décembre 2020 •

Point COVID 19 et nucléaire

Site Orano la Hague
Échange entre la CLI et Orano la Hague du 18 mars 2020

Bonjour,

Pour faire suite aux échanges que j’ai pu avoir avec le service communication du site d’Orano La Hague, veuillez trouver ci-dessous les mesures appliquées sur le site.

- Quelles mesures ont été mises en œuvre sur le site d’Orano La Hague depuis le début de l'épidémie de coronavirus ?

- Quand ont-elles été mises en place ?

Très tôt, le groupe Orano a pris la mesure de l’épidémie et les personnels ont reçu les premières consignes de vigilance dès janvier. Celles-ci ont été régulièrement mises à jour en fonction de l’évolution de l’épidémie, des consignes données par les autorités et en s’appuyant sur les recommandations de nos médecins. Les dispositions mises en place sur le site de la Hague sont les suivantes :

- Application stricte des gestes barrières

- Suspension des visites du site

- Mise en quarantaine pour toute personne revenant d’une zone dite à risque ou cluster français

- Suspension des déplacements professionnels

- Mise à disposition de lingettes désinfectantes aux postes de travail pour nettoyer les PC, téléphones…

- Renforcement du nettoyage des locaux et bureaux : nettoyage des poignées de porte, des rampes d’escaliers, …

- Annulation des évènements en interne et en externe

- En complément : - depuis le 13 mars, il est demandé au personnel de prendre sa T° deux fois par jour à son domicile depuis le 16 mars : - restaurants d’entreprise : mise en place d’horaires de passage aux restaurants pour respecter une distance minimale de 1m dans la file d’attente et à table ; suppression de l’ensemble des prestations en libre-service, distribution des couverts après les caisses (ainsi que pain, sel et poivre) ; distribution bouteilles d’eau et suppression des carafes.

- Extension du télétravail pour les salariés dont la présence sur site n’est pas nécessaire à la production en sûreté sécurité, aux projets et à l’encadrement de ces activités.

- Pour les ateliers de production, il a été demandé de restreindre le personnel présent à l’effectif minimum d’exploitation pour constituer des équipes de réserves et l’accès aux salles de conduite n’est autorisé qu’au personnel de production et de sûreté.

- Quelles sont les activités en cours ? Quelles sont les activités à l’arrêt ?

- UP2-800 est actuellement en arrêt programmé de maintenance.

- Nous organisons depuis ce mardi 17 mars, la mise à l’arrêt progressif des installations de traitement d’UP3 en toute sûreté. Ces opérations de mise à l’arrêt vont prendre environ 10 jours. Concrètement, seuls les ateliers en charge de la réception des combustibles usés et de l’expédition des matières premières seront maintenus en activité.

- Quels sont les effectifs sur site ? Astreintes ?

- Les astreintes se poursuivent selon l’organisation habituelle.

- Seul l’effectif requis pour la surveillance des installations, les projets stratégiques et les missions de suivi réglementaire seront alors sollicitées, soit moins de 10 % de l’effectif global du site.

Cordialement

E Lunel
Chargé de mission des CLIs de la Manche


Orano renonce à démarrer l'usine de la Hague

France Info Par S.Rouil /L.A
[Mise à jour du jeudi 27 mars]

Ce jeudi matin, la direction d'Orano a déclaré renoncer à redémarer l'usine : "en lien avec l'ARS, il est apparu que le contexte sanitaire local ne permettait pas de reprise dans les ateliers".

Le syndicat CGT s'interroge sur la perenité de cette annonce "quid de la semaine d'après ?"

Vers une reprise progressive de l'activité ?

La direction de l’usine Orano la Hague proposera ce jeudi aux syndicats « une reprise progressive de l’activité » c'est-à-dire potentiellement un redémarrage de l’usine UP3 et donc du recyclage du combustible usé en provenance des centrales nucléaires.

"Cette option sera partagée demain en CSE. La discussion reste ouverte sur le sujet. Nous ne ferons dans tous les cas aucun compromis s’agissant de la sûreté et de la sécurité" a tenu à préciser Orano.

La direction avait pourtant annoncé mardi 17 mars l’arrêt progressif des installations. Dans un contexte de crise sanitaire, il s’agissait notamment de renvoyer le plus de salariés possibles chez eux. " La mise en place ces dernières semaines de nouvelles dispositions avec notamment des marquages au sol, la fermeture des cantines, le port des masques ont été concluant" indique Orano, qui affirme que les conditions sont désormais réunies pour envisager une reprise progressive de l’activité.

Un point de vue que ne partage pas la CGT. "Tous les sites nucléaires, EDF, l’EPR mais aussi Naval Group sont à l’arrêt. Pourquoi redémarrer l’usine de la Hague ? " Le syndicat s’inquiète. "Si – du fait du virus – des salariés venaient à s’absenter. Cela pourrait contraindre à stopper UP3 en urgence, dans des conditions de sûreté qui ne seraient pas optimales. "

Aucun calendrier n’a pour le moment été communiqué. 5000 personnes travaillent d’ordinaire sur le site. Elles sont moins de 1000 aujourd’hui. La reprise de l’activité pourrait amener Orano à rappeler certains de ses salariés « mais nous ne savons pas encore combien » indique le groupe.


Lettre du représentant syndical FO
au préfet de la Manche

26 mars 2020

M. le Préfet,
en tant que secrétaire général de l'Union départementale FO de la Manche (et aussi en tant que secrétaire général de la branche Atome FO au plan national), je souhaite vous faire part de l'opposition de notre syndicat FO de l'établissement au redémarrage de l'usine UP3 de La Hague qui serait demandée par le Gouvernement.
En effet les installations de production ont été mises à l'arrêt depuis peu de temps compte tenu du délai nécessaires aux procédures.
À ce jour :
- les installations nucléaires de l'établissement, hors celles nécessaires aux échanges avec EDF (réception de combustible, expédition de PuO2), sont dans la meilleure configuration de sûreté;
- les risques liés sont maitrisés, la réception des combustibles usés; le risque sanitaire pour les salariés et la population sont réduits;
- l’impact économique pour Orano comme pour les sous-traitant pourra être minimisé en réalisant le programme de production sur le reste de l’année comme cela se fait habituellement en cas d'aléa (exemple : changement de la roue du dissolveur l'an dernier).
Nous attirons l'attention sur le coût de cette décision, encore accru s'il faut faire marche arrière dans quelques jours, et
sans compter les conséquences néfastes sur l'outil qui supporte difficilement ces manipulations.
Aussi une décision de redémarrage, dans un contexte annoncé d'arrivée de la "vague" de l'épidémie dans notre région dans les jours à venir, ferait prendre des risques inconsidérés aux salariés et leurs familles, à la population, et qui sait aux installations et à l'environnement.
C'est pourquoi FO y est fermement opposée et, je vous l'indique, est déterminée à utiliser tous les moyens à sa disposition pour s'y opposer.
Bien entendu nous considérons que la population du Cotentin a le droit d'être informée sans délai de ce projet de décision insensée.
En tant que 2ème vice-président de la CLI Orano LH, je saisis le bureau et demande une réunion en urgence.
Je reste à votre disposition avec mes camarades du syndicat Orano La Hague pour vous apporter toute précision nécessaire.

Veuillez agréer M. le Préfet mes salutations distinguées.

Yann PERROTTE


Mail du chargé de mission de la CLI
aux membres de l'Assemblée Générale

27 mars 2020

Suite au conseil de surveillance du CHPC (Centre Hospitalier Public du Cotentin) de ce jour voici un point sur la situation et les évolutions à venir.

La reprise des activités industrielles du cotentin est appréhendée comme un facteur aggravant et dégradant le bénéfice obtenu par le confinement actuel. Les déplacements des personnes, des professionnels en provenance des régions à risque covid19 vers le Cotentin et l’accueil des populations déplacées sont des vecteurs de propagation du virus.

Les élus du conseil de surveillance recommandent, pour ne pas amplifier la prise en charge à venir et attendue au CHPC, de maintenir les mesures de confinement et, au préfet de la Manche, de revoir les autorisations de reprises d’activités et de les limiter pour les activités sensibles et pour les établissements nucléaires le strict maintien des installations en surveillance de sécurité, de sûreté avec les personnels dédiés en préservant ainsi des effectifs de réserve opérationnels.

Aussi, le service communication d’Orano La Hague a informé la CLI en début d’après-midi que la direction d’Orano La Hague avait annoncé ce matin lors d’une réunion avec le CSE (Comité Social et économique), qu’il n’y aurait pas de redémarrage d’atelier supplémentaire la semaine prochaine.


Face à l’épidémie de Covid 19, l’ASN adapte son mode de fonctionnement tout en maintenant son niveau d’exigence dans le contrôle des installations nucléaires

Publié le 26/03/2020 à 09:26

Note d'information

Les conséquences de l’épidémie de Covid 19 sur les activités nucléaires doivent être distinguées selon la nature des exploitations.

De nombreuses installations nucléaires dont le fonctionnement n’est pas indispensable à la continuité de l’activité du pays, exploitées notamment par le CEA, Orano ou l’Andra, ont été mises à l’arrêt et sont maintenues en état sûr. La plupart des chantiers, notamment de démantèlement, ont été suspendus. Orano a maintenu des activités nécessaires au fonctionnement des centres de production d’électricité nucléaires d’EDF en matière d’évacuation des combustibles usés, de retraitement, et d’approvisionnement des usines de production du combustible neuf.

S’agissant des centrales nucléaires, EDF privilégie l’exploitation indispensable à la fourniture d’électricité et étudie actuellement les conditions de poursuite des activités de maintenance des réacteurs lors des arrêts pour rechargement.

Dans ce contexte, l’ASN maintient son haut niveau d’exigence vis-à-vis des exploitants nucléaires.

Le travail d’instruction de l’ASN se poursuit normalement, en lien avec l’IRSN, à l’exception de certaines études spécifiques, par exemple celles nécessitant des moyens de calcul dédiés qui ne sont pas accessibles à distance.

L’ASN adapte son dispositif de contrôle de terrain en prenant en compte trois principes :

  • suppression des contacts physiques directs non indispensables, afin de limiter la propagation du virus ;
  • priorité donnée au contrôle des installations en fonctionnement ;
  • maintien d’activités de contrôle de manière proportionnée aux enjeux.

Dans ce contexte, les inspections avec déplacement sur site sont suspendues, sauf nécessité (par exemple en cas d’événement significatif pour lequel le recueil des premiers éléments nécessiterait une inspection sur site).

Pour les installations qui continuent à fonctionner, et en particulier pour les réacteurs EDF et les installations d’Orano, les inspections avec déplacement sur site sont remplacées par des contrôles à distance, portant notamment sur l’examen de documents liés à l’exploitation courante (relevés d’essais périodiques, documents de conduite, etc.) accompagnés d’audioconférences avec l’exploitant. Ce type de contrôle à distance pourra être poursuivi, en étant adapté, y compris dans le cas où les effectifs présents sur site seraient fortement réduits du fait de la mise en œuvre des mesures du plan de continuité d’activité.

Pour les installations à l’arrêt, l’ASN échange avec les exploitants concernés sur les modalités pratiques de maintenance et de mise en sécurité des installations ainsi que sur les conditions de leur futur redémarrage. Ces échanges portent notamment sur les adaptations envisageables en matière de périodicité des contrôles et essais.

D’autre part, l’inspection du travail de l’ASN, compétente pour le contrôle dans les centres de production d’électricité, s’est organisée pour pouvoir assurer son rôle de surveillance des conditions de travail des salariés aussi bien pour ceux d’EDF que pour ceux des entreprises prestataires intervenant sur sites.

Ainsi, dans la situation actuelle de pandémie Covid 19, l’ASN a été amenée à alerter EDF sur la situation de salariés d’entreprises prestataires, en lui demandant de définir clairement quelles sont les activités de maintenance ou de logistique pour lesquelles une continuité est indispensable afin qu’il n’y ait pas d’ambiguïté pour ces entreprises et leurs salariés, et de veiller à ce que les conditions de santé et sécurité soient communiquées et mises correctement en place sur les sites pour tous les salariés.

Les inspecteurs du travail de l’ASN ne se déplaceront physiquement sur les sites EDF que pour des motifs d’urgence et de gravité, nécessitant leur présence sur site.

Dans le cadre de la mise en œuvre des améliorations de sûreté post-Fukushima, EDF a par ailleurs fait évoluer ses plans d’urgence interne (PUI) afin d’intégrer de potentielles difficultés d’accès aux sites, qui pourraient rendre plus difficile le gréement complet des équipes de crise locales (gréement progressif du PUI). Ces évolutions du PUI, instruites par l’ASN avec l’appui de l’IRSN, ont fait l’objet de mises en situation concrètes lors d’exercices inopinés (voir par exemple la lettre de suite relative à l’inspection du 12 juin 2019 sur le site de Chinon B [voir ci-dessous]) qui ont permis de vérifier qu’EDF était en mesure de gérer un plan d’urgence interne en mode très dégradé, si une telle situation venait à se produire.

Des échanges réguliers ont lieu, par audioconférence, entre les exploitants et l’ASN, à la fois au niveau national et au niveau local, pour partager l’évolution de la situation et ses conséquences.