Cette démarche sera reprise
par la Commission de l'environnement, de la santé publique et de
la protection des consommateurs du Parlement européen en 1988, alors
qu'elle manifestait l'intention envoyer en Polynésie française
une commission d'experts indépendante et internationale.
Il faut par ailleurs rappeler que, jusqu'en 1966, la France avait poursuivi ses essais en secret dans le désert algérien du Hoggar, ne refusant, à l'époque, aucune information quant à leur nombre et à leur nature. Nous savons aujourd'hui que dix-sept essais, dont treize mterrains, ont été effectués en Algérie. Pourtant, la sécurité des res humains n'y était pas suffisamment assurée, comme l'a d'ailleurs révélé M. Pierre Messmer, Ministre de la Défense à l'époque, dans ses mémoires (1). b) De 1975 à 1992
2 - Le moratoire sur les essais nucléaires du 8 avril 1992
3 - La reprise des essais nucléaires
(suite)
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Cette décision était une mauvaise décision, prise et annoncée à la légère, et sans que des explications réellement convaincantes n'aient été données; il faut, en particulier, craindre que, sous couvert de simulation, il ne s'agisse en réalité que de mettre au point de nouvelles armes miniaturisées dont la France n'a aucunement besoin. B. - Les répercussions des essais nucléaires français
sur les êtres humains et l'environnement en Polynésie
1. - Les répercussions sur les être humains
b) Les répercussions des essais nucléaires sur les
êtres humains à Moruroa
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Il convient enfin de mettre en
cause le contrôle militaire de l'information
qui apris, depuis la loi du 17 juillet 1986, une forme légale. En
effet, cette loi prévoit que les fonctions d'inspecteur du travail
seront exercées pour les personnels civils et militaires de tous
les sites nucléaires de Polynésie par des agents relevant
exclusivement de l'autorité du ministère de la Défense...
2. - Les répercussions sur l'environnement
b) La pollution radioactive directe
(suite)
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Enfin, M. Bruno Barrillot, chercheur et directeur du Centre de documentation et de recherches sur la paix et les conflits, indique dans un article paru dans la revue Alternatives non violentes de 1992 que l'atoll de Fangataufa est si contaminé qu'il est interdit de mettre les pieds sur sa couronne corallienne. Ainsi, les puits de tirs creusés sous le lagon à partir de la plate-forme «Super-Tila» seraient effectués par des personnels qui viennent directement de Moruroa en hélicoptère sans mettre pied à terre sur l'atoll. CONCLUSION
EXAMEN EN COMMISSION
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Un rapport publié par l'O.N.U.
en l980 estimait, en particulier, que 15.000 personnes pourraient, à
terme, décéder par suite des essais effectués par
les Américains, les Britanniques et les Français.
Les répercussions des essais nucléaires sur les êtres humains à Moruroa pourraient être très graves. A l'époque des essais atmosphériques, des populations entières étaient déplacées vers Tahiti immédiatement avant les tirs, ce qui montre leur caractère dangereux. Certains témoignages font état de maladies qui recouvrent de nombreux symptômes communs (chute des cheveux, lésions cutanées purulentes, décollement de lambeaux de peau) touchant des personnes ayant mangé du poisson péché à Moruroa. Les effets géologiques des explosions peuvent être redoutables dans l'avenir. En particulier, nul ne sait comment évolueront les cavités provoquées dans le socle basaltique de l'atoll par les explosions. Des cas de pollution radioactive directe ont été relevés comme l'a indiqué le journal Libération qui faisait état d'une décharge radioactive aménagée au nord de l'atoll et qui pourrait gravement polluer le site en cas de cyclone. L'ensemble de ces éléments ne peut qu'engager l'Assemblée nationale à créer une commission d'enquête sur les éventuels risques pour l'environnement des essais nucléaires. La transparence est aujourd'hui nécessaire si nous voulons que le futur traité sur l'interdiction des essais soit ratifié par l'ensemble des parties. Il ne s'agit pas là d'engager une polémique sur la reprise des essais nucléaires mais simplement informer les responsables politiques et les citoyens. Un débat a suivi l'exposé de M. Michel Grandpierre. M. Jean-Pierre Brard a souhaité qu'une commission d'enquête puisse réaliser une travail objectif et rigoureux pour que l'Assemblée nationale dispose de tous les éléments de jugement. Il a souligné qu'un article paru aujourd'hui même dans le journal Le Monde faisait état de fuites radioactives à Moruroa. M. Daniel Colin, après avoir jugé recevable la proposition de résolution, a rappelé qu'une délégation de la Commission de la Défense s'était récemment rendue à Moruroa et à Fangataufa. Cette mission a effectué sérieusement son travail d'enquête et n'a rien relevé d'anormal sur l'un ou l'autre des atolls où la faune et la flore se développent parfaitement normalement. La France est le pays qui a le plus fait pour la transparence en matière d'essais nucléaires. La prétendue augmentation du nombre des cancers de la thyroïde en Polynésie n'est fondée sur aucune statistique médicale sérieuse. De nombreuses missions scientifiques comprenant notamment des experts néo-zélandais et australiens ont été organisées et aucune n'a relevé de risque spécifique. Certaines critiques s'apparentent à des fantasmes; il faut aujourd'hui cesser de confondre la barrière de corail qui présente, comme c'est normal, des fissures et le socle basaltique dans lequel sont piégées les matières radioactives qui, même en cas de tremblement de terre improbable dans cette zone, ne pourraient s'échapper. (suite)
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M. Charles Cova a souligné qu'il avait pu constater l'excellence de la situation écologique tant à Moruroa qu'à Fangataufa. Il a par ailleurs rappelé que les essais français avaient lieu à 1.200km de Tahiti alors que le champ de tirs du Nevada n'est situé qu'à 150 km de Las Vegas. M. Paul Merceria s'étonnant qu'une mission de la Commission de la Défense ait été envoyée à Moruroa sans que le groupe communiste n'en ait été informé, a souhaité savoir pourquoi la pluralité n'avait pas été respectée. Le Président Jacques Boyon a indiqué que la composition de cette mission avait été fixée dans les conditions prévues par le bureau de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire à la proportionnelle des groupes. M. Jean-Pierre Brard, regrettant les réactions idéologiques de MM. Charles Cova et Daniel Colin, a rappelé que des expériences sur les êtres humains avaient été organisées lors de certains tirs nucléaires aux États-Unis. M. Daniel Colin a indiqué que l'on mesurait plus de radioactivité dans certaines régions de métropole qu'à Moruroa et qu'il constatait beaucoup de mauvaise foi dans les arguments du groupe communiste. M. Gaston Flosse a considéré qu'il était absolument faux de prétendre que les essais nucléaires étaient dangereux pour la santé. Il a rappelé les différentes missions comprenant des scientifiques de différentes nationalités qui avaient été envoyés à Moruroa: chacune de ces missions a rendu un rapport qui conclut à l'innocuité des essais pour l'environnement. Il a, par ailleurs, indiqué que le Président de la République souhaitait qu'une nouvelle mission soit organisée après la dernière de nos expérimentations. Il a fait part de son expérience personnelle qui l'avait conduit à assister à des tirs aériens il y a plusieurs années et souligné que ces tirs n'avaient eu aucune conséquence sur la santé de ceux qui y avait assisté. Il a regretté le déchaînement médiatique qui avait accompagné la reprise des essais, ce qui avait permis aux indépendantistes de proférer des déclarations irresponsables. Les Australiens se sont opposés à la France pour des raisons purement politiques car ils souhaitent faire du Pacifique sud une zone de laquelle notre pays serait exclu. M. Gaston Rosse a ensuite rappelé qu'il était père de famille nombreuse et qu'en tant que Président du Gouvernement du Territoire de la Polynésie française il avait la responsabilité de la santé de 200.000 Polynésiens : nul ne pouvait croire qu'il pourrait laisser cette population en danger. La Commission a ensuite repoussé la proposition de résolution (no2316) de M. Jean-Pierre Brard tendant à la création d'une commission d'enquête sur les éventuels risques pour l'environnement des essais nucléaires en Polynésie française. Notes: 1. Pierre Messmer «Après tant de batailles - Mémoires» Albin Michel. p.24
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