08/112017 • Jean Revest

Tricastin :
Le redémarrage annoncé pour fin octobre
est reporté au 27 novembre sans certitude aucune.
Le CAN84 met en demeure l'ASN
de ne pas donner l'autorisation de redémarrage.
Coordination Antinucleaire Sud-est - Jean Revest le mercredi 8 novembre 2017
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EDF fanfaronnait lorsque l'ASN lui avait imposé le 27 septembre dernier la mise à l'arrêt des 4 réacteurs de sa centrale atomique du Tricastin : « ...pas un problème, on redémarrera dans quelques jours. Fin octobre au plus tard ». Promis, juré.

Pourtant le 27 octobre les travaux de renforcement de la digue surplombant la centrale nucléaire n'étaient toujours pas terminés. Et rien n'est acquis...

Le canal de Donzère-Mondragon longe tout le site atomique du Tricastin. C'est là que la centrale atomique puise l'eau indispensable au refroidissement des réacteurs nucléaires. Et la rejette échauffée un peu plus loin en déstabilisant l'équilibre et la vie aquatique.

Sans eau le nucléaire ne peut pas exister. Et comme la digue du canal présente sur 400 mètres de sacrées faiblesses - notamment en cas de séisme* comme il s'en produit régulièrement plus ou moins intensément en Provence - le 27 septembre dernier l'ASN a imposé à EDF la mise à l'arrêt des 4 réacteurs atomiques. Le temps nécessaire d'effectuer sur celle-ci des travaux de consolidation car il existe « un risque de rupture d'une partie de la digue ».

A l'époque l'énergéticien nucléariste fanfaronnait et assurait que le tout serait joué en un mois au plus. Mal lui en a pris car l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) étudie toujours les documents techniques soumis par l'atomiste sur les travaux de réparation menés qui sont loin d'être réellement à la hauteur et terminés.

Un risque de tsunami similaire à celui de Fukushima

Tricastin : Le redémarrage annoncé pour fin octobre est reporté au 27 novembre sans certitude . L'ASN tient aussi à vérifier sur le terrain la validité des travaux concrets réalisés sur la digue ajoutant qu'ils pourraient durer entre deux et trois mois. On comprend aisément que cette « autorité » tant décriée tente de se protéger et d'ouvrir le parapluie si un pépin venait à survenir. D'autant que l'ensemble les installations d'EDF, de Areva et du CEA – près d'une douzaine de « bombes » à retardement - se trouve à 6 mètres ... sous la surface des millions de mètres cubes d'eau charriés jours et nuits. Une situation qui menace en permanence la région par un risque de tsunami similaire à celui de Fukushima.

EDF se refuse à tout commentaire, surtout après l'annonce d'un autre retard de deux mois - jusqu'au 15 avril prochain - du redémarrage du réacteur de 1.300 mégawatts de Paluel 2 en Normandie où un générateur de vapeur s'était effondré lors d'une manipulation.

C'est donc la filiale EDF du réseau d'électricité (RTE) qui endosse le rôle d'informateur en signalant sur son site internet que la baisse de capacité de production de 3.600 MW initiée par la mise à l'arrêt des réacteurs du Tricastin durera jusqu'au ... 28 novembre 2017 à 23 heures pour les réacteurs 1, 2 et 4. Avec une reprise du réacteur 3 pour le 13 novembre. Si tout va bien ...

Dépendance de la France à l'énergie atomique

Une fois encore les analystes et autres experts crient au loup et craignent que la France, qui est dépendante au 3⁄4 du nucléaire pour ses besoins en électricité soit confrontée cet

hiver à un risque de pénurie. Confirmant par là-même à-contrario que, loin d'assurer notre indépendance, le nucléaire engendre risques incommensurables, dépendance technologique et pénurie. Le nucléaire et la bougie.

Le CAN84 met en demeure l'ASN d'interdire les activités atomiques au Tricastin

Le Collectif antinucléaire de Vaucluse (CAN84) va adresser à l'Autorité de Sûreté Nucléaire une mise en demeure l'enjoignant de ne pas donner à EDF son feu vert au redémarrage des réacteurs atomiques du Tricastin. Plus largement à retirer à toutes les Installations Nucléaires de Bases (INB) et ICPE (Installation classée pour l'environnement) du site - qu'elles appartiennent à Areva, au CEA, à EDF ou à des filiales et entreprises sous-traitantes et annexes - leurs autorisations de fonctionner.

En effet d'une part tout le site se trouve sous le niveau du canal et chaque installation risque l'inondation avec perte de contrôle et feu d'artifice final à la clef. D'autre part la centrale nucléaire du Tricastin est l'une des plus vieilles et délabrées du parc nucléaire français. La construction des réacteurs a débuté à la fin des années 70 et le raccordement au réseau (divergence) des réacteurs remonte aux années 80 et 81. Plus de 35 ans d'âge alors que leur durée initiale prévue par les ingénieurs d'EDF et du CEA était de 20/25 ans. Les réacteurs sont en lambeau, usés jusqu'à la corde, fuyards de plus en plus, au béton fissuré. Les rejets radioactifs quotidiens portent atteinte à la santé et à la vie des habitants et des travailleurs, contaminent les terres agricoles et lieux de vie, polluent l'eau des rivières et l'air respiré. Les accidents qualifiés pudiquement par le lobby nucléaire d'incidents se multiplient ajoutant de la radioactivité à la radioactivité mortelle.

Toute la chaîne de l'uranium et du nucléaire est une atteinte à l'intégrité du vivant et à la dignité humaine. Civil et militaire étant intimement liés, le slogan des années 68 qui qualifiait l'armée s'applique pleinement au nucléaire : « Ca pue, ça pollue et ça rend con. »