Tchernobyl est considéré
comme le symbole de ce qui n'arrivera pas en France... Et l'anniversaire
de Tchernobyl est marqué par de multiples commentaires autour de
l'insécurité des centrales encore en fonctionnement à
l'Est, comme si, chez nous, tout problème était désormais
résolu.
Pourtant en France aussi, il y a lieu d'être inquiet. Une organisation du travail inhumaine... Tout d'abord, l'inhumanité des conditions
de vie, de travail et d'emploi des quelques 25 à 30.000 travailleurs
d'entreprises sous-traitantes qui assurent les tâches de maintenance
des parties irradiées des centrales nucléaires doit être
publiquement dénoncée.
* La gestion de l'emploi par la dose
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commerciale du Groupement Intersyndical des Industries du Nucléaire (GIIN) au statut juridique imprécis. L'accord de la Commission Nationale Informatique et Libertés a été obtenu par EdF d'une part, et par le GIIN d'autre part, en jouant sur l'opacité des questions touchant à la radioprotection. L'objectif affiché - la maîtrise des expositions individuelles - ne disant évidemment rien sur le moyen d'y parvenir. Or, celui-ci ne consiste pas en une maîtrise des expositions aux postes de travail mais dans la sélection des hommes en fonction de la dose. Ce système assure un fractionnement des expositions entre de très nombreux travailleurs contraints à un travail intermittent, ce qui signifie des revenus très irréguliers pour un nombre croissant d'entre eux. EdF se désintéresse totalement du devenir des salariés en limite de dose. Ni l'inspection du travail ni la médecine du travail n'ont les moyens d'assurer correctement le suivi de ces salariés. EdF peut ainsi afficher non seulement qu'aucun travailleur ne dépasse les limites en vigueur, mais encore que très peu d'entre eux atteint la future norme prévue de 20 mSv. Ainsi sous le prétexte apparent de la protection de la santé de ces salariés, on arrive à la sélection par la dose, qui exclut ceux ayant dépassé ce niveau de dose. Ils subissent le préjudice d'emploi quand ils ont atteint la limite d'exposition sans bénéficier d'aucune instance de recours contre l'arbitraire de cette gestion des emplois. * Au nom de la productivité du travail
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Travailleurs «extérieurs»,
ils sont exclus du statut de ces autres travailleurs du nucléaire
que sont les agents EdF. Ces derniers, en revanche, bénéficient
d'un statut qui, outre des garanties sociales et d'emploi, comporte des
formes institutionnalisées de contrôle des conditions et de
l'organisation du travail prévoyant une réelle intervention
des salariés. Non statutaires, les travailleurs «extérieurs»
n'y participent pas.
* La sûreté en péril...
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* Le suicide comme ultime acte de révolte Dans les premiers mois de 1996, sept salariés de la sous-traitance du nucléaire se sont donnés la mort. On peut se poser la question du rôle de la précarité économique, de l'enfermement dans la solitude professionnelle et des contradictions insurmontables entre les contraintes imposées par EdF et les besoins les plus élémentaires de la vie familiale. Les associations et syndicats signataires de ce communiqué veulent sensibiliser la presse et l'opinion publique sur cette évolution humainement inacceptable et totalement irresponsable du point de vue de la sûreté nucléaire. La société française peut-elle admettre que ce «droit à l'énergie» tel que défendu par le lobby nucléaire passe par la mise en place d'une classe de travailleurs exclus du droit du travail et privés de fait de la citoyenneté sociale, travailleurs préposés aux travaux irradiés nécessaires au maintien du parc français? Faudra-t-il un accident majeur pour que s'arrête cette course en avant collectivement suicidaire que constitue la quête sans fin des gains de productivité? Les signataires de cet appel demandent,
Au-delà de ces propositions, la société française ne peut pas faire l'économie d'un débat démocratique sur le nucléaire, débat qui prenne en compte non seulement le coût financier, les dangers et les impasses de l'ensemble de la filière nucléaire, mais aussi les coûts humains actuels et potentiels, en donnant pleinement la parole à ces travailleurs du nucléaire qui sont aujourd'hui privés de droit d'expression sur leurs conditions du travail et sur l'organisation sociale de la production nucléaire dont ils sont les acteurs principaux. p.19
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Suite à la publication
par l'ACRO de documents intemes à l'ANDRA révélant
la présence massive de plutonium sur le Centre de Stockage de la
Manche (CSM) et de graves atteintes à l'environnement, l'Agence
Nationale des Déchets Radio-Actifs (ANDRA) n'a rien trouvé
de mieux que de porter plainte contre l'association (en la personne de
son président) et son conseiller scientifique. Quel peut-être
le rôle du citoyen face à une entreprise qui viole délibérément
la loi française?
Rappelons les faits. Avec près de 530.000 m3 de déchets radioactifs, le CSM saturé est remplacé par le Centre de Stockage de l'Aube (CSA) qui prend le relais. Une enquête publique a été ouverte en octobre, novembre 1995 pour examiner la demande de fermeture du site déposée par l'ANDRA. Sur les 7 kg de documents présentés au public par l'Agence dans le cadre de cette enquête, le contenu radiologique du site tenait en une seule page. Rien sur les graves pollutions des environs révélées par l'ACRO. Dans un rapport publié à cette époque, l'Association dénonçait les violations des Règles Fondamentales de Sûreté (RFS) commises sur le CSM. Des documents internes à l'ANDRA reçus anonymement par la poste nous ont permis de découvrir que nous sous-estimions largement l'ampleur des dégâts et que l'Agence avait volontairement menti par omission dans le document d'enquête publique. Ainsi, dans les derniers 5 mois d'activité du CSM, il aurait été stocké dans des fûts ordinaires non-enrobés, plus de plutonium que ce que le CSA, huit fois plus grand, est autorisé à recevoir durant toute son existence. De nombreux autres éléments très radio-toxiques ont été aussi stockés dans des proportions qui dépassent largement les quantités autorisées. Les nappes phréatiques, que l'on savait déjà très polluées en tritium, sont impropres à la consommation, ce que l'ANDRA a toujours nié. Par endroit, la contamination dépasse de trois fois les limites sanitaires françaises, pourtant très laxistes. Certaines structures d'accueil en béton, supposées retenir les eaux de percolation, sont déjà fissurées et laissent échapper du tritium et d'autres radio-éléments. |
Qu'aurait dû faire l'ACRO ? Renvoyer
les documents (à qui d'ailleurs, puisque l'envoi est anonyme ?)
ou alerter le citoyen consulté sur l'avenir du centre de Stockage
? L'ANDRA avait délibérément menti à la population,
aux élus, aux autorités de sûreté et à
la Commission Hague. Les document ne contenant aucune information touchant
le secret industriel, commercial ou militaire, mais uniquement des informations
qui auraient du être dans le dossier d'enquête publique, nous
avons donc convoqué la presse à une conférence pour
informer la population de l'état réel du site de la Hague.
Les commissaires enquêteurs ont demandé l'accélération
de la fermeture du site. Pourtant, ils venaient d'être désavoués
par le gouvernement qui, à la suite des révélations
de l'ACRO, a décidé, en décembre 1995, de mettre en
place un groupe d'experts indépendants chargés de faire l'état
du CSM. Quant à l'ANDRA, pourtant responsable (mais pas coupable
?) de la situation désastreuse du CSM, elle préfère
se donner une image verdie en construisant une éolienne sur le site
et attaquer l'ACRO enjustice.
Nous sommes bien décidés à nous battre jusqu'au bout pour faire progresser la vérité. Pour cela, nous avons besoin du soutien financier du plus grand nombre, afin de faire face aux frais engendrés par un tel procès et pour pouvoir poursuivre notre mission de contrôle de l'environnement. Il y va de la survie de l'association et de toute surveillance indépendante des installations nucléaires de la Hague. ACRO:18 rue Savorgnan de Brarza - 14000 CAEN Tél/fax 02 31 73 79 17 |