Semblant condamner par avance le débat sur l'énergie à n'être qu'une chambre d'enregistrement, la nouvelle majorité prend le risque d'examiner la politique énergétique sous un angle purement dogmatique, ne prenant en compte que la question de la production d'électricité. Nous affirmons au contraire que toute politique énergétique digne de ce nom doit prioritairement envisager la maîtrise de la consommation et les moyens d'augmenter l'efficacité énergétique. Consommer ce qui est produit ou produire ce qui est consommé ? 
     Le débat sur l'énergie doit s'appuyer sur un diagnostic, rendu public, de nos besoins et de nos contraintes. Ensuite seulement, la question de l'adaptation des moyens de production et de leur évolution peut être examinée sereinement et dans le sens de l'intérêt de tous. La très grande majorité des parlementaires a toujours suivi docilement les analyses d'un lobby nucléaire tout puissant. Une telle sacralisation n'est pas à la hauteur des enjeux. Alors que la plupart des pays européens fait le choix d'une sortie progressive du nucléaire - cf. la récente décision de la Belgique -, la France semble vouloir s'entêter dans le choix d'une technologie dangereuse, coûteuse et génératrice de déchets nucléaires ingérables sur le long terme. A contrario, le développement durable, concept ambivalent, peut trouver dans ce domaine une traduction concrète exemplaire: 
     - par la réduction de notre consommation d'énergie primaire (amélioration de l'isolement dans l'habitat et nouvelles techniques de construction Haute Qualité environnementale, amélioration de l'efficacité des moteurs, cogénération y compris pour de petites unités de production d'électricité; 
     - par la promotion des énergies renouvelables dont la gestion et l'héritage seront bien plus facilement maîtrisables par les générations futures. Enfin, le secteur des transports accroît sensiblement ses émissions de gaz à effet de serre, gaz responsable des dérèglements climatiques. Seule une franche réorientation du secteur, en renonçant au tout camion, peut diminuer notablement notre facture énergétique.

Pour signer ce texte : 
Agir pour l'environnement - ape@globenet.org

      Fidèle abonné du Monde et passionné des questions énergétiques, je me suis précipité sur le “supplément intérieur” du Monde du 18  décembre 2002, pensant y trouver de quoi assouvir ma passion. Le titre “Énergies, quel scénario pour 2050 ?)” était même très prometteur !
     Quelle surprise de découvrir derrière ce bel habillage, un  document de PROPAGANDE POUR LE NUCLÉAIRE comme je pensais qu'on ne pouvait plus en produire  avec :
     - un scénario 1 de renouvellement du parc nucléaire actuel d'ici à 2050, SCÉNARIO D'UN MONDE DIT  “INVIVABLE”
     - un scénario 2 de triplement du parc nucléaire actuel d'ici à 2050, SCÉNARIO D'UN MONDE DIT VIVABLE  comme …. à TCHERNOBYL sans doute !
     Tiens me dis-je, la rédaction du Monde aurait-elle trop mangé de champignons irradiés ?
     Mais NON ! rendu à la quatrième page, je découvre les vrais auteurs de ce mauvais “dossier du Monde”, il s'agit d'AREVA qui cherche à relancer son “nouveau réacteur EPR” à l'occasion du  démarrage du débat énergétique français. D'ailleurs si j'avais pris ma loupe, j'aurais pu voir que c'était écrit  (Publicité)  en tout petit en haut de chaque page;
     Bref ! Le Monde dérape sérieusement en acceptant de publier ce genre de document de PROPAGANDE qui bien sûr a été financé par AREVA ; 
     Merci, pour l'objectivité et la transparence des débats énergétiques futurs que vous n'hésiterez pas impulser dans vos colonnes,  de nous indiquer aussi le montant des recettes que ces pages vous auront procurés ! 
     Je ne souhaite pas répondre sur le fond des pseudos arguments énoncés par AREVA, d'autres lecteurs s'en chargeront sûrement. 

      Affirmant avec raison que “la société française réclame de plus en plus une explicitation de la politique énergétique nationale et la transparence des choix”, le gouvernement Raffarin prépare activement la tenue d'un grand débat public sur l'énergie dès le mois de janvier prochain, débat qui doit conduire à une loi de programmation énergétique avant la fin de l'année.
     Dans ce contexte, on ne s'étonne pas, en ouvrant Le Monde du 18 décembre dernier, d'y trouver un dossier de 4 pages sur cette question. Sous la rubrique “alternatives” le titre “Énergies quel scénario pour 2050”  est alléchant, le texte bien illustré. On s'y plonge donc d'autant plus volontiers qu'on connaît la réputation du quotidien dans l'établissement de dossiers sérieux et équilibrés.
     Le dossier ouvre sur un grand panorama mettant en scène deux images du monde en 2050. Une image repoussoir, le monde “invivable”, mortifère, noir de charbon, de disparités, étouffant, et une image désirable, le monde “vivable”, libéré, propre, équitable et frais ! Comment ne pas choisir le second scénario? 

Cherbourg, le 7 février 2003
Lettre ouverte à Madame la Rectrice et à Monsieur l'Inspecteur d'Académie

     Madame, Monsieur,
     Certaines écoles, collèges et lycées du Nord-Cotentin ont reçu un courrier du directeur de la Cogéma-La Hague daté du 23 janvier 2003 les invitant à une journée de présentation d'un projet pédagogique «Énergie et Environnement». Il est précisé dans ce courrier que vous avez donné votre aval à cette démarche.
     Votre accord permet d'officialiser la démarche d'un industriel qui décide de produire du matériel pédagogique (on peut s'interroger sur ses motivations) dépassant son propre secteur d'activités et de le «proposer» aux enseignants. Une certaine idée de l'école voudrait plutôt que l'enseignant ou l'équipe pédagogique bâtisse son projet en l'enrichissant éventuellement de visites d'entreprises par exemple.
     De plus, un industriel dont l'objectif est de prendre des parts sur un marché concurrentiel est-il le mieux à même de donner une vision objective de l'avenir énergétique de la planète et du développement durable?
     Confiera-t-on à l'avenir les programmes pédagogiques de la diététique à Mac Donald et Coca-Cola, celui de la sécurité maritime et de la protection du littoral à TotalFinaElf et celui de l'éthique dans les marchés d'armes à Thomson 
     La découverte de la biodiversité sera-t-elle assurée par Monsanto et Aventis et la promotion des logiciels libres par Microsoft ?
     Dans son courrier aux directeurs des écoles, Monsieur ANDRIEUX s'appuie sur un dossier paru dans le quotidien «Le Monde» du 18 décembre 2002 intitulé «Énergies, quel scénario pour 2050 ?». Le dossier en question est en fait une publicité d'AREVA, maison-mère de Cogéma, ruinant, vous en conviendrez, la caution journalistique qu'il était censé lui donner. Gageons que les projets pédagogiques n'aient pas comme support les publicités du groupe AREVA.
     Rendre possible l'entrée dans l'école de sociétés dont le but reste de vendre, c'est leur ouvrir, au sein et sous l'autorité de l'école, le marché des plus jeunes consommateurs.

A MADAME le RECTEUR d'ACADÉMIE
A MONSIEUR L'INSPECTEUR d'ACADÉMIE.
OBJET : A propos d'un courrier envoyé aux enseignants par la COGEMA-HAGUE.

Madame, Monsieur,
     Ancien professeur de l'Éducation Nationale, militant écologiste attaché à une certaine conception de la laïcité, je suis étonné d'apprendre dans un courrier qui vient de me parvenir, que la COGEMA, selon ses dires, a eu votre aval pour un projet pédagogique destiné aux enseignants du canton de Beaumont-Hague et sans doute au-delà . Ce courrier fait d'ailleurs référence à un article du journal «Le Monde», sans préciser qu'AREVA-COGEMA en était l'auteur et qu'il s'agissait en fait d'un quatre pages publicitaire .
     La laïcité est une notion républicaine qui se réfère à une certaine indépendance et neutralité par rapport aux convictions philosophiques et religieuses, mais aussi par rapport aux entreprises surtout lorsque leur objectif est contesté.
     En l'occurrence, deux conceptions sont possibles dans le débat:
     - Ou bien personne n'entre à l'école,
     - Ou bien les parties prenantes, favorables et opposées y sont invitées.(.)
     La seconde est préférable pour l'ouverture des élèves sur le Monde. Mais la laïcité ne saurait se confondre avec la publicité et la propagande, fussent-elles celles d'une entreprise dans laquelle l'État est encore majoritaire et où Total-Fina-ELF, grand défenseur de l'environnement, est le second actionnaire.
     C'est pourquoi, le CRILAN, association agréée pour l'environnement vous demande les mêmes possibilités d'intervention dans les établissements scolaires et de visites par les élèves d'installations renouvelables et décentralisées, ceci dans le respect de la laïcité et des personnes en devenir.
     Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l'expression de mes salutations distinguées. 

     Chez Areva, on reconnaît que la lettre à en-tête de la Cogema est une «vraie connerie». «Mais il n'y a aucune volonté de manipulation. Ce document à vocation très locale a été rédigé par le service communication de l'usine de La Hague, explique un responsable du siège parisien d'Areva. On peut regretter que Jean-Luc Andrieux l'ait lu un peu vite avant de le signer.» 
     Prévenue jeudi dernier, la direction d'Areva a le jour même expédié une lettre rectificative à l'ensemble des chefs d'établissement scolaire de la Manche et adressé un fax d'excuses à la direction du Monde. Le document précise qu'Areva arrêtera «avec [le directeur de La Hague] le niveau des sanctions qui seront prises». 
     Une manière de dire que ce dernier ne sera pas sanctionné ?
 

      Résumé - Avis en date du 20 décembre 2002
     Le Ministre chargé de l'environnement a interrogé le CPP sur l'exercice de l'expertise dans le domaine du risque industriel accidentel. La saisine posait des questions sur la place de l'expertise aux différentes phases de la gestion des risques, les rôles que peuvent jouer les salariés, la prise en compte des facteurs d'incertitude, la qualité de l'expertise, la place des tierces expertises, ainsi que sur la façon d'accéder à une expertise diversifiée et ouverte, la façon de relier organismes d'expertise et monde de la recherche et la façon d'assurer le bon fonctionnement des lieux d'information et d'échange.
     Le CPP a procédé à l'audition de personnalités et à l'examen de travaux publiés sur ce thème. Le nombre, la variété et l'importance des sujets à traiter, même en restreignant le domaine retenu à la maîtrise du risque des installations dangereuses, ont conduit le CPP à focaliser sa réponse sur le partage de l'expertise entre les groupes concernés par le risque.
     Le CPP a considéré comme indispensable qu'une expertise scientifique de qualité sur les risques et les moyens de prévention soit largement disponible, à la fois pour assurer la clarté du processus de décision et pour atteindre un niveau de sécurité le meilleur possible.
     Le CPP a estimé que la qualité de l'expertise requiert l'ancrage des activités d'expertise au sein des activités de recherche. Il a estimé que cette qualité exige aussi l'ouverture du processus d'expertise entre pairs, entre nationalités, entre spécialités, entre métiers et entre parties prenantes.
     Il a noté que cette ouverture du processus d'expertise pouvait se faire selon des modalités diverses qu'il a passé en revue, mais que la mise en place de mesures d'accompagnement et de soutien était nécessaire.