L'ingénieur qui avait prédit Fukushima voit venir d'autres désastres. Les mesures de sécurités de Tepco sont, selon lui, nettement insuffisantes. |
(Repéré par Barthélemy Dont sur The Daily Beast – 4 mai 2021)
« Un désastre créé par l'homme. » C'est ainsi que le rapport d'enquête mandaté par le Parlement japonais avait décrit, un an après le drame, la catastrophe de Fukushima Daiichi.
Dix ans après l'incident nucléaire le plus important depuis Tchernobyl, un ancien ingénieur nucléaire estime que le pays n'est pas à l'abri d'une nouvelle catastrophe.
En 2005, Toshio Kimura, un ingénieur pour la Tokyo Electric Power Company (Tepco), qui gère une partie du parc nucléaire nippon avait, après avoir quitté l'entreprise, prévenu que « si Fukushima était frappé par un tsunami, les pompes supposées utiliser l'eau de mer comme refroidissement seraient perdues », raconte le journaliste Jake Adelstein dans le Daily Beast. C'est très précisément ce qui causera la fusion de trois des quatre réacteurs de la centrale, six ans plus tard.
Bombes à retardement
Toshio Kimura a récemment publié un livre intitulé Comment l'énergie nucléaire va tuer la nation, dans lequel il estime que les leçons de Fukushima n'ont pas été retenues et que Tepco a continué de mentir et de couvrir ses défauts de sécurité, transformant nombre de centrales japonaises en bombes à retardement.
En 2012, le rapport parlementaire avait attribué la catastrophe de Fukushima Daiichi non seulement au tsunami qui avait ravagé la côte, mais aussi à « une multitude d'erreurs et de négligences volontaires qui ont laissé la centrale de Fukushima non préparée à l'accident ».
En avril 2021, l'Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA) a interdit à Tepco de rouvrir la centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Située à 250 kilomètres de Tokyo, cette unité est la plus puissante du monde et sujette à de larges failles de sécurité.
Les inspecteurs ont identifié une quinzaine d'entrées non autorisées et des « équipements anti-terroristes défectueux ». La NRA a donc donné une notation «rouge» à la centrale, le pire des quatre niveaux de sécurité. C'est la première fois qu'une centrale japonaise reçoit cette note.
La situation est telle qu'en mars, Junichiro Koizumi et Naoto Kan, deux ex-Premiers ministres de partis rivaux, ont tenu une conférence de presse commune afin de réclamer l'arrêt total du recours à l'énergie nucléaire.