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N°276, mai 2015

LE NUCLÉAIRE VA-T-IL PÉRIR
À CAUSE DE FIRMES INCOMPÉTENTES?

CONSULTATION DÉCLASSEMENT INB 106 LABORATOIRE POUR L’UTILISATION DES RAYONNEMENTS ÉLECTROMAGNÉTIQUES (LURE)
Avril 2015


 
Observations du pôle Sciences et Société  de la CLI  des installations nucléaires du Plateau de Saclay
(rédacteur Sébastian Farandeau)

     Le présent document synthétise les observations formulées par les membres de la CLI de Saclay suite à l’assemblée plénière du 25 novembre 2014 et lors des réunions de travail du pôle Sciences et société depuis la révision du périmètre de la CLI de Saclay en 2009. Les observations sont faites au regard du code de l’urbanisme, de l’environnement et de la réglementation applicable aux installations nucléaires de base.

     1 Contexte
     Depuis 2009, à l’initiative du Conseil général de l’Essonne, la CLI du CEA de Saclay suit le démantèlement du Laboratoire pour l’Utilisation des Rayonnements Electromagnétiques (LURE) situé sur le campus universitaire d’Orsay et de Bure sur Yvette. À ce titre, elle devient la CLI des installations nucléaires du Plateau de Saclay.
     Le LURE est classé comme «Installation Nucléaire de Base» (INB) au regard de l’activité de certains accélérateurs de particules exploités par le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) dans ce laboratoire. Le LURE est référencé comme l’INB n°106.
     Suite à la fin des opérations de démantèlement de l’INB en 2010 et conformément à l’article 40 du décret 2007-1557, le CNRS a adressé à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) un dossier de demande de déclassement en 2011. Des compléments à ce dossier et la procédure de mise en place de plusieurs servitudes d’utilité publique ont repoussé l’instruction de déclassement de trois ans.
     Comme le prévoit le Code de l’Environnement, la CLI a été informée par l’ASN de la demande de déclassement de l’INB 106. Un dossier lui a été transmis afin qu’elle puisse communiquer ses observations et contribuer à l’information du citoyen.
     Les observations synthétisées dans ce rapport interviennent dans le cadre de la procédure de déclassement de l’INB 106 LURE.
     Elles ont été formulées au regard:
     - du dossier de demande de démantèlement transmis par l’ASN le 23 octobre 2014.
(suite)
suite:
     - du décret 2007-1557, relatif aux installations nucléaires de base et au contrôle, en matière de sûreté nucléaire, du transport de substances radioactives.
     - du bilan des opérations de démantèlement prévues au décret 2009-405 autorisant le CNRS à procéder à la mise à l’arrêt définitive et au démantèlement de l’INB 106.
     - du rapport du commissaire enquêteur pour la mise en place des servitudes d’utilité publique autour d’une des parcelles de l’actuelle INB 106 (disponible sur le site internet de la Préfecture de l’Essonne).
     Le dossier transmis répond aux exigences réglementaires des décrets 2007-1557 et 2009-405. Celui-ci dispose d’un document détaillant l’état de l’installation à la fin des opérations de démantèlement, les dispositions prises par le CNRS pour assurer l’information des futurs propriétaires et le devenir de l’infrastructure. Un inventaire des déchets produits lors du démantèlement est également disponible.

     2. Présentation de l’INB 106 LURE
     Le LURE était une unité de recherche présente sur le campus de l’université Paris Sud Orsay. Il comprenait 6 accélérateurs de particules. Suite aux opérations de démantèlement, deux accélérateurs sont encore en fonctionnement.
     Le premier accélérateur est l’Anneau de Collision d’Orsay (ACO). Celui-ci a été arrêté en 1988. Depuis 2002, il est classé comme monument historique et il est devenu un musée géré par l’association Sciences-ACO.
     Le Centre Laser Infrarouge d’Orsay (CLIO) est toujours en exploitation. La principale source de rayonnement du CLIO est un laser à électrons libres. L’obtention de ce faisceau d’électron nécessite le fonctionnement d’un accélérateur de particule. Toutefois, des dispositions ont été prises afin de limiter l’énergie et la puissance de cet accélérateur en dessous de 50 MeV et de 1kW. Par cette limitation, il n’est pas concerné par la réglementation des installations nucléaires de base. Cet accélérateur est géré par le Laboratoire de Chimie Physique de la faculté.
     Le PHotoInjecteur de l’accélérateur linéaire (PHIL) est également en activité. C’est un accélérateur d’électrons de faible dimension (9 MeV, 300 mW) rattaché au Laboratoire de l’accélérateur Linéaire (LAL).
p.10

 
     Les accélérateurs de particule LINAC (ancien accélérateur linéaire), Super ACO et  le DCI (Dispositif de Collision dans l’Igloo) ont été arrêtés en 2003. L’activité des rayonnements produits par ces accélérateurs est à l’origine du classement du LURE comme INB. Ces accélérateurs ont été démantelés dans le cadre des opérations MAD-DEM depuis 2009. Certaines zones du LINAC sont encore concernées par une «activation des bétons» a posteriori de la fin du démantèlement. Ce sont ces zones qui font l’objet des servitudes d’utilité publique.

     3 Bilan du démantèlement
     3.1. Phasage du démantèlement
     Le démantèlement a été précédé d’une phase de «Cessation Définitive d’Exploitation» (CDE) (de juin 2000 à décembre 2006) dans le cadre de l’arrêté d’exploitation de l’INB n°106. Des opérations de démontage pour certains équipements secondaires (équipements des laboratoires n’ayant aucune incidence sur la sûreté de l’installation) ont été menées dans:
     - le hall d’expériences de Super ACO,
     - les halls d’expérience du DCI (4 opérations de démontage),
     - le hall des modulateurs (à l’exclusion de la zone d’entreposage des pièces activées ou de la zone transit du LINAC),
     - le convertisseur situé dans la tranchée du LINAC.
     Étant donné que le convertisseur du LINAC est la partie la plus radioactive de l’infrastructure, une étude spécifique de radioprotection a été menée par l’exploitant pour garantir la sécurité des opérations. L’ASN a émis un avis à chacune de ces étapes de démontage.
     Les opérations se sont poursuivies lors de la phase de «Mise à l’Arrêt Définitif» (janvier 2007 à avril 2009) et la phase de «Démantèlement» (avril 2009 à novembre 2010).
     Les travaux lourds du démantèlement ont été autorisés dès la promulgation du décret n°2009-405 du 14 avril 2009 qui autorise le CNRS à mettre à l’arrêt définitif et à procéder aux opérations de démantèlement de l’INB n°106 pour une durée de trois ans. Le CNRS avait donc jusqu’au 14 avril 2012 pour réaliser ces travaux.
     Lors de ces deux phases, deux types d’opérations de démantèlement ont été réalisés afin de:
     - modifier les caractéristiques du CLIO pour limiter la puissance et l’énergie du faisceau d’électrons, permettant une sortie du cadre d’exploitation des INB, - procéder aux travaux de démantèlement lourds et assainissement dans la tranchée du LINAC, la zone du convertisseur, l’igloo DCI et le tunnel Super-ACO.
     Le planning des travaux ayant été le suivant:
     - 03/2009: préparation du chantier;
     - 04/2009 – 07/2009: démantèlement de Super-ACO;
     - 08/2009 – 11/2009: démantèlement de DCI;
     - 12/2009 – 06/2010: démantèlement du LINAC;
     - 02/2010 – 04/2010: opérations de découpe et d’évacuation des murs du tunnel de Super-ACO;
     - 07/2010: démantèlement du convertisseur;
     -09/2010 –10/2010: colisage des déchets du LINAC et du convertisseur pour leurs extractions vers les sites de l’ANDRA.
     Les travaux de démantèlement des zones activées (tranchée du LINAC où subsistent deux convertisseurs) ont été menés conformément aux prescriptions de ce décret.
     Dès 2011 par courrier, le CNRS avait soumis à l’ASN un dossier de demande de déclassement de l’INB 106 (article 40 du décret n°2007-1557 -2 novembre 2007 modifié). Ce dossier comportait les pièces imposées par l’article 5 du décret n° 2009-405:
     - les dispositions de gestion envisagées pour les laboratoires restant en exploitation CLIO et PHIL
(suite)
suite:
     - les dispositions de surveillance et de gestion envisagées pour éviter toutes doses en cas de réutilisation des bâtiments après déclassement, en se fondant sur une étude d’impact portant sur l’état radiologique après assainissement;
     - les dispositions de surveillance et de gestion envisagées afin d’assurer la protection du public et de l’environnement, en se fondant sur une étude d’impact portant sur l’état radiologique et chimique des sols et des eux souterraines.
     Ces éléments ont fait l’objet de 3 courriers UDIL (mai 2011, septembre 2011 et 24 octobre 2012). Comme il y subsiste des zones activées à la fin des travaux de démantèlement et d’assainissement, ainsi que du fait que l’ASN ne peut subordonner un déclassement que suite à la mise en place de servitudes d’utilité publique, une enquête publique s’est déroulée du 10 juin au 15 juillet 2014 à l’initiative des services de la Préfecture de l’Essonne.
     La transmission du dossier de déclassement en octobre 2014 conclut le démantèlement de l’INB. Par la transmission des Rapports de Transparence et Sûreté Nucléaire, la CLI a régulièrement été informé par le CNRS de l’avancement du démantèlement.

     3.2. État final
     À la suite des opérations de MAD-DEM consistant à évacuer les accélérateurs et leurs équipements: il ne reste plus que des locaux vides.
     Une cartographie radiologique de chaque zone, dans les locaux, a été réalisée. Suite à celle-ci il a fallu poser des protections biologiques en particulier dans les zones des convertisseurs R5 et R8. Toutefois, pour la zone du convertisseur R8 il a fallu améliorer les protections et prévoir des interdictions d’accès sur zone.
     Les trois zones contenant des déchets ont été déclassées de Zone de Déchets Nucléaires (ZDN) à Zone de Déchets Conventionnels (ZDC). Ce zonage impose une surveillance.
     L’ASN a fait procéder à des contre-mesures par l’IRSN en 2011 et a prononcé le déclassement au titre du zonage déchets de l’ensemble des zones de déchets nucléaires sauf pour les zones convertisseurs R5 et R8.
     Au regard des valeurs de la cartographie radiologique, une activation des bétons persiste dans les locaux. Les travaux entrepris lors du démantèlement conduisent à une meilleure robustesse des infrastructures et ils limitent grandement les risques de mobilisation des polluants radiologiques vers l’extérieur.

     3.3. Traitement des déchets
     Les Déchets produits lors des opérations de démantèlement ont tous été identifiés: apposition d’une étiquette d’identification permettant un suivi suite à leurs prises en charge par l’ANDRA ou la filière conventionnelle de traitement des déchets de chantier.
     Ils se répartissent en déchets de catégorie 1 (pas de radioactivité ajoutée –détection < 1,2 fois le BdF) et déchets de catégorie supérieure ou égale à 2 (TFA d’activité massique inférieure à 100Bq/g et FA ou MA d’activité massique supérieure ou égale à 100 Bq/g).
Bilan des déchets de catégorie 1 produits en tonnes
déchets catégorie 1

Bilan des déchets de catégorie supérieure à 2 produits
déchets catégorie 2


p.11

 
     Les déchets de catégorie supérieure ou égale à 2 sont gérés par le Service Compétent en Radioprotection (SCR). Le SCR organise le conditionnement en fonction des critères requis par l’ANDRA:
     - calcul des indices IRAS (Indices Radiologiques d’Acceptation en Stockage) pour les colis et contrôles radiologiques de premier et deuxième niveau sur les colis.
     - supervision des opérations d’expéditions.
     - l’UDIL renseigne le Bordereau de Suivi des Déchets Radioactifs (BSDR) et effectue les contrôles relatifs aux opérations de transport dans le cadre du règlement ADR (Accord international pour le transport de matières Dangereuses par la Route).
     La méthodologie d’identification et de caractérisation mise en place par l’exploitant respecte les exigences réglementaires d’identification et de caractérisation de déchets radioactifs.

     3.4. État radiologique et chimique de l’installation
     À l’issue des opérations de démantèlement, des recherches de contamination chimique ont été menées, notamment pour les PolyChloroBiphényles (PCB) de façon systématique en mai 2010.
     Les résultats ont montré une contamination notable sur deux des huit zones. Ces deux zones (injection du LINAC et dalle Gémeaux) ont été entièrement décontaminées par la suite de cette identification. Les mesures réalisées suite aux opérations de décontamination concluent à leurs suppressions: il n’y a plus de PCB détectable aujourd’hui.
     Diverses mesures radiologiques ont mis en évidence de l’activation des murs au niveau du convertisseur R5. Une analyse par spectrométrie gamma d’un échantillon de sol a été réalisée  au niveau de la zone du convertisseur R5 en dehors du bâtiment. Les résultats se sont avérés négatifs.
     En complément, des mesures ont été réalisées sur deux prélèvements de terre effectués au niveau de CLIO. Celles-ci ont démontré qu’il n’y a aucune activation des sols depuis la mise en fonctionnement de cet accélérateur.
     Les mesures de divers échantillons (Terre de la butte CLIO et Terre du campus d’Orsay) ont permis de montrer que les activités des échantillons sont équivalentes en ce qui concerne la radioactivité naturelle ainsi qu’en ce qui concerne la radioactivité artificielle.
     L’origine du Césium 137 est liée aux essais nucléaires et à l’accident Tchernobyl.

     3.5. Étude d’impact du site après démantèlement
     L’étude d’impact communiquée dans le dossier conclut que «les scenarii utilisés pour la fin de la période de surveillance reposaient sur l’hypothèse d’un libre accès au bâtiment de l’INB 106, et plus particulièrement à la zone du convertisseur R5. Les scenarii les plus pénalisants du point de vue radiologique concernent l’incursion sur friches et l’utilisation du bâtiment pour un usage privé. L’exposition externe aux parois de la zone du convertisseur R5 sur de longues durées présente un impact radiologique non négligeable».
     L’impact résiduel pour une personne exposée pendant 2.000h dans les zones convertisseurs serait de 1,6 mSv par an. Des protections biologiques sont actuellement mises en place, ce qui réduit la dose efficace annuelle estimée à 150 Sv. Toutefois à partir  de 2020, la dose efficace maximale annuelle reçue dans les 2 cas (friche et utilisation privée) est inférieure à 1mSv (actuelle dose efficace annuelle réglementaire pour le public) et tombe à 0,5 mSv.

     3.6 Retour d’expérience
     Le REX montre que l’organisation du chantier  est essentielle (en y incluant les problèmes de sécurité et de radioprotection).
     En particulier il faut:
     - rendre le plus aisé possible l’accès aux éléments à démonter  pour minimiser les risques d’incident et diminuer le temps de travail afin de limiter les expositions;
     - adapter les accès au chantier pour évacuer les pièces volumineuses;
     - concevoir et fabriquer des outillages complémentaires (levage par exemple);
     - faire très attention aux travaux de déconnection des fluides;
     - repérer et identifier les éléments avant démontage;
     - tracer et gérer les éléments et déchets dès leur production;
     - évacuer très vite les éléments produits vers la zone de transit;
     - dégager les zones tampons pour la manutention des éléments lourds, l’entreposage, la caractérisation et le conditionnement pour le transport;
     - assurer les non interférences entre les diverses activités;
     - maîtriser et contrôler les entrées et les sorties des personnels et matériels;
     - avoir une base de données à jour;
     - être en contact avec l’ANDRA pour adapter les colis aux divers déchets.
(suite)
suite:
     4 Les servitudes d’utilité publique (SUP)
     4.1 Les propositions du CNRS
     Sur la base des résultats de l’étude d’impact, le CNRS propose que la tranchée du LINAC soit grevée de servitudes d’utilité publique qui seront enregistrées sous acte notarié avec les mentions suivantes:
     1- Restriction d’accès au bâtiment LINAC. Les autorisations d’accès sont données par le président de l’Université Paris Sud 11 pendant une période de 10 ans à compter de la date de fin des opérations de démantèlement (31 décembre 2010).
     2- Mise en place d’une surveillance radiologique. Elle sera réalisée à l’aide de dosimètres passifs complétés de mesures ponctuelles de débit de dose selon la périodicité suivante:
     - bimestrielle pour les dosimètres passifs,
     - semestrielle pour les mesures de débit de dose.
     Les seules activités autorisées dans la zone de SUP seront des relevés de dosimètres passifs d'ambiance et des mesures ponctuelles de débit de dose. Exceptionnellement, des travaux ne portant pas atteinte à l'intégrité des parois bétons, pourraient être autorisés pour le besoin des accélérateurs toujours en exploitation ou lors de la réutilisation des locaux annexes. Les types d'intervention possible seraient le passage de câbles électriques pour assurer l'alimentation de zones annexes et la maintenance des réseaux de fluides.
     À partir de 2021, tous les travaux de modification des protections biologiques ou de génie civil (destruction, terrassement, affouillement...) feront l’objet d’une étude préalable pour déterminer et minimiser l’impact radiologique sur les travailleurs et la population.
     Cette étude comprendra un plan de gestion de tous les déchets produits en conformité avec la réglementation applicable. Avant et après les travaux un plan approprié de la mesure de la radioactivité potentielle dans les matériaux sera réalisé par la personne alors détentrice du terrain.
     4- En cas de vente de la parcelle sur laquelle est implantée la zone de servitude, l’acquéreur devra être informé par le vendeur de la présence d’une ancienne installation nucléaire de base constituée d’accélérateurs de particules.

     4.2 L’instruction des servitudes
     Dans l’arrêté préfectoral n°2014-PREF/DRCI/BEPAFI/SSPILL/290 du 13 mai 2014, il n’est question (article 1) que «des servitudes d’utilité publique sur la parcelle cadastrée AE n°108». En effet il est indiqué que «les usages de la zone d’application des servitudes d’utilité publique respecteront les conditions suivantes:
     - les locaux ne doivent pas être utilisés à des fins autres qu’industrielles ou d’activités de recherche;
     - tout usage des locaux du type établissements accueillant des populations sensibles telles que définies à l’annexe 1 de la circulaire du 8 février 2007 relative à l’implantation sur des sols pollués d’établissements accueillant des populations sensibles, est interdit
     Par conséquent, les services préfectoraux ont instruit un dossier pour des servitudes d’utilité publique sur la parcelle du LINAC, afin de restreindre les usages de la zone concernée.
     Les restrictions sont les suivantes:
     - «l’accès est limité aux seules personnes autorisées par le président de l’université Paris-Sud 11;
     - une surveillance radiologique est réalisée à l’aide de dosimètres passifs relevés à une périodicité bimestrielle et par des mesures de débit de dose selon une périodicité semestrielle
     Quant aux travaux de génie civil, il ne sera possible d’exécuter que ceux ne portant pas atteinte à l’intégrité du génie civil (accélérateurs en fonctionnement CLIO et PHIL) et après accord du président de l’université Paris-Sud 11, «les travaux portant atteinte à l’intégrité du génie civil (destruction, terrassement, affouillement) sont interdits».
     Toutefois, la proximité directe des laboratoires du PHIL et du CLIO, situés dans le même bâtiment que le LINAC, est à l’origine de certaines des remarques de la CLI lors de l’enquête publique pour la mise en place des servitudes.
     En effet, le fonctionnement des deux laboratoires peut être à l’origine d’une ou plusieurs interventions sur les réseaux du bâtiment. Ces interventions peuvent être à l’origine de travaux dans la zone de servitude. Les interrogations de la CLI ont donc naturellement porté sur l’exposition des prestataires en charge de ces travaux. Une convention entre la faculté et le CNRS a été signée afin d’améliorer le suivi du bâtiment et d’assurer la bonne application des servitudes, notamment l’encadrement des prestations sur les réseaux.
     Le commissaire enquêteur a donné un avis favorable moyennant la prise en compte de certaines remarques, en particulier celles de l’arrêté préfectoral (n°2014-PREF/DRCI/BEPAFI/SSPILL/290 du 13 mai 2014). 
p.12

 
     L’entrée en vigueur du déclassement est subordonnée à la mise en œuvre de l’arrêté préfectoral portant sur les SUP. Celui-ci fera l’objet d’une instruction lors d’une séance du CODERST (Conseil de l’Environnement et des Risques sanitaires et technologiques) en 2015.
     Après le déclassement de l’INB n°106 tous les locaux touchés par les opérations de démantèlement seront restitués à l’Université Paris-Sud 11, soit la tranchée du LINAC (y compris les zones des convertisseurs R5 et R8), l’igloo DCI et le hall Super ACO. C’est la faculté qui aura la charge de la surveillance du site comme le prévoit le SUP.
     Il y aura donc deux types de locaux:
     * ceux en DEHORS du périmètre des servitudes (Hall Super-ACO et l’igloo).
     Ces locaux resteront en fonctionnement avec:
     - CLIO (avec faisceau d’électrons < 50MeV) toujours exploité par le Laboratoire de Chimie Physique,
     - PHIL le photon injecteur du LAL (son organisation relèvera des INB).
     * ceux SOUMIS aux servitudes (la tranchée du LINAC). Ces locaux resteront inutilisés. Il est prévu une modification cadastrale: l’accès aux locaux sera réservé au seul besoin de contrôles d’ambiance radioactive et strictement encadré.

     5- Commentaires sur la demande de déclassement de l’installation LURE
     Conformément aux dispositions du décret n°2009-405 du 14 avril 2009, le CNRS a mis en œuvre (2009-2010) des opérations de démantèlement dans l’INB 106 (LURE). En particulier les zones actives (les deux convertisseurs R5 et R8) où il a fallu poser des protections biologiques. Pour le convertisseur R5 il n’y a aucune activité de recherche donc ce fut plus facile. Par contre pour R8 il a fallu améliorer les protections et prévoir des interdictions d’accès sur zone.
     En 2011 par courrier, le CNRS avait soumis à l’ASN un dossier de demande de déclassement de l’INB 106 (article 40 du décret n°2007-1557 -2 novembre 2007 modifié). Ce dossier comportait les pièces imposées par l’article 5 du décret n° 2009-405:
     - les dispositions de gestion envisagées pour les laboratoires restant en exploitation CLIO et PHIL;
     - les dispositions de surveillance et de gestion envisagées pour éviter toutes doses en cas de réutilisation des bâtiments après déclassement, en se fondant sur une étude d’impact portant sur l’état radiologique après assainissement;
     - les dispositions de surveillance et de gestion envisagées afin d’assurer la protection du public et de l’environnement, en se fondant sur une étude d’impact portant sur l’état radiologique et chimique des sols et des eaux souterraines.
     Après de nombreux échanges par courrier et des inspections, le dossier a été accepté par l’ASN.
     Après le démantèlement et la mise en place de servitudes d’utilité publique en 2015, il revient à l’ASN d’engager les procédures d’information avant de se prononcer sur le déclassement de l’INB 106.
     Le dossier de déclassement transmis est complet et a sollicité de nombreuses expertises complémentaires retardant sa diffusion. L’IRSN a confirmé les mesures de contamination chimiques et radioactives réalisées dans l’installation et sur le campus.
(suite)
suite:
     Les scénarii et les prédictions de doses reçues montrent que, en 2014, on est juste au dessus de la limite population (1,6 mSv) grâce aux décontaminations et protections biologiques misent en place lors des travaux de démantèlement. Les modélisations sont encourageantes, il est estimé qu’en 2020 on sera juste en dessous de 1 mSv. Les SUP prises prévoient un suivi du site jusqu’en 2020 avec impossibilité de toucher à la robustesse du génie civil. Après 2020, des études préalables aux travaux devront être réalisées et leurs conclusions soumises à l’accord de l’ASN. Suite au déclassement, il conviendra que les équipes gardent la mémoire.
     Le REX du démantèlement est très intéressant pour d’autres démantèlements et confirme qu’il faut acquérir des automatismes pour mener à bien un démantèlement, notamment pour améliorer la prise en charge et le suivi des déchets produits.
     Notons qu’il a fallu 15 ans et un grand nombre d’inspections pour arriver au dernier dossier de déclassement

PETIT POINT SUR BRENNILIS

     Dans le Finistère, le feuilleton de la centrale de Brennilis n’est pas prêt à s’arrêter. À l’arrêt depuis 1985, le site nucléaire attend toujours d’être totalement démantelé. Une première phase de travaux avait démarré dès 1997 avant d’être stoppée quelques années plus tard. Un décret de 2006 avait ensuite autorisé le démantèlement complet du site, mais le Conseil d’Etat l’avait annulé en 2007 sous la pression d’associations antinucléaires.
     Le chantier est finalement resté bloqué pendant quatre ans avant de reprendre le 27 juillet 2011 suite à un décret gouvernemental autorisant le démantèlement partiel de la centrale, l’une des plus anciennes du parc nucléaire français.
     EDF veut toujours démanteler définitivement la centrale d’ici 2025
     «Les travaux se poursuivent jusqu’à maintenant. Le décret n’autorise cependant que le démantèlement des deux échangeurs de chaleur, qui vient tout juste de s’achever, et celui de la station de traitement des effluents liquides qui va bientôt commencer», souligne Guillaume Bouyt, chef de la division de Caen de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, chargée de la surveillance du chantier.
     Mais le gros du chantier reste encore à faire, notamment le démantèlement du bloc du réacteur nucléaire «qui concentre 90% de la radioactivité du site», précise Guillaume Bouyt. «Nous attendons maintenant que EDF dépose un nouveau dossier de démantèlement complet afin d’examiner la demande», ajoute-t-il. L’an dernier à la même période, Jean-Christophe Couty, directeur de la centrale, avait indiqué que l’objectif initial d’EDF était d’aboutir «à un démantèlement définitif de Brennilis d’ici 2025».

COMMENTAIRE GAZETTE

     Brennilis avec 30 ans au compteur est championne devant LURE 15 ans. Il faut se garder de penser que ceci pourrait suggérer qu’on puisse aller vite pour démanteler les réacteurs. De fait les gros REP prendront encore plus de temps, au moins 50 ans pour parvenir... à un mausolée que sera le bâtiment réacteur.
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