8 juin 2023 • IRSN

Analyse du retour d’expérience de l’exploitation des réacteurs électronucléaires - Année 2021
Avis IRSN n° 2023-00079 - 8 juin 2023
(Extraits des conclusions de l’avis)

L’évaluation par l’IRSN du retour d’expérience de l’exploitation des réacteurs d’EDF de l’année 2021 ne met pas en évidence les améliorations attendues en matière de sureté et de radioprotection des travailleurs, malgré les plans d’actions engagés par EDF à partir de 2019.

En matière de sûreté, le nombre d’événements significatifs en 2021 est resté stable par rapport à 2020 et se hisse au même niveau qu’en 2019, année pour laquelle ce nombre avait atteint son plus haut niveau. L’examen du retour d’expérience d’exploitation de l’année 2021 met en exergue :

• une hausse significative du non-respect des spéci-fications techniques d’exploitation depuis 2018, dans un contexte où, de manière générale, les règles générales d’exploitation se sont complexifiées au gré des réexamens périodiques successifs, et où EDF anticipe massivement le déploiement des modifications matérielles, réacteur en production. Le plan d’actions mis en œuvre par EDF depuis 2020 n’a pour le moment pas permis d’infléchir la tendance observée et EDF devrait ainsi envisager de le réviser, afin que la démultiplication des activités et la complexification des référentiels d’exploitation ne constituent pas, dans les années à venir, des facteurs de détérioration de la sûreté ;

• un nombre trop élevé de défaillances de systèmes de sauvegarde, dont une recrudescence d’événements, affectant les groupes électrogènes de secours à moteur Diesel dont les origines sont multiples [Cf. l’Avis d’incident de l’ASN ci-après] ;

(...)

Au terme de son analyse du REX d’exploitation de l’année 2021, l’IRSN estime donc que, dans l’ensemble, le niveau de sûreté du parc reste mitigé et n’est pas meilleur que l’année précédente, mettant en lumière des points de fragilité déjà connus. EDF reconnaît l’existence de certains de ces points de fragilité, notamment en ce qui concerne les « fondamentaux » de la conduite des installations, et se repose, pour les consolider, sur le programme « START 2025 ». L’IRSN souligne que des attentes fortes pèsent sur ce programme, dont il conviendra d’apprécier l’efficacité dans les années à venir.

Pour ce qui concerne la radioprotection, l’IRSN souligne, concernant l’année 2021, la hausse de la dose collective et de la dose individuelle moyenne, en raison de nombreux reports d’activités de maintenance et d’arrêts de réacteurs de 2020 à 2021. L’IRSN souligne également l’enjeu dosimétrique croissant pour les spécialités professionnelles les plus exposées dans le contexte des activités consécutives à l’affaire CSC.

(...)

En fin d’année 2021, l’émergence du phénomène de CSC des tuyauteries en acier inoxydable a entraîné de premières mises à l’arrêt de réacteurs de 1450 MWe, quelques autres arrêts en 2022 et de nombreux autres en

2023, en particulier pour les réacteurs de 1300 MWe (P’4). Dans ce contexte, EDF a proposé début 2022 une stratégie de contrôle de l’ensemble des réacteurs des différents paliers s’étendant de 2023 à 2025. Ces activités de contrôle et de réparation présentent un enjeu radiologique élevé et impliquent des délais de réparation longs.

De ce fait, les arrêts de réacteurs se voient prolongés et replanifiés eu égard aux extensions des contrôles et des réparations réalisés. L’affaire CSC inscrit donc dans la durée les difficultés provoquées par les « arrêts longs », notamment les remises en question des périodicités des opérations de maintenance préventive et des essais périodiques. Cette situation et l’ensemble des consé-quences de cet événement singulier, le phénomène de CSC faisant par ailleurs l’objet d’expertises dédiées, seront examinées à l’occasion de la prochaine analyse annuelle du retour d’expérience d’exploitation.

IRSN, 8/06/23]