La centrale nucléaire expérimentale
Superphénix (1.250 MWe), après un arrêt de près
de 2 ans entre le 26 mai 1987 et le 12 janvier 1989, était de nouveau
à l'arrêt prolongé depuis le 7 septembre 1989. Elle
a été couplée au réseau électrique le
8 juin 1990. Depuis le 3 juillet 1990, elle est en arrêt prolongé
à 250°C.
A l'occasion de cet arrêt non prévu, l'exploitant a découvert que le sodium primaire était oxydé par une entrée d'air dans le réacteur. La FRAPNA se déclare très inquiète devant la multiplication des erreurs graves à Superphénix. Il y a 3.500 tonnes de sodium primaire dans la cuve principale du réacteur de Superphénix. Ce sodium est l'élément essentiel du refroidissement des 600 assemblages nucléaires contenant les 7 tonnes de plutonium. Il doit être maintenu pur en toutes circonstances pour éviter en particulier que des impuretés (oxydes, hydrures, particules métalliques...) ne viennent boucher les ouvertures par lequel il circule dans les assemblages pour les refroidir. Si un bouchage partiel ou total se produit sur un assemblage, l'assemblage s'échauffe anormalement, la réaction nucléaire s'emballe et la fusion de l'assemblage peut intervenir. Le sodium primaire devait donc être contrôlé en permanence par des systèmes redondants et indépendants: - deux ensembles indépendants de purification intégrée du type piège froid avec cartouches filtrantes - deux indicateurs de bouchage indépendants et des débitmètres permettant de vérifier le non bouchage - un prélèvement régulier du sodium par un godet appelé Tastena plongeant directement dans la cuve du réacteur. Les indicateurs de bouchage devaient "permettre de mesurer la pureté du sodium primaire pour tous les cas de fonctionnement du réacteur" (p. 11-4.14-5 du rapport de sûreté). Ces appareils participent au confinement primaire du réacteur et sont classés au séisme majoré. A aucun moment une entrée d'air ne doit intervenir car des impuretés se forment. L'entrée d'air dans le confinement primaire du réacteur, telle qu'annoncée, qui est intervenue du 20 juin au 3 juillet, signifie que pendant plus de 15 jours le confinement primaire de Superphénix n'était plus assuré. La FRAPNA estime qu'il s'agit d'une violation grave de la sûreté du réacteur, de la sécurité des travailleurs et des populations. C'est par hasard, après un arrêt lié à une avarie sur la partie électrique (turboalternateur), que l'exploitant s'est rendu compte de la présence d'impuretés dans ce sodium et du bouchage des ensembles de purification. Pendant 15 jours le réacteur a fonctionné en dehors de règles de sûreté, en dépassant les valeurs admises, sans que l'exploitant, semble-t-il, se rende compte de cette dégradation. L'article 3-2 du décret d'autorisation de cette installation prévoit que les dispositifs d'alimentation en sodium seront conçus de façon à réduire les risques de bouchage. Ce décret n'a pas été respecté par l'exploitant et le gouvernement. (suite)
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Cet événement, classé d'abord au niveau 1 de l'échelle de gravité des accidents nucléaires, a été, le 29 juillet 1990, classé au niveau 2 (comme la fuite de sodium du barillet de Superphénix en mars 1987 et la formation d'une bulle de gaz à Phénix pendant l'été 1989). "Niveau 2: Incidents suscepttbles de développements ultérieurs - Incidents ayant potentiellement des conséquences significatives pour la sûreté. - Incidents entraînant des réparations ou des travaux prolongés" Depuis fin 1989, la FRAPNA a alerté M. Fauroux, Ministre de l'Industrie, M. Lalonde, secrétaire d'Etat à l'Environnement (lettres du 19 mars 1990 sans réponse) et M. le Préfet de l'Isère (délégation de 45 élus et représentants d'associations, lettre du 8 mai 1990 sans réponse), sur les risques graves d'emballement de la réaction nucléaire dans le coeur de Superphénix en cas de défaut de refroidissement par le sodium, lié à la présence anormale d'impuretés dans ce sodium. La FRAPNA a exigé le 14 décembre 1989, le 28 février 1990, le 25 avril 1990, lors des réunions des Commissions Locales d'Information et de Surveillance Nucléaire, communication des documents techniques permettant de vérifier les affirmations du Chef de la centrale de Creys-Malville, M. Lacroix, selon lesquelles "la pureté du sodium est vér£flée en permanence", "les assemblages purgeurs de gaz de Superphénix ne peuvent pas se boucher", "l'ensemble des études réalisees montre que le passage hypothétique de ce gaz dans le coeur ne peut mettre en cause l'intégrité de la gaine des assemblages combustibles". L'autorisation de redémarrage a été donnée le 14 avril 1990 après "assurance que la purification du sodium était particulièrement surveillée". Ces documents ne nous ont jamais été communiqués. La FRAPNA les demande de nouveau officiellement et publiquement. La preuve est aujourd'hui faite de l'incapacité de l'exploitant de faire la preuve de ce qu'il nous a avancé: la pureté du sodium n'a pas été vérifiée et assurée pendant 15 jours, du 20 juin au 3 juillet1990, les impuretés du sodium n'ont été détectées que fortuitement après l'arrêt du réacteur. La FRAPNA met officiellement en doute les certitudes avancées par le Chef de la centrale, M. Lacroix, qui n'a fourni depuis le 10 octobre 1989 aucun schéma, aucun bilan d'expérience et aucun document écrit d'information sur ce sujet aux membres de la Commission Locale d'information auprès de la centrale. La FRAPNA exige que les autorités de sûreté classent cet événement au Niveau 3 de l'échelle de gravité des accidents nucléaires: "Incidents affectant la sûreté - Etat dégradé des barrie res, des systemes de confinement ou des systèmes de sécudié". La FRAPNA exige le maintien à l'arrêt de la centrale, la convocation d'une réunion exceptionnelle de cette Commission début septembre, une mission d'expertise contradictoire et rendue publique. p.26
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Pour la FRAPNA, la catastrophe de Tchernobyl
fait planer une grande inquiétude quant à Superphénix:
une explosion nucléaire dans un réacteur neutroniquement
instable, à fortiori s'il est à neutrons rapides comme Superphénix,
en particulier dans les périodes d'essai ou de marche à puissance
réduite, est possible.
Scénario 1:
Scénario 2:
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La centrale expérimentale européenne
à neutrons rapides Superphénix de Creys-Malville a coûté
26 milliards de francs d'investissement. L'atelier de stockage du combustible
nucléaire sur le site (APEC) a coûté peut-être
X milliards de francs (on ne nous a jamais indiqué le coût).
L'avarie du barillet, la reconstruction d'un poste de transfert du combustible
et les nouvelles mesures prises ont coûté plus de 1 milliard
de francs (on ne nous a jamais indiqué le coût). Depuis 1985,
la centrale a coûté environ 3 milliards de francs par an de
dépenses d'exploitation, soit 18 milliards de francs. Environ 200
millions de francs de taxes professionnelles et foncières ont été
versées aux communes voisines et au Conseil général
de l'Isère.
Superphénix - Superavaries Superphénix a subi de nombreuses avaries
dont les plus importantes sont:
p.27
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Dans la liste des 18 accidents hypothétiques
(probabilité de 1/10.000 à 111.000.000 d'années de
fonctionnement) analysés dans le rapport de sûreté,
2 se sont déjà produits. Dans cette liste figure un grand
feu de sodium secondaire dans un bâtiment générateur
de vapeur (dans le bâtiment-réacteur, il s'agit d'une des
3 situations hautement hypothétiques), la fusion de 7 assemblages
~lus, il s'agit d'une des 3 situations hautement hypothétiques)
: plutôt que d'espérer que ce ne seront pas les prochains
à cocher dans la liste, arrêtons dès maintenant ce
réacteur incontrôlable pendant qu'il est temps.
La situation actuelle de Phénix (250 MWe) n'est pas meilleure: La formation d'une bulle d'argon dans le réacteur Phénix, à Mascoule durant l'été 1989, met en évidence que Cet événement non prévu a été mal détecté et mal analysé pendant plusieurs mois. "L'analyse de ces documents par le SCSIN et ses appuis techniques a montré des incertitudes dans l'évaluation des marges de tenue mécanique de certaines structures en situation accidentelle. Des justifications complémentaires ont été demandées â l'exploitant. Sous réserve de limiter provisoirement la puissance defonctionnement â 500 MW thermiques, soit environ 80 % de la puissance nominale, le chef du SCSJN a autorisé le redémarrage du réacteur. Au cours du redémarrage, le vendredi 20 avril, l'exploitant a constaté le colmatage de l'appareil de purification du sodium de l'un des trois circuits secondaires (non actifs). Le réacteur a donc été arrêté pour remplacer ce composant. Le redémarrage de l'installation est intervenu le lundi 30 avril". Superphénix - Les Isèrois n'ont pas confiance Plusieurs sondages d'opinion ont révélé
l'în4uiétude grandissante des populations de l'Isère
quant aux risques liés àSuperphénix, mème s'il
convient d'être vigilant avec l'utilisa-t'on des sondages. En décembre
1988, un sondage "Pluris" en Isère, donnait les indications suivantes:
Durant l'été 1989, un sondage
S.A.P. en Isère donnait les indications suivantes:
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Quant à la confiance de la population de l'Isère sur l'information diffusée, le sondage S.A.P. (été 89) indiquait:
La FRAPNA en appelle aux élus et
aux journalistes, s'ils veulent retrouver un peu de crédit sur ce
sujet!
p.28
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RAPPEL
La FRAPNA engagera le 10 septembre 1990 une action
contre le SCPRI et son Chef, le Professeur Pellerin, qui ont donné
des informations fausses sur la radioactivité en Isère liée
aux retombées de Tchernobyl.
La FRAPNA attend toujours la publication des plans
Particuliers d'intervention des installations nucléaires de Grenoble
et les niveaux d'intervention retenus par M. le Préfet en cas d'accident
nucléaire en Isère.
Par ailleurs, il n'est pas inutile de rappeler aujourd'hui
que la France a fourni un réacteur nucléaire Osirak à
l'kak et que son personnel a été formé à Grenoble,
et que la France continue à vouloir exporter les filières
au plutonium, dont les successeurs EFR de Superphénix. Seule l'alternative
au nucléaire peut faire de la France un pays qui contribue au progrès
et à la paix.
M. le Chef de Service Monsieur le Directeur du CEN.S
Depuis que, par votre circulaire n° 48
du 11juillet dernier, vous aviez marqué fermement votre intention
de mettre enfin de l'ordre dans une situation qui s'aggravait de jour en
jour, un silence angoissant s'était fait. La satisfaction dont je
vous avait fait part dans ma note HE/58/578 du 17 juillet aurait-elle été
prématurée et, une fois de plus, les intentions de ceux qui
rêvent d'un monde où chacun recevra enfin le numéro
qui lui convient allaient-elles être mises en échec par l'action
sournoise d'une démagogie malfaisante dont il n'était que
trop aisé de deviner les ténébreuses manoeuvres.
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Le problème du logement: un badge à chaque nouveau ménage et à chaque nouveau-né! L'encombrement des universités: un badge à chaque étudiant! La question nord-africaine: un badge à chaque musulman! Le déficit financier: un badge à chaque contribuable! On demeure, à vrai dire, stupéfait qu'il ait fallu si longtemps pour que s'impose l'évidence de solutions aussi simples et aussi efficaces à tous nos problèmes. Mais c'est là un caractère propre à toutes les idées qui demandent pour être mises au jour cette petite étincelle de génie si difficile à trouver de nos jours. Et quelle ne sera pas notre fierté quand nos petits enfants apprendront dans leurs manuels d'Histoire que parmi les grandes réalisations de la Cinquième République figure en bonne place l'Institution du Badge Gratuit, Laique et Obligatoire dont l'idée prit naissance en 1958 au Centre d'Etudes Nucléaires de Saclay sous l'impulsion de dirigeants dynamiques et dans l'enthousiasme populaire. J'entends déjà certains grincheux insinuer que Saclay n'a rien inventé, qu'il fut un temps où certaines catégories de français avaient déjà la chance de porter un badge jaune à cinq branches. Il n'est que trop facile de leur rétorquer, sans vouloir manquer au respect que l'on doit toujours aux grands précurseurs, que ce n'était que travail d'apprenti: il n'y avait qu'une seule couleur et pas de photographie! Je dois vous confesser, Monsieur le Directeur, que j'ai craint que M. l'Inspecteur Général et les nombreux ingénieurs qui depuis plus d'un an ont consacré de nombreuses heures à l'élaboration d'un lexique de termes français à substituer aux termes anglo-saxons qui tendent à se répandre dans notre vocabulaire, ne prennent ombrage de la caution officielle que vos notes donnent au mot "badge". Cette crainte était vaine et je suis heureux de vous dire que les recherches minutieuses auxquelles je me suis livré m'ont permis d'établir qu'il s'agissait d'un vieux terme du terroir de l'île de France qui nous fut volé - entre autres choses - par les anglais durant la guerre de Cent Ans. C'était au Moyen-Age une coutume villageoise très répandue que, le jour de la fête paroissiale, les jeunes gens s'opposent en des tournois de lutte. Il était de tradition que les concurrents portent, en cette circonstance, des sortes de chaussettes aux couleurs vives, généralement tricotées par leur bien-aimée, et que l'on appelait "bas de jeu". Le vainqueur devait s'emparer de l'un des bas de jeu de son adversaire et, en signe de triomphe, il l'agrafait à gauche, sur la poitrine, à hauteur de la poche de parement. Les Anglais firent leur cette tradition, la rapportèrent en Grande-Bretagne où elle ne s'acclimata d'ailleurs pas, mais le terme de "bas de jeu" devenu "badge" devait subsister, son sens se généralisant au cours des siècles à tout ce qui s'agrafait à gauche, sur la poitrine, à hauteur de la poche de parement. C'est donc sans scrupules que nous pouvons user d'un terme qui est bien de chez nous et dont d'ailleurs il n'existe pas d'équivalent. Reprenez, par exemple, la petite scène que je vous rapportais plus haut et remplacez le mot "badge" par le mot "insigne" que certains voudraient lui substituer. Tout le charme, toute la chaleur humaine disparaît. Il ne reste qu'une phrase conventionnelle et presque vulgaire. Mais, Monsieur le Directeur, je sais que votre temps est précieux etje crains d'en avoir déjà beaucoup abusé. Dans la politique de réforme profonde que vous venez d'amorcer et qui va demander toute votre énergie, vous avez besoin du soutien de tous vos subordonnés. C'est dans l'enthousiasme que je vous apporte le mien et celui de mon personnel, pour que vienne enfm ce jour de gloire où tout Saclay, montrant à la France la voie que le destin lui fixe, remontera vers l'Arc de l'Etoile aux accents de sa marche triomphante: "Monte là d'sus et tu verras mon badge". Toujours à votre entière disposition, je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, à mon complet dévouement. Copies: M. le Haut-Commissaire (pour information)
p.29
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sur la décharge radioactive du Bouchet...!! Plus d'un an après que nous ayons interpellé
le préfet au sujet de la décharge radioactive du Bouchet,
et alors que la Commission Scientifique créée par le Maire
d'Itteville n'a toujours pas émis ses conclusions (à l'exception
de celles de son président), un arrêté préfectoral
du 27 mai 1991 exige du CEA de reprendre une campagne de mesures de radon
sur le site de celle-ci.
Les Amis de la Terre de Ballancourt
Le 11 juin 1991 |
Ballancourt le 12juin 1991
Monsieur le Ministre de l'Environnement
45 avenue G. Mandel 75016 Paris Objet: Décharge radioactive d'Itteville Monsieur le Ministre,
Alain COSTE
Président des Amis de la Terre de Ballancount p.30 |
LE DROIT DE
REPONSE
article 13 de la loi du 29 juillet 1881 Après qu'ont été rappelé les effets de
la catastrophe de Tchernobyl,
Droit de réponse: correction de l'original: (suite)
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suite:
par Nimbus (notre ami Jean Pignero) COMMENT?
Réflexion et postface de Geneviève COSTE.
p.31
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Sans nucléaire, point de salut? En France,
il est possible de développer les énergies renouvelables
(solaire, éoliennes, biomasse...) et d'éviter ainsi le remplacement
des actuelles centrales nucléaires lorsqu'elles arriveront en bout
de course.
"Energies renouvelables" - Silence hors-série n°4 Ecologie hors-série - mars 1991-56 pages -30 F A commander à: Silence, 4 rue Bodin, 69001 Lyon |