BRUNO ESCOUBES (1938-1999)
Bruno Escoubès s'est éteint, victime d'un accident respiratoire
survenu à Madrid cet été. Il allait avoir 61 ans.
Physicien strasbourgeois au CNRS (1N2P3), "chambre
à bulliste" de tradition et astrophysicien de coeur, Bruno a toujours
estimé que le scientifique devait mettre sa démarche au service
de la société, que la science ne devait pas rester confinée
dans les laboratoires.
Ce fut donc tout naturellement (pour lui du moins)
qu'après avoir participé à la démarche de l'appel
des 400, Bruno Escoubès a rejoint le GSIEN à ses tous débuts.
Animateur du groupe de Strasbourg durant de nombreuses années, il
a attiré au GSIEN nombre de jeunes à qui il a su faire partager
son enthousiasme pour les causes que beaucoup jugaient (et jugent encore)
indéfendables, voire perdues. A la fin des années 70, c'est
à son initiative que le GSIEN a lancé en Alsace un enquête
auprès des médecins qui a permis de mettre en évidence
le manque criant de formation et d'informations quant à la conduite
à tenir en cas d'accident de référence. Plus tard,
après la catastrophe de Tchernobyl, Bruno s'est encore dépensé
sans compter pour que l'inforrnation circule, pour que le débat
ait une chance d'exister. Avec l'association "Alsace-Tchernobyl", utilisant
à plein sa formation de physicien et les réseaux scientifiques,
il a pu inviter à plusieurs reprises des scientifiques Ukrainiens,
organisant conférences et débats, et participant en tant
que physicien à la mise en place du premier réseau de surveillance
de la radioactivité mis en place (partiellement) par le Conseil
Régional d'Alsaee.
Plus récemment, il a été une
des chevilles ouvrières de l'opposition aux essais nucléaires
français de 1995, qui a donné lieu à Strasbourg à
des veilles régulières jusqu'à l'arrêt complet
de la campagne de tests.
Ce serait réduire le sens de l'action de
Bruno Escoubès que de n'évoquer que son engagement pour la
vérité sur le nucléaire. Il était de tous les
combat, que ce soit au niveau des problèmes relevant de la science
et la société, de la défense des populations opprimées
d'où qu'elles soient, de l'opposition la plus résolue à
toutes les fonnes d'extrémisme politique, pour n'en donner que quelques
exemples.
Enseignant sachant partager son enthousiasme avec
les étudiants, conteur fantastique dévoilant la science à
tous les publics, homme de coeur et de passion, fidèle dans ses
engagements comme dans ses amitiés, c'est un humaniste dans le sens
le plus noble du terme qui nous a quitté.
Bruno connaissait les passages qui vont de la science à la vie. |