Il y a eu tant de battage autour de cette expérience qu'on peut faire un point. Tout d'abord ce fameux programme unique au monde c'est quoi? Un essai de fusion de coeur pour vérifier quelques hypothèses. Notre secrétaire qui a fait la bibliographie du sujet s'est posée et a posé des questions sur l'originalité de ce gadget coûteux. Résultat "des bafouillis", dès "le programme LOFT, c'est pas pareil", etc... En fait il s'agit d'essais du même type auxquels la France n'a pas participé. S'apercevant de son erreur elle s'offre une installation pour refaire des études. Bon on a un énorme programme de réacteurs, il vaut mieux être prudent. A quoi une telle série de tests peut-elle servir? A vrai dire compte tenu des différences d'échelle c'est bien cher comme étude parce que les extrapolations seront difficiles. Et puis il y a mieux à faire que des expériences de fusion de coeur, mettons le poids sur les aciers, les fissures et l'analyse des incidents. Tout ceci participe mieux à la sûreté qu'un essai de fusion qui est une manip' pour chercheur. On peut cependant se dire que si on reprend des séries d'essais c'est que ceux qui ont été fait n'ont pas été concluants ou bien les accidents réels on montré que des paramètres n'avaient pas été pris en compte. Requestion: Phébus PF sert-il vraiment la sûreté? Peut-être si cela entretient une vigilance dans les équipes mais si cela leur fait croire que tout va bien puis qu'on fait des calculs alors c'est une mauvaise voie. Tout ceci c'était avant de savoir ce qui s'est passé. Une installation pilote conçue pour l'étude du résultat de la fusion d'un coeur et dont RIEN ne devait sortir sans contrôle et 3 mois après pour que les effluents soient d'un niveau acceptable. Cette fameuse installation a laissé sortir de l'iode. Prodigieux! Non seulement c'est une expérience pour chercheur sans grand intérêt mais en plus ils sont nuls. Comment peut-on f aire confiance à des équipes qui sont chargées de la surveillance, de l'établissement des règles et qui ne s'appliquent pas à eux-même les principes de base? La CRII-RAD a posé une question sur l'origine du rejet. Comment a-t-on pu fonctionner de cette façon? Il semble qu'il y avait des problèmes avec le système et on a fait l'impasse pensant qu'il ne se passerait rien. Et pourtant le retour d'expérience des divers incidents montre que le contrôle de l'installation et la vérification de son bon fonctionnement sont essentiels. Chaque fois qu'on a négligé ces 2 aspects on a eu un problème. Cette fois c'est pareil: l'installation présentait encore des faiblesses pour la surveillance des rejets, pour le branchement des filtres et le résultat ne s'est pas fait attendre: rejet d'iode. Il faut relire les communiqués annonçant l'essai. C'est assez révélateur: 1. A la poursuite du boulon perdu en octobre. L'installation est fin prête et patatras un infâme "petit boulon" s'est égaré. 2. Ça y est. Les autorisations vont être données, le petit boulon a été oublié et l'essai-qu'on-pourra-suivre-par-télé va se f aire. Evidemment c'est un peu anticipé sur les autorisations mais c'est juste une petite pression. 3. Cocorico de l'IPSN en novembre. On va faire l'essai. 4. Anomalie sans conséquence. C'est bête. Il y a eu disfonctionnement et de l'iode a osé sortir. Et voila la chronique d'un incident programmé. Greenpeace avait montré que le site était une passoire. Il y a des barbelés, et tout le cinéma habituel mais de véritables surveillances c'est moins sûr. Marc Faivet, conseiller régional Vert est également intervenu pour souligner que le manque de Commission Locale d'Information pour ce site ne facilite pas l'intervention des citoyens mais, en plus aide à une politique de secret. Il semble de surcroît que le site a subi une fonte de ses effectifs, fonte qui est à l'origine des différents dysfonctionnements dont ce rejet d'iode est la dernière manifestation. En attendant un peu de self-contrôle, plus de vigilance et la sûreté gagnera. (suite)
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Un boulon en acier inoxydable composé
d'une vis et d'un écrou a été égaré,
au début de ce mois, en sortie d'assemblage combustible du réacteur
expérimental Phébus, sur le site nucléaire de Cadarache.
Ph. G. - Le Provençal, 5/10/1993
entre le 30 novembre et le 2 décembre Paris, 19 novembre (AFP). Le premier essai
du programme «Produits de fission» dans le réacteur
PHEBUS, qui simulera un accident dans une centrale nucléaire, sera
réalisé entre le 30 novembre et le 2 décembre, a annoncé
vendredi l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire
(IPSN).
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Calendrier de l'essai PHEBUS PF
Après vérifications sur l'installation et après l'examen
des procédures expérimentales retenues, le Directeur de la
Sûreté des Installations Nucléaires a autorisé
le 18 novembre l'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire
à réaliser le premier essai du programme PHEBUS - Produits
de Fissions. Ce programme de recherches consiste à étudier
à échelle réduite le comportement des produits radioactifs
qui seraient libérés dans un accident sur une centrale nucléaire.
Les six essais prévus à Cadarache (Bouchesdu-Rhône)
seront menés au rythme d'une expérience par an. PHEBUS PF
associe de nombreux partenaires de la Communauté Européenne
et de plusieurs pays (Etats-Unis, Canada, Japon, Corée du Sud).
Communiqué
de presse
L'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire indique
qu'une anomalie technique, sans conséquence a été
constatée mercredi 8 décembre à l'intérieur
de l'installation expérimentale PHEBUS, située à Cadarache
(Bouches-du-Rhône). Celle-ci s'est produite lors du transfert, dans
le local de stockage de l'installation, de 130 litres d'eau contenant des
produits radioactifs engendrés par l'expérience réalisée
le 2décembre 1993.
Communiqué CRII-RAD Rejet radioactif au Centre d'Etudes Nucléaires de Cadarache L'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN) a diffusé un communiqué de presse* indiquant qu'un incident s'est produit à l'installation Phébus, ce mercredi 8 décembre: 5 mCi d'iode et une quantité non précisée de gaz rares ont été rejetés dans l'environnement. (suite)
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Suite à cette information, la CRII-RAD souhaite préciser les points suivants: A. L'IPSN déclare que les 5 mCi d'iode qui ont été rejetés doivent être comparés aux 100 millicuries annuels prévus dans le projet PHEBUS PF. Si l'on se reporte au dossier technique** transmis par l'IPSN aux autorités de sûreté pour obtenir les autorisations nécessaires à son programme, on constate que les rejets prévus pour les halogènes, dont fait partie l'iode 131, n'est pas de 100 mCi, mais de 3mCi. Les 5 mCi rejetés mercredi représentent donc - si l'on s'en tient aux chiffres communiqués par l'IPSN - plus de 160% de ce que l'IPSN prévoyait de rejeter EN UN AN, dans le cadre de rejets CONTROLÉS. B. Le rejet a été effectué dans des conditions contraires à ce que stipulait le rapport technique: 1. Les autorisations*** ne concernent que des rejets contrôlés. Les rejets atmosphériques liés à l'expérience Phébus PF devaient être rejetés de façon contrôlée et après un délai de trois mois permettant la décroissance de la radioactivité. 2. "Dans le but de réduire et même de supprimer les conséquences dommageables du projet sur l'environnement" (...), "les circuits de ventilation sont équipés avec des filtres aérosols ou des pièges à halogènes à Très Haute Efficacité". Or, il a fallu attendre 35 mn pour que des filtres et des dispositifs de piégeage soient mis en place sur la cheminée de rejet. Pendant tout ce temps, les produits radioactifs se sont échappés librement vers l'extérieur. Ces indications, obtenues auprès de deux hauts responsables de l'IPSN, sont en contradiction avec les informations contenues dans le communiqué de presse de cet organisme: "dès la détection de l'anomalie, l'activation des pièges à iode a permis de réduire d'unfacteur 100.000 le débit émis vers l'atmosphère". Il est surprenant de constater que les dispositifs de filtration ne sont pas installés en permanence sur les cheminées de rejet et qu'en situation d'urgence, il faut environ une demi-heure pour les mettre en place. Des rejets accidentels étant par définition imprévus, il est indispensable que les filtres destinés à réduire les émissions à l'extérieur soient opérationnels en permanence. C. C'est le dysfonctionnement d'un simple clapet de vidange qui se trouve à l'origine de ce rejet radioactif incontrôlé dans l'environnement. Chaque année des dizaines d'anomalies similaires sont enregistrées sur les installations nucléaires****: un clapet qui ne fonctionne pas, une alarme qui ne se déclenche pas, une canalisation mal branchée, etc. Or, on connaît l'importance de ces facteurs secondaires dans le développement des séquences accidentelles. Tant que ces anomalies ne concernent pas directement les circuits de sûreté, leur incidence reste limitée, mais personne ne peut assurer que ces dysfonctionnements n'interviendront jamais dans le déclenchement d'un accident majeur. Compte tenu de la dangerosité du programme Phébus PF, le défaut de maîtrise révélé par cet incident est très préoccupant. * Communiqué IPSN du 8/12/93: anomalie technique sans conséquence dans l'installation Phébus. ** Rapport technique réf. 047 AD 0320 SG 10175 IND. 0 - Réacteur expérimental Phébus / IPSN. *** les autorisations de rejet correspondent à un risque maximal tolérable. Il s'agit d'un compromis entre les besoins des installations nucléaires (qui ne peuvent fonctionner sans rejeter des produits radioactifs dans l'air et dans l'eau) et la santé des populations qui se trouveront exposées du fait de ces rejets. Il est à noter que ces anomalies surviennent dans un contexte déjà très défavorable: vieillissement des installations, et notamment le parc électronucléaire (Cf. les défauts génériques sur les cuves de réacteur et les générateurs de vapeur) et actes de malveillance (cf. les falsifications des vérifications de soudures à Dampierre). p.13
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L'Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN) a pour mission de réaliser des recherches et des expertises dans toutes les disciplines nécessaires à la maîtrise des risques: technologie de sûreté, protection de l'homme et de l'environnement, gestion des situations de crise, sécurité des transports. Son expérience reconnue de scénariste, d'organisateur et d'animateur d'exercices de crise déborde aujourd'hui du seul domaine nucléaire, secteur traditionnel de l'IPSN. Etudes et recherches
Expertises
Les recherches sur les accidents graves
Les étapes de la recherche
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La deuxième grande étape a été marquée par les essais "hors pile" réalisés dans des installations de grande taille. Utilisant principalement des torches à plasma pour simuler les composés chimiques relâchés au cours d'un accident grave, ces études étaient destinées à améliorer les connaissances sur le comportement thermohydrolique et physicochimique des produits de fission (Marviken en Suède, LACE aux Etats-Unis, DEMONA en Allemagne). Le programme français PITEAS est orienté vers une étude détaillée de la physique des aérosols et a un objectif plus analytique que les programmes cités ci-dessus. Il est néanmoins lui aussi déstiné à l'étude du comportement global des aérosols dans les enceintes de confinement. Un nouveau pas a ensuite été franchi avec le début des essais "en pile", c'est-à-dire utilisant un réacteur nucléaire de recherche (STEP aux EtatsUnis, AECL et PBF au Canada, PHEBUS CSD en France). Menées pour étudier la dégradation du combustible, ces expériences ont montré la nécessité d'améliorer les connaissances sur le devenir des produits de fission après leur émission du coeur. C'est particulièrement sur ces phénomènes que l'apport de PHEBUS PF sera essentiel: simulant à la fois le coeur, le circuit primaire et l'enceinte, il permettra d'améliorer les connaissances sur l'évolution des produits de fission dans le réacteur, en cas d'accident grave, et des risques correspondants pour l'environnement. Les codes de calcul
Le programme PHEBUS PF
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Les objectifs du programme PHEBUS
PF sont:
· validation des codes de calculs de manière globale grâce à l'interprétation et la comparaison des calculs avec les résultats expérimentaux, · caractérisation de l'évolution des produits de fission radioactifs dans l'enceinte de confinement d'un réacteur à eau sous pression dans une série d'accidents graves représentatifs, · identification des marges d'incertitude dans l'évaluation du comportement des produits de fission. Le caractère d'expérience intégrale de PHEBUS PF garantit que les différents phénomènes ainsi que leur interactions seront représentés. Ce programme se déroulera sur une durée de 10 ans (1988-1999). Son budget total devrait atteindre 900 millions de francs. Pour réaliser ce programme, l'IPSN bénéficie de cofinancements importants qui lui sont apportés par EDF, la Commission des Communautés Européennes et plusieurs partenaires étrangers. En ordre de grandeur, ces participations devraient représenter 25% pour EDF, 30% pour la Communauté Européenne et 15% pour les partenaires étrangers. La coopération internationale
La Commission des Communautés Européennes
Japon
Les Etats-Unis
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La Corée Depuis dix ans (février 1982), le Korea Atomic Energy Research Institute (KAERI) et l'IPSN entretiennent des relations de collaboration dans le domaine de la sûreté des réacteurs. En mars 1991, la Corée a décidé de participer au programme PHEBUS PF. Le KAERI assure sa participation en détachant sur place un représentant. Le Canada
L'installation Phebus
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Description de l'installation
L'installation de Cadarache comporte essentiellement: · un réacteur nucléaire dont le coeur est évidé en son centre. Dans cette cavité est logé la partie en pile de la boucle qui reçoit l'assemblage combustible en essai. Le réacteur utilise comme combustible des crayons d'UO2 faiblement enrichi et peut fonctionner à une puissance de l'ordre de 40 MW en continu durant plusieurs semaines (pour assurer le préconditionnement du combustible d'essai et y accumuler des produits de fission en quantité significative vis-à-vis des réacteurs à eau sous pression). · une boucle qui comporte: - la partie en pile qui reçoit un assemblage d'essai constitué de 20 ou 21 crayons de 800 mm de longueur, - des circuits de refroidissement de l'assemblage d'essai durant la réirradiation de quelques semaines in situ, - des circuits où sont implantés: · des équipements simulés (pressuriseur, générateur de vapeur...), · des réservoirs simulant l'enceinte d'un réacteur à eau sous pression, · un réservoir atmosphère pour recevoir la fuite de l'enceinte · une installation d'acquisition de données, · des équipement permettant la manutention des dispositifs d'essai et des échantillons, · un poste de conditionnement et d'examen non destructif de l'assemblage d'essai avant et après l'expérience et son conditionnement avant transfert dans les laboratoires de démantèlement. Les essais
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L'expérience consiste à suivre: · le cheminement des produits de fission depuis leur émission du combustible, dans le circuit primaire et au sein de l'enceinte de confinement, · l'éventuelle remise en suspension de produits de fission piégés sur les parois du circuit primaire, soit sous l'effet de fortes variations sur le débit vapeur, soit par suite de l'échauffement élevé des parois (vers 1.000°C et plus). Ces éléments radioactifs sont ensuite susceptibles d'être entraînés vers l'enceinte de confinement. Après essai, le combustible sera figé et transporté en cellule chaude où seront effectués les prélèvements. Le dispositif sera démonté et soumis à une radiographie X et à des mesures de spectromètrie g. Les lignes et les appareils sont prévus pour être changés à partir du troisième essai. Ce travail de démontage et d'analyse nécessitant beaucoup de temps, six essais sont planifiés à raison d'un essai par an. Une grille de programmes a déjà été élaborée par le Comité PHEBUS qui gère le projet mais elle reste modifiable. Programme prévisionnel PHEBUS PF
Lexique
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