Les normes officielles concernant
la radioprotection du public et des travailleurs s'appuient essentiellement
sur le facteur de risque cancérigène - nombre de morts par
cancer produit par unité de dose de rayonnement reçu - évalué
à partir du suivi des survivants japonais des bombes A (Hiroshima
et Nagasaki).
L'évolution du facteur de risque peut se résumer de la façon suivante: 1) L'étude des survivants a commencé en 1950 par un recensement de la population et porte sur une cohorte de 80.000 personnes. 2) Pour établir le facteur de risque, il faut disposer de deux informations: - l'excès des cancers observés dans la population étudiée par rapport à une population témoin n'ayant pas été irradiée. - les doses reçues par cette population. 3) La dosimétrie pour Hiroshima et Nagasaki (évaluation des doses individuellement reçues par les membres de la cohorte) a été calculée en 1965. Les archives concernant les calculs ont été détruites. En 1980; les calculs ont été contestés et il a été établi officiellement qu'ils étaient faux. Les doses reçues avaient été surévaluées. 4) Le taux de mortalité des survivants des bombes A est effectué par une Fondation américano-japonaise basée à Hiroshima. Cette Fondation publie régulièrement l'état de la mortalité observée. Jusqu'en 1987, les données brutes de mortalité n'étaient pas publiques. Seuls les rapports de la Fondation étaient connus, faisant état des analyses des résultats et de quelques données partielles. Depuis 1987, des chercheurs indépendants ont obtenu la communication des données brutes et ils pourront effectuer des analyses indépendantes. 5) Le facteur de risque dû au rayonnement qui est actuellement admis internationalement a été fixé en 1977 par la CIPR dans sa publication n°26. Elle s'appuyait sur les observations de mortalité faites par la Fondation de Hiroshima jusque dans les années. 70 et sur la dosimétrie calculée en 1965. Le facteur de risque recommandé était: 125 cancers mortels pour une population de 1 million de personnes recevant une dose de 1 rem; 42 morts par effets génétiques dans les deux générations qui suivront cette génération irradiée. En fait, les résultats à cette époque montraient des courbes de mortalité en fonction de la dose qui présentaient un seuil: pas d'effets sensibles en dessous d'une dose seuil. Les experts officiels recommandent en 1977 que «pour des besoins de radioprotection» on admettra une relation linéaire sans seuil entre les effets - morts par cancer et morts génétiques - et la dose mais ils insistent sur le fait que cela surestime le risque et que c'est par «prudence» qu'ils adoptent cette position afin de protéger les personnes. Néanmoins, le modèle à seuil s'est fortement ancré dans l'esprit des responsables de la santé. 6) Entre 1950 et 1970, seules les leucémies parmi l'ensemble des cancers étaient en excès. (suite)
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suite:
La courbe des excès de leucémie en fonction des années se présentait sous la forme d'une courbe d'abord croissante, passant par un maximum, puis décroissante et tendant vers zéro. L'impression qu'on en retirait était qu'un bilan quasi définitif des bombardements pouvait être fait et que la majeure partie des effets biologiques du rayonnement s'était exprimée ce qui justifiait alors le bilan présenté comme définitif par la CIPR en 1977. 7) Les tumeurs solides en excès apparurent plus tard que les excès de leucémie. Les excès annuels de ces cancers croissent d'année en année et on n'observe pas encore actuellement un début de décroissance. Par conséquent, la mortalité par l'ensemble des cancers prise en compte pour établir le facteur de risque de la CIPR sous-estimait l'effet du rayonnement. Le facteur de risque étant le rapport effet/dose, si on minimise l'effet et qu'on maximise la dose, on aboutit à sous-évaluer le risque. 8) Le dernier bilan publié par la Fondation de Hiroshima conduit aux conclusions suivantes: - La courbe des excès de cancer en fonction des niveaux de dose ne présente plus de seuil. - Le facteur de risque est plus élevé que celui évalué mitialement. - Le risque dépend très fortement de l'âge au moment de l'irradiation. Il est beaucoup plus élevé lorsque ce sont des enfants de moins de 10 ans qui sont irradiés. Ainsi le modèle sans seuil n'est plus une hypothèse qui surévalue le risque aux faibles doses mais il représente assez bien la réalité. 9) En 1977 a été publiée une étude sur la mortalité par cancer des travailleurs de l'usine nucléaire de Hanford aux Etats-Unis. Les résultats de cette étude étaient totalement incompatibles avec ceux de l'étude sur les survivants japonais. L'étude sur les travailleurs ne montrait aucun seuil pour les excès de mortalité par cancers, le facteur de risque (excès de mort par cancer par rem) était environ 10 fois plus élevé que celui déduit à l'époque par la CIPR à partir des survivants. Cette étude a été violemment critiquée par les officiels en radioprotection. Les résultats publiés récemment par la Fondation de Hiroshima se rapprochent notablement de ceux trouvés par le suivi des travailleurs de Hanford. 10) La CIPR s'est réunie en septembre 1987 à Côme. Elle a refusé de tenir compte des derniers résultats pour modifier ses recommandations concernant la radioprotection des travailleurs et de la population. Elle désire attendre encore deux ans avant d'énoncer de nouvelles recommandations. Mars 1988
Résumé du document présenté par Roger Belbeoch (GSIEN) au Colloque «Nucléaire - Santé - Sécurité» Montauban, janvier 1988 p.11
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Le Docteur Fauconnier et sa femme portent plainte contre
l'état français suite à la contamination post Tchernobyl
en Corse.
Docteur FAUCONNIER Denis
à Monsieur CLINTON Davis Commissaire pour l'Environnement
Membre de la Commission des Communautés Européennes
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considérant que cela hypothèque leur avenir, nous voulons
que les responsables soiènt sanctionnés et que le SCPRI soit
exclu de toute commission internationale et ne soit plus reconnu comme
organisme de référence puisqu'il a fait la preuve de son
incompétence dans la gestion de cette crise (incompétence
notoire cf. ses rapports stériles).
Je tiens à porter plainte aussi au nom de ma clientèle,. composée de personnes appartenant à un «groupe critique» de par leur mode de vie et d'alimentation, dont la pathologie thyroïdienne a augmenté ces derniers mois de façon tout à fait anormale. Je vous prie de nous aider dans notre tâche en demandant avec nous au gouvernement français la mise en oeuvre officielle d'un suivi des populations qui s'impose. Vous trouverez ci-jointe photocopie d'un supplément du «concours médical» où les médecins d'EDF (qui ne peuvent pas être suspectés d'etre antinucléaires) préconisent ce suivi que nous voudrions voir appliqué dans notre région. En effet, en se basant sur l'alimentation type de notre région à cette époque de l'année (mai et juin), les doses évaluées d'iode 131 à la thyroïde ont été pour beaucoup de 1 Sv et plus. Nous espérons votre aide pour éviter le pire et pour que soient punis les responsables qui ne nous ont pas protégés comme ils l'auraient dû (SCPRI, Ministère de la Santé, DDASS, Protection Civile) sachant que les mesures de prévention diminuent le risque d'un facteur 2 à 50 (cf. le Concours médical: Bertin, Martin, Gallin-Martel p. 2648). Comptant sur votre compréhension et votre soutien, nous vous prions, Monsieur, de bien vouloir agréer nos salutations distinguées. Fait à Costa le 23/10/87
FAUCONNIER Denis FAUCONNIER Marie-Antoinette |
Les relevés quotidiens à Vioménil du 2 mai au 26 mai - sauf pendant le week-end des 3 et 4 mai pour lequel il n'y a pas d'indication (le SCPRI ne semble pas avoir fonctionné pendant les week-end, voir la Gazette Nucléaire N°78/79) - permettent de calculer la demi-vie effective de l'Iode 131. Elle est de 4,5 jours pour ce lait de vache. Cette valeur est en accord avec la fourchette donnée par l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire du CEA. Ainsi, un lait de vache à 250 Bq/l le 12 mai en Moselle était donc à plus de 1.000 Bq/l début mai, tout comme celui de Haute Savoie. (suite)
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suite:
Nous avons déjà mentionné la très forte contamination en Iode 131 du lait de brebis en début mai pour la Haute Corse (Gazette Nucléaire N°78/79) où des contaminations de 15.000 à plus de 30.000 Bq/l ont pu être atteintes. Celles de l'Hérault sont également très importantes et dépassent largement les 400 Bq/l mentionnés par Monsieur Bertin. Les cartes du SCPRI relatives à la contamination en Iode 131 du lait de vache pour les 21 régions françaises donnent la valeur moyenne par région et la valeur maximum 5 régions (Alsace, Lorraine, ChampagneArdenne, Franche Comté, Rhône-Alpes) dépassent 400 Bq/l pour la première semaine de mai. Quant aux 2 régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Corse il est indiqué «résultats non parvenus»... Des laits en poudre ont également dépassé les 400 Bq/kg comme le lait Nido (le 8/5/86), 750 Bq/kg en Iode 131 et 65 en Césium 137 (à Boué), à Challerange (le 12/5/86) 1.300 Bq/kg en Iode 131 et 440 en Césium 137. Grâce à M. Pellerin, ces laits en poudre n'ont pas été interdits à la consommation. p.13
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Alors de qui se moque-t-on? Monsieur
Bertin ignore-t-il ces faits? Nous ne pouvons pas croire que Monsieur Bertin
ne lise pas d'une façon attentive les Bulletins du SCPRI. Que doit-on
en conclure? Nous pensions que ses fonctions de Vice-Président du
Comité de Radioprotection de l'EDF faisaient obligation à
Monsieur Bertin de protéger les Français, ce qui passe obligatoirement
par une information correcte de la population. Camoufler la réalité
pour accréditer l'idée qu'après Tchernobyl il ne s'est
rien passé en France, cela fait-il partie des obligations professionnelles
de Monsieur Bertin?
Qui renseigne la CEE pour la France?
(suite)
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De plus, il est précisé que des valeurs supérieures (17.000 Bq/l le 8 mai) ont été mesurées mais que la République Fédérale d'Allemagne a imposé des restrictions qui ne permettaient pas de commercialiser le lait. Pour la France, la valeur de 360 Bq/kg est donnée comme contamination maximum des laits de consommation. Nous avons vu plus haut, d'après le Professeur Pierre Pellerin lui-même, que la contamination du lait dans certaines régions françaises a très largement dépassé cette valeur et nous savons qu'aucune restriction n'a été faite pour la consommation de ces laits hauternent contaminés. Qui en France a induit la CEE en erreur en communiquant à la Commission des valeurs grossièrement fausses? Nous ne savons pas si le Professeur Pellerin a demandé l'ouverture d'une enquête pour trouver la personne qui a osé manipuler les mesures qu'il a publiées. Cela devrait lui être facile car il est membre au titre du traité Euratom du groupe des experts chargés d'étudier les conséquences de l'accident de Tchernobyl. Peut-être que Pellerin nous éclairera sur ce mystère? p.14
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