CATASTROPHES AU JAPON: QUELLES LECONS EN TIRERONS-NOUS? Le plus important séisme depuis plus
d'un siècle vient de frapper le Japon. Il a entraîné
un tsunami sans précédent et un nombre considérable
de victimes encore impossible à recenser vu le nombre de disparus.
Les pensées de France Nature Environnement vont d'abord aux victimes
et à ce pays profondément meurtri par la violence de cette
catastrophe.
AFP 25 avril 2011 Leçon de Tchernobyl et de Fukushima: il faut dire la vérité MOSCOU - La principale leçon à
tirer des catastrophes de Fukushima et de Tchernobyl est qu'il faut dire
la vérité, a jugé lundi le président russe
Dmitri Medvedev, à la veille du 25e anniversaire de l'explosion
à la centrale ukrainienne qui avait été dissimulée
par le pouvoir soviétique.
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Golfech: le déclenchement "intempestif" d'une alarme affole la population «La sirène a sonné pendant
un quart d’heure. Cela a suffi pour déclencher un début d’affolement
dans la population», : 20h36 hier lundi soir, le déclenchement
intempestif de la sirène d’alerte de la centrale nucléaire
de Golfech (Tarn-et-Garonne), a provoqué un début de panique
dans la population (950 habitants) de la commune.
L’Ae du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) a rendu, le 23 mars 2010, son Avis délibéré sur la demande d'autorisation de création de l'Installation nucléaire de base ITER. L'étude d'impact a conduit l'Ae à formuler plusieurs recommandations. risque sismique et inondations L'Ae préconise aussi de "compléter l'état des lieux, en particulier pour l'analyse du risque sismique pris en compte, ainsi que les données sur l'eau." De plus, l'Ae souhaite que soient "[précisées] les données relatives au risque d'inondation par ruissellement,en particulier pour les précipitations d'importance plus que centennales." L'Autorité estime que "la probabilité d'occurrence d'un tel évènement pendant la durée de vie d'ITER étant de l'ordre de 30%, et de nature à provoquer des dommages à l'installation." L'ASN rendra son avis sur la sécurité nucléaire En matière de sécurité nucléaire, elle retient deux éléments. Tout d'abord, elle note "un risque d'exposition des travailleurs du site aux poussières de béryllium, produit cancérigène", cependant, elle juge que "les mesures décrites paraissent adaptées." D'autre part, elle estime que "les expositions aux risques radiologiques sont attribuables en quasi-totalité aux émissions de tritium." Bien que "les doses maximales évaluées sont environ 500 fois inférieures aux seuils réglementaires", l'Ae rappelle qu'"en exploitation, le dispositif de 'détritiation', consistant à recycler l'essentiel (environ 90%) du tritium émis pour le réutiliser, n'existe qu'à l'état de prototype, et doit faire l'objet d'une phase de développement d'ici à 2025, début de la période d'utilisation du tritium dans le réacteur." p.2
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Fukushima a sonné l’alarme.
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La séquence impensable commence: il faut absolument refroidir et il n’y a plus de pompes donc plus d’eau de secours. On ne dispose que de quelques heures avant que le cœur se dénoie et que la réaction d’oxydation des gaines ne s’enclenche conduisant inéluctablement à la production d’hydrogène d’où des risques d’explosion et à une fonte des combustibles et des internes du cœur. Circonstance aggravante (?), les barres de contrôle sont injectées par le fond d’où même sans craquelures de l’acier les trous sont déjà présents. Et le problème lié au non-refroidissement et au manque de source électrique perdure depuis 2 mois (au moment où j’écris 11 mars à 13 mai 2011) ET IL VA PERDURER UN TEMPS CERTAIN. D’abord on va devoir refroidir, refroidir, puis d’ici 2, 3,... jusqu’au moins 6 ans (expérience Three Mile Island: 6 ans avant d’entrer un robot dans l’enceinte qui avait résisté à une explosion hydrogène...) et encore 6/7 ans de plus pour commencer à décontaminer (toujours expérience TMI). Et maintenant penchons-nous sur le problème des rejets: sans être comme à Tchernobyl (emballement de la réaction de fission, puis explosion canalisée par un tube de force, d’où montée jusqu’à 1,5 km d’altitude), le site de Fukushima avec 4 réacteurs en surchauffe risque de dépasser pour le site et ses alentours (jusqu’à 100 km) les conséquences de Tchernobyl. N’oublions pas que 25 ans, après, la Bielorussie, la Russie et l’Ukraine ont toujours des territoires contaminés sur lesquels il est préférable de ne pas vivre. Bien sûr certains habitants ont préféré revenir, mais cela ne diminue pas le danger: c’est juste leur choix parce que l’éloignement devenait insupportable. p.3
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Les travailleurs: Les travailleurs contaminés des installations nucléaires sont confrontés à des travaux où les règles de sûreté sont bafouées. Sur le site de Fukushima touché par un séisme suivi d’un tsunami, les règles de sûreté des travailleurs ont été élargies sans examen approfondi, obligeant les travailleurs à faire leurs travaux et à sortir sans être complètement décontaminés Les travailleurs qui se sont battus pour que reprendre le contrôle du site de Fukushima 1 (opérateur TEPCO), ainsi que les experts expriment leurs préoccupations à propos d’un effet possible sur la santé. Les niveaux de radiations dans les locaux de la centrale restent élevés, sachant que dans les ruines du réacteur 3, endommagé par une explosion hydrogène, on a atteint 900 millisieverts/h. Si un travailleur peut être exposé à plus que 1 millisievert par jour dans une centrale nucléaire, les prescriptions de sûreté imposent que l’entrepreneur requis par la compagnie en charge de l’exploitation établisse un plan de travail spécifiant les niveaux de doses dans les locaux et délivre aux travailleurs un document signé. La compagnie en charge de l’exploitation garde une copie de ce document. Certains entrepreneurs fournissent copie de ce document à leurs sous traitants comme permis d’effectuer les travaux. De fait les travailleurs ne sont pas suivis, ont des difficultés pour se décontaminer. Les fameux plans de travail ne sont pas élaborés. Il apparaît que à la fois TEPCO et les firmes sous-traitantes pensent qu’en cas d’accident il est normal d’être contaminé puisque l’environnement l’est. TEPCO certifie que les travailleurs présentant des contaminations ont toujours été décontaminés. L’environnement:
Déroulement de l’accident par RS Cela se termine par Shima, comme Hiroshima, et cela commence par Fuck... Fukushima est une vérification expérimentale de la loi de Murphy: Lorsque les choses vont mal, tout ce qui a une très faible probabilité de se produire, arrive! Cela commence par tremblement de terre d’une intensité largement supérieure au dimensionnement des installations. - Mais les mécanismes d’arrêt d’urgence fonctionnent, semble-t-il. Les lignes électriques sont tombées, - Les diesels de secours prennent la relève... pas tous, il y a quelques désaffections A ce moment-là, les opérateurs se croient sortis d’affaire. (suite)
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Arrive la vague du tsunami. Laissons au loin les controverses sur la hauteur de cette vague. Sa hauteur fut suffisante pour noyer les diesels, avec d’autant plus de facilité qu’ils étaient en sous-sol, ainsi de très nombreuses armoires électriques, de très nombreux moteurs divers et variés, dont ceux des pompes qui avaient résisté au séisme. Et ici nous n’énumérons que ce qui est noyé et non ce qui est détruit. Il est bien connu que lorsqu’un réacteur s’arrête, lorsque la réaction en chaîne est stoppée, les produits de fission continuent à se désintégrer produisant une quantité d’énergie qui, au moment de l’arrêt, est de l’ordre de 10% de la puissance nominale du réacteur... oui, mais de la puissance thermique, pas de la puissance électrique. Donc pour un réacteur produisant 500 MWé, cela fait 10% de 1.500 Mth... 150MWth... excusez du peu! Après une journée d’arrêt cette puissance résiduelle tombe à environ 1%, puis au bout de quelques jours, nous sommes à 1‰, et comme c’est une décroissance exponentielle, il est bien connu que cela va rester longtemps, très longtemps dans cet ordre de grandeur... 1,5 MW. Source: http://www.laradioactivite.com/ Donc après un arrêt - ici d’urgence
- il faut continuer à refroidir le coeur du réacteur. Pour
cela il faut de l’eau, des pompes pour la faire circuler et de l’électricité
pour les faire fonctionner. Les pompes étant hors service, les sources
d’électricité également, il fallait trouver des moyens
de fortune pour refroidir... pas seulement les coeurs des réacteurs
1, 2 et 3 (le 4 étant à l’arrêt et déchargé
de son combustible), mais également les piscines destinées
à refroidir les combustibles déchargés dans l’attente
d’un futur transfert vers une autre piscine d’entreposage, également
présente sur le site.
Les piscines.
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Les coeurs. Pour les coeurs, le problème est encore plus délicat. Il n’y a plus de moyen pour y envoyer de l’eau. Donc la pression monte, et suite au dénoyage du combustible, il y a production d’hydrogène. TEPCO nous dit avoir fait chuter la pression en faisant des largages. Par où? Un schéma fourni par AREVA explique que ce largage débouche... dans la zone supérieure du bâtiment réacteur, justement la zone où se trouvent les piscines. Cette explication nous paraît stupide car nous avons du mal à imaginer qu’un esprit tordu d’ingénieur va expédier un mélange de gaz explosif dans une enceinte fermée. Cela risquerait d’exploser en endommageant gravement le bâtiment. C’est pourtant ce qui s’est produit. Donc une autre hypothèse simpliste serait qu’il y a eu rupture d’une ou plusieurs des nombreuses canalisations qui sortent de la cuve du réacteur, puis traversent le béton de l’enceinte de confinement pour rejoindre divers auxiliaires et le groupe turboalternateur... ce qui pourrait expliquer l’abondante présence d’eau chargée de produits de fission dans ces bâtiments. Mais les coeurs des 3 réacteurs, partiellement dénoyés, ont commencé à fondre. De toute façon, lorsque l’oxydation des gaines est démarrée, celles-ci perdent leur tenue mécanique et ne résistent pas à la pression interne qu’exercent les gaz de fissions et les produits de fission volatils (Iode, Césium,...). D’où une dispersion des pastilles de combustible avant même qu’elles commencent à fondre. Des informations récentes concernant le réacteur numéro 1 nous ont appris que la mesure du niveau d’eau dans la cuve, dont l’estimation donnait un faible dénoyage du combustible... était coincée à la valeur mesurée au moment du séisme. Sacré Murphy, encore lui. Cela nous rappelle TMI où les opérateurs se fiaient à l’indication d’un voyant disant que la soupape responsable de la chute de pression était bien fermée... alors que le voyant indiquait que l’ordre de fermeture avait bien été envoyé, sans se soucier du fait que ladite soupape était bloquée en position ouverte. À Fukushima, après avoir envoyé des agents réparer la chose - question angoissante: à quel endroit ont-ils dû aller pour faire leur bricolage et quelles doses ont-ils prises? - il a bien fallu se faire à l’idée que le coeur était complètement dénoyé, donc fondu. Il semble bien que la cuve du réacteur numéro 2 se soit percée. La pression dans les BWR étant plus faible que dans les PWR, l’épaisseur de leurs cuves est plus faible. De plus les BWR ont la caractéristique d’avoir une injection des barres de contrôle par le fond de cuve. Ce qui donne une zone plus fragile. Rappelons que dans un BWR, la vapeur produite dans le coeur du réacteur est directement turbinée. Il n’y a pas un circuit secondaire comme dans les PWR. Aussi, tout le dispositif qui constitue le haut des générateurs de vapeur des PWR se retrouve dans la partie haute de la cuve du BWR. Pour le réacteur numéro 3, l’analyse des images vidéo de l’explosion du lundi 14 mars, nous fait remarquer un puissant jet vertical, à l’apparence cylindrique, d’une inquiétante couleur noire. Si on étudie les schémas de cette machine (l’excellent dessin de Nuclear Engineering International) on constate que l’enceinte de confinement (dry well) se termine en haut par des parois mobiles, afin de permettre le déchargement du coeur. Ceci explique la présence de la piscine dans la zone supérieure de bâtiment, directement accessible après noyage de haut de cette enceinte. Cette zone de l’enceinte de confinement semble donc plus fragile. Une explosion hydrogène n’y avait d’autre exutoire que le haut et cette enceinte se comporte comme le fût d’un canon. Cela nous rappelle Tchernobyl. Lorsque les combustibles de certains canaux étaient devenus sur-critique prompt, la structure de graphite s’était comportée comme autant de tubes de lance rocket par où des éléments combustibles ont été éjectés, perforant la dalle supérieure épaisse de plusieurs mètres. Et il semble bien que le jet puissant vu sur les vidéos soit le résultat d’une explosion de l’hydrogène contenu dans l’enceinte. Une autre caractéristique de la structure de ce réacteur peut avoir facilité cette explosion. Le tore situé en bas de l’enceinte de confinement (wet well) a pour finalité de condenser la vapeur d’eau qui se serait rassemblée dans l’enceinte. Ce faisant, en faisant chuter la concentration en vapeur d’eau du mélange hydrogène - vapeur d’eau, il améliore les conditions d’explosivité de l’hydrogène. Quant au réacteur numéro 4, qui avait la chance d’être déchargé, sa piscine contenait: 1 - le coeur fraîchement déchargé, c’est-à-dire dans l’hypothèse d’un renouvellement par tiers: un tiers avec un an de combustion, en second tiers avec deux ans de combustion et un troisième tiers avec trois ans de combustion... et les produits de fission correspondants. (suite)
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2 - les éléments combustibles neufs pour renouveler le tiers «sortant» 3 - le coeur précédent en cours de refroidissement Tout cela faisait beaucoup de monde et le manque de refroidissement a conduit à un incendie dévastateur dont le résultat est bien visible sur les photos. Qu’en est-il aujourd’hui?
Quels sont les niveaux de fusion des coeurs?
Le rapport du 11 mai est assez éloquent
sur ce sujet: il a fallu attendre l’entrée de travailleurs dans
le réacteur 1 pour apprendre que les jauges de niveau d’eau ne donnaient
pas de bonnes valeurs depuis le 11 mars. En conséquence il est à
peu près certain que le combustible a fondu et qu’il est probablement
sorti partiellement de la cuve du n°1.
p.5
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A noter que ce témoignage est également disponible en .doc
Je ne suis pas militant contre les centrales nucléaires J’ai travaillé pendant 20 ans dans des centrales nucléaires. Il y a toujours des polémiques sur les centrales nucléaires où les personnes disent qu’ils sont pour ou contre, ou alors que c’est dangereux ou pas. Mais aujourd’hui, je veux simplement vous raconter ce qui se passe dans les centrales. Vous allez comprendre qu’il y a une grande différence entre la réalité et l’idée que vous en avez. Vous allez en même temps découvrir que les centrales nucléaires irradient (contaminent) tous les jours de plus en plus de personnes et sont à l’origine de discriminations. Vous allez certainement découvrir des choses que vous n’avez jamais entendues. S’il vous plaît, lisez mes textes jusqu’à la fin et réfléchissez par vous-même. Quand on parle des centrales nucléaires, beaucoup de gens parlent du plan de construction. Mais personne ne parle des travaux effectués. Sans connaître le chantier, on ne peut pas savoir la réalité des centrales. J’ai fait ma formation de tuyauteur dans les ensembles industriels et les grandes usines chimiques. J’ai été embauché pour construire (participer à la construction des) les centrales nucléaires à la fin de mes vingtièmes années, puis j’ai longtemps travaillé comme chef de chantier. Je connais presque tout sur les centrales nucléaires, plus qu’un simple employé ne pourrait jamais savoir. La sécurité, une perspective chimérique
Les centrales nucléaires construites par des gens sans qualification
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Pour les centrales nucléaires comme pour les autres chantiers, la main-d’oeuvre et même les inspecteurs sont constitués par des gens sans qualification suffisante. C’est compréhensible qu’un grave accident se produise dans les centrales nucléaires, les Shinkansen ou sur les autoroutes. La conception du plan des centrales nucléaires est bien faite. Il y a de nombreuses mesures de protection et de secours de prises. S’il y a quelque chose qui fonctionne mal, ça s’arrête comme il faut. Mais ce n’est qu’au niveau du plan. Les travaux de construction mal faits fragilisent ce plan. Par exemple, pour construire une maison, même si le plan est dessiné par un dessinateur de première qualité, si elle est construite par des charpentiers et des plâtriers qui ne sont pas compétents, on aura des fuites d’eau et des cloisons mal installées. Malheureusement cette maison ce sont les centrales nucléaires japonaises. Avant, il y avait toujours un contremaître qu’on appelle «Boushin» pour superviser les travaux. Il avait encore plus d’expérience que le chef de chantier qui était moins âgé que lui. Le Boushin était fier de son travail et il considérait l’accident et la négligence comme une honte. Il savait bien sûr la dangerosité de l’accident. Depuis environ 10 ans, il n’y a plus de manœuvres compétents. On ne demande aucune expérience au moment du recrutement. Les ouvriers sans compétence ne savent pas le danger de l’accident. Ils ne savent même pas quels sont les travaux non réglementaires et mal faits. C’est la réalité des centrales nucléaires japonaises. Par exemple à la centrale de Fukushima de TEPCO, nous avons démarré la centrale en laissant un bout de fil de fer et on a échappé de peu à un grave accident qui aurait pu avoir une répercussion sur le monde entier. L’ouvrier savait qu’il avait fait tomber ce fil de fer mais il ne savait pas à quel point la conséquence de son acte était dangereuse. Dans ce sens, une centrale nucléaire toute neuve construite par ces gens incompétents est aussi bien dangereuse qu’une vieille centrale. Depuis qu’il n’y a plus beaucoup d’ouvriers compétents, on a standardisé la construction des centrales. Ça veut dire qu’ils ne regardent plus le plan mais ils montent simplement des pièces préfabriquées en usine, en assemblant la pièce numéro1 avec la pièce numéro2 comme dans un jeu de dominos. Alors ils ne savent plus ce qu’ils sont en train de construire et à quel point ces travaux doivent être précis. C’est une des raisons pour lesquelles le nombre d’accidents et de pannes augmente dans les centrales nucléaires. Dans la centrale nucléaire, il y a aussi le problème de l’irradiation qui empêche de former les successeurs. Quand on travaille dans la centrale nucléaire, il fait très sombre et chaud et avec la protection, c’est impossible de parler. Alors les ouvriers se communiquent par gestes. Comment peuvent-ils dans ces conditions transmettre leurs savoir faire? En plus, on envoie d’abord les gens compétents travailler et ils s’exposent très vite à la quantité de radioactivité annuelle autorisée et ne peuvent plus travailler, ça accentue encore l’incompétence des ouvriers. Par exemple pour les soudeurs, ils fatiguent leurs yeux en travaillant. Après 30 ans, ils ne peuvent plus faire de travaux précis et ils ne trouvent plus d’embauche dans la pétrochimie. Et c’est comme ça qu’ils arrivent aux centrales nucléaires. Vous avez peut-être une fausse image comme quoi les centrales nucléaires sont quelque chose de très sophistiquées. Mais ce n’est pas une construction aussi sûre qu’on l’imagine. Je pense que vous avez bien compris pourquoi les centrales nucléaires sont construites par des gens incompétents et que ça ira de pire en pire. p.6
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Les contrôles et les inspecteurs d’apparence Vous pensez peut-être que les contrôles rigoureux évitent des problèmes même si les ouvriers des chantiers ne sont pas assez compétents. Mais ces systèmes de contrôle sont encore problématiques. Pour les contrôles japonais, les inspecteurs viennent vérifier la construction déjà achevée. C’est la raison pour laquelle ça ne marche pas. Il faut venir regarder les travaux en cours, sur place. Les inspecteurs doivent être spécialistes de la soudure s’ils sont les inspecteurs pour la soudure. Et ils doivent être capables de montrer le travail correct aux manœuvres, en disant : Non, il ne faut pas faire comme ça. Regardez comment je fais. S’ils ne savent pas comment faire les travaux, comment ils peuvent faire des contrôles corrects? En l’état actuel, ils auditionnent l’entreprise qui a commandé la construction et celle qui l’effectue, et ils leur demandent de fournir les papiers nécessaires. Voilà le système de l’inspection aujourd’hui. Il y a quelques années, on a eu très souvent des accidents dans les centrales nucléaires. Alors le gouvernement a décidé d’envoyer des conseillers de sécurité spécialisés dans chaque centrale nucléaire pour donner l’autorisation du démarrage après la construction ou du redémarrage après les contrôles réguliers. Je savais que ces conseillers ne connaissaient pas grand-chose du nucléaire mais je n’imaginais pas à quel point. Quand j’ai fait une conférence à Mito, il y a un homme du Ministère de la science et la technologie qui s’est présenté en public en disant: «Je me sens tellement mal à l’aise d’avouer ce fait, mais je ne connais rien du nucléaire», et il a continué: «De peur d’être irradiés, les inspecteurs n’ont pas voulu travailler dans les centrales en marche. Comme on vient de supprimer des places dans le ministère de l’agriculture avec le remaniement gouvernemental, ils ont envoyé des fonctionnaires qui donnaient des conseils aux éleveurs du ver à soie, sans aucune formation. Voilà pourquoi les conseillers qui n’y connaissent rien du tout, donnent l’autorisation du démarrage dans toutes les centrales. Le conseiller de la centrale de Mihama contrôlait la qualité du riz, il y a encore 3 mois.» Cet homme a raconté une telle histoire en donnant les noms de ces conseillers. Est-ce que vous pouvez avoir confiance en l’autorisation de démarrage accordée par tous ces gens qui ne connaissent rien? Quand il y a eu un grave accident dans la centrale de Fukushima de TEPCO qui a entraîné le démarrage du système de refroidissement de secours, le quotidien Yomiuri a publié un article «le conseiller spécialisé n’a pas pu participer à l’équipe de la centrale». Effectivement c’était le journal qui lui a appris la nouvelle de ce grave accident le lendemain matin. Pourquoi le conseiller n’était au courant de rien? Parce que tous les gens de TEPCO savaient qu’il n’y connaissait rien du tout. Dans la pagaille totale, ils n’avaient pas le temps de lui expliquer de A jusqu’à Z. Donc l’équipe ne lui a même pas demandé de venir sur place. Au-dessous de ces fonctionnaires irresponsables du ministère, dans la hiérarchie nucléaire, il y a le service de l’inspection nucléaire. Ce sont des gens du Ministère du Commerce et de l’Industrie qui ont pris leur retraite et sont embauchés dans ce service. Ils occupent des postes importants et enrichissent le service en demandant des contrats à des anciens subordonnés. Ils n’ont jamais travaillé dans ce domaine. Ils possèdent tous les pouvoirs sur l’inspection de la centrale nucléaire et on ne peut rien faire sans leur autorisation bien qu’ils n’y connaissent rien. Ils viennent au contrôle, mais bien sûr, ils ne font que regarder. Malheureusement, ils ont quand même un pouvoir colossal. Encore au-dessous de la hiérarchie, il y a les compagnies d’électricité et les trois fabricants de réacteurs nucléaires qui suivent: Hitachi, Toshiba et Mitsubishi. Moi, j’ai travaillé chez Hitachi. Après les fabricants, il y a encore des sous-traitants de la construction dont j’ai parlé tout à l’heure. ça veut dire qu’au dessus des fabricants, ils ne sont pas compétents et au dessous des fabricants non plus, il n’y a pas beaucoup de gens compétents. C’est aussi pour cela que les compagnies d’électricité ne peuvent pas expliquer les détails au moment des accidents. Je disais toujours, avant et après ma retraite, qu’il faut que ce soient des organismes compétents et indépendants qui s’occupent de l’inspection mais non pas des entreprises nationalisées ou des services où les anciens fonctionnaires du ministère travaillent. Et indépendants de l’influence du Ministère du Commerce et de l’Industrie qui préconise l’installation des centrales nucléaires. Je revendiquais toujours des conseillers qui ont de l’expérience et des inspecteurs qui contrôlent et expliquent sur le chantier pour trouver des mauvaises soudures ou des travaux mal faits. Mais jusqu’à aujourd’hui, rien n’a changé. Vous voyez à quel point les centrales nucléaires japonaises sont administrées avec irresponsabilité et approximation! (suite)
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Le plan antisismique bâclé Après le grand séisme de Kobé, on a très vite vérifié le plan antisismique de toutes les centrales nucléaires du Japon. Le résultat absurde publié en Septembre 1995 disait que toutes les centrales résisteront aux tremblements de terre de n’importe quel niveau. Au moins pour celles dont je me suis occupé pour mon travail, les premières centrales nucléaires on n’avait pas prévu le grand tremblement de terre. C’est aberrant de confondre les nouvelles et les vieilles centrales pour leur résistance contre les tremblements de terre, en disant de n’importe quel niveau. En 1993 quand il y a eu le séisme de degré 4, la centrale numéro 1 d’Onagawa s’est arrêtée automatiquement suite à l’augmentation subite de la puissance. C’était un accident très grave. Très grave parce que la centrale qui a été construite en 1984 pour que ça s’arrête à un degré de sismicité 5 s’est arrêtée avant d’atteindre le niveau. C’est comme si le blocage du frein a arrêté la voiture subitement sur l’autoroute sans appuyer sur le frein. Tohoku EPC ne reconnaît pas la gravité de la chose en disant «tant mieux si ça s’est arrêté». Mais l’affaire n’est pas si simple. Si l’arrêt s’est effectué au degré 4 bien qu’il avait été conçu pour que ça s’arrête au degré 5, on ne peut pas nier la possibilité que ça ne s’arrête pas au degré 5. C’est un signe qu’il y a des choses qui ne fonctionnent pas comme prévu. La centrale de Fukushima s’est arrêtée également d’une façon imprévisible au moment du séisme en 1987. Au Japon, il y a 10 centrales qui sont du même modèle. C’est vraiment terrifiant quand on pense au danger que les tremblements de terre présentent vis-à-vis des centrales nucléaires. Le contrôle régulier est fait
également par les gens incompétents
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Le déversement de radioactivité dans la mer Le contrôle régulier se fait souvent en hiver. Mais à la fin du contrôle, on verse dans la mer des tonnes d’eau contaminée par la radioactivité. Honnêtement, il n’y a pas beaucoup de poissons pêchés en bordure des îles nipponnes que l’on peut manger sans craindre le risque de la contamination radioactive. La mer du Japon est déjà contaminée par la radioactivité. Ce n’est pas uniquement au moment du contrôle régulier que l’on effectue le rejet d’eau irradiée dans la mer. Pour baisser la température que la centrale dégage, au Japon, on utilise l’eau de la mer. Elle devient de l’eau chaude qui contient de la radioactivité. Ainsi on rejette des tonnes d’eau par minute à la mer. Même s’il y a des accidents dans les centrales nucléaires, les états déclarent immédiatement qu’il y n’a aucun problème. D’ailleurs, les compagnies d’électricité essayent de les cacher. Avec la population japonaise très peu sensible à ce sujet, la mer du Japon se pollue sans cesse. On lave d’abord les vêtements de protection couverts de radioactivité à l’eau. On la déverse également dans la mer. La quantité de la radiation mesurée à l’orifice d’évacuation est très élevée. Savez-vous que des sites d’élevage de poisson se trouvent à proximité? Ainsi, les gens qui cherchent la nourriture de bonne qualité doivent être intéressés par la sûreté des centrales nucléaires. Si on n’agit pas tout de suite, on ne pourra plus trouver de poissons qui ne sont pas contaminés. Il y a quelques années, à l ‘exposé du procès qui demandait l’arrêt de la centrale de Shiga dans la préfecture de Ishikawa, une vieille colporteuse de 80 années toute déconcertée, a raconté cette histoire. «Je ne connaissais rien de la centrale nucléaire jusqu’à maintenant. Mais aujourd’hui, une jeune dame qui était toujours fidèle a refusé mes algues. Elle m’a dit: «Je suis désolée, mais je ne peux plus acheter vos algues. La centrale de Shiga a démarré aujourd’hui. Je ne connaissais rien au nucléaire, mais maintenant je sais ce que c’est. Qu’est ce que je vais devenir alors?» Même aujourd’hui, on continue de polluer la mer du Japon sans que vous le sachiez. Le plus horrible, c’est l’irradiation interne (la contamination)
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Par exemple, les travaux au moment du contrôle régulier demandent environ 3 mois. Donc on divise la limite de 50 mSv par cette durée des travaux pour avoir la limite autorisée journalière. Mais, dans un endroit où il y a beaucoup de radiations, on ne peut travailler que 5 à 7 minutes par jour. On ne peut pas faire grand chose avec si peu de temps. Alors on rassemble les temps de travail sur 3 jours ou une semaine afin de travailler 10 ou 20 minutes de suite, bien que ce soit une méthode inadmissible. Au moins, si les ouvriers savaient qu’il y a un grand risque de leucémie ou du cancer... Mais les compagnies d’électricité n’avertissent personne de ces risques. Une fois, une grande vis qui se trouvait sur le réacteur s’est desserrée quand la centrale nucléaire était en plein fonctionnement. Comme la centrale émet une colossale quantité de radioactivité en état de marche, on a préparé 30 personnes pour serrer une seule vis. Ils ont fait la queue devant la porte. Ils devaient courir jusqu’à la vis qui se situait à environ 7 mètres de là. Après 3 secondes, l’alarme sonnait. Il y avait même des ouvriers qui ont passé tout leur temps ouvrable en cherchant la clé. Finalement, ça a coûté 4 millions de yens, l’équivalent de salaire de 160 personnes, pour faire uniquement quelques tours de vis. Vous vous demandez peut-être pourquoi on n’a pas arrêté la centrale pour serrer la vis. Mais la compagnie d’électricité veut l’éviter autant que possible car l’arrêt d’une journée de la centrale lui cause des milliards de perte. La radioactivité est quelque chose de très dangereux, mais pour l’entreprise, l’intérêt financier passe avant la sécurité humaine. Le lavage de cerveau «absolument sûr» qui dure
5 heures
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Qui va sauver les ouvriers du nucléaire? Une fois, dans la centrale de Fukushima de TEPCO, un ouvrier s’est blessé gravement le front avec un polissoir automatique. Comme il saignait beaucoup, on a appelé l’ambulance pour l’emporter à l’hôpital de toute urgence. Pourtant, ce blessé était plein de radioactivité. TEPCO s’est tellement précipité qu’ils ne lui ont pas ôté ses combinaisons de protection et ne l’ont pas lavé à l’eau. Les secouristes connaissant peu de la contamination radioactive, alors ils l’ont fait entrer dans l’hôpital sans enlever la radioactivité. Les secouristes ont été contaminés, l’ambulance a été contaminée, le docteur et les infirmières ont été contaminés, et les clients de l’hôpital ont été contaminés, et ils sont sortis de l’hôpital avec de la radioactivité... Cet événement a pris une telle ampleur qu’il a mis une ville entière dans la panique. Ils voulaient tout simplement sauver un homme qui portait une grande blessure. Mais comme la radioactivité ne se voit pas, personne n’a eu le temps de penser à la contamination radioactive. Avec une seule personne, c’était déjà une grande panique. Si un grand nombre d’habitants devenait contaminé par la radioactivité à cause d’un grave accident, qu’est ce que ça pourrait donner? Pouvez-vous l’imaginer? Vous devez vous sentir concerné. Il s’agit de tout le monde au Japon. L’accident de la centrale Mihama a été une mauvaise
surprise
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L’accident de Monju Le 8 décembre 1995 à Kouga du département de Fukui, il y a eu un accident grave: une fuite de sodium dans le surrégénérateur de Monju, du Centre de recherche des réacteurs et des combustibles nucléaires. Cela faisait déjà plusieurs fois qu’on avait des accidents à Monju. D’ailleurs, on m’a appelé au chantier de Monju, 6 fois, car mes anciens subordonnés y sont devenus directeurs ou superviseurs ou ouvriers de la construction de Monju et ils m’appelaient chaque fois qu’ils avaient des problèmes. À l’époque, j’avais déjà pris ma retraite, mais je ne pouvais pas laisser tomber, car je savais que même un seul accident est inacceptable dans les centrales nucléaires. Un jour, on m’a demandé de venir au chantier de Monju, car ils n’arrivaient pas à emboîter les tuyaux. En arrivant, j’ai bien constaté que tous les tuyaux qui sont préfabriqués comme ceux qui sont faits sur commande étaient de la bonne taille et installés en respectant le plan. Mais ils ne pouvaient tout de même pas les emboîter. J’ai beaucoup réfléchi, mais je n’arrivais pas à trouver la cause. En cherchant toute la nuit, j’ai enfin compris. Monju était construit par plusieurs fabricants comme Hitachi, Toshiba, Mitsubishi et Fuji. Et chaque fabricant employait des normes de plan différentes. Pour dessiner les plans, chez Hitachi où j’ai travaillé, on respectait les cotes à 0,5mm. Mais chez Toshiba et Mitsubishi, on arrondissait à la valeur supérieure. Et chez Nihongenken on arrondissait à la valeur inférieure. Ce n’est que 0,5mm, mais quand il y a 100 fois, ça fait une grande différence. C’est pour cela que on ne pouvait pas emboîter les tuyaux bien que tous respectaient le plan. Comme ça n’allait pas, on leur a fait refaire des pièces. C’était le prestige du pays qui était en jeu. Pour ça, on ne dépensait jamais trop d’argent. Pourquoi une telle chose est arrivée? Parce que chaque entreprise gardait ses savoir-faire et ses propres informations. Ils n’ont pas discuté pour se mettre d’accord sur la façon de traiter ces 0,5mm, pour garder leurs secrets. Je suppose aussi qu’ils n’ont rien discuté sur le thermomètre qui a été la cause directe de l’accident de 1995. Dans n’importe quel ensemble industriel, on installe le même type de thermomètre dans les tuyauteries. Mais je n’ai jamais vu de thermomètre qui était aussi long que celui de Monju. Je suis sûr qu’il y avait quelqu’un qui avait remarqué que c’était dangereux au moment de la construction. Mais il n’a rien dit car ce n’était pas son entreprise qui s’en occupait et il n’en était pas responsable. Le fabricant du surrégénérateur avait formé une équipe composite comme le Centre de recherche, lui même était une équipe composite des compagnies d’électricité. Dans une condition pareille, l’accident est inéluctable. Je ne vois pas comment ça ne pouvait pas arriver. Ce qui est encore incroyable, c’est que le gouvernement ne le reconnaît toujours pas comme un accident bien que ça a été un accident très grave. Il a expliqué que «il y a eu un phénomène» comme pour l’accident de la centrale de Mihama». Peu après l’accident de Monju, j’ai été appelé par le Conseil Général de Fukui. Dans le département, on compte 15 réacteurs nucléaires. Ce sont les députés du parti Libéral-Démocrate qui les ont acceptés et je leur disais toujours «Si il y a un accident, ce sera de votre faute. Ceux qui étaient contre le nucléaire ne sont pas responsables.» Et bien cette fois-ci, ils m’ont demandé conseil en disant «Cette fois, on a décidé de se battre contre le Centre de recherche. On ne peut plus fermer les yeux». Je leur ai dit d’abord «C’est un accident. Il ne faut pas se laisser duper par le mot phénomène». À la télévision, au moment du compte-rendu fait par le Centre de recherche au Conseil Général, le porte-parole du Centre a employé le mot «le phénomène de cette fois-ci», et aussitôt un député a crié «Non, c’est un accident!!». Mais, si on n’avait rien dit, le Centre et le gouvernement l’auraient passé comme un simple phénomène. Non seulement les riverains, mais aussi tout le monde doit faire attention à ce mot qui présente les choses à la légère. Les peuples comprennent les choses d’une façon complètement différente quand on dit un accident, ou un phénomène. C’est parce que le gouvernement joue avec les mots que le peuple japonais n’est pas sensible au risque d’accident nucléaire, c’est une tromperie. p.9
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Le plutonium japonais dans les armes nucléaires françaises? Le plutonium qu’on utilise dans le surrégénérateur de Monju est extrait, sur commande du Japon, à partir du recyclage effectué en France. Le recyclage du combustible nucléaire consiste à extraire du plutonium des déchets d’uranium, déjà brûlés dans les centrales. Le plutonium est une matière que l’on peut produire uniquement de manière artificielle. À Monju, on utilise environ 1,4 tonnes de plutonium (à la fois dans le réacteur). La bombe de Nagasaki contenait environ 8kg de plutonium. Alors, combien de bombes nucléaires peut-on produire à partir du plutonium de Monju? Le plutonium est une matière très dangereuse qui est capable de provoquer le cancer des poumons à partir de quantités très faibles. Sa demi-vie radioactive est de 24.000 ans, presque l’éternité (pour nous). C’est ainsi que l’on a choisi le mot Pluton: le nom du roi des Enfers, pour sa racine. On a bien raison de le considérer comme la matière la plus dangereuse du monde. Mais combien de gens savent qu’il y a une grande probabilité pour que le plutonium japonais ait été utilisé dans les essais nucléaires français effectués dans le Pacifique Sud jusqu’en 1995? Dans le centre de recyclage français, ils ne distinguent pas le plutonium destiné aux armes nucléaires du plutonium à utiliser dans les centrales. C’est donc quasiment sûr que du plutonium japonais a été utilisé dans les essais nucléaires. C’est la raison pour laquelle le gouvernement japonais ne pouvait pas déclarer ouvertement son opposition contre les essais nucléaires français. Si le Japon voulait arrêter la France, c’était très facile. Il lui suffisait de renoncer au contrat de recyclage. Mais il n’en a rien fait. Le marché du recyclage nucléaire prend la deuxième place dans l’ensemble des transactions commerciales entre ces deux pays. À quoi cela sert de crier «non aux essais nucléaires» sans savoir cette réalité? Le Japon avance son statut de seul pays irradié. Mais nous avons certainement contribué indirectement à irradier les habitants de Tahiti et à contaminer l’Océan Pacifique. La communauté internationale a déjà abandonné le plutonium. Il n’y a que le Japon qui persiste à essayer de produire de l’électricité avec une matière si dangereuse. Ils essaient maintenant d’utiliser le combustible MOX, (dossiers NEXT-UP/pdf (Fukushima) et Gazette Nucléaire) mélange d’uranium et de plutonium, dans les réacteurs ordinaires. Mais c’est excessivement dangereux, c’est un peu comme brûler de l’essence dans un chauffage à fioul. Les centrales n’ont pas été conçues pour brûler du plutonium. La fission nucléaire du plutonium dégage beaucoup plus d’énergie que celle de l’uranium. C’est pour cette raison qu’on l’utilise pour fabriquer la bombe atomique. Le Japon est un pays qui ne possède pas beaucoup de ressources énergétiques naturelles. Mais cela ne justifie pas une telle erreur. Si l’on n’arrête pas les centrales nucléaires, si l’on n’abandonne pas le plutonium, le nombre des gens irradiés va augmenter partout dans le monde. Le Japon qui n’ose pas interrompre le projet
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Un autre problème: auparavant, il y avait toujours beaucoup d’étudiants dans le domaine de l’énergie nucléaire. Désormais, les jeunes ne choisissent plus cette spécialité, qui a disparu de presque toutes les universités, comme de l’Université de Tokyo. Les étudiants ne veulent même plus faire de recherche fondamentale dans ce domaine. Ainsi les laboratoires de recherche d’Hitachi et Toshiba ont été réduits par trois. Ils se consacrent plus pour la recherche sur les turbines à gaz de la cogénération, des réacteurs plus efficaces pour produire de l’électricité et de l’eau chaude en même temps. Mêmes les fabricants commencent à abandonner le nucléaire. Mr Takehisa Shimamura, ancien chef du Centre du nucléaire, a publié un livre intitulé «le sermon du nucléaire». Il y écrit «Le gouvernement japonais s’amuse à justifier ses actes du passé sans réfléchir. Ce n’est pas qu’il n’y a pas assez d’électricité. C’est qu’il possède trop d’uranium et de plutonium inutiles, l’uranium et le plutonium qu’il n’a pas osé refuser. Et maintenant, pour prouver qu’il ne produit pas des armes nucléaires, il construit de plus en plus de centrales, la démonstration de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire». Je pense qu’il décrit très bien la nature de ce pays. On ne peut ni démonter, ni démolir
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La surveillance et l’entretien après la fermeture Pourquoi on ne peut pas démonter une centrale nucléaire? Comme elle fonctionne avec de l’eau et de la vapeur, on ne peut pas la laisser sans entretien après l’arrêt. Elle se rouillerait très vite et il y aurait des fuites de radioactivité par des trous. Un seul démarrage avec du combustible nucléaire suffit pour polluer la centrale. Et une fois polluée, on ne peut plus la laisser se reposer, ni la démonter, ni la démolir. Il y a beaucoup de centrales nucléaires qui ont été fermées dans des pays développés. Elles sont fermées car ils ne peuvent pas les démonter ni les démolir. Fermer une centrale nucléaire, ça veut dire qu’on arrête de produire de l’électricité et qu’on retire le combustible. Mais il y a encore beaucoup de choses à faire. Actuellement, le Japon compte 54 réacteurs nucléaires pour produire de l’électricité, 51 en fonctionnement et 3 en construction. Il y en a plusieurs qui sont trop dangereux pour continuer à les exploiter. Il ne faut pas oublier les réacteurs pour la recherche destinés aux universités et des entreprises. Donc dans tout le Japon, il y a 76 réacteurs, de 100 kilowatts à 1.350 mégawatts. Mais je me demande si les compagnies d’électricité vont continuer à surveiller sérieusement les centrales fermées qui ne produisent plus d’électricité ni d’argent. D’un autre côté, elles cherchent à construire de nouvelles centrales et à agrandir celles qui sont déjà construites. Par exemple, elles veulent ajouter un 5ème réacteur sur le site de Hamaoka qui se trouve sur un endroit très dangereux par rapport à la faille qui provoque souvent des tremblements de terre dans la région de Tokai. À Fukushima, elles ont ajouté un nouveau réacteur sur le terrain de football. Pour des nouvelles installations, elles veulent construire des centrales à Makimachi dans le département de Nigata, Ashihama du Mie, Kaminoseki du Yamaguchi, Suzu du Ishikawa, et Ooma et Toudu d’Aomori. Elles envisagent d’avoir de 70 à 80 réacteurs d’ici 2010. J’ai peur que mes mots soient brutaux mais je n’arrive pas à m’empêcher de penser que ce pays est devenu fou. Bientôt, la fermeture des vieilles centrales nucléaires va sûrement venir. C’est un grand problème. Imaginez des centrales nucléaires fermées qui apparaissent partout dans le Japon dans l’avenir assez proche. Vous ne pensez pas que c’est non seulement inquiétant mais macabre? Les déchets nucléaires qu’on ne sait même pas
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Et puis, nous allons parler des déchets nucléaires de haute activité. C’est le déchet qui reste après l’extraction du plutonium du combustible usé. Le Japon commande cette extraction à l’Angleterre et à la France. En 1995 la France a retourné 28 barres de déchets de haute radioactivité. Ce sont des mélanges de déchets de haute radioactivité et de verre enfermés dans un conteneur métallique. J’ai entendu que le fait de rester 2 minutes à côté de ce conteneur suffit pour tuer quelqu’un. Le gouvernement dit qu’il va garder ces barres fortement radioactives pendant 30 ou 50 ans tout en les refroidissant à Rokkasyo du département d’Aomori et les transporter quelque part ailleurs pour les enfouir en profondeur. Quelque part qu’il ne sait pas encore où ça pourrait être. Dans tous les autres pays, ils planifient l’enfouissement des déchets nucléaires de haute radioactivité, mais il y en a aucun qui l’a déjà accompli. Personne ne connaît la solution. Pour le bâtiment de la centrale nucléaire lui-même, le gouvernement japonais envisage de le fermer hermétiquement pendant 5 ou 10 ans et l’enterrer en dessous du terrain où la centrale a été construite, après l’avoir démoli en petits morceaux et mis en fûts métalliques. C’est un projet très optimiste, mais la démolition d’un seul réacteur donnera des dizaines de milliers de tonnes de déchets plein de radioactivité. Comment peut-on trouver la place pour tous ces déchets dans un pays où l’on manque même de place pour jeter les ordures ménagères? En tout cas, c’est bien clair que le Japon sera encombré de déchets nucléaires un jour. Il faut faire quelque chose. Il faut qu’on arrête les centrales nucléaires aussi vite que possible. Il y a environ 5 ans, j’ai été faire une conférence sur mon travail à Hokkaido. Quand j’ai dit «on va continuer à surveiller les déchets nucléaires pendant 50 ans ou 300 ans», une collégienne a levé sa main. Elle a crié: «J’ai une question. En parlant de la surveillance des déchets qui dure 50 ou 300 ans, est ce que c’est vous qui allez le faire? Non, ce n’est pas vous, les adultes d’aujourd’hui, c’est nous, la prochaine génération, et les générations qui suivent. Mais nous, nous n’avons pas envie de le faire!!» Est ce que quelqu’un peut donner une réponse à cette fille? Quand on dit «surveiller 50 ans ou 300 ans», peut-être ça vous donne l’impression que tout sera fini au bout de ces durées. Mais si il y a toujours des centrales nucléaires qui fonctionnent, ce sont des 50 ans et 300 ans qui se renouvellent pour toujours. L’irradiation et la discrimination affreuse des habitants
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Cette histoire n’est pas arrivée à côté d’une centrale nucléaire. Elle est arrivée à Tokyo. Est ce que vous pouvez approuver sans aucun souci le mariage entre un homme qui a déjà travaillé dans les centrales nucléaires avec votre fille ou la femme qui a vécu à côté d’une centrale nucléaire comme elle avec votre fils? Les jeunes doivent également se sentir concernés car vous pouvez très bien tomber amoureux de quelqu’un d’irradié. Je sais qu’en parlant de cette discrimination, je pourrais provoquer encore plus de discrimination. Mais il faut que je vous informe. Pour les gens qui sont déjà opposés aux centrales nucléaires, j’aimerais bien que ce problème soit un de leurs arguments et pas seulement parce que ils ont peur des accidents. Ce n’est pas seulement la Nature et la santé humaine que les centrales nucléaires détruisent, elles détruisent aussi le coeur des hommes. Puis-je avoir des enfants?
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Les professeurs n’étaient pas au courant que leurs élèves ressentaient une telle inquiétude. Ce ne sont pas uniquement les 8 ou 10 km de rayon autour de la centrale qui sont concernés. Beaucoup de collégiens et lycéens ressentent la même chose dans la zone des 50 ou 100 km autour de la centrale. J’aimerais bien que vous pensiez toujours à ces jeunes. On ne peut jamais être en sécurité si la centrale
nucléaire ne disparaît pas.
Tant que les centrales nucléaires existeront, la tranquillité n’existera pas sur la Terre. Laissons la Terre jolie pour nos enfants. p.12
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