations les plusbasses, et qui est en bonne adéquation avec les données réelles (USA, Australie, Nouvelle-Zélande), on obtient les risques suivants :
Concentration Risque pour une en Nf dans l'eau baignade
1 Nf / litre risque = 10-8 soit un décès pour 100 millions de baignades
10 Nf / litre risque = 1,45 10-7 soit un décès pour 7 millions de baignades
100 Nf / litre risque = 7,24 10-6 soit un décès pour 140 000 baignades
1000 Nf / litre risque = 1,34 10-3 soit un décès pour 746 baignades

5) Le cas de la centrale de Dampierre-en-Burly pour l'été 1996
    Deux des quatres tranches sont équipées de condenseurs en inox à Dampierre. Il s'agit, dans l'état actuel du renouvellement du parc des condenseurs, du seul site pouvant entraîner une colonisation importante en aval du rejet. Par ailleurs, les 10 km en aval de cette centrale comportent de nombreuses zones de baignade. Ceci en fait donc un site à risque potentiellement élevé. 
    On peut évaluer le risque de voir apparaître des cas de MEAP cet été sur le site de Dampierre, en fonction des concenrations relevées en aval du rejet lors des précédentes campagnes de prélèvement, en sachant que la tranche 1 sera fermée en août. 
    Les concentrations au niveau de la zone de baignade située à 4 km en aval pourraient être de 200 Nf/l en juillet et de 100 Nf:l en août, en supposant la Loire à l'étiage. 
    En faisant l'hypothèse que le nombre de baigneurs varie de 300 à 500 par jour et que le nombre de baignades par baigneur et par jour varie de 1 à 5, le risque attendu pourrait être de l'ordre de 1 décès pour deux mois, avec une fourchette de cas mortels attendus allant de 0 à 5. Même en connaissant les incertitudes liées à la modélisation, cette situation justifie pleinement de se poser la question des mesures de prévention et de surveillance à mettre en oeuvre. 
 
 

 p.16

II - PROPOSITIONS DE PRÉVENTION
1) A court terme : le cas de Dampierre
    Il s'agit de s'assurer que le nombre de Nf présentes dans les circuits tertiaires des tranches concernées, et donc également dans la Loire en aval, soit maintenu à un faible niveau pendant la période estivale, au cours de laquelle des baigneurs (2) sont susceptibles d'être exposés. Cela concerne essentiellement juillet-août, mais également juin et septembre, selon les conditions climatiques. 
La méthode retenue est celle de la chloration
    Le traitement débute par une chloration massive à 20 ppm (purge fermée), suivie d'une chloration continue purge ouverte à 0,5 ppm(3) de chlore libre résiduel (niveau efficace pour détruire la quasi-totalité des formes végétatives(4)). Dans ces conditions, compte-tenu de la durée de passage dans le canal de rejet, et de la consommation du chlore libre résiduel avant rejet en Loire devrait être inférieur à 0,1 ppm, valeur à ne pas dépasser selon les arrêtés préfectoraux. 
    Les mesures de la teneur en chlore libre résiduel seront effectuées plusieurs fois par jour au niveau duc ircuit de refroidissement des tranches traitées, pour s'assurer de l'efficacité de ce traitement, et avant la sortie du canal de rejet, pour vérifier la conformité de nos rejets. 
    En ce qui concerne la production d'organohoalogénés, d'après les calculs effectués, on devrait obtenir une concentration de 0,5 mg/l en AOX, soit une quantité de 60 kg par jour (par tranche). Les résidus de chloration (THM et AOX) seront contrôlés régulièrement. 
    Dans ces conditions, la concentration en NF en aval de la centrale ne devrait pas dépasser quelques dizaines et le risque résiduel attendu être de l'ordre de 10-6, 10-7 par baignade. 
    Par ailleurs, des campagnes de mesures et d'identification d'amibes seront effectuées sur le site cet été, qui permettront de valider, a posteriori (5), l'expérience.
2) A long terme
    Plusieurs autres tranches équipées de condenseurs en inox doivent être mises en service sur des fleuves à bas débit. 
suite:
EDF poursuit une réflexion sur l'opportunité de ces changements, programmés au départ pour éviter les excès de rejets de cuivre. 
    Toutefois la Direction des Etudes et Recherches et le Service des Etudes Médicales étudient les divers procédés pouvant être mis en place à plus long terme afin de limiter la colonisation par NF, ou de les détruire avant rejet. Ainsi des procédés non polluants, comme l'utilisation de champs électriques pulsés sont à l'étude. Compte-tenu des délais de mise au point de la méthode, une application à un niveau industriel ne pourrait pas voir le jour avant plusieurs années, ce qui pose la question du traitement à moyen terme. D'autre procédés sont à l'étude, comme l'utilisation de l'ozone, ou la filtration, qui nécessite également des travaux importants d'aménagements et pose le problème du traitement des boues. 
*************
(1) Le remplacement des condenseurs en laiton par des condenseurs en inox a été entrepris pour éviter la corosion, qui a pour conséquence, d'une part d'entraîner des rejets de cuivre (qui sont réglementés), et d'autre part d'être à l'origine de fuites et donc d'une baisse de rendement de la centrale
(2) Il faut rappeler que les personnes qui pourraient être amenées à être exposées à titre professionnel au sein des centrales, doivent proter un masque ou une protection adéquate.
(3) Valeur fondée sur l'expérience australienne de chloration des circuits d'eau potable;
(4) Toutefois d'autres expériences seront effectuées, en raison du pH élevé, pour déterminer l'efficacité d'un tel traitement. En effet, à pH 7,77% du chlore libre est sous forme HCLO, alors qu'o pH 9 HCLO ne représente que 3% du chlore libre
(5) En effet, il faut un mois pour avoir les résultats d'une campagne.
 début p.17

B - Incident avec fuite d'eau sur RRA (mai 1998)
1- DSIN
CIVAUX - réacteur no 1 (Vienne)


FLASH no1
3 MAI 1998
Fuite importante sur une tuyauterie du circuit de refroidissement à l'arrêt du réacteur.

     Le 12 mai 1998, vers 20h00, alors que le réacteur était à l'arrêt depuis le 7 mai, une fuite d'eau d'un débit estimé à environ 30 m3 par heure a été détectée sur le circuit de refroidissement à l'arrêt (circuit RRA).
     Ce circuit assure, lors des phases d'arrêt du réacteur, la circulation d'un niveau d'eau minimal dans le circuit primaire, afin d'assurer le refroidissement du combustible présent dans le coeur du réacteur. Il est constitué de deux voies redondantes.
     La fuite a été arrêtée par isolement d'une des voies du circuit RRA, vers 5 h 00 du matin, le 13 mai1998.
     Elle a entraîné un écoulement d'eau du circuit primaire dans les puisards du bâtiment du réacteur. L'eau ayant été entièrement collectée dans le bâtiment du réacteur, cet incident n'a eu aucune conséquence sur l'environnement.
     Les investigations menées par l'exploitant sur le tronçon défaillant du circuit RRA ont mis en évidence une fissure de 180 mm sur une soudure de ce tronçon.
     Le réacteur est actuellement à l'arrêt. Il est correctement refroidi par la voie restée intacte du circuit RRA et il n'y a à ce jour aucun risque pour les populations.
     Des investigations complémentaires sont actuellement menées par l'exploitant pour déterminer la nature et la durée de la réparation et définir dans quel état du réacteur doit être menée la réparation pour garantir à la fois la sûreté du réacteur et la sécurité des intervenants. Les propositions de lrité de sûreté.
     En raison de l'apparition d'une fuite importante qui a entraîné une perte de fluide de refroidissement primaire, cet incident a été classé au niveau 2 de l'échelle INÈS qui en comporte 7

FLASH no3
15 MAI 1998-9H45
Fuite importante sur une tuyauterie du circuit de refroidissement à l'arrêt du réacteur.

     Le 12mai 1998, vers 20h00, alors que le réacteur était à l'arrêt à froid depuis le 7 mai, une fuite d'eau d'un débit estimé à environ 30 m3 par heure a été détectée sur le circuit de refroidissement à l'arrêt (circuit RRA).
     Ce circuit assure, lors des phases d'arrêt à froid du réacteur(pression faible, température faible), la circulation d'un niveau d'eau minimal dans le circuit primaire, afin d'assurer le refroidissement du combustible présent dans le coeur du réacteur. Il est constitué de deux voies redondantes.
     La fuite a été arrêtée par isolement d'une des voies du circuit RRA, vers 5h00 du matin, le 13 mai 1998. Elle a entraîné un écoulement d'eau du circuit primaire dans les puisards du bâtiment du réacteur. L'eau ayant été entièrement collectée dans le bâtiment du réacteur, cet incident n'a eu aucune conséquence sur l'environnement.
     Le réacteur est actuellement à l'arrêt. Il est correctement refroidi par la voie restée intacte du circuit RRA et il n'y a à ce jour aucun risque pour les populations.
     Les investigations menées par l'exploitant sur le tronçon défaillant du circuit RRA ont mis en évidence une fissure de 180 mm sur une soudure de ce tronçon.
     Il a été décidé par l'exploitant, avec l'accord de l'Autorité de sûreté:
- de remplacer le tronçon accidenté par un tronçon neuf
- de procéder à cette réparation en arrêt normal sur générateurs de vapeur. Dans cet état, le coeur du réacteur sera refroidi par les générateurs de vapeur de façon redondante et durable, c'est-à-dire dans des conditions tout à fait satisfaisantes au plan de la sûreté. Hors des périodes de production d'électricité ou d'entretien, cet état d'arrêt est le plus couramment utilisé

fin p. 17

      Le réacteur devrait atteindre cet état dans le week-end. Le retard observé par rapport à ce qui avait été précédemment annoncé ne
provient d'aucun fait nouveau important. Il a été nécessaire:- d'adapter la procédure habituelle de passage de l'arrêt à froid à l'arrêt normal sur générateurs de vapeur pour tenir compte de l'état du réacteur;  cette procédure sera plus longue que d'habitude;
- de vérifier minutieusement cette nouvelle procédure
- de définir des conditions d'intervention protégeant au mieux le personnel.
     En raison de l'apparition d'une fuite importante qui a entraîné une perte de fluide de refroidissement primaire, cet incident a été classé au niveau 2 de l'échelle INÈS qui en comporte 7.
     L'Autorité de sûreté rendra compte régulièrement de l'évolution de la situation sur le
3614 MAGNUC
CONFÉRENCE DE PRESSE
DU 25 JUIN 1998
Premier retour d'expérience sur l'incident du 12 mai 1998 survenu sur le réacteur 1 du CNPE de Civaux.

     A la suite de l'incident survenu le 12 mai 1998 sur le réacteur no l de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne) lors duquel une fuite d'eau importante s'était produite sur l'une des deux voies redondantes du circuit de refroidissement à l'arrêt (RRA), la DSIN a souhaité qu'une exploitation détaillée du retour d'expérience de la gestion de cet événement soit menée, aussitôt que le retour à un état pleinement satisfaisant de sûreté serait atteint sur ce réacteur. En effet, cet événement a conduit à une mobilisation importante et prolongée de l'exploitant EDF et de l'Autorité de sûreté, et il convient d'examiner les conditions dans lesquelles l'organisation de crise aurait pu être mobilisée différemment au regard des constats et des difficultés observés au cours du traitement de cet incident.
     Les faits relatifs au déroulement technique de la gestion de cet événement sont décrits dans les communiqués MAGNUC et ceux de presse des 13 et 28 mai.
     L'événement se caractérise par une phase aiguë, pendant la nuit de 12 au 13 mai jusqu'à l'isolement de la fuite du circuit RRA, suivie d'une phase prolongée (plusieurs semaines, dont 5 jours de mobilisation intense dès le 13 mai) au cours de laquelle le refroidissement du coeur n'était pas assuré de façon redondante. L'événement s'est produit dans un contexte déjà chargé dans l'actualité du nucléaire (problème de contamination des transports de combustibles OSéS), mobilisant déjà fortement les moyens de la DSIN et d'EDF.
     EDF a rapidement mis en place une organisation lourde, à l'instar de ce que prévoit le plan d'urgence interne (PUI) de la centrale nucléaire, pendant la phase aiguë et les 5 jours qui ont suivi, sans toutefois déclencher formellement le PUI qui aurait alors conduit à l'alerte des pouvoirs public, et en particulier la mobilisation générale de l'organisation de crise de l'autorité de sûreté. Il en a résulté une dissymétrie par mobilisation seulement partielle et différée de l'organisation de crise des pouvoirs publics (préfecture, DSIN, IPSN).
     Plus précisément, le directeur du parc nucléaire d'EDF s'est limité à informer le directeur de la DSIN le 13 mai vers 3 h 00, en lui indiquant qu'une fuite d'eau primaire était encours sur la tranche 1, qu'EDF mobilisait d'importants moyens pour isoler cette fuite et que le déclenchement du PUI n'était pas à envisager avant un délai d'environ 2h. L'isolement de la fuite vers 5 h a donc conduit au non-déclenchement du PUI.
     Une inspection de Civaux a été menée par la division des installations nucléaires (DIN) de la DRIRE Aquitaine dès le 13 mai en fin de journée. La DIN a constaté que la procédure de conduite utilisée par EDF à partir de 3h le 13 mai aurait du entraîner le déclenchement du PLI dès ce moment. Elle a immédiatement demandé à EDF pour quelles raisons la procédure n'avait pas été suivie par l'exploitant. EDF a répondu, début juin, que le volume d'eau disponible dans le réservoir dit «PTR», compensant la fuite d'eau du RRA, était largement suffisant le 13 mai à 3 h pour ne pas justifier l'engagement immédiat du PUI; EDF a indiqué par la suite qu'une erreur portant sur un seuil de niveau du réservoir PTR explique l'engagement précoce de la procédure de conduite qui aurait dû entraîner le déclenchement du PUI. Ces justifications fournies par EDF sont en cours d'examen par l'Autorité de sûreté avec l'appui de l'IPSN.

suite:
Sans préjuger des conclusions de cet examen, la DSIN estime, d'ores et déjà, que le déclenchement du PUI n'aurait pas modifié le choix de la façon de maîtriser l'incident: EDF a assuré une gestion technique correcte et a su mobiliser et renouveler ses équipes pour traiter l'incident dans la durée. Toutefois le déclenchement du PUI aurait permis une mobilisation plus rapide et plus ample des pouvoirs publics, avec notamment pour conséquence une information plus rapide et plus précise du public et des médias sur l'attitude à avoir hors du site. En ce qui concerne la DSIN, le déclencheinent du PUI aurait entraîné la mise en place de l 'organisation de crise permettant une mobilisation plus importante des ressources, ce qui aurait eu pour principal effet d'améliorer les conditions de travail et de relève des personnes de la DSIN impliquées dans le traitement de cet événement particulièrement long.
     Au sujet des relations avec les médias et le public, les faits suivants concernant la DSIN sont à signaler. entre le 13 mai et le 8 juin 1998, la DSIN a émis 7 communiqués sur le serveur MAGNUC afin de tenir à jour les informations sur les actions engagées pour ramener le réacteur dans un état de sûreté pleinement satisfaisant. La DSIN a par ailleurs, diffusé un communiqué de presse dès le 13 mai, et un second, daté du 28 mai, récapitulant le déroulement de l'incident. Le classement de l'événement au niveau 2 a été établi dès le 13 mai. Enfin la DSIN a répondu aux interviews de la presse et aux quelques demandes de renseignements du public.
COMMUNIQUÉ

     A la suite de l'incident survenu le 12 mai 1998 sur le réacteur no1 de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne), une réunion visant à établir en commun un premier bilan de la gestion de cet incident s'est tenue à Poitiers en présence de Bruno Fontenaist, Préfet de la Région Poitou Charentes et de la Vienne, d'André-Claude Lacoste, directeur de la DSIN, de Bernard Dupraz, directeur de l'exploitation du parc nucléaire d'EDF et de Pierre Bart, directeur de Civaux.
     L'incident survenu à Civaux a conduit à une mobilisation importante et prolongée d'équipes tant du côté de l'exploitant que des pouvoirs publics. A la phase aiguë du traitement de l'incident de la nuit du 12 au 13 mai, a succédé, sur une durée de plusieurs semaines, une phase de gestion «post-incidentelle» visant à ramener le réacteur dans un état satisfaisant du point de vue de la sûreté. Il est apparu essentiel aux différents acteurs de procéder en commun, aussitôt le règlement technique de l'incident achevé, à une exploitation détaillée du «retour d'expérience» de la gestion de cet événement. Au cours de la réunion, les principaux constats soivants ont été faits:
- gestion technique : EDF a assuré une gestion technique correcte de l'incident.
- conséquences sur le personnel, la population et l'environnement: l'incident n'a pas entraîné de conséquences radiologiques ni sanitaires sur le personnel de la centrale, la population et l'environnement. L'ensemble des vérifications et mesures faites confirment ce point.
- déclenchement de l'alerte : EDF a décidé dans la nuit du 12 au 13 mai de ne pas déclencher le PUI. L'autorité de sûreté a demandé à EDF de justifier ce choix. Ces justifications sont en cours d'examen.
- Conséquences sur les autres réacteurs du parc EDF: l'analyse technique amis en évidence une erreur de conception du RRA sur le palier N4. Par mesure de précaution, les 2 autres réacteurs de même type à Chooz sont en cours de déchargement. Les réacteurs de Chooz et de Civaux ne redémarreront qu'avec un RRA redessiné et après vérification. La situation sur les autres réacteurs est en cours d'examen.
     Ces premiers constats donneront lieu, pour chacune des entités concernées, à l'approfondissement nécessaire afin d'améliorer tant les procédures internes que les relations entre acteurs en phase de gestion d'incident.
     Les progrès doivent porter en particulier sur:
- la clarification des conditions de déclenchement des alertes : PUI, phase intermédiaire d'alerte, etc. D'ores et déjà la convention d'information entre la préfecture de la Vienne et la centrale de Civaux sera réécrite et son contenu sera rendu public.
- l'information des médias et du public le rôle des CLI et des élus en cas de crise doit être précisé.

Contacts:
préfecture: M. Fosseux 05 49 55 70 00
DSIN: S. Le Breton 0l 43 19 39 61
p.18
Supplément "WEB" à la "version papier"
Modalités de chloration applicables à la centrale de Dampierre en Burly durant l'été 1996
Dossier n° 960029
Rapport n°2

     Les amibes libres sont des organismes microscopiques qui ont un cycle de reproduction libre, non parasitaire. On les retrouve à l'état naturel dans l'environnement et, notamment, dans l'eau, où elles peuvent se multiplier lorsque la température est comprise entre 25°C et 40°C. Parmi elles, l'amibe appelée Naegleriea fowleri peut être à l'origine d'une méningo-encéphalite exceptionnelle mais grave. On a jusqu'à présent comptabilité 171 cas de méningo-encéphalite dans le monde, et principalement dans des pays chauds (un seul en France, dont l'histoire médicale est inconnue). EDF a récemment entrepris un programme de remplacement des condenseurs en laiton par des condenseurs en inox. Si cette substitution permet de supprimer les rejets de cuivre dans le milieu, elle s'accompagne d'un accroissement des concentration en Nargleria fowleri en aval, pour les centrales en circuit fermé. Il en résulte que dans certaines conditions spécifiques, un modèle d'évaluation du risque a montré que les teneurs en amibes pourraient atteindre un niveau susceptible d'entraîner un risque sanitaire. EDF a donc jugé nécessaire de mettre en oeuvre une chloration préventive dans l'hypothèse d'un été très chaud avec un bas étiage de la Loire. Cette note précise les modalités de la chloration et les dispositions du programme de suivi de la qualité des eaux, conformément à la demande du Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France (séance du 24 mai 1996).

I - Choix d'une méthode de traitement anti-amibien
    Un inventaire des connaissances actuelles sur les méthodes chimiques et physiques disponibles est dressé dans le tableau 1, avec leur efficacité, lorsqu'elle est connue, et leurs contraintes d'utilisation. Des produits chimiques comme le chlore, la chloramine et l'ozone sont efficaces contre les amibes. Les deux premiers sont utilisés en Australie pour traiter le réseau d'eau potable, dans un contexte de risque important (grand nombre d'individus exposés, température favorable au développement amibien). Dans un contexte identique, l'ozone est utilisé en piscine. Les tests de traitement discontinu réalisés en France comme à l'étranger, avec des méthodes chimiques ou physiques , permettent de réduire les concentrations pendant la durée du traitement, mais les apport de l'amont ou les zones de sédimentation, à l'intérieur des installations, peuvent réensemencer l'eau, en moins de 48 heures, après l'arrêt du traitement. Le recours à un traitement continu apparaît donc obligatoire, sur toute la période pendant laquelle une désinfection de la masse d'eau est souhaitée.
    Dans le cas de la centrale de Dampierre, les contraintes de délai et de facilité de mise en oeuvre ainsi que la réglementation concernant les rejets limitent le choix des solutions possibles d'un traitement applicable dès l'égé 1996. Le seul biocide poiur lequel EDF dispose d'une autorisation de rejet est le chlore. Son efficacité anti-amibienne est connue, l'injection d'eau de Javel dans le circuit ne pose pas de problème techniquqe majeur et l'écotoxicité des résidus de chloration est faible aux concentrations imposées par la réglementation concernant les rejets. Les autres méthodes de traitement dont l'efficacité anti-amibienne est connue ont été écartées pour les raisons suivantes:
- difficultés de mise en oeuvre (ozonz, décantation-décarbonatation, chloramine, dioxyde de chlore),
- danger pour le personnel (ozone, dioxyde de chlore),
- persistance dans l'environnement (chloramine).
    Dans une tranche en circuit fermé, les opérations de traitement peuvent être mises en oeuvre soit sur les purges du circuit de refroidissement. Dans le cas de la chloration, un traitement du circuit principal est la seule solution envisageable : les temps de contact plus longs permettent d'utiliser des concentrations plus faibles en biocide et limitent les concentration en produits toxiques résiduels au rejet. L'hypochlorite de sodium peut être injecté dans le circuit principal, en sortie du bassin froid, au point d'aspiration des pompes circulantes, ce qui présente l'avantage d'assurer une chloration maximum du condenseur, lieu de développement préférentiel des amibes.

Tableau 1 - Inventaire des procédés de traitement anti-Naegleria fowleri et contraintes d'utilisation

Méthodes de traitement
Efficacité sur kystes
Efficacité sur trophozoïtes
Contraintes pratiques d'utilisation
Traitement chimiques
chlore
(HOCl)
+
+
impact sur l'environnement
chloramine 
(NH2Cl)
+
+
impact sur l'environnement
ozone 
(O3)
+
+
difficulté de mise en oeuvre, dangereux pour le personnel
dioxyde de chlore 
(ClO2)
?
+
dangereux à manipuler
amonium quaternaire
-
+
 
dichlorophène
-
+
 
Mexel
-
+
 
Baquacil
-
+
 
EDTA
-
-
pas d'autorisation de rejet
phosphonate
?
-
 
polyacrilate
?
-
 
Traitements physiques
échaudage à 70°C
+
+
difficulté de mise en oeuvre, impact sur l'environnement
décantation décarbonation
+
+
problème des boues
champs électriques pulsés
à l'étude
à l'étude
 
ultrasons
?
?
 
ultraviolets
?
?
extinction des U.V. en eaux turbides
(?) inconnu
(+) efficace
(-)inefficace

II - Efficacité de la chloration
II.1. Expérimentations en laboratoire
    De nombreux auteurs ont démontré que le chlore était un agent chimique efficace contre les amibes. L'efficacité de la désinfection dépend de la forme amibienne (végétative ou kystique), de la teneurs en chlore actif, de la température et du temps de contact. La concentration en chlore actif est elle-même dépendante de diverses caractéristiques de l'eau, notamment son pH, mais aussi de sa teneur en matières organiques et en azote ammoniacal (demande en chlore).
    Dans des conditions expérimentales similaires (eau distillée tamponnée à des pH de l'ordre de 7,0 à 7,4), les données bibliographiques [1] [2] [3] [4] [5] concordent (tableau 2). Les normes végétatives sont très sensibles à la chloration : une à deux minutes de temps de contact suffisent à éliminer 99% des amibes pour une concentration en chlore libre résiduel de 0,5 ppm. Les kystes sont en revanche beaucoup plus résistants.

Tableau 2 - Efficacité de la chloration vis-à-vis des kystes et formes végétatives de Naegleria fowleri
forme amibienne
chlore libre en mg/l

initial résiduel

chlore actif en mg/l
pH
temp.°C
temps de contact
mortalité amibienne
C x t 99 en mg.mn/l
kyste
?
5,2
3,38
7,2
25
5 mm
99 %
16,90
kyste
?
1,6
1,04
7,2
25
15 mm
98 %
15,60
kyste
2,5
2,5
1,35
7,4
25
12 mm
99 %
16,20
kyste
1,24
1,24
0,67
7,4
25
26,5 mm
99 %
17,76
végétative
2,5
2,5
1,35
7,4
25
0,54 mm
99 %
0,73
végétative
1,24
1,24
0,67
7,4
25
1 mm
99 %
0,67
végétative
?
0,5
?
?
30
2 mm
99 %
1,00*
végétative
?
0,2
?
?
30
8 mm
99 %
1,60*
végétative
0,625
0,125
0,09375
7
25
30 mm
99,96 %
 
                 
* en l'absence de données sur le pH, la teneur en chlore actif est considérée égale à celle en chlore libre
    Les résultat expérimentaux présentés dans le tableau 2 permettent de calculer les produits "concentration en chlore actif (HCIO) x temps de contact" permettant d'éliminer 99 % (Ct 99) des Naegleria fowleri. Les valeurs de Ct99 sont au maximum de :
- 18 mg.mm.1-1 pour les formes kystiques
- 1,6 mg.mm.1-1 pour les formes végétatives.

II.2. Expérience autralienne sur des eaux destinées à la consommation humaine.
    En Australie, Naegleria fowleri se développe dans le réseau de distribution d'eau potable. En effet, les canalisations non enterrées sur des centaines de kilomètres subissent un échauffement solaire tel que la température de l'eau peut atteindre des valeurs supérieures à 40°C. Cette eau a été à l'origine de 13 cas de méningo-encéphalite amibienne primitive, entre 1955 et 1972, en Australie du Sud.
    Les compagnies de distribution d'eau australiennes ont mis en place en 1972 un programme de chloration continue associé à un programme de surveillance de la concentration en Naegleria fowleri. L'injection continue de chlore à des niveaux suffisants pour obtenir une concentration en chlore libre résiduel de 0,5 ppm au point de distribution chez le consommateur a permis l'élimination apparente de la maladie [6]. Le programme de surveillance des concentrations en amibes a montré que N. fowleri n'était détectée que dans les réseaux où il n'était pas possible de respecter la dose recommandée de 0,5 ppm de chlore libre résiduel Sur 67 prélèvements contenant des N. fowleri, 65 présentaient des concentrations en chlore recommandée dans certaines parties du réseau de distribution, les compagnies de distibution d'eau australiennes ont décidé d'utiliser depuis 1991 la monochloramine beaucoup plus persistante que le chlore. L'injection doit permettre d'obtenire au moins 0,5 ppm de chlore combiné au point de distribution chez le consommateur. Aucune Naegleria fowleri n'a été détectée depuis [8]

II.3. Expérimentations en centrale
    Plusieurs essais de chloration massive ont été menés dans les centrales EDF des Ansereuilles (circuit fermé) etde La Maxe (circuit ouvert), au début des années 1980, afin de déterminer l'effet de ces traitements sur les amibes, tableau 3:
 

Site
Date
Concentration à l'injection (mg/l)
Chlore libre résiduel après

30 mn 120 mn

Les Ansereuilles 
(tranche 2)
22/06/82
25
5
0
Les Ansereuilles 
(tranche &)
29/06/82
2 injections à 42 mg/l à 1 heure d'intervalle
25
0
Les Ansereilles 
(tranche 4)
25/11/82
64
50
25
La Maxe 
(tranche 1)
04/09/82
2 injections à 50 mg/l à 3 heures d'intervalle
16
12
    Lors des deux premiers traitements aux Ansereuilles, les concentration en amibes mesurées avant et 24 heures après la chloration sont similaires. La forte demande en chlore du circuit provoque une chute rapide de la concentration en chlore résiduel, rendant le traitement inefficace. Lors du troisième traitement, on note une diminution d'environ un log, 24 heures après l'injection mais, après 3 jours, l'effet du traitement n'est plus perceptible.
    A La Maxe, la chloration a été effectuée en circuit fermé (tranche à l'arrêt), après obturation des conduits d'entrée et sortie du condenseur, pendant 9 heures. Aucune amibe n'est détectée dans les prélèvements d'eau du condenseur, effectués pendant la chloration. En revanche, les amibes sont présentes dès le lendemain, après remise en fonctionnement de la tranche, et les concentrations sont identiques dans le rejet de la tranche 1 chlorée et dans celui de la tranche 2 non traitée.

II.4. Estimation de l'efficacité de la chloration à Dampierre
    Compte tenu de ces expérimentations, le traitement proposé comporte deux phases : un traitement initial par chloration massive (niveau d'injection : 20 ppm), un traitement d'entretien par chloration continue. La concentration en chlore libre résiduel à maintenir dans le circuit de la centrale de Dampierre pendant la chloration continue est fixée à 0,5 ppm. Dans la gamme des pH de 8,0 à 9,0 qui sont ceux relevés dans le rejet de Dampierre-en-Burly en juillet et août par la station multiparamètres du site, l'acide hypochloreux est fortement dissocié. La fraction non dissociée ne représente que 24 % à pH 8 et seulement 3 % à pH 9. En maintenant une concentration en chlore libre résiduel de 0,5 ppm dans le circuit, les temps de contact nécessaires pour éliminers 99 % des Naegleris fowleri seraient :
- pour les formes végétatives, 13 mm à pH8 et 100 mm à pH 9
    Le temps de séjour moyen dans le circuit de refroidissement, de l'ordre de 4 h, permet de détruire les formes végétatives, seules formes capables de se multiplier. En revanche, les kystes ne seront vraisemblablement pas complètement éliminés à cette concentration, mais ils ne pourrant pas se développer.
    Une injection massive (purge fermée) de 20 ppm de chlore, au début de la période de traitement, doit permettre d'éliminer en partie les kystes présents dans l'installation et satisfaire la demande en chlore du circuit. La poursuite de la chloration à 0,5 ppm, pendant toute la période estivale, doit stopper la colonisation du circuit;
    Le suivi en continu et les mesures ponctuelles permettront d'ajuster les quantités utilisées pour le traitement.

III. Estimations des concentrations en résidus et en sous-produits de chloration en aval de Dampierre
II.1. Chlore résiduel libre et total
    A partir d'une concentration en chlore résiduel libre de 0,5 mg/l, la dilution dans le canal de rejet, du facteur 2 (deux tranches chlorées sur 4), abat la teneur à 0,25 mg/l. L'eau des tranches non chlorées a une demande en chlore de 3 mg/l, d'après les expérimentations réalisées en laboratoire sur l'eau prélevée à Dampierre le 22/05/96. Le chlore libre résiduel va donc disparaître en quasi totalité au cours du transit dans le canal de rejet, d'une durée de 30 minutes. Les concentrations en chlore libre résiduel, à l'extrémité du canal, seront donc inférieures à 0,1 mg/l. En Loire, après mélange, les concentrations en chlore libre seront alors inférieures à 10 mg/l.
    En été, l'eau de Loire à Dampierre-en-Burly contient peu d'azote ammoniacal, d'après les analyses réalisées en 1993 et 1994, dans le cadre du suivi hydrobiologique du site : 0,01 à 0,03 mg/l en juiller/août. En appliquant le rapport Cl2 / N-NH3 = 7,6, on obtient pendant les mois de juillet-août, une consommation en chlore libre au point de rupture (concentration en chlore à partir de laquelle on ne forme plus de chloramines) comprise entre 0,08 mg/l et 0,23 mg/l. Avec une concentration en chlore résiduel de 0,5 mg/l, la présence de chloramines dans le circuit, et dans le canal de rejet est peu probable.

III.2. Trihalométhanes.
    Nous disposons de quelques dosages de trihalométhanes pratiqués lors de chlorations d'eaux de rivières, tableau 4:

Concentration maximum en chloroforme lors de chlorations d'eaux de rivières à des températures de 29 à 40°C
(boucles VESPA et TERA en Seine et en Vienne).
Site, Date
Chloration
(mg/l Cl2)
Chloroforme
( mg/l CHCl3 )
Bugey (Rhône) 05/03/80 
Bugey 07/03/80 
Bugey 03/07/80
40 
40 
68
154 
115 
180
Seine (Chatou) 16/11/82 
Seine 23/11/82 
Seine 22/11/82 
Seine 30/11/82 
Seine 23/11/82 
Seine 18/11/82 
Seine 19/11/82
20 
30 
40 
50 
60 
80 
100
23,4 
26,9 
32,9 
14,7 
44,4 
15,6 
31,1
Vienne (Civaux) 06/07/82 
Vienne 08/07/82 
Vienne non daté 
Vienne 12/07/82 
Vienne 19/07/82
50 
50 
50 
80 
100
200 
144 
210 
198 
397
Les Ansereuilles 25/11/82
60
30
    La teneur en chloroforme (qui représente plus de 95 % de la totalité des THM formés par chloration) dépend principalement de la richesse de l'eau en substratas organiques susceptibles de chloration (notamment en substance humiques) et de la température de l'eau qui détermine la cinétique de formation de ces composés.
    Les données du tableau 4 montrent qu'il existe une grande disparité entre les sites et vraisemblablement la saison: l'eau de Seine à Chatou en hiver ne forme qu'une quarantaine de mg/l de chloroforme au maximum, alors que la valeur maximale est proche de 200 mg/l dans le Rhône et même de 400 mg/l en Vienne.
    D'après les expérimentations réalisées en laboratoire sur l'eau prélevée à Dampierre le 22/05/96 (concentrations en carbone organique total de 8,25 mg/l et en azote organique de 1,05 mg/l), la chloration continue à 0,5 ppm de chlore libre résiduel formerait 60 mg/l de chloroforme, 5 mg/l de dichlorobromométhane et moins de 0,2 mg/l de dibromochlorométhane dans le circuit, sans tenir compte des pertes de substantes volatiles dans l'aéroréfrigérant.
    La perte de ces substances dans l'aérofrigérant doit abaisser fortement les valeurs dans la purge. En revanche, la richesse en matières organiques peut augmenter en été et provoquer la formation de davantage de THM. Sur la base de ces considértions, il est probable qu'à Dampierre-en-Burly la purge ne contiendra pas plus de 100 mg/l en chloroforme, ce qui donnerait moins de 50 mg/l au rejet, et moins de 5 mg/l en Loire.

III.3. Composés organo-halogénés absorbables (AOX)
    Les seules analyses d'AOX pratiquées sur les circuits fermés de Centres Nucléaires de Production d'Electricité proviennent de Bugey, lors des chlorations à 7 et 8 mg/l en 1994:
28/07/94: chloration à 8 mg/l maximum d'AOX dans le circuit: 460 mg/l
26/07/94: chloration à 7 mg/l maximum d'AOX à 470 mg/l.
    D'après les expérimentations réalisées en laboratoire sur l'eau prélevée à Dampierre le 22/05/96 la chloration continue à 0,5 ppm de chlore libre résiduel formerait 420 mg:l d'AOX dans le circuit.
    En tenant compte d'une richesse en matière organique plus élevée en été, on aurait donc pour une chloration à bas niveau un maximum d'environ 700 mg/l en AOX dans la purge qui correspondraienr à un maximum de 350 mg/l au rejet et de 35 mg/l en Loire et les TM représenteraient environ 20% des AOX.

IV. Programme de contrôle et de suivi
    Pour améliorer les connaissances sur l'impact de la chloration continue dans les centrales françaises en circuit fermé, EDF met en place, à Dampierre, un programme important d'analyses dont les résultats seront communiqués qu CSHPF.

IV.1. Contrôle du niveau de chlore résiduel libre.
    Le pilotage de la chloration se base sur la concentration en chlord libre résiduel dans le circuit, mesurée dans le bassin froid au niveau des purges; Le dosage du chlore libre et du chlore total sera protiqué en continu, avec un automate à faible seuil de détection, adapté à des eaux de qualité variable (pH, ammonique). De surcroît, le dosage du chlore libre et total sera pratiqué par analyses ponctuelles en ayant recours à la méthode colorimétrique à la SPD. Ces mesures seront effectuées :
- toutes les demi-heures, pendant la chloration massive, pour suivre la décroissance du chlore dans le circuit et commencer l'injection continue dès que la concentration en chlore libre résiduel dans le circuit atteint 0,5 ppm.
- toutes les heures, pendant la phase d'ajustement du niveau d'injection continue de m nière à maintenir 0,5 ppm dans le circuit
- deux fois par jour, après stabilisation des concentrations en chlore libre résiduel.
    Le deuxième paramètre influant sur le pilotage de la chloration est la concentration en chlore libre résiduel au rejet qui doit être inférieure à 0,1 ppm. Les concentration en chlore libre résiduel et en chlore total seront suvies en continu à l'extrémité du canal de rejet. De plus, des dosages à la SPD seront réalisés ponctuellement deux fois par jour.
    Pendant toute la période de chloration continue, le niveau d'injection sera ajesté quotidiennement de manière à maintenir 0,5 ppm de chlore libre résiduel dans le circuit, afin de maintenir une activité anti-amibienne, et moins de 0,1 ppm au rejet.
    L'ensemble de ces mesures sera effectué par EDF. Une fois par semaine, une partie des analyses sera effectuée en double par un laboratoire agréé.

VI.2. Suivi du niveau de résidus de chloration au rejet
    Le suivi portera sur les trihalométhanes et les AOX. Un suivi particulier sera réalisé lors de la chloration massive de départ, puis sur 1 échantillon (constitué à partir de 24 aliquotes prélevés pendant 24 heures) par semaine dans le circuit de chaque tranche chlorée à l'extrémité du canal de rejet de ce site. Les dosages seront confiés à l'Institut Pasteur de Lyon et seront associés à des mesures du carbone organique total et de l'azote organique.

VI.3. Suivi de l'abondance en amibes dans les circuits et en Loire
    L' idéal serait de suivre quotidiennement en début de traitement,puis au moins une fois par semaine, les concentration en amibes pathogènes dans le circuit. Mais la lourdeur des analyses et les longs délais en laboratoire1 empêchent toute utilisation pour ajuster le traitement en temps réel.
    Dans ces conditions, les concentrations en amibes patogènes seront mesurées sur le circuits de refroidissement avant le traitement, à la fin de la chloration massive, tous les 15 jours pendant la chloration continue, et 15 jours après l'arrêt de la chloration.
    Deux campagne de mesures en Loire en aval de la centrale, courant Juillet et courant Août, seront couplées aux mesures sur le circuit de refroidissement (soit cinq prélèvements à chaque fois). Les stations échantillonnées se situent à 4 km (Port Ouzouer) et 10 km (plage de Sully-sur-Loire) en aval de la centrale.
    Ces analyses sont effectuées par la Faculté de Pharmacie de Lyon (Pr Pernin).

IV.4. Test d'un nouvel indicateur.
    En parallèle, dans les tranches chlorées, un suivi quotidien de l'abondance en amibes thermophiles totales, présentant les caractéristiques morphologiques des Naegleria, sera mis en place à titre expérimental (sous le contrôle de la Faculté de Pharmacie de Lyon). Il permettra, a posteriori, par comparaison avec les mesures de concentration en N. fowmeri, de préciser la validité de cet indicateur qui n'est pas connue actuellement, dans le contexte spécifique de la Loire.

IV.5. Autres paramètres mesurés.
    Le pH, la température, l'oxygène dissous, la conductivité, le carbone organique total et l'azote organique sont mesurés en continu à la prise d'eau en Loire et au rejet. Les concentrations en azote ammoniacal seront mesurées une fois par semaine sur l'eau d'appoint, et dans les purges des tranches non chlorées.
1 Les capacités du laboratoire de la Faculté de Pharmacie de Lyon sont de six analyses par mois pour obtenir l'identification de Naegleria fowleri.

RÉFÉRENCES
[1] PERRINE D, BARBIER D, GEORGES P, LANGLAIS B. Cinétique d'action du chlore et de l'ozonz sur les trophozoïtes et les kystes d'amibes libres des genres Naegleria et Acanthamoeba. J Fr Hydrol 1990; 21 (1) : 113-21
[2] CURONS RTM, BROWN TJ, KEYS EA. Effect of disinfectant on pathogenic free-living Amoebae : in axenic conditions. Appl. Environ. Microbiol 1980; 40 (1) : 62-6
[3] ROBINSON B. Communcication personnelle.
[4] CHANG SL. Resistance of pathogenic Naegleria to some common physical ans chemical agents. Appl. Environ. Microbio 1978; 35 (2) : 368-75
[5] RUBIN AJ., ENGEL JP, SPROUL OJ. Disinfection of amoebic cysts in water with free chlorine. J.W.P.C.F. 1983; 55 (9) : 1174-82
[6] DORSCH MM., CAMERON AS, ROBINSON BS. The epidemiology and control of primary amoebic meningoencephalitis with particular reference to South Australia. Trans R Soc Trop Med Hyg 1983; 77 (3) : 372-7
[7] ESTERMAN A, DORSCH M, CAMERON S, RODER D, ROBINSON B, LAKE J, CHRISTY P. The association of Naegleria fowleri with the chemixal, microbiological and physical characteristics of south australian water supplies.Water Res 1984; 18(5) : 549-53
[8] ROBINSON B, DOBSON P, CHRISTY P, HAYES S. Spatial and seasonal distributions of Naegleria Fowleri in Australian water supplies, 7th international conference on small free-living amoebae, Adelaide, 7-12 janvier 1996.

Tableau 5 - Programme de suivi de la chloration: type d'analyses, fréquence, laboratoire responsable.

Stations
amont
tranche 1
tranche 3
rejet
aval (4km)
Sully (10km)
Analyses chimiques
chlore libre et total

(EDF, plus un contrôle hebdomadaire par un laboratoire agréé)

 
en continu
en continu
en continu
   
AOX
THM
(Institut Pasteur Lyon)
 
hebdomadaire
hebdomadaire
hebdomadaire
   
C.O.T
azote organique
(Institut Pasteur Lyon)
hebdomadaire
hebdomadaire
hebdomadaire
hebdomadaire
   
pH, conductivité,
température, O2 dissous
(EDF)
en continu
   
en continu
   
Analyses microbiologiques
Naegleria thermotolérantes
Naegleria fowleri
(Faculté de Pharmacie de Lyon) 
- fin juillet
- avant chloration 

- en fin de chloration massive 

- tous les 15 jours, jusqu'à l'arrêt de tranche

- avant chloration 

- en fin de chloration massive 

- tous les 15 jours pendant la chloration 

- une semaine après l'arrêt de la chloration

avant chloration 

- fin juillet

- fin août 

- une semaine après l'arrêt de la chloration

- avant chloration 

- en fin de chloration massive 

- fin juillet 

- fin août

- en fin de chloration massive 

- fin juillet 

- fin août

Analyses faune aquatique
indice biotique
(Université de Cermont-Ferrand)
- mensuelle
     
- mensuelle
- mensuelle

Tableau 6 - historique des concentrations en Naegleria dans la centrale de Dampierre et l'environnement

Station
Date
Débit Loire
m3/S
Température
°C
N.fowleri/l
Naegleria
       
NPP
concentration corrigée
NPP
Dampierre Tr 1
21/05/93
197
19,8
17
329
271
Dampierre Tr 2
21/05/93
197
20,7
0
0
179
Dampierre Tr 3
21/05/93
197
20,1
0
0
11
Dampierre Tr 1
07/10/93
430
21,5
>3000
>3000
>3000
Dampierre Tr 2
07/10/93
430
21,3
51
51
105
Dampierre Tr 4
07/10/93
430
22,4
0
0
163
amont
29/06/94
211
24,3
0
0
8
aval-4 km- RD
29/06/94
211
26
0,11
11
8
rejet
29/06/94
211
25,1
598
727
1050
Dampierre Tr 1
29/06/94
211
23
2284
3627
4286
amont
30/06/94
240
22,4
0
0
8
aval-4 km-RD
30/06/94
240
22,3
0,05
3
2
amont
21/09/94
260
14,4
0
0
28
aval-4km-RD
21/09/94
260
14,9
0
0
17
Dampierre Tr 1
21/09/94
260
18,7
0
0
147
Dampierre Tr 1
21/09/94
260
22
0
0
120
amont
22/09/94
240
13,9
0
0
13
aval-4km-RD
22/09/94
240
14,1
0
0
35
Dampierre Tr 1
07/06/95
250
24,6
496
552
736
Dampierre Tr 2
07/06/95
250
24,3
0,8
65
526
rejet
19/07/95
115
26,5
163
399
340
aval-4km-RD
19/07/95
115
24,7
0,46
22
23
aval-10km-C
19/07/95
115
27,6
1,47
34
62
rejet
20/07/95
105
29
430
544
693
aval-'km-C
20/07/95
105
25,6
3,9
81
105
aval-10km-RD
20/07/95
105
27,8
2,58
40
80

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