Évaluation de la dose à la thyroïde
en Haute Corse
Mai/juin 1986
Jean Claude Zerbib -1996-
Les calculs effectués ci-après
se fondent sur la mesure par spectrométrie gamma d'un litre de lait
de brebis prélevé le 10 juin 1986 en Haute Corse et expédié
par le docteur Fauconnier.
Donnée:
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Pour une consommation d'un litre de lait de brebis par jour âge coefficient
dose en sievert par litre de lait
Population critique:
Ces valeurs montrent la variation importante
de la dose avec la période de décroissance "in situ" retenue
pour le calcul (variation de 1 à 3).
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Lors du retraitement des combustibles
irradiés, le procédé de traitement des iodes aboutit
à leur élimination sous trois formes différentes (exemple
du bilan iode en 1994):
- Effluents liquides rejetés en mer 86,7 % - Piégeage et conditionnement sous forme de déchets 11,6 % - Effluents gazeux rejetés dans l'atmosphère 1,6% Parmi les isotopes de l'iode relâchés avec les effluents, l'iode 129 prédomine largement (99,4 %). Par ailleurs c'est l'iode gazeux, bien que minoritaire, qui entraîne l'impact radiologique le plus important car, outre son incorporation par inhalation, il se fixe rapidement sur les végétaux (légumes, herbe consommée par les bovins) et se retrouve dans le lait et la viande. Le Service de Prévention et de Radioprotection de COGEMA effectue des mesures par spectrométrie garnma sur les 3 indicateurs les plus significatifs de la présence d'iode dans l'environnement; l'air (une mesure hebdomadaire dans les 5 villages proches de l'usine), l'herbe (mesures périodiques en différents points situés sur des rayons de I à 10 ltm) et le lait (une mesure par mois chez différents producteurs du canton Beaumont) Les résultats montrent que la quasi-totalité de la dose iode 129 reçue annuellement par un adulte résidant à environ 2 km sous les vents dominants (0,03 millisievert) est due aux aliments d'origine terrestre (0,02 mSv), tandis qu'une dose 5 fois inférieure serait due aux produits de la mer (0,004 mSv) et à la respiration. Ainsi pour la population critique (adulte) la dose due à l'iode 129 représente 1 % de la dose reçue en moyenne en France (3,2 mSv) et 3 % de la limite réglementaire d'exposition artificielle qui sera prochainement adoptée en France (1 mSv/an). D'autre part dans l'éventualité d'un accident entraînant l'incorporation de la même quantité d'iode radioactif, l'irradiation à la thyroïde serait 100 millions de fois moins à proximité d'une centre de retraitement des combustibles (risques liés à l'iode 129) qu'à proximité d'une centrale nucléaire (risque lié à l'iode 131). C'est pourquoi une distribution d'iode stable est prévue à proximité des centrales en cas de nécessité (distribution préventive, suite à une récente décision du Secrétaire d'État à la Santé), tandis qu'une telle mesure ne paraît pas s'imposer pour l'usine de la Hague, du moins au regard de critères strictement techniques et radiologiques. durant la période 1984-1994 Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire - avril 1996 A la suite de rumeurs persistantes sur
l'augmentation de la fréquence des cancers de la thyroïde chez
l'enfant en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) et Corse,
l'IPSN a décidé au cours de l'année 1995 de conduire
une étude sur ce sujet.
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Pour étudier ce qui apparaît à l'ensemble des participants comme une augmentation sensible à partir de 1992, il est décidé que l'ORS en collaboration avec le Pr Bernard vérifiera les pathologies enregistrées, les dates de diagnostic et les lieux de résidence. L'ORS et le Pr Bernard tiennent une réunion de travail le 25 mars 1996 pour discuter des critères de vérification des données (répartition histologique, lieu de résidence, lieu de naissance...). Les données continuent d'être lues comme montrant une augmentation sensible. Pour permettre une analyse critique des données recueillies, les épidémiologistes de l'IPSN ont parallèlement interrogé les responsables de registres nationaux et internationaux, ainsi que le responsable de la veille sanitaire (DOS) sur l'évolution des données sur les pathologies thyroïdiennes. II. L'IPSN est interrogé le 19 mars par un journaliste
de l'Événement du Jeudi sur les conséquences
de Tchernobyl. Au cours de l'entretien, l'augmentation des cas est mentionnée
mais les chiffres ne sont pas cités. Le journaliste est orienté
vers le Pr Bernard qu'il contactera peu après. Un article du journal
Le
Nouvel Observateur paru le 28 mars accentue l'intérêt
des médias; Mme Sugier répond (le 28 mars) à une interview
du journal Le Monde. Le lien avec l'accident de Tchernobyl est jugé
peu probable et la nécessité de confirmation réaffirmée.
Pour répondre alors aux très nombreuses demandes des médias,
l'IPSN et l'ORS diffusent le 28 mars une note d'information commune. Cette
note précise la nécessité d'une validation des données.
IV. Dans l'après-midi du 28 mars,
l'IPSN et l'ORS sont informés d'une nouvelle répartition
de ces cas sur la période 84-94 lors d'une conversation téléphonique
avec la DOS. Celle-ci tient ses informations du Pr Bernard. Ces nouvelles
données ne montreraient plus d'augmentation au cours de la période
84-94. Effectivement, le 2 avril l'ORS transmet à l'IPSN une fiche
signée conjointement entre l'ORS et le Pr Bernard analysant l'état
du registre au 29 mars et infirmant les informations antérieures.
En accord ave le Directeur Général de la Santé, l'IPSN
diffuse le 3 avril un communiqué fondé sur cette transmission.
La presse a largement repris ce second communiqué.
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