Notre «cher» bijou
technologique montre des signes de défaillance, tout juste 14 mois
après sa montée én puissance de 1986. Pas triste.
D'autant moins triste que si on ne vide pas le réservoir (le fameux
barillet) de son sodium, c'est parce que (euphémisme) la station
de lavage est indisponible. Eh oui, on a fait démarrer un réacteur
prototype, donc a priori à réaction inconnue avec des installations
essentielles non terminées, la station de lavage qui permet de débarrasser
les combustibles de leur sodium avant de les envoyer dans la station de
stockage, le fameux APEC (Atelier pour l'Evacuation du Combustible) n'est
pas finie de construire. Nos chers nucléocrates avaient pensé
disposer de 400 jours pour la finir. Et manque de chance, le barillet fuit.
Bien sûr, rien de grave, la fuite de sodium (20 litres à l'heure soit 500 kg par jour parce que la densité du sodium est d'environ 0,9) est faible enfin face aux 700 tonnes du barillet. Rien de grave, c'est peu radioactif. Rien de grave, le barillet ne contient que: - deux cent quatre vingt dix éléments en acier non irradiés - vingt sept éléments en acier légèrement irradiés - un élément combustible très faiblement irradié - neuf assemblages de combustible et sept assemblages fertiles. Alors voilà, on a donc cherché la panne sans vraiment la trouver parce qu'on ne pouvait vider le barillet. Mais tout cela ce n'est pas grave dixit les officiels. |
Eh bien, nous affirmons «Oui c'est
grave» parce que l'imprévoyance des nucléocrates
est à la hauteur du danger de Superphénix.
Inconvenable l'incident. Inconvenable de laisser un réacteur en marche alors que ce système est indispensable à l'évacuation du combustible. Incroyable d'être aussi léger mais c'est pourtout vrai. Alors que va-t-on faire finalement. On va laisser le réacteur en marche à mi-puissance (tout de même un peu de prudence) et on va évacuer les éléments du barillet. Bien sûr il va falloir 2 mois pour s'en sortir. Enfin pour stocker dans des conditions acrobatiques des éléments qu'on devra manipuler en atmosphère inerte puisqu'on ne peut pas les laver! Acrobatique ou pas, pour réparer le barillet il faut bien trouver la panne. Donc on va retirer ces fameux éléments. On va en stocker dans leur emballage sous housse et atmosphère d'azote (les 287), les 27 autres seront en tube d'acier de grosse épaisseur pour empêcher le rayonnement puisqu'ils sont irradiés. Ils seront un jour lavés. Quant à l'élément faiblement irradié, il sera mis en conteneur spécial. Reste les 16 derniers dont on ne sait pas encore ce qu'on va faire. Enfin, ce barillet pourquoi a-t-il eu la mauvaise idée de fuir? Sa réparation est déjà estimée à 400 millions. Quant à la longueur des travaux, on avance 1 an. Pas mal tout de même. p.29
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Des mauvaises langues ont insinué
que les plans de ce barillet étaient dus aux Italiens et la réalisation
aux Allemands. Un complot quoi! Ou l'Axe qui renaît. Bon, trêve
de plaisanterie, Superphénix n'est pas au point. Bien sûr
ce barillet n'est pas le coeur mais tout de même on ferait bien de
se livrer à une étude approfondie de toutes les soudures,
ça nous éviterait de désagréables autres surprises.
Je vous joins un plan du fameux barillet et des commentaires officiels... Description de l'installation: Le barillet de stockage du combustible permet le stockage en sodium à 180°C des assemblages combustibles avant et après leur passage dans le réacteur (voir plan en coupe, ci-dessous): Schéma représentant le réacteur, le barillet de stockage et les rampes de manutention des assemblages combustibles Le barillet est composé de deux réservoirs
concentriques (le réservoir de stockage et le réservoir de
rétention) soudés à un plancher métallique
obturant le puits de béton dans lequel l'ensemble se trouve.
(suite)
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suite:
Le sodium du barillet n'est pas radioactif (il pourrait l'être dans les années à venir, après stockage d'assemblages irradiés ayant eu des ruptures de gaines). Description de l'incident: Les alarmes reliées aux quatre bougies
dans l'espace délimité par la double enveloppe du barillet
se sont successivement enclenchées, annonçant de ce fait
la présence de sodium.
Lignes d'action: Il a été, tout d'abord, procédé
à la baisse du niveau de sodium pour «dénoyer»
les tuyauteries traversantes, mentionnées ci-dessus, afin de les
examiner avec une micro-caméra.
* Note de la rédaction: un arrosoir de sodium! p.30
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Compte tenu de la géométrie
du barillet (voir le schéma), il y a tout lieu de penser que la
fuite serait localisée au niveau du «bec de cafetière»
qui constitue un point singulier de la structure. Les investigations se
poursuivent par la mise en oeuvre d'une micro-caméra pour voir le
niveau de sodium dans l'espace de rétention et pour étudier
la procédure de vidange de l'espace de rétention et du barillet.
Dans le cas extrême où serait nécessaire le remplacement du barillet, l'opération, bien que complexe et longue, serait possible. Remarque importante: Il convient de souligner avec force que le
fonctionnement du réacteur n'est pas directement affecté
par cet incident. Le barillet sert à charger ou à décharger
le réacteur et, entre deux campagnes de chargement, le fonctionnement
du réacteur est indépendant de celui du barillet. De ce fait,
le réacteur est maintenu en marche.
** NDLR: évidemment, mais qui peut prédire ce qui se passerait si un combustible s'échauffait, si un combustible fuyait, si... (si un accident commençait bien sûr!). A Tchernobyl, jusqu'à l'explosion, l'accident était impossible!
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Et si on parlait sûreté
Les difficultés considérables
que les techniciens de la Nersa ont rencontré pendant le démarrage
de Superphénix, les retards qui en ont résulté ont
fait qu'il n'était pas possible d'exiger de l'exploitant qu'il fournisse
le rapport définitif de sûreté dans les délais
fixés par le décret de création du 12 mai 1977. Profitant
d'une modification de périmètre de l'installation, les juristes
ont introduit dans le décret de modification un article qu'il faut
décrypter: «Le délai prévu à l'article
5 du décret n°63-1228 du 11 décembre 1963 modifié
susvisé est de douze ans à compter de la publication du présent
décret au Journal officiel de la République française».
p.31-32
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