Le Groupement de Scientifiques
pour l'Information sur l'Énergie Nucléaire (GSIEN) réuni
en Assemblée Générale à Paris, le 25.01.1997,
a pris connaissance, avec intérêt mais sans surprise, du contenu
de l'enquête épidémiologique du Professeur J. F. Viel,
publiée le 11 janvier 1997 dans le British Medical Journal.
En effet, cette étude parue dans une des plus prestigieuses et compétentes revues médicales au monde, eu égard au sujet, montre une grande similitude des effets constatés sur la santé avec plusieurs autres études effectuées (et publiées) en Grande Bretagne et aux États-Unis, ce qui en conforte les résultats et les conclusions. La conclusion de l'étude est "qu'il y a quelques arguments convaincants en faveur d'une relation de cause à effet entre l'exposition aux radiations lors d'activités récréatives sur les plages et les leucémies des enfants". Devant l'étrange polémique franco-française, déclenchée par cette étude, à la stupéfaction de la Communauté scientifique internationale, le G.S.I.E.N. s'étonne du caractère excessif et pour le moins contestable des critiques faites au Professeur Viel spécifiquement sur le "lien de causalité" possible entre l'excès de leucémies constaté et la pollution radioactive du site. |
Restant dans son domaine de compétences,
il rappelle que les leucémies suivies par Jean-François Viel
concernent la période 1978-1995, et que par conséquent l'évocation
par l'exploitant de ses rejets actuels,"1% de la radioactivité
naturelle", ne répond pas à la question fondamentale
qui est de connaître le bilan exact de tous les rejets depuis le
début du fonctionnement de l'usine de retraitement et du Centre
de Stockage de la Manche (C.S.M.). Rappelons à ce sujet, parmi d'autres:
1) les ruptures de la canalisation de rejets en mer qui ont profondément contaminé l'environnement marin du site en 1979-1980, 2) l'incendie du silo au début 1981 qui a conduit à des rejets aériens accidentels (notamment de 90Sr), 3) enfin, la pollution marquée et chronique des nappes phréatiques à la fois par l'usine de retraitement et par le C.S.M. entraîne une pollution continue de plusieurs rivières. Ces rejets de radionucléides, autorisés ou accidentels, ont atteint en certains endroits des niveaux de contamination tels que l'hypothèse d'une relation de cause à effet ne peut être à priori écartée si l'on considère le nombre de cas évoqué dans l'étude de Jean-François Viel. Il est du devoir d'un chercheur de publier ses travaux. En l'occurrence, une étude portant sur d'autres agents polluants n'aurait certainement pas soulevé une telle levée de boucliers de la part des groupes de pression. Le nucléaire reste bien un sujet tabou de notre pays. p.2
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