La G@zette Nucléaire sur le Net!  
N°169/170

Quelques "news en vrac"


Incident à Phébus - Niveau 2, 2 octobre 1998:

Dans le cadre du programme international de recherches Phébus PF (produits de fission), le réacteur expérimental Phébus, exploité par l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN), est utilisé pour effectuer des essais de combustibles de réacteurs à eau sous pression (REP) en situation accidentelle. 
    Des contrôles sont périodiquement effectués sur les grappes de commande du réacteur pendant les périodes d'arrêt. ces contrôles consistent à faire monter et descendre successivement chaque barre, les 5 autres étant maintenues en position basse afin de conserver le réacteur dans une configuration sûre. Pour la réalisation de cette opération, la procédure prévoit de désactiver une partie du système de protection du réacteur afin de ne pas empêcher le mouvement de la barre sélectionnée.
     Lors d'un tel contrôle réalisé le 2 octobre, le système de protection à été, pour une raison encore inconnue, entièrement désactivé par l'opérateur. Dans cette situation, la montée intempestive d'une ou plusieurs barres aurait pu entraîner le redémarrage fortuit du réacteur. 
    Pendant l'opération, un opérateur assurait néanmoins la surveillance neutronique au tableau de commande et aurait pu, le cas échéant, ordonner par une opération manuelle l'arrêt d'urgence du réacteur. 
    L'incident a été déclaré tardivement (13 octobre) à l'Autorité de Sûreté. Des investigations complémentaires sur les circonstances de l'événement et sur ses conséquences potentielles sont actuellement en cours. Elles permettront en particulier d'établir un classement définitif de l'incident sur l'échelle INES.


CIVAUX et les amibes suite
(voir dossier complet numéro précédent 167/168)
 

Le Directeur de la Sûreté des Installations Nucléaires
pour Madame Jacqueline BOURRY
le 23 sept. 1998 

objet: Centrale de Civaux 
Risque de maladies liées au développement d'amibes dans la rivière Vienne 
Réfé: Votre courrier du 11 mai 1998 

    Madame, 

    Par votre courrier cité en référence, les associations "Unions Fédérales des Consommateurs de la Vienne - Que Choisir?", "Vienne - Nature", "La Vigilante", "Stop Civaux", ainsi que le "GSIEN" attirent l'attention de Monsieur le Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie sur un problème d'ordre sanitaire qui risque de se poser à la centrale nucléaire de Civaux.
     Comme vous le soulignez dans le dossier que vous me transmettez, des amibes, micro-organismes pathogènes pour l'homme, se développent sur les condenseurs des centrales électriques en période de forte chaleur. Ce développement est plus important lorsque les condenseurs sont en acier inoxydable, ce qui est le cas de la centrale nucléaire de Civaux. 
    Compte tenu du faible débit de la Vienne en été, la DSIN a été amenée à indiquer à EDF, il y a quelques mois, qu'il lui paraissait exclu d'autoriser la chloration pour le traitement des amibes, la protection sanitaire des populations pouvant être obtenue au moyen d'un arrêt total ou partiel des réacteurs pendant les mois d'été. 
    Il importe donc qu'EDF recherche et mette en oeuvre dans les meilleurs délais un autre procédé de traitement ayant des conséquences sur l'environnement significativement plus faibles. 
    Je vous prie d'agréer, madame, l'expression de ma considération distinguée.


ATTENTION AUX VETEMENTS CONTAMINÉS
Extrait de La Voix du Nord juin 98

     Em même temps que le problème des wagons contaminés, il a été découvert:
«des traces de contaminations très localisées, supérieures à 800 Bq et pouvant atteindre exceptionnellement 10.000 Bq» Ces traces «ne sauraient avoir d'effets sanitaires, mais elles conduisent EDF à engager le renforcement du contrôle et à travailler sur la propreté
     Le problème fort préoccupant est qu'il s'agit de la contamination des vêtements de ville des employés. Deux hypothèses sont retenues:
     - Soit la contamination des sous-vêtements des travailleurs ou d'objets sortis de la zone contrôlée en échappant aux procédures de contrôle.
     - Soit l'ensemble du site est contaminé, en dehors de la zone contrôlée.
     L'affaire est à suivre car elle rejoint des informations indiquant que TOUT LE SITE d'un réacteur est de fait contaminé.


TRANSMUTATION QUAND TU NOUS TIENS

     Le redémarrage de Phénix, négocié pour soit disant continuer des expériences de transmutation n'est pas sans risque.
     D'une part le réacteur n'est plus tout jeune et des réparations doivent être entreprises le plus vite possible.
     D'autre part il a été le siège de certains phénomènes physiques inexpliqués ce qui rend sa conduite assez délicate.
     Pour le reste, le problème des déchets est beaucoup plus vaste que les actinides et mieux vaut s'attaquer aux importants tonnages de stériles de mines et autres déchets abandonnés.
     Villejust est juste un petit exemple de l'inconséquence de certains. Avoir envoyé en incinérateur d'ordures des résidus de traitement chimique d'expérimentation est inadmissible de la part de labos de recherche. Et probablement ce ou ces labos travaillaient justement sur la transmutation ou le rubbiatron. Bien la peine de soit-disant oeuvrer à améliorer le problème des déchets si c'est pour en envoyer n'importe où...

suite:
INCIDENT À NOGENT-SUR-SEINE: UN ASSEMBLAGE DE
COMBUSTIBLE FAIT DE L'ÉQUILIBRE...
(analyse de B. Belbéoch)

     On ne risque pas de s'ennuyer avec nos réacteurs ca ril y a toujours du nouveau dans le nucléaire avec des incidents inédits. C'est ainsi qu'il y a eu une première en France à Nogent sur le réacteur n° 1, avec seulement 5 incidents analogues répertoriés dans le monde, tous aux USA dont un sur un réacteur Westinghouse (Indian Point 3; 965 MWé, couplé au réseau en 1976).
     Au cours de l'opération de déchargement qui vise à remplacer une partie du combustible usé par du combustible neuf et nécessite le transfert en piscine de tous les assemblages du coeur, un assemblage combustible usé est resté suspendu à la structure interne supérieure de la cuve, à 4 mètres au-dessus du coeur.
     Ne tombera pas? Tombera? Se cassera? S'il tombe: en libérant les produits radioactifs dans l'eau? En endommageant les autres assemblages? Ne se cassera pas? Le suspense a duré près d'un mois avant que l'assemblage ne soit décoincé et transféré dans la piscine.
     Un tel assemblage pèse plus de 750 kg et renferme plus de 600kg d'oxyde d'uranium. Voilà un type de «projectile interne» qui n'avait pas été envisagé jusque là dans les analysesde sûreté! Les lecteurs du Monde n'ont eu connaissance de l'incident que le 12 septembre puis ont eu droit à un entrefilet lorsque l'assemblage de combustible enfin libéré a été amené dans la piscine. Pourtant la direction EDF de la centrale de Nogent l'a annoncé dès le 20 août. Les autorités de sûreté ont publié un communiqué le 28 août. Nous le donnons ci-après:
     NOGENT/SEINE (Aube) Fonctionnement normal du réacteur 2. Arrêt du réacteur 1 depuis le 13 août pour visite décennale et rechargement du combustible.
     Réacteur 1. Extraction intempestive d'un assemblage combustible hors du coeur lors de l'enlèvement des éléments internes supérieurs de la cave. Le 19 août, alors que le réacteur était arrêté pour maintenance et remplacement de combustible, un assemblage combustible est resté accroché aux structures internes supérieures de la cave au cours de leur enlèvement. La cuve du réacteur contient le combustible nucléaire constitué de 193 assemblages combustibles. Ces assemblages sont maintenus dans la cuve par des structures dénommées «internes inférieurs» et «internes supérieurs». A l'issue de chaque cycle de fonctionnement, les assemblages combustibles sont déchargés puis entreposés dans la piscine du bâtiment du combustible. Leur déchargement impose après l'ouverture de la cave l'enlèvement des structures internes supérieures. L'ensemble de ces opérations de manutention sont effectuées sous eau afin d'assurer le refroidissement des assemblages combustibles et la protection radiologique des opérateurs. Le 19 août alors qu'il procédait à la remontée progressive des internes supérieurs l'exploitant a constaté qu'un assemblage combustible était accroché à ces matériels. Les opérations ont été arrêtées, l'assemblage toujours intégralement sous eau est resté suspendu aux internes supérieurs. Il avait été extrait du coeur sur environ 4 mètres, sa longueur étant de près de 5 mètres. Aucune émission de produit radioactif n' a été détectée dans le bâtiment réacteur. L'exploitant a néanmoins fait procéder à l'évacuation totale de ce bâtiment et en a interdit l'accès. L'analyse par la DSIN, la DRIRE et l'IPSN des dispositions prévues par l'exploitant est en cours. Compte tenu de l'apparition d'une anomalie susceptible d'affecter l'intégrité d'un assemblage combustible, cet incident, initialement déclaré au niveau 0 de l'échelle INES a été reclassé au niveau 1 par l'Autorité de Sûreté.
     On notera que l'incident a été jugé assez sérieux pour que l'exploitant évacue le bâtiment réacteur dont l'accès a été interdit. D'après les renseignements fournis par la direction de la centrale de Nogent, la strncture interne supérieure comprend une plaque d'acier de 65 tonnes. Elle maintient les assemblages en place et a aussi une fonction antisismique. C'est sur cette plaque supérieure que l'assemblage est resté accroché.
     Pouvoir continuer à monter la plaque pour extraire complètement l'assembtage du coeur et ainsi déplacer l'assemblage sans qu'il tombe puis le dégager de la plaque et le transférer en piscine n'a pas été un problème facile à résoudre pour EDF en fonction du meilleur rapport sûreté/délai. Il a fallu concevoir et fabriquer un outil spécial, genre bras manipulé, pour bien maintenir l'assemblage. Les spécialistes EDF sont allés voir aux USA comment les Américains avaient fait. Finalement c'est la solution Framatome qui a été retenue et validée le 30 août par la DSIN.
     Dans les documents EDF sur les centrales nucléaires du palier 1300 MWé «Textes du rapport de sûreté. Edition publique» on peut lire à propos des assemblages combustibles que le cadre de l'embout supérieur de chaque assemblage comporte deux logements dans lesquels viennent s'insérer deux pions de centrage de la plaque supérieure «assurant ainsi un positionnement rigoureux de l'assemblage». Selon les informations qui nous ont été fournies par la direction de la centrale de Nogent, l'anomalie se serait, en fait, produite des mois auparavant sans avoir été décelée puisque ce serait au cours de l'opération de chargement qu'un pion se serait tordu lors de l'abaissement de la plaque supérieure du coeur et cela n'aurait été vu qu'au déchargement, lorsque la remontée de la plaque supérieure a entraîné avec elle l'assemblage combustible. Un pion de centrage est un cylindre en acier d'environ 2 cm de diamètre sur 8 à 10 cm de haut. Il est vraisemblable de penser que les deux pions étaient abîmés.
     On peut se poser quelques questions. L'assemblage était-il mal positionné (mauvais alignement)? Si oui, pour quelles raisons? Y a-t-il eu erreur de manipulation? Y a-t-il eu blocage par un élément indésirable (une vis par exemple)? D'après la DSIN interrogée le 10 octobre l'analyse de l'incident n'était pas terminée à cette date.
     En plus d'avoir été un projectile potentiel au cours de l'incident, cet assemblage en équilibre révèle ainsi que si ces pions ont été tordus au chargement, le positionnement rigoureux de l'assemblage nécessaire au réacteur en fonctionnement laissait plutôt à désirer, ce qui implique également celui du tube d'instrumentation qui lui est associé, y compris celui des 24 tubes-guides des crayons de la grappe de contrôle qui «doit pouvoir être insérée rapidement en cas de besoin». Si l'alignement n'est pas rigoureux, n'est-ce pas une cause de frottement qui pourrait empêcher la grappe de contrôle de tomber rapidement? Ainsi il n'y a pas que l'intégrité de l'assemblage (avec contamination du primaire) qui risquait d'être affectée par un tel incident.
     Ces pions tordus qui ont vraiment leur importance...

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