La G@zette Nucléaire sur le Net! 
G@zette N°252
Le nucléaire: toujours la marche en avant aveuglément...

Suite "PETITES" nouvelles

Objet: Gabon mines
Areva crée une CLI
(Libreville 2 avril 2009 - Xinhua)

     Le groupe nucléaire français Areva a mis en place jeudi une Commission locale d'information (CLI) sur la radioactivité à Mounana (environ 750 km au sud de Libreville), une localité où Areva a exploité l'uranium pendant une quarantaine d'années, a-t-on appris de source bien informée. 
     La commission regroupe les responsables de la Compagnie des mines d'uranium de Franceville (COMUF, filiale locale d'Areva), les représentants de la sous-préfecture, de la mairie, les représentants des ex-agents, les associations et ONG, les représentants des ministères des Mines, de la Santé et de l'Environnement, mais aussi la presse. 
     En même temps, Areva a aussi créé un observatoire de santé chargé d'examiner les ex-employés et les populations de Mounana afin d'établir un rapport comparatif des pathologies dont elles souffrent avant de mettre une veille sanitaire pour les cas avérés. 
     Des associations et ONG internationales appuyées par quelques hommes politiques et élus locaux accusent le groupe Areva de graves négligences sur la santé des anciens agents de la COMUF depuis quelques années.
     La COMUF a complètement cessé ses activités à Mounana en 1998 suite à la mévente de l'uranium et un épuisement des gisements.
     Actuellement, le groupe français effectue de nouvelles prospections dans la perspective de la relance de l'exploitation de l'uranium dans la même région.

Communiqué de presse
Non-respect d'une exigence de sûreté-criticité lors de la réception d'un échantillon de matière fissile à l'installation Melox d'Areva NC (Marcoule)

     L'ASN a décidé de classer au niveau 2 de l'échelle INES l'incident survenu le 3 mars 2009 sur l'installation nucléaire MELOX d'AREVA NC. MELOX, située sur le site de Marcoule dans le Gard, fabrique des assemblages de combustibles MOX (mélange d'oxyde d'uranium et de plutonium) destinés aux réacteurs électronucléaires à eau légère.

     Le 3 mars 2009, à l'occasion d'une opération exceptionnelle de réception d'échantillons à base d'oxyde de plutonium et d'uranium en provenance d'une entité extérieure à l'installation, l'introduction d'une masse de matière fissile dans un poste de travail a conduit au dépassement de la limite de sûreté-criticité  (Un accident de criticité correspond au démarrage d'une réaction nucléaire non contrôlée lorsque la masse de matière nucléaire dépasse un certain seuil, appelé «masse critique») applicable. Ce dépassement est dû à l'application d'une procédure inadéquate et non formalisée. Il n'est pas dû à une erreur humaine.
     De plus, le logiciel de comptabilité des matières fissiles, qui permet la vérification du respect des limites autorisées lors de chaque entrée-sortie de matière, n'a pas généré d'alarme, car il ne prenait pas en compte ces opérations exceptionnelles. Ce sont les contrôles manuels, réalisés par les opérateurs lors de la prise de poste du lendemain matin 4 mars, qui ont révélé cette situation anormale et conduit  l'exploitant à engager des actions correctives.
     La limite définie dans le référentiel de sûreté de l'installation n'a été dépassée que de 1%. Ce type de limite, qui fait l'objet de prescriptions de l'ASN, est établi à la conception de l'installation afin de conserver pendant l'exploitation une marge de sûreté-criticité très importante (à aucun moment, la masse présente ne doit excéder la moitié de la masse critique). Du fait de cette marge, l'événement n'a pas eu de conséquence sur le plan de la criticité.

suite:
     L'ASN a réalisé le 6 mars 2009 une inspection réactive afin d'évaluer les causes de cet incident et son impact sur la sûreté de l'installation.
     L'ASN considère que les limites prescrites pour prévenir les accidents de criticité doivent faire l'objet d'un respect strict de la part des exploitants. Elle s'assurera que l'exploitant a tiré le retour d'expérience nécessaire concernant cet événement. L'exploitant devra notamment compléter son référentiel documentaire, modifier le logiciel de suivi de la matière fissile et améliorer la traçabilité des actions des opérateurs.
     L'ASN met en place un suivi renforcé de l'installation concernant la prévention du risque de criticité. Elle sera amenée à réaliser une inspection renforcée sur ce thème dans les prochaines semaines.
     Le non-respect de plusieurs exigences de sûreté de l'installation, considéré comme un facteur aggravant, a conduit  l'ASN à classer cet événement du niveau 1 (proposé par Areva) au niveau 2 de l'échelle INES, qui en compte 7.

Les vieilles centrales nucléaires françaises en accusation

     Après la diffusion (12-05-09) par Arte d'un documentaire baptisé "RAS nucléaire" qui dénonce l'inquiétant état de dégradation des installations nucléaires françaises, le Réseau Sortir du nucléaire demande d'urgence un bilan de 50 ans de nucléaire français.
     La chaîne Arte vient de fournir des arguments aux écologistes qui s'inquiètent depuis des années des risques d'accident de l'industrie vieillissante de l'énergie nucléaire française. L'émission "Pièces à conviction" de France 3 révélait déjà au grand public le 11 février dernier la contamination de nombreuses régions de France par les mines d'uranium aujourd'hui abandonnées par Areva.
     Sortir du nucléaire rappelle également que début février sortait aussi le film "Gerboise bleue" (document Le Monde)qui révèle comment les essais nucléaires français en Algérie ont durablement contaminé l'Algérie, comme d'ailleurs la Polynésie, et causé de graves maladies dans les populations locales et les "vétérans" (militaires et employés du Commissariat à l'énergie atomique). Alors que les citoyens découvrent peu à peu la triste réalité de l'atome, pourtant dénoncée depuis longtemps par les associations antinucléaires, "les autorités françaises continuent leur fuite en avant insensée" affirme le Réseau écologiste.
     Selon les anti-nucléaires, les deux supposés "fleurons" de l'industrie nucléaire française, EDF et Areva, sont dans une situation financière catastrophique, et continuent pourtant à multiplier les investissements lourds pour participer à une supposée "renaissance du nucléaire". Or celle-ci s'est évanouie sous l'effet de la crise mondiale et de la priorité aux énergies renouvelables donnée par l'administration Obama.
     Bilan sans concessions
     Pour le Réseau écologiste, "le nucléaire mène la France dans l'impasse environnementale et financière, sans oublier l'éventualité d'une catastrophe". Exclu par l'Elysée des discussions du "Grenelle de l'environnement", le nucléaire doit au contraire, et d'urgence, être l'objet d'un grand débat national, d'"un bilan sans concessions et de décisions audacieuses" affirme Sortir du nucléaire.

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Page 4: André Gsponer...
INCIDENTS EDF

1- Lyon, le 17 mars 2009 Inspection du CNPE du Tricastin (INB n° 87/88):
Identifiant de l'inspection: INS-2009-EDFTRI-0004 - Thème: conduite
(document ASN)

CNPE du Tricastin - BP 40009 Saint-Paul-Trois-Châteaux
26131 PIERRELATTE Cedex
Réf.: Loi n°2006-686 du 13 juin 2006

Synthèse de l'inspection
     L'inspection du 3 mars 2009 avait pour objectif de contrôler le respect des spécifications techniques d'exploitation dans les opérations de conduite des réacteurs du CNPE du Tricastin. Les inspecteurs ont examiné les documents opératoires de conduite ainsi que des documents renseignés d'exploitation.
     Il ressort de cette inspection que le site doit s'améliorer dans la caractérisation et le traitement des écarts potentiellement génériques, notamment en étudiant systématiquement le caractère déclaratif du traitement envisagé au regard de l'article 26 du décret n°2007-1557 du 2 novembre 2007. Les inspecteurs n'ont pas identifié de non-respects des spécifications techniques d'exploitation en salle de commande, mais considèrent que le nombre important d'instructions temporaires est une source potentielle de confusions. Enfin, certaines prescriptions ou recommandations de la règle particulière de conduite «ilotage» ne sont pas reprises dans les documents opérationnels du CNPE. Cette inspection a donné lieu à un constat d'écart.

A. Demandes d'actions correctives
     Le 1er septembre 2008, le CNPE du Tricastin a réalisé sur le réacteur n°2 un essai périodique «EPC RIS 040» dont l'objectif est de constater la montée en température du fluide servant à l'injection de sécurité à l'intérieur d'une bâche (RIS 004 BA). Cette montée en température n'ayant pas été observée, le CNPE du Tricastin a conclu qu'il ne réalisait pas l'essai de manière adéquate. En effet, il s'avère, après analyse, qu'il est nécessaire de réaliser le chauffage de cette bâche pendant plusieurs heures pour constater une élévation de la température liée au fonctionnement des chaufferettes, mais la gamme de l'essai périodique ne fixe pas de durée minimale. Le CNPE a pu refaire l'essai périodique en tenant compte de cet écart et a obtenu un résultat conforme.

     1. Je vous demande de faire part de cet écart à vos services centraux ainsi qu'aux autres unités qui utilisent cette gamme. Vous voudrez bien me rendre compte de votre action en ce sens.

     2. Le CNPE du Tricastin étant le rédacteur de la règle de cet essai périodique diffusé à l'ensemble des autres CNPE du même palier technique, je vous demande de vous positionner quant à la déclaration d'un événement significatif sûreté générique sur le sujet.

     Il apparaît, qu'après avoir détecté puis corrigé son erreur sur le réacteur n°2, le CNPE du Tricastin est en écart aux règles générales d'exploitation (RGE) sur les autres réacteurs quant au respect du critère A de montée en température du ballon RIS 004 BA. En effet, lorsqu'un critère A n'est pas respecté, la section I des RGE demande de considérer le matériel indisponible.

     3. Je vous demande de me justifier comment cet écart a été géré sur les autres réacteurs au regard des prescriptions de la section du chapitre IX des RGE.
     La conduite à tenir associée à l'indisponibilité des chaufferettes consiste à effectuer une réparation sous 1 mois. Cette réparation n'a pas été réalisée.

suite:
4. Je vous demande donc de respecter la conduite à tenir prévue dans les spécifications techniques d'exploitation. Dans le cas, où vous ne pourriez pas respecter la conduite à tenir, je vous demande de déclarer auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire une modification technique temporaire de vos RGE ou un événement significatif pour la sûreté.
     Les inspecteurs ont vérifié la déclinaison de la règle particulière de conduite (RPC) «ilotage». La déclinaison de cette RPC a donné lieu à la rédaction de deux notes internes au CNPE du Tricastin: «conduite à tenir en cas d'ilotage programmé» et «conduite à tenir en cas d'ilotage fortuit». 
     Après examen par sondage de ces notes, il apparaît que certaines recommandations et prescriptions de la RPC n'ont pas été reprises dans les documents opérationnels:
     - une recommandation concernant la surveillance de l'échantillonnage nucléaire des purges des générateurs de vapeur;
     - une prescription concernant la désignation d'un coordinateur de site en cas d'incident réseau généralisé.

5. Je vous demande de vous assurer de la prise en compte de l'ensemble des prescriptions de la RPC « ilotage » dans votre organisation.
     Lors du contrôle des spécifications techniques d'exploitation en salle de commande, les inspecteurs ont constaté que le CNPE avait recours à l'utilisation d'instruction temporaire pour traiter un certain nombre d'écarts au référentiel ou prendre en compte le retour d'expérience.
     Les instructions temporaires s'appliquant quelquefois à la réalisation d'essais périodiques, il est nécessaire que les opérateurs aient une bonne connaissance de ces instructions temporaires car les gammes d'essais périodiques sont des documents nationaux qui ne peuvent être modifiés pour préciser l'application d'une instruction temporaire.

6. Je vous demande de veiller à limiter le nombre d'instructions temporaires en cours en salle de commande.
B. Compléments d'informations
     Le CNPE de Chinon a émis le 14 août 2008 une demande d'évolution documentaire sur l'essai périodique «EPC RIS 040» afin de préciser la durée de réalisation de l'essai. Cette demande a été analysée par un comité de lecture et a été classée en priorité 2 (ce qui signifie que le traitement de cette demande sera pris en compte lors de la prochaine campagne d'arrêts).
     Un classement en priorité 1 aurait permis un traitement en 1 mois et aurait permis à d'autres CNPE de réaliser cet essai périodique avec une gamme corrigée.

7. Je vous demande de m'informer du retour d'expérience de cet écart afin que l'impact sur la sûreté des demandes d'évolution documentaire soit mieux pris en compte.
     Lors de l'examen de plusieurs gammes de lignage, les inspecteurs ont constaté qu'il est demandé de contrôler la position ouverte ou fermée de certaines vannes et de les mettre dans la position attendue.
     Or, certaines de ces vannes, au moment de ces contrôles, sont bloquées dans une position qui ne permet pas de réaliser le lignage conformément à la gamme.
     Un lignage du circuit lorsque toutes les vannes sont manoeuvrables permettrait un contrôle de second niveau complet.

8. Je vous demande de justifier ce mode d'organisation.
C. Observation
néant.
     Vous voudrez bien me faire part de vos observations et réponses concernant ces points dans un délai qui n'excédera pas deux mois, sauf avis contraire.
     Pour les engagements que vous seriez amené à prendre, je vous demande de bien vouloir les identifier clairement et d'en préciser, pour chacun, l'échéance de réalisation.

Le chef de la division de Lyon
Signé par: Charles-Antoine LOUËT
p.5

2 - Paris, le 15 mai 2009
Chute de matériels à la centrale nucléaire EDF du Tricastin
NOTE D'INFORMATION ASN
(document ASN)

     L'ASN a été informée par EDF d'une chute de matériels survenue dans l'après-midi du 13 mai 2009.
     A l'occasion de la requalification du pont polaire, réalisée alors que le réacteur n°1 de la centrale était arrêté et déchargé, 2 masses de 2 tonnes ont chuté lors de leur manutention par ce pont. Le pont polaire est le principal pont de levage du bâtiment réacteur. Ces masses ont chuté à travers un plancher métallique et ont endommagé les équipements contenus dans le local où était entreposé le couvercle de la cuve du réacteur.
     4 intervenants étaient présents dans ce local au moment de la chute de ces masses, mais il n'y a pas eu de blessés.
     Le 14 mai 2009, des inspecteurs de l'Autorité de sûreté nucléaire se sont rendus sur place pour s'informer sur les conditions exactes de l'incident.
     Par ailleurs, compte tenu des circonstances, l'inspecteur du travail de l'ASN rencontrera les différents acteurs sur le site lundi 18 mai 2009.
     EDF devra présenter à l'ASN les expertises et les remises en conformité éventuelles des matériels susceptibles d'avoir été endommagés, notamment le couvercle de la cuve, afin de permettre à l'ASN de se prononcer sur la sûreté du fonctionnement du réacteur.

AFP 13 mai 2009

     Deux pièces métalliques de 2 tonnes utilisées pour des tests de fonctionnement sur le pont de manutention sont tombées d'une hauteur d'environ 15 mètres, le 13 mai, dans la centrale du Tricastin dans la Drôme, le deuxième site nucléaire français en superficie.
     C'est ce qu'a annoncé ce vendredi, soit deux jours après, la commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD).
     L'accident, qui n'a pas fait de victime, intervient alors que le Premier ministre François Fillon est attendu le 18 mai «sur le site du Tricastin pour visiter notamment la future usine d'enrichissement Georges Besse II»
Plusieurs incidents depuis un an
     «Compte tenu du nombre de dysfonctionnements survenus depuis un an sur le site, il est indispensable que les conditions de travail, de sécurité et de radioprotection soient inscrites à l'ordre du jour de cette visite», a rappelé la commission dans un communiqué. Des incidents s'étaient produits en juillet et septembre 2008 : d'abord une pollution par de la pollution radioactive, ensuite un problème (sans conséquences) lors d'une opération de déchargement de combustible.
suite:
     Toutefois, selon la direction d'EDF, l'unité de production n°1 de la centrale, où l'accident s'est produit, «est en arrêt programmé (depuis le 2 mai) pour effectuer sa visite des dix ans (...). Par mesure de précaution, dès la survenue de l'événement, les chantiers ont été suspendus et les intervenants, près d'une trentaine, ont quitté le bâtiment réacteur», et des contrôles «ont été réalisés immédiatement
     L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a été informée de cet incident «qui ne relève pas d'une déclaration d'un événement significatif pour la sûreté», selon EDF. Le 14 mai, des inspecteurs de l'ASN s'étaient «rendus sur place pour s'informer sur les conditions exactes de l'incident (...). Un inspecteur du travail de l'ASN rencontrera les différents acteurs sur le site lundi 18 mai».
3 - Nucléaire: un incident à Paluel?
AFP: 15/05/2009 

     L'association Sortir du nucléaire a dénoncé aujourd'hui un incident à la centrale nucléaire EDF de Paluel (Seine-Maritime) dans un circuit d'injection de sécurité qui sert à refroidir les réacteurs en cas d'urgence.
     L'incident a été constaté le 23 octobre 2008 lors d'une opération de maintenance du réacteur 4, selon Sortir du nucléaire qui cite un document de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il a été classé au niveau 1 sur l'échelle croissante de gravité des accidents nucléaires qui en compte 7.
     Selon le document, les techniciens ont mis au jour "une inversion de montage d'un composant sur une des pompes du circuit" qui remonte à 2001. "Le fonctionnement correct de la pompe depuis 2001 n'était donc pas garanti", conclut l'ASN.
     Ce circuit permet en cas d'accident grave d'introduire de l'eau borée sous haute pression dans le réacteur afin d'étouffer la réaction nucléaire et d'assurer le refroidissement du coeur. Par sécurité, il est doublé par un autre circuit comparable qui peut être activé en cas de panne du premier.
     Alain Corréa, animateur de Sortir du nucléaire en Seine-Maritime, a estimé qu'un tel incident n'est pas "rassurant". "Même si le système est redondant, cela signifie que la sécurité n'était pas assurée à 100% depuis sept ans", a-t-il déclaré à l'AFP.
     La direction de la centrale déclare que l'incident avait fait l'objet d'une information en décembre 2008 dans sa lettre mensuelle Découverte destinée au public. Elle assure que l'incident a été "sans conséquence sur la sûreté des installations" et que le système a aussitôt été "remonté dans sa bonne configuration".
     La centrale nucléaire de Paluel qui emploie 1.200 salariés est une des plus importantes de France avec ses quatre réacteurs de 1.300 mégawatts qui produisent 7% de l'électricité française.

p.6a

Note d'information
L'ASN et la DGT rappellent à AREVA, au CEA et à EDF
l'importance des conditions de travail pour améliorer la sûreté nucléaire et la radioprotection

     L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et la Direction Générale du Travail (DGT) du ministère du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville ont organisé, le 14 janvier dernier, un séminaire relatif aux conditions de travail et à la radioprotection dans les installations nucléaires de base.
     Des représentants d'AREVA, du CEA et d'EDF ont participé à cette journée. L'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) et le Délégué à la Sûreté Nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la Défense (DSND) étaient également représentés.
     Ce séminaire constitue une première initiative en la matière. Il traduit la volonté partagée de l'ASN et de la DGT de rappeler la réglementation en vigueur et de prendre en compte les remarques formulées par les exploitants.

     A cette occasion, l'ASN et la DGT ont souligné le rôle moteur que doivent jouer les grands exploitants d'installations nucléaires de base (INB) en matière de conditions de travail compte tenu de l'enjeu de première importance que les conditions de travail constituent, pour la sûreté nucléaire et la radioprotection dans ces installations.
     L'ASN et la DGT ont également rappelé la priorité que constitue la prise en compte croissante des facteurs organisationnels et humains (FOH) au sein des INB, notamment pour la sûreté nucléaire et la radioprotection.
     Le principe d'un prochain rendez-vous a d'ores et déjà été pris pour 2010 pour examiner les évolutions probables de la réglementation internationale dans le domaine de la radioprotection de travailleurs. Cette consultation sera bien entendu étendue aux partenaires sociaux, afin d'associer l'ensemble des acteurs à l'élaboration de la prochaine mise à jour de la réglementation nationale.
p.6b

Marseille, le 19 mars 2009
Objet: Contrôle des installations nucléaires de base.  --  INB 151 - MELOX
Inspection n° INS-2009-AREMEL-0012 du 6 mars 2009 sur le thème «criticité».
(document ASN)

     Dans le cadre de la surveillance des installations nucléaires de base prévue à l'article 40 de la loi n°2006-686 du 13 juin 2006, une inspection réactive inopinée a eu lieu le 6 mars 2009 à l'installation MELOX, sur le thème «criticité». Elle fait suite à un événement significatif concernant la sûreté de l'installation, détecté le 4 mars par l'exploitant et ayant fait l'objet d'une information de l'ASN le 5 mars.
     Faisant suite aux constatations des inspecteurs de l'ASN formulées à cette occasion, j'ai l'honneur de vous communiquer ci-dessous la synthèse de l'inspection ainsi que les principales demandes et observations qui en résultent.

Synthèse de l'inspection:
     L'inspection du 6 mars 2009 faisait suite à l'information transmise par AREVA NC le 5 mars 2009, concernant la survenue d'un événement significatif au sein du laboratoire de contrôle de l'installation. L'inspection avait donc pour but d'examiner la nature, les causes et les conséquences de cet événement ainsi que les premières mesures correctives mises en oeuvre par l'exploitant.
     Le 3 mars 2009, en début de matinée, le laboratoire de l'installation MELOX a réceptionné en provenance d'une entité externe, un échantillon de matière fissile à des fins analytiques.
     Dans le cadre de la gestion des matières nucléaires (GMN), les bordereaux de suivi accompagnant ce transfert ont fait l'objet d'une analyse de l'exploitant ayant conduit à détecter une légère incohérence documentaire concernant la masse de l'échantillon réceptionné. Dans l'attente de la validation de ces informations, cet échantillon a été introduit dans une des boites à gants du poste LCT (chaîne test) du laboratoire. L'exploitant a indiqué avoir vérifié au préalable, mais sans l'avoir tracé, que cette entrée de matière ne conduisait pas à un dépassement de la limite de masse admissible par ce poste, fixée par prescription technique à 370 g.
     Cependant, en l'absence de procédure adéquate, cette vérification a été réalisée sans saisie de la masse de l'échantillon dans le logiciel de suivi, cette dernière étant alors en attente de confirmation. Cette opération a ainsi entraîné une discordance entre l'état physique du poste et son état comptable alors sous-estimé.
     En milieu de journée, un autre opérateur a procédé à une nouvelle entrée de matière dans le poste comptable après avoir incrémenté le logiciel de suivi de la masse de ces matières, conformément à la procédure en vigueur pour ce type de transfert interne. A la suite de cette opération, la masse physiquement présente dans le poste est supérieure à la limite prescrite (372 g pour 370g prescrit), mais l'état comptable du poste est toujours inférieur à son état physique (365 g).
     En début d'après-midi, après levée des discordances documentaires et confirmation de la masse de l'échantillon, il est procédé à sa saisie dans le logiciel de suivi. La masse physiquement présente dans le poste est alors cohérente avec la masse comptable enregistrée dans le logiciel de suivi (372 g). Cependant, celle-ci étant supérieure à la limite prescrite (370 g), le logiciel aurait dû générer une alarme alertant l'exploitant de ce dépassement. Une lacune dans la conception de ce logiciel n'a pas permis le déclenchement de cette alarme.
     Ce n'est que le lendemain, à l'occasion des contrôles systématiques réalisés lors de la prise de poste des opérateurs, que ce dépassement a été identifié. Le chef d'installation a alors été immédiatement informé et a fait procéder à l'évacuation de 60 g de matière afin de revenir physiquement et comptablement sous la limite prescrite.
     A l'issue de cette inspection, il apparaît que cet événement n'est pas lié à des erreurs individuelles mais que l'organisation adoptée et la conception du logiciel de suivi des masses de matières fissiles ne sont pas adaptées à ce type de transfert.
     Cette situation appelle donc de ma part les remarques et demandes suivantes:

Demandes issues de l'inspection:
     La réception, dans la chaîne «test» du laboratoire, de matière issue d'une entité extérieure à l'installation, fait l'objet d'une attention particulière liée au suivi des matières nucléaires (GMN).
     Cependant, cette opération déroge à un des principes de base du référentiel de l'installation pour la prévention du risque de sûreté-criticité, à savoir réaliser la saisie comptable de la masse de matière fissile dans le logiciel de suivi, avant l'introduction physique de l'échantillon dans ce poste.
     Ce fonctionnement en mode dégradé aurait dû faire l'objet d'une étude de sûreté criticité préalable, donnant lieu à la rédaction de procédures ou de consignes particulières, prévoyant, par exemple, d'interdire l'introduction de toute nouvelle matière dans l'attente de la saisie comptable de la masse de l'échantillon externe. La consigne générale de criticité, valable pour les transferts de poste à poste, n'était par ailleurs pas applicable au cas d'introduction de matière en provenance de l'extérieur.

suite:
1. Je vous demande de revoir les modalités de réception d'échantillons externes et notamment la cohérence des actions liées d'une part à la GMN et d'autre part à la sûreté-criticité. Cette opération devra être encadrée par des procédures et des consignes appropriées.
     De plus, la visite du laboratoire a été l'occasion pour les inspecteurs, d'examiner le cahier de poste qui assure la traçabilité des opérations qui y sont menées. Il est apparu que ce cahier ne fait pas mention de la vérification, via le logiciel de suivi de masse, de la possibilité d'introduire l'échantillon externe dans le poste, ni de son introduction effective.
2. Je vous demande de compléter les cahiers de poste par la formalisation de toutes les actions menées au sein de celui-ci et pouvant avoir un impact potentiel sur la sûreté de l'installation.
     Par ailleurs, l'alarme associée au logiciel de suivi, qui doit se déclencher en cas de dépassement comptable de la limite de masse du poste du laboratoire, n'a pas fonctionné lors de la saisie de la masse de l'échantillon externe.
3. Je vous demande de revoir la conception du logiciel de suivi des masses fissiles afin que l'alarme qui y est associée, se déclenche également en cas de dépassement de limite liée à la réception de matière issue une entité externe.
     Une des premières mesures correctives engagée par l'exploitant après la découverte de cet incident, a été l'évacuation de matières afin que la masse physiquement présente dans le poste soit inférieure à la limite prescrite pour celui-ci. Il est apparu que cette décision a été prise sans consultation préalable de l'ingénieur criticien. Conformément à l'arrêté qualité du 10 août 1984, le suivi et le traitement des écarts est une activité concernée par la qualité et doit à ce titre, faire l'objet d'une formalisation.
4. Je vous demande de m'adresser les documents formalisant le traitement de cet écart et l'information de l'ingénieur criticien.
     Par ailleurs, vos représentants ont indiqué que des vérifications menées à l'occasion de la détection de cet incident ont permis de conclure que, le 4 mars en début de journée, la masse physiquement présente dans le poste n'était pas de 372 g comme indiqué par le logiciel de suivi, mais de 370 g. Cet écart serait, selon vos représentants, lié à des «problèmes d'arrondis de saisie des masses pesées». Ces mêmes problèmes d'arrondis expliqueraient les incohérences dans vos déclarations aux inspecteurs, quant aux mouvements de matière réalisés avant l'incident, le 3 mars en début de matinée.
5. Je vous demande de m'indiquer comment vous vous assurez que ces «arrondis» de pesée et/ou de saisie ne conduisent pas à des dépassements physiques de limite de masse, sans dépassement comptable.

6. Je vous demande de me transmettre un relevé détaillé des mouvements de matière effectués la journée du 3 mars.
     Vos représentants ont également indiqué lors de l'inspection, que la réception au laboratoire d'échantillons en provenance d'entités externes avait déjà été réalisée à plusieurs reprises depuis la mise en service de l'installation mais en nombre limité. Ils ont précisé qu'une telle discordance entre masse comptable et masse physiquement présente dans le poste pouvait éventuellement s'être déjà produite sans avoir été détectée.

7. Je vous demande de m'adresser un historique des réceptions par le laboratoire de matières fissiles issues d'entités externes à MELOX. Vous vérifierez dans chaque cas la cohérence des informations liées d'une part à la GMN et d'autre part au suivi comptable des masses par le logiciel de suivi. Vous m'adresserez les conclusions de cette analyse.
     De plus, vos représentants ont indiqué que d'autres postes comptables sont susceptibles de faire l'objet de réceptions de matières externes à l'installation.

8. Je vous demande de m'indiquer les autres postes de réception de matière concernés par l'anomalie de votre système de comptabilité. Pour chacun d'entre eux, je vous demande de procéder à une analyse de sûreté-criticité de façon à vous assurer que l'évènement ne puisse se renouveler sur ces postes. Vous me transmettrez les conclusions de votre analyse et m'indiquerez les actions éventuellement engagées à la suite de celle-ci.
     Vous voudrez bien me faire part de vos observations et réponses concernant ces points avec le compte-rendu d'évènement significatif au plus tard le 15 mai 2009. Je vous demande d'identifier clairement les engagements que vous seriez amené à prendre et de préciser, pour chacun d'eux, une échéance de réalisation.
     En outre, l'analyse de cet évènement devra compléter celle qui vous a été demandée par lettre DEPMarseille-1318-2008 du 22 décembre 2008, concernant la gestion du risque criticité au sein de l'installation.

     Pour le Président de l'ASN et par Délégation le Chef de la Division de Marseille Laurent KUENY
pp.7-8a

Surveillance ASN en radioprotection
1 - Paris, le 20 mars 2009
L'ASN adresse une mise en demeure aux Laboratoires Cyclopharma à Tours (37)
(document ASN)

     Le 4 février 2009, la division d'Orléans de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a été informée par la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) d'Indre-et-Loire d'un déclenchement de l'alarme du portique de détection de radioactivité du centre d'enfouissement technique de Sonzay (37) survenu le 29 janvier 2009 lors du contrôle d'un chargement de déchets à l'entrée du site. Un événement similaire s'était produit sur ce même site le 6 janvier 2009. Le 6 février 2009, un troisième déclenchement de portique a eu lieu sur ce même centre d'enfouissement technique de Sonzay.
     Après confirmation de la présence anormale de radioactivité dans les chargements, la société ONECTRA, organisme agréé par l'ASN, a été mandatée pour réaliser les contrôles techniques de radioprotection afin de repérer et d'isoler les sacs de déchets à l'origine du déclenchement de l'alarme. Les investigations réalisées ont permis d'identifier les Laboratoires Cyclopharma* de Tours comme étant à l'origine de la production de ces déchets.
     Le mardi 10 février, la division d'Orléans de l'ASN a réalisé une inspection inopinée sur le site des Laboratoires Cyclopharma à Tours afin d'évaluer l'organisation de la gestion des déchets.
* Les Laboratoires Cyclopharma sont spécialisés dans la fabrication de traceurs radioactifs utilisés en médecine nucléaire dans le cadre de diagnostics oncologiques et disposent de quatre unités de fabrication à Nice, Toulouse, Saint-Beauzire et Tours.

     L'inspection a mis en évidence que la gestion des déchets produits par cet établissement n'était pas assurée dans le respect des règles techniques auxquelles doit satisfaire l'élimination des effluents et des déchets contaminés par les radionucléides, ou susceptibles de l'être du fait d'une activité nucléaire, règles fixées par la décision n°2008-DC-0095 de l'ASN du 29 janvier 2008.
     Parmi les règles non respectées, figurent notamment les éléments suivants:
     - les déchets ne sont pas tous triés et conditionnés (article 9);
     - certaines dispositions ne sont pas systématiquement mises en œuvre pour vérifier l'absence de contamination des déchets destinés à des filières de gestion des déchets non radioactifs (article 16);
     - les résultats des contrôles réalisés avant l'élimination des déchets ne sont pas tracés (article 13);
     - les déchets liquides ne sont pas entreposés sur des dispositifs de rétention permettant de les récupérer en cas de fuite de leur conditionnement (article 18).
     Les faits constatés étant susceptibles d'entraîner une exposition radiologique du public, l'ASN a mis en demeure le 13 février 2009 les Laboratoires Cyclopharma de mettre en place, dans les plus brefs délais, les mesures permettant de garantir la sécurité du public. Le tri et la caractérisation exhaustifs des déchets présents sur le site de Tours ont donc été entrepris. Les évacuations de déchets ne reprendront qu'une fois les actions correctives menées à bien.
p.8b

2 - Paris, le 30 avril 2009 
Bilan trimestriel des événements en radiothérapie déclarés à l'ASN, classés au niveau 1 de l'échelle ASN-SFRO au cours du 1er trimestre 2009
(document ASN)

     Depuis le 1er juillet 2008, les événements classés au niveau 1 de l'échelle ASN/SFRO sont synthétisés dans un bilan trimestriel global que l'ASN publie sur son site Internet.
     Entre le 1er janvier et le 31 mars 2009, 17 événements ont été classés au niveau 1 de l'échelle ASN-SFRO. Ces événements, sans conséquence attendue pour la santé des patients, sont néanmoins analysés pour en tirer les conséquences (notamment en termes d'organisation) et éviter qu'ils ne se reproduisent.
     * Tous les événements déclarés sur cette période n'ont concerné, pour chacun d'entre eux, qu'un seul patient et se sont produits majoritairement (14 cas) au cours d'une seule séance de traitement;
     * Plus de la moitié des événements (10 cas) concernent une anomalie du positionnement du patient due à la prise en compte de données ou de points de repères inappropriés ou, pour une technique particulière de traitement, à l'oubli d'asservissement d'un des faisceaux de traitement à la respiration du patient; 
     * 3 déclarations ont porté sur une erreur de mise en forme de faisceau (notamment, erreur lors de la fabrication d'un cache);
     * 1 événement est lié à la réalisation d'une séance de traitement avec les données correspondant à un autre patient traité pour une même localisation;
     * 3 cas ont concerné principalement la délivrance d'une dose inappropriée due à une erreur de hauteur de la table (2 événements) ou à la prise en compte des données de la phase de traitement précédente.
     Les événements de niveau 1 font l'objet d'investigations de l'ASN, dans le cadre d'inspections soit spécifiques, soit lors de l'inspection annuelle que l'ASN conduit dans tous les centres de radiothérapie. L'ASN examine systématiquement les mesures correctives proposées après l'analyse de l'événement effectuée par le centre.
     Les mesures correctives pour la période considérée ont consisté, notamment, à intégrer la position de la table de traitement dans le logiciel de vérification et d'enregistrement des paramètres de traitement, à redéfinir la dénomination des faisceaux ou encore à introduire une photo ou un schéma des zones à traiter dans le dossier du patient voire dans la salle de traitement.

suite:
CLIS de Bure : Christian Bataille démissionne
L'affranchi de Chaumont / C.P. 
24.04.09 

     Président depuis moins d'un an du Comité local d'information et de suivi (CLIS) du laboratoire de Bure, le député du Nord Christain Bataille a rendu sa démission. Père de la loi du 30 décembre 1991 sur la gestion des déchets radioactifs et farouche partisan du nucléaire, c'est un peu à lui que l'on doit le labo et le projet de poubelle nucléaire qui va avec. C'est pourquoi les opposants à l'enfouissement avaient considéré comme une véritable provocation la décision des présidents des conseils généraux de la Meuse et de la Haute-Marne de le nommer président du CLIS.
     Il faut dire que Bataille l'avait aussi un peu cherché en épinglant dans un rapport parlementaire, en 2005, la gestion de ce CLIS, alors présidé par le préfet de la Meuse. "Pendant une période trop longue, le CLIS a été transformé en instance d'expression unique des opposants au laboratoire, au lieu de  jouer son rôle d'information et de débat", avait-il reproché.
     Résultat: les opposants ont refusé de participer au CLIS tant que Bataille en serait le président. Et pour se protéger des autres enquiquineurs, Bataille a décidé que toutes les réunions du CLIS, y compris les assemblées générales, se dérouleraient désormais à huis clos, à l'écart du public et de la presse.
     Les présidents de conseils généraux appelés à désigner un nouveau président
     Mais le 9 avril, comme L'affranchi s'en est fait l'écho, les membres de l'assemblée générale ont violemment critiqué -en son absence- la gestion de Christian Bataille. Et ça n'a pas fait un pli: dès le lendemain, l'intéressé envoyait une lettre de démission aux deux présidents de conseils généraux qui l'ont nommé: Bruno Sido et Christian Namy. Lesquels, selon nos informations, n'ont pas encore répondu. Mais vu le climat de défiance qui règne désormais au CLIS, on voit mal comment ils pourraient refuser sa démission.
     Il va donc falloir désormais qu'ils choisissent un nouveau président parmi les membres actuels du CLIS. Car la loi du 28 juin 2006 précise bien que le président de cette instance doit être désigné conjointement par les présidents des conseils généraux et non, comme cela se fait dans toutes les autres associations, par le conseil d'administration. Une curiosité juridique récemment dénoncée lors de l'assemblée générale du CEDRA, qui suit toujours ce dossier de très près.

p.9

JHM (Journal de la Hte Marne) / Pierre-Julien Prieur - 26.04.09
Une victoire pour les opposants à l'enfouissement?

     Les élus meusiens et haut-marnais opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs tenaient leur assemblée générale hier après-midi. Au cours de la réunion, le président de l'association a annoncé que Christian Bataille, actuel président du Clis de Bure, aurait présenté sa démission. Une nouvelle qui, si elle se confirme, devrait ravir tous les opposants.
     Christian Bataille serait-il sur le départ? Selon les informations de Jean-Marc Fleury, maire de Varney (Meuse) et président des élus meusiens et haut-marnais opposés au laboratoire de Bure  (AEMHM), le député du Nord aurait remis sa lettre de démission aux présidents des Conseils généraux de Meuse et de Haute-Marne. À la tête du Comité local d'information et de suivi (Clis) depuis début 2008, son arrivée avait provoqué un tollé chez les opposants. Surnommé affectueusement "le Père de l'enfouissement" par les opposants, Chritian Bataille est en effet l'auteur des deux textes de loi fondamentaux sur le sujet et ancien membre du conseil d'administration de l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Autant de raison pour les opposants de rejeter sa nomination.

Les opposants ne siégeaient plus
     Si l'information se vérifiait, ce serait une grande victoire pour eux. "Depuis son arrivée, notre association et d'autres refusaient de siéger au Clis, explique Jean-Marc Fleury. Lors de la dernière assemblée générale, il semblerait que Christian Bataille ne soit pas venu, ce qui a irrité les autres membres. De notre côté, nous avions déposé un recours contre sa nomination devant le tribunal administratif. C'est peut-être tout ça qui l'a forcé à partir."


     Si cette démission est une victoire pour les élus opposés à Bure, ils n'en oublient pas pour autant leur mission principale. Car si "le Clis ne fonctionne plus depuis deux ans, l'Andra, elle, continue ses activités, précise Jean-Marc Fleury. Pendant que Bure avance, l'Andra nous sort le stockage des déchets FA-VL (Ndlr: de faible activité à vie longue). Pour nous, c'est important de se mobiliser aussi contre ça et de faire comprendre à ceux qui sont pour l'enfouissement qu'ils se trompent. Avec les FA-VL, l'Andra nous ressort les mêmes mensonges que pour Bure, promettant notamment un développement économique pour les territoires concernés. Alors qu'on sait très bien que Bure, ce n'est pas le développement de nos régions, c'est tout le contraire. Est-ce qu'on veut que nos régions deviennent les poubelles nucléaires de la France et rapidement, de l'Europe? Pour nous, c'est clairement non."

Adieu AEMHM, bonjour Eodra
     Et afin de montrer que son combat ne se limite désormais plus seulement à Bure, l'AEMHM a décidé de changer de nom. Il faudra désormais parler de l'association des élus de Lorraine et Champagne-Ardenne opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs (Eodra).
     Nouveau nom et nouvelle politique: "Nous allons essayer d'être plus présents sur le terrain pour diffuser l'information, souligne Jean-Marc Fleury. Nous voulons aussi inviter d'autres élus, favorables ou non à l'enfouissement, pour en débattre. Nous continuerons aussi les réunions d'information et le tractage et le soutien aux nombreux collectifs qui existent désormais dans le secteur". Dans cette tâche, l'association pourra compter sur ses adhérents. Même s'ils sont moins nombreux depuis les dernières élections, 46 élus à titre individuel, et quatorze communes sont encore adhérents.

p.10a

CEDRA (Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs)
BP 17 - 52101 SAINT DIZIER Cedex - FRANCE
Téléphone-répondeur-fax : (33) 03 25 04 91 41 /  06 66 959 777
cedra.org@orange.fr - www.burestop.org - www.villesurterre.com
Poisson d'avril: On a trouvé le département le plus farceur!

     Voici revenu le 1er avril et son cortège de traditionnelles mystifications, permettant à la société dans son ensemble de décompresser et de s'en payer une bonne tranche. Avouons-le, en cette période de crise et de morosité générale, quelle meilleure thérapie qu'un séjour au pays où la plaisanterie règne en maîtresse? Tout doux, c'est par une suite d'indices que le nom de ce département vous sera dévoilé. Toute perle se mérite...
     L'info était bien gardée, estampillée du sceau "secret-défense" même, et il se dit que la Saint-Hugues, ce mercredi, avait été programmée pour en faire l'annonce. Mais voilà, le préfet local n'y tenait plus et il lâchait voici peu l'info (1), de taille: le 10ème Parc National pourrait être implanté là! "Label prestigieux" pour certains, "levier indiscutable" pour d'autres, "atout puissant de développement touristique" pour les moins visionnaires... parce que... il est à se demander si les frontières de ce Parc arrêteront les radiations de Bricon et Semoutiers-Montsaon, toutes deux candidates à une poubelle nucléaire souterraine (2). Arrêteront-elles également les effluves radioactifs de Valduc, tout proche, où le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) rejette discrètement et depuis des décennies quantité de tritium? Sacré poisson d'avril...
     Vous n'avez pas trouvé le nom de ce département plaisantin? Poursuivons donc jusqu'au "Lac du Der-Chantecoq", bucolique à souhait, plus grand lac artificiel d'Europe, étape migratoire majeure des grues cendrées... ainsi que sous les vents dominants de ce qui ne se sent pas, ne se voit pas, ne s'entend pas et qui pourtant est bien réel: les rejets radioactifs de la plus grosse poubelle atomique au monde (1 million de m3 imposés), Soulaines. Soyons rassurés, aucun touriste sur le million qui chaque année fréquente les rives du Lac n'est informé de cette broutille. Sacré poisson d'avril...
suite:
     Toujours pas situé sur la carte, ce département? Poussons alors jusqu'au petit village de Bure, en plein Pays de l'Ornois. Pas de l'or noir.... bien que! Cette région recèle en effet une autre richesse, qui d'ailleurs devient objet de véritables convoitises: l'or bleu. C'est d'EAU dont regorge ce sous-sol, à un point tel que depuis des lustres le secteur porte le surnom de "Château d'eau naturel". Mais, Bure, n'est-ce pas là qu'ILS creusent un immense trou pour se débarrasser des pires déchets du nucléaire, à 500 mètres de profondeur, sous les nappes phréatiques qui alimentent vers le nord le Bassin de la Meuse, et vers l'ouest la vallée de la Marne et de là tout le Bassin de Paris? Sacré poisson d'avril...
     Aller, dernier indice. Qui ne connaît Colombey- les- deux- Eglises et son tout récent "Mémorial", bâti à la gloire du résistant resté dans toutes les mémoires? Il se murmurerait que l'Etat et l'Andra (3) ont ciblé la commune pour candidater à LA poubelle atomique "FAVL" (2). Quel "rayonnement" (!) pour le département: on imagine l'imposante Croix de Lorraine irradiant les ténèbres, reposant sur une colline truffée de galeries emplies de fûts-bidons radioactifs. Pour corser la plaisanterie, le Tour de France est annoncé -ici- le 16 juillet prochain, passant également par la commune voisine de Juzennecourt, candidate officielle aux "FAVL". Le Tour de France sur "La Route des déchets nucléaires", vous imaginez? Sacré poisson d'avril...

     Si la HAUTE-MARNE recèle de véritables humoristes (le village de POISSONS n'est-il pas jumelé avec celui d'AVRIL?), elle est quand même pilotée par des élus sacrément désopilants.
     Post-Scriptum: à noter que le département de l'AUBE voisine n'est pas en reste, la farceuse, elle qui voit côte à côte les dépôts nucléaires... et les vignes de CHAMPAGNE... mais ceci est une autre histoire... sur laquelle nous reviendrons
(1) lundi 16 mars
(2) poubelle nucléaire dite 'FAVL' (Fardeau Atomique à Virulence Longue) > infos sur  www.burestop.org
(3) Agence nationale des déchets nucléaires

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BURE: déchets nucléaires cherchent acceptation sociale!
CDR55/ collectif meusien contre l'enfouissement des déchets nucléaires
Communiqué de presse
Bar le Duc, mardi 31 mars 2009

     «Une chose est sûre c'est que ce ne sera pas Bure; une autre chose est sûre, c'est que ce ne sera pas très loin de Bure!». Selon l'Est républicain du 30/03/09, Marie-Claire Dupuis, directrice de l'ANDRA en visite à Bure, a annoncé hier ce que tout le monde sait mais que personne n'ose avouer officiellement. Le sud meusien pourrait se laisser imposer cette première mondiale qu'est l'enfouissement des déchets radioactifs les plus dangereux (HAVL), tout cela consulter les habitants. Immense gruyère radioactif en sous-sol, installations de surface pouvant être reliées aux galeries souterraines par des tunnels de 5 km, transports à risques, quel visage pour notre région? Pourtant l'opposition dure, depuis 15 ans, et mobilise largement autour de BURE.
     Selon Mme Dupuis «Pour pouvoir stocker des déchets radioactifs quelque part, il y a deux conditions. La première, c'est une bonne géologie; la deuxième, c'est une bonne acceptation locale. Il ne s'agit pas de piéger les habitants. Je n'ai pas envie d'exploiter un centre de stockage avec des CRS autour!». Un groupe de l'Agence de l'énergie nucléaire qui réunit vingt-huit pays «réfléchit à la manière d'établir la confiance, de construire l'échange avec les parties prenantes locales
     Construire l'échange? Pas une once de démocratie, aucune concertation globalisée intelligente, un débat public (2012) qui arrivera après 18 ans de fouilles et de main-mise sur une région, quelques promesses illusoires et beaucoup d'argent à court terme. Voilà ce qui caractérise le processus pour enfouir les pires poisons produits par notre collectivité. Mme Dupuis parle «d'ouvrir le dialogue avec les populations locales». Mais les Meusiens ne veulent pas de ce dialogue à sens unique pratiqué par l'Andra depuis des années, dont le seul objectif est de cacher les déchets ultimes d'une politique énergétique insoucieuse des générations futures!
     Impossible d'établir une relation de confiance dans un domaine où il ne peut y en avoir... L'appel récent à candidatures pour un site d'enfouissement de déchets dit faiblement radioactifs (FAVL) a été un véritable test grandeur nature, partout en France. Il ne révèle pas des "peurs irraisonnées" mais des inquiétudes et des rejets fondés. Certaines communes ont retiré leur candidature, sous la pression citoyenne. L'Andra tarde à annoncer celles qui seront retenues, ira-t-elle s'implanter là où le projet fera le moins de remous?
     Les Etats-Unis viennent de stopper les travaux de stockage géologique des déchets radioactifs les plus dangereux (HAVL) à Yucca Moutain (Nevada), site jumeau de Bure. Les expérimentations malheureuses "d'enfouissement expérimental de déchets faiblement radioactifs" dans la mine de sel d'Asse (Allemagne) en passe de s'effondrer, pourraient remettre en question le projet de Gorleben, qui devait recevoir les déchets hautement radioactifs... Pourquoi la France s'entête-t-elle à imposer l'empoisonnement programmé des sous-sols, contre la volonté d'une majeure partie des citoyens et l'avis de divers experts scientifiques?
     Pourquoi continuer à produire ces déchets, si l'on ne sait pas les gérer? De nombreux habitants des départements pressentis (Aube, Haute-Marne, Marne, Meuse, Meurthe et Moselle, Moselle, Vosges), ont pris conscience depuis juin dernier que transformer leur région en immense dépôt radioactif n'est pas un projet d'avenir, mais un piège inéluctable. 16 associations de la région Lorraine/Champagne-Ardenne demandent un MORATOIRE sur l'enfouissement des déchets nucléaires de toutes catégories, et réclament un véritable débat national sur la politique énergétique, préalable indispensable à l'élaboration d'un programme de gestion des déchets nucléaires déjà produits, indépendamment de tout intérêt industriel.
     Une pétition est organisée avec les soutiens de: Réseau Sortir du nucléaire, CRIIRAD, Greenpeace, Amis de la Terre, Agir pour l'Environnement.
+ d'infos et pétition en ligne sur www.dechets-nucleaires-ne-pas-enfouir.org
Diverses manifestations sont prévues dans les semaines à venir, dont une marche de Bure à Chooz, du 13 au 26 avril 2009.
CONTACTS: 0686748511 - 0329451199 et www.burestop.org

«Ce ne sera pas Bure!» Mais l'enfouissement des déchets radioactifs ne se fera «pas très loin de Bure», précise la directrice de l'Andra.
EST REPUBLICAIN - 30 mars 2009
REGION-LORRAINE Environnement

     BURE.- Alors que l'Agence pour l'énergie nucléaire s'apprête à organiser un forum intitulé «Stockage et territoire: envisager le futur ensemble», du 7 au 9 avril, à Bar-le-Duc, la directrice générale de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), Marie-Claude Dupuis, était hier au laboratoire de recherches de Bure, dans la Meuse, pour rappeler l'importance qu'elle attache au dialogue avec les populations locales.

suite:
     Q: Pourquoi réunir 90 personnes représentants 15 pays nucléarisés à Bar-le-Duc?
     R: Cette réunion est organisée avec le Comité sur les déchets radioactifs de l'Agence de l'énergie nucléaire qui réunit vingt-huit pays et dont un groupe réfléchit à la manière d'établir la confiance, de construire l'échange avec les parties prenantes locales. On s'intéressera à la problématique que vit l'Andra dans la Meuse et que l'on retrouve ailleurs dans le monde. Pour pouvoir stocker des déchets radioactifs quelque part, il y a deux conditions. La première, c'est une bonne géologie; la deuxième, c'est une bonne acceptation locale. Il ne s'agit pas de piéger les habitants. Je n'ai pas envie d'exploiter un centre de stockage avec des CRS autour !
     Q: Vous avez annoncé votre volonté d'associer les habitants à l'élaboration du rapport que vous remettrez au gouvernement en octobre?
     R: Nous devons proposer, dans la zone de 250 km2 que nous avons étudiée, une zone restreinte de 30 km2 dans laquelle nous allons poursuivre nos investigations scientifiques pour faire une proposition d'implantation d'un site de stockage de déchets hautement radioactifs à vie longue. Un débat public devrait avoir lieu fin 2012; ensuite, le gouvernement choisira le site. J'ai entendu des gens dire qu'ils étaient pieds et poings liés et que ce serait Bure... Une chose est sûre c'est que ce ne sera pas Bure; une autre chose est sûre, c'est que ce ne sera pas très loin de Bure!
     Q: Où alors?
     R: Avant de proposer un site précis, on voudrait impliquer les acteurs locaux dans le processus. Pour cela, nous avons choisi de dissocier la réflexion sur les installations souterraines de celle qui porte sur les installations de surface. Pour le fond, c'est la géologie qui doit primer parce que la première chose à assurer est la sécurité. Pour ce qui est de la surface, des questions d'aménagement du territoire se posent quand on accueille 700 à 1.000 emplois, qu'il faut loger des familles, qu'on a besoin de routes, de voies ferrées, qu'il faut prévoir des écoles... Cela permet d'ouvrir le dialogue. Nous prévoyons donc d'accéder aux installations souterraines par des descenderies qui pourraient faire jusqu'à cinq kilomètres; cela élargit la zone susceptible d'accueillir les équipements en surface à 600 km2 et permet un accès côté meusien ou côté haut-marnais.
     Q: Comme pour le centre de stockage de déchets faiblement radioactifs à vie longue (FA-VL), vous demandez donc aux communes de la zone de se porter candidates?
     R: On n'en est pas encore à des expressions d'intérêt aussi explicites, mais le dialogue s'instaure quand on parle d'aménagement du territoire.
     Q: Quand le gouvernement communiquera-t-il la liste réduite des communes susceptibles d'accueillir le centre de stockage des FA-VL?
     R: Depuis janvier, le ministère mène des consultations auprès des grands élus sur la base de nos propositions. Toujours avec le souci d'avoir une décision équilibrée entre l'analyse géologique et l'acceptation locale... Ce qu'on a entendu autour des FA-VL nous conduit à rester très humbles et à avoir beaucoup de respect pour les gens qui nous accueillent ici; quand on voit comment on est traité dans d'autres départements, on voit que la notion de déchets réactifs est très repoussoire, ça fait encore fait très peur.
Le fait du jour 
Si ce n'est Bure...

     Marie-Claude Dupuis a le sens de la formule. «Une chose est sûre, c'est que ce ne sera pas Bure ; une autre chose est sûre, c'est que ce ne sera pas très loin de Bure», a déclaré la directrice générale de l'Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) qui se trouvait hier sur le site du laboratoire de recherches meusien. 
     L'intéressée faisait naturellement référence au site que le gouvernement retiendra, en 2013, pour accueillir le centre de stockage souterrain de déchets hautement radioactifs.
     Si ce n'est Bure, c'est donc sa sœur. En l'occurrence une commune voisine dans cette zone de transposition que l'Andra a porté de 300 à 600 km2 aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne pour «ouvrir le dialogue avec les populations locales». Si le choix de l'emplacement précis du stockage en profondeur reviendra in fine aux scientifiques pour garantir des dispositions géologiques optimales, l'agence souhaite donc permettre aux collectivités meusiennes et haut-marnaises de se positionner pour ou contre l'accueil des installations de surface qui pourront être reliées aux galeries d'enfouissement par un tunnel de cinq kilomètres.
     D'ores et déjà des groupes d'élus se sont constitués dans les vallées et les territoires concernés pour adopter et défendre des positions localement cohérentes. Si certains s'opposeront probablement avec détermination à accueillir la fameuse poubelle radioactive, d'autres pourraient être tentés de manifester leur intérêt pour le fulgurant développement économique promis par l'Etat et par la filière nucléaire à la localité retenue.
     Les représentants de l'Andra le savent qui laissent déjà entendre que le secteur de Joinville disposent de meilleures infrastructures que la haute vallée de l'Ornain, mais que le Sud meusien offre l'avantage d'être plus élevé que le nord de la Haute-Marne... 
     Une manière de mettre sans le dire les deux départements en concurrence. Si ce n'est l'un, ce sera donc l'autre... On sait comment finit la fable!

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L'impact sanitaire des faibles doses d'irradiation
Le Figaro - 06/03/2009 - Anne Jouan

     Une centaine de chercheurs français et étrangers ont travaillé sur cette difficile question pendant quatre ans.
     Quel est l'impact des faibles doses d'irradiation sur la santé, que ce soit pour les travailleurs du nucléaire ou pour le reste de la population lors d'examens médicaux (radiographies, scanners)? C'est la question que s'est posée le Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Il a donc fait plancher sur ce sujet, de 2004 à 2008, environ 90 chercheurs.
     Des physiciens, biologistes moléculaires et mathématiciens ont travaillé dans le cadre d'un programme intitulé Risc-Rad (Radiosensitivity of Individuals and Susceptibility to Cancer Induced by Ionizing Radiations) pour un budget de 30 millions €. Rappelons que le seuil réglementaire pour les travailleurs du nucléaire est de 20 mSv sur un an. A titre de comparaison, un vol aller-retour Paris-New York irradie un passager de 0,06 mSv contre 0,006 pour une radiographie dentaire panoramique et 12 mSv pour un scanner abdominal.

Effets indirects
     Les travaux ont abouti à trois conclusions: il n'y a pas de forme unique de relation dose-effet pour les processus biologiques cellulaires, les rayonnements peuvent avoir des effets indirects qui joueraient dans la cancérogénèse un rôle mineur par rapport aux effets directs sur l'ADN et, enfin, les prédispositions génétiques modulent le risque de développer un cancer.


     «C'est la même chose que pour le soleil, explique Laure Sabatier, chef de service du laboratoire de radiobiologie et oncologie du CEA. Certains sont plus sensibles que d'autres à son exposition
     Autre conclusion importante, les effets induits par de faibles doses d'irradiation peuvent être différents de ceux que l'on observe lors d'expositions à de fortes doses. Risc-Rad relève également que, pour chaque dose d'irradiation, il se produit des réponses cellulaires pouvant être soit bénéfiques en induisant un effet protecteur contre la cancérogénèse, soit néfastes en augmentant le risque de cancérisation des cellules.
     Mais la donnée la plus intéressante, car la plus novatrice, concerne les effets indirects de l'irradiation. Jusqu'à présent, on pensait qu'en radiologie, les dommages causés à l'ADN dans les cellules irradiées étaient les conséquences des effets des irradiations. Or, des organes qui n'ont pas été irradiés peuvent subir des dommages liés à l'irradiation d'une autre partie du corps. Les cellules communiquant via des molécules produites par les cellules irradiées.

COMMENTAIRE
     Il était temps pour les chercheurs du CEA de communiquer sur ce sujet. 

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