Novembre 2018 •

RÉVÉLATIONS MEDIAPART :
CONFÉRENCE DE PRESSE A FESSENHEIM
LE 5 OCTOBRE 2018

Concernant les incidents survenus sur le parc nucléaire français de 2003 à 2014 et rendu public par la députée allemande Sylvia KOTTING-UHL, vous êtes invités à la conférence de presse le vendredi 5 octobre 2018 qui se tiendra en présence de la Députée du Bundestag accompagnée de l’expert allemand ancien membre de l’autorité de sureté nucléaire allemande.
L’heure et le lieu de rendez-vous est fixé à 10H15 à la maison des énergies de Fessenheim pour se rendre au lieu de la conférence de presse.

Bernard Laponche, association Global Chance, le 27 septembre 2018

BZ du 2 oct. 2018
Bärbel Nückles, (trad. Hans Schwab)
* Note du traducteur :

Bernard Laponche, association Global Chance, note : « Les réacteurs de la centrale de Fessenheim sont parmi les plus touchés : 14 évènements précurseurs pour Fessenheim 1 (comme pour 3 autres réacteurs) et 17 pour Fessenheim 2 (nombre maximal atteint également par 4 autres réacteurs). »

De multiples petits événements précurseurs

Strasbourg. Fessenheim fait partie des centrales nucléaires françaises qui enregistrent le plus d’ «événements imprévisibles ». Selon la débutée allemande Sylvia Kotting-Uhl (Les Verts) ce sont ces événements qui alertent en indiquant un probable risque d’accidents graves dans le cœur d’un réacteur, même si l’incident pris d’une façon isolée, est classé comme négligeable.

Les experts atomiques utilisent le terme anglais « precursor » pour parler d’incidents mineurs dans une centrale nucléaire. Ils font office d’indicateurs de l’état de l’installation et fonctionnent donc comme des signaux d’alerte. Sylvia Kotting-Uhl est en possession dela liste énumérant de tels événements précurseurs, liste fournie par l’ASN.

Pour la période allant de 2003 à 2014, ce document officiel énumère 17 événements précurseurs* pour les deux réacteurs de Fessenheim de 900 MW chacun, qui se trouvent avec cinq autres centrales, en tête du classement des installations françaises. «Cette liste montrent que les centrales nucléaires françaises sont plus dangereuses que l’opinion publique ne veut bien l’admettre», selon la débutée et elle exige l’arrêt de Fessenheim sans attendre, comme prévu, la mise en service de l’EPR de Flamanville.

Selon un rapport de la Commission Européenne de 2009, l’analyse des événements précurseurs est pertinente pour juger le niveau de sûreté d’une centrale nucléaire. On y lit : « L’analyse des accidents graves démontre que ceux-ci sont précédés d’événements relativement insignifiants en soi et qu’ une dégradation significative de l’état de l’installation ou de la culture de sûreté peut être déduite de ces indicateurs précoces. »

Message aux participants à la conférence de presse
du 5 octobre 2018 à Fessenheim.

Bonjour,

Tout d’abord, merci aux organisateurs de cette rencontre pour leur invitation à vous rejoindre mais cela m’a été impossible du fait d’engagements précédents. Merci aussi à Sylvia Kotting-Uhl et à Manfred Mertins pour les précieuses informations que Jade Lindgaard a publiées.

La connaissance du document de l’Autorité de sûreté nucléaire sur les évènements précurseurs m’a permis d’en faire un décompte réacteur par réacteur. Les résultats sont impressionnants.: s’il y a bien eu 158 évènements précurseurs différents sur une période d’une dizaine d’années, du début 2003 à juin 2014, ce qui est déjà considérable, chaque événement concerne plusieurs réacteurs et aucun, sur les 58 en fonctionnement, n’est épargné. Et si l’on décompte le nombre de couples «réacteur-événement précurseur», on en trouve 729 !

Les réacteurs de la centrale de Fessenheim sont parmi les plus touchés : 14 évènements précurseurs pour Fessenheim 1 (comme pour 3 autres réacteurs) et 17 pour Fessenheim 2 (nombre maximal atteint également par 4 autres réacteurs).

Un tel résultat confirme la nécessité d’arrêter ces deux réacteurs qui atteignent les 40 ans de durée de fonctionnement. Rappelons que la durée de fonctionnement de l’ensemble des réacteurs était

initialement prévue à 30 ans par leurs concepteurs, puis a été autorisée à poursuivre à 10 ans de plus, notamment dans le cas des deux réacteurs de Fessenheim, à condition que des travaux importants concernant le sûreté soient exécutés avant que leur redémarrage soit autorisé. Il s’agissait en particulier dans le cas

de Fessenheim de l’installation d’un « récupérateur de corium » destiné à ralentir le temps de percement du radier des réacteurs en cas de fusion du cœur, ce qui permettait de les mettre au niveau de sûreté des autres réacteurs en fonctionnement, sur ce plan, mais pas de les autoriser d’aller au-delà de 40 ans. En 2012, le générateur du réacteur de Fessenheim 2 a été remplacé par un générateur neuf et on ne s’est aperçu qu’il était inacceptable du fait d’une grave falsification qu’au bout de quatre ans: le réacteur, arrêté de ce fait en 2016, n’aurait jamais dû être

autorisé à redémarrer. De son côté, Fesssenheim 1 a multiplié les incidents sur cette période.

La limitation à 63300 MegaWatt de la puissance totale nette du parc nucléaire d’EDF qui est invoquée pour conditionner l’arrêt définitif de Fessenheim au démarrage de l’EPR de Flamanville n’est pas recevable. En effet, cette valeur est un plafond à ne pas dépasser, fixé par la loi, et absolument rien n’interdit que cette puissance soit inférieure, ce qui de fait s’inscrirait dans l’application de la loi de 2015 sur la transition énergétique qui a fixé une baisse de 75% environ aujourd’hui à 50% en 2025 de la part de la production d’origine nucléaire dans la production totale d’électricité en France .

L’arrêt définitif des deux réacteurs de Fessenheim est une nécessité absolue pour des raisons de sûreté.