A la suite
de la crise pétrolière, le gouvernement a décidé,
en mars 1974, un important programme de construction de centrales nucléaires.
Malgré les déclarations rassurantes des «experts»,
il est vite apparu que ce mode de production d'énergie n'a pas toutes
les qualités qu'on lui prête.
I - LES PROBLEMES TECHNIQUES a) les déchets
Annexe 1 5.4. Séparation des actinides:
5.7. Destruction des produits de fission
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5.3. Prévision des rejets à partir
des usines de retraitements
Tableau 19
Notons que pour les émetteurs a, les valeurs du tableau résultent d'une extrapolation à partir de l'exploitation actuelle des usines de retraitement, et ne tiennent pas compte des améliorations futures dans les procédés. Annexe 3 DECRET MINISTERIEL - Journal Officiel de la République
Française, 21 juin 1966, p. 5067
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L'unique usine de retraitement actuellement encore en fonctionnement dans le monde [2] , celle de la Hague, n'est pas adaptée au retraitement des déchets des nouvelles centrales (PWR) et soumet ses employés à des doses croissantes d'irradiation. Annexe 4 Les travailleurs de la Hague sont de plus en plus irradiés. «L'électronucléaire en France», Syndicat CFDT du CEA, p.359: De plus, les centrales nucléaires étant disséminées sur tout le territoire, le retraitement se faisant à la Hague, des produits très radioactifs devront être transportés en quantité importante, par la route et le train.
b) Les rejets d'eau chaude Dans une centrale nucléaire du type adopté en France (PWR), la désintégration de l'Uranium 235 sert à échauffer de l'eau (circuit primaire) qui réchauffe un autre circuit d'eau dont la vapeur sert à produire le courant électrique. Les conditions de fonctionnement et les lois de la thermodynamique sont telles que les deux tiers de la chaleur produite sont perdus, rejetés sous forme d'eau chaude ou de vapeur. Etant donnée la puissance de ces centrales, puissance que les constructeurs ne cessent d'accroître, d'énormes quantités de chaleur sont dissipées, selon les cas, dans l'atmosphère, les cours d'eau ou la mer. La récupération de cette chaleur n'est pas envisagée [4]. (suite)
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Les «responsables» affirment qu'une centrale nucléaire ne peut pas exploser. C'est vrai, sauf pour les surgénérateurs. Mais, même sans explosion, un accident peut arriver, appellé fusion du coeur, qui, s'il se produisait, relâcherait dans l'atmosphère d'importantes quantités de matériaux.radioactifs pouvant, selon les conditions atmosphériques et la densité de population, produire un nombre de victimes atteignant plusieurs milliers et entraînant par ailleurs l'interdiction de pénétrer dans la zone contaminée pendant une longue période. Un tel accident est peu probable, mais les estimations de sa probabilité ne sont pas très sérieuses[5]: la même méthode avait été utilisée pour estimer les risques d'accidents des capsules Apollo; les faits ont contredit les résultats des calculs. De nombreux scientifiques (rapport Kendall) ont contesté les calculs officiels. Le dispositif de sécurité ultime contre cet accident (ECCS) qui consiste à noyer le coeur du réacteur pour le refroidir, n'a, aux essais, jamais fonctionné de façon satisfaisante. Annexe 5 9. Pendant la décade écoulée, une inquiétude
croissante dans les milieux techniques américains a été
alimentée par une série de rapports de l'AEC. Ces rapports,
de plus en plus troublants, recommandent que des recherches intensives
soient poursuivies; or la plupart de ces recherches n'ont pas été
effectuées, et certaines d'entre elles ne sont même pas encore
programmées. L'adéquation des codes et de leurs données
de base a fait l'objet d'une étude, effectuée selon des règles
très strictes lors d 'une année et demie d 'auditions de
l'AEC à Dethesda, dans le Maryland, à partir du mois de janvier
1972. Le volumineux compte rendu (plus de 40.000 pages) de ces auditions
est très insuffisant sur de nombreux points; cependant, à
la fois les témoignages faits sous serment et les documents à
usage interne montrent que la majorité des experts de la sécurité
des réacteurs sur lesquels l'AEC s'appuie pour ses recherches ou
ses évaluations techniques, ont désavoué la position
officielle de l'AEC selon laquelle le degré de sécûrité
des LWR serait convenable.
1. Actuellement contestées. En cas de dépassement des normes, le seul remède actuel est la fuite. 2. D'autres usines qui avaient retraité des combustibles irradiés aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, en Belgique, en Allemagne de l'Ouest sont toutes arrêtées depuis 1974. 3. Pour lutter contre le bruit, des municipalités ont interdit la traversée d'agglomération par des poids lourds la nuit. 4. La récupération de la chaleur: - abaisserait le rendement électrique de la centrale - obligerait à rapprocher celle-ci des agglomérations, ce que les pouvoirs publics se refusent à envisager pour des raisons de sécurité. 5. Peuvent-elles scientifiquement l'être? p.3
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Quant à la rupture
possible de la cuve des réacteurs, le risque existe, bien qu'il
ne soit jamais pris en compte: communication à la conférence
de Paris - La Maturité de l'énergie nucléaire
: L'analyse de sûreté des chaudières nucléaires
(des cuves) à eau pressurisée demande de vérifier
qu'il n'existe pas de risque de rupture brutale des cuves dans les diverses
situations de fonctionnenient et particulièrement au cours des situations
accidentelles associées à la rupture d'une canalisation primaire
ou
d'une canalisation de vapeur (Application de la mécanique de
la rupture aux cuves de réacteurs à eau sous pression, A.
Pellissier, Tenon et col., Framatome).
L'énergie nucléaire n'est pas une énergie d'avenir. Tout le monde sait que les réserves mondiales d'Uranium sont de même ordre de grandeur que les réserves de pétrole. Construire des centrales PWR qui brûlent de l'Uranium n'a de sens que si elles sont rapidement relayées par les surgénérateurs qui permettent un emploi beaucoup plus efficace du combustible. Les pouvoirs publics veulent construire un surgénérateur de 12.000 MWe, Superphénix, alors que le prototype Phenix [6] (250 MWe) ne marche que depuis 3 ans. Superphénix doit être construit à Creys-Malville, près de trois villes importantes: Lyon, Genoble, Genève. Il présente des risques spécifiques considérablement plus importants que les centrales PWR [7]. Plus généralement; on doit souligner que la technologie des surgénérateurs est mal dominée: sur les sept surgénérateurs producteurs d'électricité qui ont déjà fonctionné dans le monde, trois ont eu de graves accidents. Annexe 6 Un réacteur surgénérateur n'a pas été calculé pour être une bombe atomique optimisée, ce sera donc une mauvaise bombe atomique: 5. Un réacteur rapide peut-il se transformer en bombe?
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II - CHOIX ÉNERGÉTIQUES a) la politique du tout nucléaire
Annexe 7 «Dans ce rapport, le Comité
arrive à la conclusion quà partir de 1979 / 1980 environ,
les besoins croîtront constamment jusqu'en 1985; la plus grande partie
de ces besoins ne sont actuellement couverts ni par des contrats de fourniture
à long terme, ni par des réserves d'uranium connues dont
peuvent encore disposer les producteurs de la Communauté. Le groupe
de travail estime qu'il est possible de pallier les difficultés
d'approvisionnement en intensifiant les programmes tant pubhcs que privés
d'exploration et d'exploitation des gisements d'uranium et que la Communauté
se doit de soutenir et de promouvoir ces programmes.
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- En ce qui concerne l'approvisionnement
à long terme, nous avons déjà indiqué que les
réserves mondiales d'Uranium étant limitées, il faudra
remplacer les centrales PWR par les surgénérateurs. La France
est actuellement le seul pays à vouloir lancer un important programme
de développement des surgénérateurs [10]. Devant
les risques spécifiques présentés par ces réacteurs
- risques décrits plus haut - les autres pays hésitent ou
renoncent.
La production d'électricité d'origine nucléaire est d'autant plus rentable que les unités de production sont plus importantes. Cela conduit à construire des installations gigantesques, très centralisées et un réseau de transport de courant (lignes à haute tension) très dense et très envahissant.
b) Les autres sources d'énergie
Annexe 8 - Australie: l'Australie est l'un des premiers pays utilisateurs de l'énergie solaire. (On compte en Australie 30.000 foyers équipés de chauffe-eau solaires et les constructeurs de ces appareils exportent vers neuf pays dont les Etats-Unis et le Japon). (suite)
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Selon un rapport établi par une commission de l'Académie des Sciences de Canberra, l'Australie doit se fixer pour objectif de tirer du soleil les quatre-cinquièmes de sa consommation d'énergie d'ici l'an 2000. Le sénateur Webster, ministre de la Recherche scientifique d'Australie l'a rappelé en inaugurant la nouvelle unité de recherche, installée à Melbourne sur les plans de CSIRO (Organisation australienne pour la Recherche scientifique et industrielle) pour l'Association internationale de 1'énergie solaire. D'autre part, un chercheur de l'Université de Sydney a mis au point un nouveau revêtement pour collecteurs d'énergie solaire, grâce auquel on obtient un taux élevé d'absorption de la chaleur et une faible déperdition par radiation.
c) Du bon usage de l'électricité
10. La France était déjà la seule il y a
une dizaine d'années à se lancer dans l'aventure du Concorde.
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Des sommes importantes doivent être dégagées
pour financer le programme électronucléaire français.
Une partie de ces sommes seraient plus utilement employées si elles
servaient à financer des économies d'énergie, notamment
dans le secteur industriel. Une autre partie pourrait être utilisée
à développer les énergies de l'avenir: les énergies
renouvelables, notamment le solaire. Quoi qu'il en soit la Direction d'EDF
a beaucoup de difficulté à financer son programme. Elle fait
des économies draconiennes sur le fonctionnement et l'entretien
des équipements actuellement existants. Elle s'endette lourdement
à l'extérieur (voir Annexe 9). Enfin, elle augmente les factures
d'électricité.
Annexe 9 V - Crédit bancaire international de 500 millions de dollars
à taux variable
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On peut, par exemple, se demander si le programme annuel de rechargement des centrales (uranium enrichi) pourra être assuré sans difficulté. De plus, en cas de guerre, le pays tout entier peut être facilement privé d'énergie par quelques bombardements ou sabotages. Le transport de matières radioactives (uranium enrichi, et surtout déchets hautement radioactifs) donne lieu à des convois spéciaux, qui demandent une protection, surtout en période troublée. Il est illusoire de penser qu'il ne se produira jamais d'accident grave, entraînant des contaminations plus ou moins importantes. La crainte des sabotages ou malversations entraîne obligatoirement une surveillance accrue des ouvriers et employés de l'industrie nucléaire. La société nucléaire demande donc une police plus ou moins spécialisée, abondante et contraignante. Un des risques les plus graves est celui de vol de plutonium, qui peut être utilisé à la fabrication de bombes atomiques plus ou moins artisanales (une dizaine de kilos suffisent). On peut craindre tous les chantages. Or, il est à peu près impossible de tenir une comptabilité exacte, à quelques kilos près, du plutonium qui sera produit par centaines de kilos, voire par tonnes, si le programme de développement des surgénérateurs est poursuivi.
b) La sécurité
c) Qui a décidé?
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Le programme de développement massif de l'électronucléaire lancé en mars 1974, a été décidé par le gouvernement Messmer, sur proposition de la Commission PEON (Production dElectricité d'Origine Nucléaire). Celle-ci n'étai pas la commission impartiale et indépendante que 1'on aurait été en droit d'attendre. Elle était composée: - de membres de droit, représentants des pouvoirs publics, représentants des ministères intéressés, Directions d'EDF etdu CEA, - de membres nommés, représentants des mêmes services publics: ministères, EDF, CEA, - de 10 membres nommés, représentant toutes les entreprises directement intéressées au développement du nucléaire: Creusot-Loire, CGE, Péchiney, Alstom, CEM, Thomson, Schneider, Hispano-Alsacienne, Babcock et Milcox...
Annexe 11 En face de ces décisions lourdes de conséquences prises sans aucun débat parlementaire dans le secret des cabinets ministériels et des firmes industrielles privées, le Conseil Général de l'Isère: - demande aux parlementaires de la région d'exiger la constitution immédiate d'une Commission d'enquête devant laquelle tous les aspects sécurité, dispositif industriel, accords internationaux, seront rapportés en vue de préparer le clair débat parlementaire auquel le pays a droit avant de poursuivre un effort de cette ampleur, - demande la constitution d'une Commission régionale permanente de sécurité où siégeront élus et délégués représentatifs de la population industrielle lourde, au point de vue de la protection des sites et des personnes. Dans les circonstances actuelles, tant que ces préalables ne sont pas levés, le Conseil Général de l'Isère demande au gouvernement de surseoir au projet de construction de la centrale de Creys-Malville. d) les pratiques actuelles
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Un effort particulier a été fait auprès des enfants et des adolescents, mettant à contribution le corps enseignant promu au rang d'agent publicitaire. Les moyens employés pour mettre en oeuvre le programme ont parfois été assez singuliers: enquêtes d'utilité publiques ouvertes en cachette, constructions entreprises avant l'autorisation officielle, tentatives d'intimidation et refus de prendre en compte la volonté exprimée par la population, usage des SAFER au profit de l'EDF... Et les réactions policières ont été parfois très violentes, comme, récemment à Creys-Malville, alors même que les intentions pacifiques des manifestants étaient évidentes.
Annexe 12:
Ministère de l'industrie et de la Recherche République française
Le Ministre
Paris, le 20 déc. 1975 Monsieur,
Michel d'Ornano
p.7
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