Compte-rendu de la réunion du 5 janvier 2018
entre M. le Préfet du Haut-Rhin et les associations
environnementales et antinucléaires d’Alsace
Présents :
-M. Laurent TOUVET, Préfet du Haut-Rhin
-M. son assistant
-Mme Suzanne ROUSSELOT, secrétaire de STOP FESSENHEIM
-M. André HATZ, Président de STOP FESSENHEIM ;
-M. Lucien JENNY, représentant Les Citoyens Vigilants des environs de Fessenheim, ancien entrepreneur ;
-M.Jean-Paul LACÔTE, représentant d’ALSACE NATURE Vice-président de l’ANCCLI, Membre du HCTISN ;
-M. Jean-Jacques RETTIG, Président du Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin : Excusé ;
-M. Jean-Marie BROM, membre du CA de Stop Transports-Halte au Nucléaire, Directeur de recherche CNRS.
Résumé de la réunion : En préalable à la rencontre qu’elles ont sollicitée auprès de M. Sébastien LECORNU, secrétaire d’Etat dont la visite en Alsace est prévue sur trois jours (du 18 au 20 janvier) pour préparer l’après-Fessenheim, les associations environnementales et antinucléaires alsaciennes ont été accueillies ce vendredi 5 janvier par M. Laurent TOUVET, Préfet du Haut-Rhin.
Deux heures d’échange intense ont permis :
-au représentant de l’État de confirmer que la fermeture de la centrale nucléaire alsacienne est désormais actée .
-et aux associations de demander que le calendrier précis en soit enfin publié.
Car, si le préfet a bien confirmé que la mise en arrêt définitif et la fermeture en arrêt définitif et la fermeture de la centrale de Fessenheim sont le préalable au démarrage de l’EPR de Flamanville, les associations ont rappelé pour leur part que celle-ci doit intervenir très rapidement et en tout état de cause, pour la sécurité des populations, indépendamment du démarrage de l’EPR (auquel elles sont opposées). Ceci d’autant plus que le réacteur n°1 de Fessenheim présente actuellement d’inquiétants dysfonctionnements et que le réacteur n°2 n’est plus autorisé à fonctionner depuis près de 19 mois.
Elles ont insisté sur le fait qu'elles récusent le concept de fermeture «anticipée» employé par EDF pour tenter d’obtenir une indemnisation de 490 M€. En effet, la centrale, qui a atteint ses 40 ans de fonctionnement le 1er janvier 2018, ne remplirait pas les conditions de passage d’une 4ème visite décennale (déclaration du chef de division de l’ASN devant la CLIS, le 28 novembre 2017), confirmée dans un document de l’ANCCLI que son vice- président M. Jean-Paul LACÔTE, représentant d’Alsace Nature, avait apporté pour l’occasion. Aux yeux des associations, il serait plus utile d’affecter cet argent public au développement du territoire et aux salariés les plus précaires, plutôt qu’à EDF!
Les associations ont aussi attiré l’attention de M. le Préfet sur le fait que la centrale est actuellement déficitaire.
Le préfet s’est montré intéressé par différentes suggestions faites par les associations, certaines depuis 6 ans déjà auprès de M. Francis ROL-TANGUY et son successeur M. Jean-Michel MALERBA, en faveur du développement territorial :
-Faire de Fessenheim un site pilote expérimental de démantèlement
-Création d’un site de fabrication de mâts et pales d’éoliennes sur le foncier de Fessenheim 3 et 4 ou à proximité (travail pour les soudeurs/mitoyenneté du canal pour l’acheminement vers sites off-shore de Manche et Atlantique)
-Création d’une centrale thermique à gaz à cycle combiné : il s’avère désormais que ce projet n’est pas nécessaire pour les besoins énergétiques (suffisamment couverts selon rapport de RTE) mais qu’il permettrait une valorisation du réseau électrique THT et l’utilisation de compétences + production de chaleur pour des réseaux industriels + récupération de CO2 éventuel pour un éventuel site expérimental de pétrole vert (licence hispano française)
-Réactivation de la STEP Lac Blanc–Lac Noir (abandonnée par EDF par calcul court-termiste)
-Remplacement des turbines des barrages français sur le Grand Canal d’Alsace, par des turbines de dernière génération avec pilotage électronique pour un gain substantiel de productivité (à l’image des travaux entrepris à Iffezheim) .
Suzanne Rousselot (Stop Fessenheim), qui avait accompagné le député du Haut-Rhin Jean-Louis CHRIST pour sa rencontre avec les industriels de Bremgarten, en août 2014, en a apporté le témoignage : ceux-ci proposaient alors de créer une zone d’activité bi-nationale sur la rive française proche de Fessenheim, avec à la clé 2000 emplois ( !), mais l’élu s’était ensuite trouvé confronté à l’immobilisme et au déni de la fermeture de Fessenheim, opposés par les élus de proximité.
Quand bien même la responsabilité du développement territorial incombe davantage aux élus, les associations s’estiment citoyennes et sont résolues à apporter toute leur contribution.
Les associations antinucléaires ont aussi prévenu le préfet de l’opposition farouche qui serait la leur à toute nouvelle installation nucléaire, de quelque type serait-elle. Le préfet les a assurées qu’il n’y aura aucun projet en ce sens.
La réunion a également évoqué la coopération et les leviers transfrontaliers, le retrait désormais effectif des partenaires suisses et allemands des contrats qui les liaient à EDF pour le financement de la centrale, ainsi que la position officielle de l’Allemagne qui ne demandera aucune indemnité (confirmée par écrit au CSFR et en pièce jointe).
Enfin, concernant la sécurité, les associations ont remis au préfet un tableau en 5 planches récapitulant le cumul de nombreux problèmes non résolus à Fessenheim et se sont déclarées inquiètes des risques qui perdurent pour les populations.
Monsieur Sébastien LECORNU sera en Alsace pour la mise en place du Comité de Pilotage, entre le 18 et le 20 janvier 2018.
Les associations ont ré-affirmé leur demande d’être reçues par le Secrétaire d’Etat à cette occasion, cela pourrait être envisagé le 20 janvier selon M. le Préfet, qui confirmera.