La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°165/166
ANALYSE DU RAPPORT MANDIL-VESSERON

PROPOSITIONS POUR L'AVAL DU CYCLE
Juin 1997
M. Sené
Voir notre dossier MOX


     Un mot pour commencer sur la composition du groupe de réflexion et sur les personnes auditionnées.
     La composition pourrait être un bon point : représentants des administrations concernées, l'office Parlementaire des choix scientifiques et techniques, mais les auditions furent limitées aux acteurs nucléaires (EDF, C.E.A., COGEMA, FRAMATOME, ANDRA, IPSN). On se croirait revenu au temps du rapport Schloesing (1977) qui écrivait à propos du programme nucléaire:
    "On sait que toute la politique nucléaire française est élaboree et proposée par la commission de production d'électricité d'origine nucléaire (commission dite P.E.O.N.). Or, cette commission est composée pour une large part par les représentants d'E.D.F. et du C.E.A. ainsi que par les représentants des industriels intéressés à la réalisation du programme. Cette configuration en elle-même fait problème. On n'imagine pas que la politique des constructions scolaires soit pour 1' essentiel élaborée par les entreprises du bâtiment!"
     Depuis 20ans peu de progrès ont été faits pour diversifier les approches et ce sont toujours les mêmes acteurs que l'on retrouve, or ce fameux rapport concluait:
    "La position centrale que la commission P.E.O.N. se trouve occuper dans la détermination de notre devenir énergétique devrait conduire soit à en modifier la composition, soit plus normalement à créer une instance mieux représentative des divers intérêts en cause."
     Dommage que cette recommandation soit restée sans suite..,

ANALYSE DU RÉSUME
     Ensuite le rapport (enfin, le pré-rapport) s'attarde sur les coûts, la quantité de combustible, de déchets, mais à aucun moment sur la sûreté. Le comité a élaboré 10 scénarios allant du "tout stockage direct" au "tout retraitement" selon des critères qui sont les suivants: flexibilité pour passer d'un scénario à l'autre, efforts de Recherches et Développements (R&D) à accomplir, effort financier, positionnement dans le contexte international, quantités de matières à entreposer ou stocker en profondeur (combustible usé, plutonium, déchets) et aspects environnementaux.
     Comme il est dit "De cette évaluation, il est ressorti qu'aucun des scénarios étudiés ne constituait une fuite en avant ou ne conduisait à une impasse.", on pourrait conclure que l'on peut continuer le nucléaire en ignorant toujours les monceaux de déchets et la pollution de l'environnement. L'inconvénient est qu'aucun scénario ne prend en compte cet aspect.
     D'une part, comme nous l'avons étudié puis écrit, le MOX rend les REP plus difficiles à piloter, compromet leur fonctionnement et finalement oblige à stocker des combustibles plus radioactifs puisque le MOX est plus radioactif que le combustible standard.

suite:
     D'autre part cette stratégie du retraitement, dans 9 scénarios amène à concevoir d'autres équipement coûteux (usine de retraitement poussé dans le cas de la mise en réacteur des actinides mineurs ou de nouveaux réacteurs à neutrons rapides, etc.).
     Le comité tient essentiellement à la conclusion suivante:
    "il convient de maintenir au maximum cette flexibilité actuelle afin de ne pas compromettre dès maintenant certaines options qui pourraient s'avérer pertinentes au-delà de 2006".
     Je ne disconviens pas de la pertinence d'une tellle vision mais je m'étonne qu'on ne l'applique pas à la politique énergétique de la France et ce, globalement. A trop s'enfoncer dans le nucléaire, on... bousille toutes les autres options. Où est la fameuse flexibilité?
     Il est exact que le cahier des charges ne concernait a priori que:
     - Etablir le bilan concernant l'aval du cycle des décisions d'ores et déjà prises (tonnage et type de combustible retraité),
     - devenir des divers sous-produits (Pu, U, etc..),
     - décisions au plan international,
     - questions encore ouvertes sur l'aval du cycle,
     - scénarios, fuite en avant ou impasse,
     - bilan économique et impact environnemental des scénanos.
     Page 4 et page 5 du rapport, deux items sont en contradiction. Le premier est l'affirmation " l'aval du cycle doit continuer, sans a priori, de faire l'objet d'une veille sous différents aspects:
     - les aspects économiques, avec le suivi de l'évolution des ressources en matières premières énergétiques,
     - les aspects techniques, en nouant en tant que besoin de coopérations avec nos partenaires étrangers, que ce soit dans le domaine industriel ou dans le domaine de la sûreté,
     - les aspects internationaux...,
     - les aspects réglementaires...,
     - les aspects sûreté et évaluation de l'impact sur l'environnement."
     Le deuxième est "Il convient que la stratégie actuelle dans l'attente des décisions qui seront prises à l'échéance prévue par la loi, puisse continuer à se développer jusqu'en 2006 dans un contexte harmonieux et en optimisant les performances du parc actuel. Cette optimisation passe par l'autorisation de charger en combustible MOX les 12 réarteurs de 900MW qui ne sont pas encore autorisés à le faire, par l'extension des capacités d' entreposage de 1' uranium issu du retraitement et par l'augmentation des taux d'irradiation du combustible sous réserve d'une analyse de sûreté préalable.
p.9

     Expliquez-moi comment on peut faire une veille sans a priori sur tous les aspects du cyclc et en même temps moxer, retraiter et augmenter le taux d'irradiation. Finalement pourquoi faire une veille chère, inutile puisqu'on sait déjà qu'on va moxer et retraiter à fond la caisse....
     Notons que ce document se réfère sans arrêt à la loi du 30 décembre 1991 dont la lecture doit être plutôt difficile car chacun interprète à sa façon les différents articles. Répétons que cette loi fait obligation à la nation et aux différents acteurs du nucléaire de prendre au sérieux le problème des déchets. Elle se limite rnalheureuscment aux déchets de moyenne et haute activité à vie longue. Elle n'oblige pas à avoir des solutions en 2006 mais elle ne dit pas non plus qu'on doit s'être englué dans le nucléaire au point de ne plus pouvoir rien faire d'autre pendant des siècles!!
     Enfin tous les espoirs sont permis "ce document constitue une étape et en aucun cas un terme dans la réflexion"
     Sauf que la réflexion s'étant mal engagée et avec pour seuls acteurs ceux du nucléaire, on voit mal comment elle pourrait s'infléchir toute seule.

ANALYSE DE LA SITUATION ACTUELLE
     S'il est exact que "la situation actuelle résulte de décisions lourdes notamment en matière d' investissements, mais aussi en terme d'exploitation, qui ont été pris «s dans les années antérieures, elles constituent ce qu'orn appelle couramment le poids du passé.", la suite de la démonstration fait fi d'une refonte de la politique énergétique et d'un redéploiement des efforts, Il faut tenir compte des déchets mais ils ne doivent pas être le prétexte à faire encore plus de nucléaire. Que la France se soit dotée "des principaux outils pour chacune des étapes du cycle du combustible, à l'exception de l'enrichissement de I' uranium issu du retraitement et d'installations pour 1'élimination des déchets radioactifs à vie longue ou à haute activité.", ne l'oblige pas à persévérer dans une voie incohérente. D'une part on n'éliminera pas les déchets, au mieux on les changera en des déchets à vie un peu plus courte (si on y parvient) au, pis on en fera d'autres encore plus gênants (plus radiotoxiques). D'autre part ces déchets ne sont qu'une infime partie du monceau que représente le démantèlement des diverses usines, les résidus des mines, les ferrailles et autres déchets...
     Ce qui ressort de l'analyse de "la gestion du combustible dans le parc existant" est une formidable impression de gâchis justifiée par le besoin de faire baisser les coûts. Mais si on accroît le taux de combustion, si on utilise le MOX, on diminue le besoin d'enrichissement et de façonnage de combustible. De la même façon, si on récupère le plutonium des bombes on n'a pas besoin de retraiter. De spirale en spirale, tout cela a coûté 1000 milliards mais ce n'est pas fini.
     "l'entreposage des combustibles", ne demande pas d'entreprendre "la construction de nouvelles capacités d'entreposage de combustibles avant une dizaine d'années.", puisqu'on pourra entreposer jusqu'à 13500 tonnes (on en décharge autour de l200t/an et on traite environ 800t/an).
     Compte tenu du recul, on peut difficilement affirmer comme le fait le rapport que un entreposage de quelques 50 ans est tout à fait envisageable surtout en précisant que les MOX devront refroidir pendant une centaine d'années.
     Quant au stockage direct, c'est un axe de la loi.... mais rien n'a été fait en France sur cette voie-là.
     J'aime assez la justification a posteriori de l'usine de la Hague et de ses installations "laisser le moins possible de plutonium dans un éventuel stockage profond." Cette notion a du apparaître en 1984. Et encore c'est à cause de la Commission Castaing et des analyses de sûreté de l'époque, ce ne sont pas les industriels qui ont sucé de leur pouce cette notion. 
     Par contre on savait qu'il faudrait entreposer; j'apprécie de retrouver la notion enfin admise...

suite:
     Le coût de la Hague estimé à 90 milliards, bon je pensais au moins 100, maintenant, je suis sûre que c'est au bas mot 150.
     Quant au recyclage dans les REP je suis toujours convaincue de l'inutilité de la manoeuvre et de son coût élevé mais comme on a construit MELOX et retraité du combustible, il faut bien le remettre dans une matrice pour éviter la tentation de le vendre. On va donc moxer: 11 sur les 16 autorisés au 15 juin 1997, 15 au 15 janvier 1998. Reste à faire 12 enquêtes ou 12 entourloupettes pour en autoriser 28 d'ici à 2006, non 1998 prétend EDF.
     Quant à augmenter la teneur en Pu du MOX, ça m'étonnerait beaucoup, car on va passer en coefficient de vide positif et Tchernobyliser 28 REP.

ANALYSE DE L'INTERNATIONAL
     États-Unis:109 réacteurs, la totalité des combustibles est entreposée sur les sites de production soit 34.000 tonnes en 35 ans. Plus de retraitement depuis 1977, les américains ont reconnu au MOX la possibilité d'immobiliser le Pu militaire mais ne l'envisagent pas vraiment.
     En ce qui concerne l'aval du cycle, le Département de l'Energie (DOE) n'a pas de solution, le site d'entreposage et/ou le site de stockage reste en gestation.
     Le Japon: 50 réacteurs, décharge 1100 t/an. Le retraitement est effectué en Angleterre et en France. Le reste est entreposé à Rokkasho-mura où une usine de retraitement devrait démarrer vers 2008. Les RNR étant fortement compromis suite à l'incendie de Monju, les Japonais se rabattent sur le MOX (premier chargement 1998). Pour le stockage il y a de grosses difficultés.
     Corée du Sud, Taiwan ont des programmes ambitieux mais...
     La Chine est au début d'un programme ambitieux, s'intéresse au retraitement et au RNR.
     La Suède doit sortir du nucléaire en 2010, travaille en conséquence sur le stockage en l'état.
     Le Royaume-Uni: les réacteurs type MAGNOX produisent 750 t/an de combustible métal qui doit être retraité car peu stable à long terme. Les réacteurs type AGR produisent 5000t/an stockables. Le Pu n'est pas recyclé. Mais il existe un pilote (8t) à Sellafield et une usine en construction pour les clients étrangers, comme l'usine de retraitement Thorp destinée à l'éxportation.
     L'Allemagne: 19 réacteurs. Fait retraiter à l'étranger (BNFL et Cogema). Jusqu'en 1994 la loi obligeait les exploitants de réacteurs à retraiter. Un amendement leur donne le choix depuis 1994 entre retraitement et stockage direct. Les contrats couvrent les 2/3 des 480 t/an des combustibles usés. Deux sites d'entreposages intermédiaires pour le combustible sont disponibles à Gorleben et Ahaus.
     Les déchets de haute activité renvoyés par la France sont entreposés en surface dans des emballages Castor à Gorleben. Sur ce site se trouve un atelier pilote de conditionnement du combustible pour stockage direct et un laboratoire dans la formation saline, susceptible de devenir site de stockage.
     L'Allemagne qui avait été l'un des premiers pays à utiliser le MOX (1970) a du stopper sur le site de Hannu, le pilote de 35 t/an et l'usine quasi construite de 120 t/an.
     La Belgique et la Suisse ont fait le choix retraitement/recyclage et alimentent leurs réacteurs en MOX. Le parlement Belge se prononcera de nouveau en 1998 sur cette option.
     La Russie veut continuer retraitement/recyclage. Elle dispose d'une capacité de retraitement de 400 t/an à Tchéliabinsk (VVER 440 et sous-marins). Elle a aussi un RNR de 600 MW à Beloyark (BN 600 fonctionne à l'uranium enrichi).

p.10

      Faute de moyens, toutes les constructions nouvelles sont stoppées: usine de retraitement (1500 t/an) à Krasnoyark, atelier MOX pour RNR à Tchéliabinsk, 3 RNR de 800 MW (BN 800). Une piscine de 6000t pour combustible est en service à Krasnoyark.
     Les autres pays de l'Est dépendent toujours de la Russie. La plupart des pays sont saturés par les combustibles usés mais c'est l'Ukraine qui a le plus grave problème d'entreposage.

ANALYSE DE L'ÉCHÉANCE 2006
     rappel de l'article 4 et des 3 voies de recherches:
     la recherche de solutions permettant la séparation et la transmutation des éléments radioactifs à vie longue présents dans les déchets,
     l'étude des possibilités de stockage réversible ou irréversible dans les formations géologiques profondes, notamment par la réalisation de laboratoires souterrains,
     l'étude de procédés de conditionnement et d' entreposage de longue durée en surface de ces déchets.
     rappel aussi que cette période de recherche ne devra pas excéder 15 ans et que, LE CAS ÉCHÉANT on fera quelque chose.
     Dans ce cadre je trouve la conclusion lourde de conséquences : "Des initiatives susceptibles de modifier sensiblement la stratégie actuelle seraient certainement lourdes sur le plan financier et probablement longues à mettre en oeuvre."
     Donc si on se trompe, on se trompe au moins jusqu'en 2006 et partant du même principe, puisqu'une modification demande des décennies pour mûrir, on continuera et persistera dans l'erreur parce que la bonne solution serait trop difficile àmettre en oeuvre ou, comme on a déjà beaucoup investi, on ne peut plus changer (Superphénix relève des mêmes allégations ridicules). Je ne savais pas les hauts fonctionnaires adeptes de la recherche sous un réverbère: on perd ses clefs n'importe où mais on cherche là où il y a de la lumière, parce que on voit.,.. voit quoi? Pas ce qu'on cherche mais qu'importe
     Comme avait écrit en 1977 Schloesing "Les années 80 sont, d'ores et délà, engagées et elles seront difliciles. Les erreurs stratégiques qui ont été commises successivement sur le pétrole et sur l' énergie nucléaire sont partiellement la cause des difficultés que nous allons rencontrer. On ne commet pas impunément des erreurs de cette dimension en l'espace de douze années sans que les conséquenc'es soient cruelles." On a donc intérêt à diversifier davantage pour rattraper les erreurs.
     Les idées de transmutation après séparation avaient pourtant été étudiées. Ce n'était qu'une inélégante façon de prendre des options nucléaires à long terme en minimisant le problèmes des déchets. Ce rapport participe à la désinformation dénoncée toujours par Schloesing : "La politique énergétique de la France ne se bâtira pas sans un assentiment fondé et réfléchi des Français."

ANALYSE DES SCÉNARIOS POSSIBLES
     La méthode retenue pour l'élaboration des scénarios repose sur 2 points:
     Il subsistera toujours des déchets ultimes pour lesquels il faudra un stockage définitif,
     Les divers scénarios bâtis à partir de 2006 tablent sur la création d'un centre de stockage profond.
     Et voilà pourquoi monsieur votre fille est muette,,..
     En 1963 le CEA avait tablé sur le stockage en profondeur et n'a jamais révisé cette approche. Comme quoi on peut ne jamais apprendre et être constant dans l'erreur

suite:
     De même on revient sur les RNR au lieu de prévoir des réacteurs à coeur sous modéré, c'est-à-dire on peut se placer dans une zone de fonctionnement du réacteur où l'on fabrique moins d'actinides mineurs et de plutonium. 
     On peut aussi envisager les mélanges uranium-thorium ce qui diminue aussi les actinides mineurs. Bien sûr on ne pourra éviter les produits de fission.
     Les scénarios envisagent aussi:
     - les RNR ou non,
     - le recyclage ou non du Pu dans les REP,
     - voie A cycle ouvert, stockage des combustible sans retraitement,
     - voie B cycle partiellement fermé, on retraite mais on prévoit le stockage sans retraitement,
     - voie C cycle fermé, recyclage en RBP et en RNR,
     - voie D cycle fermé, recyclage en REP et en RNR, transmutattion des actinides et des produits de fission,
     - voie E cycle fermé avec REP seulement.
     L'échéance retenue a été fixée à 2050 pour la mise en place des stratégies.
     Le niveau de la production nucléaire a été retenu à 400 TWh, équivalent au niveau actuel mais sans plus, car il est précisé que "la mission confiée par les ministres n'était clairement pas de se livrer à un exercice de prospective énergétique ou d'évaluation de l'évolution de l'acceptabilité sociale de telle ou telle stratégie."
     Décidément, que les citoyens sont ennuyeux quand ils réfléchissent. Quant à parler MOX et stockage de déchets sans avoir le nombre de réacteurset leur chargement cela relève de l'art divinatoire mais justement cet art est peu fiable.
     A partir de tout ceci, il a été défini 10 scénarios qui ont été examiné sur 6 points:
     - flexibilité, comment on peut glisser d'une hypothèse à une autre
     - efforts de R&D,
     - investissements et intensité économique (nature, capacité et rythme des  iinvestissements),
     - position internationale,
     - quantités de combustible, plutonium, déchets
     - impact environnementul.
     Je trouve intéressant que l'option non retraitement soit considérée dans le rapport comme la moins flexible. C'est une analyse sans fondement d'une part parce que rien n'empêche de retraiter dans 50 ou 100 ans. Ce sera même plus facile car la radioactivité aura décru. D'autre part prendre l'argument du Pu seulement dans ce cas est vraiment très amusant sachant qu'avec un parc de 30 RNR on stabilise tout juste 60 REP. Il faudra donc inéluctablement se résigner à entreposer du Pu. A ce propos les tableaux des annexes sont vraiment fort intéressants même l'ANDRA n'a pas publié de trucs pareils.

ESTIMATION ANDRA
INVENTAIRE SOMMAIRE DES DÉCHETS
extrait DAIE (Vienne), tableau V.1 1-1

(cliquer sur l'image pour taille MAXI)
p.11

     Il est vrai qu'au vu de ce type d'estimation on peut difficilement dire que le retraitement apporte quelque chose si ce n'est des usines à démanteler en plus. Donc cela ne s'accorderait pas avec l'orientation du pré-rapport!
     Je croyais que c'était l'ANDRA qui stockait les déchets, la mission les a "oublié"? ou bien ne les a pas écouté,  à défaut de les entendre?
     Plusieurs points sont évoqués:
     - "usine de séparation laser" pour faire du multirecyclage, sauf qiue ça coûte combien ?
     - recyclage massif du Pu dans les REP, sauf que pour des raisons de sûreté on ne pourra pas dépasser un certain taux de Pu.
     - L'époque charnière est peut-être 2025-2035 mais si on veut être suffisamment flexible on a intérêt à développer autre chose que le nucléaire sinon on retombera dans "les rigidités" dénoncées dans le rapport Schloesing de 1977. Rigidité qui nous font dépendre pour l'électricité à 80% du nucléaire, alors que pour notre énergie totate il repr;esente de l'ordre de 30% et que finalement nous sommes tout pétrole et tout nucléaire.
     En ce qui coneeme les coûts, comme il est dit qu'on ne sait pas les estimer, le rapport se borne à donner une évaluation pour le site profond, seule hypothèse qu'il a retenu.
     La fourchette pour ce site est de 100 à 200 milliards. Estimant le coût du programme (hors recherche et maintenance) entre 600 et 800 milliards, il est conclu:
     "Le coût consacré à l'aval du cycle reste dans tous les cas de l'ordre de 10 à 20% du coût total ce qui n'est pas une absurdité sur le plan économique." La phrase qui suit est extraordinaire:
     "Certains membres du comité de pilotage ont fait remarquer que le coût de désulfurisation dans le cas des centrales à charbon était au moins du même ordre de grandeur"'.
     Bravo. Il n'y a plus de centrales à charbon mais leur désulfuration hypothétique pourrait nous coûter aussi cher que le stockage des déchets radioactifs de 60 réacteurs existants. Pis, compte tenu des inconnues, 200 milliards risquent d'être la pointe émergée d'un iceberg (90% restent immergés). Alors bonsoir les 20%, on atteindra bien les 100% (soit 500/800 milliards).
     Quant au plan international, certes les pays ont les yeux fixés sur nous mais c'est pour mieux nous refiler leurs déchets. Quant à nous on ferait bien de s'interroger sur le poids du nuléaire et son implication sur notre chômage persistant parce qu'il déstructure les régions et fait sombrer d'autres développements que seraient les énergies altematives.
     En ce qui concerne la non-prolifération, il est tout de même reconnu "plus un scénario d'aval du cycle sépare les matières fissiles, plus il présente de risques."
     Quant à l'indépendance énergétique, ne rions pas mais tout de meme il faut être gonflé pour écrire" en effet, même si la majeure partie de l'uranium naturel utilisé en France est importée, l'électricité nucléaire est néanmoins considérée
comme une sourc ce d'énergie qui rend la France indépendante, du fait de la faible part représentée par l'uranium naturel dans le coût du kWh nucléaire, de la longueur du cycle du combustible et de I' importance du stock stratégique."
     Et on termine sur le couplet "le choix de tel ou tel scénario a donc peu de chance d'influer sur le cours mondial de I'uranium naturel. Néanmoins, et dans la ligne des préoccupations actuelles en matière de développement durable, il est du devoir de chaque état de valoriser au mieux ces ressources mondia/es, qui sont par nature limitées."
     Je crois que nous n'avons pas la même conception du développement et c'est bien dommage.
suite:
     Schloesing avait écrit "Il est vrai que le développement des énergies nouvelles ne réglera d'aucune façon notre problème de l'énergie. Mais il ne faut pas, dès l'abord, les cantonner dans un rôle tout à fait accessoire. Si l'on ne consacre pas les moyens suffisants pour les développer, il est certain que leur avenir sera confrme à la médiocrité que leur assignent les prévisions officielles." et il avait ajouté à propos du nucléaire "mais il faut la développer selon un proramme raisonnable... Il faut espérer qu'une étude de coût sera conduite qui intégrerait, plus qu'on ne l'a fait jusqu'à présent, tous les éléments d'un calcul économique aussi complet que possible."
     Je crains que rien n'eai avancé en 20ans, on repasse toujours par les mêmes erreurs.
     En ce qui concerne les quantités je me bornerai à citer "De ces considérations, il découle que le dimensionnement du centre de stockage sera toujours du même ordre de grandeur, quel que soit le scénario retenu. Pour être complet, il faut ajouter que le facteur "thermique" dépend fortement de la période d'entirposage avant mise en stockagc profond."
     L'ANDRA a donné des quantités différentes que j'ai déjà citées, je ne reviens pas sur les incohérences du rapport.
     Sur le plan de l'envirnnnenient, évidemment ce sont les combustibles usés les plus dangereux car ils contiennent tous les radioéléments sauf que la matrice qui les contient, l'oxyde d'uranium, est la meilleure matrice existante. On a pu le vérifier dans le réacteur naturel d'Oklo (site où il y a 2 milliards d'années un réacteur a fonctionné naturellement). Sinon si on veut comparer les risques pour l'environnement, il faut parler des rejets des usines de retraitement et de tous les résidus du cycle, gazeux et liquides. (Voir: Histoire du nucléaire avec un "H")
     Les verres ne confinent pas mieux le césium que la matrice oxyde. C'est donc du baratin que de prétendre les combustibles usés plus dangereux que les verres. Par contre diminuer le recours au nucléaire est un impératif pour éviter une pollution irrémédiable.
     De toute façon tout stockage verra un jour plus ou moins lointain ses produits partir. Le principe d'un site et des colis est de retarder le retour dans l'environnement mais ce n'est que cela.
     Les travailleurs du nucléaire ont droit à 11 lignes, c'est peu. Le tout pour affirmer "l'essentiel de la dose... provient des réacteurs et de l'amont du cycle." Donc le scénario "sans retraitement' est défavorable puisqu'il consomme de l'uranium 
qu'il faut extraire... des mines à l'étranger. Comment, COGEMA ne protège pas les travailleurs d'Afrique, du Canada et autres pays où elle a des actions?
     Les transports ont droit au même nombre de lignes ou presque (10). Et évidemment "le poste transport n'a pas un poids élevé ni dans I' exposition des travailleurs, ni dans le risque global que présente l'industrie nucléaire."
     Ça c'est une affirmation où je ne m'y connais pas.
     Quant aux conclusions, comme elles sont identiques au resumé je trouve que c'est vraiment excessif de prôner à ce point le chargement en MOX des réacteurs et en plus d'avoir le culot d'écrire "ces orientations sont les composantes d' une stratégie globale qui vise à maintenir ouvertes toutes les voies possibles de l'aval du cycle, de manière à ce que les décideurs qui devroint effectuer des choix vers la deuxième ou 3ème génération du siècle prochain ne soient pas confrontés à une situation de blocage."
     Et ils feront quoi? Du nucléaire, rien que du nucléaire parce que tout aura été bouclé et rien d'autre mis en marche. Quel beau programme énergétique! 
 p.12

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