LaG@zette Nucléaire sur le Net!
N°283, mars 2017

HOMMAGE A BELLA BELBEOCH
Communiqué de presse
CENTRALE NUCLÉAIRE DU BUGEY: LES FUITES CONTINUENT
Association Sortir du Nucléaire Bugey:
28 impasse des Bonnes, 01360 Loyettes
Site internet: www.stop-bugey.org


 
    Le réacteur Bugey 3 de la centrale nucléaire du Bugey a été arrêté dans la nuit du 9 au 10 décembre 2016 pour permettre aux équipes de remplacer un détecteur de fumée et de réaliser une intervention sur une tuyauterie située en partie nucléaire de l'installation selon la communication d'EDF sur son site internet. Il était aussi précisé que cette tuyauterie est utilisée pour vidanger le circuit primaire lors des arrêts de maintenance.
    La communication d'EDF est relativement succincte et ne donne aucun détail sur l'objet et la nature de l'intervention. Cependant un rapport de l'IRSN récemment publié précise "afin de pouvoir remplacer une portion de tuyauterie, comportant deux vannes et un indicateur de débit, située sur la ligne de charge du circuit de contrôle volumétrique et chimique (RCV)". Ce rapport avait été demandé par l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN): Saisine ASN –CODEP-LYO-2016-047546 du 5 décembre 2016 non publique. Il était nécessaire puisque pour réaliser l'intervention souhaitée par EDF il fallait modifier temporairement les spécifications techniques d’exploitation (STE).
    Le rapport précise encore que, depuis début novembre 2016, une augmentation du débit de fuite primaire a été observée sur le réacteur n°3 de la centrale du Bugey (jusqu'à 74 l/h soit plus de 53.000 l/mois) et que, du fait l’humidité qu’elle a générée dans le bâtiment du réacteur (BR), cette fuite a en outre provoqué des défauts sur les détecteurs incendie situés dans le même local. Il n'est pas précisé la date de repérage de cette fuite, mais elle est sans doute bien antérieure à début novembre 2016. Ce qui préoccupait EDF étaient les dégâts causés et son évolution à la hausse, d'où la nécessité d'une intervention rapide. Du fait du contexte de novembre - décembre 2016 avec de nombreux réacteurs nucléaires arrêtés, EDF ne souhaitait pas un arrêt standard, trop long, d'où cette demande de modification des spécifications techniques d’exploitation, pour faire un arrêt de courte durée.
    Le circuit de contrôle volumétrique et chimique (RCV) est un des circuits auxiliaires d'une centrale nucléaire à eau pressurisée. Il joue un rôle très important lors du fonctionnement du réacteur nucléaire en assurant simultanément cinq fonctions distinctes:
    - l'appoint en eau, notamment au cours des phases de chauffage/ refroidissement du réacteur, de façon à compenser la dilatation ou contraction de l'eau du circuit primaire avec la température;
    - le contrôle de la teneur en acide borique* (nécessaire pour contrôler la réactivité de la réaction nucléaire dans le cœur du réacteur);
    - la purification et le contrôle chimique de l'eau du circuit primaire ;
-l'aspersion auxiliaire au pressuriseur lorsque les pompes primaires sont à l'arrêt;
    - l'injection d'eau au circuit d’étanchéité des joints des pompes primaires.
    En conséquence, cette fuite d'eau n'était pas bénigne puisqu'elle touchait à un organe vitale de la sûreté du réacteur Bugey 3. S'agissant du circuit primaire du réacteur, l'eau de fuite était nécessairement chargée en  radioactivité.
    L'association Sortir Du Nucléaire Bugey dénonce la communication a minima d'EDF et la non information de la Commission Locale d'Information (CLI) de la centrale. Une fois de plus il s'agit d'un problème de fuite de tuyauterie ou de vanne lié à la vétusté de cette centrale. Pourtant ce réacteur avait été arrêté du 28 février au 4 avril 2015 pour renouvellement du tiers de son combustible et réaliser un programme de maintenance, de contrôles préventifs et d'essais réglementaires.
suite:
     Du 2 juin au 27 août 2016, ce réacteur était de nouveau arrêté pour procéder à une visite partielle lors de laquelle les équipes de la centrale ont réalisé d’importantes opérations de maintenance dont 21.500 heures de travail consacrées aux activités liées à la robinetterie et 14.500 heures consacrées aux examens et contrôles de différents matériels (vannes, moteurs, pompes, etc.). Malgré ces visites de maintenance et, seulement quelques semaines après la remise en service, une fuite importante apparait ce qui traduit bien le fait que cette centrale est à bout de souffle et met en danger les populations environnantes.
    Compte tenu du peu de communication d'EDF Bugey, on peut imaginer que bien d'autres problèmes nous sont cachés et notre association demande l'arrêt immédiat des quatre réacteurs de cette centrale nucléaire, d'autant que cet hiver, on a bien vu qu'on pouvait se passer de plusieurs réacteurs nucléaires sans que les français soient privés d'électricité. Nous rappelons aussi que les réacteurs de Bugey comportent des pièces livrées et installées non conformes aux règles de la sûreté nucléaire, suite aux graves falsifications dans les usines d'AREVA et du japonais JCFC, dont 6 irrégularités sur le réacteur Bugey 3.

A l’attention des membres de la Commission locale d’information de la centrale du Bugey  (15-02-2017)
    Mesdames, Messieurs,
    Comme vous le savez, l’unité de production n°5 de la centrale nucléaire du Bugey est à l’arrêt depuis 2015 pour un défaut affectant son enceinte de confinement.
    Les expertises concernant ce défaut d’étanchéité ont été menées dès détection et se sont poursuivis en 2016. EDF a, le 7 avril 2016, déposé auprès de l’Autorité un dossier proposant une solution de traitement de l’inétanchéité. L’ASN a par la suite saisi son expert technique, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), pour étudier cette solution. Cette dernière rendra son avis prochainement à l’ASN qui statuera alors sur l’intégralité du dossier dans un délai non précisé.
Lors de la CLI du 10 mars prochain, l’IRSN, l’ASN et la centrale du Bugey présenteront plus en détail ce dossier.
    Dans le cadre de cette présentation, je souhaite d’ores et déjà vous informer qu’EDF, en accord avec l’ASN, engagera dès le 16 février prochain, des travaux de remise en état de l’enceinte de confinement pour un retour à
l’identique à la situation préalable aux investigations réalisées sur cet ouvrage.
    Les travaux concerneront:
    - Des reprises de peinture du liner métallique recouvrant la paroi de l’enceinte au niveau des zones expertisées;
    - Le rebouchage des niches qui ont permis les recherches de défauts sur l’enceinte;
    - La réfection des angles de la dalle du radier abîmés par les investigations;
    - La préparation de la surface nécessaire à la mise en œuvre d’une solution de traitement du défaut.
    Comme vous l’aurez compris, ces travaux préparatoires sont indépendants des travaux de réparation proposés à l’ASN et dont le dossier est toujours en cours d’instruction.
    Nous aurons l’occasion d’en parler lors de notre réunion plénière du 10 mars prochain à 16h pour laquelle vous recevrez prochainement une invitation.

Véronique BAUDE
Présidente de la CLI du CNPE Bugey

pp.28-29
* Vous lirez certainement avec intérêt le N°147/148 (1996!) de la Gazette nucléaire consacré au problème, largement méconnu, des rejets... chimique des centrales nucléaires...

Note d’information
Le 9 février 2017
Incident à la centrale nucléaire de Flamanville (Manche) – Réacteur n°1 (1.300 MWe)
Incident à Fessenheim  Réacteur n°1

 
     AVIS IRSN: «Un départ de feu entraînant une détonation» s'est produit vers 10 heures, jeudi 9 février, dans la salle des machines du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche), dans une zone non nucléaire, annonce EDF dans un communiqué. «Le départ de feu a été immédiatement maîtrisé par les équipes de la centrale», ajoute l'électricien. L'incident est «fini», affirme à la mi-journée le préfet, cité par l'AFP.
     Selon les informations recueillies par l’IRSN auprès d’EDF, une détonation a été entendue en salle des machines du réacteur n°1 de Flamanville, alors en production. Cette détonation a été suivie d’un dégagement de fumée qui activa une alarme incendie en salle de commande. L’ensemble de ces éléments a conduit au déclenchement de la turbine du réacteur, sans arrêt automatique du réacteur.
     Les opérateurs ont alors engagé la mise à l’arrêt du réacteur conformément aux procédures, sans difficulté particulière. En parallèle, les équipes d’intervention de l’exploitant ont pu maîtriser rapidement le départ de feu situé près de l’alternateur, épaulées par la suite par le SDIS de la Manche (Service départemental d’incendie et de secours).
     À midi, la situation était totalement maîtrisée et le réacteur en phase de mise à l’arrêt normal. De manière préventive, l’exploitant a procédé à la vidange de la totalité de l’hydrogène présent dans l’alternateur avant d’éviter une nouvelle explosion, l’hydrogène servant au refroidissement de celui-ci en fonctionnement.
     Les premières investigations menées par EDF ne permettent pas encore d’expliquer l’origine de la détonation.
     Plusieurs pistes sont actuellement explorées par l’exploitant (défaillance d’un ventilateur proche de l’alternateur avec des effets collatéraux, défaillance éventuelle d’une phase de l’alternateur...).
     La défaillance matérielle étant située en salle des machines, c’est-à-dire en dehors de l’îlot nucléaire, cet incident n’a eu aucune conséquence sur la sûreté du réacteur et aucun impact sur l’environnement.
     Douze personnes présentes dans la salle des machines ont été «choquées» et prises en charge par le service médical de la centrale.
suite:
     Une fois l’ensemble des investigations menées et l’origine de la défaillance clairement établie, l’exploitant procédera aux contrôles et aux remises en conformité nécessaires. Dans ce cadre, l’IRSN, en appui à l’Autorité de sûreté nucléaire, s’assurera que tous les enseignements auront été tirés de cet événement et que les actions appropriées ont réalisées par l’exploitant.

France: Flamanville: Explosion en salle des machines, 5 blessés, 9 février 2017
      Une explosion a été ressentie dans la centrale nucléaire de Flamanville, dans la Manche, ce jeudi 9 février au matin. La préfecture exclut tout risque nucléaire. Cinq personnes ont été intoxiquées.
     Ce que dit Ouest-France, à 11h:
     Une explosion a retenti dans la salle des machines de la centrale nucléaire de Flamanville ce jeudi 9 février vers 9h40.
     Un premier bilan fait état de 5 blessés légers, selon LCI. Elles auraient été légèrement intoxiquées, précise la préfecture.
     Un dégagement de fumée aurait été signalé au cœur de la centrale mais hors zone nucléaire. La production du réacteur 1 a néanmoins été stoppée.
     Le Plan particulier d’interventions (PPI) n’est pas déclenché car il y a une absence de tout risque nucléaire, selon la Préfecture. Un poste médical avancé, véhicule qui prend en compte plusieurs victimes, a été envoyé sur place.
     Ce que dit l’Express, à 12h14:
     Une explosion a été ressentie dans la centrale nucléaire de Flamanville, dans la Manche, ce jeudi matin. La préfecture exclut tout risque nucléaire. Cinq personnes ont été intoxiquées.
     Ce jeudi matin, vers 9h40 une explosion a retenti dans la salle des machines de la centrale nucléaire de Flamanville a indiqué à L’Express la préfecture de la Manche, confirmant une information de Ouest-France. EDF, le propriétaire du site, précise qu’il s’agit "d’un départ de feu entraînant une détonation", qui a été "immédiatement maîtrisé par les équipes de la centrale".
p.29

 
      Selon la préfecture, "il n’y a pas de risque radiologique" car l’explosion n’a pas eu lieu dans une zone nucléaire. Elle indique également que le plan particulier d’intervention (PPI), déclenché pour protéger les populations en cas d’accident grave, n’a pas été mis en place.
     Plusieurs pompiers sont actuellement sur place a appris L’Express et ils seraient toujours en cours d’intervention à 11h30." Conformément à nos procédures, les pompiers se sont rendus sur place et ont confirmé l’absence de feu", a pour sa part indiqué EDF. Selon Olivier Marmion, le directeur de cabinet du préfet, il n’y a pas de blessés graves, mais cinq personnes ont été légèrement intoxiquées. Vers 12h, le préfet de la Manche a indiqué que l’incident était terminé.
     Ce que dit France Info, à 12h43:
     Explosion à la centrale nucléaire de Flamanville: l’incident est "fini", annonce le préfet.
     "Un départ de feu entraînant une détonation" s’est produit vers 10 heures, jeudi 9 février, dans la salle des machines du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche), dans une zone non nucléaire, annonce EDF dans un communiqué. "Le départ de feu a été immédiatement maîtrisé par les équipes de la centrale", ajoute l’électricien. L’incident est "fini", affirme à la mi-journée le préfet, cité par l’AFP.
     "Il ne s’agit pas d’un accident nucléaire", explique la préfecture. "C’est un événement technique significatif", mais l’explosion s’est produite "hors zone nucléaire", a déclaré à l’AFP Olivier Marmion, directeur de cabinet du préfet, précisant que les secours étaient sur place.
     "Un ventilateur a connu un dysfonctionnement matériel", explique le préfet de la Manche, Jacques Witkowski, sur France info. "Ce n’est pas un incendie avec dégagement de flammes, mais qui a dégagé beaucoup de fumée parce que quand une gaine électrique brûle, ça dégage beaucoup de fumée", précise-t-il.
     Cinq personnes ont été légèrement intoxiquées. Selon la préfecture, l’explosion n’a fait aucun blessé grave.

     Ce que dit EDF:
     Publié le 09/02/2017
     Départ de feu dans la partie non-nucléaire de l’unité de production n°1 de la centrale EDF de Flamanville.
(suite)
suite:
     Ce que dit l’ASN:
     Publié le 09/02/2017
     L’Autorité de Sûreté Nucléaire a été informée ce matin de la survenue d’un évènement à la centrale de Flamanville. Une détonation et un départ de feu au niveau d’un ventilateur situé sous l’alternateur se sont produits le 9 février vers 9h45 dans la zone non nucléaire (salle des machines) du réacteur n°1. Le feu a été rapidement maîtrisé par les équipes d’EDF. Cet événement n’a pas causé de blessés graves et n’a pas eu de conséquences sur la sûreté nucléaire ni sur l’environnement. L’exploitant a entrepris la mise à l’arrêt du réacteur 1.
    L’ASN demandera à EDF de lui fournir une analyse complète des causes et des conséquences de l’événement.

     Commentaire
     Il s’agit d’une détonation et d’un départ de feu au niveau d’un ventilateur situé sous l’alternateur. Cet alternateur est refroidi par de l’hydrogène. Le ventilateur permet d’empêcher l’accumulation d’hydrogène pouvant conduire à une explosion (détonation). Le ventilateur s’est probablement coincé et a chauffé, ce qui  conduit à la détonation et un feu pour tous les câbles présents. Attendons plus de détails…..

ET FESSENHEIM
 réacteur 1 => N/Réf: D5190°17F0013-100–DOC
     Objet: intervention des secours externe
     Lettre à la CLI
     En application de la convention d’information entre la Préfecture du Haut-Rhin et le Centre Nucléaire de Production d’Electricité de Fessenheim, nous vous informons que, le mardi 31 janvier 2017, aux environ de 9h50 un léger dégagement de fumée a été constaté en salle des machines (partie non nucléaire de l’installation) de l’unité numéro 1, actuellement en production.
     Par mesure préventive, la salle des machine a été évacuée et les secours externes du SDIS ont été appelés. A leur arrivées sur le site, les pompiers ont pu confirmer l’absence de feu. Une partie de l’effectif mobilisé a quitté  la centrale dès 11h.
     Les investigations sont en cours pour identifier l’origine de cet événement. Je reste à votre disposition pour toute information complémentaire.
Denis EVEILLAU astreinte Direction PCD1

     Commentaire
     Il est évident que cet incident est en cours d’analyse: on en attend le rapport. Il y a encore moins d’explication que pour Flamanville.
Mais les réacteurs ont des problèmes de feu en salle machine…
p.30

PROLONGATION DE LA VIE DES CENTRALES NUCLÉAIRES:
l’IRSN liste les difficultés rencontrées par EDF

11 février 2017

 
    L’IRSN  a évalué la qualité de l’exploitation des réacteurs EDF. L’accent est mis sur les points essentiels en vue  de la prolongation de leur durée de vie au-delà de 40 ans, dont la conformité des installations et leur maintenance. Entre 2012 et 2014, EDF a rencontré «des difficultés récurrentes» dans le maintien de la conformité de ces installations, un sujet essentiel alors que l’entreprise s’apprête à engager le «grand carénage». L’entreprise a aussi été confrontée à des problèmes de qualité de maintenance, de maintien de la qualification des équipements, de surveillance des réacteurs nucléaires et d’analyses des risques. En matière d’environnement, elle a rencontrée des problèmes liés au confinement des effluents liquides radioactifs et chimiques.
     L’IRSN constate que les incidents restent à un niveau élevé et ne diminue pas: ceci lui prouve le manque d’efficacité des plans d’actions présentés pour améliorer le fonctionnement des réacteurs.
    L’IRSN pointe :
    Le manque d’expérience de certains agents
    L’IRSN constate que la gravité des événements, par contre, est  stable, ce qui est un point positif. Pour le reste, l’IRSN reste critique: de façon générale, l’IRSN note que l’exploitation des centrales manque de rigueur: «les défauts de surveillance de l’installation, de la part des opérateurs en salle de commande, des rondiers du service de conduite et des chimistes lors des prélèvements, sont en augmentation». L’IRSN en conclut «qu’il y a un manque de connaissance et d’expérience de certains agents» et des difficultés d’organisation, entraînant une surcharge d’activité à certaines périodes.
    Dans la perspective du prolongement de la durée de vie des réacteurs, l'IRSN s'est penchée sur les défauts de conformité au référentiel de sûreté qui regroupe les exigences de conception, de construction et d'exploitation. Ces écarts peuvent être liés aux erreurs de conception, de réalisation, de qualification ou d'exploitation. Le suivi du vieillissement des matériels et la maintenance sont des points essentiels du maintien de la conformité des installations. Le document souligne que ce sont les réacteurs les plus anciens, ceux de 900 MW, qui sont les plus touchés par ces défauts. Ceux-ci "ont principalement pour origine des difficultés importantes rencontrées par certains exploitants" pour maintenir la qualification des équipements importants pour la protection et maîtriser le référentiel de maintenance.

     Maintenance insuffisante
     S'agissant de la maintenance et des modifications effectuées sur les installations, l'IRSN note que les incidents "restent à un niveau élevé et ne diminuent pas, [ce qui] témoigne d'un manque d'efficacité des plans d'actions mis en œuvre par EDF".
(suite)
suite:
     EDF s'est engagée à améliorer ses procédures avant de modifier certains équipements des réacteurs de 900 MW dans le cadre de leur quatrième visite décennale. En effet, le passage des 40 ans nécessitera de très nombreux travaux.
     En l'occurrence, l'avis de l'IRSN donne l'image d'une entreprise débordée par les travaux à effectuer sur ses réacteurs. EDF subit aussi l'absence de planification pluriannuelle stabilisée et de programmes de maintenance adaptés. L'entreprise fait aussi face à des écarts récurrents dans l'application de ses programmes. Enfin, elle est confrontée à la nécessité de maintenances exceptionnelles sur de gros composants. "Ceci est accentué dorénavant par un vieillissement des installations", souligne l'IRSN. Là encore, la remarque est importante dans le cadre de la prolongation de la durée de vie des installations. Face à ces difficultés, EDF a tendance à repousser ses programmes de maintenance préventive, c’est-à-dire la révision, la réparation ou le remplacement des équipements avant que survienne une avarie. C’est «une pratique contestable qui peut faire perdre le bénéfice du caractère préventif d'un suivi» insiste l'IRSN. Conséquence «les programmes de maintenance actuellement d'application sur site ne sont pas suffisants».

     Fuites d'effluents radioactifs liquides
     Sur le plan environnemental, le principal point d'attention de l'IRSN concerne le confinement des liquides radioactifs. "Sur la période 2012-2014, le nombre d'événements en lien avec le confinement liquide a augmenté", constate l'Institut qui rappelle que les fuites liquides peuvent conduire à un marquage radioactif des sols et sous-sols. Ces défauts d'étanchéité de certains moyens de stockage d'effluents liquides soulèvent des questions: le vieillissement des installations et la qualité de l’exploitation sont en cause. L’IRSN pointe du doigt les centrales nucléaires de Gravelines (Nord) et de Paluel (Seine-Maritime). Selon EDF, leurs installations de stockage souffrent de l'air salin. Mais pour l'IRSN, l'explication se trouve aussi ailleurs: EDF a appliqué «de manière imparfaite» les contrôles demandés au titre de la maintenance préventive. De plus, «malgré la gravité des défauts constatés à Gravelines, aucune opération de contrôle complémentaire des revêtements internes des réservoirs des autres sites, notamment de ceux situés en bord de mer, n'a été entreprise par EDF (hormis à Paluel)», critique l'Institut.
    Quant aux déversements accidentels de liquides radioactifs, ils font l'objet d'un renforcement des procédures. Ainsi, pour éviter que les déversements accidentels n'atteignent l'environnement, EDF a installé des bassins de confinement sur sept centrales et des obturateurs gonflables sur le réseau d'égouts des autres sites. L'IRSN indique que «des dysfonctionnements des obturateurs ont été constatés sur certains sites». EDF mène l'enquête pour identifier l'origine de ces dysfonctionnements.
p.31a

Démantèlement des centrales nucléaires: à quel coût et sur quelle durée ?
Rapport mission d’information de l’Assemblée Nationale N°4428  du 3 février 2017
1er février  2017

 
     La mission d’information de l’Assemblée nationale sur la faisabilité technique et financière du démantèlement des installations nucléaires de base a rendu public son rapport le 1er février 2017. Le parc nucléaire français se compose des 58 réacteurs en activité, et de neuf réacteurs anciens, déjà en cours de démantèlement.
     Une sous-évaluation des charges et de la complexité du démantèlement
     Pour le démantèlement des centrales nucléaires, EDF prévoit des économies d’échelle du fait de la standardisation de son parc, à partir d’une extrapolation de démantèlement tirée de la centrale de Dampierre. La facture totale du démantèlement est estimée par EDF à 60 milliards €, dont environ 26 milliards pour la «déconstruction» des centrales et 29 milliards pour la gestion à long terme des déchets radioactifs. Or, selon la mission, l’effet d’échelle attendu par EDF «semble globalement apprécié de manière trop optimiste».
     La faisabilité technique que nombre d’exploitants considèrent comme maîtrisée n’est pas entièrement assurée. En témoignent les premières expériences de démantèlement entreprises par EDF (Brennilis, Superphénix et six réacteurs fonctionnant au graphite-gaz). Par exemple, le démantèlement de la centrale de Brennilis, exploitée pendant 18 ans et à l’arrêt depuis 1985 (31 ans!), ne devrait être achevé qu’en 2032. La gestion des déchets issus du démantèlement, la saturation de certains sites de stockage et le recours important à la sous-traitance sont également source de délais et de coûts.
suite:
     Contrairement aux premières prévisions, le démantèlement des installations nucléaires prendra vraisemblablement plus de temps que prévu. EDF a annoncé le report à l’horizon 2100 du démantèlement des plus vieux réacteurs fonctionnant à l’uranium naturel graphite-gaz (UNGG). Cette décision, non validée par l’Autorité de sûreté nucléaire, s’explique par le fait que la faisabilité technique n’est pas acquise pour ces installations qui ont été conçues sans la perspective de devoir les démanteler un jour (!).
     Enfin, la Cour des comptes et l’Agence internationale de l’énergie mettent en évidence la faiblesse des provisions pour démantèlement d’EDF comparativement à celles des autres exploitants.
     Les recommandations de la mission
     - Revoir les règles de prévision des coûts du démantèlement en établissant des provisions par réacteur, en prenant en compte les frais de remise en état des sites, le coût d’évacuation et de traitement du combustible usagé ainsi que le coût social du démantèlement.
     - Établir un agenda prévisionnel des réacteurs à démanteler afin de permettre la mise en place d’une filière «pérenne et solide» du démantèlement.
     - Assouplir les règles relatives aux déchets à très faible activité sous réserve d’une traçabilité: aptitude à retrouver l’historique, l’utilisation ou la localisation d’un produit au moyen d’une codification spécifique, stricte dès le premier réemploi pour un usage industriel.
     - Faciliter la mise en concurrence pour démanteler par le biais d’appels d’offre.
     - Accélérer le démantèlement des réacteurs graphite-gaz, en prévoyant par exemple le lancement d’appel d’offres fondé sur le prix et les délais et dans le strict respect des normes de sûreté et de sécurité.
p.31b

G@zette
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