Électricité :
Quand François Bayrou fait des étincelles
Le Moniteur des Artisans, Pierre Pichère, le 7 mai 2021
Le Haut-Commissaire au plan a publié fin mars une note qui fait réagir vivement le Syndicat des énergies renouvelables (SER).
Pas de doute : François Bayrou, Haut-Commissaire au plan, aime l'atome. Personne ne songerait à le lui reprocher. Mais sa défense de l'atome, illustrée dans une note intitulée "Le devoir de lucidité" passe par des arguments qui ont vivement fait réagir le Syndicat des énergies renouvelables, dans une lettre ouverte publiée fin mars et intitulée "Le droit à la vérité, préalable indispensable au devoir de lucidité".
Dessin de Glon
Soleil noir
Si le SER a si vivement réagi, c'est qu'à ses yeux, la note de M. Bayrou comporte beaucoup de contre-vérités. Ainsi, le Haut-Commissaire oppose d'un côté la hausse massive à venir de la consommation, et de l'autre la diminution de nos capacités de production. Or, rappelle le SER, toutes les capacités de production en EnR sont orientées à la hausse à l'horizon 2035. Seule la capacité nucléaire pourrait baisser.
Autre point d'achop-pement, le bilan carbone des panneaux photovoltaïques. "Le gain environnemental résultant de la produc-tion électrique d’origine solaire est incapable de compenser les émissions entraînées par cette fabrication. Au terme de la durée de vie de ces panneaux (quelques 25 années de production), le bilan total des émissions tout au long du cycle de vie est probablement défavorable", écrit Bayrou. Or, le SER rapporte que selon les données scientifiques [de l’institut allemand] Fraunhofer ISE, il suffit de quatre mois à un an et demi de fonctionnement d'un panneau, selon la technologie utilisée et la localisation, pour compenser le carbone lié à sa production.
De même, l'argument de l'utilisation de terres arables ou boisées pour y construire des centrales solaires fait grincer des dents le SER. Outre que les surfaces concernées sont très faibles, il s'agit le plus souvent d'aires déjà urbanisées...
Enfin, M. Bayrou évoque les difficultés techniques d'une production en courant continu à basse tension. Difficulté résolue depuis des décennies par l'emploi d'un onduleur.
Réseau
Autre point de discorde, les investissements lourds dans le réseau que rendraient nécessaires les énergies renouvelables. "Nous rappelons que RTE et Enedis ont publié au cours des années écoulées leurs stratégies d’investissement qui intègrent le raccordement massif d’énergies renouvelables prévu par la loi. Ces documents ont été revus et approuvés par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et prévoient, pour RTE, des investissements à peu près similaires à ceux réalisés dans les années 1970-1990, alors même qu’en plus du développement des énergies renouvelables, RTE devra gérer le renouvellement massif des réseaux hérités des années 1950-60. S’agissant de la distribution, l’impact du raccordement des énergies renouvelables restera marginal par rapport aux investissements à destination des consommateurs, tout au plus 15% des investissements totaux d’Enedis en 2035", écrit le SER.
Une mise au point qui laisse ouverte la question de savoir qui est à l'origine de la note endossée par François Bayrou. Une chose est sûre : elle n'est pas l'œuvre d'un défenseur des EnR !
Source : lemoniteur.fr