L’ASN autorise EDF à réparer l’enceinte de confinement
du réacteur 5 de la centrale nucléaire du Bugey
7/04/17
Solution de réparation proposée par EDF à l’ASN Note d'information
Par décision du 29 mars 2017, l’ASN a estimé que la solution proposée par EDF pour restaurer le confinement de l’enceinte du réacteur 5 de la centrale nucléaire du Bugey était appropriée pour remédier aux défauts rencontrés sur ce réacteur.
Un taux de fuite élevé de l’enceinte de confinement du réacteur 5 de la centrale nucléaire du Bugey avait été observé lors de l’épreuve réalisée en 2011 à l’occasion de sa troisième visite décennale. L’ASN avait prescrit, par décision du 23 décembre 2014, la réalisation d’une nouvelle épreuve de l’enceinte du réacteur à l’occasion de son prochain arrêt.
L’épreuve et les essais préparatoires réalisés par l’exploitant en août 2015, lors de l’arrêt du réacteur pour maintenance préventive et renouvellement du combustible, ont mis en évidence une dégradation de l’étanchéité du revêtement métallique de l’enceinte par rapport à l’épreuve précédente réalisée en 2011, et ont permis de localiser des fuites au niveau de la partie basse du bâtiment du réacteur.
Fin novembre 2015, l’exploitant a indiqué à l’ASN qu’il envisageait de procéder à des réparations puis aux opérations de redémarrage du réacteur sans transmission préalable à l’ASN de la méthodologie de traitement de cet écart. Considérant que les modalités de traitement de l’écart affectant l’enceinte de confinement du réacteur concernaient directement l’aptitude du revêtement d’étanchéité interne en acier de l’enceinte à assurer le confinement des substances radioactives en situation d’accident, l’ASN a soumis le traitement des défauts du revêtement d’étanchéité métallique de l’enceinte du réacteur à son accord préalable, par décision du 1er décembre 2015:
-l’ASN a demandé à l’exploitant de lui présenter, préalablement sa démarche de recherche et de traitement des défauts de l’enceinte de confinement et lui a indiqué que le traitement adéquat de ces défauts était un préalable au redémarrage du réacteur.
À la suite de cette décision, EDF a transmis à l’ASN, le 7 avril 2016, un dossier présentant ses éléments d’analyse, les investigations menées pour déterminer l’origine de l’écart et ses propositions pour y remédier.
Le principe de la modification envisagée par EDF consiste à rendre étanche le joint périphérique à l’aide d’un revêtement d’étanchéité en composite et d’un fluide protecteur» (du lait de chaux).
L’ASN a analysé cette proposition avec l’appui technique de l’IRSN. Les différentes recommandations émises par l’IRSN dans l’avis (Avis IRSN 2017-00061 du 16-02-2017) rendu à l’ASN ont été prises en compte par EDF dans un dossier remis à jour et transmis à l’ASN le 23 février 2017. La solution de réparation proposée par EDF ainsi que l’avis technique de l’IRSN correspondant ont été présentés à la Commission locale d’information (CLI) de la centrale nucléaire du Bugey à l’occasion de sa réunion du 10 mars 2017.
Sur la base de son analyse du dossier présenté par EDF, de l’avis technique rendu par l’IRSN et des discussions tenues en réunion de la CLI de la centrale nucléaire du Bugey, l’ASN considère que les éléments apportés par EDF dans son dossier du 7 avril 2016, complété le 23 février 2017, sont acceptables.
Compte-tenu de ces éléments, l’ASN autorise EDF, par décision du 28 mars 2017, à mettre en œuvre cette solution de réparation sur le revêtement de l’enceinte de Bugey 5.
Quelques compléments donnés à la CLI et transmis par SDN
Lors de la dernière visite décennale, la dérive s'est amplifiée. L'ASN avait demandé de refaire le test avant les 10 ans (2015).
Cet essai a montré une dérive plus importante. La mesure a été arrêtée à 3.8 bar de pression relative car l'extrapolation à 4 bar dépassait la norme de fuite.
Le test s'est poursuivi en ajoutant 10 à 15 cm d'eau dans l'enceinte. Les valeurs sont alors dans la norme.
Des analyses pifométriques avaient eu lieu lors de la deuxième visite décennale, mais n'avaient pas apporté d'aide (un produit odorant avait été mélangé à l'air de mise en pression et le personnel EDF a mis son nez à contribution).
La fuite estimée par EDF, serait un trou équivalent de 1.8 mm2 dans le liner. Cependant ce calcul ne tient pas compte d'une part du produit pétrolier (nature inconnue) entre la dalle de support des équipements et le liner métallique peut donc supposer que le trou équivalent soit beaucoup plus important dans le liner.
La solution proposée permettrait de retrouver les valeurs adéquates, mais l'enceinte ne serait pas conforme, l'étanchéité n'étant pas acquise. La quantité de chaux présente dans la solution est très faible (0.87 g pour 100 cm2 d'eau à 0°C et 0.077g à 100°C)
Une dégradation de la chaux par la neutralisation par le gaz carbonique ou par une saponification du produit pétrolier (?) ou une réaction avec par exemple de l'aluminium, abaisse le pH de la solution et ne protége plus de la corrosion, au contraire.
L'étanchéité repose sur le joint dont les caractéristiques sont inconnues.
Commentaire de la CLI
Ce qui frappe dans cet avis de l’ASN, c’est l’absence de données chiffrées sur les fuites dont on parle...
On lit en effet des phrases telles que :
-« ces essais ont permis de constater un faible taux de fuite » ;
-« une diminution significative du débit de fuite… » ;
-« le défaut présent dans le liner affecte l’exigence d’étanchéité associée à la fonction de confinement de l’enceinte.. »
À aucun moment, ce texte n’indique :
-le niveau de fuite considéré comme acceptable (et indiqué normalement dans le décret d’autorisation) : quelle est cette «exigence d’étanchéité » ?́
-la valeur de l’augmentation des fuites constatée (et qui a justifié que le réacteur soit arrêté)...
Or la «déviation » par rapport à la norme doit être assez importante puisqu’elle a justifié un arrêt de longue durée.
En l’absence de ces valeurs, on en reste à des appréciations très qualitatives.