3 MAI 1998 Fuite importante sur une tuyauterie du circuit de refroidissement à l'arrêt du réacteur. Le 12 mai 1998, vers 20h00, alors que le réacteur
était à l'arrêt depuis le 7 mai, une fuite d'eau d'un
débit estimé à environ 30 m3 par heure
a été détectée sur le circuit de refroidissement
à l'arrêt (circuit RRA).
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15 MAI 1998-9H45 Fuite importante sur une tuyauterie du circuit de refroidissement à l'arrêt du réacteur. Le 12mai 1998, vers 20h00, alors que le réacteur
était à l'arrêt à froid depuis le 7 mai, une
fuite d'eau d'un débit estimé à environ 30 m3
par
heure a été détectée sur le circuit de refroidissement
à l'arrêt (circuit RRA).
fin p. 17
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Le réacteur devrait atteindre
cet état dans le week-end. Le retard observé par rapport
à ce qui avait été précédemment annoncé
ne
provient d'aucun fait nouveau important. Il a été nécessaire:- d'adapter la procédure habituelle de passage de l'arrêt à froid à l'arrêt normal sur générateurs de vapeur pour tenir compte de l'état du réacteur; cette procédure sera plus longue que d'habitude; - de vérifier minutieusement cette nouvelle procédure - de définir des conditions d'intervention protégeant au mieux le personnel. En raison de l'apparition d'une fuite importante qui a entraîné une perte de fluide de refroidissement primaire, cet incident a été classé au niveau 2 de l'échelle INÈS qui en comporte 7. L'Autorité de sûreté rendra compte régulièrement de l'évolution de la situation sur le 3614 MAGNUC DU 25 JUIN 1998 Premier retour d'expérience sur l'incident du 12 mai 1998 survenu sur le réacteur 1 du CNPE de Civaux. A la suite de l'incident survenu le 12 mai
1998 sur le réacteur no l de la centrale nucléaire
de Civaux (Vienne) lors duquel une fuite d'eau importante s'était
produite sur l'une des deux voies redondantes du circuit de refroidissement
à l'arrêt (RRA), la DSIN a souhaité qu'une exploitation
détaillée du retour d'expérience de la gestion de
cet événement soit menée, aussitôt que le retour
à un état pleinement satisfaisant de sûreté
serait atteint sur ce réacteur. En effet, cet événement
a conduit à une mobilisation importante et prolongée de l'exploitant
EDF et de l'Autorité de sûreté, et il convient d'examiner
les conditions dans lesquelles l'organisation de crise aurait pu être
mobilisée différemment au regard des constats et des difficultés
observés au cours du traitement de cet incident.
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suite:
Sans préjuger des conclusions de cet examen, la DSIN estime, d'ores et déjà, que le déclenchement du PUI n'aurait pas modifié le choix de la façon de maîtriser l'incident: EDF a assuré une gestion technique correcte et a su mobiliser et renouveler ses équipes pour traiter l'incident dans la durée. Toutefois le déclenchement du PUI aurait permis une mobilisation plus rapide et plus ample des pouvoirs publics, avec notamment pour conséquence une information plus rapide et plus précise du public et des médias sur l'attitude à avoir hors du site. En ce qui concerne la DSIN, le déclencheinent du PUI aurait entraîné la mise en place de l 'organisation de crise permettant une mobilisation plus importante des ressources, ce qui aurait eu pour principal effet d'améliorer les conditions de travail et de relève des personnes de la DSIN impliquées dans le traitement de cet événement particulièrement long. Au sujet des relations avec les médias et le public, les faits suivants concernant la DSIN sont à signaler. entre le 13 mai et le 8 juin 1998, la DSIN a émis 7 communiqués sur le serveur MAGNUC afin de tenir à jour les informations sur les actions engagées pour ramener le réacteur dans un état de sûreté pleinement satisfaisant. La DSIN a par ailleurs, diffusé un communiqué de presse dès le 13 mai, et un second, daté du 28 mai, récapitulant le déroulement de l'incident. Le classement de l'événement au niveau 2 a été établi dès le 13 mai. Enfin la DSIN a répondu aux interviews de la presse et aux quelques demandes de renseignements du public. A la suite de l'incident survenu le 12 mai
1998 sur le réacteur no1 de la centrale nucléaire
de Civaux (Vienne), une réunion visant à établir en
commun un premier bilan de la gestion de cet incident s'est tenue à
Poitiers en présence de Bruno Fontenaist, Préfet de la Région
Poitou Charentes et de la Vienne, d'André-Claude Lacoste, directeur
de la DSIN, de Bernard Dupraz, directeur de l'exploitation du parc nucléaire
d'EDF et de Pierre Bart, directeur de Civaux.
préfecture: M. Fosseux 05 49 55 70 00 DSIN: S.LeBreton 0l 43 19 39 61 p.18
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Les trois derniers réacteurs nucléaires
de 1450 MWé mis en service par EDF, Chooz B-I, Chooz B-2 et Civaux-
I (réacteurs du palier N4) sont les plus puissants du monde et,
au dire de leurs concepteurs, les plus sûrs et les plus performants
grâce aux nombreuses modifications qui ont été apportées
aux anciens réacteurs.
Les deux réacteurs de Chooz ont été mis en service en août 1996 et avril 1997 avec 5 ans de retard sur le planning initial et leur démarrage a été émaillé d'incidents variés dont les plus importants ont été des problèmes liés à une informatique inadaptée à la conduite d'un réacteur nucléaire et à la mise en oeuvre de pompes primaires "trop efficaces" pouvant conduire à une perturbation des assemblages de conibustible et à un freinage de la descente des grappes de contôle (ce sont elles qui permettent d'arrêter la réaction nucléaire en cas de besoin). Sans parler des pannes sur les turbines et des pièces que l'on prélève sur le réacteur de Civaux en cours de finition pour dépanner en urgence les réacteurs de Chooz. Quant à Civaux- 1 il a fonctionné à peine depuis son couplage au réseau la veille de Noël 1997 et à 50 % de sa puissance seulement. Le 12mai 1998, fuite d'eau sur le circuit de repoidissement du réacteur à l'arrêt, (RRA) du réacteur Civaux-l. Saluons l'exploit des concepteurs géniaux des réacteurs 100 % français du palier 1450 MWé : le changement qu'ils ont introduit dans ces réacteurs avec une nouvelle configuration de ce circuit auxiliaire va entraîner, après l'incident survenu sur le réacteur Civaux- 1, le déchargement du combustible non seulement de Civaux- 1 mais aussi de Chooz B-1 et B-2 qui ont la même configuration du circuit RRA. Il va falloir vérifier l'intégrité des circuits (le refroidissement de l'ensemble des réacteurs, 900 et 1300 MW compris. Il est indispensable que les autorités de sûreté aient un réel pouvoir de décision tant sur la conception que sur la réalisation et les contrôles. Cet incident est beaucoup plus important qu'il n'y paraît à première vue car il ne se résume pas à l'isolement d'une fuite sur un circuit. Il met en évidence la complexité et la sophistication des réacteurs dont les dysfonctionnements peuvent conduire à un accident grave. Rôle du circuit de refroidissement à l'arrêt.
L'incident du 12 mai 98
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Une fissuration de 18cm de long sur 1 à 2 mm de large affectait la soudure longitudinale externe d'un coude formé de deux demi-coquilles en acier inox forgé et soudées entre elles, entraînant une fuite importante d'eau, créant ainsi une situation incidentelle, libérant environ 350 m3 d'eau radioactive (et d'eau de rinçage) pendant les 9 heures séparant la survenue de la fuite due à la fissuration jusqu'à l'isolement de la voie A. (Lors de la réunion de la Commission Locale d'Information du 17 juin, le volume était ramené à 250 m3 par EDF). Le 12 mai le circuit RRA était en arrêt dans une des situations dite d"'Arrêt Normal sur RRA", correspondant à un état d'arrêt intermédiaire de 180oC et 28 bars et ce, depuis le 7 mai. (Il nous a été dit, sans confirmation, qu'EDF était en attente des autorisations des autorités de sûreté pour faire fonctionner le réacteur à 90% de puissance nominale). La chronologie des événements au jour le jour ayant conduit à des versions contradictoires dues souvent au fait qu'un état souhaité: "On envisage de faire telle opération", n'a pas été suivi de sa réalisation concrète, nous nous bornerons à souligner quelques éléments qui nous paraissent importants du point de vue de la sûreté, en attendant une chronologie complète de l'incident. Rappelons simplement que la survenue de l'incident impliquait de la part d'EDF deux sortes d'actions: - continuer à refroidir le coeur pour faire baisser la puissance résiduelle et amener le réacteur dans un état acceptable du point de vue de la sûreté - isoler le tronçon fuitard de la voie A. Ces deux étapes ont été atteintes le mercredi 13 mai au matin à 5h 41 et depuis il a été décidé de décharger le coeur. L'opération qui c'est poursuivie pendant un long mois a consisté à faire baisser puissance résiduelle, température et pression pour amener le circuit à la pression atmosphérique (1 bar) afin de pouvoir ouvrir le couvercle puis de décharger le combustible. En date du 25 juin il n'était toujours pas déchargé à cause d'un autre "aléa", une histoire de porte à verrouiller et qui ne marchait pas entre le compartiment transfert et la piscine de désactivation. C'est encore pas de chance... Il a vraiment été vérifié sous toutes les coutures avant sa mise en route ce réacteur? Ce dernier problème a enfin été résolu. Lacunes dans le contrôle-qualité et erreurs de conception du circuit RRA I - Quelques remarques générales concernant le contrôle-qualité
des tuyauteries
2 - Erreur de conception de la nouvelle configuration du circuit
RRA
`p.19
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Ces deux veines d'eau, l'une chaude, l'autre refroidie, se rejoignent
à la sortie d'un té mélangeur. (La tuyauterie a la
forme d'un T, les trois branches sont parcourue a) par de l'eau chaude
déviée par le by-pass, b) de l'eau ayant été
refroidie par passage dans l'échangeur, c) le mélange eau
chaude/eau froide). Par rapport aux anciens paliers la configuration
géornétrique du circuit RRA a été modifiée.
C'est
ainsi que le coude ayant présenté la fissuration est soudé
directement, sans tronçon intermédiaire, au-dessus de la
troisième branche du té. Cette partie de la tuyauterie, parcourue
par un mélange de veines d'eau chaude et d'eau froide, est sujette
à des chocs thermiques. Le coude introduit des perturbations et
augmente la "longueur de mélange" et les contraintes thermiques.
Sur la voie A, lorsque le coude fissuré a été découpé, les examens métallurgiques ont montré: - qu'un réseau de microfissurations ("faiençage thermique") existait sur le tronçon restant du té. - que des défauts existaient également au-delà du coude ! Ainsi la longueur de mélange des veines eau chaude/eau froide est très grande. Certes une telle configuration, mettre un coude juste au-dessus d'une zone de mélange, est autorisée par les codes de construction mécanique mais elle ne peut que nuire au mélange homogène des deux veines eau chaude/eau froide et ne peut qu'introduire des turbulences et des contraintes thermiques. Il est assez irréaliste d'avoir réalisé une telle configuration. 3 - Lacunes de conception concernant les contrôles métallurgiques
non destructifs
Questions 1) Quelles études d'hydraulique
en température et pression réelles d'emploi ont été
effectuées avec cette configuration de circuit?
(suite) |
suite:
Les longueurs de mélange s'avérant beaucoup plus grandes que prévu, même si le coude est plus éloigné du té pour les réacteurs des paliers 900 et 1300-1350 MW des problèmes analogues peuvent survenir. Il est nécessaire de s'assurer de l'intégrité du circuit RRA sur l'ensemble du parc. ("Cette distance entre le point de mélange eau tiède et le coude peut varier entre 200 mm et 3000 mm selon les réacteurs" sans que nous ayons pu obtenir de renseignements plus précis). Il nous a été indiqué que les autorités de sûreté ont demandé à EDF de vérifier tous ces ciruits. 4) Les débits d'eau. On pourrait invoquer, outre la position du coude, des débits d'eau plus élevés pour le nouveau palier N4, ou plus déséquilibrés entre eau chaude et eau froide. Lors de la réunion de la CLI du 17 juin il a été invoqué, comme cause possible de la fissuration, des différences de débit trop élevées entre eau chaude et eau froide qui pourraient être provoquées par la configuration du circuit, l'eau chaude ralentissant le débit d'eau froide. De toute évidence cette configuration n'a pas été étudiée suffisamment avant la mise en route du palier N4. Un problème de fatigue thermique a été récemment invoqué dans l'existence de fissurations dans un tronçon droit, ce qui était alors une nouveauté, d'une portion non isolable du circuit primaire, à l'arrivée du circuit d'injection de sécurité de Dampierre-l. Dans ce cas l'eau froide provient d'une vanne non étanche en amont et donc ce débit d'eau froide est très faible. A signaler que des amorces très petites (non décelables) sont suffisantes pour provoquer la fissuration en moins d'un cycle. 5) La 'fuite avant rupture", gage de sûreté selon EDF... La question non résolue jusqu'à présent est : pourquoi ça a fissuré sur Civaux- 1 et pas sur Chooz B1 et B2 qui ont fonctionné plus longtemps et à pleine puissance. On peut s'étonner dcl 'opinion de M. Hutin, d'EDF (chef de mission au Département d'exploitation du parc nucléaire -DEPT) rapportée dans Nucleonics Week (June 22, 1998) où il explique que "(...) l'épisode de Civaux-l,bien que pénible pour l'exploitant, est d'une certaine façon rassurant pour le directeur de la maintenance car il donne une démonstration une fois de plus [du principe] de fuite avant la rupture (...)".A la direction de la sûreté des installations nucléaires (DSIN) les autorités de sûreté n'admettent pas la fuite avant rupture comme pouvant faire partie des principes de sûreté d'EDF mais M. Hutin dit qu'il "apprécie la marge de sécurité supplémentaire qu'elle apporte". Auparavant il était suggéré que la fissuration sur le coude de Civaux avait pu être initiée par exemple par des contraintes résiduelles, ou bien par une bosselure minuscule dans la soudure car "il faut si peu de chose pour initier une fissuration dans un métal affecté par de la fatigue thermique". (On pouvait penser que M. Hutin aurait émis quelque critique vis-à-vis de ses collègues qui ont permis cet état de fait par le tracé du circuit du RRA mais pas du tout). En somme, ce n'est pas un mal, bien au contraire d'avoir quelques défauts qui permettent la fissuration et préviennent la rupture. Il faut pouvoir laisser la fuite se produire, c'est bon pour la sûreté puisqu'on évite la rupture On croit rêver, trop d'assurance-qualité nuirait ? Dans l'article de Nucleonics Week, M. Merle (directeur du Bureau de contrôle des chaudières nucléaires -BCCN, sous-direction de la DSIN) indique que "les autorités de sûreté considèrent qu'un dossier relatif à la fuite avant rupture doit être complet et comprendre non seulement le mécanisme de la fissuration mais aussi des mesures de détection de la fuite et des critères d'isolement de la fuite". Ce n'est certes pas le cas de Civaux où la fuite n'a été isolée qu'au bout de 8 heures. En fait les commentaires de M. Hutin reviennent à critiquer les autorités de sûreté qui sont trop exigeantes... 6) Quelles autres "innovations" ont été introduites dans le palier N4? Au vu des performances de l'innovation concernant le circuit RRA on est en droit de se poser sérieusement cette question. On sait déjà que l'introduction de pompes plus performantes sur le circuit primaire a posé des problèmes pour le réacteur de Chooz-B 1 pouvant affecter la neutronique du coeur. Il nous paraît donc adéquat de faire un inventaire de tous les changements introduits dans le nouveau palier. Les difficultés de l'information: reflets des difficultés pour arriver à des états codifiés ? La "procédure incidentelle par états". Autrefois la procédure était événementielle", on cherchait d'abord à supprimer la cause de l'incident, ici isoler la voie A du circuit RRA. La "procédure par états vise à ramener le réacteur dans un état codifié par des procédures prédéterminées (elle a été introduite après l'accident de Three Mile Island) et non en priorité de supprimer la cause. p.20
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Il a été dit que les deux voies étaient en fonctionnement
au moment de la survenue de l'incident, qu'il a été difficile
de savoir quelle voie fuyait et à quel endroit, d'où la difficulté
à isoler la fuite et que cela expliquerait qu'il ait fallu 9heures
pour isoler la voie A.
Il y a sur ce circuit des capteurs de pression et de débit d'eau et des alarmes différentes en salle de contrôle correspondant aux deux voies qui sont séparées géographiquement dans le bâtiment réacteur. Posons alors quelques questions naïves: 1 - Qu'en est-il du nombre de capteurs sur le circuit et comment sont-ils situés par rapport aux vannes permettant d'isoler les différents tronçons du circuit? N'avait-t-il pas été envisagé qu'un coude situé juste derrière le té de mélange pouvait être un endroit à protéger alors qu'il est situé en amont du refoulement vers la branche froide du circuit primaire ? 2 - A-t-il été bien pris en considération qu'une dépressurisation du circuit, de 28 bars à la pression atmosphérique, entraînait immanquablement une vaporisation de l'eau lorsqu'elle passe de 180oC à 20oC, la vapeur - radioactive - envahissant le bâtiment réacteur et rendant la visibilité nulle ? (Dans le cas présent la vapeur n'était que faiblement radioactive le réacteur ayant fonctionné peu de temps et à puissance réduite). Il a fallu attendre d'y voir clair! Cette non-visibilité nous apparaît comme l'élément déterminant de la durée ayant été nécessaire pour isoler la portion de circuit comprenant le coude fissuré. Ce n'est qu'à 4 heures du matin qu'une équipe a pénétré dans le bâtiment réacteur pour vérifier de visu qu'un coude fuyait sur la voie A. 3 - Un fonctionnement anormal avant le 12 mai ? Concernant les essais qui auraient pu être effectués sur le réacteur entre le 7 mai et le 12 mai il nous a été répondu que tout avait été normal, qu'il n'y avait pas eu de coup de bélicr ayant pu justifier l'ouverture de la fissure sur le coude de la voie A du RRA. Le 13 mai au matin le réacteur était à basse pression (7 bars ou 5 bars selon les sources d'information) et basse température 50 à 60oC), mais pas dans un état standard. Les jours qui ont suivi, avant et après la réparation de la voie A, le déroulement des opérations a été très fluctuant: on nous annonçait une procédure, le lendemain c'était une autre car celle qu'on avait tentée n'avait pas marché. Nous nous bornerons à citer la tentative de passer par les générateurs de vapeur (GV) qui a eu lieu le vendredi 15 mai entre 16 et 18 heures alors que la voie A était isolée. Elle a échoué car "la vanne réglante du by-pass de la voie B a fui". Il n'y a donc pas que la tuyauterie qui a des problèmes, les vannes aussi. Et puis la "bonne" voie B s'est avérée pleine de défauts métallurgiques après examen par ultrasons. Nous attendons une chronologie complète de ces allers-retours entre utilisation de la "bonne" voie, puis de l'autre après réparation, ou des deux, des essais de formation d'une bulle au pressuriseur, de suppression de la bulle, de l'éventage de l'eau du primaire etc. jusqu'à l'obtention d'un état permettant enfin l'ouverture de la cuve et le déchargement du coeur. 4 - On peut cependant se poser une question concernant la puissance résiduelle du réacteur. N'était-elle pas plus basse que prévu ce qui aurait entraîné une difficulté pour monter en température et en pression lors de la tentative de passer par les GV ? D'où une autre question : les chaînes de mesures neutroniques sont-elles bien calibrées sur ce réacteur pour connaître de façon précise l'état du coeur? 5 - Nous voulons signaler un autre événement qui n'a pas eu d'explication satisfaisante. Il s'agit d'un rejet de vapeur ayant eu lieu dans la même plage horaire que cette tentative de passer par les GV. Il nous a été dit que c'était une coïncidence, que vu la quantité d'effluents liquides accumulés il s'agissait d'un essai du personnel chargé du traitement des effluents afin de valider une méthode par utilisation de vapeur à l'aide du circuit de vapeur auxiliaire de vapeur, essai qui aurait échoué. Cette information a été infirmée par une autre source. Il nous a par ailleurs été indiqué que le réacteur Civaux-l aurait été admis à fonctionner à 50 % de la puissance sans que la totalité de l'installation d'effluents ait été requise. Si tel est le cas il nous paraît nécessaire que l'autorité de sûreté exige que la totalité de l'installation des effluents avec sa complète potentialité de fonctionnement soit requise lorsqu'une tranche est mise en fonctionnement dès le démarrage du réacteur, car un incident nécessitant beaucoup d'eau est toujours possible comme le montre cet incident de Civaux ayant conduit au minimum à 250 m3 d'effluents liquides. L'importance du circuit RRA et la sûreté
(suite)
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suite:
Remarquons qu'au départ du programme nucléaire et des réacteurs 900 MW ce circuit RRA n'était pas considéré comme important pour la sûreté et ne nécessitait pas une surveillance particulière. Ce point de vue a été modifié pour les 1300MW mais peut-être pas suffisamment. D'autant plus que la distance entre l'extrémité du té et le coude a varié avec les différents réacteurs de 3 m à 20 cm pour devenir nulle sur le palier 1450 MWé afin de "compacter" le circuit... 1 - Que se serait-il passé si le
réacteur avait fonctionné à pleine puissance et depuis
1 an?
2 - Le chargement et le déchargement du combustible
Un réexamen de l'analyse de sûreté nous paraît nécessaire. L'échelle INES n'est pas une échelle de sûreté
Le non-respect des consignes de conduite : EDF interprète
la sûreté à sa façon
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Rappelons que la Direction Régionale de l Industrie, la Recherche
et l'Environnement (DRIRE) d'Aquitaine à Bordeaux a sous sa responsabilité
la centrale de Civaux en plus de celles de Golfech et du Blayais et que
le directeur de la centrale de Civaux n'a pas jugé bon de prévenir
de l'incident. Or il y a au moins deux raisons pour lesquelles le PUI (Plan
d'urgence Interne) aurait dû être déclenché officiellement
en
prévenant instances locales et nationales au lieu d'un renforcement
des équipes sur le site puis appel aux experts nationaux d'EDF ce
qui est un PUI spécial maison, version EDF
C'est l'eau de la bâche PTR qui a été utilisée pour refroidir le réacteur. Le PUI doit être mis en oeuvre lorsque l'eau contenue dans cette bâche, initialement de 3000 m3, descend à 2800 m3. Ce seuil correspond à une consigne de conduite "applicable en condition de sûreté dégradée" qui a été fixé au préalable par EDF (proposé par EDF et validé par les autorités de sûreté). Il a été atteint lors de l'incident dans la nuit du 12 au 13 mai; or EDF n'a pas déclenché le PUI. EDF ayant maîtrisé la situation avec un niveau d'eau final dans la bâche PTR pas tellement plus bas, il peut sembler a posteriori que le déclenchement du PUI n'était pas nécessaire et EDF risque d'être tenté de faire baisser ce seuil de 2800 m3. |
Ceci reviendrait à ne pas verbaliser un automubili~te qui franchit
une ligne blanche sous prétexte qu'il n'y a personne sur la voie
en sens inverse. On sait bien que dans ce cas une voiture peut survenir
inopinément d'une voie transversale et provoquer l'accident. De
même on ne doit pas "blanchir" EDF de n avoir pas déclenché
le PUI sous le prétexte qu'en définitive l'eau utilisée
n'est pas descendue très en dessous du seuil requis car un incident
concomittant
nécessitant
de l'eau supplémentaire est toujours possible. La violation par
EDF des consignes de conduite est inadmissible.
La 2ème raison est sans appel : à partir du moment où l'intégrité du circuit primaire était rompue par l'existence de la fuite avec perte de fluide primaire où il y avait de la radioactivité dans le bâtiment réacteur, la "2ème barrière" de la défense en profondeur tant vantée par EDF était en défaut et le PUI de niveau 2 aurait dû être déclenché. En fait, EDF s'est fait son petit PUI personnel en court-circuitant autorités locales et nationales. Un PUI virtuel en somme. C'est inadmissible. Il semble bien qu'un bras de fer s'est engagé entre autorités de sûreté et EDF qui veut être seul maître d'oeuvre dans les situations incidentelles et accidentelles, ce qui nécessite toute notre vigilance afin que les autorités de sûrete puissent jouer leur rôle de garde-fou... p.22
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