Tarn-et-Garonne :
la centrale nucléaire de Golfech placée "sous surveillance
rapprochée"
15/06/2020
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a formulé de nombreux reproches à la centrale de Golfech. Résultat : le site est placé sous surveillance rapprochée.
Comme les élèves, les installations nucléaires ont reçu, en cette fin d’année scolaire, leur bulletin émis par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Cette instance administrative indépendante a dressé, ce lundi 15 juin, le bilan des actions de contrôle menées en 2019 par sa division de Bordeaux qui couvre les centrales du Blayais et Civaux, en Nouvelle-Aquitaine, et une troisième en Occitanie, Golfech.
Le Centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) fait figure de mauvais élève. Mis en service voilà une trentaine d’années dans le Tarn-et-Garonne, il obtient des notes inquiétantes. Dans son appréciation générale, le gendarme du nucléaire estime en effet que "les performances de la centrale sont mauvaises, voire très mauvaises".
La sûreté critiquée
La centrale de Golfech compte deux réacteurs de 1 300 MW chacun. Si en matière de protection de l’environnement, elle se situe dans la moyenne du parc nucléaire français, elle se fait en revanche remonter les bretelles en matière de sûreté.
Après s’être dégradée en 2018, la qualité d’exploitation a continué de se détériorer en 2019. "Les performances sont nettement en retrait de l’appréciation générale que l’ASN porte sur le parc nucléaire. L’ASN est très vigilante sur ce qui se passe actuellement à Golfech. Elle considère, pour résumer les choses, que les performances de cette centrale doivent faire l’objet d’une priorité absolue pour l’exploitant. L’ASN en assurera un suivi rapproché en 2020", a indiqué Simon Garnier, chef de la division de Bordeaux de l’ASN, flanqué de Jean-François Vallardeau et Bertrand Fremaux, ses adjoints.
"Manque de rigueur systémique"
À Golfech, la "détérioration" s’est traduite par la "déclaration de nombreux événements significatifs pour la sûreté en 2019. Huit événements sont survenus pendant l’arrêt du réacteur 2, dont un, le 11 octobre dernier, classé au niveau 2 sur une échelle de gravité allant jusqu’à 7" (voir ci-dessous le communiqué de l’ASN).
Une inspection de revue renforcée a été aussitôt déclenchée. Treize inspecteurs de l’ASN ont débarqué à la centrale du 11 au 14 octobre. Ils pointeront ainsi du doigt plusieurs fautes, notamment, "le manque de rigueur systémique dans la traçabilité des informations, des insuffisances dans les analyses de risque et dans la maîtrise des fondamentaux de la conduite".
Concernant la protection des salariés, le gendarme a épinglé encore "la propreté radiologique des locaux potentiellement contaminés, ainsi que des défauts dans la préparation et la réalisation des activités à fort enjeu".
L’ASN a convoqué aussi l’exploitant de la centrale pour mettre les choses au point. Visiblement, le plan rigueur sûreté mis en place à Golfech va aujourd’hui dans le bon sens. "Mais ses résultats ne seront pas visibles immédiatement. On note aujourd’hui, une fragilité persistante, sans dégradation supplémentaire", ont précisé les responsables.