La G@zette Nucléaire sur le Net! 
Gazette N°191/192
ENCART
Dites NON au 4ème sous-marin nucléaire!

1ère Campagne Désarmement-SNLE (2ème en 2002)
c/o MAN, 114 rue de Vaugirard
75006 PARIS
01 45 44 48 25

EXERCEZ VOTRE CONTROLE CITOYEN
CARTE DE PROTESTATION JOINTE A ENVOYER
AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ET AU PREMIER MINISTRE


     Notre pays, comme toutes les puissances nucléaires, a réaffirmé à New-York en mai 2000 la nécessité d'éliminer toutes les armes nucléaires, de respecter le traité antimissile et d'entreprendre la dénucléarisation du Moyen-Orient. Comment accepter qu'après s'être engagée dans cette voie, la France construise un quatrième sous-marin nucléaire lance-engins de la nouvelle génération (SNLE-NG), fer de lance de la Force océanique stratégique.      Personne ne comprendrait qu'après avoir été l'un des premiers pays à ratifier le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, la France achève près de Bordeaux, le laser Mégajoule, destiné à mettre au point les futures têtes nucléaires qui équiperont le quatrième SNLE-NG et à concevoir éventuellement de nouvelles armes nucléaires dites à fusion pure! La future loi de programmation militaire 2003-2008 devrait traduire concrètement la volonté française d1accélérer le désarmement nucléaire.
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     La France a décidé le 20 juin 1981, la construction de quatre sous-marins nucléaires lance-engins de la nouvelle génération (SNLE-NG) pour remplacer les six
SNLE du type Redoutable, l'innovation majeure de ces nou¬veaux sous-marins étant leur discrétion acoustique. Deux SNLE-NG sont actuellement en service et un troisième est en construction à Cherbourg.
     Au 1er mai 2001, quatre sous-marins nucléaires sont en service (deux SNLE-NG et deux SNLE de l'ancienne génération). Ces sous-marins disposent de 288 têtes nucléaires sur un total de 350 (les 62 autres étant des armes aéroportées).
Chaque sous-marin transporte dans ses flancs seize missiles dotés de six têtes nucléaires chacun:
     - les trois premiers SNLE-NG seront équipés de missiles M-45. Ces missiles peuvent être transférés d'un sous-marin à un autre en fonction des indisponibilités et des opérations de carénages. Les missiles M-45 sont dérivés des missiles M-4 embarqués sur les sous-marins de l'ancienne génération. La portée des M-45 est supérieure à 4.000 kilomètres. Ils différent des M4 essentiellement par les nouvelles têtes thermonucléaires TN-75 qu'ils emportent;
     - le quatrième SNLE-NG sera équipé de missiles M-51. Ce nouveau missile est très différent du M45 tout d'abord par sa masse de 56 tonnes (35 tonnes pour le M-45) et ensuite par sa portée de 6.000 kiiomètres.
     Entre 2008 et 2014, les trois premiers SNLE-NG subiront une refonte complète pour être adaptés à l'emport de missiles M-51. Ces travaux nécessiteront une immobilisation de chaque sous-marin durant dix-huit mois.
     A partir de 2015, des têtes thermonucléaires océaniques (TNO) remplaceront les TN-75 sur les missiles M-51. Selon les informations officielles, la charge de la TNO est issue des essais effectués durant la dernière campagne de tirs réalisée par la France en 1995, mais elle serait la première tête nucléaire mise au point grâce aux simulations...
L'AGENDA DES MODERNISATIONS DE L'ARSENAL NUCLEAIRE FRANCAIS

A partir de 1996: programme de simulation des essais nucléaires (Palen)

1er trimestre 2001: mise en service du 3ème lot de missiles M-45 sur le SNLE L'Inflexible

2003: livraison du 3ème lot de têtes nucléaires TN-75

juillet 2004: mise en service du 3ème SNLE-NG Le Vigilant

2006: mise en service du 4ème SNLE-NG Le Terrible
          mise en service des missiles M-51
          mise en service des missiles aépoportés ASMP-A
          mise en service des têtes nucléaires TNA sur le missile ASMP-A

2015: mise en service de la tête nucléaire TNO sur les missiles M-51

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Combien ça coûte ?

     Habituellement, les services financiers du ministère de la défense ne font pas le détail du coût d'une arme ou d'un matériel militaire mais ils proposent des évaluations de coût de l'ensemble d'un programme d'armement depuis les études de faisabilité jusqu'à son démantèlement.
     Dans l'Audit atomique, le coût d'un seul sous-marin de la nouvelle génération (SNLE-NG) - comprenant la recherche, le développement, la fabrication du sous-marin et des missiles, l'entretien, le fonctionnement et le démantèlement - est estimé à 94 milliards de francs. Ce coût est supérieur à l'évaluation du très officiel Comité des prix de revient des fabrications d'armements (CPRA) qui se situe à hauteur de 80 milliards de francs.
     Cette différence provient du fait que le CPRA estime la durée de vie d'un SNLE-NG à 35 ans alors que l'Audit atomique se base sur la durée moyenne des sous-marins de la première génération qui n'a été que de 23 ans. Lors de son évaluation, le CPRA a donné un autre ordre de grandeur: Ainsi, pour son seul fonctionnement, un SNLE-NG revient chaque jour à 2 millions de francs.
     Cependant, ce chiffrage est encore sous-évalué. En effet, il faut aussi considérer qu'un sous-marin nucléaire ne peut exister sans une infrastructure portuaire, un "accompagnement" d'autres sytèmes d'armes pour sa protection, des centres de recherche pour mettre au point ses armements (laser Mégajoule par exemple)
     De 1999 ) 2010, l'Audit atomique a estimé que les Français auront à débourser au moins 350 milliards de francs pour leurs seules armes nucléaires, à 90% portées parles quatre SNLE-NG.

640 fois la puissance d'Hiroshima!

     Fin juillet 2000, en pleine torpeur estivale, le ministre de la défense, Alain Richard, annonce la décision du gouvernement de lancer la construction d'un quatrième
sous-marin nucléaire lance-engins de la nouvelle génération (SNLE-NG). Quelle incohérence! Comment peut-on signer d'une main un texte réaffirmant la volonté de notre pays de s'acheminer vers le désarmement nucléaire et biffer de l'autre main cet engagement, en dotant la marine d'un nouveau submersible qui emportera dans ses flancs l'équivalent de 640 fois la puissance d'Hiroshima!
     De plus, la construction de ce monstre marin (14.000 tonnes, 128 mètres de long) entraîne ipso focto, selon les plans des états-majors, son équipement par de nouveaux missiles M-51 destinés à «terroriser» un ennemi improbable. On ne peut franchir ce nouveau pas dans la modernisation de notre force de frappe sans prendre le risque de relancer la course aux armements. En poursuivant le renouvellement de ses sous-marins nucléaires, non seulement la France viole l'esprit du TNP mais elle trahit la confiance des Etats non dotés de ces armes.

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Quid de la menace?

     Au XXI, siècle, l'arme atomique a-t-elle encore un avenir? La question mérite qu'on s'y attarde tant ce débat est souvent occulté. L'arme nucléaire est un héritage de la guerre froide et l'on peut sérieusement s'interroger sur son utilité stratégique depuis la chute du Mur de Berlin. Comme l'affirme le Livre blanc sur la défense (1994), «la France ne connaît plus de menace militaire directe à proximité de ses frontières. En revanche, des risques nouveaux peuvent affecter sa sécurité et sa défense». Précisément, quels sont ces risques nouveaux qui exigeraient de maintenir et surtout de développer notre arsenal nucléaire et qu'il faille lui consentir encore 350 milliards de francs?
     Si la menace venant de l'Est a disparu, peut-on faire valoir une menace nucléaire venant du Sud pour justifier la modernisation de notre force de frappe? Les «Etats-voyous» désignant certains pays (Irak, Iran, Corée du Nord...) menaceraient-ils nos «intérêts vitaux et stratégiques»? Ce scénario fictif permet de justifier la modernisation de notre potentiel nucléaire et de la Force océanique stratégique sans répondre précisément aux risques qui nous guettent. Dans la guerre du Golfe et des Balkans, l'arme nucléaire n'a joué aucun rôle permettant de dissuader les Hussein, Mladic, Kalradzic et Milosevic, pas plus que dans la trentaine de conflits intra-étatiques qui ensanglantent la planète encore aujourd'hui. Ces considérations ont le mérite de resituer, dans le contexte géostratégique actuel, la question de l'opportunité du développement de notre arsenal nucléaire. «Pourtant, s'indigne le directeur de l'Office de prévision et d'analyse de l'Unesco la guerre froide est terminée et nous continuons d'investir massivement dans l'insécurité au lieu d'investir préventivement dans la paix» (Le Monde, 29 juillet 1998).

Le 4ème sous-marin nucléaire viole le Traité de non-prolifération

     En signant la déclaration finale de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), à New-York, le 20 mai 2000, la France, prenant 186 nations à témoin, a accepté «l'engagement sans équivoque [...] de réaliser l'élimination totale de [ses] arsenaux nucléaires». (paragraphe 6). Nos dirigeants n'évoquent plus la perspective irréaliste du «désarmement multilatéral, contrôlé et universel» mais la réduction à brève échéance - bien qu'aucun calendrier ne soit indiqué - du nombre de leurs armes atomiques. Ils ont accepté délibérément de consacrer de «plus grands efforts [...] pour réduire leurs arsenaux unilatéralement» (paragraphe 9 de la même déclaration). La Conférence de New-York ne fait que rappeler l'un des articles les plus diversement interprétés du Traité de non-prolifération, ratifié par la France le 1er juillet 1992[1].
     La déclaration de New-York, décisive à bien des égards, disjoint la question du désarmement conventionnel de celui du désarmement. nucléaire qu'elle juge hautement prioritaire. Elle fait droit aux critiques des mouvements oeuvrant pour la paix du monde entier et notamment du Réseau Abolition 2000 qui estiment trop timoré l'accord souscrit par les États-parties au TNP.

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La dissension nucléaire européenne

     La défense nudéaire de la France, comme celle de l'Angleterre, est un 
sujet de dissension au sein de la communauté européenne. Le point d'orgue de cette discorde a certainement été atteint lors de la reprise des essais atomiques en 1995.
     Des campagnes de boycott des produits français ont été lancées en Belgique, en Allemagne et en Angleterre. Les gouvernements ont eux aussi protesté. Ainsi on a pu voir Margot Wallstroeum, à l'époque ministre suédoise de la culture, participer à la grande manifestation d'opposition aux essais nucléaires; organisée à Tahiti. Amitié ne signifie pas solidarité sans borne!
     Au niveau européen, l'idée de défense nucléaire commune, reformulée par Alain Juppé alors premier ministre de Jacques Chirac en «dissuasion concertée» est aussi battue en brèche. On peut tire dans l'édition du Monde du 12 septembre 1995 que Lena Heljm W allen, ministre suédoise de la défense, la rejette totalement. Cette position est partagée également par les Danois et les Autrichiens. Les Allemands n'y sont pas favorables et se sont interdit de fabriquer, posséder ou controler des armes nucléaires, biologiques et chimiques. X tel point que ce sujet est devenu tabou lors des rencontres européennes!


Notre mobilisation est indispensable

     En achevant son mandat, le président de la Conférence du désarmement à Genève - enlisée depuis cinq ans -, s'est écrié: «Nous sommes clairement dans un sac de noeuds.» (Dépêche AFP, 15 février 2001)
     De session en session les questions inscrites à l'ordre du jour sont repoussées faute d'un consensus minimum entre les grandes puissances. Les pourparlers achoppent d'abord sur le refus des «Grands» de s'accorder sur une convention d'élimination des armes nucléaires demande à cor et à cri par le groupe dit du «Nouvel agenda» (Afrique du Sud, Egypte, Irlande, Brésil, Mexique, Nouvelle-Zélande et Suède). Ils bloquent sur un projet de traité visant à interdire la fabrication des matières fissiles et sur les garanties qui pourraient être accordées par les pays détenteurs de l'arme nucléaire aux Etats qui en sont dépourvus.
     Le projet de bouclier antimissiles américains suscite l'hostilité de la Chine, de la Russie et de l'Union européenne, et une levée de boucliers des états non dotés d'armes nucléaires car ce projet risque d'engendrer une nouvelle course aux armements de l'élimination des armes nucléaires inscrite dans le TNP est complètement écartée.

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1. En tant que signataire du TNP, la France selon l'article VI, «s'engage à poursuivre de bonne foi des négociations relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée, et au désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace».
Pour un désarmement nucléaire concerté

     Concrètement, il s'agit d'abord de déployer les moyens financiers accaparés par la défense nationale pour promouvoir un développement durable des pays du pourtour de la Méditerranèe, du Sud et de l'Est, tant par esprit de solidarité que dans une dynamique de sécurité commune bien comprise puisque les intégrismes et les dictatures se nourrissent de la désespérance et de la misère. Il est urgent de:
     - renoncer à la construction du quatrième SNLE-NG comme première étape vers l'abandon par la France de son arsenal nucléaire;
     - reconvertir graduellement les potentiels militaires en France et dans le monde vers des activités civiles;
     - presser les grandes puissances à élaborer un traité d'interdiction des armes de destruction massive;
     - stopper les transferts d'armes vers les pays violant massivement les droits humains et, s'agissant d'armes légères vers les pays ou régions dans lesquels un processus de désarmement ou un moratoire est en cours.
     En Europe, le plan conjoint de désarmement nucléaire par étapes de l'ancien premier ministre Michel Rocard et du Britannique David Martin, vice-président du Parlement européen, présente de façon crédible une sortie du nucléaire militaire. Cette proposition est inspirée des travaux de la Commission de Canberra d'août 1996 - un groupe de travail formé d'anciens chefs d'État et de gouvernement et d'experts de renommée mondiale - qui fixait les grandes étapes d'un processus d'élimination des armes nucléaires. Ce Plan serait, selon son principal artisan, «un premier pas vers un système de relations internationales qui soit adapté à la fin de la guerre froide et aux échanges du XXIème siècle, au lieu de marquer un retour aux affrontements du XIXème siècle» (Politique étrangère, 1er trimestre 2000).
     Une telle initiative du couple franco-britannique pourrait être l'événement déclencheur d'un désarmement nucléaire concerté comme celui qui fut à l'initiative de la Conférence d'Ottawa aboutissant au bannissement des mines antipersonnel. En ce troisième millénaire, il n'y a pas de réponse militaire face aux défis de notre temps. Aussi, nous faut-il passer de la dissuasion armée à une politique active de prévention des conflits. Il nous faut trouver les moyens d'agir efficacement en amont des conflits avant qu'ils ne deviennent politiquement et militairement ingérables.

QUE POUVONS-NOUS FAIRE?

     1. Envoyer une carte au chef des armées, Jacques Chirac, à son premier ministre, Lionel Jospin et à votre député pour leur demander d'engager les mesures ci-dessus.
     2. Compléter la carte-réponse pour la coordination de la campagne qui enregistrera votre participation et vous tiendra informé(e) des résultats de celle-ci.
     3. Commander et diffuser le matériel de la campagne, notamment la brochure argumentaire La France et la prolifération nucléaire. Les sous-marins nucléaires.

Coordination:

Silence, 9 rue Dumenge, 69004, Lyon
Stop-Essais, 114 rue de Vaugirard, 76006, Paris
MAN, 114 rue de Vaugirard, 75006, Paris
Combat pour la paix, 139, bld Victor-Hugo, 93400, St-Ouen
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INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

     · Audit atomique, Bruno Barillot, Lyon 1999,
Editions CDRPC (tél. 04 78 36 93 03)
     · Déligitimer l'arme nucléaire, collectif,
Stop-Essais & Damoclès, 1999 (tél. 01 64 40 32 79)
     · Eliminer les armes nucléaires, Conférences Pugwash,*Editions Transition, 1997 (tél. 01 64 40 32 79)
     · Histoire de la menace nucléaire,
Georges Le Guelte, Hachette, 1997
     · Incitation à la réflexion stratégique,
Eric de la Maisonneuve, Editions Economica, 1998
     · La société sans la guerre, François Géré,
Culture de Paix, 1998
     · Les défis de la prolifération des armes de destruction massive n°2788,
La Documentation française, 2000
     · Mondialisation de la paix, Arielle Denis,
Editions La Dispute, 2000 (tél. 01 40 12 09 12)

Sites internet

     · CDRP/Observatoire des armes nucléaires françaises:
http://www.obsarm.org
     · Mouvement de la paix:
http://www.mvtpaix.org
     · Mouvement pour une alternative non-violente:
http://www.pop.multimania.corn/manco/

QUE DEMANDONS-NOUS?

     Le programme de sous-marins nucléaires de la nouvelle génération s'est mis en place après la ratification par la France du Traité de non-prolifération le 1er juillet 1992. La modernisation de l'arsenal nucléaire français en cours contrevient à l'article VI de ce traité et au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT). L'engagement de la France, pris le 19 mai 2000 à New-York, doit se concrétiser maintenant par des mesures concrètes concertées avec les autres puissances nucléaires. C'est pourquoi elle doit annoncer sans tarder comme premières mesures, qu'elle entend:
1. Renoncer à la construction du 4ème SNLE-NG,
2. Annuler le programme de nouveaux missiles M-51 dont la mise en service est prévue avec le quatrième SNLE-NG,
3. Stopper le programme de simulations des essais nucléaires et notamment la construction du laser Mégajoule dont les recherches sont liées à la mise au point de la tête nucléaire océanique (TNO).

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