Le programme électronucléaire
français a été lancé en mars 1974. Il est temps
en 1977, alors que Fessenheim essaie de démarrer, de faire le point.
C'est ce que nous tenterons de faire dans ce numéro de la Gazette.
A l'enthousiasme de départ des responsables gouvernementaux et des technocrates des directions d'EDF et du CEA succède l'inquiétude, voire l'angoisse. Que constate-t-on en effet? - un retard de deux ans dans le démarrage de Fessenheim et déjà des ennuis, notarmnent au condenseur. - un prix du kWh nucléaire qui ne cesse de monter, au point qu'il faut poser la question de la «compétitivité» économique actuelle du nucléaire - une dégradation de plus en plus grande de l'image de l'énergie dans le public - un ralentissement considérable des progranunes nucléaires à l'étranger: EtatsUnis, Allemagne, Japon... - la décision prise récemment par Jimmy Carter de reporter sine die le retraitement des combustibles nucléaires irradiés et d'ajourner le développement du programme américain de développement des surgénérateurs: - des certitudes sur la pénurie en uranium naturel et enrichi qui n'iront qu'en s'accroîssant dans les années qui viennent -des difficultés techniques, financières, de sécurité vis-à-vis des personnels dans les centres de retraitement et en particulier à la Hague, seule usine civile encore en fonctionnement dans le monde. |
Et comble d'inquiétude, alors que le
plan d'origine prévoyait qu'aux environs de 80 % de l'accroissement
de la consommation énergétique devrait a priori être
couvert par l'électricité d'origine nucléaire, on
s'aperçoit aujourd'hui qu'on ne sait pas très bien où
va être utilisée cette électricité, que ce soit
dans le secteur domestique où le "chauffage électrique (CEI)
est de plus en plus contesté (y compris par l'agence gouvernementale
pour les économies d'énergie) où que ce soit dans
le secteur industriel où il y a peu d'enthousiasme pour adopter
l'électricité malgré les subventions et les offres
de service de la direction EDF.
Si nous faisons ce tableau, ce n'est pas par goût des anniversaires, mais parce qu'il nous semble important de faire le point au moment où l'incertitude règne sur le devenir du programme français. Il nous semble fondamental, à la veille d'échéances politiques décisives, de mieux connaître la situation afin que les nouveaux choix, qui devront nécessairement être faits en matière de politique énergétique, le soient en toute clarté. Afin de montrer qu'une alternative à la politique du «tout nucléaire»existe, nous ferons le point dans les prochaines Gazettes, sur les possibilités à court, moyen et long terme sur les énergies alternatives: solaire, géothermie. Nous tenterons d'aller au-delà des aimables généralités qui sont habituellement écrites sur le sujet. Nous tenterons, en nous appuyant sur des données techniques irréfutables, sur des exemples étrangers, de donner des chiffres et donc de montrer que des possibilités existent, possibilités qui pourraient être mises en oeuvre quasi immédiatement, pour certaines d'entre elles, dans le cadre d'une autre politique énergétique. p.1
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