La Hague, incendie du poste d'interconnexion du 15 avril 1980
André Guillemette
Concernant l'incendie dans les installations de La Hague en 1980, j'ai retrouvé dans mes archives un descriptif de l'accident.
C'est un extrait du bulletin de suivi des incidents survenus à l'Etablissement de La Hague de 1978 à 1989, tenu à jour par la section CFDT de La Hague de l'époque, mis à jour le 18 avril 1990.
Usine de retraitement de combustibles irradiés, le mardi 15 avril 1980,
les différents Ateliers de l’usine de retraitement de combustibles irradiés exploitée par COGEMA
L’usine de retraitement exploitée par la COGEMA sur le site de la Hague étaient en fonctionnement normal, lorsque à 8h45, un court circuit dans un chemin de câbles électriques du poste moyenne tension 15 kV a provoqué un incendie qui a détruit, notamment, la salle de contrôle de distribution de l’énergie électrique de l’Etablissement ; ce court circuit a également mis hors d’usage l’un des deux transformateurs 90kW/15 kV qui assurent à tour de rôle l’alimentation électrique de l’établissement, à partir du réseau EDF
L’utilisation des sources électriques de secours interne à l’Etablissement constitué par quatre groupes électrogènes fixe d’une puissance totale d’environ 6MW n’a pas été possible, le pupitre de commande de ces groupes ayant été également mis hors d’usage.
Dans le cadre des mesures prévues par le Plan d’Urgence Interne à l ‘Etablissement (PUI) qui prévoit la perte des alimentations électriques normales externes à l’Etablissement, il a été procédé à l’évacuation en bon ordre commandé par le réseau d’interphones fonctionnant sur batteries, des zones contrôlées pour prévenir tout risque contamination associée à l’arrêt de la ventilation, tandis que certaines installations sensibles telles que le stockage de produits de fissions liquides, et l’atelier de conditionnement de l’oxyde de plutonium, étaient connectées successivement de 9h15 à 9h30 à des groupes électrogènes mobiles tenu en réserve pour cet usage.
Vers10h30, l’incendie avait été totalement maîtrisé par les pompiers de l’Etablissement.
Dans le même temps, des équipes EDF mettaient en place un branchement provisoire pour permettre l’alimentation de l’usine à partir du réseau électrique rural (0,5 MW en 15kV), et des électriciens l’Etablissement avaient procédé à la pose de câbles permettant le contournement du poste sinistré de manière à réalimenter la boucle électrique desservant les différents postes électriques moyenne-tensions /Basse tension n°1 à 6 de l’Etablissement.
Le rétablissement de l’alimentation électrique de l’usine à partir du réseau EDF normal 90 kV à l’aide du transformateur intact a été terminé vers 23h30 le même jour.
Au préalable des groupes électrogènes mobiles complémentaires provenant de chantiers en cours sur le site et d’organismes extérieurs avaient permis de poursuivre certaines opérations de traitement en cours au moment de l’accident. Ces opérations se sont terminées le 18 avril en utilisant également l’alimentation externe mise en place.
L’incident et l’évacuation ordonnée des zones contrôlées n’a entraîné aucun dommage corporel pour le personnel d’exploitation ou d’intervention.
Les contrôles de contamination effectués systématiquement toutes les quatre heures n’ont révélé aucune contamination des bâtiments à l’exception d’une légère contamination dans une salle du bâtiment « Moyenne Activité Plutonium» et dans un local du bâtiment de Dissolution des Combustibles Oxydes. Dès la remise en route de la ventilation, la contamination ambiante de ces deux locaux a disparu. La contamination surfacique associée a été éliminée dans la journée du 17 avril. Les contrôles ont montré également qu’il n’y a pas eu de rejets de gaz radioactifs par les cheminées.
A l’issue des travaux de renforcement des alimentations électriques effectuées par la COGEMA depuis le 21 avril l’alimentation normale est assurée par le réseau EDF 90 kV ,par le transformateur T 1 90 kV/15 kV, relié par un câble électrique (doublé) à la boucle électrique desservant les postes d’alimentation des différents bâtiments.
En cas de défaillance de cette alimentation, une alimentation de secours est assurée par un groupe électrogène fixe qui réalimente les bâtiments nucléaires et permet dans un délai inférieur à 20 minutes d’assurer les fonctions de sécurité des installations (permanence de la ventilation, production et distribution des fluides, refroidissement et pulsion des solutions de produits de fission).
En ultime secours, des groupes électrogènes mobiles en place sur le site de l’Etablissement, de moyenne et forte puissance, et l’alimentation par le réseau rural EDF de 15 kV, permettent d’assurer dans des délais acceptables les fonctions de sécurité du procédé et le maintien de la ventilation de sécurité des bâtiments nucléaires.
Dans ces conditions, compte tenu des informations recueillies par les inspecteurs des installations de base et de celles présentées au service central de sûreté des installations nucléaires et à ses appuis techniques le 21 avril 1980, le Chef du Service Central de Sûreté des installations Nucléaires a donné son accord à la reprise de l’exploitation le 22 Avril 1980.
Une nouvelle visite par des inspecteurs des installations nucléaires de base portant sur les sécurités électriques de l’installation électrique actuelle a été effectuée le 23 Avril.
Pour le moyen terme, l’exploitant a prévu :
* D’approvisionner et d’implanter un nouveau transformateur 90/15 kV en remplacement de celui mis hors d’usage
*d’installer un poste moyenne tension 15 kV provisoire et de l’équiper d’un synoptique de commande et de contrôle
*de concevoir dès que possible un nouveau système d’alimentation électrique 15 kV de l’Etablissement dont la réalisation devra être soumise à l’accord du Chef du Service Central de Sûreté des installations Nucléaires.
Par ailleurs un examen approfondi des conditions dans lesquelles cet accident s’est déroulé sera effectué en vue d’en tirer les enseignements utiles pour la conception de l’installation et les mesures à prendre en cas d’urgence