Les Suisses approuvent par référendum
l'abandon progressif du nucléaire
Les électeurs ont voté, dimanche,
pour une nouvelle loi sur l'énergie.
Elle vise à remplacer progressivement le nucléaire
par des énergies renouvelables.
Les Suisses ont décidé, dimanche 21 mai, de sortir du nucléaire. Ils ont accepté, à 58,2%, par référendum, la nouvelle loi sur l'énergie interdisant les nouvelles centrales, soutenant les énergies vertes et réduisant la consommation énergétique.
Selon les résultats définitifs de la chancellerie fédérale, la participation s'est élevée à 42,3%. Un chiffre dans la moyenne des deux dernières années, dans un pays où les électeurs sont appelés à voter trois à quatre fois par an sur une multitude de sujets.
Ce vote est le résultat d'un long processus engagé après l'accident nucléaire de Fukushima au Japon, provoqué par un gigantesque tsunami en mars 2011. Quelques semaines après cette catastrophe, la Suisse avait décidé de sortir du nucléaire. Mais il a fallu attendre plusieurs années pour qu'une loi soit adoptée par le Parlement (en septembre 2016) et qu’elle soit entérinée par le peuple.
"Un compromis très suisse"
"Pour tous les écologistes, qu'ils soient politisés ou non, c'est un jour historique dans le pays", a déclaré la députée des Verts Adèle Thorens Goumaz. "La Suisse va entrer dans le XXIe siècle énergétique, ce sera un signal fort", a-t-elle dit. Seul le premier parti de Suisse, le parti populiste de l'UDC (Union démocratique du centre), combattait la nouvelle loi. Le député socialiste Mathias Reynard a salué un "compromis très suisse qui a gagné aujourd'hui" car la loi signe "la sortie du nucléaire" sans fixer "une date très claire".
Quelques semaines après la catastrophe de Fukushima, la Suisse, qui compte quatre centrales (cinq réacteurs nucléaires) produisant environ un tiers de l'électricité du pays, avait décidé de sortir du nucléaire vers 2034, tout en indiquant que cette date restait théorique. Les autorités avaient précisé que les centrales devraient vraisemblablement être débranchées après environ cinquante ans, voire soixante ans, d'exploitation.
Interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires
Depuis cette décision, le gouvernement suisse a travaillé à l'élaboration de la stratégie énergétique, dont la mise en œuvre est prévue par étapes d'ici à 2050. Le premier volet de cette stratégie, que les Suisses ont accepté dimanche et qui entrera en vigueur l'an prochain, vise notamment à réduire la consommation d'énergie. Elle fixe entre autres des valeurs indicatives de consommation énergétique moyenne par personne et par année : à savoir, par rapport au niveau de l'an 2000, une réduction de 16% d'ici à 2020 et de 43% d'ici à 2035. Selon l'Office fédéral de l'énergie, la consommation individuelle d'énergie a déjà baissé de 14,5% depuis 2000.
La loi, qui soutient les énergies renouvelables comme le solaire, la géothermie et la biomasse, interdit la construction de nouvelles centrales nucléaires. Les centrales existantes pourront toutefois rester en service aussi longtemps que leur sûreté sera garantie.
Mise en service en 1972, la centrale de Mühleberg, située dans le centre du pays, sera définitivement déconnectée du réseau suisse fin 2019, avait annoncé son exploitant, la société BKW Energie, en 2015.