LaG@zette Nucléaire sur le Net!
N°279, mars 2016

40 ANS DU GSIEN ET DE LA GAZETTE NUCLEAIRE

Défaillance des groupes électrogènes à moteur diesel
Centrales nucléaires de 900 MWe
Les systèmes de secours dépassés des réacteurs nucléaires d’EDF (journaldelenergie.com)

 
    Introduction
    Une centrale nucléaire doit toujours être alimentée en électricité afin d’assurer les fonctions élémentaires de sûreté, avec principalement le contrôle et le refroidissement du cœur de réacteur en toutes circonstances. En situation normale, la centrale est connectée au réseau électrique national par l’intermédiaire des lignes principales à très haute tension (400.000 volts) et elle est également raccordée à une ligne auxiliaire. En cas de perte du réseau électrique national, le site doit être autonome en électricité. Pour cela les installations nucléaires sont équipées de puissants groupes électrogènes de secours à moteur diesel. En cas de perte des alimentations électriques délivrées par le réseau national, les groupes électrogènes prennent le relais. Mais s’ils tombent en panne c’est la catastrophe, les systèmes de sauvegarde ne fonctionnent plus: c’est ce qui c’est passé à Fukushima.
    Lors de la construction, chaque réacteur a été équipé de deux groupes électrogènes (GE) à moteur diesel. Un seul suffit à secourir en électricité le réacteur. Leur nom de baptême «LHG» et «LHH» pour Bugey, «LHP» et «LHQ» pour les autres tranches de 900 MWe. À Fessenheim, les quatre groupes ont la même dénomination «LHG». Comme nous n’avons pas une confiance absolue dans leur fiabilité, un secours des secours est prévu. C’est le «LHT» ou «GUS» pour groupe d’ultime secours*. Chaque site possède un GUS commun à plusieurs tranches, mais il ne démarre pas automatiquement comme les groupes électrogènes principaux. Il est nécessaire d’établir manuellement les connections électriques avant de pouvoir alimenter la tranche en avarie.
    L’alimentation électrique d’un réacteur paraît donc robuste avec deux alimentations externes (lignes principale et auxiliaire) et trois alimentations internes, les deux groupes électrogènes principaux et le groupe d’ultime secours. On a tellement confiance dans cette organisation  qu’un secours de l’ultime secours a été prévu en cas de perte totale des alimentations électriques (externes et internes). On ne sait jamais ce qu’il peut arriver. Il s’agit cette fois d’un petit turbo-alternateur de secours alimenté par de la vapeur de récupération des générateurs de vapeur. Son petit nom c’est «LLS». Il est utilisé en situation accidentelle et il sera l’objet du chapitre suivant.
    Groupes électrogènes
    Le moteur des groupes électrogènes de secours est constitué de 16 à 20 cylindres en V qui sont alimentés en diesel par l’intermédiaire d’un turbocompresseur. L’alternateur couplé au moteur permet de produire l’électricité des organes de sauvegarde de la centrale. La puissance délivrée par l’alternateur est de l’ordre de quelques mégawatts. L’ensemble moteur-alternateur est appelé groupe électrogène. Le tableau 4.1 détaille les caractéristiques des groupes électrogènes de secours équipant les centrales nucléaires de 900 MWe.

groupes électrogènes 900 MWe

    Lors de la perte des alimentations électriques externes, les auxiliaires de sauvegarde sont perdus. Les groupes électrogènes sont alors chargés d’alimenter en énergie électrique ces organes de sauvegarde. Les groupes électrogènes sont donc primordiaux pour assurer la sûreté des installations. Ils ne servent pas souvent mais on doit pouvoir absolument compter sur eux. C’est pourquoi ils sont régulièrement essayés par l’exploitant afin d’en vérifier le bon fonctionnement. Il peut arriver qu’une défaillance matérielle provoque la panne d’un groupe électrogène, ce qui n’est pas rare. On parle de fonction sûreté dégradée lorsqu’un des deux groupes électrogènes devient indisponible. Au fil du temps, EDF a plus ou moins bien fiabilisé le fonctionnement de ces matériels de secours. Mais en 2010, de nouveaux problèmes émergent. Explications d’EDF:
    «Jusqu’en 2010, le parc des moteurs des tranches 900 MWe connaissait une avarie grave nécessitant un échange standard du moteur tous les 3 ans en moyenne. Notre stock dimensionné alors à 3 moteurs couvrait sans problème ce risque. (...). L’année 2010 est une année que l’on peut juger exceptionnelle avec 4 avaries graves» de groupe électrogène de secours à moteur diesel. Ces informations sont issues des éléments de réponse que l’exploitant a apportés à l’ASN suite à «l’événement de niveau 2 sur l’échelle INES concernant les groupes électrogènes de secours à moteur diesel» de Tricastin. Que s’est-il donc passé?
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    Incident de niveau 2
    Le 17 février 2011, «EDF déclare à l’Autorité de sûreté nucléaire une anomalie générique pour un défaut sur les coussinets de groupes électrogènes de secours» des tranches de 900 MWe. L’anomalie est classée au «niveau 1 sur l’échelle INES pour les centrales de Blayais, Bugey, Chinon, Cruas, Dampierre, Gravelines et Saint-Laurent» et «au niveau 2 pour la centrale EDF de Tricastin». D’emblée EDF affirme que cela «n’a pas de conséquence sur le fonctionnement et la sûreté des installations concernées». Elle explique ensuite les causes de l’anomalie: «lors de contrôles, une usure prématurée a été constatée sur une pièce métallique, appelée «coussinet», équipant les moteurs diesels des groupes électrogènes de secours des centrales. Cette usure prématurée constitue un écart par rapport aux règles de sûreté nucléaire».
    Tout d’abord, pourquoi trouve-t-on une différence de déclaration entre la centrale de Tricastin (INES 2) et le reste du parc de 900 MWe (INES 1)? L’ASN en donne une explication plus claire que celle du communiqué de presse de l’exploitant: «sur tous les sites d’EDF, autres que celui du Tricastin, où sont présents des coussinets de ce type (Blayais, Bugey, Chinon, Cruas, Dampierre, Gravelines, Saint-Laurent), chaque réacteur dispose d’au moins un groupe électrogène, en propre ou sur le site, équipé de coussinets d’une autre marque, ne présentant pas ce défaut. L’anomalie est donc classée par l’ASN sur ces sites au niveau 1 de l’échelle INES.
    En revanche, sur les réacteurs n° 3 et 4 du site du Tricastin, les deux groupes électrogènes, ainsi que le groupe électrogène supplémentaire commun à l’ensemble des réacteurs du site, sont équipés de coussinets potentiellement sensibles. C’est pourquoi, sur ce site, l’anomalie est classée par l’ASN comme incident de niveau 2 de l’échelle INES».
    Coussinets de bielle
    Regardons ensuite le rôle des coussinets: ils servent à alléger les frottements entre les bielles et le vilebrequin afin de faciliter la rotation du vilebrequin dans les têtes de bielle. Une usure avancée d’un coussinet pourrait endommager une bielle et/ou le maneton du vilebrequin du moteur diesel et provoquer une panne de fonctionnement du groupe électrogène. Les coussinets de bielle au milieu desquels on peut imaginer l’endroit ou vient se loger le maneton (ou manivelle) du vilebrequin. Ce dernier permet de transformer l’énergie de translation des pistons en énergie de rotation afin de faire tourner l’alternateur. Enfin, selon le communiqué de presse d’EDF de février 2011 déjà cité, le problème des coussinets aurait été découvert à la suite de «contrôles» révélant une modeste «usure prématurée», sans «conséquence sur le fonctionnement et la sûreté des installations concernées». Pourtant, comme nous l’avons vu plus haut, l’exploitant a avoué à l’ASN quatre «avaries graves» sur des groupes électrogènes en 2010, une année «exceptionnelle». Regardons ensemble la liste des avaries de la fiche de réponses envoyées en 2010 au gendarme du nucléaire:
    - Chinon B3 en janvier (survitesse moteur),
    - Saint-Laurent B1 en février (mauvais appairage des chapeaux de bielle),
    - GUS de Blayais en octobre (coussinets MIBA 2),
    - Cruas 4 en novembre (coussinets MIBA 2)
    Ces différents incidents seront expliqués dans les paragraphes suivants mais d’entrée, on voit bien que deux avaries graves sont à mettre en relation avec un problème sur des coussinets dits «MIBA 2». Mais est-il seulement question d’une usure prématurée?
    L’expertise du groupe d’ultime secours de Blayais nous donne quelques indications: «cette avarie se situait au niveau du coussinet de bielle n°09 retrouvé détruit. (...) L'expertise engagée sur ce diesel a mis en évidence une dégradation de 8 autres coussinets de bielle et le bon état du dernier coussinet». Un coussinet détruit, huit coussinets dégradés et un seul en bon état se traduit chez EDF par «usure prématurée»... Quant au moteur de «Cruas 4», «l’état de dégradation du diesel 4 LHQ de Cruas (suite a son avarie du 28 novembre 2010) qui est équipé de coussinets de bielle MIBA 2ème génération, n'a pas permis le contrôle des coussinets de bielle». Un moteur trop dégradé pour permettre le moindre contrôle... Le mythe d’une usure prématurée, sensée avoir été découverte à la suite de simples contrôles, vole en éclat. Mais avant de rentrer dans le détail de ces graves avaries penchons nous sur l’historique de remplacement des coussinets de bielle du fabriquant MIBA.
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    Coussinets MIBA
    Les moteurs diesel des groupes électrogènes de secours des centrales nucléaires de 900 MWe sont assemblés par la société Wärtsilä. Ces moteurs sont du type «UD 45». Wärtsilä équipait ses moteurs avec des coussinets des bielles qui provenaient du fabriquant «SIC». «Fin des années 90, SIC, le fabriquant d’origine des coussinets de tête de bielle des moteurs UD 45 (Wärtsilä), a décidé d’arrêter la production des coussinets des moteurs industriel pour se recentrer sur le secteur automobile. Wärtsilä France a confié à son principal fournisseur de coussinets, MIBA, la fabrication de l’ensemble des anciens coussinets SIC, en lui imposant de fournir des coussinets semblables. Le coussinet MIBA a été initialement validé par analyse et directement installé chez les clients, dont EDF.
    Le 14 juillet 2008, environ deux ans après la première mise en place des coussinets MIBA sur les moteurs du parc EDF, ces nouveaux coussinets ont provoqué une avarie sur le groupe 4 LHQ de Chinon qui a progressivement permis de révéler un défaut de conception de ce composant remettant directement en cause la fiabilité des groupes électrogènes du parc 900 équipés de coussinets MIBA». Par la suite, ce type de coussinets sera dénommé «MIBA 1» ou «MIBA 1er génération».
    Plus d’un an après cette avarie, «le 16 octobre 2009, EDF a informé l'ASN d’une anomalie générique concernant les coussinets de tête de bielle des moteurs diesels des groupes électrogènes de secours des réacteurs de 900 MWe». Les longues expertises du moteur défaillant de Chinon B4 ont révélé, «en octobre 2009, qu’une dégradation rapide du coussinet était à l’origine de (...) la défaillance du groupe électrogène».
    Dès lors, «EDF a engagé une campagne de remplacement des coussinets sur l’ensemble des réacteurs impactés. EDF a également déclaré à l’ASN le 19 octobre 2009 un incident significatif, classé au niveau 0 de l'échelle INES, sur la base des informations disponibles à cette date.
    Le remplacement des coussinets a été terminé mi-novembre 2009. Les analyses d’EDF qui ont suivi ont révélé un risque de défaillance des coussinets qui équipaient l’un des deux moteurs diesels de secours de chacun des réacteurs concernés. EDF a donc reclassé cette anomalie au niveau 1 de l'échelle INES le 14 janvier 2010». L’ASN nous révèle donc au 27 janvier 2010 une «anomalie générique» apparemment résolue par le remplacement des coussinets. Et il est question du «risque de défaillance» d’un seul «moteur diesel» sur les deux équipant «chaque réacteur concerné».
    Pourtant, à la lecture du courrier de «positions» du 16 octobre 2009 qu’EDF a envoyé à l’ASN, on voit que la réalité est plus nuancée: «une seule tranche, à savoir Tricastin 1 est concernée par les moteurs diesels de ses deux voies électriques». Ce qui aurait pu être embêtant en situation d’urgence. L’annexe 4.3 liste les moteurs diesel équipés de coussinets MIBA 1. Dans le courrier, EDF explique que c’est la «défaillance du moteur [d’un groupe électrogène] de Chinon B4 survenue en juillet 2008» qui a révélé la mauvaise qualité des coussinets de remplacement. La «dégradation rapide du coussinet MIBA [a] entraîné le grippage» du moteur qui est «endommagé». Les coussinets MIBA sont un chouia plus épais que les anciens coussinets SIC et cela «peut conduire à des fusions localisées et à leur détérioration. Un tel phénomène se manifeste quasi immédiatement à la remise en marche de la machine». D’après le constructeur, «l’usure prématurée d’un coussinet de bielle entraîne généralement un grippage avec des conséquences plus ou moins importantes mais se traduisant par une indisponibilité du moteur». EDF a retenu alors, «à titre préventif, de remplacer tous les coussinets MIBA de 1er génération par des coussinets SIC ou MIBA 2ième génération dans les meilleurs délais (...). Nous allons traiter en priorité le réacteur de Tricastin 1». La fabrication des coussinets MIBA va être revue et aboutir à la 2ème génération. Le constructeur Wärtsilä fait preuve d’optimisme: «au vu des derniers résultats des essais avec les coussinets MIBA 2ème génération nous sommes confiants sur la bien meilleure tenue des coussinets car aucune dégradation n’a à ce jour été constatée». C’était en octobre 2009. Quelques mois avant 2010.
    Une «année exceptionnelle»
    L’ouverture du bal a lieu en janvier en Touraine. Le moteur d’un groupe électrogène (le LHP) de la tranche n°3 de Chinon n’a jamais été remplacé. Dans le cadre d’une «maintenance préventive», l’échange standard est réalisé et le groupe électrogène est essayé avec le nouveau moteur. Mais badaboum, «lors de la requalification du nouveau moteur mis en place, celui-ci a été arrêté en urgence suite à bruit anormal. Les premiers constats des dégradations conduisent à remplacer le moteur» selon le bilan établi par le CNPE de Chinon.
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    Les causes de la casse du moteur de rechange? «Face aux dégradations constatées, l’hypothèse la plus crédible est une survitesse». Les grosses machines tournantes ont un dispositif de protection contre les «survitesses», c'est-à-dire contre le dépassement de la vitesse de rotation nominale qui est de 1.500 tours par minute sur ces groupes diesel. Si le moteur s’emballe, il casse.      En l’occurrence, deux pistons du moteur LHP de Chinon 3 ont pris un coup comme vous pourrez le constater dans l’annexe 4.4. Faute de moteur de rechange disponible, EDF procédera à la «remise en place du moteur déposé suite à la casse du moteur remplaçant». Le vieux moteur tiendra bien encore un peu. Mais il est fatigué: l’année suivante, en 2011, la «présence  de  fissures»  sur  une dizaine de  «culasses» est détectée. Deux culasses seront «remplacées». En mars 2012, soit une année après Fukushima, «le niveau de fiabilité du moteur 3 LHP et ses auxiliaires est jugé A SURVEILLER». Quant à son frère de tranche, «le niveau de fiabilité du moteur 3 LHQ et ses auxiliaires est jugé DEGRADE». Et pourquoi? Le bilan d’EDF donne quelques explications:
    «Les 2 moteurs ont 27 ans d’ancienneté avec des risques de fuites croissants.
    Les 2 moteurs sont équipés de coussinets de fourniture MIBA (mode  commun)».
    Et trois des quatre «compresseurs» de démarrage présentent «des baisses de performances».
    Enfin, «les étanchéités culasses / bâti du moteur 3 LHQ», le frère du 3 LHP, «ont 14 ans d’ancienneté, et ont déjà présenté des signes de défaillance».
    Voilà de quoi mettre à mal les beaux discours entendus à l’époque sur la sûreté maximale du nucléaire français. Mais pas le fonctionnement du réacteur n°3 de la centrale de Chinon qui a continué à fonctionner malgré le risque de ne pas pouvoir compter sur les groupes électrogènes de secours. Pour la transparence totale également revendiquée il faudra patienter. La casse du moteur n’est pas mentionnée dans les pages «événements» du site Internet EDF de la centrale de Chinon. Le «Rapport sur la sûreté nucléaire et la radioprotection des installations nucléaires de Chinon» rédigé en 2010 au titre de la «loi de transparence et sécurité en matière nucléaire» fait également l’impasse sur la casse du moteur LHP et surtout sur le niveau de fiabilité dégradé du groupe électrogène de secours LHQ de la tranche n°3 de Chinon. Ce qui n’empêchera pas le satisfecit d’EDF dans la conclusion du chapitre sur «Les incidents et accidents survenus sur les installations en 2010» de Chinon: «l’année 2010 confirme la bonne capacité de détection des écarts ainsi qu’un bon niveau de transparence du site». Les rapports annuels 2011 et 2012 seront tout aussi discrets sur le niveau de fiabilité des groupes électrogène. Avec le recul, on pourrait parler de «niveau de transparence dégradé»...
    La fête continue en février 2010 avec une «avarie nécessitant un échange standard» sur «le moteur diesel» LHQ de la tranche n°1 de Saint Laurent B. Chez le constructeur Wärtsilä, une «expertise a mis en évidence une destruction du coussinet de bielle n°1 et un défaut d’appairage de la bielle et de son chapeau». Plus clairement, il y a eu «inversion des chapeaux de bielle n°1 et n°4» lors du «remplacement des coussinets de bielle» cinq années avant l’avarie. «Ces défauts de montage [sont] dus à des non qualités de maintenance». Les prestataires qui officient sur les diesels seront rappelés à l’ordre car le cas n’est pas isolé. En effet, «ce problème de mauvais appairage avait déjà été constaté 2 fois dans un passé récent» sur les moteurs diesel des deux groupes électrogènes de secours de la tranche n°1 de Gravelines en 2005 et en 2009.
    Les trois «défauts d’appairage» constatés à Saint Laurent B1 et Gravelines 1 «ont conduit à l’avarie dans deux des cas, avec à la clef la ruine d’un demi vilebrequin, l’échange standard du moteur et la révision générale en usine du moteur avarié». Suite à ces problèmes, une campagne de vérification des numéros gravés sur les bielles et les chapeaux de bielles des moteurs diesel sera engagée sur l’ensemble du parc de centrale de 900 MWe.
    Mais pas un mot de l’avarie du LHQ de Saint Laurent 1 ni sur le site Internet de l’entreprise ni dans le rapport annuel 2010 qui souligne pourtant «la bonne capacité de détection des écarts et le bon niveau de transparence du site» nucléaire.
    Puis, le problème de tenue des «coussinets de type MIBA seconde génération» émerge avec l’avarie du Groupe ultime secours de Blayais «le 22 octobre 2010». C’est «au cours d’une requalification après intervention [que] le coussinet de bielle n° 9 est détruit». Dans un premier temps, «le constructeur privilégie l’hypothèse d’un disfonctionnement du circuit d’huile» de lubrification du moteur. Mais «les compléments d’expertise» sur ce moteur ainsi que «les examens engagés sur le diesel» LHQ de Chinon 1 et «sur le GUS de Gravelines» ont «montré des traces de dégradation sur les coussinets MIBA 2ième génération de tête de bielle». Ces constats ont mis en évidence un «phénomène de vieillissement prématuré» des coussinets de la dernière génération. EDF se retrouve donc une nouvelle fois «en présence d’un écart potentiellement générique sur l’ensemble des machines équipés des coussinets MIBA de 2ème génération. Cet écart impacte la tenue à terme mais non immédiate des diesels concernés». Ces épisodes de tenue des coussinets MIBA 2 sont bien renseignés sur le site Internet de l’ASN mais il faut attendre le début d’année 2011 pour avoir l’information.
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    Chez EDF, la réorganisation du site Internet à permis d’effacer la mémoire publique de l’entreprise l’historique de ces problèmes de coussinets de tête de bielle. Le rapport annuel 2010 du Blayais ne mentionne que le «défaut détecté sur des pièces de génération récente, appelées coussinets, montées sur des groupes électrogènes de secours» reclassé au niveau 1 de l’échelle INES à la date du 18/02/2010. Il s’agit en fait du problème découvert sur les coussinets de première génération sensé avoir été résolu à mi-novembre 2009 avec le remplacement par les coussinets de seconde génération. L’avarie du groupe d’ultime secours du 22 octobre et le problème de tenue des nouveaux coussinets sont passé sous silence. Pas plus le site Internet de l’ASN que celui d’EDF ne mentionnera la panne du GUS du Blayais. On peut bien évidemment se poser la question de la pertinence de déclaration d’un problème en cas de panne d’un matériel de secours. Deux exemples pris dans une centrale de 900 MWe sont révélateurs du grand écart réalisé par l’exploitant dans la déclaration d’évènements significatifs.

    Evénement du diesel LHQ de Cruas 4 en 2009
    Regardons la façon dont a été traité «l'indisponibilité du démarrage depuis la salle de commande d'un groupe électrogène de secours du réacteur n°4» de la centrale de Cruas en décembre 2009.
    À la suite de l’essai mensuel réalisé sur le groupe électrogène à moteur diesel, «le commutateur utilisé pour démarrer le diesel depuis la salle de commande n'a pas été correctement repositionné, entraînant une indisponibilité de la commande de démarrage pendant quatre jours. Dès la détection de cet écart, les techniciens ont remis le commutateur en position normale. Les analyses ont montré que le démarrage automatique ou manuel du groupe électrogène aurait pu se faire normalement en cas d'incident, malgré le mauvais positionnement du commutateur». Dans cet évènement, il n’est nullement question d’avarie, de ruine de vilebrequin, de destruction de piston ou de coussinet de bielle provoquant l’indisponibilité totale du groupe électrogène. Il s’agit juste d’un commutateur oublié qui n’aurait pas empêché le démarrage du moteur en cas de besoin. EDF déclarera tout de même «cet écart» à l’ASN «au niveau 1 de l'échelle INES».

    Incident du diesel LHQ de Cruas 4 en 2010
    Repartons enfin en 2010 avec le problème de non-conformité des coussinets MIBA 2 qui a provoqué la destruction complète d’un groupe électrogène de Cruas 4, peu de temps après l’avarie du GUS du Blayais. Une fiche de synthèse de la «Division production nucléaire» résume l’incident: «le 28/11/2010», lors d’un essai mensuel, «un bruit mécanique anormal et un dégagement de fumée important s’est produit au niveau du diesel» peu après son démarrage. Les techniciens présents sur place «ont dû évacuer rapidement le local du fait de la présence importante de fumée» sans avoir la possibilité d’actionner le coup de poing d’arrêt d’urgence du moteur. «Le diesel s’est arrêté seul quelques minutes plus tard» à la suite du serrage du moteur. Comme le feu faisait rage dans le local du groupe électrogène, à l’aide de commandes situées à l’extérieur, «les intervenants ont mis en service manuellement le système d’extinction incendie. Un PUI [Plan d’urgence interne] est déclenché. L’incendie a été rapidement maîtrisé par le système d’extinction [aspersion d’eau pulvérisée]. Le diagnostic réalisé en local a montré la ruine du moteur diesel et un endommagement important des installations situées dans le local, y compris de l’alternateur. L’état des lieux réalisés dans les jours qui ont suivi, a montré que la plupart des matériels électriques et d’automatismes situés dans le local étaient affectés par l’incendie et nécessitaient d’être remplacés. Les câbles de puissance (6,6 kV) assurant la liaison avec les tableaux électriques étaient également endommagés». La fiche de synthèse insiste: «l’incident a conduit à la ruine mécanique du moteur diesel». C’est clair, pour les responsables de l’état major de l’électricien national c’est un incident: le groupe électrogène est détruit et un PUI a été déclenché à cause de l’incendie.
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    Le rapport d’EDF explique que «l’état du moteur lors des expertises menées au mois de juillet 2011 n’a pas permis d’asseoir de façon certaine l’origine de l’avarie. Cependant, l’hypothèse de loin la plus vraisemblable est la défaillance des coussinets de têtes de bielles (de marque MIBA 2) liée à leur non-conformité». Le rapport retient tout de même comme «Enchaînement causal des faits» la «non conformité des coussinets de tête de bielle de marque MIBA 2ème génération», ce qui a provoqué la «dégradation des coussinets entraînant une augmentation du jeu coussinet/maneton conduisant à un grippage cylindre», avec pour conséquence, la «destruction du moteur et de la pompe à fuel». Les dégâts sont impressionnants: «une masse d’équilibrage du vilebrequin a traversé le carter du moteur» (voir photos en annexe 4.5). Les hommes de terrain ont eu de la chance: «si un technicien s’était trouvé à cet endroit, celui-ci aurait pu être lourdement blessé. L’évacuation du blessé en présence de l’incendie aurait été une opération délicate».
    Le rapport interne donne des précisions sur la chronologie de l’incident:
    «à 10h51, l’opérateur en salle de commande démarre le groupe» électrogène LHQ de Cruas 4. Dans la minute qui suit, «les techniciens présents dans le local LHQ, détectent une importante fumée blanche au niveau du diesel». Ils évacuent du local et préviennent la salle de commande d’un départ de feu.
    «A 10h56», arrêt du groupe électrogène par serrage mécanique.
    «A 10h58, l’équipe de quart (...) déclenche l’appel des secours extérieurs».
    «A 11h10, compte rendu du chef des secours, confirmant le feu dans le local 4LHQ».
    «A 11h11, (...) déclenchement du PUI conventionnel sur critère "feu confirmé". Les équipes de secours internes procèdent à l’extinction du feu».
    «A 11h25, mobilisation de l’astreinte PUI».
    «A 11h28, arrivée des secours externes».
    «A 12h11, confirmation "feu éteint" (...). Les dégâts sont importants à priori».
    «A 12h26, les pompiers partent».
    «Vers 12h44, le PUI est levé».
    EDF est satisfaite de la gestion de l’incendie: «la mise en place de l’organisation PUI et son fonctionnement ont répondu de façon satisfaisante à l’attendu sur cet incident».
    Par contre, la situation a été aggravée car «le feu a brûlé un câble servant à la retransmission de l’alarme en salle de commande. Sans la présence des techniciens, la salle de commande n’aurait pas eu connaissance de l’incendie». C’est ce qui se serait passé lors de la perte des alimentations électriques externes où les groupes électrogènes démarrent automatiquement. L’absence de détection de l’incendie a empêché les actions autonomes comme le déclenchement de l’aspersion d’eau pulvérisée sur le matériel en flamme. «Cette défaillance constitue néanmoins un élément potentiellement aggravant, notamment en cas d’incendie sans personne physique présente». Et il y a d’autres «états défaillants matériel» pour juguler l’incendie à l’aide des commandes manuelles, ce qui a retardé l’extinction du feu (les détails sur ces défaillances connexes se trouvent en annexe 4.6).

    Résumons: des coussinets de bielle non-conforme provoquent la destruction d’un groupe électrogène qui déclenche un feu qui brûle le câble de détection incendie. Les moyens automatiques de détection et de lutte contre l’incendie ne fonctionnent pas et les moyens manuels ne sont déclenchés qu’au prix de grandes difficultés. Et avec le cumul de tous ces problèmes, EDF réussi le tour de force de ne classer l’incident qu’au «niveau 0 de l’échelle INES» selon le rapport interne... Cela est à comparer au commutateur trouvé dans la mauvaise position en 2009 sur le même diesel, une broutille déclarée en incident de niveau 1 sur l’échelle INES. Laquelle échelle sert à classer par importance les incidents et accidents qui surviennent dans les installations nucléaires. On a un peu de mal à saisir la logique du classement INES aux vus de ces deux incidents. D’un coté un groupe électrogène partiellement indisponible où il suffit de tourner un commutateur pour retrouver une situation normale: incident de niveau 1. De l’autre le même groupe électrogène détruit et incendié: écart de niveau 0. A noter que la tranche 4 sera mise à l’arrêt une douzaine de jours afin de terminer la réparation des dégâts et d’effectuer l’échange standard du moteur.
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    Conséquences réelles sur les installations
    Revenons sur l’évènement à caractère générique déclaré au titre des coussinets MIBA 2. Comme nous l’avons vu quelques paragraphes plus haut avec le communiqué de presse d’EDF du 17/02/2011, cela n’a soit disant pas engendré «de conséquence sur le fonctionnement et la sûreté des installations concernées». Et de fait, selon l’échelle ce classement INES, un écart de niveau 0 n’a aucune importance du point de vue sûreté comme le confirme EDF dans le rapport annuel à l’attention du public. Toujours les mêmes fadaises rassurantes à l’attention du public.
    Pour l’absence de conséquence sur le fonctionnement, qu’en a-t-il été? Dans le bilan annuel des «avaries matérielles» le CNPE de Cruas établit la liste des «aléas exceptionnels». On y retrouve le LHQ de la tranche 4 en «Arrêt fortuit pour indisponibilité» qui se voit crédité d’une perte de production de «11,31 JEPP», plus de onze jours d’arrêt pour réparer les dégâts. Un «JEPP» c’est un Jour équivalent à pleine puissance. C’est l’unité pratique de mesure de l’usure du combustible. Prenons un exemple simple: si la durée du cycle prévue est de 310 JEPP, cela signifie que le réacteur peut fonctionner 310 jours à la puissance maximale (pleine puissance) ou 620 jours à mi-puissance. Au final, dans les deux cas, le combustible aura produit la même énergie et la même quantité de déchets radioactifs.
    Quant aux conséquences sur la sûreté, que nous dit le rapport interne d’EDF sur la grave avarie du LHQ? «La perte d’une source interne diminue la fiabilité d’une voie de sauvegarde et a donc un impact sur la sûreté de la tranche». Que faut-il croire? Les écrits de la communication grand public ou ceux du rapport EDF?
    Le rapport interne mentionne également que «cet évènement est (...) à relier à l’Evènement Significatif pour la Sûreté à caractère générique, objet du courrier du 16 février 2011» qui concernait les coussinets MIBA de 2ème génération. Pourtant à cette date, officiellement, EDF n’ose pas envisager que la ruine de ce moteur ait pour origine les coussinets MIBA 2, malgré trois précédents fâcheux.
    Penchons-nous sur le «courrier du 16 février 2011» adressé à l’ASN: l’usure prématurée des coussinets MIBA 2 est avérée à la suite «de l’expertise engagée sur le groupe d’ultime secours (GUS) de Blayais suite à l’avarie qu’il a subie le 22 octobre 2010» mais aussi après les observations réalisées «sur le diesel 1 LHQ de Chinon» et «sur le diesel 0 LHT (GUS) de Gravelines». Ce courrier dresse la liste des groupes électrogènes équipés de coussinets MIBA de 2ième génération. L’annexe 4.8 fait le point sur les différents types de coussinets installés sur les moteurs diesel des tranches de 900 MWe.
    Communication externe
    C’est avec un titre anodin, «L'unité de production n°4 est à l’arrêt»  qu’EDF évoque l’avarie du groupe électrogène de secours de Cruas : «les travaux de remplacement du diesel, de ses auxiliaires et la réfection du local dégradé par l'incendie qui s'était produit le 28 novembre dernier explique cette mise à l'arrêt temporaire». Cet entrefilet parait sur le site Internet le 13 décembre 2010, quinze jours après l’incendie. Le communiqué fait six lignes en tout et pour tout (l’intégralité du communiqué est donnée dans l’annexe 4.9). Aucun avis d’événement significatif n’est venu relayer ou détailler cette brève d’EDF.
    Peut-être dans le rapport annuel public 2010 de la centrale de Cruas trouvera-t-on des précisions? Pas forcément car l’avarie du diesel de la tranche 4 a été classée au niveau 0 de l’échelle INES, il n’en sera donc pas question dans un rapport établit au titre de la «transparence». Selon la "logique" nucléaire. Car seuls les incidents de niveau 1 et plus sont mentionnés. Dans la conclusion du chapitre «Les incidents et accidents survenus sur les installations en 2010», «le domaine incendie» apparaît parmi « les résultats les plus satisfaisant » du site nucléaire. En toute transparence, l’incendie du 4 LHQ aurait dû être abordé ne serait-ce que pour vanter le professionnalisme des techniciens qui ont éteint le feu alors que les dispositifs automatiques faisaient défauts. Il n’en a rien été. Le chapitre des incidents est vierge de problèmes rencontrés sur un quelconque groupe électrogène de secours de la tranche 4 mais le «Tableau récapitulatif des inspections programmées et inopinées en 2010» réalisées par l’ASN lève tout doucettement un coin du voile: à la date du «02/12/10», l’ASN est venu en tranche 4 pour une «inspection réactive suite à incendie 4 LHQ». On n’en saura pas plus. Le paragraphe de «La maîtrise du risque incendie» ne nous en apprendra pas d’avantage.
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Par contre, on nous raconte que «des détecteurs incendie sont largement disséminés dans les installations pour avertir de l’apparition de fumées dans les locaux» sans nous expliquer que parfois ils deviennent inopérants lorsque le feu brûle le câble d’alarme incendie de l’un d’eux. Le déclenchement du PUI lors de l’incendie est aussi passé par perte et profit alors qu’un PUI de 2009 est mentionné pour en décrire le plan d’action. Enfin, ce rapport 2010 indique que «les relations avec l’ASN sont basées sur la transparence du site, d’ailleurs reconnue par l’ASN». Coté transparence, ce n’est pas tout à fait la même chanson vis-à-vis du public.
    Quant au gendarme du nucléaire, on observe la même discrétion sur son site Internet: aucun avis d’incident n’a été déclaré suite à l’avarie et à l’incendie du groupe électrogène de secours. Il faut aller dans l’onglet «Lettres de suite d’inspection» pour trouver une évocation de l’incident du diesel de Cruas 4. Caché sous le thème de «Systèmes électriques de secours», «l'inspection du 2 décembre 2010 portait sur l’événement survenu le 28 novembre relatif à l’incendie du diesel de secours (LHQ) de la ligne d’alimentation  électrique des auxiliaires du réacteur n°4». Deux petites lignes parmi les deux pages de la «synthèse de l’inspection». L’ASN est parfois plus prolixe. Tout juste si elle note «quelques écarts de traçabilité et de cohérence documentaire» concernant le groupe d’ultime secours qui est venu se substituer au LHQ détruit le temps des réparations. Lors de la panne d’un groupe électrogène, EDF dispose de trois jours pour y remédier. Soit on dépanne soit on raccorde électriquement le groupe d’ultime secours, le fameux GUS ou «LHT» en langage codé.
    Surveillance de l’ASN
    Le 17 février 2011, l’ASN vient à Cruas pour une nouvelle inspection sur le même thème: «Systèmes électriques de secours». Le principal sujet abordé concerne l’anomalie générique sur les coussinets de bielles MIBA de 2ème génération que l’exploitant vient de déclarer. L’ASN se penche tout d’abord sur les opérations de raccordements du GUS lors de l’avarie du 4 LHQ. Elle note que «la consigne (...) qui consiste à permettre l’utilisation d’un diesel d’un autre réacteur via le réseau électrique repéré «LHT» n’était pas disponible pour une éventuelle mise en œuvre opérationnelle». Deux mois et demi après l’incident et les écarts documentaires détectés, la consigne n’est toujours pas à jour.
    Sur les coussinets, l’ASN aimerait bien connaître «la stratégie et l’échéancier des changements des coussinets de tête de bielle équipés de matériel de type MIBA 2ème génération sur les diesels repérés «3 LHP» et «4 LHQ»».Souvenons-nous: à la suite de la destruction du LHQ de Cruas 4, le moteur diesel a fait l’objet d’un échange standard. Et l’ASN a bien suivi: pour remplacer le moteur qui vient de péter, le nouveau moteur est équipé de coussinet du même type: des MIBA 2. Cela fait désordre car on ne peut plus ignorer que ces moteurs sont plutôt sensibles en termes de fiabilité compte tenu de la piètre qualité des coussinets de cette marque. En remplacement du moteur incendié, le bon sens aurait voulu que le nouveau moteur ne soit pas équipé de tels coussinets. Mais on ne devait pas avoir autre chose en stock. L’ASN s’inquiète à juste titre de la tenue des moteurs et elle interroge EDF sur la stratégie de remplacement des coussinets MIBA 2. Toutefois, l’ASN laisse respirer l’exploitant en lui accordant «un délai qui n’excèdera pas deux mois» pour apporter des réponses aux inspecteurs.
    La face cachée de la transparence
    Un dernier point sur la sûreté des installations possédant des groupes électrogènes équipés de coussinets MIBA 2. Les échanges de courriers entre l’exploitant et l’autorité révèlent les manœuvres en coulisses et les mensonges officiels.
    Le 11 février 2011, quelques jours avant la déclaration officielle de l’événement significatif, EDF fait parvenir sa position à l’ASN. L’exploitant se veut rassurant: «notre analyse de la situation des diesels concernés» complétés d’expertises et autres investigations «nous permettent de ne pas remettre en cause la disponibilité des diesels équipés de coussinets MIBA 2ième génération». Un exploitant nucléaire dans le déni de l’avarie brutale du diesel de Cruas 4.
    L’ASN grogne… Discrètement.
    Le message est passé car le 16 février, EDF revoie sa copie. C’est la déclaration officielle auprès de l’ASN de l’événement significatif sur les fumeux coussinets. Elle est plus nuancée: «Concernant l’impact potentiel sur la sûreté (...), nous avons considéré de manière conservatoire et globale, la non capacité potentielle à terme des diesels équipés de ce type de coussinets à assurer leur fonction». Du bout du crayon, EDF vient de remettre en cause la sacro-sainte disponibilité des diesels équipés de coussinets MIBA 2ème génération.
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    Le lendemain 17 févier 2011, EDF et ASN communiquent à l’externe sans évoquer ce trivial problème d’incapacité potentielle de certains diesel à assurer leur fonction de secours. De la transparence de manière conservatoire.
    Le 20 juillet 2011, l’ASN répond à la déclaration d’événement significatif faite par EDF. C’est le courrier de "prise de position" non rendu public. L’ASN note «un point de fragilité sur les groupes électrogènes de secours du palier 900 MWe» et «la fiabilité dégradée de ces groupes». Elle enfonce le clou: «EDF a constaté l’incapacité potentielle des groupes électrogènes équipés de coussinets MIBA de « deuxième génération » à assurer leur fonction à terme»».
    En dépit des mesures prises par EDF, l’ASN estime que le risque de défaillance de ces groupes électrogènes lors de sollicitation ou lors de leur fonctionnement est supérieur à celui prévu dans le cadre du rapport de sûreté. Le rapport de sûreté c’est un peu le "code de la route" des centrales nucléaires. Mais le gendarme de l’atome n’ira pas jusqu’à immobiliser les véhicules à risque...
    Prudente résolution du problème
    Les coussinets de bielle se changent normalement tous les dix ans, hors aléas. C’est ce qu’on appelle de la maintenance préventive, on remplace avant la casse, comme c’était le cas avec les coussinets de la marque SIC. Puis les coussinets MIBA 1 de rechange ont montré leurs faiblesses et ils ont été remplacés par des MIBA 2. Mais «des constats effectués sur ces moteurs après quelques dizaines de démarrage et d’heures de fonctionnement ont montré que ces coussinets présentaient des dégradations inhabituelles pour leur âge», un euphémisme pour ne pas évoquer la destruction du groupe électrogène de Cruas 4. Il y a là matière à remettre en cause la disponibilité des groupes électrogènes en cas de fonctionnement prolongé, lors d’une situation de crise par exemple.
    Début 2012, vingt six machines sont équipées en MIBA 2. Les autres continuent de fonctionner avec leurs vieux coussinets: «49 moteurs diesel du Parc CPO/CPY sont équipés de coussinets SIC et certains de ces moteurs ont atteint ou atteindront prochainement l’échéance de remplacement des coussinets» fixée à dix ans. Cependant, on a constaté que des coussinets SIC «ont une usure normale» après treize années de fonctionnement. En conséquence, EDF a pondu une «Disposition transitoire», la «DT 327»: «tous les sites 900 MW suspendront le remplacement systématique des coussinets SIC équipant leurs diesels», «dans l’attente d’une solution pérenne pour le traitement de la problématique des coussinets de bielle». Mais combien de temps pourra-t-on encore compter sur les vieilles mécaniques? Et que faire des groupes équipés de coussinets MIBA 2? En attendant l’arrivée de coussinet dernier cri, la DT 327 instaure une surveillance renforcée des moteurs diesels. Par exemple, «l’évolution de la teneur en plomb de la charge d’huile» est suivi après les essais mensuels: en se dégradant les coussinets larguent du plomb qui vient polluer l’huile moteur. L’augmentation du taux de plomb dans l’huile est synonyme de dégradation des coussinets car ils sont fabriqués dans un alliage de cuivre et d’étain (le bronze) contenant également du plomb.
    L’heure est grave. Les 63 groupes électrogènes du parc de centrale de 900 MWe sont équipés soit de coussinets obsolètes ou sur le point de l’être (les SIC) soit de coussinets défaillants (les MIBA). Il ne faudrait pas à nouveau se louper sur la qualité des coussinets de remplacement qui vont devoir être montés sur l’ensemble des machines. Fin décembre 2011, EDF dépose auprès de l’ASN le dossier de remplacement des coussinets défaillants «par de nouveau coussinets de marque MIBA dits de deuxième génération bis (MIBA 2 bis)». Ces nouveaux coussinets devraient «se rapprocher de la géométrie des coussinets originaux de marque SIC». Mais en février 2012, la réponse de l’ASN est cinglante: elle considère que le dossier présenté par EDF est «incomplet» car «la qualification des coussinets MIBA de «deuxième génération bis» n’a pas été effectuée». C’est dire la légèreté de l’exploitant prêt à installer des pièces de rechange sur ses groupes de secours sans tests complets de qualification.
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    Qu’on en juge avec la liste des manquements relevés par le gendarme de l’atome:
    «Votre stratégie actuelle de déploiement de cette modification sur les réacteurs du palier 900 MWe ne comprend pas d’analyse du retour d’expérience de la mise en œuvre de cette modification sur un réacteur identifié comme tête de série avant sa généralisation». En clair, l’ASN reproche à EDF de ne pas avoir testé les nouveaux coussinets sur un moteur diesel pour vérifier s’ils sont de meilleures qualités que les précédents. Chat échaudé craint l’eau froide.
    «L’impact de la différence de dureté entre les coussinets MIBA de «deuxième génération bis» et les coussinets de marque SIC n’est pas analysé;
    L’exhaustivité des différences géométriques entre les coussinets MIBA de «deuxième génération bis» et les coussinets SIC n’est pas présentée». Si les coussinets MIBA 2 bis se rapprochent des coussinets SIC, les différences qui subsistent n’ont pas été analysées par EDF.
    «Les avis d’experts confirmant votre analyse ne sont pas présentés, et les experts consultés ne sont pas identifiés»;
    L’absence d’évolution dans le temps des marques constatées sur les coussinets MIBA de «deuxième génération bis», après les essais dits «extrême test», n’est pas justifiée;
    Les essais des coussinets MIBA de «deuxième génération bis» en condition normale de fonctionnement ne sont pas présentés;
    Le dossier ne comprend pas de justification de caractère suffisant de la modification afin de résorber complètement l’écart de conformité».
    Compte tenu des lacunes du dossier de modification, l’ASN demande à EDF de compléter sa demande pour laquelle «l’instruction ne pourra débuter qu’à réception d’un dossier complet». L’exploitant va devoir soigner sa copie avant de penser à engager le remplacement des coussinets obsolètes ou défaillants.
    Ce n’est que le 6 juillet 2012 qu’EDF apportera à l’ASN les compléments au dossier en attente. Une nouvelle «modification matérielle» est déclarée à l’ASN «sur la base d’un dossier mis à jour». Il est toujours question du remplacement des coussinets MIBA 2 par des coussinets de «deuxième génération bis». L’ASN «engage une instruction technique» et se donne un délai de six mois pour étudier le dossier avant «la mise en œuvre de cette modification».
    En février 2013, l’ASN va prolonger le «délai d’instruction (...) pour une durée de six mois». Cependant, après analyse du dossier, la réponse de l’ASN arrivera avant la fin de ce nouveau délai d’instruction.
    Enfin, le 2 mai 2013, l’ASN «donne son accord à la mise en œuvre de la modification des coussinets de tête de bielle des groupes électrogènes de secours à moteur diesel». Mais avec des réserves. En particulier, l’ASN s’interroge sur la représentativité du moteur diesel utilisé pour les «essais de qualification dits «extrem tests»». En effet, «ce moteur en provenance de la centrale nucléaire de Bohunice (Slovaquie)» pourrait «ne pas être totalement représentatif» des «moteurs installés sur les centrales d’EDF». L’ASN fait quelques demandes complémentaires comme la poursuite de «la surveillance en service renforcée» des groupes électrogènes.
    Suite aux réserves émises par l’ASN, EDF procède à «un essai TTS GUS Dampierre» à la mi-octobre 2013. En langage clair, il s’agit d’un essai d’endurance réalisé sur le groupe d’ultime secours de la centrale de Dampierre. C’est le premier moteur diesel qui est équipé de coussinets MIBA 2 bis dans une centrales de 900 MWe, d’où l’appellation «TTS» pour Tête de Série. A la suite de cet essai d’endurance (quarante démarrages et soixante et une heures de fonctionnement), «l’expertise visuelle (...) sur les coussinets démontés a montré que le phénomène «d’usure prématurée» rencontré sur les coussinets MIBA 2 n’est pas apparu». EDF explique dans sa «note interne» que «le déploiement [du] coussinet MIBA 2 bis sera progressif en commençant par équiper un moteur sur les tranches (...) où les deux moteurs sont actuellement équipés de coussinets MIBA 2».
    Chinon B3, Cruas 3, Tricastin 3,  Tricastin 4.
    En fin d’année 2013, la situation est la même qu’au 16 février 2011 où déjà ces quatre tranches étaient identifiées pour avoir leurs deux groupes électrogènes équipés de coussinets potentiellement défaillants. Elles seront donc prioritaires pour passer au MIBA 2 bis sur un de leur moteur diesel.
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 en cours au 5 avril...
    «Sur les autres moteurs, la décision de monter sur site des coussinets MIBA 2 bis sera prise au niveau national en fonction du suivi de la teneur en plomb» dans l’huile du moteur. EDF veut donc user les anciens coussinets MIBA 2 au fur et à mesure des essais de fonctionnement jusqu’à l’alerte donnée par le taux de plomb présent dans l’huile moteur. En cas de perte des alimentations électriques du réseau national, c’est plutôt hasardeux. Et c’est surtout un pari risqué.
    Surveiller la qualité de l’huile afin d’anticiper la destruction du moteur peut se gérer tant que les groupes électrogènes ne fonctionnent que quelques heures par an pour la réalisation des essais mensuels. Mais que se passera-t-il si jamais on a réellement besoin des secours en électricité pendant plusieurs jours? Pourra-t-on réellement compter sur ces moteurs? On mesure là toute l’inconséquence d’EDF qui se permet de prendre le risque de laisser en exploitation pendant plusieurs années quatre réacteurs dont les deux groupes électrogènes de secours étaient peu fiables. EDF qui prend encore le risque de laisser en service d’autres tranches nucléaires tout en sachant que l’un des deux groupes électrogènes de secours peut flancher à tout moment.
Lent remplacement des coussinets
Le 27 janvier 2014, l’état major d’EDF envoie une note aux «Directeurs Techniques des CNPE de 900 MWe». Elle détaille le calendrier de remplacement des coussinets: «la DPN [Division production nucléaire] dispose à présent d’une solution au phénomène d’usure prématurée rencontré sur les coussinets de tête de bielle de type MIBA 2 équipant un certain nombre de moteurs diesel de secours de type UD 45 du palier 900 MWe». Parmi les quatre tranches listées ci-dessus où les deux diesels sont équipées de coussinets MIBA 2, à fin janvier 2014 un moteur de Chinon B3 (le LHP) et un autre de Tricastin 3 (le LHQ) ont enfin des coussinets de la dernière génération, le «MIBA 2 bis». EDF explique que «le déploiement de ces coussinets MIBA 2 bis sera progressif et concernera aussi bien des moteurs diesel aujourd’hui équipés de coussinets MIBA 2 que de coussinets de type SIC arrivant à échéance de remplacement». Pour les moteurs aux coussinets MIBA 2 potentiellement défaillant, EDF ne semble toujours pas pressé de fiabiliser leur fonctionnement: elle confirme que le «remplacement des coussinets [se fera] si évolution défavorable de la teneur de l’huile en plomb». L’échéancier de remplacement de tous les coussinets des moteurs diesel des tranches de 900 MWe est présenté en annexe 4.10. Certains groupes électrogènes patienteront «au-delà de 2016» pour être enfin fiabilisés.
Fiabilité dégradée
«A la date du 1er mai 2015, nous avons 23 moteurs équipés de coussinets «M2 bis»». L’annexe 4.11 en dresse la liste accompagnée du nombre de démarrage et d’heure de fonctionnement de chaque groupe électrogène. Le déploiement progressif du coussinet «MIBA 2 bis» est réalisé «suivant une stratégie visant à supprimer les modes communs et à remplacer les coussinets «M2» [MIBA 2] sur les moteurs jugés sensibles et sur les moteurs équipés de coussinets SIC âgés de plus de 13 ans»0. Cela laisse tout de même 52 groupes électrogènes à la fiabilité douteuse en cas de fonctionnement prolongé.
Mais d’une certaine façon, c’est l’ensemble des groupes électrogènes de toutes les centrales françaises qui semble poser problème. Après avoir dressé le bilan du «Système LHP – LHQ», EDF conclut: «L'état de ces systèmes sur le parc est donc «dégradé»». Et de fait en 2014, plus de 50% des groupes électrogènes ont été jugés à l’état «dégradé» ou «inacceptable». Pour les détails par centrale nucléaire, reportez-vous à l’annexe 4.12. En guise de conclusion: «L'évaluation globale de la fiabilité» révèle qu’aucun d’entre d’eux n’a atteint un «Etat "correct"», tous paliers confondus.

    NOTES
1-Sur le site de Bugey, le groupe d’ultime secours est une «TAC», Turbine à combustion, fonctionnant au gaz. Les «GUS» tournent au diesel sur les autres tranches de 900 MWe.
2-Les alimentations électriques sur une centrale nucléaire française – IRSN, 15/03/2011  http://www.irsn.fr
3-kVA ou kilovolt-ampère définit la puissance active fournit par un groupe électrogène. La puissance électrique correspondante se calcule en multipliant la puissance active par 0,8 (cos Φ). Pour le palier CPY par exemple, 5000 kVA correspondent à 4000 kW (kilowatt).
4-Fiche question / réponse – Demande de l’Autorité de sûreté nucléaire – Paliers 900 MWe – Stratégie de traitement de l’événement de niveau 2 sur l’échelle INES concernant les groupes électrogènes de secours à moteur diesel – EDF UNIE, 20/09/2011
5-INES: Echelle internationale des événements nucléaires (voir aussi l’annexe 4.7)
6-Communiqué de presse – EDF déclare à l’Autorité de sûreté nucléaire une anomalie générique pour un défaut sur les coussinets de groupes électrogènes de secours – EDF, 17 février 2011 http://energie.edf.com/
7- Incident de niveau 2 concernant les groupes électrogènes de secours à moteur diesel de la centrale nucléaire du Tricastin – ASN, 17/02/2011
http://www.asn.fr/
8- Note technique – Le rôle pour la sûreté des groupes électrogènes de secours à moteur diesel des réacteurs de 900 MWe et la problématique de l’usure prématurée de leurs coussinets – ASN, 17 février 2011
http://www.asn.fr/
9-Ibid. Fiche question / réponse (...) EDF UNIE, 20/09/2011
10-Positions et actions – Expertise du GUS de Blayais suite à son avarie survenue le 22 octobre 2010 – EDF UNIE, 7 février 2011
11-Directoire technique d’exploitation n° 18 du 27/02/2013 – Relevé de conclusion – EDF UNIE, 11/12/2013
(suite)
suite:
12- Anomalie générique concernant les diesels de secours des réacteurs de 900 MWe – ASN, 27 janvier 2010
http://www.asn.fr/
13- Positions – Actions d’EDF – Anomalie de conformité potentielle sur des diesels de secours du parc EDF 900 MWe: coussinets de tête de bielle MIBA – EDF EM-DPN, 16 octobre 2009
14- Rapport d’activité – Bilan matériel – Groupes électrogènes de secours LHP/LHQ/LHT – Période du 01/01/2008 au 31/03/3012 – EDF CNPE de Chinon, 16 juillet 2012
15-Rapport sur la sûreté nucléaire et la radioprotection des installations nucléaires de Chinon - 2010 – EDF CNPE de Chinon, juin 2011
16- Groupes électrogènes LHP/LHQ/LHT et LHG/LHH – EDF Etat Major DPN, 21 avril 2010
17- Appairage des bielles avec leur chapeau sur les groupes électrogènes de secours / REX avarie SLB 1 LHQ – EDF UTO, 12 avril 2010
18-Rapport sur la sûreté nucléaire et la radioprotection des installations nucléaires de Saint-Laurent-des-Eaux - 2010 – EDF CNPE de Saint-Laurent-des-Eaux, juin 2011
19- Rapport d’événement significatif – Usure prématurée des coussinets de tête de bielle des diesels de secours du palier 900 MWe – EDF UNIE, 26 avril 2011
20-Rapport sur la sûreté nucléaire et la radioprotection des installations nucléaires de Blayais - 2010 – EDF CNPE du Blayais, juin 2011
21- Centrale nucléaire de Cruas-Meysse – Indisponibilité du démarrage depuis la salle de commande d'un groupe électrogène de secours du réacteur n°4 – ASN, 06/01/2010
http://www.asn.fr/
22- Centrale nucléaire de Cruas-Meysse – Deux écarts aux règles générales d’exploitation – EDF, 23/12/2009
http://energie.edf.com/
23- Fiche de synthèse permanence DPN – Cruas 4 – Avarie Diesel voie B – EDF Etat-Major DPN, 01/09/2011
24- Rapport d’événement significatif sûreté n°4/223/10.17 – Indisponibilité du diesel 4 LHQ par aléas mécanique et incendie – EDF, CNPE de Cruas-Meysse, 6 septembre 2011
25- Note d’enregistrement – Cartographie 2010 des pertes KD suite avarie matérielle – EDF CNPE de Cruas-Meysse, 19 avril 2011
26- Ibid. Rapport d’événement significatif sûreté n°4/223/10.17
27- Déclaration d’un évènement significatif pour la sûreté à caractère générique – Usure prématurée des coussinets de tête de bielle des diesels de secours du palier 900 MWe – EDF UNIE, 16 février 2011
28- Centrale nucléaire de Cruas-Meysse – L'unité de production n°4 est à l'arrêt – EDF, 13/12/2010
http://energie.edf.com/
29- Rapport sur la sûreté nucléaire et la radioprotection des installations nucléaire de Cruas-Meysse – 2010 – EDF CNPE de Cruas-Meysse, juin 2010
30- Inspection du CNPE de Cruas-Meysse (INB n°112) – Identifiant de l'inspection : INSSN-LYO-2010-0134 – Thème: «systèmes électriques de secours» -ASN Division de Lyon, 10 décembre 2010 http://www.asn.fr/
31- Inspection du CNPE de Cruas-Meysse (INB n°112) – Identifiant de l'inspection : INSSN-LYO-2011-0804 – Thème: «Systèmes électriques de secours» -ASN Division de Lyon, 18/02/2011 http://www.asn.fr/
32- Position et action – Situation des diesels du Parc équipés de coussinets de bielle MIBA 2ème génération – EDF UNIE, 11 février 2011
33- Ibid. Déclaration d’un évènement (…) EDF UNIE, 16 février 2011
34- Réacteurs électronucléaires – EDF – Palier 900 MWe – Stratégie de traitement de l’évènement de niveau 2 sur l’échelle INES concernant les groupes électrogènes de secours à moteur diesel – ASN, 20 juillet 2011
35- DT 337 indice 1 – Dispositions à prendre au titre de la stratégie de traitement de la dégradation des coussinets de moteurs diesels – EDF CAPE, 13 janvier 2012
36-Dossier de déclaration de modification – Palier 900 MWe – Modification des coussinets de tête de bielle des groupes électrogènes de secours à moteur diesel – ASN, 15 février 2012
37-Accusé de réception d’un dossier de déclaration de modification – Palier 900 MWe – Modification des coussinets de tête de bielle des groupes électrogènes de secours – ASN, 16 août 2012
38-Prorogation du délai d’instruction d’une modification – Palier 900 MWe – Modification des coussinets de tête de bielle des groupes électrogènes de secours – ASN, 14 février 2013
39-Réacteurs électronucléaires – EDF – Palier 900 MWe – Accord sous réserves à la mise en œuvre d’une modification – Modification des coussinets de tête de bielle des groupes électrogènes de secours – ASN, 2 mai 2013
40-Note interne – Groupes électrogènes de secours – Problématique coussinet de bielle MIBA 2 – EDF Etat Major DPN, 21 novembre 2013
41-Déploiement des coussinets MIBA 2 bis sur les moteurs diesels de secours type UD 45 – EDF Etat Major DPN, 27 janvier 2014
42-Modification des coussinets de tête de bielle des groupes électrogènes de secours à moteur diesel – EDF UNIE, 13 mai 2015
43- Note technique – AP 913 – Bilan système LHP -LHG (LHH -LHG pour le palier CP0) 2015 – EDF UNIE, 24/06/2015
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