EPR de Flamanville
Soudures du circuit secondaire
Les soudures de l'EPR de Flamanville ne respecteraient pas toutes les prescriptions techniques. L'ASN rendra son avis au second semestre 2018. Elle évoque aussi des dysfonctionnements dans l'organisation du chantier.
Jeudi 22 février, EDF a annoncé avoir détecté des défauts sur des soudures du circuit secondaire du réacteur EPR en construction à Flamanville (Manche). En cause : la qualité de réalisation des soudures du circuit qui évacue la vapeur des générateurs de vapeur vers la turbine. Trente-huit des 66 soudures du circuit sont affectées.
Interrogé sur le sujet à l'Assemblée nationale, Pierre-Franck Chevet, président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a qualifié de « sérieux » le sujet. Ce vendredi, l'ASN publie une note dans laquelle elle indique avoir auditionné le 7 février EDF et Framatome au sujet du chantier de l'EPR. Le gendarme du nucléaire indique qu'il « a informé EDF et Framatome qu'il recueillera l'avis du groupe permanent d'experts pour les équipements sous pression nucléaires GP ESPN [au sujet des anomalies de soudure] ». Mais, assure EDF, « [les] tuyauteries sont bien conformes à la réglementation des équipements sous pression nucléaire ». L'entreprise « souligne que ces circuits sont aptes à assurer leur mission en toute sûreté » .
EDF assure aussi que cette découverte ne remet pas en cause le démarrage du réacteur annoncé pour « la fin du 4e trimestre 2018 », conformément au calendrier présenté en septembre 2015. L'entreprise indique avoir « engagé des analyses afin de démontrer que les caractéristiques mécaniques de ce circuit sont conformes à l'attendu, dans des délais compatibles avec le planning du projet». L'ASN précise pour sa part que le GPESPN devrait rendre son avis au second semestre 2018.
Des défaut identifiés dès 2015
Le circuit sur lesquels les défauts ont été détectés doit être conçu et fabriqué selon le principe dit d' « exclusion de rupture ». Le renforcement des exigences de conception, de fabrication et de suivi en service « doit être suffisant pour considérer que la rupture de ces tuyauteries est extrêmement improbable », explique l'ASN. En effet, les conséquences d'une rupture de ces tuyauteries ne sont pas étudiées intégralement dans la démonstration de sûreté de l'installation. Les premiers défauts « ont été identifiés en deux temps, d'abord en 2015, sur des soudures réalisées en usine, puis en 2017 sur les soudures réalisées sur le chantier de la centrale de Flamanville 3 », indique EDF.
L'ASN explique que les exigences renforcées, portant notamment sur les propriétés mécaniques, « n'ont pas été spécifiées au sous-traitant en charge de la réalisation des soudures». Cet oubli « questionne la bonne application de l'exigence dite de «́haute qualité », concède EDF.. L'ASN précise que ce sont les contrôles réalisés lors de la fabrication en usine qui "ont montré qu'elles ne sont pas toutes respectées pour certaines soudures". Suite à une inspection de l'ASN, « ce constat a été étendu à d'autres soudures de ces tuyauteries réalisées sur le site de Flamanville ».
L'ASN évoque des dysfonctionnements
La note de l'ASN fait aussi le point sur divers sujets concernant le chantier de l'EPR. Globalement, « l'organisation mise en place sur le chantier est perfectible », explique-t-elle, précisant qu' « EDF s'est engagée à mettre en œuvre un plan d'action afin de remédier [aux] dysfonctionnements » constatés. Les problèmes évoqués concernent le déroulement des essais et le traitement des écarts rencontrés. L'Autorité attend d'EDF un meilleur suivi et une meilleure information. Elle « sera particulièrement vigilante ».
Sur le plan de la sûreté, « un travail significatif reste à réaliser par EDF et Framatome avant le chargement du combustible dans le réacteur ». L'ASN attend encore des justificatifs de l'aptitude au service des équipements sous pression nucléaires et de la performance des systèmes de sûreté.
Enfin, s'agissant de la cuve de l'EPR, l'ASN indique que « Framatome prévoit de [lui] transmettre un dossier appuyant la demande d'autorisation de mise en service de la cuve au cours du 2e trimestre 2018 ». Elle ajoute que « l'instruction de ce dossier pourrait conduire l'ASN à prendre position sur la mise en service de la cuve avant la fin du 3e trimestre 2018 ».