Signalons, en fait, que la commission
ne s'est pas réunie depuis mars. En effet, en juin la réunion
a été remise parce que le président (Mr Darinot) souhaitait
rencontrer le ministre de l'industrie. En septembre, la réunion
a également été remise à cause de la proximité
des cantonales (!)
Et maintenant on peut supposer que les municipales vont aussi empêcher une réunion. Il est bien sûr évident que ces commissions sont indépendantes. Enfin, profitez des dernières informations que la commission a pu envoyer. 1. BILAN DES REJETS EN MER
Présentation
(suite)
|
suite:
Pour les radioéléments ayant fait l'objet d'études de radioécologie, nous avons résumé leurs caractéristiques essentielles sur le plan de la dispersion en mer. Enfin, on a représenté, pour les années 1970, 1980, 1987, les proportions prises parmi l'ensemble de l'activité b-g rejetée par les cinq radionucléides les plus importants en terme d'activité rejetée. Volumes rejetés en mer
p.8
|
Radionucléide naturel, sa réserve planétaire a subi une très grande augmentation du fait de l'utilisation de l'énergie nucléaire à un stade industriel (réf. (1) page 138). La plus grande partie du Tritium artificiel est d'origine militaire (explosions nucléaires atmosphériques avant 1970). Compte tenu de sa période (12,3 ans), plus de la moitié de ce Tritium a disparu à l'heure actuelle. Dans les combustibles nucléaires, le Tritium apparaît par fission ternaire et par réactions d'activation avec divers éléments (lithium, bore). Il est libéré au cours des opérations de retraitement et, comme il est un composant obligatoire de l'eau des solutions, il se retrouve en quasi-totalité dans les effluents liquides sous forme d'eau tritiée (en 1987, 15 000 GBq de Tritium gazeux ont été relâchés contre 3 000 000 GBq d'eau tritiée). En l'état actuel de la technologie, la part de Tritium rejetée dans l'environnement représente 30 à 50 % du Tritium présent dans le combustible (réf. (3) page 183). Le rejet de Tritium dans les effluents liquides n'a été mesuré qu'à partir de l'année 1970. On voit que l'activité rejetée a été multipliée par six depuis les années 1970 mais qu'elle ne représente actuellement que 8 % de l'autorisation annuelle. Ruthénium-Rhodium 103 et 106 106 Ru-Rh = 1 an Les isotopes radioactifs du Ruthénium sont des produits de fission représentant, après un an, 2 à 3% des produits de fission du combustible. (suite)
|
suite:
REJETES EN MER 1966-1987 Dans les conditions actuelles du retraitement
des combustibles, le Ruthénium 106 constitue avec le Tritium et
le Krypton 85 l'un des rejets majeurs. Ainsi, la part principale de l'activité
b-g
rejetée en mer provient du Ruthénium 106 aussi bien en 1970
(65%) qu'en 1980 (85%) et en 1987 (77%) (page 23).
De même, certaines algues côtières,
autrefois utilisées pour le bétail, près de Sellafield,
sont connues pour concentrer le Ruthénium (réf. (1) page
113).
p.9
|
134 Cs = 2,2 ans 137 Cs = 30 ans En raison de la disparition du Césium 134 (T = 2 ans) avant celle du Césium 137 (T = 30 ans), le rapport 137 Cs/134 Cs augmente avec le temps et permet de dater la contamination de l'échantillon concerné: récente, s'il est égal à 2, supérieure à 3 ou 4 ans, s'il est égal à 5 ou plus. Si les courbes d'activités rejetées sont parallèles pour ces deux isotopes radioactifs, le Césium 137 est largement prédominant (5 fois plus). Le Césium 137 est un élément marqueur spécifique des rejets de Sellafield, que cette usine rejette en plus grande quantité. Après un pic à 243.000 GBq en 1971, les rejets de Césium 137 sont restés pratiquement toujours inférieurs à 50.000 GBq et ont tendance à diminuer. En ce qui concerne la diffusion du Césium 137 dans les sédiments vaseux, on constate une certaine opposition, localement entre le comportement de ce dernier radioélément et celui du Ruthénium 106 ou du Cérium 144: c'est dans les sites où le 106 Ru et le 144 Ce se concentrent (ports de Fermanville, de Goury et du Becquet) que l'on relève les teneurs les plus faibles en 137 Cs (de l'ordre de 11 Bq/kg). Inversement, c'est dans la région de Saint-Vaast, caractérisée par des valeurs relativement faibles en 106 Ru et 144 Ce, que le 137 Cs se concentre (41 Bq/kg) (réf. (2) page 126). Ces résultats ne permettent pas de confirmer la décroissance du Césium 137 dans les eaux de la Manche en fonction de l'éloignement du Cap de la Hague. Outre leur intérêt pour la santé publique, ces phénomènes apportent des éléments d'information sur l'hydrologie, la sédimentologie et la géochimie des côtes de la Manche. (suite)
|
suite:
Il faut noter que la pente de cette droite est nettement plus faible que celle des volumes rejetés, ce qui est la preuve d'une amélioration des procédés de retraitement. De même, on peut remarquer que, si l'analyse de la tendance était faite de 1982 à I987, la pente des activité, rejetées serait décroissante. Cette amélioration récente est à souligner car ces radioéléments ont des périodes relativement longues (30 ans). Les pourcentages rejeté, par rapport au rejet maximum autorisé sont passés de 74% en 1983 à 30% en I987. REJETS de STRONTIUM 90 + CESIUM 137 EN MER
Strontium-Yttrium 90 Les isotopes 89 et 90 du Strontium sont des produits de fission de l'uranium. Ils constituent l'une des principales sources de la radioactivité des retombées consécutives à un essai nucléaire et entrent dans la composition des rejets des centrales nucléaires et des usines de traitement du combustible usé. On observe une évolution croissante inverse de celle du Césium 137 qu'on a placé pour mémoire sur le même graphique. Ainsi, la part d'activité du Strontium-Yttrium 90 rejeté a augmenté durant ces 22 ans: 1% en 1970, 6% en 1980 et 8% en 1987, contrairement à celle du Césium 137 (29% en 1970, 3% en 1980 et 1% en 1987) (voir page 23). p.10
|
Praséodyme 144 = 17 mn Césium 144 = 285 jours Appartenant au groupe des Terres Rares radioactives, l'essentiel de ses rejets industriels se trouve au voisinage des usines de retraitement (pour une centrale PWR, le niveau de rejet du Césium 144 dans les effluents liquides est de 0,003 GBq par Mégawatt électrique - MWe - et par an). Du point de vue de la radioprotection, c'est le Césium 144 qui est de loin l'élément le plus important parmi l'ensemble des Terres Rares. En effet, dans le milieu marin, il est absorbé sur des particules en suspension (pour cette raison, il sert de marqueur des mouvements de la matière en suspension dans l'eau - par ailleurs, il est un marqueur spécifique de l'usine de Sellafield) et se voit donc concentré par les plantes et les animaux aquatiques, mais inégalement dans l'espace marin: Les sédiments vaseux du golfe normano-breton sont caractérisés par des rapports 144 Ce/137 Cs de 5 à 10, nettement plus élevés que ceux de l'Est qui restent compris entre 0,8 et 1,9 (réf. (2) page 127). Son site quasi-définitif de rétention est le squelette (réf. (1) page 130). Zirconium 95 Lié, comme le Ruthénium 103, au retraitement des combustibles de la filière Graphite-Gaz, le Zirconium 95 voit son activité disparaître avec la fin du recyclage de ces combustibles à La Hague. Le pic enregistré en 1974 doit être mis en relation avec un plus fort tonnage retraité cette année-là: 635 T d'Uranium métal, soit trois fois plus qu'en 1972 ou 1973 (réf. (3) page 190). Tonnage métal retraité: 1972: 250 - 1973: 213 - 1974: 635 - 1975: 443 - 1976: 218 - 1977: 351. (suite)
|
suite:
Antimoine 125 Seul radionucléide davantage rejeté à La Hague qu'à Sellafield (4 fois plus), il constitue un marqueur spécifique de l'usine de retraitement française. Une autre particularité de ce radioélément est qu'il se trouve presque en totalité sous forme dissoute dans l'eau et qu'il se fixe trois fois moins sur les sédiments que le Ruthénium 106 (4 fois moins que le Césium 137 et 112 fois moins que le 144 Ce). Ainsi, de même que ce dernier élément fait un marqueur de mouvements de la matière en suspension, l'Antimoine 125 est un traceur des masses d'eau. Quant à sa fixation sur des échantillons biologiques, il se fixe 33 fois moins que le Ruthénium 106 sur l'algue Fucus Serratus, 5 fois moins sur l'algue Ascophyllum Nodosum, 3 fois moins sur l'algue Pelvetia Canaliculata et 20 fois moins sur les mollusques gastéropodes (réf. (4) page 4). Les mesures de la dilution en mer de l'Antimoine 125, en fonction de la distance à l'émissaire de rejet, montrent que sa dilution est importante au point de rejet mais, qu'ensuite, elle varie faiblement avec l'éloignement: on observe une décroissance moins rapide pour l'Antimoine 125 que pour le Ruthénium 106 quand on s'éloigne du Cap de La Hague, en passant par la pointe de Barfleur, jusqu'au Havre. On voit, sur le graphique ci-contre, que les quantités d'Antimoine 125 rejetées ces dernières années sont deux fois plus importantes que dans les années 1970. En proportion de activité b-g totale rejetée, le 125 Sb représentait moins de 1% en 1970, 6% en 1980 et 13% en 1987 (figure page 23). p.11
|
On note une relative stabilité de ces rejets depuis 1975 avec une tendance croissante depuis 1966. Comme pour les rejets b, g, on remarque une diminution récente malgré une augmentation des volumes résiduels rejetés. Ils représentent actuellement entre 20 et 40% de l'autorisation annuelle. PROPORTION D'ACTIVITE DES PRINCIPAUX EMETTEURS
(1) P. GALLE - Toxiques nucléaires - Masson. (2) D. CALMET, P.M. GUEGUENIAT - Les rejets d'effluents liquides radioactifs du Centre de traitement des combustibles irradiés de la Hague (France) et l'évolution radiologique du domaine marin - IAEA - TECDOC - 329. (3) Syndicat CFDT de l'énergie atomique - Le dossier électronucléaire - Collection Points-Sciences. (4) GUEGUENIAT - Les radionucléides - un outil océanographique - Colloque de Cherbourg - juin 1987. (suite)
|
suite:
Cherbourg, le 27 mai 1988
Monsieur,
J'ai l 'honneur de vous adresser ci-joint un complément d'information concernant la dispersion des radioéléments artificiels artificiels dans la Manche. «La limite des rejets liquides radioactifs de l' établissement de La Hague a été fixée par arrêté interministériel du 22 octobre 1980: cette limite concerne les installations actuelles. Dans le cadre des extensions UP2-800, UP3-A et STE 3, la Cogéma demeurera dans les limites» (extrait de la demande d'autorisation de rejets radioactifs liquides dans l'eau - Cogéma février 1983). Cette limite est la suivante - GBq(2):
Le bilan radioécologique de l'environnement
(voir synthèse des mesures en 1987, objet d'un courrier précédent)
permet de vérifier l'absence de conséquences sanitaires de
ces rejets.
p.13
|
Comme le montre le travail du
Laboratoire de Radioécologie marine de Cherbourg (travail présenté
au colloque de Cherbourg - Les radionucléides «un outil océanographique»
- juin 1987: article joint), les radioéléments, en servant
de traceurs des masses d'eau, permettent de connaître leurs limites
de dispersion.
L'usine de la Hague rejetant davantage d'Antimoine 125 et moins de Césium 137 que l'usine correspondante de Sellafield, le rapport de concentration 125 Sb/137 Cs permet de connaître l'origine de la contamination observée (l'Antimoine 125 est le marqueur spécifique de La Hague, mais le Ruthénium-Rhodium 106 domine quantitativement: 106 gigabecquerels rejetés en 1987, soit 5 fois plus que d'Antimoine 125, lequel est le 2e radioélément rejeté par ordre décroissant d'activité). Ce rapport est de 3 à 4 au Nord-Ouest du Cotentin dans la zone des rejets et de 2 1e long des côtes françaises. Il est beaucoup plus bas le long des côtes anglaises. Concernant le transfert dans les algues des radioéléments, le Ruthénium-Rhodium 106 domine chez Fucus Serratus prélevé à 5 km de l'émissaire (300 à 1.200 Bq/kg sec en 1979). En 1986, le Ruthénium 106 domine toujours (300 à 1.300 Bq/kg sec chez Fucus Serratus) mais le Cobalt 60 est apparu (140 à 260 Bq/kg sec), traduisant une évolution qualitative des rejets. Concernant la répartition géographique de ces rejets, les émetteurs g marquent principalement le littoral du Cotentin mais sont décelables dans les algues et les animaux depuis une zone située entre Saint-Brieuc et Roscoff à l'Ouest et jusqu'en mer du Nord à l'Est (voir la carte à la fin de l'article joint). En raison des déplacements des masses d'eau, le marquage des espèces est plus limité vers l'Ouest (Bretagne) que vers l'Est (Pas-de-Calais). Les concentrations d'activité (en Antimoine 125) vont croissant du Nord au Sud de la Manche atteignant 0,020 à 0,025 Bq/l dans la Baie du Mont-St-Michel et 0,03 à 0,08 Bq/l dans la Baie de Seine (en 1986, fig. 2). Rappelons que ces mesures servent à étudier la dispersion des radioéléments en mer et qu'il est donc nécessaire de mesurer des fractions de becquerels. Par contre, en ce qui concerne la surveillance sanitaire, les seuils de mesure sont plus élevés si bien que, tout au long de l'année 1987, le laboratoire du Ministère de la Santé (SCPRI) ne trouvait aucune trace d'Antimoine 125 dans les prélèvements d'eau de mer à Jobourg («Aucune Activité Significative», c'est-à-dire largement inférieure au seuil de mesure de 0,2 Bq/l jusqu'en février 1987, puis de 0,4 Bq/l ensuite). Espérant avoir répondu à votre attente, je vous prie de croire, Monsieur, à l'assurance de ma considération distinguée. La Commission
(suite)
|
suite:
COMMENTAIRE GAZETTE Il est fort intéressant de suivre les rejets de la Hague sur 20 ans. Il manque, bien sûr l'impact sur le milieu. En fait on nous a présenté ces rejets comme permettant de faire un suivi des courrants, des sédiments: le nucléaire est vraiment fort agréable comparé aux autres sciences. C'est bien, mais on aimerait un véritable suivi de l'environnement. Quel impact sur l'écosystème, les poissons? Difficile à l'aide d'un agenda de rejets de faire un suivi. On peut conclure qu'il y a du plutonium, du ruthénium dans l'environnement mais encore? Si pour toute explication on se réfère au professeur Tubiana, on ne risque pas d'avoir la moindre explication sur l'impact du nucléaire sur l'environnement et les êtres humains... Quant au tableau du professeur où on compare les effets de l'alcool, du tabac, des accidents de la route, il faut être conscient que ce sont des faux. Tachez de faire reconnaître une maladie professionnelle et vous comprendrez pourquoi le chiffre avaneé n'est sûrement pas juste. Nous avons souvent dénoncé cette façon de présenter les choses. Qu'il faille diminuer au maximum les dangers venant de la chimie, de la route, on est bien d'accord, mais en en profitant pour ne jamais exprimer exactement ce qui se passe ailleurs nous paraît une très mauvaise façon de faire de la prévention. Dommage que les médecins s'occupant de médecine nucléaire soient presque tous (il y a heureusement de bonnes exceptions) des croisés du nucléaire. Au nom de la foi, on se cache les yeux, et on entre en religion. Mais le nucléaire n'est qu'une industrie, alors considérons le comme tel. p.14
|