Voici la dernière Gazette de 1987. L'année 1986 avait été l'année Tchernobyl. Cet accident, le plus grave à l'heure actuelle sur une installation nucléaire, avait réactualisé le débat sur la sûreté des installations. 1) Une excursion surcritique prompte (une explosion nucléaire en fait); 2) Une structure de confinement qui jusqu'à présent était considérée par ses promoteurs comme étant sûre, détruite; 3) Un exercice grandeur nature de sécurité nucléaire; 4) Un nuage dépassant la clôture d'un site et qui plus est des frontières et même le rideau de fer; 5) Des manquements aux consignes de sécurité en matière de conduite de réacteur; 6) Des normes alimentaires fluctuantes au gré des conjonctures électorale et économique. Tout cela avait fait l'effet d'un électro-(nucléo)choc qui a déclenché des réflexions, des trains de mesures, qui a réactivé les réflexions post TMI datant de 1979. En 1987, tout ce travail s'est poursuivi dans les sphères officielles qui travaillaient avec comme petite musique de fond: «chez nous ce n'est pas comme chez les Russes. Nous on est des bons». Il n'empêche que nos spécialistes se posaient quand même des questions gênantes du genre «Et si cela nous arrivait?». Bien sûr, pas en public. L'optimisme, la confiance en soi et la condescendance envers les Russes étaient de façade. Et puis voilà que coup sur coup on a des désagréments. Rien de bien grave direz-vous, mais quand même des alarmes (vous savez, la bonne douleur intercostale dans le coin du coeur). Par exemple on croyait bien que la mésaventure de la perte d'alimentation électrique de Bugey en 1985 était un cauchemar du passé mais voila qu'à Flamanville, puis à Gravelines on s'offre du suspense. Heureusement sans gravité... mais si les tranches avaient été à pleine puissance... (suite)
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A Tricastin les opérateurs fonctionnaient une dizaine de jours hors critères de sûreté (on croyait que seuls les Russes en étaient capables. Souvenez-vous l'interview à la télé du responsable de la formation du personnel à EDF...). Les officiels disent pudiquement qu'il y avait une erreur d'appréciation sur les critères de sûreté. Les syndicats disent qu'il y avait conflit de préséance entre l'ISR (Ingénieur de Sûreté et de Radio-protection), partisan de l'arrêt et sa direction favorable à la production. C'est d'ailleurs aussi parce qu'ils ne sont pas si sûrs que l'enceinte résisterait à une explosion (et que même ils sont sûrs que ça ne résisterait pas) que l'on vient d'inventer les filtres à sable. Ces fameux bacs sont placés au-dessus du BAN (Bâtiment des Auxiliaires Nucléaires) et doivent servir à éviter que la pression monte dans l'enceinte en envoyant les gaz dans ces bacs (à dire vrai, nul ne sait vraiment quelle est leur efficacité et que retiendront les filtres, mais ça ne fait rien on continue...). Les R.E.P., dont on est si fier, commencent (?!) à avoir des problèmes de G.V. (générateurs de vapeur) au point que les autorités de sûreté veulent qu'EDF fasse la manip d'en changer un, à froid, sans attendre d'avoir un pêt comme à North Hanna et d'être forcé d'opérer en catastrophe. Notre joyau (enfin leur joyau mais le nôtre pour le coût), Superphénix, a vu son barillet, certes pièce extérieure à la cuve principale mais indispensable aux manipulations de combustible, pisser le sodium et il a fallu un mois aux spécialistes pour avertir les autorités de sûreté. Les "pôvres" de la centrale ne savaient pas si les bougies de détection de fuite fonctionnaient correctement, si l'électronique n'était pas canulée.. Heureusement que ce n'était pas la cuve principale... mais au fait, ce sont des bougies du même type qui sont censées détecter toute fuite... p.1
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Et puis arrive à la lumière ce que tous les
officiels s'efforçaient d'oublier (et de cacher): Superphénix
a été démarré sans que les mstallations d'évacuation
du combustible ne soient finies de construire. Ben voyons, on ne devait
pas en avoir besoin avant un an ou deux, donc pas de problèmes,
on pouvait tout de même démarrer. Eh bien si il y a eu!
Tout cela jette quelques nuages dans le ciel bleu de l'optimisme de nos têtes pensantes qui réalisent qu'ils ont perdu beaucoup de temps en ne maintenant pas le rythme des améliorations décidées après l'accident de TMI en 1979. Sur un autre plan, Tchernobyl a provoqué des remous au sein de la CEE sur le problème des normes alimentaires, ce sera un des sujets de la prochaine Gazette. Après toutes ces péripéties
que nous espérons sans trop de gravité immédiate,
il y a eu un événement gravissime en 1987: l'accident de
Goiâna.
Une bombe de gammathéraphie au Césium 137 a été
abandonnée dans un hôpital en démolition, récupérée
et ouverte par un ferrailleur. Elle a déjà provoqué
de trop nombreux morts (4 ou 5 au moins) sans compter ceux qui sont condamnés
à terme. Cet accident qui n'a pas eu l'écho médiatique
d'une explosion du type Tchernobyl est d'une extrême gravité,
d'une extrême importance, car il pose en termes dramatiques le problème
de la responsabilité des pays industrialisés vis-à-vis
des pays en voie de développement ou du tiers-monde. Nos officiels
clament qu'il est de notre
(suite)
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Il existe l'Agence Internationale de Vienne mais elle a été créée pour vérifier que les installations civiles ne se transformeront pas en installations militaires. Pour le reste, il n'y a aucun fichier central de vérification des installations médicales permettant un suivi. Quant à l'Agence, elle s'est surtout transformée en zélote du nucléaire. Ceci n'aide vraiment personne et même pas le nucléaire. De toute façon ne rêvons pas: en France il n'y a pas assez d'agents pour vérifier les appareils à rayons X ou les sources médicales. Alors comment voulez-vous que dans les pays en voie de développement on puisse faire les choses correctement?
Sur un autre plan, nous avons en France un
autre secteur qui est monté en température: le stockage des
déchets. En fait, il s'agit pour le moment de la recherche d'un
site pour créer le labo souterrain en vue de la définition
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dossier du CSSIN du 19-12-87 FICHE N°1
Le 1er décembre 1987, le ministre de
l'industrie, des P et T et du tourisme a indiqué à l'exploitant
de la centrale nucléaire de Creys-Malville qu'il souhaitait, avant
d'autoriser la remise en service de la centrale, que soient satisfaites
un certain nombre d'exigences concernant les procédures de fonctionnement
sans barillet.
Réponses aux questions posées par M. SENE et M. ZERBIB à M. le Président du Conseil Supérieur de Sûreté des Installations Nucléaires I. Identification des causes des fissures de la cuve du barillet
II. Prévention contre les fuites de sodium
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L'exploitant a présenté un dossier dont l'examen a été effectué par les autorités de sûreté. En particulier, une vérification systématique du système de détection a été réalisée. III. Inspection de la cuve principale du réacteur
IV. Procédures en cas de fuite de la cuve principale
V. Réexamen des conditions accidentelles de fonctionnement
barillet indisponible
VI. Fonctionnement du réacteur pendant la période d'indisponibilité
du barillet
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QUE VOUS DEVEZ TOUS AVOIR En collaboration avec RADIO ZONES, une radio
locale française, nous avons pu nous procurer une copie vidéo
d'un documentaire russe sur Tchernobyl d'une force assez exceptionnelle:
Le
Tocsin de Tehernobyl. Pour l'instant il n'a été projeté
qu'aux festivals de cinéma de Berlin et de Nyon (où il a
été primé). Il semblerait que les chaînes TV
françaises n'ont pas voulu de ce fruit un peu gênant du Glastnost...
Nous avons réalisé cette version française dans le
cadre de la campagne menée dans notre région contre la réouverture
du surgénérateur de Malville. En effet, nous avons trouvé
que l'évocation très concrète de la réalité
de cette vaste zone désormais interdite et le déracinement
de la population paysanne touchent des personnes qui resteraient peut-être
insensibles à des raisonnements et des chiffres scientifiques.
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ERRATUM
Il y a une erreur page 8 ligne 5: il est écrit
"Or, au départ cette cuve de sécurité devait être...";
on doit lire: "Or, en l'absence du barillet... situation accidentelle
durable actuelle n°1". Sera corrigé sur le site web!