7 novembre 2017 • Jean Revest

Forum Social Mondial Antinucléaire à Paris
EDF : après le fiasco Areva,
l'électricien atomiste est à son tour dans la tourmente
Par Jean Revest le mardi 7 novembre 2017

Après son éviction du CAC40 en décembre 2015, EDF est de plus en plus ébranlé par ses projets délirants de EPR àFlamanville et en Angleterre et l'état grabataire de ses réacteurs atomiques. Sans un abandon immédiat du nucléaire et un repositionnement stratégique technologique les analystes financiers ne donnent pas cher de sa peau. Malgré son renflouement à coups de milliards d'euros par le gouvernement.

Tricastin, Paluel, Bugey, Flamanville,... la liste des défectuosités et mauvais état plus que dangereux des centrales nucléaires de EDF engendre des arrêts de production électrique à répétition. La crédibilité technique et financière de l'atomiste est plus qu'ébranlée. Sans même parler des histoires de digues défaillantes (1), du dégraissage des effectifs, de l'exposition des travailleurs et de la population à la radioactivité, des espoirs décevants à l'export. Qu'on en juge.

EDF : un résultat net par action de ... 0,43 euro
Le 29 octobre 2017 au matin l'action EDF à la bourse subit une nouvelle dégringolade de 1,76% (à 11,135¤) et même de 2,7% à l’ouverture du 30 octobre. L'électricien atomiste accuse la plus forte baisse du « SBF120 ». Les objectifs de profits financiers liés à la vente d'électricité pour 2017 chutent en proportion de la production (383/387 TWh au lieu des 385/392 TWh espérés) malgré le "don" de près de 4 milliards octroyé par le gouvernement sur les finances publiques et puisés dans la poche des contribuables (2). Rien qu'en 2017 Areva et EDF auront coûté 9,3 milliards d’euros aux finances publiques. Plus que les réductions budgétaires démoniaques sur les budgets cumulés de la santé, de l'éducation, de la culture, du social, des services publics,...

Dans une note publiée fin octobre, le bureau d’analyse «Morningstar » s’agace de la communication financière plutôt déconcertante d’EDF : «Ce deuxième profit-warning en deux ans interroge sur la crédibilité des dirigeants...». (3) et d'abaisser de 14% son estimation de bénéfice net ajusté pour 2017. L’analyste prévoit ainsi un résultat net par action de ... 0,43 euro !

Sur 3 ans l’action EDF recule de 45% et de 25% en 5 ans.
Comme le disait il y a quelques jours, non sans euphémisme, un analyste financier : « Hormis les contraintes techniques liées à des questions de sûreté, le groupe doit aussi faire face à une série de lourds défis financiers et stratégiques difficiles à gérer tant pour la direction que son actionnaire majoritaire, l’Etat ».

EDF et l'ensemble du lobby nucléaire sont à nouveau confrontés au principe de réalité. Et l'analyste de poursuivre : « Elle (EDF) s’est orientée, à la demande expresse de l’Etat son actionnaire (ndlr : et sous les injonctions du « corps des mines » noyautant les cabinets ministériels et l'appareil d'Etat), vers une stratégie nucléaire ambitieuse et surtout très coûteuse en capitaux, tout en devant récupérer les «pots cassés» d’Areva... alors que se profile également à l’horizon l’énorme projet de construction de réacteurs d’Hinkley Point (en Angleterre) » (4).

« La route est toujours sinueuse et la pente est forte pour EDF... C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé» commentait déjà le journal « l'Opinion » en juillet 2017. Les salarié-es du groupe ont intérêt à prévoir sans tarder leur repositionnement professionnel, les contribuables à s'opposer à des démantèlements ruineux et accroissant les déchets radioactifs mortels, les élu-es des territoires à se préparer à devoir gérer des budgets encore plus réduit et la sécurisation des friches industrielles sans lendemain du nucléaire.

Notes

1 - non-résistance au séisme majoré de sécurité (SMS) comme à la centrale atomique du Tricastin (Drôme-Vaucluse)1.

2 -L'EBITDA est un indicateur financier américain qui correspond approximativement à un excédent brut d'exploitation (EBE) français. Il s'agit du bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (BAIIDA) appelé en anglais : earnings before interest, taxes, depreciation, and amortization (EBITDA). En résumé : le bénéfice d'une société avant que n'en soient soustraits les intérêts, les impôts et taxes, les dotations aux amortissements et les provisions sur immobilisations et après dotations aux provisions sur stocks et créances clients.

3 - www.lerevenu.com/.../edf-revision-en-baisse-des-objectifs-2017

4 - bourse.lefigaro.fr/.../edf-a-nouveau-confronte-au-principe-de-realite-6295129