Paris, le 22 juillet 2003
Monsieur XXXX
Objet : Demande d'attribution du “ Prix Sakharov, pour la liberté de l'esprit ” Monsieur le Député,
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Dans le but d'obtenir sa libération, nous vous proposons de lui attribuer le “Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit”. En effet, comme Sakharov, le Professeur Bandajevsky est emprisonné parce que, pionnier dans ses recherches, ce brillant scientifique est également doublé d'un homme de conscience mettant avant tout la science au service des hommes, et ce au risque de sa carrière et de sa liberté. Ce prix constituerait un message fort à l'intention des autorités biélorusses, sensibles au regard que l'Europe porte sur elles. Cette reconnaissance symbolique le réhabiliterait et lui assurerait une garantie de poursuivre ses travaux à sa sortie de prison. Sa famille, les enfants de Tchernobyl et nous-mêmes, comptons sur votre engagement. Dans l'espoir d'une réponse positive, et restant à votre disposition pour tout renseignement complémentaire, je vous prie de recevoir, Monsieur le Député, mes sincères salutations. Anne Guérin
Signataires:
Directrice Fondation France Libertés Amnesty International Comité Bandajevsky Enfants de Tchernobyl Bélarus Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture Fédération Internationale des ligues des Droits de l'Homme Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur la Radioactivité Amis de la Terre Réseau Sortir du Nucléaire Groupement de Scientifiques pour l'Information sur l'Énergie Nucléaire. p.3
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septembre 2003
Le directeur de la prison a appuyé la
demande de Bandajevsky
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D'abord, ce directeur est nouveau, depuis déjà 8 mois environ (je l'apprends seulement maintenant). Rien à voire avec le vieux d'avant, qui a géré toute le période de pressions exercées sur Youri par le député Konopliov, d'hostilités induites contre Galina, de visites secrètes de sa mère, également montée contre la bru. Celui-ci est civilisé et humain, au point que Galina pense qu'il ne durera pas longtemps. Il écoute les gens et essaie de les aider dans la mesure de ses moyens. Il se rend parfaitement compte du degré d'inadaptation de ce détenu intellectuel aux conditions de la prison. C'est "l'équation personnelle" de ce nouveau directeur, qui peut expliquer sa décision de soutenir la requête de Youri en demandant sa libération. Mais pas totalement, et c'est l'autre explication possible : quelle que soit sa personnalité humaine, le directeur de la prison est un militaire et il est difficile de penser qu'il puisse improviser en dehors ou même contre les normes. Il a appuyé la requête de Youri nonobstant la non reconnaissance de la culpabilité par ce dernier. Suivant la norme on transmet dans ce cas les documents sans intercéder en faveur du détenu non repentant. Galina fait le rapprochement avec ce que KOVTCHOUR du Comité d'exécution des peines lui avait dit le 22 août : "Si vous voulez mon opinion, il faut absolument que le professeur Bandajevsky écrive au Président. De notre côté nous ferons tout pour favoriser et soutenir une décision positive. Sans la grâce et avec la nouvelle amnistie prévue en mars 2004, il ne sortirait au mieux que dans un an. Et depuis que je l'ai vu la dernière fois, je suis persuadé que psychologiquement il ne tiendra pas le coup jusque là. Essayez de le persuader." Cette déclaration était précédée par la réponse du Vice-président de la Commission des droits de l'homme de l'Assemblée nationale de la République du Belarus, qui écrivait au Comité de soutien de Bandajevsky: Le Président envisage la possibilité d'examiner une deuxième fois la question de la concession de la grâce à Y.I. Bandajevsky, si celui-ci en fait la demande au Président de la République du Belarus suivant les formes requises. Attendons et voyons. octobre 2003
p.4
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En 1990, Yuri Bandajevsky jeune
médecin biélorusse et docteur es sciences, anatomo-pathologiste,
est nommé, à 33 ans, recteur de l'Institut de Médecine
de Gomel dans le but de poursuivre ses recherches et de former de jeunes
médecins. Gomel est située dans une zone fortement contaminée
par l'explosion de la centrale de Tchernobyl en 1986. Le professeur Bandajevsky
le sait mais, depuis 1988, il a déposé de nombreux projets
auprès de l'Académie des Sciences et du Ministère
de la Santé pour étudier le rôle de la radioactivité
sur les systèmes et les organes vitaux, notamment pendant la formation
de l'embryon. Ainsi, son installation à Gomel lui permet à
la fois de comprendre les mécanismes et les effets de la contamination
et de venir en aide aux populations touchées. Pendant 9 années,
l'Institut va faire un travail remarqué et le professeur Bandajevsky
recevra cinq prix et médailles pour ses découvertes, reconnues
par la communauté internationale.
Sa principale découverte concerne les effets du Césium 137 qui ne perd la moitié de sa radioactivité qu'au terme de 30 années et ne s'épuise complètement qu'après trois siècles. La particularité de cette radioactivité est qu'elle est ingérée quotidiennement en petites doses par la population locale car elle se retrouve dans les produits sauvages et cultivés, le lait, la viande, le poisson… Conscient de l'importance de sa découverte et des mesures qui peuvent être prises par les habitants des zones contaminées afin de prévenir une aggravation de leur état de santé, il décide de la rendre publique, animé par les seuls soucis de vérité, de prévention et de soin. En avril 1999, Yuri Bandajevsky et Vassili Nesterenko, fondateur de l'Institut de radioprotection indépendant "Belrad" qui vient en aide aux enfants des territoires touchés par les retombées radioactives (Annexe 1), sont invités par le Parlement biélorusse à faire partie d'une commission chargée de vérifier le Registre des doses et l'utilisation des fonds de l'État par l'Institut de médecine radiologique du Ministère de la santé dans ses recherches médicales sur les conséquences de l'accident de Tchernobyl. Leurs conclusions déplaisent aux membres de la commission proches du Ministère qui n'accorde de valeur scientifique qu'aux conclusions de l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA) de Vienne. Bandajevsky, Nesterenko et Stojarov, ex-directeur de l'Institut, signent un rapport séparé et l'envoient au Conseil de Sécurité du Belarus, responsable de la santé de la population. De son côté, Bandajevsky envoie un Rapport au Président Loukachenko, dans lequel il critique sévèrement l'orientation des travaux de l'Institut du Ministère et montre qu'un seul milliard de roubles sur 17 a été dépensé utilement en 1998 par celui-ci. Dans les semaines qui suivent, en mai 1999, trois commissions de contrôle du Ministère de la santé vérifient, coup sur coup, l'Institut de Gomel, sans trouver d'anomalies. Yuri Bandajevsky est alors arrêté à son domicile le 13 juillet 1999. Depuis, le nouveau recteur de l'Institut de Gomel a abandonné le programme de recherches initié par le professeur, en déclarant que ce programme n'était pas digne d'un établissement d'enseignement supérieur. (suite)
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Yuri Bandajevsky est arrêté sous
le coup d'un décret présidentiel contre le terrorisme. Il
apprend au cours du mois d'août, après 22 jours d'isolement
total dans un cachot, qu'il est accusé d'avoir reçu des pots-de-vin
pour l'admission d'étudiants dans son institut. Il reste 6 mois
en détention préventive pendant lesquels il subit des violences
physiques et psychologiques, et ne parvient à être libéré
que grâce à une mobilisation internationale. Son procès
s'ouvre le 13 février 2001. Alertés, des observateurs de
l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération
en Europe (OSCE) y assistent et mettent en évidence plusieurs irrégularités
au Code Pénal en vigueur en Biélorussie (Annexe 2).
Mobilisation internationale Ainsi, dès son arrestation, la Fondation
France Libertés s'est mobilisée en faveur de Yuri Bandajevsky.
D'une part, en alertant les autorités françaises et biélorusses
quant à sa situation et, d'autre part, en participant activement
à la campagne de sensibilisation et de soutien au professeur.
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L'Action des Chrétiens
pour l'Abolition de la Torture (ACAT-France), s'est jointe à la
mobilisation en faveur du professeur Bandajevsky en diffusant un appel
au mois d'août, diffusé auprès de 25 000 personnes
qui se sont mobilisées pour relancer la pression sur les autorités
biélorusses afin qu'elles libèrent le professeur (Annexe
5).
La Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD), association à but non lucratif agréée pour la protection de l'environnement, s'engage dans le soutien du professeur dès février 2001 (Annexe 6.). Tout comme France Libertés, la CRIIRAD entretient également un partenariat avec l'association française “Les Enfants de Tchernobyl Belarus”, dont le Vice-président est le professeur Nesterenko (Annexe 7). En tant que scientifique, Yuri Bandajevsky bénéficie du soutien du Comité de Défense des Hommes de Sciences de l'Académie des Sciences de Paris, CODHOS (Annexe 8) et de l'Association Européenne pour la Promotion de la Science et de la Technologie, EUROSCIENCE (Annexe 9). Ces organisations sont préoccupées, d'une part, par les violations des droits de l'Homme dont le professeur est victime et, d'autre part, par la perte scientifique que constitue sa détention ainsi que par la sérieuse détérioration de son état de santé qui, s'il n'y est pas mis fin rapidement, risque de l'empêcher de reprendre ses recherches à sa sortie de prison. Or, on note un intérêt croissant pour le résultat de ses travaux qui servent de base à certaines études en rapport avec les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. Ainsi, l'European Committee on Radiation Risks (ECRR), commission d'experts indépendants, a utilisé les recherches du professeur, notamment sur le Césium 137, et a conclu à la nécessité de renforcer les normes de protection contre la radioactivité (Annexe 10). Malheureusement, l'action des associations est limitée et l'intervention des institutions s'avère nécessaire. Le Parlement Européen a réagi dès mai 2001 en attribuant à Yuri Bandajevsky un “Passeport pour la liberté”, traduisant ainsi son soutien au professeur et s'engageant à veiller au respect de ses droits fondamentaux (Annexe 11). La même année, à la suite de son procès, le Parlement a adopté une résolution mettant en évidence sa préoccupation quant au fonctionnement de la justice en Biélorussie et à la gestion de la situation sanitaire du pays (Annexe 12). Alors que les associations se heurtent souvent aux refus des autorités biélorusses, notamment lorsqu'elles désirent connaître les conditions d'incarcération du professeur (Annexe 13), conditions inhumaines qui visent, depuis son arrestation, à le détruire aussi bien physiquement que psychologiquement (Annexe 14), les représentants des institutions européennes ou nationales ne rencontrent pas ce type d'obstacle. Ainsi, le 10 juin 2002, des parlementaires du Conseil de l'Europe, en visite officielle à Minsk, ont tenu à le rencontrer en prison (Annexe 15). Leur visite a permis au professeur de bénéficier d'un changement de cellule passant d'une chambrée de 80 codétenus sans possibilité d'écrire à une chambre de 3 avec ordinateur. Ce qui apparaissait alors comme une amélioration s'est révélée être une sorte de piège. En effet, il n'a pas eu le droit de recevoir de visites pendant 3 mois. Cet isolement a fortement affaibli son état psychologique. (suite)
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Dans une lettre de son épouse Galina à l'Organisation des Nations Unies, elle rend compte de la détresse de son mari, qui a perdu toute confiance en lui ainsi que la volonté de poursuivre ses recherches (Annexe 16). Plus récemment, les ambassadeurs d'Allemagne et de France sont allés le visiter, exerçant ainsi une forte pression sur les autorités du pays. Néanmoins, les conditions de sa détention, la pression dont il fait quotidiennement l'objet ne cesse d'entamer son état de santé psychique. Lors de sa dernière visite, son épouse a retrouvé un homme touché par l'attention que lui porte la société civile internationale et plus particulièrement européenne mais de plus en plus déprimé et désespéré (Annexe 17). Yuri Bandajevsky a été emprisonné dans le but de l'empêcher de poursuivre ses travaux, d'en divulguer le contenu et, ainsi, de sauver des vies. Cela va à l'encontre de l'article 19 du Pacte International des Nations Unies, relatif aux droits civils et politiques de 1966 qui englobe la liberté de la recherche. Cet article reflète l'esprit qui a incité le Parlement européen à créer le prix Sakharov. C'est pourquoi, le nom du professeur a déjà été évoqué pour la remise de ce prix “Pour la liberté de l'esprit” comme l'ont déjà reçu Nelson Mandela en 1988, Wei Jingsheng en 1996 et, en 2002, Oswaldo José Paya Sardinas. Par ailleurs, l'opinion publique commence à être largement informée de l'injustice dont est victime Yuri Bandajevsky. La dernière visite de son épouse Galina à Paris en juin 2003, lors de laquelle elle a reçu le titre de citoyen d'honneur, accordé à l'unanimité par le Conseil municipal à son mari, a été l'occasion de la publication d'articles dans la presse nationale (Annexes 18 et 19). Le Comité Bandajevsky Il est nécessaire que cette mobilisation se perpétue, se développe et se renforce. C'est pourquoi, un réseau de soutien, le “comité Bandajevsky”, s'est constitué rassemblant différentes organisations et les individus qui œuvrent pour le droit à la vérité et à la justice. Les buts de ce comité sont de : - faire connaître cette affaire à un public aussi large que possible et susciter l'action des citoyens, des scientifiques et des responsables politiques. D'où l'initiative du Manifeste pour la libération de Bandajevsky et la liberté de la recherche qui a recueilli plus de 8.000 signatures à ce jour, dont bon nombre de personnalités scientifiques et politiques (Annexe 20) ; - promouvoir les actes symboliques comme ceux de la municipalité de Clermont-Ferrand, de Paris, de la Région Nord-Pas-de-Calais qui ont élevé le professeur Bandajevsky au rang de “citoyen d'honneur” de leur Ville, ou tout au moins des “motions de soutien” comme celle de la ville de Grenoble ou de Mably… - son site: www.comite-bandajevsky.org relaie toutes les expressions et les différentes composantes du soutien à Yuri Bandajevsky, Galina, Nesterenko et aux habitants des régions contaminées. Les textes sont disponibles en français et en anglais. p.6
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