Le réacteur de recherche Myrrha n'est pas sûr de voir le jour
01 avril 2018
Le gouvernement belge vient d’allouer un budget de 19,5 millions d’euros pour 2018 au projet Myrrha. Mais il ne s’est pas engagé pour les années suivantes. Il n’est donc pas sûr que ce réacteur de recherche verra vraiment le jour...
C’est l’histoire de l’œuf et de la poule. Le SCK-CEN, le centre de recherche nucléaire belge basé à Mol, travaille depuis des années sur un ambitieux projet de réacteur de recherche. Un projet estimé à 1,6 milliard d’euros, dont il était prévu qu’il serait financé à 40% par la Belgique et à 60% par l’international. Mais sans engagement formel de la Belgique, difficile d’aller lever de l’argent à l’étranger. Et sans la signature de partenaires internationaux, le gouvernement belge ne semble pas vouloir s’engager clairement et à long terme sur la construction de ce réacteur. "Jusqu’à présent, nous avons financé des études. Le SCK-CEN voudrait maintenant qu’on s’engage sur l’investissement dans une infrastructure,, ce qui beaucoup plus compliqué, parce que une fois engagés, il n’est plus possible de reculer », confie une source gouvernementale
La particularité de ce réacteur ?
Ce doit être le premier prototype de réacteur nucléaire au monde piloté par un accélérateur de particules, ce qui permet de contrôler plus facilement les réactions de fission. Et son refroidissement ne s’effectue pas avec de l’eau, mais avec un mélange de plomb et bismuth, ce qui a l’avantage de ne pas ralentir les neutrons, et de réduire considérablement la quantité de déchets.
L’ambition est de l’utiliser pour mettre au point des technologies permettant un traitement des déchets radioactifs plus sûr et plus durable, pour développer de nouveaux types de radio-isotopes médicaux ou mener des recherches sur de nouveaux matériaux pour les futurs réacteurs nucléaires.
Le SCK-CEN demandait un engagement sur 376 millions d’euros d’ici 2024. L’État lui en accorde 19,5 millions cette année, et c’est le point d’interrogation pour la suite.
Le projet Myrrha, sur lequel travaillent quelque 150 ingénieurs, scientifiques et techniciens venus d’une trentaine de pays, et qui a déjà bénéficié de 100 millions d’euros de financement de l’État belge depuis 2010 pour financer la phase de recherche et de conception du design, devait entrer cette année dans la première phase de sa construction.
Pour ce faire, le SCK-CEN demandait au gouvernement belge des engagements à hauteur de 376 millions d’euros d’ici 2024 – de quoi construire un accélérateur de particules et des stations de recherche pour la production de radio-isotopes médicaux et de recherche sur les matériaux. Le gouvernement lui a accordé 19,5 millions d’euros pour cette année, mais n’a pas tranché pour la suite, indique le cabinet de la ministre de l’énergie Marie Christine Marghem (MR).
Cela pourrait bien mettre en danger le projet. Le SCK-CEN, qui y croit toujours, se refuse à tout commentaire. à en croire le cabinet du ministre de l’Economie Kris Peeters (CD&V), rien n’est perdu. "Nous étions dans le cadre d’un contrôle budgétaire, nous ne pouvions décider que pour 2018. Mais dans le cadre des dossiers qui vont rentrer pour le budget 2019, nous pourrions – c’est encore à discuter – nous engager pour plusieurs années."