La nouvelle est tombée pendant le
bouclage de la Gazette. Le gouvernement donne
son feu vert au redémarrage. Evidemment il y a des contorsions dans
tous les sens et on tient compte du rapport de la DSIN. Mais cette expérience
ratée va encore continuer. On peut toujours se dire que le ridicule
ne tuant pas il va s'arrêter dès son redémarrage (c'est
d'ailleurs prévu dans le communiqué). Il n'empêche,
«jouer» avec un réacteur de cette taille est une décision
qui peut être lourde de conséquences. Si on a vraiment besoin
des RNR cela peut les tuer définitivement. Et si on a un incident
jusqu'où ira-t-il?
Quand une expérience est ratée, quelque soit son prix
il faut savoir s'arrêter.
Il est clair que cette affaire Superphénix
est loin d'être terminé, espérons pour les populations
que cela ne se terminera pas par un grave incident.
Pour juger vous avez les communiqués
des associations, celui du ministère et le rapport de la DSIN. Je
tiens à votre disposition les annexes du dit rapport si vous voulez
tout savoir. Vous pouvez aussi les demander au ministère de l'Industrie.
Creys-Malville, la supercherie
23 février 1994
Superphénix est autorisé à redémarrer
Le GSIEN s'élève
vigoureusement à l'encontre d'une telle décision qui fait
fi des réserves exprimées par la DSIN, autorité de
sûreté et donc garante de cette sûreté.
De la non-maîtrise des feux de sodium en passant par les multiples incidents dont il a été le siège, Superphénix est une machine chère, dangereuse et mal conçue. Il était et reste évident au GSIEN que ce réacteur devait être arrêté et démantelé au plus vite. Le tour de passe passe qui consiste à déclarer ce réacteur prototype pour la recherche et la démonstration serait le comble de l'humour noir s'il ne s'agissait d'un réacteur présentant de graves lacunes au plan de la sûreté et, donc de la sécurité des populations. Cette déclaration sera, de toute façon fausse car Superphénix va repartir avec son chargement d'origine et ne sera réacteur de recherche (???) qu'à partir de l'an 2000 s'il ne s'arrête pas avant pour panne grave. Belle façon de dissimuler les motifs du redémarrage de Superphénix, le parer des plumes de la recherche. Beau cadeau pour la recherche d'un objet aussi peu conçu pour en faire. Que sont devenues les ouvertures pour une expertise pluripartisme? Où se sont englouties les réserves du ministère de l'Environnement? Comment peut-on concevoir de demander à une firme privée de faire cadeau à la recherche de sa tête de série industrielle et en plus de lui faire établir le programme de recherche? Superphénix, réacteur de l'avenir? Ce réacteur dont la conception remonte aux années 70 est un raté technologique. Il faut savoir arrêter les expériences ratées et le gouvernement se serait honoré de le faire. Dommage!!
[1] Le Progrès du 28janvier 1994 [2] Le Progrès du 20janvier 1994. (suite)
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suite:
Communiqué de presse du 22.02.1994 Superphénix: un échec reconnu... l'expérience
continue.
Tout en reconnaissant l'échec de la
«tête de filière industrielle» du programme surgénérateur,
le gouvernement de M. Balladur, qui comprend trois ministres issus de la
région Rhônes-Alpes (MM. Barnier, Bosson et Carignon), annonce
sa décision d'autoriser le redémarrage de Superphénix,
à Creys-Malville (Isère).
p.5
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Le communiqué de presse
du Premier Ministre reconnaît l'échec du prototype et constitue
un exemple de double langage en parlant de la mise en place d'un contrôle
scientifique «de haut niveau» (de quel niveau était-il
avant) pour un hypothétique futur usage de Superphénix après
l'an 2000. Superphénix ne peut pas redémarrer autrement que
comme centrale nucléaire surgénératrice de plutonium
et ce, pour la durée du coeur actuel et du suivant déjà
construit. Il est donc faux d'oser affirmer que «Superphénix
n'est plus une centrale nucléaire» (M. Barnier sic) et qu'il
serait transformé en «centre de recherche et de démonstration».
De fait, depuis 1987 et l'avarie très grave de la fuite de sodium du barillet, il n'est plus possible de donner la priorité à la production d'électricité pour un réacteur aussi aléatoire. Quant à l'usage en sous-générateur de Superphénix, seule illusion de sortie de ses promoteurs, les mêmes qui vantaient le surgénérateur, il ne peut intervenir qu'après l'an 2000... c'est ce que le gouvernement appelle «le plus rapidement possible». Il s'agit là de la préparation à la future nouvelle fuite en avant d'après l'an 2000 proposée par la NERSA (société européenne). EDF et le CEA pour faire une expérience dans l'expérience: le 3ème coeur ne serait sous-générateur que de 100 kilos de plutonium par an pour 5 tonnes de plutonium dans le coeur et 10 tonnes produites chaque année par le parc de réacteurs; le test de la transmutation des actinides ne pourrait porter que sur quelques grammes alors que le parc en produit 1 tonne par an et que Superphénix en a déjà produit plusieurs centaines de kilos. Pour le porte-parole des «Européens contre Superphénix»: «Dans la région Rhône-Alpes qui est la plus densément nucléarisée du monde, c'est comme si trois Ministres de la région avait été radioactivés. Nous portons tous nos espoirs sur la population pour qu'elle s'associe à nos actions et à notre marche, et nous ne doutons pas que le Conseil d'Etat annulera pour illégalité ce nouveau décret de redémarrage comme il l'a déjà fait en 1991 pour le précédent décret de redémarrage du 12 janvier 1989, qu'avait aussi signé le Ministre de l'Environnement de l'époque». Il est temps, en cette période de déclaration d'impôts, de mettre fin au gaspillage financier de ce programme qui prévoyait 20 surgénérateurs en l'an 2000 et favorise la prolifération du plutonium. Avec 250 mouvements associés, «Les Européens contre Superphénix» organisent une marche de Malville (le 9 avril 1994) à Matignon (le 8 mai 1994), pour demander l'arrêt définitif de Superphénix et l'engagement d'un réel débat sur les alternatives énergétiques. «Les Européens contre Superphénix» sont prêts à engager, devant le Conseil d'Etat, des recours en annulation du décret d'autorisation de création et du décret d'autorisation de redémarrage de Superphénix. Raymond AVRILLIER
«Les Européens contre Superphénix».
Ce comité est soutenu par 250 mouvements à travers l'Europe.
Coordination assurée par:
Porte-parole Comité Malville, Contact : Thierry Girardot, 4 rue Bodin, 69001 Lyon. Tél: (33)78.28.29.22. Fax : (33)72.07.70.04 Contratom (Genève, Suisse), Contact : Olivier De Marcellus, Case Postale 65, CH 1211, Genève 8 (Suisse). Tél : (41) 22.781.48.44. Fax : (41)22.320.45.67 Frapna (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature), Contact : Vincent Fristot, 5 place Bir Hakeim, 38000 Grenoble. Tél: (33)76.42.64.08. Fax: (33)76.44.63.36 Greenpeace, Contact: Jean-Luc Thierrv, 28 rue des Petites Fcuries, 75010 Paris. Tél: (33-1)47.70.46.89. Fax : (33-1)47.70.46.91 GSIEN (Groupement de Scientifiques pour l'Information sur l'Energie Nucléaire), 2 rue François Villon, 91400 Orsay. Tél : (33-1) 60.10.03.49. Contact Isère : Raymond Avrillier. Tél : (33) 76.76.38.89. Fax : (33) 76.76.39.75 WWF (Fonds Mondial pour la Nature) Lombardie (Italie), Contact: Marco Viviani, Via Donatello 5/b, Milano t (Italie). Fax : (39) 2.29.40.49.03. (suite)
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suite:
Creys-Malville:
Le Gouvernement décide que Superphénix
ne sera plus exploité comme une centrale nucléaire mais deviendra
un réacteur consacré à la recherche et à la
démonstration.
Un programme de recherche
Un comité directeur réunissant
NERSA, EDF et le CEA devra présenter un programme d'acquisition
de connaissances tenant compte des nouvelles orientations données
à Superphémx.
p.6
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Objet: Sûreté du
réacteur Superphénix.
1) Etat de la procédure
2) Rappel des conclusions du rapport de la DSIN du
16 juin 1992
3) Les conditions de sûreté d'un éventuel
redémarrage
(suite)
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suite:
ï les conditions d'exploitation de Superphénix devront explicitement privilégier, d'une part la sûreté, et d'autre part l'acquisition de connaissances en vue de préparer une éventuelle future génération améliorée de réacteurs à neutrons rapides. La production d'électricité ne doit donc pas être un objectif premier; ï un effort important doit être engagé afin d'améliorer à terme l'inspectabilité des composants de Superphénix. Ce réacteur est encore relativement jeune. A moyen terme, dans quelques années, il faudra disposer des méthodes nécessaires pour contrôler et suivre en service son vieillissement. Il est clair à mes yeux qu'une éventuelle future génération de réacteurs à neutrons rapides devrait, sur ce point, être conçue différemment de Superphénix, en profitant, là comme ailleurs, de l'expérience acquise en France et dans le monde. 4) L'utilisation de Superphénix en sous-générateur
ou incinérateur
A.C. LACOSTE
p.7
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Monsieur François Fillon
Monsieur le Ministre,
Minitre Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche 1, rue Descartes 75231 Paris Cedex 05 Je vous prie de bien vouloir excuser ces remarques, que personne ne m'a demandées, à propos de l'utilisation future du réacteur a neutrons rapides de Creys-Malville. En tant que physicien, j'ai essayé de comprendre l'avenir des techniques de transmutation nucléaire pour le traitement des déchets nucléaires à longue durée de vie. Il y a le projet de Los Alamos d'utiliser des réacteurs nucléaires à neutrons lents, utilisant la spallation de neutrons, et maintenant le projet français d'utilisation de réacteurs à neutrons rapides. J'ai appris cela dans la presse française à la fin de l'année dernière et les services du Ministère de votre prédécesseur, M.H. Curien, m'ont aimablement fourni la copie de la proposition, préparée à la demande du Premier Ministre, d'utiliser les Phénix et Superphénix afin d'expérimenter ces techniques. A cette occasion, je voudrais dire combien j'ai apprécié à la fois le fait que le rapport m'ait été communiqué et également le niveau de réflexion et d'ouverture du rapport. En essayant de comprendre les mérites de chacun de ces projets, je suis arrivé à la conclusion qu'ils conduisent tous deux à des impasses, proposées par les orgnaismes existants pour s'auto-perpétuer, plutôt qu'à de réelles solutions au problème. Mes hésitations concernant le projet à neutrons rapides comportent deux aspects: d'une part une réserve générale, d'autre part un certain scepticisme sur l'utilisation de Creys-Malville. Les critiques générales sont les suivantes: 1) Coût. Même si la méthode se révélait utilisable, elle nécessiterait, comme le remarque le rapport Curien, un parc considérable de réacteurs à neutrons rapides: un pour trois à quatre réacteurs classiques. Etant donné le coût relativement élevé de ces réacteurs, il est difficile d'imaginer que cela puisse être considéré comme une solution acceptable. 2) Stock de plutonium. Comme le rapport Curien le souligne, le stock de plutonium dans le cycle serait de 300 tonnes à tout instant, pour le niveau actuel de production d'électricité nucléaire. C'est une quantité inquiétante d'un matériel dangereux qu'il faut constamment contrôler, stocker et garder contre d'éventuels proliférateurs d'armes nucléaires. (suite)
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3) La méthode génère ses propres déchets. Une quantité importante de retraitement serait nécessaire, produisant ses propres déchets nucléaires. Le stockage à long terme des déchets resterait nécessaire. Il n'est pas évident, d'après le rapport Curien, que le problème des déchets nucléaires résiduels serait significativement moindre qu'il ne l'est actuellement. Les problèmes particuliers à Superphénix sont les suivants: 1) Sécurité. Il y a déjà eu plusieurs problèmes de sécurité. Les modifications nécessitées par les fissures du barillet rendent encore plus difficile le chargement du combustible. 2) Un outil de recherche mal adapté. Ceci est partiellement relié à ma remarque précédente. Le long intervalle de temps entre les opérations de chargement de combustible limite les possibilités de test des différents scénarios d'incinération. D'autre part, Creys-Malville a été conçu pour produire du plutonium et de l'électricité. Il n'est probablement pas l'instrument idéal pour expérimenter les problèmes d'incinération. 4) Pourquoi Superphénix maintenant? La motivation économique originelle a changé depuis sa conception, avec la chute des prix de l'uranium enrichi et, maintenant, le surplus d'uranium enrichi dû aux réductions d'armement nucléaire par les USA et l'ex-URSS. La poursuite du projet, malgré cette situation, sera onéreuse et n'apportera vraisemblablement à la France, ni retombées technologiques, ni contribution à la production d'énergie à moyen terme. 5) Relations publiques. Superphénix est ressenti dans la région environnante comme une menace dangereuse, en raison du risque d'accident grave. Cette crainte, à mon avis, n'est pas sans fondement. Pourquoi alors continuer dans la mesure où rien ne l'impose? Je suis donc persuadé que la continuation du projet Superphénix, pour étudier soit la surgénération soit l'incinération de déchets nucléaires, n'est pas l'intérêt du gouvernement français et que ce dernier serait mieux servi en arrêtant le projet maintenant. Je suis sûr que Superphénix a été utile, que de nombreuses leçons ont été tirées de cette expérience, mais que le temps est venu d'arrêter ce projet. Je réitère l'espoir que je serai excusé de la liberté que j'ai prise d'attirer votre attention sur ce problème et je souhaite ajouter que je me tiens à votre disposition si ma contribution pouvait être de quelque utilité à vos services. Je vous prie d'agréer, M. le Ministre, l'assurance de ma haute considération. Jack STEINBERGER
Prix Nobel de Physique p.8
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Marche Malville Matignon 9 avril 1994-8 mai 1994 Si vous voulez vous inscrire à cette marche,
Prenez contact avec «Les Européens contre Superphénix»,
4 rue Bodin, 69001 Lyon
Quelques rendez-vous Samedi 16avril: Limonest (10h) - Mont Verdun- Conseil Régional (14 h) - NERSA (Lyon). Samedi 23 avril: Action à Fessenheim (9h) - Kelh (Allemagne, 16 h) - Parlement Européen. Mardi 26 avril: anniversaire de Tchernobyl - action à la centrale de Nogent/Seine à partir de 12h. Dimanche 8 mai: Paris, Cité des Sciences à Matignon. Rassemblement à partir de 14 h. (suite)
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Les stratégies énergétiques entre risques nucléaire et effet de serre Salle Clémenceau au Sénat - Palais du Luxembourg - Paris Les 8, 9, 10 avril1994 Un collectif d'associations s'unit pour lancer un débat sur la
politique énergétique en guise d'introduction au débat
Inscription: INESTENE - Nathaly Dubuis, 8 rue Buot - 75013 Paris.
PROGRAMME: Vendredi 8avril (matin): Les politiques énergétiques.
p.9
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