LaG@zette Nucléaire sur le Net!
N°280, juin 2016

ATTENTION DANGER:
PIÈCES FALSIFIÉES DANS LE NUCLÉAIRE

Un Fukushima est-il possible en France ?
http://sites.arte.tv/28minutes/fr/video/nucleaire-un-fukushima-est-il-possible-en-france
Envoyé de Belgique – Mars 2016


 
UN FUKUSHIMA EST-IL POSSIBLE EN FRANCE ?

     Usé, vieilli, fatigué, le parc nucléaire français, qui date principalement des années 80, arrive en fin de parcours. À tel point que des spécialistes, comme le président de l'Autorité de sûreté nucléaire, pointent le danger d'un accident pouvant survenir en France. Mais comment renouveler nos centrales, alors qu'EDF traverse une période de difficultés financières? Selon la Cour des comptes, une remise à neuf ne coûterait pas moins de 100 milliards €. Ségolène Royal, la ministre de l'Énergie, a estimé pour sa part qu'une prolongation de dix ans des équipements était envisageable. Alors que l'accident de Fukushima a eu lieu, il y a cinq ans, nos centrales sont-elles devenues dangereuses?
http://www.universcience.tv/

     Fukushima #1 - une pollution en mouvement
     Fukushima... Ce nom évoque le site nucléaire de la catastrophe survenue le 11 mars 2011 qui a provoqué la mort immédiate de près de 20.000 personnes, et chassé de chez eux des milliers de Japonais. Aujourd'hui, cinq après, que se passe-t-il sur le terrain?
     La série Fukushima, des particules et des hommes nous propose un parcours humain et scientifique dans ce territoire contaminé par la radioactivité. Dans ce premier épisode, nous nous rendons à Shidamyo, à une trentaine de kilomètres de la centrale pour comprendre la nature exacte de cette pollution.
http://www.universcience.tv/2

     Fukushima #2 - la mesure: rendre visible l'invisible
     À l’occasion du 5e anniversaire de la catastrophe de Fukushima survenue le 11 mars 2011.
     À Iwaki, à 40 kilomètres de la centrale de Fukushima, les mères de famille de l'association Mama Becquerel ont pris en charge la mesure de la radioactivité dans les espaces de jeux où évoluent leurs enfants, grâce à un détecteur de points chauds. Plus loin dans des bois, Yasushi Kino, chercheur en radiochimie à l'université de Tohoku, réalise des mesures sur des champignons qui absorbent facilement le césium... et sont très prisés par les Japonais! Comme le souligne l'anthropologue Sophie Houdart (CNRS), cette vigilance dans la surveillance de la radioactivité est devenue partie intégrante dans la vie des gens.

Le président de l’Autorité de sûreté nucléaire, Pierre-Franck Chevet, déplore le manque de prise de conscience des Risques
Article de Libération (16-03-16)
     «Il faut imaginer qu’un accident de type Fukushima puisse survenir en Europe»
     Pierre-Franck Chevet préside l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), une  autorité indépendante considérée comme le gendarme de l’atome. Cet X-Mines, qu’on ne peut pas soupçonner d’être antinucléaire, alerte pourtant de plus en plus fortement sur la sûreté.
(suite)
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     Q: En janvier, vous avez martelé que «le contexte en matière de sûreté nucléaire est particulièrement préoccupant». Pourquoi?
     R: Je n’ai pas employé les mêmes mots les années précédentes. Ce jugement vient de trois constats. On entre dans une période où les enjeux en termes de sûreté sont sans précédent. La poursuite du fonctionnement des réacteurs d’EDF au-delà de quarante ans est un enjeu de sûreté majeur, c’est très compliqué techniquement. EDF estime les travaux à 55 milliards €, cela donne une mesure de leur ampleur. C’est moins médiatique, mais il y a le même sujet pour toutes les autres installations, comme l’usine de retraitement de la Hague ou les réacteurs de recherche du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).
     Tout le système industriel nucléaire a été construit, pour faire simple, dans les années 80. Or, 1980 + 40, ça fait 2020. À 40 ans, il ne se passe pas brutalement des choses très graves sur une installation nucléaire. Mais c’est un âge déjà respectable, qui oblige aussi à se demander comment améliorer la sûreté en fonction des nouveaux standards post-Fukushima. C’est un deuxième enjeu absolument énorme.
     Face à ces enjeux qui montent, les acteurs du nucléaire ne sont pas en pleine forme, c’est le moins qu’on puisse dire. Ils ont tous, EDF, Areva, mais aussi le CEA, de grosses difficultés économiques, financières ou budgétaires. La concomitance de ces trois constats me fait dire que la situation est préoccupante à court et moyen termes. Or, nous n’avons pas obtenu à ce stade les moyens supplémentaires nécessaires pour assurer pleinement notre tâche. Nous sommes donc contraints, en 2016, de nous concentrer sur les installations qui fonctionnent, le risque le plus urgent est là.
     Q: Vous répétez que la prolongation des centrales au-delà des quarante ans n’est pas acquise. Or, Ségolène Royal se dit «prête» à les prolonger dix ans.
     R: Si la ministre de l’Energie confirme qu‘elle est d’accord pour qu’EDF propose la prolongation et qu’on étudie la question, ça n’est ni illogique ni un scoop. Mais cela ne veut pas dire qu’elle sera acceptée, essentiellement par moi. Sur ce sujet, c’est l’ASN qui décide. Elle se prononcera de manière «générique» sur les modalités de prolongation en 2018, pour ensuite prendre position, réacteur par réacteur, à partir de 2020. Pour avoir vu la ministre récemment, il n’y a pas de doute dans mon esprit sur le fait que le rôle de l’ASN est connu et respecté.
     Q: S’il y avait passage en force contre votre avis, que feriez-vous?
     R: On dirait non. La loi de transition énergétique dit que la décision de prolonger à cinquante ans ou plus est soumise à notre accord. C’était moins clair dans les lois précédentes.
     Q: Areva est en faillite, EDF en grande difficulté. Cela ne risque-t-il pas de menacer la sûreté?
     R: Quand une entreprise n’a pas les moyens, il y a à l’évidence un risque qu’elle puisse rogner sur certains investissements, notamment dans la sûreté. Peut-être pas les plus cruciaux, mais sur des investissements intermédiaires. Or, nous avons prescrit des choses, avec des délais. Je veillerai à ce que ces obligations soient respectées. Nous faisons énormément d’inspections et la loi nous a donné un pouvoir de sanction accru en cas de non-respect de nos demandes.
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     Mais, il y a aussi des sujets plus subtils: ces entreprises sont en pleine réorganisation, il faut veiller à ce que cela soit cohérent avec les grands enjeux de sûreté, au niveau de l’organisation en général mais aussi des personnes. Il faut qu’un certain nombre de compétences clés, dans les équipes d'exploitation, soient là et aux bons endroits pour que la sûreté soit bien gérée au quotidien.
     Vous avez dit que les anomalies «très sérieuses» de la cuve de l’EPR de Flamanville ont été découvertes «sous pression de l’ASN et non par l’exploitant». Areva et EDF font-ils leur boulot?
     En tout cas, pour l’anomalie de la cuve, c’est assez frappant. Les anomalies n’ont été détectées que parce que nous avons demandé des contrôles, mesures et essais supplémentaires. Areva n’était pas convaincu de leur utilité. Ils ont fini par faire les essais en affirmant qu’ils montreraient que ce n’était pas nécessaire. Pas de chance pour eux, il se trouve qu’effectivement, on a vu une anomalie. Il y a déjà eu des anomalies par le passé, ça ne me trouble pas, il faut simplement les traiter. Par contre, je constate que c’est avant tout notre système de contrôle qui a mis en évidence le problème, et pas leurs contrôles internes. Or, le premier responsable de la sûreté, c’est avant tout l’exploitant, c’est lui qui est en charge directement.
     J’ai beau faire mon métier aussi bien que possible, je ne peux travailler que par sondages. Une situation où seul le gendarme est chargé de contrôles, ça ne marche pas. Les entreprises doivent faire leur boulot en interne, d’abord. C’est pour cela que nous serons attentifs à leurs organisations internes, notamment à ce que leur chaîne de contrôle interne soit bien dotée, en nombre et en compétences. C’est pour ça que j’ai fait cette remarque, et elle est importante.
     Q: Vous venez aussi d’alerter sur une corrosion plus rapide que prévue à la Hague, site d’Areva qui est aussi le plus radioactif de France.
     R: Malheureusement, l’analogie est assez forte avec ce qui s’est passé pour l’anomalie de la cuve de l’EPR. C’est parce que nous avons demandé qu’ils fassent un check-up complet de l’installation que des contrôles ont été faits sur les évaporateurs [où sont concentrés les produits de fission] et qu’on a pu voir le problème. Ces contrôles auraient dû être faits, pour suivre ce phénomène de corrosion. Si ça se passe mal, on prendra des décisions d’arrêt, mais on n’en est pas là.
     Q: Diriez-vous qu’«EDF sous-estime le risque d’un accident nucléaire», comme l’a fait en 2012 Jacques Repussard directeur de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire?
     R: Je n’ai pas ce sentiment. Ils sont dans leur rôle, veulent nous convaincre qu’ils font les choses bien, c’est la vie. Après Fukushima, il me paraît de toute manière assez difficile d’avoir une telle position. On l’avait affirmé alors et on continue à le faire, on n’a pas de problème à dire qu’un accident est possible.
     Q: Il se disait aussi qu’avant Fukushima, il y avait une«omerta» sur la sûreté. Y a-t-il aujourd’hui une transparence totale?
     R: En tout cas, nous, on s’y attache. Quand on a annoncé l’anomalie de la cuve de l’EPR, on n’a pas eu que des compliments, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais c’est la vie. On dit les choses, c’est notre principe de base. La transparence s’améliore, même si je ne dis pas que c’est parfait. Les commissions locales d’information autour de chaque installation montent en puissance. Quand nous faisons des inspections, les avis sont publics. Et les avis de l’IRSN seront désormais rendus publics avant même que l’ASN prenne une décision dessus.
     Q:  De plus en plus de gens critiquent un déni du risque et une«fuite en avant»de la part de «l’Etat nucléaire»français.
     R: Ce n’est pas comme ça que je le perçois. D’abord, on est là pour faire notre boulot. Cela met quelques ressorts dans le système. Il y a des difficultés, c’est vrai, des tensions entre les acteurs...
     Q: L’ASN est-elle engagée dans un bras de fer avec EDF?
     R: Il y a un bras de fer. Mais dans un système industriel qui a tous ces problèmes, il faut bien que la tension sorte quelque part. La prolongation, ce n’est pas forcément une fuite en avant, la question a potentiellement du sens. Simplement, techniquement, on ne sait pas encore ce qu’on en fait. On fixera les conditions que l’on veut voir réunies et si les industriels estiment que c’est trop cher, ils en tireront les conséquences et ça ne se fera pas.
     Q: La date de fermeture de Fessenheim approche et EDF investit des dizaines de millions € pour sa sûreté. Pourquoi ne pas l’arrêter tout de suite?
     R: L’ASN s’est prononcée en 2011 ou 2012 sur les 2 réacteurs de Fessenheim en disant qu’ils pouvaient fonctionner dix ans de plus, sous réserve qu’il soit fait des améliorations de sûreté. Si c’est fermé plus tôt, ça ne me dérange pas. Par contre, j’insiste, les améliorations de sûreté demandées doivent être faites. En cas d’accident, si les travaux n’ont pas été faits, on me demandera des comptes, et c’est logique.
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     Q: Quid du risque terroriste?
     R: Nous ne sommes pas en charge du sujet. Par contre, la question de savoir comment on dimensionne une installation pour qu’elle résiste à des agressions malveillantes est très proche de la réflexion pour faire face à un tsunami, par exemple. Après Fukushima, nous avons demandé d’installer des systèmes en plus. Quand une installation a un pépin, l’enjeu est d’arriver à mettre de l’eau dans le système pour le refroidir. Pour cela, il faut des tuyaux, des pompes, et de l’électricité. On a demandé à tous les exploitants de renforcer cela. D’abord sous forme de moyens mobiles à déployer le jour venu. C’est désormais fait. Par contre, on est les seuls en Europe à avoir demandé les mêmes mesures, mais en dur. On demande un gros diesel, des pompes et tuyaux dans un local bunkerisé. Ce sera déployé dans les cinq à dix ans sur l’ensemble des installations.
     Q: In fine, la question n’est-elle pas si, mais quand il y aura un accident majeur en Europe?
     R: Oui, il y en aura. Il faut imaginer qu’un accident de type Fukushima puisse survenir en Europe. Je ne sais pas donner la probabilité et on fait un maximum pour éviter que ça arrive, mais malgré tout, on pose le principe que ça peut arriver. En tout cas, il faut partir de cette idée-là, ne serait-ce que pour demander les améliorations de sûreté. On a peut-être un peu oublié que Fukushima, c’était seulement il y a cinq ans. C’est une perte de mémoire collective, pas uniquement des politiques ou des entreprises. Au moment de Fukushima, on a observé très vite une baisse des gens favorables au nucléaire, de 50% à 40%. Un an après, on était revenu à 50%.
     Q: En cas d’accident majeur, sommes-nous bien protégés?
     R: On fait le maximum, je ne dis pas que c’est parfait. D’abord, il faut s’y préparer, il y a très régulièrement des exercices de crise. Des simulations aussi réalistes que possible, même si on ne peut pas évacuer toute une ville juste pour un exercice. Fukushima a eu des conséquences de natures diverses pour les populations jusqu’à 100 kilomètres autour de la centrale. Et les gens ont dû être évacués durablement dans un rayon de 20 km, ce qui est déjà énorme.
     Si on pose ce schéma en Europe, il faut en tirer les conséquences et faire en sorte que nos moyens de gestion de crise soient adaptés, en allant au-delà du rayon de 10 km qui est celui des plans particuliers d’intervention (PPI) actuels autour des installations. Il faut regarder une zone plus large, jusqu’à 100 km. Deuxième chose, en traçant des cercles de 100 km de rayon autour des centrales en Europe, on s’aperçoit que dans beaucoup de cas, un accident concernera plusieurs pays. Il faut donc absolument renforcer la cohérence des mesures de protection des populations entre pays européens, ce qui n’est toujours pas acquis à ce stade. Aujourd’hui, de part et d’autre d’une frontière, deux pays peuvent utiliser, par exemple, des seuils différents de contamination au-dessus desquels on recommande de ne pas manger tel aliment. Cela ne va pas. C’est pour ça que toutes les autorités de sûreté européennes ont poussé collectivement, fin 2014, pour un système où on a une approche cohérente de gestion d’un accident nucléaire. Et pour dire qu’il faut se préparer dans une zone de 100 km.
     Q: Beaucoup demandent que la distribution actuelle de comprimés d’iode dans un rayon du 10 km autour des centrales françaises soit étendue à ces 100 km...
     R: Nous y sommes favorables. En cas d’accident, il y a six réflexes à avoir, parmi lesquels la prise de comprimés d’iode stable pour saturer la thyroïde avant que de l’iode radioactif ne puisse s’y fixer. Les comprimés distribués en 2009 arrivent à leur date de péremption, donc on a organisé une campagne de redistribution dans le rayon habituel des 10 km. On en profite pour parler des autres réflexes, le premier étant de se calfeutrer dans un bâtiment. Par ailleurs, au niveau départemental, il y a des stocks de comprimés qui peuvent ensuite être distribués.
     Q: Mais au-delà de cette zone, il faut sortir de chez soi pour aller chercher des comprimés ! Comment faire si on est dans le nuage radioactif, sachant qu’il faut les prendre avant son passage pour que ce soit efficace?
     R: Si on est dans le nuage, effectivement, il ne faut pas sortir. Mais oui, il faudra absolument préciser les conditions dans lesquelles on achemine à temps les comprimés jusqu’aux personnes. Je ne sais pas si la solution sera d’étendre la prédistribution des comprimés à 100 km ou d’avoir un circuit très fiable de distribution au moment où... Tout cela se prépare, ça ne dépend pas que de l’ASN. En attendant, il y avait urgence à renouveler les comprimés, donc la campagne se déroule en l’état du système, dans les 10 km. Il faut aussi avoir en tête que si on prédistribue trop largement et on banalise la chose, on ne sait pas où seront les comprimés le jour venu. Dans la zone des 10 km, on constate, malgré nos efforts, que les gens ne vont pas les chercher en pharmacie. Et même quand on leur livre les comprimés par la Poste, au bout d’un certain temps, ils ne savent plus où ils sont.
     Q: La population n’est donc pas consciente du risque?
     R: On avait fait un sondage au moment de la première campagne de distribution. Seuls 50% des gens avaient les comprimés chez eux. Quand on leur a demandé pourquoi, il y avait deux visions. En gros, soit «de toute manière, je serai mort, c’est pas un comprimé qui va me sauver». Soit le déni du risque: «Il n’y a pas eu de pépin, donc il n’y en aura pas, donc pas besoin de comprimés». On essaie de lutter contre les 2 visions, car les deux sont fausses, mais aboutissent à ce que les gens ne se protègent pas.
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http://www.connaissancedesenergies.org/afp/
paru le 14 mars 2016 à 19:56
Nucléaire: inquiétudes sur l'état d'un système de secours, EDF et l'ASN calment le jeu

AFP
 
      EDF et l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ont nuancé lundi les conclusions de rapports internes à l'électricien qui constataient un état "dégradé" des systèmes d'alimentation électrique de secours des réacteurs nucléaires, dévoilés par le site internet Le Journal de l'Energie.
     Selon les documents publiés par ce site, les rapports d'évaluations 2014 et 2015 sur la fiabilité "sur le moyen-long terme" des groupes électrogènes, présents en double exemplaire sur chacun des 58 réacteurs du parc nucléaire français, ont conclu que «l'état de ces systèmes sur le parc est donc +dégradé+».
     Ces groupes électrogènes, alimentés au diesel, doivent permettre de fournir de l'électricité aux réacteurs en cas de coupure de courant sur le réseau électrique national, et donc de continuer à permettre un refroidissement du combustible radioactif. Le fonctionnement d'un seul groupe électrogène suffit à refroidir un réacteur. Par exemple, le rapport 2015 classe plus de deux-cents bilans trimestriels réalisés durant l'année 2014 sur ces systèmes de secours, en quatre catégories: aucun n'est classé en état "correct", 42,9% sont "à surveiller", 43,9% en "dégradé" et 13,2% en "inacceptable".
     Le rapport fait notamment état de fuites d'air, d'huile ou de carburant.
     Parmi les centrales regroupant les pires bilans se trouvent Paluel (Seine-Maritime), Gravelines (Nord) ou Flamanville (Manche).
     Les états des systèmes de secours diesel évoqués dans ces rapports "ne sont pas représentatifs d'une réalité à l'instant T des diesel. Ils sont sur leur état prospectif" à moyen-long terme, soit dans 3, 5 ou dix ans, a réagi à l'AFP, Philippe Sasseigne, directeur de la production nucléaire France de l'électricien.
     "Ces diesels, à l'heure où je parle sont disponibles, sont en bon état", a-t-il insisté. "Il n'y a pas de situation particulièrement préoccupante", et "pas d'éléments qui montrent qu'un diesel est indisponible", ce qui impliquerait une réparation rapide ou un arrêt du réacteur, a confirmé à l'AFP Julien Collet, directeur général adjoint de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN)
     Conformément à la réglementation, EDF teste le bon fonctionnement de ces générateurs diesels de secours tous les mois, a précisé l'électricien.
     M. Sasseigne nuance également le caractère anxiogène des termes de ces rapports à usage interne: "c'est un langage très exagéré, exprès pour qu'il y ait des alertes et des réactions qui soient très anticipées" dans les programmes de maintenance.
     Les observations que ces rapports révèlent "ne sont pas des écarts qui remettent en cause la capacité de ces équipements d'assurer leur mission en cas d'accident", confirme M. Collet, mais montrent toutefois "un certain nombre de difficultés qu'a EDF dans la gestion de la maintenance de certains systèmes" de ses réacteurs, ajoute-t-il.

EDF: la maintenance des moteurs Diesel à la question
Le 14 mars 2016 par Marine Jobert (JDLE)

     Le Journal de l’énergie publie des documents internes à Electricité de France (EDF) qui laissent penser que les moteurs destinés à alimenter les centrales nucléaires en cas de panne électrique générale seraient dans un état inquiétant. Faux, répondent en chœur l’ASN et EDF.
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     Les groupes électrogènes de nos centrales nucléaires sont-ils fiables? Selon le Journal de l’énergie, qui publie des documents internes à EDF, «tous les bilans des diesels de secours posaient problème en 2014. Ces systèmes de secours sont tous classés: état à surveiller, état dégradé et état inacceptable». Autrement dit, en cas de black-out du système électrique, ces moteurs diesel qui doivent permettre d’assurer «l’intégralité du réacteur de façon à limiter les conséquences des accidents vis-à-vis des populations» seraient bien en peine d’assurer leur mission. Et pas question de compter sur ‘les secours des secours’ (un groupe électrogène diesel «d’ultime secours» ou une turbine à combustion, selon la centrale), dont la «fiabilité globale (...) est considérée à surveiller». À l’horizon, un désastre à la Fukushima, avec combustible en fusion et un impossible refroidissement.
     Maintenance
     Cette note destinée «à donner une vision claire de l’état de santé des systèmes pour l’ensemble des paliers du parc nucléaire dans le but d’améliorer la performance globale et la fiabilité sur le moyen-long terme» s’inscrit dans le cadre d’une démarche volontaire d’EDF, depuis 2010, pour structurer sa maintenance. Nom de code: AP913, que l’on retrouve en en-tête des documents internes publiés par Le journal de l’énergie. La qualité de la maintenance effectuée en interne par EDF y est évaluée et classée de correct à inacceptable. Parmi les paramètres évalués, on trouve l’état des moteurs, la vétusté des pièces, l’historique des pannes, les anomalies non résolues et la disponibilité des diesels.    Ainsi, relève Le journal de l’énergie, «la majorité des bilans des diesels sont soit classés en « état dégradé » (43,9%), soit en «état inacceptable» (13,2%)».
     Un scandale? Pas du tout, répond en substance l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) au Journal de l’environnement. «Ce n’est pas l’état de l’équipement au regard de sa sûreté, c’est avant tout un regard sur le dispositif de maintenance, explique Julien Collet, le directeur général adjoint de l’ASN. Quand un équipement est qualifié d’inacceptable, ça ne remet pas en cause sa capacité à remplir sa mission, mais cela rend compte des résultats obtenus en regard des ambitions d’EDF en matière de maintenance.» En clair, cette évaluation désastreuse porterait sur la qualité de la maintenance, pas sur la sûreté elle-même. Même si, reconnaît Julien Collet, l’une n’est pas indépendante de l’autre. «L’AP 913 est une démarche récente et ce document montre qu’il y a des efforts à faire. Cela permet à EDF de progresser en matière de maintenance
     Même écho du côté de l’exploitant, qui parle de «maintenance préventive», sans aucun lien avec la disponibilité des moteurs de secours. «Dans ce document, on utilise à dessein un vocabulaire assez fort pour que les signaux faibles qui sont remontés soient pris en compte dans les programmes assez en amont, c’est-à-dire deux ou trois ans avant un arrêt de tranche ou un programme complémentaire», détaille EDF.
     «Pour réduire son manque à gagner lié aux arrêts de réacteurs pour maintenance, EDF aurait donc fait des impasses sur l’entretien d’équipements de sûreté indispensable?», s’interroge de son côté le réseau Sortir du nucléaire. «Le système de défense de l’ASN est un peu bizarre, estime Martial Château. À partir du moment où on a un doute sur un appareil indispensable à la sûreté des réacteurs, il faut les arrêter.»
p.20
Seconde partie de la p.20 - Documents sur le coût de Cigéo et la baisse de la part du nucléaire: ICI

Fukushima: temps de la fin contre fin des temps (1)
Cécile Asanuma-Brice
(entretiens à Fukushima: février 2016) et (Journal Asahi Shinbun: 6 mars 2016 - Journal Mainichi: 8 janvier 2016)

 
      Ancienne habitante d’Iitate, Cécile Asanuma-Brice vit au Japon depuis 2001. Directement confrontée à l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima en mars 2011, elle a orienté la totalité de ses recherches sur les questions relatives à la gestion de la protection de la population dans le cadre des catastrophes nucléaires. Se rendant chaque mois à Fukushima, elle a pu observer la mise en place de politiques de gestion du désastre qui l’ont amené à réaliser la nécessité d’éveiller les esprits sur ce qui se passe au Japon maintenant, et qui pourrait bien être à l’image de la France de demain.
 
     Cinq années se sont passées depuis le tremblement de terre de 2011, le tsunami, l’explosion de la centrale nucléaire. Le lieu du drame véhicule désormais la catastrophe en son nom: Fukushima. Où en est-on?
     Chaque mois de mars est l’occasion de rappeler qu’une année supplémentaire s’est écoulée depuis l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima. Cet accident, dont l’ampleur est sans égale, a mis à l’épreuve le marché de l’énergie nucléaire, dont la technologie continue pourtant de bénéficier d’un très large soutien politique. C’est la raison pour laquelle des citoyens du monde entier ont décidé de se réunir à Tokyo durant une semaine, du 23 au 27 mars 2016, au cours de laquelle s’est tenu le Forum Social Mondial Thématique sur l’énergie nucléaire. Ce forum mondial proposait un voyage d’étude de deux jours à Fukushima, une journée de manifestation à Tokyo, ainsi que de multiples ateliers déclinant les divers thèmes en rapport avec le sujet. C’est dans ce contexte qu’il a été publié «Fukushima : temps de la fin contre fin des temps» un bilan de la situation aujourd’hui à Fukushima, vue par Cécile Asanuma-Brice, adjointe au directeur du bureau CNRS Asie du Nord.

     Tous les efforts sont faits
     Tous les efforts sont faits pour nettoyer terres et esprits avant l’accueil des jeux olympiques de Tokyo en 2020, permettant de donner l’élan nécessaire à l’oubli. Le vent de fête olympique qui s’accompagne à l’accoutumé d’un nettoyage social et d’une montée nationaliste acceptés de tous, portera un troisième fleuron: l’amnésie nécessaire à la poursuite du nucléaire. Malgré la mascarade qui se met en place, via la décision du gouvernement japonais de rouvrir la totalité de la zone d’évacuation autour de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi à l’habitat dès mars 2017, dans les faits, rien n’est réglé. “Le passé n’est pas mort, il n’est même pas passé” écrivait William Faulkner. On ne peut trouver plus justes mots pour décrire la situation actuelle.

     Au monde de Sisyphe l’éternel rangement répond de l’absurde
     Plus de 9 millions de sacs poubelles contenant chacun 1 mètre cube de déchets contaminés sont répartis sur 114.700 sites au sein de la préfecture de Fukushima fin septembre 2015. Ces sacs plastiques enferment un temps, terre et déchets radioactifs. La terre ayant laissé ses graines germées au gré des saisons, les pousses difformes les ont éventrés pour laisser se diffuser à nouveau les débris contaminés, au gré des vents.
suite:
     Un coût néanmoins exorbitant pour une politique chimérique qui voit son budget plafonné à 91 milliards de yens pour 2016, soit 727 millions €. Au total, depuis 2011, les dépenses pour la décontamination s’élèvent à 1 milliard 500 millions €. Cette politique de décontamination qui berne les esprits en leur inculquant que tous les efforts sont faits pour protéger la vie, n’a qu’un seul objectif : rassurer pour mieux contraindre au retour.

     Mises en scène et risques de la communication dans la société du spectacle
     Ce choix politique se met en place via une stratégie de communication sur le risque toujours plus perverse, assurant par exemple que le risque sismique, ou celui d’une éruption volcanique serait plus prégnant que le risque nucléaire (dixit Dr Kumagai Tomohiro, neurologue, Université médicale de Fukushima), que l’obésité et la tension sanguine conséquences du manque de sport (les personnes vivant dans les logements provisoires sur les zones contaminées limitant leurs sorties) seraient plus néfastes que l’irradiation (Dr Tsubokura Masaharu, hôpital général de Minamisôma, Université de Tokyo), ou encore enseignant aux élèves de primaires du département de Fukushima les méthodes pour filtrer le césium se trouvant dans la terre (workshops organisés par le Pr. Mizoguchi Masaru, Université de Tokyo). Il en est d’autres, tel le Pr. Hayano Ryugo (Université de Tokyo, fervent acteur du programme Ethos Fukushima), qui habilement font signer un rapport sur la radioactivité et ses bienfaits sur la santé par des lycéens du département de Fukushima entre autre, mais également des lycéens français, américains et biélorusses, avec qui la CIPR (Commission internationale de protection radiologique) et le programme Ethos organisent des séminaires, leur permettant de publier leurs œuvres dans un journal scientifique international et les mettant en scène lors d’une conférence de presse au Foreign Correspondent’s Club of Japan en décembre 2015. Car les soldats de la politique en faveur de la continuité du nucléaire ont bien compris le message concernant les générations futures et n’ont de cesse de les préparer à toujours mieux accepter leur avenir irradié à défaut d’être radieux.

     “Mon mari ne parle plus d’avenir”
     Néanmoins, les habitants ne sont pas dupes, et malgré l’appel du gouvernement au retour à vivre dans les zones contaminées et sa décision de rouvrir la totalité de la zone d’évacuation en mars 2017, les voix s’élèvent. Pas moins de 12.539 personnes ont ouvert un procès pour demander des dommages et intérêts, estimés au total à 895 millions € (113 milliards de yens). Cela reste limité si l’on considère les 99.991 réfugiés officiels de l’accident nucléaire dont environ 50.000 à l’intérieur du département de Fukushima. Parmi eux, 18.322 résident encore dans les logements provisoires, 30.000 habitent des logements du parc privé dont le loyer est pris en charge par l’Etat et 654 personnes vivent dans des logements publics. Tous verront leurs aides au logement prendre fin en mars 2017.
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      En outre, seuls 10 à 20% de la population du village d’Iitate, classé en zone prioritaire pour la reconstruction de la communauté, prévoient de revenir en cas d’amélioration de l’environnement. Ce taux est également celui exprimé pour la totalité des communes interrogées. Lors d’un symposium qui s’est tenu à Fukushima le 27 février 2016 sur la question de la possibilité ou non de revenir vivre dans le village, le professeur Imanaka Tetsuji, Professeur en physique nucléaire à l’Institut de recherche sur les réacteurs nucléaires de l’Université de Kyoto, estimait que malgré une baisse naturelle du taux de contamination environnemental, celui-ci est encore par endroit 10 à 20 fois supérieur au taux d’avant l’accident. Selon lui, la politique du refuge reste d’actualité, d’autant qu’il est totalement impossible d’enlever la contamination des montagnes environnantes. Par ailleurs, M. Masuda Naohiro (directeur en chef de la Commission de la centrale nucléaire de Fukushima) a confirmé le 2 mars 2016, que les trois cœurs des réacteurs 1, 2, et 3 avaient bien fondu et percé les cuves des réacteurs, mais qu’on ne savait pas où ils se trouvaient. Difficile de continuer à rassurer les foules dans un tel contexte.notes

     Le corps, lui, ne ment pas
     L’information concernant la multiplication du nombre d’enfants atteints de cancer de la thyroïde est diffusée au rythme des annonces de la commission sanitaire chargée d’effectuer les tests dans l’indifférence internationale la plus complète. Nous en sommes, en février 2016, à 167 enfants de moins de 18 ans atteints d’un cancer de la thyroïde ou suspectés de l’être sur un échantillonnage de 370.000 individus pour un taux naturel de 1 pour 1 million.
     Les spécialistes de la commission, dans la contradiction la plus complète, affirment qu’ils ne savent pas, tout en rapportant que l’on ne peut attribuer ces cancers aux radiations. L’argument avancé est le sur-diagnostic, soit le fait qu’un dépistage systématique engendrerait la prise de connaissance du nombre de cancer qui n’aurait pas été connu auparavant. Si ce raisonnement est tenable dans le cas d’un dépistage sur l’ensemble du territoire, il ne peut cependant l’être à partir du moment où l’on ne considère que la population à risque, ce qui est le cas ici, l’enquête sanitaire ne concernant que les habitants de Fukushima. Une étude sérieuse imposerait de généraliser les tests nationalement et sur l’ensemble des classes d’âge, afin de pouvoir effectuer des comparaisons par zone géographique.
     À l’inverse, la commission s’oriente vers une réduction des contrôles estimés trop coûteux. Le professeur Tsuda, épidémiologiste à l’université d’Okayama estime pour sa part qu’il est grand temps de s’alarmer. Lui et son équipe ont repris la totalité des données rassemblées d’octobre 2011 jusqu’en juin 2015. Ils ont mené une étude comparative, publiée dans la revue internationale Epidemiology, prenant en compte la moyenne connue de développement de cancer de la thyroïde sur l’ensemble du Japon par classe d’âge et par année afin de quantifier le rapport de causes à effets entre la pollution engendrée par les isotopes qui se sont répandus dans l’atmosphère après l’explosion de la centrale et l’accroissement du nombre de cancer de la thyroïde chez les enfants de moins de 18 ans dans la région.
suite:
     ”Si l’on fait une comparaison avec la moyenne nationalement connue, on en déduit, que le taux de cancer de la thyroïde des moins de 18 ans a été multiplié par 50. Dans les endroits où le taux est naturellement faible, on trouve une multiplication par 20 fois du nombre de cancers de la thyroïde. Dans les localités (au plan national) où le taux était le plus faible, nous n’avons pas encore détecté de cas de développement de cancer de la thyroïde.”

     Du Japon à la France, il n’y a qu’un pas: quand le taux tue
     La situation japonaise a pour but de prouver au monde que l’on sait gérer une catastrophe nucléaire alors qu’on ne le sait pas. Pour ce faire, les institutions internationales jouent de tour de prestidigitation via le relèvement des taux de sécurité dits “acceptables”, afin de permettre la réouverture de la zone d’évacuation, au pied d’une centrale dont la déliquescence se poursuit au fil du temps. Ainsi, le Journal Officiel de l’Union européenne (on notera ici que cela ne concerne pas uniquement le Japon), du 17 janvier 2014 préparait le terrain en annonçant : “Sans préjudice des niveaux de référence fixés pour les doses équivalentes, les niveaux de référence exprimés en dose efficace sont fixés dans l’intervalle de 1 à 20 mSv par an pour les situations d’exposition existantes et de 20 à 100 mSv (aiguë ou annuelle) pour les situations d’exposition d’urgence” (page L13/39 (Annexe I, article 1). Prenant le pas de la CIPR (Commission internationale de protection radiologique) qui fait référence en la matière, le ministère de l’Environnement japonais soutient, dans un rapport d’août 2014, qu’en-deçà de 100 mSv/an, il n’y aurait aucune conséquence sur la santé au grand dam des épidémiologistes (2), spécialistes de ces questions. À ce rythme, lors d’un prochain accident, on peut prévoir qu’il y aura une diminution considérable de la surface de la zone d’évacuation alors qu’il faudrait l’élargir. Cela permettra de faire chuter encore un peu plus le calcul du coût du risque de l’industrie nucléaire. C’est d’ailleurs ce que prévoit le plan CODIRPA (comité directeur pour la gestion de la phase post – accidentelle) élaboré pour la France par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) en 2005 dont l’objectif est clair, puisqu’il s’agit de gérer “la réhabilitation des conditions de vie dans les zones contaminées”.
     Pourtant, cette même Agence tire aujourd’hui la sonnette d’alarme. L’allongement de la durée de vie d’un parc nucléaire français déjà vétuste laisse le président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet, extrêmement prudent. Il a déclaré récemment, qu’il faut “imaginer qu’un accident de type Fukushima puisse survenir en Europe”...
notes
(1) Expression empruntée à Günther Anders, La menace nucléaire, Considérations radicales sur l’âge atomique, ouvrage paru en 2005, texte rédigé en 1959.
(2) Déclaration du Dr Kumagai Tomohiro lors d’un séminaire de l’ICRP sur l’éthique organisé à Fukushima en juin 2015
p.22a

Kumamoto, séismes proches des deux réacteurs nucléaires japonais remis en service
https://blogs.mediapart.fr/
18 AVRIL 2016
 
     Double tremblement de terre de Kumamoto les 14 & 16 avril 2016 à 120 km des deux seuls réacteurs atomiques en activité du Japon; au total 9 réacteurs à moins de 160 km de l'épicentre.
     Ces réacteurs sont tout au Sud du Japon (qui était un des refuges pour des gens de Fukushima...). Ils avaient été arrêtés comme tous les réacteurs atomiques du Japon pendant les années suivant Fukushima, mais deux, ceux de Sendai à ~ 40 km à l'Ouest du gros volcan actif Sakuma-Jira, ont été les premiers remis en route au Japon, il y a moins d'un an. Ils sont les deux seuls de tout le Japon en fonctionnement (deux à Takahama sur la côte Ouest de Honshu relancés il y a quelques mois, sont re-arrêtés). Pour les 7 autres, arrêtés, il y a absence d'un danger radioactif immédiat non gérable (beaucoup d'habitants doivent rester dehors au départ) mais ils contiennent du combustible irradié qui s’enflammerait si hors d'eau, relâchant les césiums 134-137 dans l'atmosphère.
     Il n'y avait pas eu de gros tremblement de terre dans l'île Kyushu depuis 1889. Le 14 avril 2016 la magnitude a été 6,2 profond de 10 km, puis le 16 avril de 7,3 de nouveau profond de 10 km seulement. Les systèmes de failles régionales sont très complexes, les prédictions assez impossibles. Les séismes de répliques, assez forts, se sont propagés vers le NE. L’accélération au sol n'a pas été très forte à la centrale de Sendai. Le gouvernement a décidé de la laisser en fonctionnement bien que dans l'état actuel des infrastructures, en cas d'accident, une évacuation serait extrêmement difficile, le train ne pouvant plus fonctionner, l'autoroute très endommagée fermée, des routes endommagées, électricité, eau, gaz coupés en zones atteintes, et qu'on amène (exposerait donc) des troupes sur la zone.
suite:
     Kyushu, séismes Kumamoto, réacteurs © Times Atlas, Ano Kyushu, séismes Kumamoto, réacteurs © Times Atlas, Ano
     Il s'agit donc de la centrale de Sendai au SE de l'île de Kyushu, à ~120 km au SSW de l'épicentre: 2 réacteurs de 890 MWé; de la centrale de Genkaï sur la côte Ouest de cette île à ~ 120 km au NW de l'épicentre: 4 réacteurs: 529, 529, 1127, 1127 MWé; et de la centrale de Ikata à la pointe Sud de l'île Shikoku à ~ 160 km au NE de l'épicentre (c'est la direction de la faille), 3 réacteurs, le n°1 538 MWé définitivement fermé, et 538 et 846 Mwé. Il y a de plus un (vieux) projet avancé de construction de 2 réacteurs à Kaminoseki tout au Sud de Honshu sur la côte presque en face au NW de ceux de Ikata et donc à peu près à la même distance de l'épicentre, projet bloqué depuis Fukushima.
     Il peut être rappelé l'histoire qui en un instant est devenue un drame irréparable pour bien des gens de Fukushima et au-delà: il y avait trois centrales électriques Tepco proches l'une de l'autre: deux atomiques, l'une au charbon/fioul. Le 11 mars 2011, un tsunami est venu les balayer. Une atomique a donné des sueurs froides, beaucoup de secrets, et est probablement fermée à jamais mais les déchets restent éternels et sans solution réellement acceptable. Celle au charbon/fioul a été réparée, les vergers d'à côté sont comme avant emplis d'enfants qui jouent, se chamaillent, rient, mangent les prunes car il n'y a pas d'émission possible de cette radioactivité qui attaque en premier lieu les enfants parce que leurs cellules se divisent beaucoup, moment de grande fragilité aux radiations. Le charbon est issu d'anciens arbres, le fioul d'anciens planctons marins, de matières vivantes comme nous. Comme une telle situation est la normalité personne n'a su qu'une centrale électrique au charbon/fioul avait été balayée par le tsunami.
p.22b

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